Paragraphe 2 : Mode de gestion appropriée pour la
RNI
· Conservation et développement
La conservation, comme le développement, est au
service des êtres humains. Alors que le développement est pour
l'homme un moyen d'atteindre ses buts, en grande partie par l'utilisation de
la biosphère, la conservation le lui permet en s'assurant que la
biosphère pourra être utilisée indéfiniment. Le
souci d'assurer la pérennité des ressources vivantes
manifesté dans la conservation se justifie par la nature de celles-ci
(renouvelables et destructibles) ; c'est aussi une éthique qui
s'exprime dans la conviction selon laquelle « nous n'avons pas
hérité la Terre de nos parents, nous l'empruntons à nos
enfants ».
Ainsi la conservation des ressources vivantes a trois
objectifs spécifiques, à savoir :
a. maintenir les processus écologiques essentiels et
les systèmes entretenant la vie ;
b. préserver la diversité
génétique (faune et flore) ;
c. veiller à l'utilisation durable des espèces
et des écosystèmes pour la survie de l'humanité.
Cependant, il ne faudrait pas en conclure que la conservation est une solution
suffisante.
On ne peut pas attendre des hommes et des femmes dont la
survie, même, est précaire et dont les perspectives d'une
prospérité temporaire sont fort sombres, qu'ils réagissent
favorablement aux appels qui les invitent à subordonner la satisfaction
de leurs besoins fondamentaux à court terme à la
possibilité d'obtenir des avantages à long terme.
La conservation doit donc aller de pair avec les mesures
permettant de répondre aux besoins économiques immédiats.
Seul le développement peut briser le cercle vicieux du dénouement
qui cause la dégradation entraînant à son tour une
pauvreté accrue. Et la Commission Brundtland (1988) d'affirmer :
« la pauvreté est à la fois cause et effet des
problèmes mondiaux de l'environnement ».
Mais pour ne pas porter en lui les germes de l'échec,
le développement doit être durable, et la conservation contribue
à le rendre plus durable. Etant donné que la forêt
d'Itombwe n'à pas encore un statut juridique de protection, la
conservation doit impérativement être participative. Car, cette
dernière doit prendre en considération les points de vue,
desiderata et aspirations de toutes les couches des populations.
En effet, dans le passé, il était encore
possible de créer des aires protégées sans trop se
préoccuper de l'espace avoisinant. Actuellement cela devient impossible.
Dans le contexte actuel, des pressions de plus en plus fortes s'exercent sur
les aires protégées qui ont été
créées dans le passé, il y a parfois très longtemps
déjà. Mais, le contexte s'est profondément modifié
depuis l'époque de la création de ces sanctuaires. Il y a donc
lieu de réévaluer la situation et de considérer les
mesures à prendre, en vue d'établir un nouvel équilibre
entre l'aire protégée et le territoire avoisinant. Voilà
pourquoi la protection de la forêt d'Itombwe devra suivre le
système de zonage. Ce dernier est une technique d'aménagement du
territoire. Pour Michel MALDAGUE (1989) « l'aménagement du
territoire comprend différentes interventions qui constituent la
transformation, dans l'espace, de la division que l'on se fait du
développement actuel et futur de la société. C'est
l'affectation des terres en fonction de leurs aptitudes de leurs
caractéristiques et des objectifs fixes.
Quel que soit son but, la priorité doit être de
maintenir la stabilité dynamique et la productivité des
écosystèmes. Toute action entreprise en matière
d'aménagement doit viser à optimiser les interrelations qui
existent entre les ressources et les exploitants ou usagers (populations
locales).
Ainsi donc, conformément au plan d'action pour les
réserves de la biosphère de l'UNESCO, le zonage de la
réserve d'Itombwe devra comprendre les caractéristiques
suivantes :
a. des zones de protection intégrale
comprenant des centres d'endémisme et les richesses
génétiques ;
b. des zones-tampons se prêtant à des
exercices destinées à mettre au point, évaluer et
démontrer des méthodes de mise en valeur durable ;
c. des zones à usage multiple : ce sont
des paysages résultant de l'application des pratiques traditionnelles
d'utilisation des terres ou encore des écosystèmes
transformées ou dégradés qui se prêtent à une
restauration visant à les ramener à des conditions naturelles ou
proches de l'état naturel.
Ces zones comportent aussi plusieurs activités
humaines (établissement humain, agriculture, élevage, tourisme,
...) formant ainsi une zone de coopération ou de développement
garantissant des modes d'utilisation des ressources compatibles avec les
fonctions de conservation et des recherches des autres zones de la
réserve.
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