Les relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la
République de Chine (Taïwan) : enjeux politiques autour de la
reconnaissance internationale du statut de la République de Chine
(Taïwan).
INTRODUCTION
La géopolitique mondiale est en pleine
reconfiguration depuis la chute du mur de Berlin qui mit fin à la
confrontation Est-Ouest. En effet,
deux superpuissances, les Etats Unis et l'U.R.S.S.
émergent du camp des vainqueurs de la deuxième guerre mondiale.
Autour d'eux vont se construire deux blocs d'états opposés par
leur idéologie, c'est-à-dire démocratie libérale et
économie de marché pour le bloc de l'Ouest et, dictature du parti
et économie planifiée pour le bloc de l'Est1(*).
Leur rivalité fluctuante va marquer durablement les
relations internationales jusqu'à ce que le bloc de l'Est se
désintègre2(*)
pour laisser place à un Etat super puissant, des Etats puissants, des
moyennes puissances, et enfin des Etats faibles. Avec cette nouvelle donne,
l'O.N.U. devient une tribune d'expression pour ces derniers Etats, ceci
à cause de l'égalité « de jure » dans
les décisions en Assemblée Générale.
Le droit diplomatique et consulaire vient alors régler
les relations entre Etats. C'est ce qu'on appelle la normalisation des
relations internationales, qui se fonde également sur trois autres
facteurs non moins importants : le phénomène de la
multiplication du nombre des Etats, le bouleversement technique dans le domaine
des progrès scientifiques de tout ordre et enfin l'apparition des
intérêts communs à toute l'humanité.3(*)
L'existence de relations diplomatiques entre deux Nations est
une déclaration implicite de reconnaissance réciproque de la
souveraineté de chacune des parties sur un peuple, un territoire avec un
appareil politique dirigeant. Elles permettent d'assainir les tensions de
l'environnement politique et promeuvent le droit de participation à la
communauté internationale.
Dans une même optique d'affirmation, le Burkina Faso et
la République de Chine ont établi des rapports diplomatiques.
Relations aujourd'hui au beau fixe entre les deux Etats, il convient de
rappeler qu'il fut un moment où elles avaient été
rompues.
Il faut aussi souligner le statut particulier de Taïwan
dans le concert des nations, statut de reconnaissance perdant de sa valeur au
fil des années, et ceci au profit du rival de toujours et frère,
son géant voisin Chinois, qui lui, prend de l'envol. En effet,
l'histoire moderne tumultueuse de « l'Ile de Formose » lui
a permis d'être tour à tour :
o la protégée des occidentaux avec en prime le
droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, en tant que
représentante de l'Asie,
o ensuite la délaissée et enfin l'ignorée
de presque la quasi totalité de la communauté internationale.
Tout cela l'incite vivement de nos jours à ne pas
laisser s'éteindre ce statut d'Etat à part entière et se
laisser envahir par la République Populaire de Chine.
Alors les relations diplomatiques avec le Burkina Faso, l'un
des quatre pays parmi les plus pauvres4(*) à toujours reconnaitre Taïwan comme Etat
souverain et indépendant, se comprend.
La question qui peut se poser ici alors est de savoir en quoi
la reconnaissance de « l'Ile de Formose », par le Burkina
Faso, peut elle avoir un impact important sur l'environnement des relations
internationales. Quels sont les enjeux politiques véritables à
l'ornière de la science politique, que peut engendrer la position du
Burkina actuellement ? Ces relations sont-elles viables à court et
à long terme vu l'évolution de l'environnement diplomatique
actuel ?
A. Cadre général de
l'étude
1. Problématique
« Les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que
des intérêts ». Cette affirmation du
Général de Gaulle, sonne un état de fait : la
« realpolitik » qui prévaut dans les rapports entre
Etats souverains et égaux. Les relations internationales sont sujettes
de nos jours à un rapport de force, mettant en exergue des Etats
puissants, dominant des moins puissants et usant de divers moyens de
persuasion allant de la négociation à l'incitation voire à
la contrainte à adopter leurs points de vue. Ceci est encore plus
marqué par l'existence de moyens de communication et de
déplacement rendant l'impact des distances et du temps presque nuls.
Mais la plupart du temps,
loin de faire naître la compréhension et
l'amitié mutuelle, le raccourcissement des distances et
l'amélioration des communications ont souvent engendré la tension
et la méfiance. Nombreux sont ceux, en particulier dans les pays en voie
de développement, qui en sont arrivés à redouter le
village planétaire, synonyme à leurs yeux d'agression culturelle
et de saignée économique. La mondialisation menace autant leurs
valeurs que leur porte-monnaie.5(*)
Cette affirmation de l'ancien Secrétaire
Général des Nations Unies, M. Koffi Annan, définit assez
bien l'image du monde auprès des pays du tiers monde de manière
générale.
Malgré tout, dans un système où la
reconnaissance par la « Société Des Nations »
est un gage de sécurité, il est d'une priorité absolue
pour chaque nation, d'avoir une part active dans la construction de cette
hégémonie mondiale incontournable. L'ignorer ou la
négliger serait mettre en péril leur survie. Et c'est de cette
construction que naît progressivement l'idée d'un droit
international qui vienne réglementer des rapports de plus en plus
ambigus et difficiles. « Le droit international est donc l'ensemble
des normes juridiques qui règlent les relations internationales, c'est-
à-dire des normes prescriptives, prohibitives ou
permissives. »6(*)
Son but principal est de réduire l'anarchie dans ces relations en
assurant la coexistence entre les Etats et satisfaire des intérêts
communs.7(*)
Mais sa mise en application pose problème car les Etats
sont souverains et peuvent refuser de se soumettre à des règles
communes, sans oublier l'inexistence de mesures de sanctions en cas de non
respect, ce qui remet en cause le concept même de droit international.
D'où parfois des situations complexes où un Etat se voit
léser dans son droit le plus évident et doit procéder par
des méthodes détournées pour accéder à ce
statut d'indépendance.
Dans ce contexte politique international, il apparaît
alors justifié que Taïwan puisse, après bien des
péripéties et des soubresauts diplomatiques, vouloir retrouver sa
place dans le concert des nations. « L'Ile de Formose »,
à l'histoire assez complexe, est soumise à rude épreuve
dans cette volonté, face à un voisin Chinois, aux ambitions
contradictoires avec les intérêts Taïwanais.
En effet, quelle stratégie adopter pour une
reconnaissance internationale, à l'instar des autres nations
souveraines ? L'atteinte de cet objectif majeur passe par
l'établissement de relations diplomatiques avec les Etats qui lui
reconnaissent sa souveraineté. Aussi, Taïwan a-t-il établi
des relations diplomatiques avec le Burkina Faso, entre autres Etats.
Dans une déclaration liminaire, le ministre des
Affaires Etrangères de la République de Chine, James Chih-Fang
Huang, a confié que « Le but de la visite au président
du Faso est de renforcer et consolider nos relations bilatérales avec
notre ami le Burkina Faso »8(*).
L'objectif principal de cette recherche est d'examiner les
enjeux politiques autour de la reconnaissance internationale du Statut de
Taïwan, pour chacun des acteurs de la relation bilatérale.
Les objectifs spécifiques sont :
· Le Burkina Faso peut-il réellement contribuer
à la notoriété internationale du statut de
Taïwan ?
· Cette relation est-elle viable, après analyse de
l'environnement politique externe ?
· Taïwan est-il capable d'assurer
indéfiniment son indépendance face à un voisin un peu trop
entreprenant à son égard ?
Les résultats attendus nous permettront de voir sous un
nouveau jour une relation, qui, bon gré mal gré, continue
à mobiliser les passions et à faire des émules. Les
réponses qui seront développées permettront de
prévoir la direction de cette coopération à moyen et
à long terme.
Les objectifs de recherche étant définis, il
nous reste une méthode de recherche pour conduire à bien notre
thème.
2. Méthodologie de recherche
Tout travail de recherche scientifique nécessite
l'adoption de méthodes de recherches. Pour la présente
étude, deux (02) méthodes de collectes de données ont
été prises en compte : la recherche documentaire et
l'entretien.
a. Recherche documentaire
La recherche documentaire est l'un des moyens par excellence
de collecte d'informations. Elle a toujours été au centre de tout
travail scientifique et se définit par la consultation de documents
portant sur le même sujet ou ayant le même champ d'étude.
Dans notre cadre, il s'est agi essentiellement de la
consultation de documents relatifs à l'Histoire des relations entre
Taïwan et le Burkina, l'exploitation des écrits journalistiques,
l'analyse de revues spécialisées.
Pour cela, nous avons eu recours aux bibliothèques de
la place qui offrent la possibilité de consulter des documents
historiques et politiques. Ce sont :
§ La bibliothèque centrale de l'Université
de Ouagadougou ;
§ La bibliothèque du département Histoire
et Géographie de l'Université de Ouagadougou ;
§ La bibliothèque de la Faculté de Sciences
Juridiques et Politiques de l'Université de Ouagadougou ;
§ Le centre culturel Français Georges
Méliès ;
§ La bibliothèque de l'Assemblée Nationale
du Burkina.
La documentation existante à l'ambassade de Taiwan au
Burkina a également été consultée.
L'environnement technologique actuel rend de plus en plus
indispensable l'exploitation de données sur la toile. En effet, Internet
constitue une grande bibliothèque virtuelle que l'on a à
portée de main et une source intarissable de données de tous
genres.
Mais il convient tout de même de rappeler que
malgré ce caractère infini de données, son usage doit
être minutieux, car autant les données peuvent être de
sources fiables, autant elles peuvent être de sources douteuses. Cela
est dû au caractère libre de l'internet ou rien n'est soumis
à une quelconque loi d'édition pour le moment.
Le choix de ce moyen se justifie dans le fait qu'il englobe de
plus en plus la recherche documentaire et demeure une source rapide
d'informations, peu coûteuse et fiable si certaines règles de
recherches spécifiques sont prises en compte.
b. L'entretien
L'entretien de manière générale, est
une méthode interactive de recherche. Il met en exergue le concept de
communication au sens propre. C'est un échange mettant en action
un émetteur et un récepteur en vue d'avoir des informations sur
un sujet donné.
Cela nécessite une intervention minime de la part du
chercheur, afin de ne pas corrompre le message initial et de ne s'en tenir
qu'aux informations initiales9(*). Pour ce faire, nous avons pu nous entretenir avec
certains employés techniques de l'ambassade de Taïwan et certains
cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la
Coopération s Régionale, département Asie Caraïbe
Pacifique.
Ces préoccupations, feront l'objet de notre
étude. Dans une première grande partie, nous présenterons
les deux Etats sous tous leurs aspects afin de mieux saisir le caractère
des relations établies entre eux.
Dans une deuxième partie, nous ferons l'historique de
la relation diplomatique entre le Burkina Faso et Taïwan de 1961 à
nos jours.
Enfin dans une dernière partie, nous analyserons
l'évolution de la relation et sa viabilité à long terme,
en tenant compte des menaces externes de nature diplomatique qui tentent
d'annihiler la souveraineté de l'Ile de Formose.
Première Partie : Présentation
générale des deux Etats
Pour une meilleure compréhension de notre thème,
il importe avant tout de pouvoir se familiariser avec certaines notions propres
à notre sujet d'étude. C'est alors avoir un aperçu assez
concis et précis sur les Etats de la République de Chine et du
Burkina Faso.
Dans cette première partie nous présenterons les
deux Etats : les cadres historique, géographique, social, politique
et économique.
Chapitre 1 - Le Burkina Faso
Etat au coeur de l'Afrique de l'Ouest, le Burkina Faso,
« le pays des hommes intègres » est aujourd'hui un
acteur incontournable dans la résolution pacifique des crises africaines
(Togo, Côte d'Ivoire, la crise au Darfour entre autres10(*)). Il reste un partenaire
privilégié des Institutions Internationales et de certains pays
à la voie prépondérante dans la communauté
internationale. Il est possible alors, de dire que la diplomatie
burkinabé pèse dans l'échiquier international.
Afin de mieux saisir ce qu'est le Burkina Faso actuellement,
il ne serait pas inutile d'avoir un regard sur sa géographie et son
histoire de manière générale, avec un accent particulier
sur l'aspect politique.
Section 1 - Cadre géographique et
démographique
1. Géographie11(*)
Pays enclavé d'Afrique Occidentale, le Burkina Faso a
ses frontières communes avec le Bénin, la Côte d'Ivoire, le
Ghana, le Mali, le Niger et le Togo.
Le Nord du pays est caractérisé par une terre
semi-aride avec une très faible pluviométrie. Cette zone
appelée aussi le Sahel, est au bord du désert. Elle est
régulièrement soumise à des cycles de sécheresse.
Le plateau central et l'Est peuvent être considérés comme
semi désertiques, car étant l'objet de sécheresse ou de
pluies abondantes selon les caprices des saisons. L'Ouest, le Sud, le Sud-ouest
restent les parties les plus arrosées, possèdent les sols les
plus fertiles et sont adaptés à l'agriculture.
Dans l'ensemble, le Burkina Faso est un territoire assez plat
mais on trouve dans le Sud-ouest d'assez grandes collines, des chutes d'eau et
des forêts denses. En outre, le pays de par les caractéristiques
de sa flore et de sa végétation, appartient à un grand
ensemble phytogéographique soudano-zambézienne allant du
Sénégal à la Namibie en passant par la Somalie. Le couvert
végétal du Burkina se distingue par la diversité des
espèces mais aussi par sa variation selon les facteurs climatiques, les
types de sols et l'influence de l'Homme. Trois principales zones sont
identifiées :
· Le domaine sahélien où l'on rencontre des
forêts rupicoles et une steppe arbustive et/ou arborée qui
supplantent des arbres ou des arbustes rabougris souvent épineux. Ce
domaine couvre le nord du pays.
· Le domaine soudanien est le plus étendu. On y
rencontre des formations primaires composées de forêts claires, de
savanes et de prairies. Quant aux formations secondaires, elles sont
liées à l'action de l'Homme et constituées de savanes
boisées, arborées ou arbustives. Ce domaine couvre le centre et
une partie de l'ouest du pays.
· Le domaine soudano-guinéen se
caractérise par l'existence de forêts galeries le long des
rivières et dans les vallées, des îlots de forêts
souvent sacrées et quelques forêts denses. Les espèces du
domaine sahélien sont quasiment absentes tandis que celles du domaine
soudanien sont importantes. Ce domaine correspond au Sud-ouest et une partie du
sud du pays.
Tableau 1
Burkina Faso - Géographie
physique 12(*):
|
Superficie :
|
274 200 Km2
|
|
Eau :
|
0.15 %
|
|
Terres cultivées :
|
13 %
|
|
Terres inexploitées :
|
22 %
|
|
Forêts :
|
26 %
|
Altitude minimale : 200 m (rivière Mouhoun)
|
Altitude maximale : 747 m (Tenakourou)
|
|
Le Burkina appartient aux climats tropicaux. Quatre (4)
variantes spécifient le climat du Burkina : une période
humide de juin à septembre, sèche et chaude de septembre à
novembre, sèche et fraîche de décembre à mars et
chaude de mars à juin. Trois zones climatiques se dessinent dans le
pays :
· une zone de climat sahélien au Nord : on y
enregistre 3 mois de pluies avec moins de 600mm d'eau/an, des
températures extrêmes allant de 10° à 45°C ;
· Une zone de climat nord-soudanien au centre : 4
à 5 mois de pluies, 600 à 1000mm d'eau/an, températures
comprises entre 13° et 40°C ;
· Une zone de climat sud-soudanien au sud : 6 mois
de pluies, 1000 à 1300mm d'eau/an, température
extrêmes : 12° et 38°C.
2. Démographie13(*)
Selon les résultats provisoires du
recensement général de la population de décembre
200614(*), le pays est
passé de 10 312 600 habitants en 1996 à 13 730 200 habitants en
2006 soit une augmentation de 350 000 habitants en moyenne par an.
Les femmes représentent 51,7% de la population et les
hommes 48,3%.
L'une des caractéristiques de la population est aussi
sa jeunesse. Les moins de 15 ans sont estimés à environ 48% de la
population. La population est essentiellement rurale : 73% vivent en
campagne. Le taux de natalité était estimé à 46%0
en 2003, celui de la mortalité à 20%0. L'espérance de vie
à la naissance est de 52 ans. La densité est passée de
40,5 habitants au Km2 à plus de 45 habitants au km2. Les zones les plus
peuplées sont les provinces du Kadiogo, du Houet (qui abritent
respectivement la capitale Ouagadougou et Bobo Dioulasso la seconde ville du
pays), le Boulkiemdé, le Kouritenga et l'Oubritenga.
Trois principales communautés religieuses sont
présentes au Burkina Faso.
La communauté musulmane est la plus nombreuse. Les 52%
environ de la population sont musulmans et ils sont fortement
représentés au nord du pays. Les animistes constituent le
deuxième groupe religieux le plus important. Actuellement à peu
près 25.9% de la population sont des fidèles de cette religion et
sont principalement installés dans les zones rurales. Les provinces de
Poni, Tapoa et Nahouri sont les aires géographiques de forte
concentration, avec respectivement 85% , 68% et 69%.
Quant aux chrétiens, ils sont environ 17.6% de la
population, essentiellement des catholiques regroupés principalement
dans les grands centres urbains tels que Ouagadougou, Koudougou,
Koupéla. Mais de plus en plus d'églises protestantes voient le
jour. Seulement moins de 1% de la population ne pratique aucune des
religions.
Le Burkina Faso est habité par une soixantaine
d'ethnies vivant en bonne harmonie. D'importance numérique
inégale, les différents groupes occupent des zones
géographiques déterminées. Chaque groupe se distingue des
autres par la langue, les coutumes, l'organisation sociale, l'habitat. Selon
l'origine historique, on distingue trois grands groupes composés de sous
-groupes. Il s'agit :
· Des populations néo-soudaniennes comprenant les
Moosé au centre, qui constituent la population majoritaire du pays
(48%); les Gourmantché et les Songhay à l'Est (12%),
· Des populations Mandé au Sud et au Sud-Ouest
composées des Marka, des Sana, des Bissa, des Dioula qui constituent le
deuxième groupe (26%),
· Des populations au Nord, le Sahel, composées
des Peul ou fulbé ; des Touareg, des Bella, constituant le dernier
groupe (14%).
Section 2 : Cadre historico-politique
1. Constitution du Burkina Faso 15(*)
Les entités territoriales ethniques de la Haute Volta,
aujourd'hui Burkina Faso, étaient intégrés à
l'empire colonial français en Afrique. Avant la
pénétration coloniale, le territoire actuel était
constitué de formations politiques composites dont les plus stables
furent les royaumes Moosé.
En 1919, la colonie de la Haute Volta est créée
par un décret et regroupait les cercles de Gaoua, de Bobo Dioulasso,
Ouagadougou, Dori, Dédougou, Say et Fada Gourma. Le 5 septembre 1932, la
colonie de la Haute Volta est supprimée par un décret pour des
raisons économiques et stratégiques avancées par
l'administration française. En réalité il s'agissait de
fournir de la main d'oeuvre aux plantations situées en Côte
d'Ivoire, au chemin de fer Abidjan-Niger et à l'Office du Niger. Ainsi,
elle fut partagée entre les colonies de la Côte d'Ivoire, du Niger
et du Soudan. En 1945, le Mogho Naba Saga II créa l'Union pour la
Défense des Intérêts de la Haute Volta (UDIHV) et entreprit
une campagne pour la reconstitution de la colonie de Haute Volta.
Le 4 septembre 1947, la colonie de la Haute Volta est
rétablie dans ses limites de 1932 par une loi. Elle accède
à l'indépendance le 5 août 1960 et Maurice YAMÉOGO
est élu premier président de la première
République.
2. Essor politique et diplomatique16(*)
L'évolution politique du pays depuis les
indépendances est caractérisée par une alternance de
régimes d'exception (1966-1970, 1974-1977, 1980-1982, 1982-1983,
1983-1987, 1987-1991) et de régimes constitutionnels (1960-1966,
1970-1974, 1977-1980, 1991 à nos jours) avec une quasi-permanence des
militaires au pouvoir dont la plus importante est celle de 1980 à 1987.
Le 4 août 1984, sous le Comité National de
Révolution17(*),
avec comme premier responsable le capitaine Thomas SANKARA, la Haute Volta est
devenue le Burkina Faso qui signifie `pays des hommes intègres'. Le
Front populaire du Capitaine Blaise COMPAORE, sous la pression des
démocraties occidentales18(*) engagea le Burkina dans un renouveau
démocratique avec la naissance en 1991 de la quatrième
république, la plus longue de l'histoire du pays, et ce jusqu'à
nos jours.
Depuis l'indépendance, les résultats des efforts
de développement du pays, entrepris par les différents
gouvernements, se révèlent des plus modestes. L'économie
du Burkina demeure essentiellement agricole. Les principaux produits
d'exportation sont le coton, les produits d'élevage, l'or, les fruits et
les légumes, les cuirs et peaux. Le Burkina, toujours
considéré comme un réservoir de main-d'oeuvre, exporte ses
hommes vers les pays voisins, surtout la Côte d'Ivoire où ils sont
plus de 2 000 000.
La société civile burkinabé est
composite. Elle comprend les syndicats, les organisations de défense des
droits de l'Homme, les associations culturelles, les autorités
religieuses.
Elle contribue activement au développement du pays
surtout à travers des activités de sensibilisation sur des
préoccupations sociales, sanitaires, et éducatives dont les plus
importantes sont l'excision, le VIH/SIDA, la scolarisation des filles. On
dénombre plus de 400 ONG qui interviennent dans différents
domaines.
En matière d'intégration régionale, le
Burkina Faso témoigne d'un engagement de longue date (C.E.D.E.A.O.,
U.E.M.O.A., Conseil de l'Entente). Les obstacles à un
développement humain durable sont divers et nombreux. Aux contraintes
physiques (faiblesses des richesses, désertification, enclavement),
s'ajoutent celles institutionnelles (pressions des institutions
financières internationales). Le Burkina Faso est un pays pauvre en
Afrique. Il reste cependant un important carrefour culturel avec des
manifestations internationales telles que le Festival International du
Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FES.PA.C.O.)
initié depuis 1972, la Semaine Nationale de la Culture (S.N.C) depuis
1983 et le Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou (S.I.A.O.) depuis
1988.
Le Burkina Faso, par son activisme diplomatique, souhaite
faire partie des acteurs avec lesquels il faudra compter désormais sur
le plan international. L'initiative du président Compaoré sur le
coton à l'O.M.C., visant le démantèlement des aides des
pays développés à leurs producteurs de coton, ses nombreux
déplacements à l'étranger, la tenue de nombreuses
réunions à Ouagadougou (U.A., Francophonie, CEN-SAD.,
U.E.M.O.A.), ses médiations en vue d'instaurer la paix dans les pays en
conflits armés, s'inscrivent dans cette optique de visibilité
particulière dans la sous-région et sur le continent africain.
Son charisme grandissant en Afrique lui vaut une attention particulière
de la part des américains et des français.
Dans cette dynamique, c'est d'abord
l'éligibilité du Burkina Faso depuis décembre 2004
à l'AGOA initié par les Etats-Unis d'Amérique. L'African
Growth and Opportunity Act (AGOA) est une partie de la législation
américaine qui, de manière significative, libéralise
l'accès au marché des États-Unis pour 37 pays d'Afrique
sub-saharienne (ASS) désignés. La loi originellement couvrait une
période de 8 ans d'Octobre 2000 à Septembre 2008. Mais des
modifications dans la loi, instruites par le président américain
George Bush en Juillet 2004, prorogent l'AGOA jusqu'en 2015.
C'est ensuite la volonté du Burkina Faso d'atteindre
les Objectifs du Millénaire pour le Développement19(*), qui est
félicitée et encouragée par les Etats-Unis et la
communauté internationale, car les réformes entreprises sont
notables. Dans ce cadre, les progrès les plus significatifs ont
été enregistrés dans le domaine de l'accès à
l'eau potable. Le taux net de scolarisation dans le primaire a augmenté
d'environ 15 points de pourcentage en dix ans. Dans le domaine de la
santé, des progrès ont également été
enregistrés.
C'est aussi la rencontre à la Maison Blanche le 16
Juillet entre les présidents Blaise Comparé et Georges Bush, qui
donne un signal fort à l'axe Ouaga-Washington .Le président
burkinabé est félicité par son homologue « pour
son leadership au sein des Nations Unies et dans la région. Vous
êtes une force constructive pour la paix et
la stabilité ».
L'axe Ouaga-Washington s'est d'ailleurs étoffé
dans la logique de la visite du président Burkinabé, par la
signature d'une convention entre le Burkina Faso et les Etats-Unis,
à travers le Millenium Challenge Corporation20(*). D'un montant de 204
milliards de FCFA, cette subvention est destinée au financement de
projets présentés par le Burkina Faso, dans les domaines de
l'agriculture, de la sécurité foncière, des transports
et de l'éducation des filles.
En somme, le Burkina Faso progresse résolument vers une
assise internationale sur le plan diplomatique qui serait profitable et
bienvenue pour d'autres.
Chapitre 2 - Taïwan
Section 1 - L'île de Formose : aux
origines d'un Etat-Nation
1. Géographie21(*)
Située en Asie de l'Est, Taïwan est un État
indépendant (appelé aussi république de Chine depuis 1949)
situé au large de la Chine continentale. La capitale administrative est
Taipei, mais la capitale officielle est Nanjing (Nankin).
L'île de 36.000 km² est séparée du
continent par le détroit de Taïwan et est entourée au Nord
par la mer de Chine orientale, par l'océan Pacifique à l'Est, au
Sud par la mer de Chine méridionale. Elle possède un littoral de
1566 km, compte bien 88 îles et îlots, dont les plus
éloignés sont à 150 km de l'île principale
(Taïwan). Celle-ci est également connue sous le nom de Formosa
(La Belle), qui lui fut donné en 1590 par les premiers navigateurs
portugais (Ila Formosa).
Le terrain est montagneux et sauvage côté Est et
occupe les 2/3 du pays. Ainsi, seulement 24% du terrain est exploitable de
manière agricole. Le point le plus bas se situe au niveau de la Mer de
Chine Méridionale tandis que le point le plus haut, Yu Shan, culmine
à 3 997 m.
Comme ressources naturelles, Taïwan regorge de petits
gisements de charbon, du gaz naturel, du calcaire, du marbre et de l'amiante.
Les cultures permanentes restent insignifiantes et sont constituées
essentiellement de vergers et de vignes à 1% des cultures, les autres se
fixant à 75%.
Le climat est tropical et marin avec une saison pluvieuse
pendant la mousson du Sud-ouest (Juin à Août). L'île de
Formose est confrontée à des problèmes environnementaux
tels la pollution de l'air et de l'eau par les émissions industrielles,
des eaux usées non traitées, la contamination des réserves
d'eau potable, le commerce des espèces en voie de disparition et enfin
les déchets faiblement radioactifs. A cause du statut particulier de
Taïwan, ces difficultés restent pour le moment hors du
contrôle des Organisations Internationales concernant la sauvegarde de
l'environnement.
Mais l'Etat a déjà pris des mesures tendant
à la préservation de l'écosystème en classant 19.1%
du territoire national en zones protégées.
2. Démographie et Economie22(*)
La population Taïwanaise est estimée à 22
800 000 habitants selon des données recueillies en 2005. Les plus
grandes villes suivantes comptent respectivement pour Taipei la capitale : 2
700 000 hab., Kao-Hiong : 1 400 000 hab. et Taïtchong : 820 000 hab. La
pyramide des âges fait ressortir une population active majoritaire mais
vieillissante avec pour l'ensemble une prédominance du sexe masculin par
rapport à celui féminin.
Tableau 2
Tableau de la pyramide des
âges
Pyramide des âges
|
|
|
|
0-14 ans
|
21%
|
garçons 2 464 290
|
filles 2 268 627
|
15-64 ans
|
70%
|
hommes 8 010 014
|
femmes 7 774 296
|
65 ans et plus
|
09%
|
hommes 1 053 975
|
femmes 976 807
|
Le taux de natalité selon une estimation de 2005 pour
1000 naissances est de 12.64%, avec une espérance de vie de 77.26
ans.
Taïwan est une société aux
différents groupes ethniques avec leurs propres langues et coutumes
à prédominance chinoise.
La religion principale est un mélange de Bouddhisme, de
Confucianisme et de Taoïsme, les religions les plus pratiquées dans
cette partie du monde. Le Christianisme occupe la deuxième place avec
4.5 millions de fidèles dans la population totale. Toutes les autres
religions sont pratiquées par seulement 2.5% de la population. La
société taïwanaise est à plus de 90%
alphabétisée.
Sur le plan économique, Taïwan est classé
par plusieurs revues économiques spécialisées, notamment
World Economic Forum23(*),
Economist Intelligence Unit, comme la 16e puissance commerciale
mondiale et la 19e puissance économique mondiale.
Ceci est surtout dû à la vitalité de ses
industries (21.4% du PIB) qui s'investissent surtout dans les hautes
technologies dont la fabrication de microprocesseurs, dans
l'optoélectronique et aussi dans les services qui représentent
73.33% du PIB. L'agriculture vient en dernier lieu avec une part minime de 1.7%
du PIB. Elle se limite uniquement au riz, à la canne à sucre et
à la patate douce. La pêche n'est pas en reste et évolue
moyennement.
Malgré tout, le commerce extérieur reste
très développé et tend de plus en plus à se
concentrer en un circuit Taïwan-Chine Continentale, qui peut faire peur
aux dirigeants de l'Ile à cause d'un éventuel usage de cette
dépendance croissante en leur défaveur. Le tableau suivant nous
permet de voir de manière succincte l'économie
générale de l'île.
Tableau 3
Produit Intérieur Brut (PIB) 2005
|
346.4 milliards de dollars américains
|
Taux de Croissance économique 2005
|
4.03%
|
PIB par habitant 2005
|
15 291 dollars américains
|
Taux de chômage 2005
|
4.13%
|
Exportations 2005
|
198.43 milliards de dollars américains
|
Importations 2005
|
182.62 milliards de dollars américains
|
Réserves de devises
|
260 milliards de dollars américains
|
Investissements directs approuvés dans l'ile
|
4.23 milliards de dollars américains
|
Investissements directs approuvés hors de l'ile
|
8.45 milliards dont 6.01 vers la Chine
|
Données économiques synoptiques
sur la République de Chine
Source : Coup d'oeil sur Taiwan
2007.
3. Données historiques24(*)
Aux XVIe et XVIIe siècles, Portugais, Espagnols et
Hollandais se disputèrent tour à tour l'île de Formose, et
y chassèrent une bonne partie des Chinois.
En 1683, l'île fut rattachée administrativement
à l'Empire chinois et devint à nouveau une terre d'immigration.
Des dizaines de milliers de partisans des Ming25(*) quittèrent les régions
côtières du sud de la Chine et immigrèrent à
Taïwan. Sous la domination des Qing26(*), les vagues d'immigration chinoise devinrent encore
plus fortes dans l'île. Les aborigènes se
révoltèrent à plusieurs reprises, mais les Chinois
réussirent à mâter les rébellions. En 1758, les
représentants du pouvoir impérial commencèrent à
les assimiler totalement.
La guerre sino-japonaise de 1895 fit entrer Formose dans la
zone japonaise, devenant alors la première colonie japonaise
d'outre-mer. Plusieurs rébellions de la part de la population chinoise
et des aborigènes de l'île furent réprimées dans le
sang par les Japonais qui, en raison de l'intérêt
stratégique de Taïwan, renforcèrent leur contrôle sur
les insulaires, surtout à partir de 1939 ; l'île devint une
colonie japonaise. L'occupation dura un demi-siècle (jusqu'en 1945). Les
Chinois ont récupéré le contrôle du territoire
après la 2e Guerre Mondiale. Après la victoire des Communistes
sur le continent en 1949, 2 millions de Nationalistes se sont enfuis vers
Taïwan et y ont établi un gouvernement utilisant la constitution de
1947 établie pour l'ensemble de la Chine, fondant la république
de Chine nationaliste. De 1950 à 1971, le gouvernement de Taïwan
représente la Chine au conseil de sécurité de l'O.N.U. En
1979, les Etats-Unis reconnaissent la Chine communiste et mettent fin à
leurs relations diplomatiques avec Taïwan. L'île refuse
l'intégration pacifique que lui propose la Chine populaire. En 1991, une
détente des relations est perceptible. C'est l'abrogation par le
Parlement, de l'état d'urgence et de l'état de guerre contre le
communisme mis en place en 1949 par Taïwan. Alors, des contacts officieux
et des rapprochements économiques sont menés avec la Chine
Populaire. Les élections législatives renforcent le Kuo Ming
Tang27(*). Après
cela vont se succéder les personnalités suivantes aux rôles
de premiers responsables dans la destinée de l'île : 1996
: Election de Lee Teng-Hui à la présidence. 1997 :
Démission du Premier ministre Lien Chan. 2000 : Chen Shui-bian est
Président avec Annette Lu Hsiu-lien comme
Vice-présidente. 2004 : Réélection du Président
taïwanais.
2008 : Ma Ying-jeou, du Kuomintang, est élu
Président de la République.
Section 2 - Contexte politique actuel
1. Politique nationale
L'île de Formose ou la République
Démocratique de Chine est comme le démontre l'adjectif, un Etat
démocratique dont les instances gouvernementales siègent à
Taipei.
L'Etat se compose de la Présidence de la
République et de 5 grands corps appelés
« Yuans ». Les 5 Yuans comprennent respectivement le Yuan
exécutif, le Yuan législatif, le Yuan des examens, le Yuan
judiciaire, le Yuan de contrôle28(*).
Le territoire est divisé en 18 districts et cinq villes
autonomes qui sont placées au même niveau et deux
municipalités au statut spécial. Deux gouvernements provinciaux
aux fonctions très réduites existent toujours.
· La Présidence de la République et
le Yuan exécutif
Le Président de la République comme dans toute
démocratie digne de ce nom, est le chef suprême des forces
armées, le chef de l'Etat, représentant son pays auprès
des autres nations.
Le président est élu par le peuple et la
législature monocamérale. Il a pour prérogatives de nommer
les responsables de quatre des cinq yuans. Le président et le vice
président sont élus pour un mandat de quatre ans
renouvelables.
Le chef du Yuan exécutif, le premier ministre est
désigné par le chef de l'Etat et peut, à son tour,
désigner les responsables des huit ministères et de la trentaine
de commissions et offices qui composent le Yuan exécutif. Ensemble, ils
forment son conseil. Le premier ministre est chargé d'élaborer et
d'exécuter la politique du gouvernement qu'il rapporte devant la
législature.
· Les Yuans législatif, judiciaire, des
examens et de contrôle
Ils constituent en quelque sorte un équilibre face au
Yuan exécutif et à la Présidence de la République.
Le chef du Yuan législatif est le seul à ne pas être
désigné par le président de la république. Il est
élu par et parmi les législateurs eux-mêmes, ce qui lui
permet d'exercer en toute indépendance.
Le Yuan législatif a pour rôle, la
rédaction, la révision et le vote des lois. Il entend les
responsables en matière de politique, veille et supervise les actions
des hautes institutions politiques. Le Yuan législatif est
monocaméral.
La constitution, établie pour la première fois
le 1er Janvier 1947, a été amendée en 1992,
1994, 1997 et 1999, 2000 et 2005 afin de mieux l'adapter à la situation
actuelle de l'île. Le système légal est basé sur le
système de loi civile.
Le Yuan judiciaire est l'autorité de l'appareil
judiciaire et intervient pour tout ce qui concerne le droit de manière
générale. Ses responsables, bien que nommés par le
président, doivent recevoir l'approbation du Yuan législatif.
Le Yuan des examens, en amont, est responsable de la fonction
publique. Il s'agit notamment du recrutement des fonctionnaires selon les
besoins de l'Etat, de leur classement, avancement, en somme, de tout ce qui
régit la bonne marche en termes de fonctionnement des institutions
publiques.
Enfin, le Yuan de contrôle est chargé en
aval par rapport au Yuan des examens de veiller à la bonne conduite des
agents, à leur rendement, à la censure et à leur
éventuel relèvement de fonction.
Actuellement, 6 partis politiques se partagent les 113
sièges du parlement. Le parti au pouvoir jusqu'au moment de
rédaction de ce présent mémoire est le Kuomintang.
2. Politique extérieure
Elle peut être divisée en deux volets comprenant
notamment les relations extérieures avec la soeur ennemie, la
République Populaire de Chine et les relations avec les autres nations
et les Institutions Internationales.
· Les relations avec la République
Populaire de Chine
Ces relations sont tendues parce que la République
Populaire de Chine a toujours considéré Taïwan comme une de
ses provinces. Mais Taïwan a opté pour l'ouverture, le dialogue et
l'acceptation mutuelle, malgré les discours radicaux en vue d'une
réunification.
Dans ce cadre, la Chine continentale a adopté en mars
2005 la loi anti sécession qui donne un cadre légal à une
action non pacifique contre Taïwan si jamais il ne se soumettait pas aux
ultimatums en faveur de la réunification.
Somme toute, les autorités à Taïwan
maintiennent leur volonté avec l'ouverture de lignes aériennes
entre les deux « Chines », qui voient la progression du
nombre de passagers et l'augmentation des importations en provenance de la
Chine. Taïwan est l'un des plus gros investisseurs en Chine et plus de un
million de Taïwanais y travaillent.29(*)
· Les relations avec les autres nations et les
Institutions Internationales
L'île de Formose entretient des relations diplomatiques
avec 23 pays30(*) et des
liens significatifs avec 140 autres nations31(*). Mais ces relations diplomatiques varient de nature,
d'un pays à l'autre, allant de coopérations économiques et
sociopolitiques à de véritables relations diplomatiques. Ainsi,
dans cette même optique, seulement 4 pays en Afrique et parmi les plus
pauvres, dont le Burkina, reconnaissent de manière officielle la
souveraineté de Taïwan. Il est membre associé de 17
organisations internationales dont l'Organisation Mondiale du Commerce32(*). Mais, malgré sa
population estimée à 23 millions d'habitants, son territoire
spécifique et son appareil gouvernemental fonctionnel, l'adhésion
de Taïwan est toujours rejetée par l'O.N.U., ceci par l'entremise
de la Chine Populaire.
Des ONG taïwanaises prennent part aux activités de
plus de 2000 ONG dans le monde, dans les domaines social, économique,
politique, environnemental.
2e Partie : Histoire et conjoncture des relations
diplomatiques bilatérales.
Nous allons dans cette deuxième partie, aborder de
manière plus spécifique la genèse et l'évolution
des relations diplomatiques entre elles. Cela permettra de pouvoir cerner les
enjeux politiques de la relation qui, bien entendu, vont au-delà d'une
simple coopération bilatérale. Nous verrons ainsi que les
rapports n'ont pas toujours été au beau fixe entre le Burkina
Faso et Taïwan, et que le présent augure des lendemains assez
ambigus.
Chapitre 1 - Chroniques des relations
Dans ce premier chapitre, nous tenterons de remonter le temps
pour mettre en exergue la naissance de cette relation, et les
différentes causes à la source de ce rapprochement. Nous
survolerons ensuite les motivations qui ont conduit plus tard à une
rupture puis à un rétablissement de la coopération,
existant jusqu' à nos jours.
Section 1 - Etablissement des relations
Un dicton bien connu précise que : « qui
se ressemblent, s'assemblent » et « les rapports des
différentes nations entre elles dépendent du stade de
développement où se trouve chacune d'elles en ce qui concerne les
forces productives, la division du travail et les relations
intérieures »33(*). Cela présuppose une recherche de
complémentarité là où l'insuffisance existe. Ces
assertions se vérifient dans notre analyse concernant la relation
Taïwano-burkinabé, empruntant tout de même un chemin un peu
plus particulier. L'histoire spécifique de chacune des nations,
similaire sur bien des plans, les a conduits à établir un canevas
de coopération.
Le 05 Aout 1960, après bien des
péripéties, la Haute Volta accède à
l'indépendance. Maurice Yaméogo en devient le premier
président. Dès le 14 Décembre 1961, une relation
diplomatique s'instaure entre la Haute Volta et la République de Chine.
Plusieurs raisons expliquent cet état de fait, mais pour cela, nous
analyserons l'environnement politique interne et externe aux deux nations ayant
favorisé leur rapprochement.
Comme nous l'avions évoqué
précédemment, la Haute Volta a été pendant
longtemps, un réservoir humain pour les plantations en Côte
d'ivoire et la construction du chemin de fer devant relier le
Sénégal au Niger, en passant par Bamako. Cette situation
était due entre autre à l'absence de potentialités
minières, principal point d'intérêt des colonisateurs, qui
alors dirigeaient les populations vers les centres d'intérêt. La
dénégation de nation à un ensemble de populations
autochtones, était mal vue par ces dernières. Non contentes de se
voir refuser le droit à l'autodétermination selon leur mode de
vie et de pensée, elles se voyaient surtout s'enlever le droit de vivre
ensemble. « La goutte de trop ». Au delà de
l'intervention du Mogho Naba SAGA II pour la réunification de
l'entité territoriale et de l'intervention du politique de
l'époque, une sourde revendication de l'autonomie se faisait de plus en
percevoir. Elle allait alors aboutir, à l'instar des autres nations
africaines, sous domination coloniale française ou anglaise, à
l'indépendance.
Il restait maintenant pour le président nouvellement
élu, Maurice Yaméogo, malgré les profonds liens qui
existaient entre la métropole, la France, et la colonie, de rechercher
d'autres points d'appuis économiques pour un essor rapide du pays. La
réalité s'était présentée de manière
cinglante au politique : les ressources naturelles sont quasi
inexistantes, les ressources intellectuelles sont très rares, le tissu
économique est nul. Sur le plan social, c'est la priorité dans
tous les secteurs.
L'indépendance n'avait pas été
octroyée de plein gré par la métropole : la
population l'avait pratiquement arrachée, et surtout la
géopolitique divisant le monde en deux blocs et motivant le droit
à l'autonomie y avait contribué. Somme toute il y'a une limite
à toute chose et comme Vincent Auriol34(*) l'a si bien souligné,
« On ne peut pas fonder la prospérité
des uns sur la misère des autres » de manière
indéfinie sans être confronté au réveil des
consciences.
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les deux
blocs idéologiques avaient en commun d'exiger l'autodétermination
pour tous les peuples. Les Etats-Unis et l'U.R.S.S. venaient de prouver
à la face du monde qu'il fallait désormais compter avec eux. Ils
venaient de sonner le glas de la restructuration géopolitique mondiale
et de la fin de l'ère coloniale. C'est aussi le signe de la
décadence de la puissance Européenne tirée par la France
et le Royaume-Uni. En outre, la Haute Volta faisait partie de l'A.O.F.35(*). Les circuits de distribution
et d'échange économique étaient bien
déterminés et imposés. Ils vont de la France à la
Côte d'Ivoire, en passant par le Sénégal et le Mali. Alors,
il faut s'attendre à un durcissement de la part de la métropole
pour avoir arraché l'autonomie. Il faut également compter avec
les populations locales qui répugnaient à collaborer avec les ex
colonisateurs.
Le politique se trouve alors dans une position des plus
inconfortables : il doit composer avec ces différentes situations.
C'est la nécessité d'élargir l'horizon diplomatique sans
pour autant délaisser les anciens axes commerciaux.
De même, il est question de répondre à
cette volonté du tiers monde de se départir de tout alignement
derrière un des blocs idéologiques, les intérêts
individuels étant logiquement différents. Les pays nouvellement
indépendants avaient besoin de se reconstruire sur tous les plans.
Ils vont saisir alors toute opportunité d'expression
publique pour se faire entendre.
La conférence de Bandung en 195536(*) allait être l'un des
tous premiers cadres pour pouvoir défendre leurs intérêts
communs. Par la suite, la tribune de l'O.N.U sera un tremplin de revendication
plus prononcée.
Entrée en scène alors de Taïwan. Pour
rappel, l'île de Formose a été pendant des siècles
administrée par des colons de tous pays : les Portugais, les
Espagnols et les Hollandais du 16e au 17e siècle,
les Chinois du 17e au 18e siècle, les Japonais de
la fin du 18e siècle à la moitié du
19e siècle. L'île revint bien plus tard de nouveau
entre les mains des Chinois au lendemain de la deuxième guerre mondiale.
La victoire des Communistes sur le continent en 1949 pousse 2 millions de
Nationalistes vers Taïwan. Ils y établissent un gouvernement
utilisant la constitution de 1947 établie pour l'ensemble de la Chine,
fondant la République de Chine nationaliste. Ils s'attirent alors la
sympathie des occidentaux et surtout s'assurent le soutien des Etats-Unis en
lutte idéologique contre le communisme. D'où le fait que, de 1950
à 1971, le gouvernement de Taïwan représente la Chine au
conseil de sécurité de l'ONU, au détriment de la Chine de
Mao.
Taïwan, issu du tiers monde, a des similitudes assez
marquées quant à son évolution et à sa situation
antérieure d'Etat colonisé avec la Haute Volta.
Ce ferment constituera une source de rapprochement entre la
Haute Volta et Taïwan aux objectifs pourtant différents.
Taïwan recherche une assise internationale et va user de sa force et des
opportunités qui lui sont offertes pour rechercher des relations
diplomatiques, notamment avec les Etats du Tiers Monde pour s'assurer autant de
voix possibles, susceptibles de dire non à l'entrée de la Chine
communiste dans les instances de l'O.N.U. L'île de Formose va en profiter
pour s'ériger en représentante des sans voix et faire entendre sa
position sur tous les plans.
Pour la Haute Volta, c'est l'occasion rêvée pour
échapper au verrou du système français et s'assurer des
amitiés avantageuses sur tous les plans. Sur le volet diplomatique, l'on
est certain de se faire entendre par le biais d'un Etat du Sud siégeant
au Conseil de Sécurité ; sur le volet économique, on
offre en échange de son soutien politique, un investissement
économique massif, un savoir faire agricole dû à la
connaissance élevée taïwanaise dans la culture du riz. Et
enfin sur le volet social, c'est un exemple de développement à
considérer pour mieux appréhender l'avenir du pays.
Tous les éléments sont réunis pour
constituer la source de rapprochement et d'établissement de relations
diplomatiques entre la Haute Volta et la République de Chine le 14
Décembre 1961.
Mais des événements n'allaient pas tarder
à assombrir cette douce entente et à la briser par la suite.
Section 2 - Rupture et restauration des relations
Les politiques des Etats les plus faibles ou les plus pauvres
sont toujours fonction de l'orientation idéologique des Etats les plus
riches. Cette `real politik' s'est toujours avérée
justifiée depuis les grandes conquêtes mondiales entamées
dans l'antiquité jusqu'à nos jours. La Haute Volta étant
un pays pauvre, nouvellement indépendant, en quête de ses marques
dans un monde en pleine reconfiguration géopolitique, n'échappera
pas à cette donne dans ses relations diplomatiques avec la
République de Chine.
Nous l'avions dit, le pays se devait d'élargir ses
horizons relationnels, ceci en vue d'échapper un temps soit peu à
un système complexe afin de résoudre les problèmes qui se
soulevaient à tous les niveaux, tant internes qu'externes.
L'opportunité s'offrait en Taïwan qui avait le
vent en poupe, surtout auprès des occidentaux, les grands vainqueurs de
la deuxième guerre mondiale. La Haute Volta faisait aussi partie des
Etats sous influence occidentale par le biais de la France qui n'avait pas tout
à fait coupé le lien en tant que métropole.
La République Populaire de Chine alors n'était
pas fréquentable.
Un dicton africain stipule que « lorsque le cours du
fleuve tourne et change de direction, le caïman se doit de le
suivre ». Le cours du fleuve représente alors
l'idéologie occidentale à laquelle était d'office
liée la Haute Volta et le caïman, cette dernière. La
relation longtemps tendue, entre le bloc occidental avec pour chef de file les
Etats-Unis et le bloc communiste avec comme leader l'U.R.S.S., en était
arrivée à une ère de dégel, communément
appelée la « coexistence pacifique » qui
nécessitait de la part des capitalistes une réorientation de leur
politique internationale. La reconnaissance de Taïwan comme
représentante unilatérale de la Chine n'avait plus lieu
d'être, ceci d'autant que la différence tant géographique
que démographique avec la Chine Populaire était évidente.
En plus, il fallait désormais compter avec une future puissance
régionale selon les analystes politiques, qui voyaient en la Chine un
dragon endormi qu'il ne fallait pas réveiller avant le moment. Alors le
transfert de compétences au niveau des Nations Unies devait
s'opérer afin de parfaire cette nouvelle réorientation. Cet
état de fait sonnait la fin de la reconnaissance internationale de
Taïwan et du même coup des relations diplomatiques entre Taïwan
et la Haute Volta qui, elle, se devait de suivre ses priorités du
moment. Ses priorités se résumaient à s'assurer une place
dans le concert des nations tout en s'appliquant à la construction d'une
nouvelle démocratie.
C'est ainsi que la géopolitique internationale allait
avoir raison d'une relation diplomatique entre Taïwan et la Haute Volta le
23 Octobre 1973 et mettre fin à une idylle de douze années.
Après 21 années de divorce, le 02 Février
1994 annonce le début d'une nouvelle relation diplomatique entre les
deux entités Etatiques. Plusieurs facteurs tant politiques
qu'économiques expliquent cette reprise.
D'abord, sur le plan politique et économique pour le
Burkina Faso, ex Haute Volta, la situation a beaucoup
évolué : au plan interne, les différentes
républiques n'ayant pas pu asseoir une forme type de gestion comme
formule idoine à la crise sociale qui prévalait, il fallait se
permettre un nouvel essai dans le champ de la coopération
bilatérale afin de pallier aux nombreux manquements. Et Taïwan se
présentait maintenant en tous points de vue comme un modèle de
réussite, passant du statut d'Etat sous développé à
celui d'Etat riche. Il fallait copier ce modèle de miracle ;
ensuite sur le plan international, la géopolitique avait
profondément muté avec la quasi disparition du bloc communiste,
la généralisation du système capitaliste avec
l'hégémonie des Etats-Unis dans un bloc aux moyennes puissances.
Même si Taïwan n'est plus à l'honneur dans plusieurs Etats,
son existence est tout de même implicitement reconnue et des
coopérations de toutes formes voient le jour. Cette ouverture sur le
champ international va également motiver le choix du Burkina Faso au
renouement du fil de la relation.
Sur le plan politique, pour Taïwan, c'est une chance
inestimable à saisir, car plus on a d'Etats à son compte, mieux
on pèse sur les instances internationales telles que l'O.N.U. en vue de
la reconnaissance internationale du statut de l'île. Autant alors
permettre un échange fructueux entre les deux Etats : aider le
Burkina Faso à émerger tout en s'assurant de sa reconnaissance
internationale et de son appui dans les plus hautes instances de la
communauté internationale.
Chapitre 2 - Etat des lieux
La postérité retiendra que le Burkina Faso et la
République de Chine ont mené une relation fructueuse
jusqu'à nos jours, une relation de type gagnant-gagnant. Les engagements
pris par les deux nations lors du traité de reprise de leur relation ont
largement été respectés et ceci peut être
cité comme un exemple de coopération sud-sud, en
témoignent les résultats et les actions concrètes
entreprises sur le terrain.
Dans ce cadre, nous allons dans la suite analyser les tenants
et les aboutissants d'une telle situation pour chacune des parties.
Section 1 - Concours Taïwanais au Burkina
Faso
La déclaration liminaire du gouvernement du Burkina
Faso sur la reprise des relations diplomatiques avec la République de
Chine, c'est-à-dire Taïwan est assez explicite sur les objectifs et
les axes d'interventions établis ainsi que les motivations majeures de
tels axes. Face aux périls économiques graves qui menacent
les Etats africains dans leur assise étatique, il importe alors pour
ceux-ci, le Burkina Faso inclus, de rechercher des partenaires à travers
le monde, prêts à soutenir de façon conséquente les
propres efforts de développement37(*). L'expression est claire : « de
façon conséquente ». D'où les axes suivants dans
lesquels vont se traduire principalement la relation diplomatique avec
Taïwan :
· L'autosuffisance alimentaire au moyen d'un programme
spécial de développement de l'agriculture, notamment la
production de riz et de coton ;
· La promotion du secteur informel ;
· La résorption du chômage par la relance de
l'emploi des jeunes ;
· Le développement et l'amélioration du
secteur de la santé ;
· Les infrastructures sportives dont la construction d'un
stade omnisport à Bobo Dioulasso.
Et pour, bien sûr, laisser une porte ouverte à un
éventuel renforcement ou réaménagement des axes
prioritaires, il est ajouté au paraphe dans la Déclaration
gouvernementale, que le programme est appelé à se poursuivre
à travers des opérations de plus grande envergure dans le
futur.
Nous pouvons alors dire que la volonté de lancer le
Burkina Faso sur la voie du développement est ferme et évidente
de la part du gouvernement à travers les réalisations sur le
terrain. Il serait prétentieux de vouloir examiner au pied de la lettre
tous les acquis sur le terrain, mais nous allons ensemble entrevoir certaines
de ces grandes réalisations grâce à cette
coopération bilatérale fructueuse.
L'objectif du Burkina Faso est de copier les
éléments qui ont contribué au miracle Taïwanais pour
qu'il passe d'Etat sous développé au statut d'Etat riche. Nous
pouvons constater que les axes tracés par le gouvernement
burkinabé répondent en tous points de vue à ce besoin
fondamental de décollage économique comme le souligne si bien le
Ministre des Affaires étrangères de Taïwan sur ce qui a
favorisé le caractère exceptionnel de son pays. Son
Excellence M. Francisco H. L. OU affirmait alors que :
Le secret du développement de Taïwan correspond au
principe d'un proverbe chinois qui dit que c'est dans un état de mort
que l'on a le courage de survivre. La philosophie qui a sous-tendu le
succès économique de Taïwan, c'est "se développer
dans une situation très difficile". Et ce développement trouve
son fondement sur trois aspects principaux : le développement de
l'agriculture, la formation professionnelle et la gouvernance
administrative.38(*)
Dans cette optique, nous verrons que dans le cadre de
l'autosuffisance alimentaire par un soutien accru en matière de
développement agricole, la vallée du Sourou a vu son aire
d'exploitation croître par l'aménagement de surfaces de cultures
de riz. La production nationale en riz passe alors de 36 000 à
285 000 tonnes39(*).
Des dons de matériels agricoles notamment de tracteurs sont venus
appuyer l'effort des paysans dans leur volonté de développement
ainsi qu'une expertise humaine sous forme de formation adéquate dans la
jonction des moyens humains et matériels. De même dans le cadre de
la culture du coton, des progrès ont été
enregistrés grâce au soutien de Taïwan permettant au Burkina
Faso d'être aujourd'hui le premier producteur africain de coton avec 600
000 tonnes.
Dans le cadre de la promotion du secteur informel, nous
évoquerons la promotion des micros crédits par la création
de banques destinées à cet effet aux conditions d'emprunts
aisés. Nous citerons également l'encouragement à la
création de coopératives multiformes en vue d'instaurer un cadre
plus propice d'échange avec les populations cibles. Cela se traduit par
la constitution d'équipes techniques, formées et financées
par l'aide de Taïwan en vue de créer des missions et des cadres de
concertations et de travail. C'est aussi la promotion de l'entreprenariat par
une structure spéciale destinée aux jeunes désireux de s'y
lancer avec un minimum de risque et l'octroi de bourses d'études
à des étudiants burkinabés pour des formations à
courtes , moyennes et longues durées dans des domaines divers techniques
et précisément dans des centres de formations basés sur
l'île.
Dans le cadre du développement et de
l'amélioration de la santé, Taïwan contribue
énormément à l'équipement technique des centres
hospitaliers déjà existants et, à leur construction
notamment par le chantier en cours du Centre Hospitalier de Ouaga 2000 qui sera
le plus grand et le plus moderne de l'Afrique Subsaharienne. La
République de Chine et le Burkina Faso ont signé successivement
deux conventions de coopération médicale, en 1998 et en 2003, en
faveur du Burkina Faso, qui, à cet effet reçoit annuellement
400 millions de francs CFA au compte du ministère de la Santé. Il
s'est agi de renforcer le plateau technique de l'hôpital de
l'Amitié de Koudougou, d'améliorer la qualité des soins et
de renforcer les capacités techniques et professionnelles du personnel
médical spécialisé au profit des autres formations
sanitaires40(*). Un
exemple patent est la construction d'un complexe sanitaire à
Douré, village situé à une dizaine de kilomètres de
Gourcy dans la province du Zondoma41(*). Il a coûté soixante (60) millions de
francs CFA. Grâce à la subvention chinoise, le projet Centre de
Santé et de Promotion Sociale (C.S.P.S.) a conduit et
équipé entre 2002 et 2006, vingt-six (26) C.S.P.S. et infirmeries
de garnison, parfaitement fonctionnels à travers tout le pays42(*).
Taïwan participe également par des dons divers
aux malades démunis et aux marginaux de la société
dûs à leur infirmité. Ainsi, le Ministère de
l'Action sociale et de la Solidarité nationale (M.A.S.S.N.) a
reçu 927 fauteuils roulants et 300 cannes entre les années 2000
et 2004, 253 fauteuils roulants en novembre 2005, 8 conteneurs de
vêtements entre février et juillet 2006. Ce don est estimé
à douze millions de nos francs43(*).
Enfin, concernant le volet des infrastructures sportives, cela
s'est traduit de manière concrète de la part de Taïwan par
la construction du Stade Omnisport de Bobo Dioulasso et le stade couvert de
Ouagadougou, l'un des joyaux sportifs de l'Afrique de l'Ouest. Il s'est agi
également d'un support multiforme dans la promotion du sport
universitaire et scolaire.
De manière générale, l'Ile de Formose
démontre sa fidélité dans la coopération par un
appui conséquent aux engagements nationaux réitérés
par le président de la république lors de sa dernière
investiture à l'issue des élections présidentielles de
2005, à travers son programme de développement « Le
progrès continu pour une société
d'espérance ».
Un cadre de concertation technique voit le jour afin de mener
à bien les axes de développement s'établissant tout
d'abord sur le plan juridique à travers le Fonds pour la
Coopération Internationale et le Développement (I.C.D.F)44(*). Celui-ci se subdivise en cinq
départements :
§ Le département de la planification et
d'organisation des politiques de coopération
§ Le département de la coopération
technique
§ Le département de la formation
§ Le département des opérations
d'investissement
§ Le département d'administration et de
gestion.
L'I.C.D.F est présidée par le ministre
Taïwanais des Affaires étrangères, qui délègue
un Secrétaire général pour la gestion directe, soutenu par
trois secrétaires généraux adjoints, tous élus par
un comité directeur.45(*)
En second lieu, ce cadre de concertation s'exécute sur
le plan pratique par l'établissement des quatre axes juridiques46(*) :
§ L'accord de coopération technique agricole,
§ L'accord de coopération technique
médicale,
§ L'accord de coopération commerciale,
§ Et enfin l'accord de coopération culturelle.
Section 2 - Contrepartie burkinabé à
Taïwan
Nous pouvons déduire que contrairement au chapelet des
volets d'investissements de Taïwan au Burkina Faso, dans le cadre de la
relation diplomatique entre les deux nations sous forme de coopération
économique, le Burkina Faso, quant à lui, joue sa partition au
profit de l'île sur le plan politique. C'est principalement et surtout la
reconnaissance du statut de Taïwan en tant qu'Etat et nation souveraine,
premièrement dans la relation bilatérale et, deuxièmement,
partout où besoin se fera notamment dans les instances internationales
et plus précisément à la tribune de l'O.N.U. C'est ce qu'a
si bien reconnu son Excellence M. Francisco H. L. OU à travers cette
affirmation sans équivoque :
Nous vivons une situation difficile sur la scène
internationale. Et depuis plusieurs années, le gouvernement
burkinabè défend le dossier d'intégration de notre pays au
sein de la communauté internationale. C'est tout ce dont Taïwan a
besoin.47(*)
Taïwan, à cause de sa coexistence difficile avec
la République Populaire de Chine ayant entrainé sa situation
actuelle sur le plan international, a besoin de reconnaissance internationale.
Et le pays use de tous les moyens dont il dispose, quitte à investir
économiquement. Cette politique de l'île implique même
l'idée de piquer au concurrent des Etats48(*), tel dans un jeu d'échec où c'est
à celui qui damera le pion à l'adversaire. L'expression
« C'est tout ce dont on a besoin » permet de déduire
de l'importance du Burkina Faso.
Elle ne se résume ainsi qu'à être un
« moyen de publicité » d'une nation en quête
de reconnaissance internationale, alors même que les grandes nations de
la planète ne lui laissent qu'une coopération dans le volet
culturel, afin de ne pas provoquer le géant chinois.
Mais le Burkina Faso en choisissant la voie de la diplomatie
du développement, à travers ses relations bilatérales avec
la République de Chine, prouve par là la réalité
d'une coopération sud - sud. Celle-ci est fondée sur des
études du cadre de soutien tout en mettant en exergue la justesse de la
voie de la diplomatie du développement, comme signifiée dans la
déclaration du gouvernement Burkinabé sur la reprise des
relations diplomatiques avec la République de Chine le 02 Février
1994.
Courant Novembre 2008, dans le cadre des relations
internationales, la France, par l'entremise de son président Nicolas
Sarkozy, reconnaît implicitement, ainsi que l'Union Européenne, le
droit du Tibet à choisir son destin dans le cadre d'une autonomie
élargie, comme réclamée par son guide spirituel, le
Dalaï Lama. Mais si la grande France, une puissance mondiale, se fait
sermonner à la limite par la presse Chinoise qui se montre acerbe, et le
gouvernement Chinois, menaçant les intérêts
économiques français en Chine et stipulant que la question
Tibétaine est une affaire de politique interne, alors, à quoi
peut bien rimer cette reconnaissance de Taïwan par le Burkina Faso sur le
plan international ?
Aussi, après analyse de la relation bilatérale,
examinée sous l'angle de coopération sud-sud sous le ticket
gagnant-gagnant, pouvons-nous réellement affirmer que le ticket est
gagnant pour les deux parties ?
Ceci n'implique en réalité qu'un jeu
diplomatique qui n'a de diplomatique que son nom et sa mise en oeuvre qui ne
porte presque pas de fruit, bien sûr pour la partie Taïwanaise, vu
la liste des nations qui reconnaissent Taïwan se
rétrécir.
La contrepartie burkinabé peut être très
relative, sinon le fait de soutenir régulièrement dans les
instances internationales, l'existence d'une nation à l'autre bout du
monde. Certainement le Burkina Faso fait-il sienne cette pensée du
monarque Français Louis 16 qui affirmait qu'« En politique, il
faut donner ce qu'on n'a pas, et promettre ce qu'on ne peut pas
donner »
Mais nous devons tout aussi souligner, qu'en matière de
politique internationale, l'importance du gain diffère en fonction du
but à atteindre pour chaque partie. Elle ne se résume pas
à une notion économique où les avantages
pécuniaires sont égaux. Alors, Taïwan, par rapport à
sa situation, gagne effectivement et mise tout ce qui est possible pour un
intérêt vital à la nation : son existence. Donc, le
Burkina Faso joue un rôle dont la portée est vaste et qui,
justement à cause de celle-ci, peut lui causer du tort, par rapport
à ses propres intérêts de positionnement stratégique
dans la sous-région. En effet, ce positionnement ne peut se faire en
ignorant la Chine Populaire, future puissance mondiale selon les
stratèges de la politique internationale.
Dans cette même lancée, nous aborderons dans la
troisième partie de notre travail les véritables enjeux
politiques et les retombées économiques qui se dessinent
derrière cette relation diplomatique.
3e Partie : Enjeux politiques et retombées
économiques
La politique étrangère se définit comme
étant l'ensemble des grandes options d'un pays concernant son image, ses
intérêts, ses positions sur les grandes questions internationales.
La diplomatie, c'est la manière par laquelle cette politique
étrangère est mise en oeuvre.
Selon l'Ambassadeur français Léon NOEL,
« la politique extérieure est l'art de diriger les relations
d'un Etat avec les autres Etats. C'est la manière de les diriger. Ce
sont surtout les principes, les tendances générales, les
objectifs essentiels de l'action d'un Etat hors de ses
frontières »49(*).
Pour Jean SERRES,
la diplomatie gouverne les rapports entre Etats. C'est l'art
d'attirer des sympathies à son pays et de l'entourer d'amitiés
qui protègent son indépendance et aussi de régler
pacifiquement les conflits internationaux. C'est en même temps la
technique patiente qui préside au développement, sur le mode
pacifique et conciliateur des relations internationales.50(*)
Comme on vient de le voir, politique étrangère
et diplomatie ne se confondent pas mais sont bien complémentaires car,
la politique étrangère ne pourrait exister sans
l'action de la diplomatie en vue de lui donner effet et de la faire comprendre
par les puissances étrangères. De la même façon, on
ne peut concevoir une diplomatie qui ne serait pas guidée par une
politique étrangère clairement lisible.51(*)
Les rapports entre le Burkina Faso et la République de
Chine répondent clairement aux objectifs que s'est fixés chaque
partie et permettent de confirmer une coopération
bénéfique : le Burkina Faso, à la lumière de ces
définitions bien assorties au contexte, selon ses intérêts
économiques et Taïwan selon le principe de s'entourer
d'amitiés qui protègent son indépendance.
Ci-dessous, nous analyserons dans une première
approche, les intérêts en jeu dans cette relation,
c'est-à-dire leur portée réelle dans et hors du cadre
bilatéral. Dans une deuxième approche, nous verrons, par rapport
à la situation internationale actuelle qui préside aux relations
internationales, la viabilité de la diplomatie
Taïwano-burkinabé à long terme.
Chapitre 1 - Diplomatie coûteuse
« Avec son économie stagnante, Taïwan a
moins de munitions que la Chine pour s'engager dans une compétition
diplomatique à coup de dollars ».
Cette déclaration de M. Liu Bih-rong, professeur de
Sciences Politiques à l'université Soochow de Taipei52(*), du moins réaliste
aujourd'hui concernant son économie, est aussi révélatrice
d'une réalité qui s'impose progressivement à la face du
monde malgré le miracle de développement Taïwanais.
La diplomatie à laquelle se livrent les deux rivales
chinoises est coûteuse et risque à la longue d'avoir un impact
négatif sur les finances de l'île de Formose, au grand bonheur de
la grande Chine, plus attractive économiquement au fil du temps et se
révélant être une puissance mondiale.
En effet, l'une des stratégies reste de retirer
à l'autre des pays tout en renforçant les liens
déjà établis. Cela constitue pour Taïwan des millions
d'investissement au delà de sa zone d'influence afin de subsister. C'est
le cas pour le Burkina Faso où des milliards sont investis dans des
projets de toutes sortes établis selon le panel de concertation
diplomatique commun. C'est le gain maximal pour le Pays des hommes
intègres.
Section 1 - Gain maximal pour le Burkina
Faso ?
Le Burkina Faso, dans sa souveraineté, a opté
pour une diplomatie de développement, dirigeant de ce fait ses
amitiés obligatoirement vers celles qui sont les plus profitables.
Inaugurée sous la direction de Ablassé
Ouédraogo53(*),
« la diplomatie de développement » s'est
imposée comme une méthode d'approche qui concilie à la
fois la nécessité d'un positionnement stratégique sur la
scène internationale, mais également, la recherche de partenaires
crédibles pour la résolution des problèmes du
Burkina.54(*)
C'est la règle générale en matière
de relations internationales. Aucun pays n'y échappe, pas même les
grandes puissances : les Etats Unis sont embourbés dans des
rapports étroits avec les nations arabes à cause du
pétrole malgré leur accointance avec Israël, non aimé
de ces derniers ; les nations Européennes sont obligées de
courtiser l'amitié Russe pour la richesse en gaz naturel qui leur permet
de s'approvisionner régulièrement et de pallier à leur
pauvreté dans ce domaine.
Les relations internationales sont guidées par les
intérêts des nations et le Burkina Faso l'a bien compris.
Taïwan est en quête de reconnaissance et le Burkina Faso peut surfer
sur cet intérêt majeur de l'île de Formose.
De toutes ses relations diplomatiques avec les
différents Etats dans le monde, hormis la France qui a un statut assez
particulier dû au passé colonial et en vertu d'autres
considérations géopolitiques et stratégiques, notamment
les thèses de précarré et de néocolonialisme,
Taïwan constitue un des pays avec lequel les relations diplomatiques sont
des plus profitables pour le « pays des hommes
intègres. »
Il ne se prive pas d'exploiter à fond ce qu'on pourrait
qualifier de manne venue du ciel, cette générosité presque
sans limite de Taïwan pour pouvoir conserver en contrepartie dans son
giron, une nation qui le reconnait.
Pour preuve, toutes les opportunités de financement et
tous les projets auxquels Taïwan souscrit sont multiples. Ils sont
dirigés dans des domaines bien définis, ce qui propulse doucement
mais sûrement l'économie du Burkina Faso vers une certaine
croissance. Dans ce champ d'action nous pouvons citer :
· En priorité absolue, le domaine de
l'agriculture notamment par un accompagnement excellent dans la production
rizicole. Le but est de permettre à moyen et à long terme au
Burkina Faso d'atteindre l'auto-suffisance alimentaire et d'amorcer une sortie
du sous-développement, ce qui constituera également une atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) tels que
souhaité par l'Organisation des Nations Unies.
· Le deuxième domaine concerné est celui de
la formation. Chaque année, une trentaine de bourses est accordée
à des étudiants burkinabés pour se rendre dans des
universités Taïwanaises dans le but d'acquérir des
connaissances diverses. De la même manière, l'accent est
également mis sur la formation professionnelle sur place principalement
afin de permettre un transfert de savoir faire efficace et approprié.
Ceci se réalise par le biais de volontaires taïwanais qui se
proposent dans cette noble tache. C'est aussi l'occasion d'inciter à la
création de petites et moyennes entreprises afin de soutenir durablement
l'économie nationale à l'instar du système Taïwanais
à l'origine du miracle économique.
· Le troisième domaine visé est celui de
la santé. Des milliers de dollars sont investis dans les infrastructures
hospitalières déjà existantes. Un soutien financier
accordé à l'Etat pour se procurer des vaccins à
l'échelle nationale, et des prêts sont attribués aux fins
de constructions d'hôpitaux modernes. C'est le cas notamment du
prêt par Taïwan au Burkina en vue de la construction d'un Centre
Hospitalier Universitaire (C.H.U.) à Ouaga 2000 comme dit plus haut qui
sera l'un des plus modernes et des plus performants de l'Afrique
subsaharienne.
· D'autres axes sont également visés. Cela
va de la construction de structures sportives et de centres culturels aux
relations avec certaines institutions étatiques. C'est ainsi par exemple
qu'avec l'Assemblée nationale, un partenariat a vu le jour.
« 125 ordinateurs portables, 80 micro-ordinateurs de bureau, 10
imprimantes réseau, 5 vidéo- projecteurs, 5 scanners, 280
clés USB, 5 graveurs »55(*), ont été remis le 11 Juillet 2007
à l'Assemblée Nationale par le ministre des Affaires
étrangères de Taïwan, James Chih-Fang Huang. Ceci s'inscrit
dans le cadre de la réduction de la fracture numérique que
soutient fermement Taïwan à travers ces actions. Il est
également prévu le renforcement des connexions réseaux et
Internet.
Toutes ces actions allant des prêts financiers aux dons
divers montrent l'engagement véritable de Taïwan au Burkina et
surtout les retombées économiques énormes. Le Burkina
Faso, à n'en pas douter, a toutes les raisons de maintenir cette
relation diplomatique intacte, sinon de la renforcer car la contrepartie n'est
pas si « difficile », si contrepartie il ya : il faut
analyser à la lumière froide des intérêts en jeu,
les gains réels de l'autre partie.
La question qui peut se poser alors est la suivante :
remarque-t-on une évolution conséquente sur la scène
internationale depuis la reprise des liens diplomatiques entre les deux Etats
et de facto la reconnaissance internationale de Taïwan par le Burkina ou
est-ce le statu quo, ce qui équivaudrait à une conclusion en
défaveur de l'Ile de Formose.
La deuxième section nous permettra d'aborder cette
question capitale qui constitue l'objectif majeur de notre travail.
Section 2 - Reconnaissance internationale de
Taïwan en demi-teinte
La stature d'un Etat sur la scène internationale se
mesure à l'aune de la prépondérance de sa voix dans le
concert des nations et de sa capacité à être un meneur.
Nous pouvons alors classer les puissances et les forces en
fonction de leur zone d'influence et de l'angle de considération de leur
rôle :
· Des puissances planétaires ou mondiales, par
exemple les Etats-Unis d'Amérique,
· Des puissances continentales, par exemple l'Afrique du
Sud,
· Des puissances régionales, par exemple le
Nigéria,
· Des forces sous régionales, vu sous l'angle de
l'impact en matière de promotion de la paix, par exemple le Burkina
Faso.
C'est ainsi qu'à priori, sans vouloir exagérer
nos propos, nous pouvons dire comme ci-dessus, que le Burkina Faso est une
force sous-régionale en vertu de sa présence sur la scène
politique, ceci pour plusieurs raisons fondées selon nous : son
activisme dans la résolution pacifique des conflits, sa présence
internationale notamment dans certains domaines précis comme à
l'O.M.C. en tant que porte parole des pays producteurs de coton. Nous pouvons
également citer sa position géostratégique qui fait de lui
un carrefour international de manifestations culturelles, scientifiques, et
politiques pour la sous région et le continent africain tout entier.
Mais ce qui a le plus contribué au rayonnement
politique international du Burkina Faso demeure sans nul doute l'implication
directe du chef de l'Etat dans la recherche de solutions pacifiques et durables
aux conflits dans la sous région et parfois hors de celle-ci. C'est
essentiellement ses interventions au Togo, au Tchad, au Libéria, en
Centrafrique, en Mauritanie, en Côte d'Ivoire.
Si toutes ces actions constituent des preuves tangibles de la
présence effective du Burkina Faso sur la scène internationale,
régionale et sous- régionale, pouvant servir aux
intérêts de Taïwan en quête de reconnaissance, il n'en
demeure pas moins que nous pouvons nous demander si réellement celui-ci,
dans cette relation, atteint ses objectifs.
Les propos de l'ambassadeur Taïwanais résidant
au Burkina Faso abondent en ce sens : « C'est le lieu de
remercier une fois de plus, nos amis burkinabè, qui n'ont cessé
de nous soutenir résolument et fortement au sein de la communauté
internationale pour une reconnaissance des droits de notre
peuple »56(*) .
Il renchérit alors en disant que malgré les
difficultés budgétaires et surtout, dans un contexte
économique rendu défavorable par les événements
sociaux, politiques et climatiques, son gouvernement poursuit et poursuivra sa
politique de coopération avec ses alliés dont le Burkina Faso est
parmi les plus fidèles.57(*) Mais est-ce réellement un soutien efficace,
une alliance à l'abri de toute rupture ?
Depuis la reprise des relations diplomatiques, l'impact
réel de cette prise de position Burkinabé en faveur de
Taïwan, réitérée à chaque session de
l'Assemblée Générale à l'ONU semble rester relatif.
En effet, presqu'aucune suite ne semble survenir à l'issue de ces appels
incessants de la part du Burkina. La communauté internationale reste
sourde à la préoccupation du Burkina concernant le statut de
Taïwan.
Une analyse profonde permet d'expliquer cette situation assez
complexe du jeu des relations et des enjeux politiques à
l'échelle planétaire.
La communauté internationale est constituée par
toutes les nations mais surtout par celles qui ont une voix
prépondérante à cause de leur richesse, de leur puissance
militaire, de leur population importante ou de leur position
géostratégique. Il faut alors de facto compter toutes les nations
occidentales européennes et américaines notamment les Etats Unis
et le Canada ; l'Australie, les « dragons »
asiatiques composés du Japon, de la Chine Populaire, de Singapour et de
la Corée du Sud. Puis viennent l'Inde, les puissances Africaines et
d'Amérique du Sud.
La plupart de ces nations, mise à part la Chine dont
les rapports avec Taïwan sont des plus explicites, ont des attitudes des
plus paradoxales.
Tout en acceptant des échanges économiques avec
l'île, ceux ci étant dûs surtout à l'expertise
Taïwanaise dans les hautes technologies dont la fabrication de
microprocesseurs et dans l'optoélectronique, la majorité des
nations cependant ne s'aventurent pas dans une prise de position officielle
à cause de la Chine continentale. Elle représente sur
l'échiquier mondial une puissance étatique, avec un marché
gigantesque de presque deux milliards d'habitants, constituant les 1/5 de la
population mondiale. Les intérêts pour la Chine Populaire
comparativement à Taïwan sont si disproportionnés qu'il est
préférable pour tous ces Etats de ne pas reconnaitre
officiellement Taïwan.
Hormis toutes ces raisons, la Chine populaire dispose du droit
de veto au Conseil de Sécurité à l'O.N.U. ce qui ne fait
que renforcer le confinement de Taïwan au statut d'une province en attente
de réunification avec la Chine continentale.
Dans ce cadre alors, la voix du Burkina Faso reste très
marginale et son action, qu'elle soit à moyen ou à long terme,
reste dépendante de la politique étrangère de la Chine
continentale en faveur ou en défaveur du statut d'Etat souverain
à Taïwan.
En somme, nous pouvons conclure que la reconnaissance
internationale de Taïwan risque pour un très long moment de n'avoir
pas d'écho favorable s'il faut compter sur le dynamisme
Burkinabé, malgré toutes les bonnes volontés
diplomatiques ; ceci surtout à cause de sa place réelle dans
le concert des nations et des enjeux politiques difficilement contournables,
d'où une reconnaissance toujours en demi teinte.
Chapitre 2 - Perspectives d'évolution de la
relation bilatérale
Les perspectives d'évolution de la relation
bilatérale semblent plaider en défaveur de Taïwan, qui voit
progressivement poindre un environnement défavorable, et un cercle
d'amis qui rétrécit en faveur de la rivale de toujours.
La diplomatie Burkinabé dans sa manière de
mener sa politique extérieure, restera pour la majorité des cas,
tributaire de la direction prise par l'ensemble de la communauté
internationale sur la reconnaissance internationale du statut de Taïwan.
Ceci surtout à cause de sa place réelle dans le concert des
nations et de sa pauvreté qui implique une vision alignée sur
celle des grandes puissances. Cette affirmation a été
démentie en substance par le Président du Faso, Blaise
Compaoré :
Le Burkina est un pays souverain et jouit de toutes ses
libertés dans ses choix et le choix de coopérer avec Taïwan,
nous l'avions fait librement. Nous pensons être sur le chemin de la
justice qui servirait d'exemple pour les autres peuples. La
fidélité de notre amitié ne fera jamais
défaut.58(*)
Inaugurée sous la direction de Ablassé
Ouédraogo, Ministre des affaires étrangères et de la
Coopération Régionale, « la diplomatie de
développement » s'est imposée comme une méthode
d'approche qui concilie à la fois la nécessité d'un
positionnement stratégique sur la scène internationale, mais
également, la recherche de partenaires crédibles pour la
résolution des problèmes du Burkina.
Dans une première section, nous tenterons d'analyser
l'environnement externe quasi-défavorable à une évolution
positive de la relation bilatérale et dans une seconde, nous
expliquerons pourquoi nous pensons que cette relation est vouée à
une fin précoce et n'est pas viable.
Section 1 - Environnement externe
quasi-défavorable.
Seulement 23 pays59(*) dans le monde reconnaissent officiellement la
République de Chine. En Afrique, seulement quatre pays reconnaissent
Taïwan. Il s'agit de la Gambie, de Sao Tomé et Principe, du Royaume
de Swaziland et bien sûr du Burkina Faso.
Le ratio est très faible en comparaison des Etats qui
ont des liens diplomatiques officiels avec la Chine populaire. Et ce qui
constitue la principale pierre d'achoppement demeure la faible
prépondérance des voix de ces Etats sur la scène
internationale.
Dans une démarche de compréhension, il faut
relever que les quatre principales aires d'influence mondiale restent
indéfiniment muettes explicitement et expressives implicitement sur la
question :
· Les Etats Unis, bien entendu, restent discrets :
le besoin de tempérer les passions idéologiques durant la guerre
froide entre le capitalisme et le communisme a conduit à
l'effectivité de concessions mutuelles qui s'est traduit par le
délaissement d'une reconnaissance quelconque à Taïwan,
pré carré sacré de la Chine Populaire. Ensuite, de nos
jours, les politologues reconnaissent d'emblée sa place de puissance
mondiale à la Chine, avec laquelle il faut compter en ce 21e
siècle, la crise financière mondiale ne faisant que diminuer le
fossé économique entre les deux nations, ce que n'ignorent pas
les américains qui doivent se préparer à une forte
concurrence et qui portera forcement un coup sur la configuration
géopolitique actuelle. Enfin, c'est un marché économique
de près de 2 milliards d'habitants qu'il ne faut surtout pas
négliger.
· L'Union Européenne a par contre, à cet
égard, eu un comportement plus complexe, c'est-à-dire une
approche plus particularisée pour chaque Etat à la sortie de la
deuxième guerre mondiale. De nos jours, dans un abord plus
concerté, ce sont des raisons économiques qui guident leurs
résolutions communes.
· La Russie, quant à elle, à cause de son
passé idéologique commun à quelques égards avec la
Chine continentale, avait tout intérêt à ne pas voir une
île souveraine soutenue par les occidentaux, un bastion capitaliste de
plus. Elle a gardé une tradition issue de l'histoire de ne reconnaitre
qu'une seule Chine, constituant de ce fait, un autre handicap majeur pour
Taïwan.
· Le Japon, trop proche de la Chine à son
entendement, a plutôt intérêt à préserver un
climat de sérénité avec une Chine qui monte vite en
puissance et qui n'a pas oublié un passé où le Japon fut
une force occupante violente et répressive. Aussi, il n'est pas superflu
de laisser de côté une reconnaissance internationale de
Taïwan malgré ses 23 millions d'habitants, qui pourrait être
une raison de velléités vengeresses.
En somme, l'environnement politique extérieur ne plaide
pas en faveur de Taïwan ; ce d'autant plus que la Chine Populaire
fait une percée spectaculaire en Afrique en échange
d'intérêts vitaux pour le milliard d'habitants chinois. Deux
actions conjuguées dans lesquelles se complaisent les Etats africains en
quête d'une éternelle indépendance, favorisent cette
percée. Ce sont :
Ø Sur le plan politique, la non-ingérence dans
la politique intérieure d'un Etat, estimant par là respecter le
« modèle politique choisi par les populations
africaines »60(*). Cette position conforte le sentiment
d'indépendance et de respect qu'ont longtemps recherché les
nations africaines à la sortie de l'ère des colonisations. Ce qui
n'est pas forcément l'avis de l'ambassadeur Taïwanais
résidant au Burkina Faso :
Beaucoup de gens disent que la Chine continentale est une
grande puissance qui peut offrir d'énormes opportunités. Je suis
d'accord, elle est une grande puissance économique et commerciale. Mais
de quoi l'Afrique en général, et le Burkina en particulier
peuvent bénéficier de cette puissance ? La Chine populaire
vit surtout de l'exportation de ses produits : textile, équipements
ménagers, pharmacopée, etc.61(*)
Ø Sur le plan économique, un investissement
à coûts de milliards dans les réalisations de tous genres
comme la construction d'unités industrielles, d'écoles,
d'infirmeries et d'hôpitaux, de ponts, en échange de concessions
sur l'exploitation de certaines ressources naturelles telles le pétrole.
Selon des statistiques officielles chinoises, le commerce
entre la Chine et l'Afrique a atteint en 2008 le record de 106,84 milliards de
dollars, en progression de 45,1% sur un an. Les exportations chinoises vers
l'Afrique ont représenté 50,84 milliards de dollars, en hausse de
36,3% par rapport à 2007. Les importations, principalement des
matières premières et, surtout, du pétrole, ont
totalisé 56 milliards de dollars, soit +54% en glissement
annuel.62(*)
Ce qui n'est toujours pas de l'entendement de
Taïwan : « La Chine ne s'intéresse qu'aux
matières premières de l'Afrique. Avant notre arrivée au
Burkina en 1994, qu'est-ce que la Chine populaire a fait pour le pays ?
Elle n'est même pas parvenue à produire le riz.» 63(*)
A ce titre, il faut surtout noter que si un Etat,
accroît le degré de son prélèvement
sur les forces et les richesses de son peuple et parvient à faire
accepter cet accroissement, il change le rapport de ses moyens à ceux de
ses voisins, s'égale avec un faible fonds à de grandes puissances
et si ce fonds est ample, se rend capable d'hégémonie64(*).
C'est le cas de la République Populaire de Chine,
à l'encontre de la justification Taïwanaise. Tout ceci nous conduit
à conclure ou du moins à prédire une relation
bilatérale entre le Burkina Faso et Taïwan vouée à
une fin précoce.
Section 2 - Relation bilatérale vouée
à une fin précoce ?
Pour le gouvernement burkinabé, cette question de la
rupture des relations avec Taïwan n'est pas à l'ordre du
jour65(*), malgré
toutes les allégations avancées surtout de la visite
pékinoise dans le cadre d'affaires commerciales privées au
Burkina Faso.
Tout de même, presque tous les signaux sont au rouge
pour la relation bilatérale entre le Burkina Faso et Taïwan. Nous
avons pu ainsi mesurer la réalité qui s'impose au binôme
sur le plan international et qui plaide en leur défaveur.
Mais loin de vouloir pronostiquer, des signaux internes
à la relation bilatérale confirment cette analyse et se
résument en peu de points mais d'une importance majeure :
Ø La diplomatie burkinabé en faveur de
l'île a-t-elle réellement eu un impact sur la scène
internationale ?
Ø L'accueil d'une délégation
« officieuse » chinoise de Pékin au Burkina Faso.
Malgré son ouverture à l'économie de
marché qui arrange bien ses affaires, surtout au plan international, la
Chine populaire n'a pas beaucoup changé sur le plan de son organisation
politique et sociale. Celle ci a pu rencontrer au grand jour des
personnalités comme le Président de la Chambre de commerce ou le
Moogho Naaba et autres notabilités dans un contexte très
médiatisé.66(*)
Ce qui sous entend une prospection dans un cadre plus
politique qu'économique.
Cette visite, très médiatisée comme
souligné ci-dessus, a eu un impact sur la relation bilatérale
Burkina Faso-Taïwan. Les premiers ont été interpelés
par les seconds, de manière officieuse, à expliquer cette visite,
qui pour eux, n'est pas fortuite, vu notamment le contexte de visite et les
personnalités rencontrées. Les seconds, ont réagi
rapidement dans la presse nationale burkinabé, sur cette visite en
déclarant ne pas en être inquiétés à cause de
la fidélité du Burkina Faso et de la coopération positive
pour les deux Etats. Il faut aussi remarquer que c'est une forme de crainte et
de mise en garde exposée aux autorités burkinabé afin
qu'ils sachent qu'ils sont préoccupés. Dans cette optique,
l'ambassadeur taïwanais Tao Wen Lung, l'a même souligné d'une
manière directe :
Ce que les gens ignorent, c'est que chez nos cousins (les
pékinois), il n'y a rien de non officiel. Il faut savoir, et on peut le
vérifier, que cette association dite d'amitié avec
l'étranger, fait en réalité partie de la machine d'Etat.
Ces membres ont tous quasiment le statut de fonctionnaire. Je ne doute pas de
la bonne foi de leur interlocuteur (le FASIB : Forum d'amitié
sino-burkinabé).Certainement qu'il ignore le statut réel de la
partie chinoise.67(*)
Ø Le Burkina Faso transporté par son
positionnement actuel sur la scène internationale de pacificateur, est
en quête d'une plus grande notoriété, ce qui doit passer
nécessairement par la prise en compte, dans ses relations, de la Chine
Populaire. C'est un impératif que le Burkina ne peut balayer du revers
de la main. Et si cette prise en compte survient, il faut alors obligatoirement
se séparer de l'ami Taïwanais. Cela constitue en
général, une condition exigée par la Chine Populaire,
même si Taïwan entrevoit une coexistence diplomatique possible avec
sa rivale :
Nous sommes prêts à cohabiter. Je vous ai dit que
nous sommes un pays démocratique et nous faisons tout ce que la loi, la
Constitution permettent. Du fond du coeur, pour nous, les Chinois ne sont pas
nos ennemis, ce sont nos cousins ! 68(*)
Et encore plus, pour le gouvernement burkinabé, il n'y
a jamais eu de rupture diplomatique avec Pékin, c'est plutôt une
suspension des relations de sa part en 1994 : pas d'incompatibilité
alors à traiter avec Pékin concomitamment avec Taïwan. Ce
qui laisse juger d'un langage diplomatique ambigu ou explicite sur des
intentions non avouées pour le moment ou encore d'une situation future
inévitable acceptée d'office par Taïwan et le Burkina
Faso.
Ø Une nouvelle prise de position de l'île par
rapport à la situation conflictuelle existant depuis toujours. Elle
consistait en la proclamation de chaque partie comme étant la seule
représentante légale de la Chine, et voulant de ce fait
incorporer l'autre. Mais de nos jours, elle se traduit par l'approche pacifique
de la part de Taïwan par la volonté de favoriser une coexistence
pacifique sans pour autant un changement de la part de la rivale.
Ø Le désir exprimé des populations
taïwanaises qui souhaitent des rapports normalisés avec la Chine,
partant à l'encontre du politique, ce qui sous entend qu'il faille
à long terme accepter une situation de compromission telle que
souhaitée par la Chine Populaire qui consisterait à incorporer
l'île comme une province autonome à l'instar de Hong Kong.
Il est évident que cette relation bilatérale
voit ses jours s'égrener tout doucement vers une fin inévitable,
mais pour combien de temps va-t-elle résister aux assauts de la Chine
Populaire ?
S'il est vrai que l'environnement des relations
internationales est très versatile et se reconfigure en fonction des
intérêts du moment, peut-on alors croire en un
événement majeur qui pourrait alors inverser la tendance et
remettre en orbite l'objectif d'une reconnaissance internationale tant
recherchée par Taïwan ?
Conclusion
L'enjeu est énorme et les moyens relatifs :
difficile mariage entre la nécessité d'une diplomatie du
développement et l'impératif d'une voix
prépondérante dans le concert des nations pour un Etat tel que le
Burkina Faso.
La question est vitale, l'implication est totale mais les
avantages, même vus sous l'angle de la relativité des
intérêts en jeu et variables en fonction des Etats et de leurs
priorités, restent maigres pour Taïwan, malgré sa puissance
économique et sa force de frappe technologique.
Le monde des Relations Internationales reste intransigeant et
applique ses propres règles, n'en déplaise à ceux qui
évoluent dans un sens contraire. Les rapports sont très
intéressés, égoïstes, sournois. A cet effet, peut-on
alors supposer une amitié durable et certaine entre deux Etats qui ne
serait point influencée par les rapports de force des Nations qui
fluctuent ? L'histoire pourtant se charge de nous le rappeler souvent, et
demeure un témoin indélébile et muet. Un rien peut
modifier la géopolitique internationale, mais ce rien ne naît pas
ex nihilo. Il est la résultante d'une situation qui prévaut de
manière subreptice. Elle se nourrit alors des évènements
extérieurs pour se précipiter dans la réalité du
moment.
A partir de 1992, la Libye n'est plus fréquentable par
la Communauté Internationale69(*), orientée par les Etats Unis, la Grande
Bretagne, et la France. Pour cause, sa prétendue responsabilité
dans l'attentat contre deux avions de transport de passagers civils70(*). Le Burkina Faso, quelques
années plus tard, amené à présider les
destinées de l'OUA, en accord avec d'autres pays africains,
décide de monter au créneau en faveur de ce pays en ne respectant
pas l'embargo aérien imposé par la communauté
internationale71(*).
L'action est positive et c'est une première pour le Burkina qui vient de
prouver qu'il assume ses choix souverainement. C'est la libération
relative de tout un peuple qui était soumis à une dictature de la
puissance occidentale. Mais ce n'est que véritablement en 2003, lorsque
la Lybie accepte de compenser financièrement les familles des victimes
qu'elle arrive à jouer pleinement son rôle dans la
communauté internationale72(*). Les Etats Unis d'Amérique l'enlèvent
de leur liste noire des « Etats terroristes ».
En comparaison, dans une même situation et à une
échelle moindre, le Burkina, reconnaissant auparavant la
République Arabe Sahraouie Démocratique73(*), au sud du Maroc,
décide souverainement, après moult tractations de la diplomatie
Marocaine de ne plus la reconnaitre comme un Etat indépendant mais comme
faisant partie intégrante du Royaume du Maroc. Le Burkina souscrit alors
à la solution Marocaine d'autonomie élargie74(*). Pourtant les relations du
Burkina Faso avec la République Arabe Sahraouie Démocratique
étaient basées sur des relations d'amitiés, de
reconnaissance réciproque et de l'intérêt pour le Burkina,
selon la ligne directrice de sa politique extérieure, du droit de chaque
peuple à décider de son avenir et de sa situation. Les
données, les priorités ou l'interprétation de la relation
ont maintenant changé.75(*)
Dans les deux cas, nous voyons que l'intérêt a
toujours primé sur des considérations diplomatiques
classiques.
Dans le cas de la Libye, ce coup de force permettait au
Burkina une entrée remarquée dans le nombre très
limité des nations qui ont droit d'avis sur le continent, et
au-delà dans le monde. Il fallait aussi se relever d'une situation
politique intérieure contestée et ranimer la fibre patriotique et
nationale autour d'une cause commune.
Dans le deuxième cas, les intérêts
économiques avec le Maroc ont eu raison de sentiments humanitaires et de
raisons naturelles du droit à l'autodétermination pour chaque
peuple. Les « projets Saaga »76(*) parrainés par le
Royaume du Maroc ne diront pas le contraire.
En somme, la relation diplomatique entre le Burkina Faso et
l'Ile de Formose peut bien résister à tous les aléas et
à la règle de base en matière de relations
internationales. Mais, vu les enjeux réels décortiqués
ci-dessus dans notre développement et ce diagnostic différentiel
qui élucide bien des questions, pour combien de temps va perdurer cette
défiance ? Le Burkina Faso respectera-t-il sa parole donnée
au détriment des enjeux politiques autour de la reconnaissance
internationale du statut de Taïwan, et va-t-il être le premier
à instaurer une morale internationale à inscrire dans les annales
de l'histoire, ce qui demeure également un regard original sur la
manière de paraitre sur la scène internationale ? Ou
plutôt cèdera-t-il à la dictature du plus grand nombre et
des puissants, en optant pour une géopolitique internationale qui se met
doucement en place, afin de ne pas rater le virage de l'histoire vers
l'Asie ?
Pour notre part, le Burkina Faso dans l'atteinte de ses
objectifs, à savoir une assise diplomatique internationale rayonnante,
doit nécessairement considérer froidement la géopolitique
mondiale, et notamment la montée fulgurante de la Chine Populaire, et
recomposer en fonction ses relations diplomatiques. Les Etats n'ont pas d'amis,
ils n'ont que des intérêts.
* 1 Charpentier Jean, 1999.
Institutions internationales (Paris : Dalloz) 14, 15
* 2 Ibid. page 15
* 3 Ibid. page 15
* 4 Rapport du PNUD 2007
* 5 Kofi Annan, Alliance des
Civilisations, Le Monde diplomatique, Internet, http://www.monde
diplomatique.fr/2007/02/ANNAN/14457.
* 6 Ruzié David, 2000.
Droit International Public (Paris : Dalloz) 1
* 7 Ibid., page 1
* 8 Ali Traoré,
Burkina/Taïwan : la consolidation d'une coopération
exemplaire, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article15130&rubrique62.
* 9 M. Sanou Victor, Dr es
Communication, Cours de Méthodologie de Recherche
(Université Libre du Burkina : 3e année de
Langues et Communication, option Relations Publiques Internationales, 2006)
* 10
Togo : Gnassingbé Eyadéma
décède le 5 février 2005, mettant fin à 38 ans de
présidence consécutifs. L'armée prend le pouvoir, en
enfreignant la Constitution qui stipule que c'est le président de
l'Assemblée nationale (à l'étranger lors du
décès de Gnassingbé Eyadema) qui doit assurer
l'intérim et le confie à un des fils de Gnassingbé
Eyadema, Faure Gnassingbé. Sous la pression de l'opposition, de l'Union
Africaine (UA) et de la communauté internationale, ce coup d'État
« échoue » le 25 février 2005 avec la
démission de Faure Gnassingbé. La légalité
constitutionnelle est rétablie. Le 24 avril 2005, une élection
présidentielle est organisée. Elle se déroule dans des
conditions très controversées. Emmanuel Bob Akitani, chef de
l'opposition, se déclare vainqueur avec 70% des voix alors que le
gouvernement déclare Faure Gnassingbé élu. Dés
l'annonce des résultats, des manifestations éclatent dans les
principales villes. Elles seront violemment réprimées par
l'armée, faisant 500 morts selon les estimations de la commission
d'enquête nationale. De nombreux Togolais, environ 40 000, se
réfugient dans les pays voisins, le Bénin et le Ghana
. Le 3 mai 2005, Faure
Gnassingbé prête serment. Appel est alors fait au Président
Burkinabé en Août 2006 par tous les protagonistes à
intervenir comme médiateur dans la crise qui perdure. Il parvient
à faire signer l'Accord politique global (APG) qui a favorisé la
démocratisation du pays, la tenue de législatives libres et
transparentes et la reprise de l'aide internationale.
Côte d'Ivoire : Laurent GBAGO est
élu président de la République de Côte d'Ivoire
en octobre 2000 pour un mandat de 5 ans. La Côte
d'Ivoire connaît alors une grave crise politico-militaire après la
tentative de coup d'Etat opérée par une rébellion
armée en septembre 2002. Depuis le cessez-le-feu de 2003, la Côte
d'Ivoire vit au rythme d'un processus de sortie de crise qui doit conduire
à l'organisation d'élections présidentielles et
législatives justes, transparentes, libres et démocratiques.
Après l'échec successif des accords de Marcoussis (2003), Accra
(2003-2004) et Pretoria (2004-2006), le nouveau président de la CEDEAO,
le burkinabé Blaise Compaoré, avec l'accord de la plupart de ses
pairs africains, décide d'organiser un dialogue direct inter-ivoirien
proposé par le Président Gbagbo à la rébellion des
Forces Nouvelles. Le Chef des Forces Nouvelles, Guillaume
Soro, et Laurent Gbagbo signent le 4 mars 2007 à Ouagadougou un accord
sur un processus de transition conduisant à des élections en
principe fin 2007 ; un accord complémentaire a été
conclu le 27 mars faisant de Guillaume Soro le nouveau Premier Ministre et lui
interdisant de se présenter à l'élection
présidentielle. Dans ce contexte, le mandat des forces impartiales a
été régulièrement renouvelé en vue
d'accompagner la mise en oeuvre de l'Accord politique de Ouagadougou et d'aider
à l'organisation en Côte d'Ivoire d'élections libres,
ouvertes, justes et transparentes. Depuis la signature de l'Accord de
Ouagadougou, des avancées tangibles ont été
constatées : gouvernement de
réconciliation, suppression de la zone de confiance et de la ligne verte
qui coupait le territoire en deux, organisation des audiences foraines qui ont
permis la délivrance de plus de 600.000 jugements supplétifs de
naissance, début du redéploiement de l'administration dans le
Nord.
La crise du Darfour au Soudan : la
guerre civile au Darfour est un conflit armé qui touche depuis 2003 la
région du Darfour, située à l'ouest du Soudan. Les
origines du conflit sont anciennes et sont dues aux tensions ethniques qui
débouchent au premier conflit du Darfour de 1987. Bien que le
gouvernement soudanais affirme que le nombre de morts se situe aux environs de
10 000, plusieurs pays, dont les États-Unis et le Canada, ainsi que
l'Organisation des Nations unies (ONU), soupçonnent que ce conflit
couvre un génocide ayant fait environ 300 000 morts et 2,7 millions
de déplacés dont 230 000 réfugiés au Tchad La
découverte du pétrole dans cette région a suscité
les convoitises. Si le conflit est décrit en termes ethniques et
politiques, il s'agit aussi d'une lutte pour les ressources
pétrolières situées au sud et à l'ouest. En Juillet
2008, M. Djibril Bassolé, Ministre des Affaires
étrangères du Burkina Faso, est nommé médiateur
conjoint de l'ONU et de l'U.A. pour le processus politique au Darfour.
* 11 Oxfam's Cool Planet,
la Géographie du Burkina Faso, Oxfam's Cool Planet, Internet,
http://www.oxfam.org.uk/coolplanet/ontheline/french/journey/burkina/geography.htm.
Ministère des Affaires
Etrangères du Burkina, Connaître le Burkina Faso,
Internet,
http://www.mae.gov.bf/SiteMae/infos-burkina/connaitre.html#geographie.
* 12Students of the
world, Burkina Faso, Students of the world,
Internet.http://www.studentsoftheworld.info/pagegeo_fr.php3?Pays=BFS.
* 13Ministère des
Affaires Etrangères du Burkina, Connaître le Burkina
Faso, Ministère des Affaires Etrangères du Burkina,
Internet.http://www.mae.gov.bf/SiteMae/infosburkina/connaitre.html#populations.
* 14 Résultats
définitifs en 2010.
* 15 Ministère des
Affaires Etrangères du Burkina, Connaître le Burkina
Faso. Ministère des Affaires Etrangères du Burkina,
Internet,
http://www.mae.gov.bf/SiteMae/infos-burkina/connaitre.html#histoire.
* 16 La Brique, Histoire
du Burkina, La Brique, Internet, www.labrique.org.
Ministère des Affaires Etrangères du
Burkina, Connaître le Burkina Faso, Ministère des
Affaires Etrangères du Burkina, Internet,
http://www.mae.gov.bf/SiteMae/infos-burkina/connaitre.html#histoire.
Olivier Bain, Jean-Marc Liotier, L'Etat du Monde
1981-1998 : Le Burkina de 1980 à 1997, Olivier Bain, Internet,
http://afriquepluriel.ruwenzori.net/burkina-c.htm.
* 17 Organe dirigeant du
pouvoir révolutionnaire installé avec le coup d'Etat de 1983.
* 18 Conférence de la
Baule en 1990.
* 19 Réunis en
septembre 2000 à l'occasion du sommet du Millénaire, les
dirigeants politiques du monde entier ont fixé un ensemble d'objectifs
mesurables et assortis de délais. Les Objectifs du Millénaire
pour le Développement constituent un cadre dans lequel le Système
des Nations Unies tout entier collabore de façon cohérente en vue
d'atteindre un même but. Les objectifs du Millénaire pour le
Développement sont au nombre de huit et le PNUD en est le chef de
file : Eliminer l'extrême pauvreté et la faim ; Assurer
l'éducation primaire pour tous ; Promouvoir l'égalité
des sexes et l'autonomisation des femmes ; Réduire la
mortalité des enfants de moins de 5 ans ; Améliorer la
santé maternelle ; Combattre le VIH/Sida, le paludisme et les
autres maladies ; Assurer un environnement durable ; Mettre en place un
partenariat mondial pour le Développement.
* 20 Le Millennium Challenge
Corporation (MCC) est une société de gouvernement des
États-Unis visant à travailler avec certains des pays les plus
pauvres du monde. Créé en Janvier 2004, le MCC est basée
sur le principe que l'aide est plus efficace quand elle renforce la bonne
gouvernance, la liberté économique et les investissements dans
les personnes. Le MCC a pour mission de réduire la pauvreté dans
le monde par la promotion d'une croissance économique durable.
* 21 Atlas du Monde, Taiwan
(2005-2006), Atlas du Monde, Internet, www.atlas
monde.net\Asie\Taiwan.html.
Ministère de l'Information de la République de
Chine, Coup d'oeil sur Taiwan 2007(Taiwan : Ministère de
l'Information, 2007)3-7.
* 22 Atlas du Monde, Taiwan
(2005-2006), Atlas du Monde, Internet, www.atlas
monde.net\Asie\Taiwan.html. Ministère de l'Information de la
République de Chine, Coup d'oeil sur Taiwan 2007(Taiwan :
Ministère de l'Information, 2007)11-15,37-49.
* 23 Forum Economique
Mondial
* 24 Atlas du Monde, Taiwan
(2005-2006), Atlas du Monde, Internet, www.atlas
monde.net\Asie\Taiwan.html.
* 25 Dynastie mandchoue qui
régna sur la chine de 1644 à 1911.Elle a succédé
à la dynastie des Ming.
* 26 Dynastie impériale
chinoise qui régna sur la Chine de 1368 à 1644.Elle fut
fondée par Hongwu et installa sa capitale à Pékin.
* 27 Parti nationaliste
chinois( Chine Populaire) fondé en 1912 par Sun Yat-Sen. Le parti
communiste l'évinça en 1949 réduisant son influence
uniquement à Taïwan.
* 28 Ministère de
l'Information de la République de Chine, Coup d'oeil sur Taïwan
2007(Taïwan : Ministère de
L'Information, 2007) 23-26.
* 29 Ministère de
l'Information de la République de Chine, Coup d'oeil sur Taïwan
2007(Taïwan : Ministère de l'Information, 2007) 34.
* 30 Voir annexe 3
* 31 Ibid., 29
* 32 Ministère de
l'Information de la République de Chine, Coup d'oeil sur Taïwan
2007(Taiwan : Ministère de l'Information, 2007) 29
* 33 Marx Karl & Engels
Friederich, 1977. L'Idéologie Allemande (Paris : Editions
Sociales) 44
* 34 Vincent Auriol, homme
d'Etat français. Élu président de la République
française le 16 janvier 1947.
* 35 Afrique Occidentale
Française
* 36 MEMO, La
conférence de Bandung (1955), MEMO, Internet,
http://www.memo.fr/article.asp?ID=CON_DEC_004
* 37 Déclaration du
gouvernement du Burkina Faso sur la Reprise des Relations Diplomatiques avec la
République de Chine, Ouagadougou le 02 Février 1994.
* 38 Paul Miki
Roamba, Taiwan vit une situation difficile sur la scène
internationale, in le Pays, Internet,
Http://www.lepays.bf/spip.php?article499.
* 39 Propos du Ministre de
l'agriculture du Burkina, M. Laurent Sedego, entendus sur Radio France
Internationale le Mercredi 17 Décembre 2008.
* 40Aimée Florentine
Kaboré, Burkina Faso-Taïwan : Plus de 177 millions de FCFA
pour le secteur de la santé, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16466&rubrique62.
* 41Philibert
Nikiéma, Taïwan : Les Engagements nationaux dotent
Minima-Douré d'un CSPS, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article14465&rubrique62.
* 42 Aimée Florentine
Kaboré, Burkina Faso-Taïwan : Plus de 177 millions de FCFA
pour le secteur de la santé, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16466&rubrique62.
* 43Cécile
M. Grégoire Sirima Alassane Ouédraogo, Aide aux
personnes vulnérables : Taïwan offre des pieds aux
handicapés, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16447&rubrique62.
* 44 Cyr
Robert Ouédraogo, La coopération entre le Burkina Faso
et la République de Chine, Genèse, Réalités
actuelles et Perspectives : Histoire et Archéologie
(Ouagadougou : Mémoire de fin de cycle en Histoire Economique,
2005) 49.
* 45 Ibid., page 50
* 46 Ibid., page 50
* 47 Paul Miki Roamba,
Taiwan vit une situation difficile sur la scène internationale, Les
Editions le Pays, Internet,
Http://www.lepays.bf/spip.php?article499.
* 48 Ibid.
* 49 Léon Noel,
Politique extérieure et diplomatie : les affaires
étrangères (Paris : PUF, 1959). Université
d'Aix-Marseille, V, p.99, cité dans Dictionnaire de la diplomatie, 1998,
p.21
* 50 Jean Serres, Manuel
de pratique de protocole, (Belgique : éd. De la Bièvre,
1988)16
* 51 Paul Pancracio,
Dictionnaire de la diplomatie, (France : éd. Micro Buss
France, 1998) 128
* 52Agence France Presse, Taïwan en perte de
vitesse en Afrique face au rival Chinois, Hikari Productions, Internet,
http://www.aujourdhuilachine.com/actualites-chine-taiwan-en-perte-de-vitesse-en-afrique-face-au-rival-chinois-5463.asp?1=1.
* 53 Ministre des Affaires
Etrangères et de la Coopération Régionale du Burkina Faso
de mars 1994 à Janvier 1999.
* 54Juvénal
Somé, Quelle place pour le Burkina dans le monde, Lefaso.net,
Internet http://www.lefaso.net/spip.php?article12771.
* 55 Zowenmanogo
Dieudonné Zoungrana, Taïwan/Parlement burkinabé :
Un député, un ordinateur portable, L'Observateur Paalga,
Internet,
http://www.lobservateur.bf/spip.php?page=article_archive&id_article=6626.
* 56Ali Traoré,
Fête nationale de Taïwan : La coopération et la
solidarité magnifiées, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16886&rubrique62.
* 57 Ibid.
* 58 Aline Verlaine Kaboré, Burkina -
Taïwan : Un choix libre, Sidwaya, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article17483&rubrique62.
* 59 Voir Annexe 3
* 60Antoaneta Bezlova,
CHINE : Des accords du 'gagner-gagner' échouent sur les
questions de droits,
Inter Press Service News Agency,
Internet, http://ipsinternational.org/fr/politique.asp.
* 61 Alain
Saint-Robespierre, Burkina-Taïwan : Même si ça
tangue, le tango continue, Lefaso.net, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16843&rubrique62.
* 62 RTLinfo.bg ,Visite
du président chinois au Sénégal, commerce sino-africain
record, RTLinfo.bg,Internet,
http://www.rtlinfo.be/rtl/news/article/218995/visite-du-pr-sident-chinois-au-s-n-gal-commerce-sino-africain-record/
* 63 Alain
Saint-Robespierre, Burkina-Taïwan : Même si ça
tangue, le tango continue, Lefaso.net, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16843&rubrique62.
* 64 De Jouvenel Bertrand,
1972. Du Pouvoir (Paris : Librairie Hachette) 236
* 65 Aimé M. Kambiré, La rupture des
relations avec Taïwan n'est pas à l'ordre du jour, Lefaso.net,
Internet, http://www.lefaso.net/spip.php?article16887&rubrique62.
* 66 L'Observateur Paalga,
Coopération : Burkina-Taïwan "Observez la direction des
vents qui soufflent !, L'Observateur Paalga,
Internet,http://www.lobservateur.bf/spip.php?page=article_archive&id_article=5312.
* 67Alain Saint-Robespierre,
Burkina-Taïwan : Même si ça tangue, le tango continue,
Lefaso.net, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16843&rubrique62.
* 68 Ali Traoré,
Mon pays est prêt à cohabiter avec la Chine populaire au
Burkina, Lefaso.net, Internet,
http://www.lefaso.net/spip.php?article16838&rubrique62.
* 69 Les États-Unis
et la Grande Bretagne ont obtenu gain de cause au Conseil de
sécurité des Nations unies qui, le 21 janvier 1992,
exige que la Libye extrade deux de ses ressortissants suspectés, vers
les États-Unis ou la Grande Bretagne. Le Conseil de
sécurité exige également que la Libye coopère avec
la France dans l'enquête sur un autre attentat contre un avion d'une
compagnie Française. Suite au refus libyen d'extrader ses
ressortissants, le Conseil de sécurité adopta la
Résolution 748 (1992) le 31 mars 1992 prévoyant la
suspension du trafic aérien vers et à partir de la Libye ainsi
que l'interdiction de toute vente d'armes à ce pays. Des sanctions
supplémentaires sont ajoutées dans la Résolution 883
(1993) qui est adoptée le 11 novembre 1993 : les avoirs
libyens à l'étranger devraient être gelés (à
l'exception des revenus pétroliers) et l'exportation vers ce pays de
matériaux destinés à l'industrie pétrolière
et gazière seraient interdits. De plus, les bureaux à
l'étranger de la compagnie aérienne libyenne devraient
également être fermés
et l'aide à l'aviation civile libyenne interrompue.
* 70 L'attentat de Lockerbie
a eu lieu le 21 Décembre 1988 contre un Boeing 747 de la
compagnie américaine Pan Am, qui assurait la liaison Londres - New York.
Il explosa au-dessus du village écossais de Lockerbie (Royaume-Uni) et
causa le décès de 270 personnes. Un autre attentat est
perpétré contre un avion de la compagnie française UTA au
dessus du Niger, et provoque la mort de 170 passagers et membres
d'équipage.
* 71 Les chefs d'Etat et de gouvernement de
l'O.U.A., au sommet de Ouagadougou (Burkina Faso) de juin 1998, votent une
résolution autorisant les vols pour les activités de
l'organisation, les liaisons humanitaires et les transports de pèlerins.
Certains violent l'embargo pour se rendre en Libye, et pour rendre visite
à M. Kadhafi après sa fracture du col du fémur, en
juillet 1998. Ces événements amènent les Etats-Unis et le
Royaume-Uni à accepter la proposition libyenne de juger les deux
suspects libyens au Pays-Bas « devant une cour écossaise, avec
des juges écossais et selon le droit écossais ».
* 72 En août 2003, la
Libye reconnaît officiellement sa responsabilité dans l'attentat
de Lockerbie et ensuite a payé 10 millions de dollars de compensation
à chacune des 270 familles des victimes soit un total de 2,7 milliards
de dollars. Dès le mois de septembre, les sanctions de l'ONU à
son égard sont définitivement levées.
* 73 La République
Arabe Sahraouie Démocratique ou R.A.S.D. est un État
proclamé le 27 février 1976 par le Front Polisario, qui
revendique la souveraineté sur le territoire du Sahara occidental. Ce
territoire est cependant également revendiqué par le Maroc, qui
en contrôle environ 80%. Le Burkina reconnaît officiellement la
R.A.S.D. le 04 Mars 1984 et retire sa reconnaissance le 05 Juin 1996.
* 74 Le Burkina Faso
à l'instar de plus de 30 pays, considère que la reconnaissance de
la R.A.S.D. s'oppose avec le principe d'un référendum
d'autodétermination sur le Sahara occidental. La R.A.S.D. est membre de
l'Union africaine (alors O.U.A.) depuis 1982, ce qui a provoqué le
départ du Maroc de cette organisation. Le principe de
l'autodétermination du peuple sahraoui est appuyé par le
mouvement des non-alignés.[6]La R.A.S.D. n'est reconnue ni
par l'Organisation des Nations Unies, ni par la Ligue Arabe, ni par l'Union du
Maghreb Arabe, ni par l'Organisation de la Conférence Islamique, ni par
aucun pays européen ou pays membre permanent dans le conseil de
sécurité des nations unies.
* 75 La politique étrangère du Burkina
Faso ~~ Cadre normatif d'analyse et de conception de la politique
étrangère du Burkina Faso, Ministère des Affaires
étrangères et de la Coopération Sous régionale,
http://www.mae.gov.bf/SiteMae/politique-etrangere/cadre-normatif.html.
* 76 Programme
d'ensemencement des nuages du Gouvernement Burkinabé en partenariat avec
le Royaume du Maroc, en vue de provoquer les pluies en période de
sécheresse.
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