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Ecotourisme: une amélioration de la contribution de la pratique touristique dans les PED ? Exemple de Madagascar

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par Mathieu Meyer
Sup de Co Reims - Master en Management 2010
  

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1.1.3 Madagascar, l'exemple d'un « bon élève » au développement basé sur un équilibre fragile

L'issue de la métamorphose dans laquelle s'est lancée la Grande Île reste floue, certains facteurs politiques et culturels ne jouant pas en faveur d'un succès sans encombre. Le pays souffre tout d'abord d'une double insularité, externe et interne. La première, externe, est la plus évidente. Tout comme ses voisines Comores, Maurice ou Seychelles, Madagascar est géographiquement isolée du continent africain, caractéristique qui certes été un avantage lors de la Guerre Froide, mais que le pays ne peut plus exploiter aujourd'hui. La difficulté à trouver des partenaires économiques fiables sur lesquels s'appuyer dans la région accentue ce relatif isolement. La seconde insularité est intimement liée à la précédente. Elle concerne l'écosystème et l'aménagement du territoire malgache. Sa taille (1600km du Nord au Sud) et son relief ont largement conditionné le développement de certaines zones de l'île, plus facile d'accès. Cette disparité, accentuée par la faiblesse des infrastructures reliant ces pôles, confère à l'île un semblant d'archipel. Les populations établies aux différents endroits de l'île ont pu connaître des variations de développement, due à leur relatif isolement. Des politiques de réaménagement du territoire et de développement des infrastructures et des transports sont bien comprises dans le MAP, mais leur application sur le terrain prend du temps.

Enfin, un autre élément, et non des moindres, est à prendre en compte pour préciser les freins à la mutation de Madagascar : en effet, si l'île a souvent fait parlé d'elle dans l'actualité de ces dernières années, ce n'est malheureusement pas pour les progrès qu'elle réalise, mais pour son instabilité politique. Depuis le début des années 1990, les troubles politiques n'ont cessés de se succéder pour la plus haute place de l'Etat, affectant par la même occasion les institutions, les relations internationales ou la gestion des politiques intérieures. En 1992, l'importance des manifestations et la pression de la rue ont eu raison du président Ratsiraka, emportant dans sa chute la IIe République. Après une courte période de transition dirigée par la Haute Autorité de l'Etat, Albert Zafy se voit élu à la présidence de la nouvelle IIIe République en novembre 1992. Sa gouvernance est de courte durée, puisqu'en 1996 est voté l'empêchement du président. Cette mesure fait suite aux critiques d'avoir agit trop peu face à la crise économique, et à plusieurs reprises anticonstitutionnellement. Didier Ratsiraka, déjà président de 1975 à 1991, remporte les élections de 1996, se voyant à nouveau occuper une fonction qu'il avait due abandonner cinq ans plus tôt. La fin de son mandat quinquennal, et derechef l'organisation de nouvelles élections présidentielles, voit le retour de la crise. En effet, le dernier mandat de Ratsiraka a su s'épargner ce type de conflits, connaissant même une relative stabilité économique. Les contestations du résultat des élections de 2001 par l'opposant de Ratsiraka, Marc Ravalomanana, maire de la capitale Antanarivo, ravivent la lutte du pouvoir. Ce dernier s'autoproclame par ailleurs Président de la République en février 2002. Auteur de la politique « Madagascar naturellement » et initiateur de programmes de mise en application du Plan d'Action pour Madagascar (MAP), Ravalomanana est réélu en 2006. Plus récemment, les conflits politiques ont repris, basés sur la rivalité des dirigeants de l'Etat, Marc Ravalomanana et de la capitale, Andrey Rajoelina, débouchant sur la prise de pouvoir des partisans de ce dernier par un putsch en 2009.

Madagascar fait aujourd'hui partie des pays les plus pauvres de la planète. Le niveau de la plupart des indicateurs macroéconomiques et de développement tend à confirmer la situation catastrophique dans laquelle se trouve l'île. Mais ces maux trouvent l'essentiel de leurs racines dans un passé pas si lointain. Soumise à la colonisation pendant plus d'un siècle et demi, les Empires desquels l'île dépendaient n'ont pas manqué à souligner, voire exacerber, des différences présentées comme ethniques -bien que plus économiques et politiques- n'ayant présentées que peu d'importance jusque là. L'indépendance de 1960 et sa vague de malgachisation ont conduit à un alignement de l'île sur le Bloc de l'Est, à un isolement relatif, et surtout à de piètres performances économiques et une dégradation du niveau de vie. La sortie de ce régime politique d'inspiration marxiste-léniniste laisse place une situation préoccupante dans l'ensemble des secteurs de l'île : dégradation des infrastructures, atomisation des pôles de développement, insécurité croissante, appauvrissement de la population, etc. La mise sous tutelle de Madagascar par les institutions financières internationales lui permet de trouver le financement dont elle a besoin pour reconstruire le pays. Cependant, les bailleurs de fonds internationaux, en particulier la Banque Mondiale, conditionnent largement leur financement par la mise en place d'un « modèle de développement », dont l'inspiration libérale des prêteurs se retrouve souvent dans le choix des politiques et programmes proposés. L'ajustement structurel initié en 1983 marque le début de la période d'ouverture et de la libéralisation de l'économie et du système de production de Madagascar. Bien que les crises mondiales des années 1980 et 1990 n'épargnent aucunement le pays, la marche vers le développement est lancée, tout d'abord par des politiques ponctuelles, toujours sous influence du Fonds Monétaire International (FMI) ou de la Banque Mondiale, puis par des objectifs rédigés dans un document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP). Les efforts et investissements entrepris par l'Etat commencent à porter leur fruit dès le début des années 2000. Madagascar décide par ailleurs de persévérer et d'accélérer la mutation amorcée, en appliquant le Plan d'Action pour Madagascar (MAP) en 2007, seconde niveau de plan de lutte contre la pauvreté, en accord avec les objectifs du Millénaire pour le développement de l'ONU. Cette volonté de développement se voit toutefois ralentie par les incessants troubles politiques que connait Madagascar, conflit résurgents à chaque élection présidentielle au moins.

C'est dans ce contexte à la fois d'instabilité, de précarité et aussi de dynamisme et de mutation continus que l'activité touristique évolue. Celle-ci bénéficie néanmoins d'une position particulière et privilégiée par rapport à d'autres secteurs : en 1996, le Président Ratsirka se rapproche du FMI en vue de l'obtention de nouveaux crédits. Les accords alors signés en contrepartie de l'attribution de ces fonds placent la pêche et le tourisme comme nouveaux moteurs des exportations malgaches11(*).

* 11 Encyclopédie Universalis

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand