UNIVERSITE PAUL CEZANNE - AIX-MARSEILLE III
INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES
MEMOIRE
Pour l'obtention du diplôme
LES STRATEGIES D'EXPANSION DES
FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES : FACTEURS ECONOMIQUES, FACTEURS
POLITIQUES
Par M. Geoffrey Grégoire Pierre BONNEL
Mémoire réalisé sous la direction
de Monsieur André CARTAPANIS Professeur des universités
à l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix en Provence
Aix en Provence Année 2011
L'Institut d'Etudes Politiques n'entend donner aucune
approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leur auteur.
REMERCIEMENTS
A ceux qui m'ont aidé et soutenu dans ce mémoire,
et qui m'ont permis de me surpasser lors de chaque épreuve...
A André Cartapanis pour sa patience et son aide
précieuse qui m'a aidé tout le long de ce mémoire.
A Joël Ruet qui m'a accompagné dans cette aventure et
qui partage avec moi la même passion pour l'Orient.
A ma mère pour son éduction qui m'a permis de
devenir qui je suis actuellement, le roc de ma vie.
A ma famille pour sa relecture.
A Vincent, Jean et Philippe les amis de ma vie.
A Constantin, Nicolas et Camille qui ont été mes
compagnons de route au sein de l'Empire du Milieu.
A Pierre Buxeda qui m'a aidé pour ce mémoire en
m'indiquant la bonne voie.
A Li Xiaoting qui a supporté mes moments de
découragement.
A Charlotte, Quentin, François, Laurent, Adrien, Pierre,
Raphaëlle et Louise des amis précieux à tout moment.
A Jérôme RAVENET qui m'a fait découvrir la
Chine.
MOTS CLES
· REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE
· FIRMES MULTINATIONALES
· INVESTISSEMENT DIRECT A L'ETRANGER
· ENTREPRISE D'ETAT
· PARTI COMMUNISTE CHINOIS
· GLOBALISATION
· ADMINISTRATION D'ETAT DES DEVISES ETRANGERES
+ COMMISSION DE DEVELOPPEMENT NATIONAL ET
DES REFORMES
+ EXPANSION
+ PAYS EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
+ PAYS EMERGENT
· STRATEGIE + REGIONALISME
CHINOIS
RESUME
La République Populaire de Chine a connu de nombreuses
réformes depuis son ouverture en 1979, et particulièrement sur le
plan économique. Les conséquences de cette dernière se
font encore ressentir aujourd'hui sur les entreprises chinoises et
indirectement amènent à des changements sur les marchés
internationaux.
Ces changements ont permis l'émergence des
premières firmes multinationales du pays qui, petit à petit, se
font une place face à la concurrence mondiale. Certaines firmes
commencent même à devenir célèbre comme :
Haier, Lenovo, Huawei, ZTE...
Néanmoins, comprendre cette récente
émergence des firmes multinationales, c'est l'obligation de regarder le
passé d'un pays complexe qui a connu une succession de régimes
politiques divers qui ont, chacun, réformé l'économie de
ce pays, mais qui ont tous été caractérisés par un
dirigisme économique fort. Dirigisme économique qui s'est
accentué depuis la période communiste et en particulier sous la
présidence de Mao Zedong, mais qui depuis 1979 voit, la prise du
gouvernement, se relâcher continuellement pour laisser plus de place
à l'économie libérale.
Les firmes multinationales chinoises se situent, en effet,
à cette charnière de la mutation de l'économie du pays et
c'est pour ça que leur étude est intéressante. Ces
dernières sont la preuve que l'économie chinoise commence
à quitter le niveau de celle des pays émergents pour se
rapprocher de celle des pays développés. Etudier ces firmes, et
en particulier leurs stratégies d'expansion, permet de mieux
évaluer ces dernières avec leurs forces, leurs faiblesses, leurs
opportunités, et leurs limites. Porter ainsi un regard sur ces
dernières, c'est voire cette nouvelle Chine qui est loin d'avoir finie
de se transformer, et qui irrésistiblement, s'impose à
l'international.
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES CARACTERISTIQUES EMPIRIQUES DES FIRMES
MULTINATIONALES CHINOISES
Chapitre I : Les firmes multinationales chinoises et
l'influence du gouvernement A) HistoricitéB) Les formes
d'entreprises
Chapitre II : Les firmes multinationales chinoises
caractérisées par : un faible taux d'IDE et localisées
(géographiquement et sectoriellement)
Un faible taux d'IDE
Structure géographique
Structure Sectorielle
DEUXIEME PARTIE : LES FORMES ET LES FACTEURS D'EXPANSION DES
FIRMES MULTINATIONALES CHINOISES
Chapitre I : Les formes d'expansion
Un regard global sur les formes d'expansion
Les marchés et les secteurs, facteurs influençant
les formes d'expansion Chapitre II : Les raisons de l'expansion
Facteurs économiques de l'expansion
Facteurs politiques de l'expansion
CONCLUSION
TABLE DES ACRONYMES
n PCC : Parti Communiste
Chinois
n IDE : Investissement Direct
à l'Etranger
n OCDE : Organisation de
Coopération et de Développement
Economique
n OMC : Organisation Mondiale
du Commerce
n CNRS : Centre National de la
Recherche Scientifique
n CERNA : Centre d'Economie
Industrielle
n URSS : Union des
Républiques Socialistes
Soviétiques
n ZES : Zone Economique
Spéciale
n AEDE : Administration d'Etat
des Devises Etrangères
n CNUCED : Conférence des
Nations Unies sur le
Commerce et le Développement
n CSAAE : Commission de
Surveillance et d'Administration des
Actifs de l'Etat
n RSE : Responsabilité
Sociale des Entreprises
n OCS : Organisation de
Coopération de Shanghai
n FCSA : Forum sur la
Coopération
Sino-Africaine
n IDH : Indice de
Développement Humain
n R&D : Recherche et
Développement
n CNOOC : China National
Offshore Oil Corporation
n CDNR : Commission de
Développement National et des
Réformes
n PED : Pays en Voie de
Développement
n RAS : Région
Administrative Spéciale
n ASEAN : Association des
Nations de l'Asie du
Sud-Est
n OPA : Offre Publique
d'Achat
n OPE : Offre Publique
d'Echange
n PIB : Produit
Intérieur Brut
n PDG : Président
Directeur Général
n FMN : Firmes
Multinationales
n AID : Aide Officielle au
Développement
Avant-propos
La Chine fait parler d'elle et devient même à la
mode en attirant de jeunes cadres étrangers, en effet l'apprentissage du
mandarin ne cesse de progresser dans de nombreux pays à travers le monde
dont la France. Etant étudiant de l'Institut d'Etudes Politiques
d'Aix-en-provence (IEP d'Aix-en-Provence) et ayant commencé à
apprendre le mandarin dès la première année, c'est tout
naturellement sur la Chine que mon esprit s'est tourné quand en
deuxième année l'administration de l'IEP d'Aix-en-Provence nous a
demandé de réfléchir sur le sujet de notre mémoire
de quatrième année. Cependant, la Chine est un pays à
l'Histoire plus que deux fois millénaires qui connaît depuis la
prise de pouvoir du Parti Communiste Chinois (PCC) en 1949 des mutations
profondes. Tous les phénomènes découlant de l'Histoire de
la Chine et des mutations récentes que connaît ce pays sont aptes
à devenir des sujets de mémoire plus qu'intéressant, alors
pourquoi les stratégies d'expansion des multinationales chinoises :
facteurs économiques, facteurs politiques ?
La Chine, au-delà de cette image un peu trop simple
d'un pays produisant des biens à faible valeur ajoutée
grâce à sa main d'oeuvre bon marché qui a attiré les
délocalisations au cours des années 1980 et 1990, est un pays qui
est devenu capable de produire ses propres biens et de les exporter par ses
propres moyens. Il était donc nécessaire selon moi, de montrer
cette face encore peu connue de la Chine, peu connue car récente, mais
aussi car soumise encore à de nombreux préjugés. En effet,
l'image « d'atelier du monde » donnée à ce
pays, depuis la fin des années 1980 début des années 1990,
se révèle de plus en plus obsolète. Il est vrai que, les
années 2000 marquent l'expansion des premières firmes
multinationales chinoises qui ont commencé à s'implanter dans des
zones géographiques proches avant de s'étendre petit à
petit au reste du globe. Aujourd'hui certains noms de firmes multinationales
chinoises commencent à
être connus du grand public, comme le géant des
réseaux de télécommunication Huaweiqui
se rendit célèbre après la signature de contrats avec
Vodafone, la société Haier
spécialisée dans les biens
électroménagers et d'audiovisuel...Le temps de reconversion de
l'économique chinoise fut très court, en à peine 30 ans la
Chine est passée d'un pays à
l'économie naufragée à la deuxième
puissance économique mondiale. C'est dans cette optique que se
révèle l'intérêt de l'étude de l'expansion
des firmes multinationales chinoises : des firmes jeunes, fruit d'un long
passé emprunt de nombreux et profonds changements, et qui
s'apprête à changer l'avenir de l'économie mondiale.
Ainsi s'achève cet avant-propos en espérant que
le lecteur ait pu comprendre l'enjeu de ce mémoire et les
problèmes techniques qui s'y sont rapportés. La Chine est un pays
en pleine mutation économique voyant s'enchaîner de nombreux
phénomènes, l'expansion des multinationales chinoises faisant
partie de ces derniers. Phénomène récent, mais non moins
rapide.
INTRODUCTION
La montée en puissance de la Chine depuis
l'année 1978, qui marque l'émergence du concept «
d'économie socialiste de marché » dans le discours de Deng
Xiaoping à Shenzhen (province du Guangdong), ne cesse d'impressionner ou
d'inquiéter le monde, autant sur le plan politique,
qu'économique. Le « dragon vert »1 semble
ne cesser de grossir depuis cette époque et d'étendre son
influence à travers le monde et ce, malgré les crises
économiques sévères des années 1990 avec tout
particulièrement la crise asiatique de 1997 dont la Chine ne subit aucun
contre coup, et récemment la crise financière de 2008 dont le
pays s'en remit bien plus rapidement que prévu par les
spécialistes économiques de tout bord. En effet cette crise qui
mit à mal l'économie américaine et cassa la consommation
des ménages devait, selon les experts, fortement toucher la Chine et son
taux de croissance, car son économie étant majoritairement
tournée vers l'extérieur, et en particulier vers le marché
américain en ce qui concerne l'écoulement des produits
manufacturés. Cependant, malgré une légère
fluctuation du taux de croissance, l'économie chinoise repartie de plus
belle en 2010 avec un taux de croissance supérieur à 9%. La Chine
semble imbattable malgré la conjoncture et ravit même en 2010 la
place de deuxième puissance économique mondiale au Japon.
La Chine commença en effet en 1979 avec un taux
d'Investissements Directs à l'Etranger (IDE) de 0% pour atteindre en
2009 une valeur totale de 43,3 milliards après un déclin en 2008
de l'ordre de 30% à 40%2. Cependant malgré une
augmentation forte de ces IDE en 30 ans, ce taux reste comparativement faible
par rapport au reste des pays développés, en effet en 2006, la
somme totale des investissements chinois ne représentait encore à
ce moment là que 0,6%3 du stock d'IDE mondial de
l'époque, faisant alors de la République Populaire de Chine le
sixième plus gros exportateur d'IDE parmi les pays émergents.
1 Le terme est employé en tant que
métaphore de la Chine par de récents articles de presse. Il est
emprunté à la théorie Feng shui qui veut par tradition
qu'on désigne l'Est par le dragon vert.
2 Chiffres officiels du ministère de
l'économie chinoise.
3 Chiffres officiels de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE),
OCDE Investment Policy Reviews : China 2008, p.2.
Aujourd'hui l'actualité commence à
s'intéresser à cette Chine nouvelle qui commence, bel et bien,
à sortir de ces frontières et qui cherche à jouer un
rôle central sur les marchés internationaux. Or, le nombre de
firmes multinationales chinoises reste encore assez faible même s'il est
en progression et quelques firmes chinoises commencent à acquérir
une bonne renommée sur les marchés internationaux, tel que
Huawei, Haier, Lenovo.... Cette expansion de nouvelles firmes
multinationales venant de la Chine tend à augmenter la concurrence sur
les marchés internationaux, en effet ces dernières proposant des
produits moins chers, mais avec un bon rapport qualité /prix, commencent
à voir leurs parts de marchés augmenter, nous pouvons prendre un
exemple très simple mais non moins intéressant de la
société Lenovo pour éclairer cette situation. En
2005, la société d'informatique chinoise Lenovo racheta
la division Personal Computer (PC) de la société International
Business Machines (IBM : société qui avait lancée
en 1981 l'IBM PC le premier ordinateur personnel de l'histoire), ce
qui lui permettait à l'époque de prendre la position de
troisième leader mondial pour les ordinateurs personnels avec un chiffre
d'affaires annuel de 10 milliards de dollars4 ce qui la
plaçait devant les sociétés Dell et
Hewlett-Packard.
Pour mieux saisir la montée en puissance de ce pays, il
faut comprendre l'action de ces firmes multinationales et arriver à
dépasser de nombreux préjugés. Tel fut l'un des enjeux de
ce mémoire, dépasser l'a priori lié à la
qualité des produits chinois, l'inexpérience des cadres....
Malgré une faiblesse encore certaine des entreprises chinoises de
façon globale, conserver ce point de vue empêche d'établir
une quelconque hypothèse pour comprendre le succès réel
des firmes citées précédemment. Bien sûr, le but de
ce mémoire ne sera pas de présenter la « success story
» de ces quelques firmes chinoises, qui ne représentent encore
qu'une partie marginale de l'ensemble des firmes multinationales chinoises.
Cependant, un rappel de la nécessité de se décentrer est
à faire, afin d'expliquer comment ce mémoire a essayé
d'aborder le phénomène d'expansion des firmes multinationales
chinoises. L'autre grand enjeu de ce mémoire fut de trouver des sources
fiables. En effet, l'expansion des firmes multinationales chinoises est un
phénomène récent et donc encore peu étudié,
ainsi la base documentaire reste encore limitée. Limitée pour
deux raisons :
4 Dans ce mémoire, le terme de « dollar
», fait référence au dollar américain ou US
dollar.
· Un nombre encore faible d'études sur ce
phénomène qui ne prit une réelle ampleur qu'au
début des années 2000. Les rapports de l'OCDE ne sont que peu
nombreux, ainsi que ceux de la Chambre du Commerce et de l'Industrie
européenne de Pékin, les études universitaires de
même sont limitées à quelques rares spécialistes
dont Joël RUET5. Ce manque de support empêche encore de
regrouper et de comparer des données venant de différentes
sources afin d'obtenir des résultats plus précis, et de permettre
une meilleure analyse du phénomène. Ainsi, ce manque de
données empêche donc de valider ou d'infirmer les
hypothèses présentées dans ce mémoire de
façon définitive et claire.
· La fiabilité des données reste aussi
un problème de taille. Les rapports provenant de sources chinoises, bien
qu'un peu plus nombreux que ceux venant de sources étrangères,
manquent de fiabilité statistique. Le gouvernement chinois tendant
à « rectifier » certains chiffres. Malgré l'effort
réel des autorités chinoises après l'entrée du pays
dans l`Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour améliorer la
transparence statistique des données, ces dernières doivent quand
même être relativisées en permanence. Cependant de
récents rapports ont été coécrits par les
autorités chinoises et des institutions étrangères afin de
faire gage de bonne foi, permettant alors d'utiliser ces données. C'est
ainsi que des rapports sur lesquels se base ce mémoire ont
été co-écrits avec des institutions
étrangères, tel que la commission européenne.
L'écriture de ce mémoire dus donc prendre en compte l'existence
de nombreux problèmes afin de se réaliser, n'enlevant cependant
aucunement l'intérêt de ce sujet.
Cependant pour véritablement aborder l'analyse de ce
sujet des stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises :
facteurs économiques, facteurs politiques, il faut d'abord
s'intéresser à définir le « Qui ? »,
c'est-à-dire à ces firmes multinationales chinoises, à
l'historicité du phénomène et de leurs apparitions,
à leurs relations avec le pouvoir central, à leurs secteurs
d'activité..., avant de pouvoir s'intéresser aux
stratégies d'expansion en elles-mêmes, c'est-à-dire le
« Où ? », le « Comment ? », et le « Pourquoi ?
».
5 Joël RUET est docteur en économie de
l'Ecole des mines de Paris et ingénieur civil. Spécialiste de la
montée en puissance des firmes multinationales indiennes et chinoises,
il est aussi chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS)
et chercheur associé au Centre d'Economie Industrielle (CERNA) de
l'école des mines de Paris.
Il est tout d'abord important de rappeler que même si la
Chine est récemment passée à l'économie de
marché et qu'elle a fait passer en 2007 une loi instituant la
propriété privée (à l'exception de la terre qui
reste la propriété de l'Etat), ce pays reste un pays communiste
avec un parti unique, le Parti Communiste Chinois (PCC). Aujourd'hui la
majorité des grandes entreprises chinoises ont encore plus de 50% de
leurs capitaux qui sont propriété de l'Etat, Etat qui fait tout
ce qu'il peut pour rester mettre des grands leviers de l'économie afin
de mieux remplir ses objectifs, en effet le « pacte social chinois »
repose simplement sur un lien autorité du régime/croissance
économique, le peuple chinois tolérant l'autorité du
régime tant que la richesse s'accroît et que l'impression d'un
avenir meilleur pour la génération suivante est vivace. En 2008
avec la crise économique et le ralentissement de la croissance du pays a
vu des émeutes se produire dans les campagnes et les difficultés
d'emploi des jeunes diplômés amena à faire baisser la
confiance des gens dans le régime, le retour de la croissance en 2009
calma à nouveau les tensions, cependant des problèmes persistent
(surtout le taux de chômage des jeunes diplômés qui reste
élevé). Face à cette baisse de confiance en l'Etat l'essor
du privé continue, les jeunes gens y trouvant des opportunités
que n'accorde plus le public à cause des problèmes de
népotisme, de corruption et d'arbitraire. Or le gouvernement essaye tend
bien que mal de ralentir cette croissance des entreprises privées en
exerçant une réelle discrimination envers elles :
difficulté d'accès aux aides publiques, difficulté
d'accès au crédit (les banques chinoises étant toutes
propriété de l'Etat), problème de clarté lors de
jugements, interdiction de certaines fusions et acquisitions.... Ce conflit
public/privé se retrouve aussi à l'international (échelle
qui nous intéresse), avec des partenaires étrangers se
méfiant beaucoup des sociétés publiques chinoises et des
desseins du PCC après l'exemple entre Danone et son
sous-traitant Wahaha6. Il est donc extrêmement
important de comprendre avant tout le lien privé/publique qui existe en
Chine pour analyser les grands acteurs qui s'implantent actuellement à
l'étranger. Certes les entreprises publiques (dont la majorité du
capital appartient à l'Etat) sont sur le sommet du podium à
l'heure actuelle et obéissent le plus souvent à des missions dont
les objectifs sont à caractère politique, mais il ne faut pas
sous-estimer la monté en puissance rapide et non négligeable des
firmes chinoises privées et des intérêts strictement
6 La Société Wahaha avait
signé un contrat d'exclusivité de distribution de boissons non
alcoolisées avec Danone pour le marché chinois, or Wahaha fit des
ventes à son propre compte et viola les termes du contrat. Quand
l'affaire éclata le PCC joua la carte du nationalisme face à
l'étranger lors du jugement et donna raison à la
société Wahaha, et Danone fut expulsé du marché
chinois.
économiques liés à leur expansion. Il
faut noter que les grands acteurs de l'économie chinoise (autant
privé que publique) qui s'implantent à l'étranger se
basent de plus en plus sur des intérêts strictement
économiques et commerciaux pour définir leurs stratégies
d'expansion, avec une aide toute relative de l'Etat et qui de plus tend
à s'effacer avec le temps, à cause de la levée de
boucliers des pays accueillant ces dites entreprises. Les entreprises autant
privées que publiques tendent à s'émanciper (de
façon limitée) de l'emprise de l'Etat chinois qui contrôle
et planifie de moins en moins les stratégies des grandes entreprises au
profit de simples incitations et aides partielles au développement.
Ayant compris quels sont les acteurs à l'origine de ces
investissements à l'étranger et les enjeux qui existent
liés à l'existence d'un parti unique en Chine : le PCC, il est
désormais nécessaire de s'attacher à définir ce
qu'est une « stratégie d'expansion » ou tout du moins
comment ce terme est utilisé dans ce mémoire et de
répondre aux questions du « Où ? », du « Comment ?
» et du « Pourquoi ? ».
Le mot stratégie prend ses racines dans la langue
grecque et plus précisément de deux mots : stratos qui
signifie « armée » et agos qui signifie «
conduite », aussi stratégie signifie : la conduite de
l'armée. Selon Andrews7 : « La Stratégie est
un modèle de décision avec lequel une entreprise détermine
ses objectifs, formule les politiques et plans pour les atteindre,
défini dans quel secteur opérer, quelle organisation elle entend
construire, la nature des avantages économiques et non
économiques qu'elle entend donner aux actionnaires, clients, partenaires
et communautés locales ». Plus précisément nous
nous intéressons ici aux stratégies d'expansion des firmes
multinationales chinoises, nous devons restreindre l'analyse alors aux
différentes stratégies employées par ces firmes afin de
s'implanter dans de nouveaux marchés, et ce, pour des raisons
très diverses.
Aujourd'hui, les firmes multinationales chinoises se placent
sur différents marchés que nous pouvons diviser en deux
catégories : les pays développés (marché
nordaméricain, et marché européen), les pays
émergents et en voie de développement (marché
7 Kenneth R. Andrews (1916-2005) economiste
à la Harvard Business School, il est notamment célèbre
pour être l'un des fondateurs du modèle d'analyse interne
(forces/faiblesses) et externe (contraintes/opportunités), dit LCAG, de
la stratégie, avec Learned, Christensen et Guth.
sud-est asiatique, marché russe, marché
Hongkongais, marché taïwanais, marché latino
américain et enfin le marché africain). Or les firmes
multinationales chinoises selon leurs tailles, leurs expériences, leurs
moyens financiers, leurs secteurs d'activités et bien sur leurs
objectifs ne s'implantent pas toutes sur les mêmes marchés et
quand elles le font, elles ne le font pas toutes de la même façon.
En effet, le marché européen attire plus les très grandes
firmes multinationales chinoises qui sont à la recherche d'acquisition
de nouvelles technologiques et qui implantent pour cela des centres de
Recherche et Développement, comme la société
spécialisée dans les télécommunications
Huawei qui en 2009 fut la première à installer un centre
de Recherche et Développement en Ile de France tout en signant un
partenariat avec ParisTech, qui est une institut regroupant 12 grandes
écoles françaises, afin de faire des recherches dans de nouvelles
technologies sans fils. De plus les firmes chinoises s'implantant dans les pays
développés sont pour la plupart des entreprises avec une plus
grande expérience et qui commencent à accumuler des Fusions et
Acquisitions comme la société Lenovo
précédemment citée qui racheta la division PC
d'IBM. Sur les marchés de pays en voie de développement,
les entreprises chinoises sont souvent plus à la recherche d'acquisition
de ressources naturelles comme en Afrique ou de nouveaux marchés pour
pouvoir écouler leurs marchandises comme en Amérique Latine ou
dans l'Asie du Sud-Est. Il existe cependant d'autres raisons pouvant expliquer
le choix d'expansion dans tel ou tel pays comme : vouloir contourner des
mesures protectionnistes mises en place par le gouvernement local ou des quotas
d'importation de produits chinois, délocaliser des branches de la
production afin de fuir l'augmentation des salaires en Chine... Cependant, dans
chaque choix de stratégie, le poids du gouvernement chinois pèse
bel et bien au travers des aides mises en place et des soutiens diplomatiques
que ce dernier peut fournir, ceci étant particulièrement vrai
pour le cas du marché africain8.
Cependant, cette expansion reste encore entravée par de
nombreux problèmes et carences des firmes chinoises. Le poids du PCC
tend à effrayer les gouvernements locaux, ce qui pénalise les
firmes multinationales chinoises, ces derniers ont peur que des objectifs
purement politiques amènent à un faible développement du
pays en question sur
8 Le cas du marché africain est
extrêmement intéressant et complexe à analyser à
cause des aides officielles au développement (AID) qui ont tendance
à se mélanger avec les IDE des firmes chinoises. Il est vrai que
bon nombre d'AID ont pour but de faciliter l'arrivée d'IDE chinois
à travers la construction de locaux pour accueillir les bureaux de
firmes chinoises ou des exploitations agricoles qui exportent leurs
récoltes uniquement vers la Chine.
un angle économique, et qu'ils se retrouvent à
devoir répondre aux objectifs politiques d'un pays étranger. Les
entreprises chinoises qui possèdent encore peu d'expériences se
focalisent encore sur les joint-ventures pour s'implanter dans de nombreux
pays, elles possèdent notamment peu de moyens financiers pour supporter
une fusion acquisition, et ne savent encore bien gérer les
conséquences d'une fusion acquisition sur la culture d'entreprise. Le
manque d'information et de conseils amène aussi à des pertes
énormes et à de nombreux échecs d'expansion, comme pour
l'entreprise Sichuan Tengzhong9. Enfin la réputation
des entreprises chinoises et de la qualité des produits étant
encore mauvaises, pénalise ces dernières pour l'écoulement
de leurs marchandises, comme pour la société Haier
spécialisée dans la production de biens
électroménagers (en particuliers des
réfrigérateurs) et de biens audiovisuels
(télévision, casque audio,...).
Malgré de nombreuses difficultés et entraves,
l'expansion des firmes multinationales chinoises continue, et ces
dernières adaptent leurs stratégies face à ces
différentes contraintes. Cette expansion reste continue et prend de plus
en plus d'ampleur malgré sa petite taille actuelle. Ainsi donc, cette
idée sera le fil rouge de ce mémoire, voir comment malgré
des limites et une certaine jeunesse, ce mouvement d'expansion des firmes
chinoises n'en est pas moins en phase d'accélération.
Ce mémoire se construira ainsi autour de deux parties
complémentaires. Tout d'abord, les caractéristiques empiriques
des firmes chinoises, c'est-à-dire leurs influences, et leur
organisation actuelle. Par la suite, les formes et les facteurs d'expansion des
firmes chinoises, avec la division des marchés et les raisons
d'investissement autant économiques, que politiques.
9 L'entreprise Sichuan Tengzhong
spécialisée dans la construction de routes et de machines
d'entretien tenta le rachat à General Motors de sa marque Hummer,
cependant le projet fut rejeté par Pékin jugeant l'entreprise
trop inexpérimentée pour une telle acquisition.
Première partie :
Les caractéristiques empiriques des firmes
multinationales chinoises
Pour comprendre réellement les stratégies
d'expansion des firmes multinationales chinoises, il faut tout d'abord baser
notre point de vue sur un angle historique. En effet en 1979 la Chine sous
l'impulsion du PCC décide d'ouvrir son économie, mais comment
cette ouverture c'est elle réalisée ? Le miracle
économique que connaît ce pays ne doit surtout pas nous faire
oublier le passé de ce dernier et son ancienne économie dirigiste
mise en place par Mao Zedong (\u27611-Ñ?? : Máo
Zédông) en 1949 après la proclamation de la
République Populaire de Chine (\u20013'?A\u27665-*flI1 :
Zhônghuá Rénmín
Gònghéguó) . Oublier ce passé
empêcherait de comprendre le lien étroit existant encore de nos
jours entre l'économie et le politique en Chine malgré la mise en
place d'une économie socialiste de marché. De plus on ne saurait
faire l'économie de l'étude de l'Histoire moderne de la Chine
avant l'arrivée au pouvoir du PCC en 1949, les sources de la soumission
ou tout du moins de la mise sous tutelle des enjeux économiques face aux
enjeux politiques se trouvant dans le système de l'ancien régime
impérial chinois avec la dynastie Qing (\u28165ê'*J :
Qîng Cháo ).
C'est dans l'Histoire qu'on peut trouver les réponses
qui nous permettrons de comprendre le lien économie/politique qui existe
en Chine. Lien qui a une influence capitale pour pouvoir comprendre les formes
des entreprises chinoises, ces dernières étant le plus souvent
des entreprises détenues par l'Etat pour les plus puissantes d'entre
elles, mais où le privé est quand même en progression. Les
secteurs d'activité des firmes multinationales chinoises, les
marchés où elles vont s'implanter, mais surtout les
caractéristiques des IDE chinois, ces derniers ont connus depuis le
début des années 1980 d'importants changements de part leur
taille et leur indépendance face au gouvernement central.
Chapitre I : Les FMN chinoises et l'influence du
gouvernement :
L'influence du politique sur l'économie en Chine semble
à première vue un point de réflexion assez facile à
concevoir dans ce pays qui a connu le communisme depuis 1949. Cependant cette
influence remonte bien avant l'arrivée au pouvoir des communistes, et
même bien avant la mise en place de la République de Chine
('4'?\u27665-ç : Zhônghuá Mínguó)
qui dura de 1912 à 1949. Ce lien existe en effet depuis la
période impériale et certes même si le but de ce
mémoire n'est pas de retracer toute l'Histoire de Chine depuis le
premier empereur Qin (\u31206ê`énçc'é :
Qín Shi Huángdì) en 221 avant Jésus
Christ, il est important d'évoquer cette tradition que le PCC n'a fait
que réutiliser pour pouvoir plus facilement mettre en place sa politique
dirigiste.
La compréhension de l'existence de ce lien est
primordiale pour pouvoir alors mieux aborder d'autres points comme les formes
des entreprises chinoises. Dans un pays de tradition communiste il est normal
de rencontrer aujourd'hui de nombreuses entreprises dont l'actionnaire
majoritaire est l'Etat chinois, cependant comment expliquer alors
l'arrivée des grandes entreprises privées chinoises ? Et surtout
quelles sont les relations que le gouvernement chinois tient-il avec ces firmes
privées ?
A) Historicité :
L'histoire de la Chine est une histoire plus que deux fois
millénaires et que l'occident aime à dater à partir de 221
avant Jésus Christ avec l'établissement du premier empire par la
dynastie Qin. Ici pour faciliter l'analyse, nous pouvons alors nous permettre
de diviser l'histoire de ce pays en trois grandes périodes. La
première période est la période impériale qui
s'étend de -221 jusqu'à 1912 où nous ne retracerons pas du
tout toutes les dynasties qui se sont succédées pendant cette
période, mais nous mettrons en avant comment la tradition a mis le
politique au-dessus de l'économie.
La deuxième période est la période
communiste qui s'étend de 1949 avec l'arrivée au pouvoir du PCC
et l'ouverture du pays avec Deng Xiaoping en 1978, on pourrait appeler cette
période, la période du communisme « pur». Finalement la
troisième période s'étend depuis l'ouverture de la Chine
jusqu'à nos jours : c'est la période de l'économie
socialiste de marché.
a) La période impériale (avant 1912) :
La période impériale chinoise s'étend
officiellement de -221 à 1912. Le régime se caractérise
à ses débuts par un pouvoir absolu très fortement
centralisé autour de l'empereur aidé par une administration
composée de nombreux fonctionnaires très
développée. Ce système permit à la Chine
très tôt de réunir suffisamment de capitaux afin de
financer de nombreux projets scientifiques et d'infrastructures, en effet
dès le IIe siècle avant Jésus Christ les chinois
maîtrisaient déjà la transformation de la fonte en acier et
dès le Ie siècle avant Jésus Christ ces derniers
utilisaient la technique des forages profonds pour exploiter les gisements de
gaz naturel de la province du Sichuan10.
Cette capacité à réunir très
tôt des capitaux au moment où l'Europe occidentale se divisait en
nombreux royaumes permit à la Chine de financer de nombreux projets
(boussoles, routes, le grand canal 11 ...) et de prendre une avance
technologique remarquable. L'intérêt de ces quelques exemples est
de montrer que l'Etat chinois a toujours été à l'origine
de grands projets coûteux en capitaux. Ainsi au lieu de permettre la
naissance d'une bourgeoisie commerçante et d'une forme de capitalisme,
l'Etat impérial chinois a tout au long de son existence
monopolisé la majeure partie des capitaux du pays au détriment
des marchands... Cette façon de faire montre l'origine de la soumission
des enjeux économiques aux enjeux politiques, c'est aussi une
décision politique qui obligea la Chine à se fermer sur
elle-même durant la dynastie Ming ce qui la
10 Robert TEMPLE, Le génie de la Chine,
3000 ans de découvertes et d'inventions, Arles, 2007, Editions
Philippe Picquier, 288 pages, page.15.
11 Le Grand canal (\u22823å?\u27827%oÍ
: Dà Yùnhé), permet de relier la ville de
Pékin à celle de Hangzhou à côté de Shanghai.
Les premières preuves de son existence datent du Ve siècle avant
Jésus Christ, mais il fut rallongé et amélioré au
cours des différentes dynasties.
coupa du reste du monde jusqu'en 1839 avec la première
guerre de l'opium12 sous la dynastie Qing.
Cette soumission des intérêts économiques
face aux intérêts politiques durant la période
impériale eu deux conséquences majeures, l'une directe et l'autre
indirecte. La conséquence directe fut l'avortement de la naissance d'un
possible système capitaliste privé en Chine. En contrôlant
la majorité du capital, l'empereur ne permettait pas à des
marchands d'obtenir les capitaux suffisant pour permettre à leurs
commerces de prospérer, qui étaient de plus contraints par
l'interdiction de sortir des frontières du pays et de faire tout
commerce avec l'étranger même proche. Il ne faut pas oublier aussi
que lors du déclin d'une dynastie les empereurs accumulaient les
gaspillages et donc une mauvaise redistribution des moyens financiers, il
fallait alors attendre un changement de dynastie afin de permettre une
allocation à nouveau rentable des ressources financières. Cette
théorie permet alors de comprendre et d'expliquer le dépassement
de la Chine par l'occident, en effet alors que l'occident séparait
capitalisme et politique (avec l'avènement des théories
libérales d' Adam Smith et le déclin des théories
mercantilistes) ce qui permettait de continuer à accroître la
richesse d'un pays malgré la mise en place d'un gouvernement
incompétent, la Chine elle connaissait un arrêt brutal car toutes
les administrations gravitant autour de la personne de l'empereur13.
En réalité il exista bien un début de système
capitaliste qui naquit qu'à la fin de la dynastie Qing avec le premier
réseau de banques privées de la ville de Pingyao, cependant ce
dernier trop jeune ne put résister à la concurrence
exercée par les banques occidentales qui arrivèrent dès
l'année 1842. La conséquence indirecte, elle, était non
prévue : c'est une meilleure prise de l'idéologie communiste au
sein des populations. L'idéologie communiste qui prônait un
dirigisme actif de l'économie par le gouvernement faisait alors tout
naturellement écho à la tradition impériale chinoise et
permit de mettre assez facilement le système en place dès
1949.
12 La première guerre de l'opium (1839-1842)
opposa le Royaume-Uni à l'Empire des Qing. Les historiens retiennent
cette date comme le début du déclin de la dernière
dynastie impériale et l'ouverture du pays aux occidentaux.
13 Robert TEMPLE, Op. cit., p.10.
b) La période communiste « pur »
(1949-1979) :
L'arrivée au pouvoir du PCC en 1949 marque la fin de 22
années de guerre civile et de l'invasion japonaise, le pays est alors
à reconstruire sous un dirigisme économique fort et les
investissements à l'étranger sont interdits. La Chine se referme
économiquement à nouveau sur elle-même, fermeture qui dura
jusqu'en 1979. Cependant, la période se marque par une réelle
révolution au sein de l'économie chinoise et la naissance des
premières grandes entreprises chinoises dont certaines existent encore
aujourd'hui. Si on s'attarde sur cette période on peut même se
permettre de la diviser en trois sous périodes qui sont : la
période de l'économie planifiée (1953-1957), les
années troubles (1958-1970), et la normalisation
(1970-1978)14.
En 1949, la Chine qui sort à peine d'une guerre civile
et mondiale se retrouve avec un appareil économique totalement
détruit. Deux grands pôles se dégagent : la région
de Shanghai spécialisée dans le textile grâce à la
présence occidentale qui permit à une classe de bourgeois chinois
de voir le jour et la Mandchourie qui se développa dans l'industrie
lourde avec la présence japonaise. Cependant la situation dans les
campagnes, elle, ne s'améliora pas et ces deux grands pôles de
l'industrie chinoise n'ont pu permettre d'entraîner le
développement du reste du pays. La victoire des communistes se marque au
début par un ménagement de la bourgeoisie shanghaienne afin
d'améliorer la situation économique du pays poussée de
plus par les prêts accordés par l'Union des Républiques
Socialistes Soviétiques (URSS). 1953 est l'année du lancement du
premier plan quinquennal (influencé par les plans de l'URSS) qui avait
pour but d'améliorer la production de l'industrie lourde, le bilan est
un succès avec une multiplication de la production du charbon par deux,
celle de l'industrie par 2,3 : c'est dans ce contexte que naît une petite
entreprise collective qui fabrique des réfrigérateurs et qui
devient en 1984 l'entreprise Haier.
Or à partir de l'année 1956, les relations
sino-soviétiques se dégradent pour arriver à une rupture
définitive en 1960 avec le départ des ingénieurs
soviétiques du sol chinois : c'est le début des années
difficiles pour la Chine. Deux grandes réformes vont plonger
14 Françoise LEMOINE, L'économie de
la Chine, Paris, 2006, Collection REPERES, quatrième
édition, Editions La Découverte, 125 pages, p.17.
l'économie chinoise dans la dépression : le
Grand Bond en avant (1958-1961) et la Révolution culturelle (1966-1970).
Ces deux réformes vont avoir des conséquences dramatiques sur la
production industrielle chinoise qui s'écroule, la famine revient et
coûte la vie à soixante millions de Chinois : ces réformes
sont un échec total qui va avoir des conséquences sur le pays (en
particulier la formation des cadres) qui vont durer jusqu'aux années
80.
L'échec de ces deux réformes amena le
comité central du PCC à adopter des programmes plus pragmatiques
et modestes : c'est le période du retour au calme. Le but est de
rehausser le niveau de vie des chinois et d'améliorer l'économie
chinoise grâce à des importations de technologies venant de
l'étranger. Ces idées sont alors défendues à
l'époque par l'un des vice-présidents du comité central du
PCC qui n'est autre que Deng Xiaoping. Cette période est aussi surtout
marquée par la fin de l'influence de Mao Zedong sur le PCC, ce dernier
affaibli par la maladie de Parkinson meurt le 9 septembre 1976 à
Pékin. La Chine se prépare dès cet instant et grâce
à l'influence grandissante de Deng Xiaoping à l'ouverture.
Ouverture qui se veut maîtrisée pour éviter que
l'économie chinoise ne soit rachetée par l'étranger.
c) L'ouverture de la chine et le concept d'économie
socialiste de marché (après 1979) :
Deng Xiaoping ( ? \u23567è#172; \u24179ï½ :
dèng xiaopíng) ouvre la Chine dès 1979 aux
investisseurs étrangers à travers des Zones Economiques
Spéciales (ZES) et dont la première fut le village de Shenzhen
aujourd'hui devenu une ville de plus de dix millions d'habitants. Ces zones se
sont ensuite multipliées tout le long de la côte chinoise afin
d'accueillir les investisseurs étrangers. Cependant, les conditions
d'accès à ces zones restent strictes : le PCC n'ayant pas
libéralisés tous les secteurs de l'économie (comme les
banques où l'énergie), il oblige de plus les entreprises
étrangères à établir des joint-ventures avec les
entreprises locales et à laisser les usines en état en cas de
délocalisations. Le but de ces règles est de permettre à
l'économie chinoise de bénéficier de transferts de
compétences (Ressources Humaines, Responsabilité Sociale de
l'Entreprise, Comptabilité...) et de technologies (avionique...). Ces
transferts permettent l'émergence de grandes entreprises chinoises et la
consolidation d'anciennes, mais ces dernières sont au départ pour
la quasi-totalité des entreprises d'Etat (Haier,
Petrochina,...). Ces entreprises d'Etat connaissent
de plus en 1998 une réforme importante afin de « laisser partir les
petites et conserver les grosses » (1)11t/iN : Zhuâ dà
fàng xiao), cette réforme permet alors l'émergence de
grandes entreprises bien plus compétitives qui peuvent se lancer sur les
marchés internationaux. Cette période marque aussi le
début des premiers investissements à l'étranger pour les
entreprises chinoises qui s'installent alors en Amérique du Nord et en
Océanie, elles y vont pour acquérir des ressources naturelles
nécessaires au marché chinois (mines, fonderies d'aluminium,
scieries, et extraction pétrolière). Ces premiers investissements
non jamais excédés un milliard de dollars et ont tous
été réalisés par des entreprises publiques. L'Etat
étant toujours un Etat communiste, les IDE sont soumis à une
décision politique et chaque projet doit être validé par
les institutions mises en place par le régime. Cette procédure
administrative lourde explique la faiblesse des investissements,
procédure toujours en vigueur aujourd'hui mais qui s'est nettement
allégée afin de permettre une augmentation des investissements
à l'étranger des firmes chinoises. Actuellement chaque projet
supérieur à un million de dollars doit d'abord être
approuvé par L'Administration d'Etat des Devises Etrangères
(AEDE, NIV'MtgA : Guójiâ wàihuì guanli
jú) avant de
pouvoir être envoyé au ministère du
commerce de la République Populaire de Chine (ll
*AKA*11NIO*113 : Zhônghuá Rénmín
Gònghéguó shângwù bù) afin
d'obtenir la validation finale.
Cependant, l'ouverture de la Chine a permis avec le temps la
naissance de grandes entreprises privées chinoises qui sont apparues
pour la plupart dans le sud de la Chine grâce à une ouverture plus
récente à l'étranger15. Sur 3000 questionnaires
envoyés, le conseil chinois pour la promotion du commerce international
en reçu 1377 valides et permis d'établir les statistiques
suivantes : 21,6% des entreprises chinoises se situent dans la province du
Guandong, 11,2% dans la province de Shandong, 10,9% de la province de Zhejiang
et 10% de la province de Jiangsu. Pour plus de clarté, il est
intéressant de diviser les provinces chinoises en cinq grandes
régions économiques qui sont : Le delta de la rivière
Yangtze, le delta de la rivière des perles, Dalian, le centre de la
Chine, le
15 D'après l'échantillonnage sur
lequel s'est basé le conseil chinois pour la promotion du commerce
international pour son étude sur les firmes multinationales chinoises :
Survey on Current Conditions and Intention of Outbound Investment by Chinese
Enterprises, Pékin, avril 2010. Rapport écris en
collaboration avec la commission européenne et la Conférence des
Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).
Grand ouest et Autres16 (voir graphique
I.A.1). L'analyse historique permet alors de comprendre cette
répartition : le développement du delta de la rivière
Yangtze commença avec la présence étrangère
à Shanghai après la guerre de l'opium, le delta de la
rivière des perles est la première ZES mise en place en Chine
sous la présidence de Deng Xiaoping, Dalian est une ville
portière de Mandchourie qui se développa sous l'occupation
japonaise et plus tard l'influence communiste, le centre de la Chine, quand
à lui, se développe tout récemment depuis que la ville de
Chongqing (\u-28211èd? : Chóngqìng) est devenue
l'une des quatre municipalités directement sous le contrôle
central du PCC avec Pékin (\u21271-kú :
bìijîng), Tianjin (\u22825«V' :
Tiânjîn) et Shanghai (\u19978èãC :
shànghai) .
Graphique I.A.1 : Distribution par régions de
l'échantillonnage d'entreprises
14%
10%
20%
7%
22%
27%
Delta de la rivière Yangtze Delta de la
rivière des perles Dalian
Centre de la Chine
Grand Ouest
Autres
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ce rapide rappel historique permet alors de mieux saisir la
situation actuelle du paysage économique chinois (forte présence
encore des entreprises publiques, contrôle de l'implantation des firmes
étrangères, contrôle et limitation des IDE sortant de
Chine...). Pays bien différent des pays occidentaux et de notre
tradition économique capitaliste. La Chine est un pays qui n'a connu
qu'un premier contact très violent avec le capitalisme à travers
les traités inégaux17 et la présence
occidentale. Cette période est aujourd'hui très présente
dans l'inconscient du peuple chinois où se dernier y plonge les racines
de son
16 Tibet, Mongolie intérieure, Yunnan...
17 Les traités inégaux furent
signés entre la Chine et le Royaume Uni, la France, les Pays-Bas,
l'Allemagne, la Russie et les Etats-Unis à partir de 1842. Ces derniers
permettent alors au Royaume Uni (premier pays à les imposer) de
récupérer Hong Kong, et plus généralement
d'accorder des comptoirs aux pays signataires ainsi que la libre importation et
exportations des marchandises. La ville de Qingdao devient alors Allemande,
tandis que la France récupère Chongqing. Shanghai quand à
elle est communément dirigée par les puissances
étrangères.
nationalisme. L'ouverture aux marchés ne pouvait alors que
se faire de façon contrôlée et limitée en 1979 pour
un PCC qui avait alors peur de perdre les rênes du pouvoir.
B) Les formes d'entreprises :
L'angle historique bien qu'utile pour comprendre l'origine des
grandes tendances de l'économie chinoise, et ici tout
particulièrement en ce qui concerne l'évolution des firmes
chinoises, n'est pas suffisant pour une analyse profonde des stratégies
d'expansion de ces dernières. Il faut s'intéresser
désormais à l'état actuel des firmes chinoises qui
investissent à l'étranger et leurs liens avec le pouvoir central,
qui bien que diminué n'en reste pas encore moins incontournable. Ces
entreprises chinoises qui ont la capacité d'investir à
l'étranger (et qui le font) peuvent se diviser en trois
catégories: Les entreprises d'Etat (elles sont aujourd'hui les
plus nombreuses et représentent la première catégorie),
les entreprises semi-privées ou semi-publiques (cette
deuxième catégorie assez récente regroupe les entreprises
d'Etat qui ne répondent à pratiquement aucun objectif publique,
elles se comportent totalement comme des entreprises privées seulement
intéressées par le profit), et les entreprises
privées (elles sont les plus récentes et les moins nombreuses
mais connaissent une rythme de développement non négligeable).
Cependant, deux de ces trois catégories ont de forts liens entre elles
et ont tendance à fusionner avec le temps, à l'avenir il ne
serait pas étonnant que la première catégorie disparaisse
en se fondant dans la deuxième.
a) Les entreprises d'Etat :
Les entreprises d'Etat sont aujourd'hui à l'origine de
la majorité des IDE chinois et représentent la grande
majorité des entreprises chinoises qui investissent à
l'étranger, en effet ces dernières contrôlaient en 2005,
84% du stock d'IDE. En 2006, les dix entreprises qui ont réalisé
les plus gros investissements à l'étranger sont toutes des
entreprises d'Etat (SINOPEC, CNPC, CNOOC, China
Resources Holgings Co., China Mobile...)18 . Elles
sont de plus en quasi monopole sur de nombreux secteurs, tel que le secteur
bancaire, les assurances, l'énergie et l'extraction de matières
premières. Malgré l'ouverture de la Chine aux marchés
mondiaux et son entrée au sein de l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC) le 11 Décembre 2001, l'Etat refuse encore de se débarrasser
d'un levier important pour diriger l'évolution économique de la
Chine en
18 Mais aussi : COSCO, CITIC GROUP, COFCO, China
Merchants Group et SINOCHEM Corporation.
préférant tel ou tel secteur d'activité,
telle ou telle région à développer... Ces entreprises
d'Etat bénéficient de plus d'appuis formels et informels du PCC
à travers : des facilités d'accès au crédit, un
accès privilégié à l'information, des
procédures administratives « allégées ». Or en
contrepartie depuis 2004, ces grandes entreprises d'Etat obéissent
à la Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de l'Etat
(CSAAE), cette commission qui fut créée afin de mieux
gérer les actifs de l'Etat (deux cent grandes entreprises) décide
des orientations stratégiques des entreprises (tout
particulièrement les fusions et acquisitions), des investissements
à l'étranger, et nomme les dirigeants. Du fait de leurs statuts,
ces entreprises assurent, pour la grande majorité d'entre elles,
d'importantes fonctions sociales (protection sociale, logement des
employés, bourse d'études pour les enfants...), or ces fonctions
sociales représentent un coût élevé et de plus en
plus d'entreprises d'Etat refusent de les assumer ou les transfèrent aux
autorités locales.
Il est vrai que malgré qu'elles occupent encore une
place prépondérante dans l'économie chinoise, les grandes
entreprises chinoises sont en perte de vitesse. Depuis le milieu des
années 1990, l'Etat n'a cessé de privatiser de nombreuses
entreprises soit en les revendant aux dirigeants en place, soit en les vendant
à des fournisseurs de capitaux étrangers. La proportion
d'effectifs employés ne cesse de baisser et en particulier en ce qui
concerne les travailleurs urbains, en effet en 1978, 78% des travailleurs
urbains travaillaient dans des entreprises d'Etat, cette proportion passe
à 60% en 1995 avant d'atteindre 25% en 200419. Sur le plan
interne (le marché chinois), les entreprises souffrent de la corruption
et du népotisme, deux choses qui font fuir les meilleurs cadres qui ont
désormais tendance à se tourner plutôt vers le secteur
privé (entreprises chinoises et étrangères confondues).
Sur le plan externe (marchés étrangers), les entreprises
d'Etat
doivent faire face à la mise en place de systèmes
de protection de la part des Etats oüelles investissent, les
autorités locales leurs reprochant de mauvaises gestions
financières
et une trop forte influence du PCC20. En effet,
l'influence directe du PCC sur ces entreprises qui amène à une
division floue de la responsabilité entre les dirigeants
de l'entreprise et Pékin reste un frein majeur à leur
développement, de nombreux Etats
19 China statistical yearbook,
éditions 1978/1995/2004.
20 En juillet 2010, 50 membres du congrès
des Etats-Unis ont demandé une enquête sur le rapprochement entre
Ansteel (chinois) et la société américaine
Steel Development Co., car ce rapprochement pouvant « menacer les
emplois et la sécurité nationale ». Chine nouvelle,
le 20.07.2010.
refusant de voir leurs économies respectives se
développer selon les ordres et les intérêts du PCC. Cette
influence directe du parti pousse à une prise de décision
répondant à des objectifs qui ne sont pas totalement
économiques mais aussi politiques, les autorités locales
craignent alors que le développement de leurs régions
n'amène donc pas à une augmentation de la richesse de la zone
ciblée.
b) Les entreprises semi-privées ou semi-publiques :
Les entreprises semi-privées ou semi-publiques sont un
cas assez atypique qui fut inventé par le PCC pour résoudre les
problèmes d'image et de réputation des entreprises d'Etat tout en
gardant un contrôle total de ces dernières. Ces entreprises ont
commencé à se multiplier à partir de la fin des
années 1990 en parallèle d'une réforme de l'Etat. A partir
de 1998 et le début des années 2000, Pékin abandonna petit
à petit un contrôle dirigiste et rigoureux des entreprises d'Etat
et surtout de leurs politiques d'investissement à l'étranger afin
de préparer son entrée à l'OMC en 2001. L'Etat chinois
commença à émettre des politiques plus incitatives que
réellement dirigistes (à l'exception de secteurs clés
comme l'extraction des ressources premières et les hautes technologies)
et cela tout en poussant les entreprises d'Etat à se réformer de
différentes manières. Ces dernières n'assurent plus les
fonctions sociales caractéristiques des entreprises d'Etat et n'ont pour
seul objectif que de faire des profits au même titre que des entreprises
privées. Pour ces entreprises, l'Etat céda une partie du capital
social (tout en restant majoritaire), ouverture aux financements privés
chinois et parfois étrangers. Ces entreprises font de plus appel
à l'expertise étrangère en faisant entrer des
étrangers dans leurs « maisons mères » comme China
Mobile, et sont (pour certaines) cotées à la bourse de
Shenzhen. Cependant tout en se libéralisant sur le plan de la prise de
décision et d'élaboration des stratégies, ces entreprises
continuent à recevoir un soutien fort des administrations publiques
(même si ce soutien s'exerce de façon plus discrète). Elles
bénéficient en effet d'une aide à l'accès au
crédit et de procédures administratives simplifiées. En
cas de visites officielles du président chinois à un Etat
étranger, ces dernières le suivent pour bénéficier
d'un appui politique au moment de la signature des contrats, appui qui se
poursuit alors après la visite par les services de l'ambassade de la
république populaire de Chine dans ce pays. Cette nouvelle forme
d'organisation des entreprises d'Etat permit une réelle
modernisation des politiques d'expansion de ces
dernières et une meilleure allocation des ressources financières
ainsi que du capital humain. Elle permit de plus de débarrasser ces
entreprises de tâches coûteuses et non rentables pour ces
dernières avec la suppression de l'obligation d'assurer des fonctions
sociales. Ces entreprises cumulent donc de nombreux avantages : une plus grande
autonomie de gestion avec un soutien toujours extrêmement fort des
autorités chinoises. Or l'accumulation de ces avantages n'exclue pas
l'existence de problèmes contraignant leurs développements.
En effet, malgré une aide plus fine du gouvernement
chinois à ses entreprises d'Etat, les critiques que les entreprises
étrangères émettent restent les mêmes. L'influence
et le soutien du PCC ne reste qu'une forme de « dumping
»21 officieux, qui permet à ces entreprises d'être
plus compétitives que d'autres (surtout les entreprises privées
chinoises). Or la Chine en 2001 accéda à l'OMC et accepta de
libéraliser son économie, mais cette libéralisation
rencontre encore des soucis au niveau de son application à
l'échelle de grandes entreprises qui se révèlent utiles
pour le gouvernement chinois. Cette politique étouffe de plus le
développement d'un secteur privé autonome en Chine qui à
long terme pourrait se révéler bien plus efficace que le secteur
public en terme de croissance et d'expansion vu que ce dernier peut se targuer
de ne pas bénéficier de soutiens directs du gouvernement. Cette
nouvelle forme d'organisation amena aussi de façon indirecte à un
problème de gestion des externalités de l'entreprise, en effet le
fait d'avoir pu abandonner les fonctions sociales qui s'exercent aux
entreprises d'Etat classiques rend ces entreprises semi-privées
réticentes à toute forme de Responsabilité Sociale des
Entreprises (RSE) 22 . Ce problème se retrouve en dehors de
la Chine particulièrement présent en Afrique, où les
entreprises chinoises se retrouvent à devoir faire venir des
travailleurs chinois pour travailler sur place étant donné que
les travailleurs locaux sont plus prompts à protester face à des
excès de la hiérarchie. Le cas est particulièrement vrai
pour l'extraction des matières premières et le travail dans les
mines, qui sont les secteurs souffrant le plus du manque de RSE de la part des
firmes
21 Le « dumping », où la vente
à prix prédateurs en français est une forme d'aide que les
Etats mettent en place pour soutenir une part fragile de leur économie
face à la concurrence. Ces derniers poussent les entreprises à
vendre leurs produits au prix le plus bas possible (voir à perte) et
s'engagent à compléter la différence avec les prix
réels du marché.
22 La Responsabilité Sociale des Entreprises
(RSE) est un concept en économie qui veut que l'entreprise cherche
à gérer ses externalités autant écologiques que
sociales. Ce concept s'il est utilisé doit de alors rentrer en compte
lors la formation de la stratégie. Pierre Batellier et Emmanuel
Raufflet, Responsabilité sociale de l'entreprise, Paris, 2008,
Presses internationales Polytechniques.
chinoises : la mine de Chambishi en Zambie exploitée
par l'entreprise Non-Ferrous Company-Africa (NFCA) en est une
parfaire représentation23. Cependant paradoxalement, un
leader dans la mise en place d'une réelle politique en faveur de la RSE
est une entreprise semi-privée : China Mobile. Son fondateur et
actuel Président Directeur Général (PDG) , du nom de Wang
Jianzhou (\u29579%oOE'à : Wáng Jiànzhòu),
mit en place une RSE très complète en cinq points : «
Ruralité » (politique visant à permettre de relier de
nombreux villages isolés à des réseaux de
télécommunication : ils sont 60 000 à l'heure actuelle),
« Vie » (ce programme a pour but de gérer des crises
naturelles et autres : en 2008 la compagnie dépensa 1,15 milliards de
Yuan après le tremblement de terre du Sichuan) , « Culture »
(le but de ce programme est d'avoir une action positive pour la défense
des cultures et des patrimoines : restauration d'une partie de l'ancien palais
d'été de Pékin ([1 t : Yuánmíng
Yuán), « Environnement » (est le point phare de la RSE
développée par China Mobile : recyclage de batteries de
téléphones portables et de cartes SIM, utilisation
d'éoliennes et de panneaux solaires pour alimenter des relais
téléphoniques...), et « Bénévolat »
(politique d'aménagement pour des handicapés, soutien à la
scolarité dans des pays d'Afrique...). L'ensemble de ces programmes
permit à China mobile de devenir la première et seule entreprise
chinoise à être cotée au Dow Jones Sustainability
Index24.
c) Les entreprises privées :
Les entreprises privées représentent une partie
encore infime des firmes multinationales chinoises le plus souvent pour des
raisons politiques et de discriminations (plus ou moins officielles), cependant
ces dernières augmentent par le nombre et risquent de devenir dans un
avenir proche de sérieux concurrents pour les entreprises d'Etat. C'est
à partir de 2004 avec la révision constitutionnelle que la
propriété privée est finalement reconnue comme inviolable
à condition que cette dernière ait été acquise
légalement, ce qui a permis l'accélération du
développement de ces dîtes entreprises privées chinoises.
Ces dernières occupent aujourd'hui un rôle dominant dans
l'économie chinoise (2/3 du
23 La mine de Chambishi jouie d'une mauvaise
réputation. Les travailleurs y ont les salaires les moins
élevés et des conditions de travail plus dangereuses qu'ailleurs.
En 2005, une usine d'explosifs appartenant à la NFCA explose et
en 2006, cinq employés meurent après de violentes protestations.
Phillipa Jones, 2009, Research China Network.
24 Cet indice lancé en 1999 est le fruit d'une
coopération étroite entre l'indice du Dow Jones et le SAM
(Sustainability Asset Management) qui évalue les entreprises les plus
performantes en terme de RSE.
Produit Intérieur Brut de la Chine en 2003-2004), mais
ces dernières sont encore très rares à avoir atteint un
stade de développement suffisant pour se lancer dans des
stratégies d'expansion. Cependant certaines firmes multinationales
chinoises commencent à devenir de grands groupes reconnus comme :
Lenovo (?\u24819zèW?\u26377LOEÀOEö
\u21496éi : Liánxidng jítuán
yöuxiàngongsi) après le rachat de la branche PC d'IBM
en 2005,
Suntech Power (\u23578è®ú° :
Shàngdé) qui est le plus gros producteur mondial de
modules solaires en silicium et qui depuis 2005 est cotée au New York
Stock Exchange25, et ZTE (\u20013'?
\u-28646'ÊêMOEÒ?\u26377LOEÀOEöéi :
Zhongxing Tongxìn Güfèn Yöuxiàn Gongsi)
entreprise spécialisée dans les réseaux de
télécommunication et leader dans ce secteur, elle est
présente en France depuis 2006 avec l'installation d'un centre technique
à Poitiers et elle installe en 2009 à Boulogne-Billancourt le
siège de sa division Europe et Amérique du Nord. Ces rares
entreprises encore à l'heure actuelle connaissent un véritable
succès et sont désormais de sérieux concurrents pour les
autres firmes multinationales. Ce succès peut s'expliquer par
différents facteurs autant économiques que politiques,
sociologiques...
Ces entreprises chinoises privées ont
bénéficié tout d'abord de l'ouverture des
frontières par l'arrivée d'une expertise étrangère
(des entreprises étrangères ainsi que des cadres, des
ingénieurs) et en même temps de l'envoi d'étudiants des les
universités étrangères, comme l'actuel PDG et fondateur de
Suntech Power le docteur Zhengrong Shi (\u26045é{ê? :
Shi Zhèngróng) qui obtint en 1992 son doctorat en
génie électrique à l'université de Nouvelle-Galles
du Sud d'Australie, avant de fonder sa société en 2001. Cette
ouverture permit une acquisition d'un « savoir-faire » qui manquait
alors aux entreprises d'Etat chinoises et qui a permis aux entreprises
privées (plus souples et non sensibles à l'expérience
dirigiste) de se réformer afin de lutter face à la concurrence
mondiale. Ensuite l'absence d'aide politique et d'un réel lien avec le
PCC permit à ces entreprises de jouir d'une meilleure réputation
que les entreprises d'Etat chinoises au moment de leur implantation dans des
pays étrangers, cette absence d'inquiétude permet à ces
dernières d'éviter de nombreuses barrières lors de leur
expansion, comme c'est le cas pour la société ZTE qui
signa des contrats avec Vodafone, Telus, et France
telecom et
25 Le New York Stock Exchange (la bourse de New York
en français) date de 1792 après la signature de « l'accord
de Buttonwood », elle est la plus grande place boursière du
monde.
put, par la suite, s'implanter sur les marchés
britanniques, canadiens et français. Cette accumulation de points
positifs permet alors de comprendre le succès fulgurant de ces
entreprises qui apparaissent vers le début des années 1990 voir
2000 pour certaines, cependant ces dernières sont encore peu nombreuses
du au fait d'une discrimination encore présente en Chine du secteur
privé.
Ces entreprises privées qui se veulent
indépendantes du pouvoir central ne font pas les affaires du PCC qui
désire conserver la main sur l'économie du pays le plus longtemps
possible, et ce malgré des ouvertures incontestables du régime.
Les entreprises privées même si elles sont indépendantes du
pouvoir, doivent obéir aux lois chinoises et donc passer par les
commissions d'évaluation des projets d'IDE (l'AEDE et le
ministère du commerce de la république populaire de Chine), elles
voient ainsi leurs projets ralentis, voir refusés. Ainsi malgré
une indépendance vis-à-vis du régime en place, leurs
projets d'IDE passent forcement par un filtre politique, le PCC utilise alors
ce filtre pour pénaliser ces entreprises privées lorsqu'elles
sont en concurrence avec une entreprise d'Etat sur un même marché
ou un même contrat d'exploitation... Face à cette concurrence
déloyale et pour éviter les discriminations, certaines
entreprises privées s'enregistrent aux chambres du commerce de la
République Populaire de Chine en tant qu'entreprises « collectives
» : se sont les « chapeaux rouges »26. Elles
attendent alors la disparition des discriminations pour pouvoir retourner vers
le secteur privé, mais ces inégalités existent
malgré l'entrée de la Chine à l'OMC. Ces
inégalités empêchent le secteur privé non de devenir
la norme en Chine (60% de la production industrielle) mais de pouvoir grossir
et se développer, aujourd'hui encore la Chine fait la différence
au sein des entreprises privées entre les entreprises
individuelles (moins de huit employés) et les entreprises
privées (plus de huit employés). Ce sont ces entreprises
de plus de huit employés que Pékin surveille et cherche à
contrôler la croissance pour éviter qu'elles ne « fassent
trop vite de l'ombre » aux entreprises d'Etat.
Ainsi, au travers de l'histoire et de l'actualité nous
pouvons comprendre le lien étroit qui unit le politique à
l'économie en Chine. Ce lien doit être pris en compte pour pouvoir
mieux analyser par la suite les stratégies d'expansion des firmes
multinationales
26 Françoise LEMOINE, Op cit.,
p.27.
chinoises. Ces entreprises qu'elles soient d'Etat,
semi-privées ou privées doivent toutes passer d'une
manière ou d'une autre par le PCC pour pouvoir s'implanter à
l'étranger. L'influence du gouvernement même si elle peut
être plus ou moins forte selon la forme de l'entreprise n'est jamais
totalement nulle et influence les choix stratégiques des dirigeants de
ces dernières. A l'avenir, on pourrait s'attendre à une
libéralisation de plus en plus grande des autorités chinoises, et
donc en corrélation une augmentation du poids des firmes multinationales
chinoises privées. Cependant cette libéralisation si elle a lieu
se fera lentement et au rythme décidé par le PCC. Sinon, un
retournement très violent de la conjoncture en Chine pourrait au
contraire pousser le gouvernement à faire machine arrière, afin
de pouvoir mieux protéger ses propres intérêts, et donc
à augmenter les pressions qu'il exerce déjà sur le secteur
privé en jouant la carte du nationalisme.
Chapitre II : Les FMN chinoises
caractérisées par : un
faible taux d'IDE et localisées
(géographiquement et
sectoriellement) :
Au-delà du facteur historique, les firmes
multinationales chinoises possèdent d'autres caractéristiques
importantes à analyser. Ces dernières se caractérisent par
un faible montant d'IDE et sont localisées autant
géographiquement (marchés visés) que sectoriellement
(secteurs de l'activité de base). Ces facteurs influencent fortement la
définition des startégies des firmes chinoises, qui doivent
décider « où » investir, dans quel secteur, et pour
quel montant de capital bien précis.
Tout d'abord, il est intéressant d'analyser le taux
d'IDE des entreprises chinoises. L'analyse de ce taux permet alors de
connaître la taille voir l'expérience de ces dernières.
Aujourd'hui le taux d'IDE des firmes multinationales chinoises reste
comparativement faible par rapport au reste des firmes multinationales
mondiales. Ce taux d'IDE connut de plus en 2008 un net recul avec la crise
économique. Or il est intéressant aussi d'analyser au-delà
de ces chiffres, et de constater une évolution globale très
positive de ces derniers, avec une intention d'augmenter ce taux selon une
étude portant sur les entreprises chinoises27. Or l'analyse
du taux d'IDE ne permet pas à lui seul d'expliquer les stratégies
des entreprises chinoises. La stratégie est aussi adaptée au
secteur d'activité principal de l'entreprise ainsi qu'au marché
visé. L'analyse des marchés permet une meilleure identification
des entreprises et de leurs capacités. Cela permet ensuite de comprendre
quels sont les secteurs où la majorité des firmes multinationales
se trouvent et quels sont les secteurs porteurs ou en déclin à
l'heure actuelle.
A) Un faible taux d'IDE :
Les firmes multinationales chinoises sont à l'heure
actuelle, caractérisées par un faible montant d'IDE. Cette
faiblesse d'IDE peut alors nous permettre de penser que les
27 Survey on Current Conditions and Intention of
Outbound Investment by Chinese Enterprises, April 2010, by the China
Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and
the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).
firmes chinoises restent encore faibles et disposent de peu de
moyens afin d'assurer une réelle politique d'expansion agressive sur les
marchés internationaux. Cependant, ce montant certes faible en
comparaison des firmes multinationales européennes, américaines
et japonaises, n'en reste pas moins en progression28. Au-delà
du simple montant d'IDE, il est important de regarder sa progression dans le
temps ainsi que les perspectives d'évolution.
a) Un faible montant d'IDE :
En 2006, Le stock d'IDE chinois ne représentaient que
0,6% de la totalité du stock d'IDE mondial, avec une somme totale pour
le stock d'IDE chinois de 90,6 milliards de dollars. Ces investissements
restent comparativement faibles par rapport au reste du monde, mais sont parmi
les meilleurs des pays en voie de développement. Toujours en 2006 les
flux d'IDE chinois étaient les quatrièmes plus importants parmi
les pays en voie de développement, tandis que le stock d'IDE
était le sixième le plus important parmi ces même pays.
Dans cette perspective, la Chine passe pour une grande puissance parmi les pays
émergents mais reste bien loin derrière les pays
développés. De plus, les flux d'IDE chinois ne
représentent en moyenne que 0,3% du PIB chinois pour une période
s'étendant de 2000 à 2006. En comparaison, le Portugal sur la
même période connaissait un ratio de 3,7%29. Avec ces
données, il est alors difficile de comprendre comment la Chine peut
menacer les autres firmes multinationales avec un stock d'IDE aussi faible. On
pourrait en effet croire, en se basant sur ces données, que les firmes
chinoises ne représentent pas une grande menace et ne peuvent augmenter
la pression concurrentielle sur les marchés internationaux avec des
moyens financiers aussi faibles. Or comment alors expliquer le succès de
certaines grandes firmes chinoises et une réelle augmentation de la
pression concurrentielle sur les marchés depuis l'arrivée de
firmes multinationales chinoises ? En effet, ces chiffres bien
qu'intéressants doivent être remis dans un contexte précis.
La Chine commença à enregistrer des IDE tout récemment
avec l'ouverture de l'économie chinoise en 1979. Ces IDE en 1979 ne
s'élevaient qu'à 450 millions de dollars, car
28 L'ensemble des chiffres suivants vient de deux
rapports: Survey on current conditions and intention of outbound investment
by Chinese enterprises, April 2010, by the China Council for the Promotion
of International Trade, the European Commission, and the United Nations
Conference on Trade and Development (UNCTAD), et China's Outward Direct
Investment: chapter 3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD
2008.
29 Etudes économiques de l'OCDE :
Portugal, Juin 2008, OCDE 2008, volume 2008/2009.
soumis à une forte régulation politique qui
craignait de voir le peu de capitaux que possédait le pays s'en aller
investir des projets présents sur les marchés étrangers.
Durant les années 80 et 90, les flux d'IDE restent très faibles
et fortement inférieurs à la moyenne mondiale. Malgré une
libéralisation de l'économie chinoise et un assouplissement des
procédures administratives, il faut attendre les années 2000 en
Chine pour constater une réelle augmentation des flux d'IDE. On comprend
dès lors, que l'analyse du stock d'IDE n'est pas suffisante pour
analyser l'expansion des firmes multinationales chinoises. Il faut
s'intéresser aux flux d'IDE qui évoluent chaque année, et
qui augmentent continuellement depuis les années 2000 de façon
spectaculaire.
Il est vrai que les flux d'IDE chinois bien que faibles,
connaissent depuis les années 2000 une augmentation
régulière. Entre 2000 et 2006, les flux d'IDE chinois
augmentaient en moyenne de 7 milliards de dollar par an, ce qui correspond
à une augmentation de 116% par an en moyenne (voir tableau
II.A.1).
TABLEAU II.A.1 : Flux d'IDE chinois
|
1982-1989 (moyenne)
|
1990-1999 (moyenne)
|
2000-2006 (moyenne)
|
Montant (en millions de dollars)
|
453
|
2 323
|
6 938
|
Part dans le stock
mondial d'IDE (%)
|
0,4
|
0,8
|
0,8
|
Place mondiale
|
22
|
22
|
23
|
Part dans le PIB (%)
|
0,1
|
0,3
|
0,3
|
Source: OCDE
L'entrée de la Chine en 2001 à l'OMC aida au
décollage des IDE chinois qui atteignent alors cette même
année 6,9 milliards de dollars. Entrée à l'OMC qui
s'accompagne du début de la politique d'aide du gouvernement aux IDE
chinois en 2004. Ces deux phénomènes permettent alors de
comprendre cette rapide expansion qui permit à la Chine en 2006
d'atteindre un flux d'IDE de plus de 17 milliards de dollars (voir
graphique II.A.1, page suivante).
Graphique II.A.1 : Flux d'IDE chinois de 1982 à
2006
20
18
16
14
12
10
4
8
6
2
0
Flux d'IDE chinois de 1982-2006 (en milliards de dollars)
Flux d'IDE chinois
Source : OCDE, Ministère du Commerce Chinois, et la
Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement
(CNUCED).
Ainsi, l'observation des flux d'IDE nous permet d'obtenir une
vision plus claire de la situation actuelle des IDE chinois que l'analyse des
stocks d'IDE. Cette analyse des flux d'IDE permet de comprendre l'augmentation
de la pression concurrentielle sur les marchés internationaux depuis
l'arrivée de firmes multinationales chinoises puissantes au début
des années 2000. L'entrée à l'OMC fut en effet un
déclencheur réel de l'augmentation des IDE chinois. Cependant
l'effet de cette entrée sur la dynamique des IDE chinois reste
comparativement faible face à l'instauration par le PCC d'une politique
d'aide à l'investissement extérieur : le « Going Global
» en 2004. La libéralisation du régime permit une
augmentation très forte des IDE chinois, même si ces derniers
restent encore faibles par rapport au reste du monde. Ainsi, même si les
IDE chinois ont augmenté et ont permis une augmentation de l'offre sur
les marchés, il reste à analyser l'impact de la crise de 2008 sur
la dynamique des IDE chinois et les perspectives possibles dans
l'évolution de cette même dynamique.
Après une analyse macroéconomique des IDE
chinois, il est intéressant de les étudier sous un angle
microéconomique. Parler d'investissements oblige à parler des
acteurs à l'origine de ces investissements. Or en Chine, la grande
majorité des entreprises à l'origine d'investissements vers
l'extérieur sont des entreprises d'Etat, malgré une augmentation
récente du nombre d'entreprises chinoises privées sources d'IDE.
Il n'est alors pas forcement intéressant d'étudier la forme des
entreprises qui émettent des IDE (entreprises d'Etat, entreprises
semi-privées, entreprises privées), mais de s'intéresser
aux montants que ces entreprises émettent en moyenne. Il est vrai que
regarder « l'uniformité » de l'investissement permet de se
faire une idée sur le poids de ces entreprises émettant des IDE.
En effet, les entreprises émettrices d'IDE émettent-elles toutes
le même montant d'IDE ? Ou alors, derrière un montant global d'IDE
se cache une grande disparité d'émission avec des entreprises
« championnes » et d'autres plus en retraits ? Selon un rapport
datant de 2010 du « China Council for the Promotion of International Trade
», la distribution des IDE par entreprise est loin d'être uniforme
et de grandes disparités existent entre les entreprises chinoises
(voir graphique II.A.2).
Graphique II.A.2 : Echelle des IDE chinois
20%
12%
6% 1%
61%
Investissement compris entre 1 et 5 millions de
dollars
Investissement compris entre 5 et 10 millions de
dollars
Investissement compris entre 10 et 100 millions de
dollars
investissement supérieur à 100 millions de
dollars
Investissement inférieur à 1 million de
dollars
Source: China council for the promotion of international
trade.
Depuis ce graphique, nous nous apercevons que 61% des
entreprises chinoises qui émettent des IDE le font pour un montant
inférieur à un million de dollars et qu'à peine 1% des
entreprises chinoises émettent des IDE pour un montant supérieur
à 100 millions de dollars. Ces données permettent de confirmer
l'hypothèse de l'existence de « grands champions » parmi les
firmes chinoises émettrices d'IDE, qui sont à l'origine de la
grande majorité des IDE (exemple de Lenovo,
Petrochina, Haier, Hawei...). Et d'autres
firmes, qui représentent en réalité la
majorité des entreprises émettrices d'IDE, qui sont plus en
retrait et qui disposent de moyens financiers beaucoup plus faibles. Cette
configuration de la répartition des IDE parmi les entreprises chinoises
montre que bons nombres d'entreprises chinoises émettrices d'IDE ne sont
pas réellement dynamique dans leur stratégie d'expansion à
l'international. Cette grande majorité des entreprises chinoises emploie
de faibles moyens qui limitent leurs projets, en effet 93% d'entre elles ne
réalisent pas des IDE supérieurs à dix millions de
dollars. Il existe donc un gouffre séparant l'immense majorité
des entreprises chinoises qui réalisent des investissements nettement
inférieurs à 10 millions de dollars, tandis que 7% d'entre elles
réalisent des investissements au-delà de 10 millions de dollars
(voir plus de 100 millions de dollars). Les entreprises chinoises
réalisant des IDE sont loin d'être uniformes entre elles, alors
que 7% d'entre elles réalisent des investissements pouvant rivaliser
avec les grandes firmes multinationales, la grande majorité est encore
« hors course ». Ceci permet alors de relativiser l'impact de
l'entrée des firmes multinationales chinoises sur les marchés
internationaux. A l'heure actuelle, une minorité d'entre elles est
capable de véritablement rivaliser avec les plus grandes multinationales
mondiales alors que l'autre majeure partie ne s'investit que timidement sur les
marchés extérieurs. Cette majorité des entreprises, on
peut supposer, ne voit dans les marchés extérieurs une
activité complémentaire à leurs revenus. Ces
dernières refusent encore de réellement s'aventurer dessus, pour
des raisons diverses, intéressantes à analyser.
Ainsi, l'arrivée des firmes multinationales chinoises
sur les marchés internationaux n'a eu qu'un impact limité sur
l'augmentation de l'offre. A part pour une infime partie d'entres elles, les
entreprises chinoises restent encore « frileuses » à
s'aventurer sur les marchés extérieurs. Ceci permet alors
d'expliquer la faiblesse des IDE chinois, malgré une croissance rapide
des ces derniers depuis les années 2000.
b) L'impact limité, mais réel de la crise
économique de 2008 sur les IDE chinois :
La crise économique de 2008 toucha fortement les IDE de
toutes les firmes multinationales et entreprises investissant sur des
marchés extérieurs à leurs marchés locaux. En
effet, le volume du commerce international chuta de 40%, à cause de
problèmes de financements (contraction du
crédit) et de chute de la consommation (surtout sur le marché
américain). Cette chute de la consommation ne concerne de plus, pas que
les ménages, mais aussi les entreprises avec une chute du «
Business to Business »30. Les firmes multinationales
chinoises n'échappent pas à la règle, même si comme
cela a été dis précédemment, la grande
majorité des entreprises investissant à l'extérieur des
frontières chinoises le font de façon limitée. Ces
dernières ont généralement aussi été
affectées par cette crise économique, et ont quand même du
diminuer leurs investissements. Cependant face à cette crise, certaines
entreprises qui ont assez bien résisté, et grâce à
des aides du gouvernement, ont pu jouer de leurs atouts afin de tourner cette
crise à leur avantage en rachetant des entreprises affaiblies ou en
leurs prenant des parts de marché. Cette crise économique de
grande ampleur qui pouvait laisser croire qu'elle allait faire diminuer
fortement les investissements chinois n'eut pas ce résultat. Les
entreprises chinoises sont arrivées à passer convenablement cette
crise, voir à en trouver des avantages pour les meilleures. Les IDE
chinois ne sont donc pas aussi fragiles que les économistes pouvaient le
croire malgré leur faible montant.
La crise économique de 2008 eu un impact important sur
les IDE chinois. En 2010, seulement 13% des entreprises chinoises affirment que
cette crise n'eut aucun effet sur leurs investissements, tandis que pour 31%
d'entres elles, cette crise eu un impact direct majeur sur leurs IDE. Or, 56%
des entreprises qui investissent à l'extérieur de la Chine
disent, quand à elles, que la crise économique n'eut qu'un impact
limité sur leurs IDE. Les firmes multinationales chinoises ont dus subir
différemment cette crise économique, même si pour la
majorité d'entres elles, l'impact fut limité voir inexistant. De
plus, il est intéressant de noter qu'en 2008, 40% des entreprises
estimaient que cette crise économique avait ou allait avoir une
conséquence majeure sur leurs investissements, elles ne sont aujourd'hui
plus que 31% au moment où le commerce international recommence à
voir son volume augmenter. Ceci permet de faire l'hypothèse que
même si l'impact de cette crise sur les IDE chinois fut important, les
firmes multinationales chinoises ont bien résisté à cette
chute du volume du commerce international. Or, au-delà de cette
capacité, à première vue, à avoir su
résister à la crise, on ne peut faire l'économie de
chercher à
30 Le « Business to Business »,
souvent simplifié par : le B2B, concerne l'ensemble des activités
de clientèle qu'une entreprise peut avoir avec une ou des entreprise(s).
Ceci s'oppose aux relations de clientèle existant entre une entreprise
et un particulier.
connaître les difficultés qu'ont rencontré
les firmes chinoises durant cette période. Il est même
nécessaire de chercher à comprendre les avantages que certaines
d'entre elles ont rencontré au moment de cette crise.
En 2010, 257 entreprises chinoises affirment avoir
rencontré des difficultés importantes à cause de la crise
financière de 2008, tandis que 101 autres, au contraire, ont
rencontré des facilités pour leurs IDE. Il existe cependant
encore un certain nombre d'entreprises qui sont, quand à elles, encore
incapable à l'heure actuelle de pouvoir évaluer
véritablement l'impact de cette crise sur leur activité. Les
entreprises qui ont rencontré des difficultés estiment qu'elles
ont surtout souffert de la contraction de la demande sur les marchés
internationaux, plus que des difficultés de financement. En effet, les
banques chinoises sont des banques appartenant à l'Etat. Ces
dernières ont peu soufferts de la crise financière, et elles ne
spéculent pour la majorité d'entres elles que sur des bons du
trésor américain ou en achetant des réserves de change en
dollar. Ces banques, poussées par le PCC, ont limité la
contraction du crédit afin de permettre de maintenir un rendement
élevé de l'activité économique, pour tenir un taux
de croissance au-dessus de 8%31. Ainsi, grâce une contraction
limitée du crédit les firmes chinoises ont pu maintenir leurs
capacités à trouver des capitaux pour leurs investissements, au
contraire de la majorité des firmes multinationales
étrangères. Sur un autre point, 33% des entreprises chinoises
interrogées estiment que leur activité sera affectée
à cause d'une levée de barrières protectionnistes par les
pays les plus durement touchés par la crise. Or, il semblerait que cette
levée de barrières protectionnistes soit limitée. Les
réunions du G20 à Pittsburgh en 2009, à Londres en 2009
aussi, et à Séoul en 2010 ont permis aux Etats de s'entendre sur
de nombreux points et en particulier d'affirmer la volonté de ne pas
utiliser de politiques protectionnistes afin de ne pas affecter la reprise du
commerce international32.
31 Les autorités chinoises estiment qu'un
taux de croissance économique inférieur à 8% peut se
révéler néfaste pour la société chinoise.
L'économie ne pouvant dès lors, ne plus pouvoir absorber la
totalité de la main d'oeuvre disponible, amenant donc à une
augmentation du chômage.
32 Le G20 fait suite en 2008 au G7. Il regroupe 19
pays plus l'Union Européenne, ce qui représente 85% du commerce
international et 90% du Produit Mondial Brut, ainsi que les 2/3 de la
population mondiale. Le but de ce club informel fut de permettre une discussion
entre chefs d'Etats afin de trouver des solutions communes pour résoudre
la crise financière qui débuta en 2008.
Plus étonnamment, certaines entreprises chinoises ont
trouvé des opportunités à cette crise économique
afin d'améliorer leur position ou d'accroître leur chiffre
d'affaire. L'effet direct de cette crise fut d'affaiblir de nombreux Etats et
firmes multinationales concurrentes. Ces dernières ont
particulièrement eu du mal, pour la majorité d'entres elles,
d'avoir accès à des crédits afin de financer leurs
activités, tout en enregistrant une diminution de leurs taux de ventes.
Or, comme cité précédemment, les firmes chinoises ont
moins souffert d'un manque de capital. Cet avantage majeur a permis à
ces firmes d'acquérir de nouvelles parts de marché à
moindre coût, grâce à une diminution globale de l'offre.
Elles ont de plus pu acheter des firmes concurrentes (intégration
horizontale), ou acheter des firmes dont leur activité est
complémentaire à la leur (intégration verticale) à
bas coût. Actuellement, 20% des entreprises chinoises affirment que cette
crise économique et les conséquences directe, de cette
dernière, leurs ont permis d'obtenir un avantage majeur sur les firmes
concurrentes. Ainsi, malgré des IDE souvent plus faibles que les firmes
étrangères, la bonne résistance des firmes chinoises
à la conjoncture leur a permis d'obtenir un avantage comparatif à
court terme pour pouvoir compenser leurs faibles montants d'investissement et
d'accroître leurs activités.
Face à cette crise et l'impact qu'elle a eu sur leur
activité, les firmes chinoises ont adopté des politiques
différentes pour s'adapter à l'évolution de la
conjoncture. La réponse apportée va bien au-delà d'une
simple réduction du montant d'IDE alloué. En effet, les
réponses peuvent être d'autres natures comme : un abandon de
l'investissement hors des frontières chinoises, un changement des
marchés visés, un changement des secteurs d'activités
visés... Les mesures mises en place par les entreprises fortement
touchées et celles qui y trouvent un avantage ne sont, en effet, pas les
mêmes (voir graphique II.A.3, page suivante).
Graphique II.A.3 : Mesures adoptées par les
firmes chinoises pour s'adapter à la crise
économique
120
100
40
20
80
60
0
Augmentation des IDE
48
Réduction des IDE
84
Changement de la destination des IDE
35
Changement des secteurs visés
12
Autres
106
Source: China council for the promotion of international
trade.
On retrouve dans ce graphique, les situations
précédemment citées. En effet, une grande partie des
firmes chinoises ont subis des contrecoups de la crise économique et
adoptent donc des mesures en conséquence. Sur un total de 285
entreprises, quatre-vingt quatre ont décidé de diminuer leurs
investissements à l'étranger, ce qui reste une réponse
classique en cas de crise économique : l'entreprise diminue ses
coûts afin de s'adapter à la diminution des ses recettes en
attendant une amélioration de la conjoncture en sa faveur. Cependant,
certaines ont adopté des mesures différentes, trente cinq
d'entres elles ont décidé de continuer à investir à
l'étranger mais, à changer la destination de leurs IDE. Le but
alors est de pouvoir jouir des atouts qu'elles possèdent afin de pouvoir
investir sur un marché auquel elles ne pouvaient accéder
auparavant. Douze autres entreprises ont quand à elles
décidées d'investir dans d'autres secteurs d'activité,
sans doute dans une politique globale d'intégration verticale.
Cependant, quarante huit entreprises ont décidé d'augmenter leurs
IDE. Ces mesures correspondent aux entreprises qui bénéficient
directement de la crise économique et qui voient la conjoncture
évoluer en leur faveur. Ces dernières augmentent donc leurs
investissements afin de profiter de l'avantage comparatif qu'elles
possèdent grâce à la crise. Ainsi les mesures
adoptées par les firmes chinoises semblent bel et bien répondre
à l'évolution de la conjoncture, cependant on ne
peut se permettre d'omettre le rôle déterminant de
l'Etat chinois qui chercha à maintenir le niveau des IDE chinois
malgré la crise à travers des politiques
macroéconomiques.
La crise financière de 2008 fut bien et vite comprise
par le gouvernement chinois qui adopta très tôt des mesures
macroéconomiques afin de garantir les exportations, (dont la croissance
économique chinoise dépend fortement) ainsi que la
compétitivité des entreprises chinoises (firmes multinationales
et non multinationales). Même si les efforts du gouvernement se sont
surtout portés sur le maintien des exportations et une aide pour les
entreprises chinoises locales, les firmes multinationales chinoises ont aussi
bénéficiées d'aides non négligeables. Sur les
entreprises interrogées : 71% d'entres elles affirment avoir
bénéficiées directement des aides du gouvernement, tandis
qu'elles ne sont que 29% à répondre qu'elles non aucunement
bénéficiées d'aides significatives. Les mesures
macroéconomiques du gouvernement chinois ont pris en 2008
différentes formes, telles que : une aide financière pour
soutenir les exportations, des subventions officielles pour le
développement des activités des entreprises, une politique
d'accès au crédit assouplie combinée à un
assouplissement sur le contrôle de la mobilité des capitaux, et
des diminutions et des exemptions de taxes. Face à ce panel d'aides
proposées, 43% des entreprises chinoises affirment avoir surtout
profitées des aides financières pour maintenir le niveau des
exportations. Cependant, il semblerait que les exonérations de taxes
n'aient eu que peu de conséquences sur l'activité des
entreprises. Les firmes multinationales chinoises ont surtouts, quand à
elles, bénéficiées des aides au développement et au
maintien de leurs activités, ainsi que de la politique d'accès au
crédit assouplie. Ces aides loin d'être négligeables
permettent d'expliquer pourquoi 20% des firmes chinoises ont pu trouver dans la
crise économique des opportunités. Ces entreprises qui ont vu la
concurrence diminuée, ont pu grâce aux aides du gouvernement mener
des politiques offensives pour l'acquisition de parts de marchés, voir
même lancer des Offres Publiques d'Achat (OPA) ou des Offres Publiques
d'Echange (OPE) sur d'autres firmes multinationales concurrentes ou
complémentaires de leurs activités.
La crise économique de 2008 eu donc un impact sur les
IDE chinois. Cependant, malgré une faiblesse apparente de ces derniers,
et grâce aux aides du gouvernement chinois, certaines firmes chinoises
ont pu trouver dans cette crise des opportunités pour
améliorer leur situation. L'aide du gouvernement qui
s'est révélée dans cette situation forte
intéressante pour les entreprises chinoises ne l'est pas toujours. En
effet, L'ingérence du gouvernement chinois se relève le plus
souvent néfaste pour les IDE chinois, à travers des
problèmes de corruption et de lourdeur administrative.
c) Les difficultés caractéristiques aux IDE
chinois :
Nous avons pu voir jusqu'ici que les IDE chinois se
caractérisent par : un faible montant, mais qu'ils sont néanmoins
en nette progression, et que la crise financière de 2008 eu un impact
non négligeable sur ces derniers même si certaines firmes, et
grâce à l'aide du PCC, ont pu trouver des opportunités. Il
est désormais nécessaire dès lors pour totalement
comprendre les IDE chinois, de se pencher sur les difficultés que
rencontrent ces derniers. La Chine étant encore un pays communiste
encadre fortement ses IDE, elle maintient en place des procédures
d'évaluation et d'autorisation de ces derniers même si ces
procédures se sont nettement assouplies depuis 2000. Ces
procédures administratives peuvent expliquer en partie le faible montant
des IDE, en effet, bon nombre de firmes multinationales chinoises sont
découragées pour entreprendre une procédure administrative
longue et lourde.
Il existe trois administrations principales qui gèrent
et contrôlent les IDE des firmes multinationales chinoises :
l'Administration d'Etat des Devises Etrangères (AEDE,
\u22269ç%oÆO?\u31649ÇùÇ :
Guójiã wàihuì gudnli jú), la
Commission de Développement National
et des Reformes (CDNR, \u22269ç \u23478%oÆ
? \u23637«W \u21644a \u25913%oü \u-26775v \u22996àÏ ?
\u20250%oï : Guójiã Fãzhdn hé Gdigé
Wëiyuánhuì) qui dépend du Conseil d'Etat Chinois
( \u22269ç ? \u-27038%o@ : Guówùyuàn),
et le ministère du commerce de la République
Populaire de Chine
(\u20013'?\u20154êl-açè?\u-28440ï» :
Zhonghuá Rénmín
Gònghéguó shãngwù bù).
L'AEDE est l'administration en charge du contrôle et de
la régulation de l'utilisation de monnaies étrangères dans
les projets d'IDE chinois. Avant d'évaluer le projet d'IDE en
lui-même, les fonds soulevés doivent être
vérifiés et être capables de prouver leur origine. Le but
de cette administration est pluriel : elle permet de lutter contre le
blanchiment d'argent d'une part, et d'autre part elle permet d'établir
un premier
filtre pour les projets d'IDE. Sans accord de l'AEDE, le
projet d'IDE est stoppé et ne peut dès lors passer à
l'étape suivante qui est le contrôle par le CDNR et le
ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Selon
un réforme de 200633, les projets inférieurs à
dix millions de dollars sont évalués par les antennes locales de
l'AEDE, tandis que tous les projets excédants cette somme doivent
être évalués par la commission principale. Avant cette
réforme, le plafond était de trois millions de dollars. Cette
réforme eu aussi un autre impact majeur qui est la suppression d'un
plafond maximum d'IDE. Avant cette réforme, l'AEDE ne pouvait autoriser
au maximum qu'un montant global d'IDE de 3,3 milliards de dollars, plafond qui
passa à 2005 à 5 milliards. De toute manière, même
si de jure l'administration devait se tenir à un maximum d'IDE,
de facto l'AEDE n'appliquait plus cette règle. Par exemple en
2001, le montant global des IDE chinois atteignit 6,9 milliards de dollars,
soit un dépassement de l'ordre de plus de 100%. Le but de ce plafond
était alors d'empêcher une sortie massive de capitaux chinois qui
aurait ainsi par la suite pus faire défaut au marché local. Or,
avec l'accentuation de la mondialisation, le PCC autorisa cette réforme
afin de permettre aux firmes chinoises d'égaler les autres firmes
multinationales. Cependant, un autre problème plus important persiste :
la longueur administrative. En effet, après l'évaluation
préliminaire du projet d'IDE par l'AEDE, ce projet doit obtenir l'aval
de la CDNR et du ministère du commerce chinois. Le temps entre chaque
autorisation est inadmissible dans un contexte de concurrence mondiale surtout
quand il s'agit d'acquérir un contrat ou une entreprise (à
travers une OPA ou une OPE). Cette lourdeur administrative coûte
chère aux firmes multinationales chinoises qui se retrouvent
désavantagées face à d'autres firmes qui peuvent
instantanément fournir les fonds nécessaires. C'est pour cela que
la réforme de 2006 prit ce critère en compte, à travers un
assouplissement de la procédure. En effet, l'AEDE (à travers la
commission principale ou l'antenne locale) peut donner une autorisation de
délivrer 15% (au maximum) de la totalité du montant de l'IDE.
Cette réforme essaye de contenter les besoins de la vie
économique des firmes chinoises, ainsi que les attentes des
administrations chinoises. Cependant en cas de refus de l'autorisation du
projet d'IDE par la CDNR ou le ministère du commerce, l'entreprise est
obligée de rapatrier les fonds qu'elle avait investi (15% du montant
total de l'IDE). Ainsi, rien qu'à ce stade de la procédure, bon
nombre d'entreprises chinoises peuvent être découragées
33 Circular on the Revision of Certain Foreign
Control Policies Relating to Overseas Investment, rapport de 2006.
d'investir à l'étranger. En effet, la lourdeur
de l'administration d'une part désavantage ces dernières qui ne
peuvent fournir immédiatement la totalité des fonds
exigés. De plus, en cas de refus d'autorisation de la part des autres
administrations concernées, les firmes chinoises sont obligées de
rapatrier leurs capitaux. Ce rapatriement forcé peut leurs coûter
très cher (obligation de rembourser le désistement à la
dernière minute, voire l'obligation d'abandonner les fonds sur
place).
Cependant, l'obtention de l'accord de l'AEDE n'est pas
suffisante pour pouvoir mener un projet d'IDE à terme. Le projet doit
être par la suite, évalué par la Commission de
Développement National et des Reformes (CDNR) et le ministère du
commerce de la République Populaire de Chine. La CDNR, qui dépend
du conseil d'Etat Chinois, a pour mission de formuler des politiques
économiques et sociales pour le développement et d'évaluer
l'intérêt ainsi que la validité de chaque projet d'IDE.
Plus précisément, au sein de la CDNR, c'est le département
d'utilisation des capitaux étrangers qui évalue les projets
d'IDE. Le projet d'IDE pour être validé, doit être conforme
: aux lois et règlements de l'Etat chinois, à la politique
industrielle officielle, contribuer au développement de
l'économie et de la société chinoise, suivre les «
instructions » recommandées par le PCC en terme d'accès aux
capitaux étrangers et enfin, démontrer la capacité
réelle de l'entreprise à mener à terme le projet. Ces
cinq conditions sont nécessaires pour obtenir l'autorisation du CDNR,
avant enfin de pouvoir obtenir l'autorisation finale du ministère du
commerce (qui se base sur les cinq même critères que le CDNR pour
réexaminer le projet), aucune dérogation n'est alors permise sauf
sans certains cas précis d'un projet mené par une entreprise
d'Etat. En effet, avant une réforme en 200434, tous les
projets supérieurs à un million de dollars devaient obtenir
l'aval du bureau central de la CDNR ainsi que du ministère du commerce
de la République Populaire de Chine. Le but de cette réforme
était d'assouplir les procédures administratives afin de pouvoir
augmenter la compétitivité des IDE chinois. Cette réforme
permit de plus de classer et regrouper les IDE en cinq types :
· Les projets d'IDE dont le montant total est
supérieur à 200 millions de dollars, ou dont le montant de
capitaux étrangers est supérieur à 50 millions de dollars.
Ces
34 The Reform of the Investment System
Decision, juillet 2004, par le Conseil d'Etat Chinois.
projets doivent alors répondre à des
critères plus sélectifs. En effet, ces derniers passent par le
bureau central de la CDNR qui évalue le projet dans sa totalité.
Après l'accord du CDNR, le projet doit obtenir l'aval non du
ministère du commerce, mais du conseil d'Etat Chinois.
· Les projets qui se situent dans le secteur de
l'extraction de matières premières et dont le montant total est
supérieur à 30 millions de dollars, ainsi que tout ceux dont le
montant des capitaux étrangers sont supérieurs à 10
millions de dollars doivent obtenir l'aval du bureau central du CDNR.
· Les projets menés pas les entreprises d'Etat,
et avec l'aval du gouvernement central n'ont besoin que de s'enregistrer
à la CDNR. Il n'est pas nécessaire pour ces derniers de passer
les phases d'évaluation si le montant total du projet n'excède
pas 30 millions de dollars ou dont le montant de capitaux étrangers
n'est pas supérieur à 10 millions de dollars. Cependant,
l'autorisation du ministère du commerce reste nécessaire, et le
projet doit être évalué par ces services. En même
temps, le ministère est obligé de communiquer à
l'entreprise toutes les données récoltées par l'ambassade
de Chine du pays hôte, c'est-à-dire qui va recevoir les IDE.
· Tous les projets inférieurs à un montant
total de 30 millions de dollars, ou dont le montant total de capitaux
étrangers est inférieur à 10 millions de dollars sont
évalués pas les antennes locales de la CDNR et du
ministère du commerce. Les rapports des antennes locales sont par la
suite envoyés aux bureaux centraux des administrations respectives.
· Enfin, tout projet qui a pour destination Taiwan ou un
pays non reconnu officiellement par la République Populaire de Chine est
évalué par les antennes locales de la CDNR et du ministère
du commerce. Cette évaluation doit amener à la constitution d'un
rapport, soumis par la suite, au conseil d'Etat Chinois.
Ainsi, il est désormais intéressant de mettre
en relation l'ensemble des procédures qu'une entreprise doit remplir
afin de pouvoir valider son projet d'IDE. L'AEDE évalue tout d'abord
l'origine des fonds du projet d'IDE, et autorise à délivrer 15%
du montant total avant l'autorisation officielle de la CDNR et du
ministère du commerce. Or la CDNR et le ministère du commerce
exigent des conditions très strictes, qui le sont
d'autant plus si le projet concerne de fortes sommes d'argent
et à une destination « sensible ». Il est désormais
facile de comprendre que cette lourde procédure administrative limite
les IDE chinois. Rares sont les entreprises qui sont en effet capables
d'investir plus de 200 millions de dollars, et d'oser délivrer avant
l'autorisation finale des administrations officielles, 15% de cette somme avec
le risque de devoir l'abandonner sur place, si le projet est rejeté au
dernier moment. Pour preuve, le cas de l'entreprise Sichuan Tengzhong
qui tenta le rachat à General Motors de sa marque
Hummer. L'entreprise sichuanaise après l'accord de l'AEDE
délivra 15% de la somme exigée pour cet achat, or au dernier
moment, le ministère du commerce rejeta le projet prétextant un
manque d'expérience de cette entreprise pour pouvoir mener à bout
un tel projet. L'entreprise fut contrainte d'annuler le contrat et de rapatrier
cette somme sans délai. Cet exemple récent qui date de 2009,
montre qu'encore actuellement l'Etat chinois peut faire preuve d'un manque de
souplesse dans les affaires économiques. Aussi, cette procédure
administrative révèle bien la discrimination du privé par
rapport au public et l'existence des « chapeaux rouges ». Dans
certains cas (sous la tutelle du PCC), les entreprises publiques sont beaucoup
moins contraintes par les procédures administratives et peuvent se
permettre de se passer de l'accord de certaines institutions (comme la CDNR),
cela pousse donc les entreprises chinoises à favoriser le public au
détriment du privé, ainsi que des investissements de petites
tailles afin de gagner en souplesse et en rapidité.
Ces défauts récurrents semblent pouvoir
contraindre durablement les investissements chinois à l'étranger,
or d'après une récente étude, les entreprises chinoises
pensent dans l'avenir investir plus que par le passé. Ce paradoxe attire
donc notre attention, en effet, même si l'on peut espérer une
reprise forte du commerce international après la crise
économique, cette seule condition ne peut expliquer ce choix à
elle toute seule. Il est vrai que d'une autre part, le gouvernement chinois
semble laisser entrevoir des possibilités de nouvelles réformes
autour des procédures d'analyse des IDE. Ce retrait dans
l'économie de Pékin, et donc une cette augmentation de la
souplesse peut aussi jouer un rôle décisif pour expliquer le
regard optimiste que pose les entreprises chinoises sur leurs futurs IDE.
d) Vers une augmentation des investissements ?
Parler des intentions des entreprises pour leurs futurs
investissements demeure un travail difficile, en effet, comme toute
spéculation les intentions varient que les buts soient définis
pour un avenir proche ou lointain. Il est vrai que selon la distance de la
projection, les facteurs sur lesquels se basent les entreprises pour
établir leurs prévisions ne sont plus les mêmes. Jusqu'ici,
on a pu identifier deux facteurs principaux qui influencent fortement les
possibles actions futures des entreprises : le rebondissement de
l'économie mondiale après la crise de 2008, et les intentions de
Pékin d'assouplir encore plus son contrôle sur les IDE chinois.
Selon une étude, la tendance globale des entreprises
chinoises est à une reprise modérée des investissements
à l'étranger. Cependant, cette reprise n'a pas la même
ampleur selon qu'elle se situe dans 12 mois ou dans 2 à 5 ans (voir
graphiques II.A.4 et II.A.5).
Graphique II.A.4 : Tendance des IDE chinois dans 12
mois
Augmentation modérée
Aucun investissement
Forte Augmentation
Niveau Original
Diminution
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45% 50%
1%
5%
21%
30%
43%
Graphique II.A.5: Tendance des IDE chinois à 2-5
ans
Augmentation modérée
Aucun investissement
Forte Augmentation
Niveau Original
Diminution
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60%
2%
9%
12%
28%
49%
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, d'après les graphiques (page
précédente), les intentions des entreprises chinoises concernant
leurs politiques d'investissement varient fortement qu'elles soient
définies pour dans un an ou pour dans deux à cinq
ans.
Si l'on regarde tout d'abord les intentions des
investissements des firmes chinoises à l'étranger d'ici un an,
pour une grande partie d'entres elles, elles n'ont aucun projet
d'investissement (43%). Elles sont par contre 56% à avoir
décidées d'investir durant la même période. On
constate quand même que 1% a décidé de diminuer leurs
investissements. Cependant, parmi les firmes chinoises qui ont
décidé d'investir à l'étranger, on ne peut manquer
de faire la différence entre celles qui maintiennent leur niveau
original d'IDE (30%) et celles qui ont décidé de l'augmenter
(26%). Ces chiffres permettent de voir que les conséquences de la crise
économique de 2008 sont loin de n'avoir plus d'effets, et ce,
malgré l'aide que le gouvernement chinois a mis en place afin de
soutenir les investissements chinois à l'étranger. Les
entreprises chinoises restent globalement prudentes face à la reprise
économique et attendent encore que la situation s'améliore pour
pouvoir investir à l'étranger. Le cas des entreprises chinoises
qui ont décidé d'augmenter leurs IDE d'ici 12 mois, fait
écho aux 20% d'entreprises chinoises qui jugent que la crise
économique fut une source d'opportunités pour elles (cf.
page.34). Il semblerait qu'elles soient alors plus nombreuses à
estimer cela en 2010 que durant le pic de la crise économique, ceci
permet de déceler un certain optimisme dans une frange réduite
des firmes multinationales chinoises.
Or, l'étude des intentions des investissements d'ici
deux à cinq ans montrent des tendances complètement
différentes. En effet, alors que les entreprises qui prévoyaient
de ne pas investir dans les 12 mois étaient de l'ordre de 43%, elles ne
sont plus que 28% quand on parle de projet de deux à cinq ans. Ceci ce
confirme aussi pour les entreprises qui désirent investir, elles passent
de 56% à 70%, dont 61% qui désirent augmenter leurs
investissements et 9% qui désirent maintenir leur niveau actuel
d'investissement. A l'inverse, le nombre d'entreprises souhaitant diminuer
leurs investissements passe de 1% à 2%. Au-delà de
l'évolution du nombre d'entreprises qui désirent investir, c'est
le rapport entre les entreprises qui maintiennent leurs niveaux
d'investissements et celles qui désirent augmenter leurs investissements
qui est intéressant à analyser. En effet, alors
que pour des projets à 12 mois, les intentions
étaient majoritairement tournées vers une stagnation des
investissements, ce rapport évolue largement en faveur d'une
augmentation des investissements pour des projets dans deux à cinq ans.
Deux raisons peuvent alors expliquer cette tendance à une augmentation
massive des IDE chinois d'ici deux à cinq ans. Tout d'abord, cela montre
que les firmes multinationales chinoises estiment que les effets de la crise
économique de 2008 ne se feront plus du tout sentir d'ici deux à
cinq ans. Or pourquoi une différence de trois années ? On peut
penser que selon les secteurs d'activité de l'entreprise, les effets
mettront plus ou moins de temps à totalement disparaître : deux
ans au minimum et cinq ans au maximum. De plus, ces chiffres datent d'une
étude de 2009/2010, cela voudrait donc dire que les entreprises
chinoises estiment que les derniers effets de la crise devraient
disparaître d'ici 2012 au minimum et 2015 au maximum, on pourrait
alors estimer que les tendances demeurent quand même assez pessimistes au
moment où certains économistes35 commencent à
parler pour cette même année 2010 d'une reprise de
l'activité économique dans de nombreux pays et d'une augmentation
du commerce international. La seconde raison pouvant alors expliquer cette
reprise de l'investissement, est la volonté du gouvernement chinois de
continuer les réformes autour de la procédure de contrôle
des IDE chinois afin s'assouplir cette dernière. Les entreprises
chinoises jugent, en effet, que cette procédure limite la taille des
apports de capitaux étrangers et ralentit les projets, des
défauts inacceptables dans un contexte de concurrence mondiale (voir
graphique II.A.6).
Graphique II.A.6 : Défauts assimilés
à la procédure d'évaluation des IDE chinois
Limitation des capitaux étrangers. Lenteur de la
procédure. Limitation de la taille des IDE. Coût
élevé de la procédure.
Procédure trop stricte d'évaluation de
l'origine des fonds.
17%
44%
24%
35%
58%
Source: The Foreign Investment Advisory System, the
International Finance Corporation, and the Multilateral Investment Guarantee
Agency.
35 L'actuel directeur général du Fond
Monétaire International (FMI), Dominique Gaston André
Strauss-Kahn estimait, en avril 2009, la reprise de l'économie mondiale
en 2010. Source AFP.
Nous pouvons ainsi voir les cinq défauts majeurs que
les entreprises chinoises reprochent à la procédure du PCC
d'évaluation des IDE chinois. En tête vient la limitation des
apports de capitaux étrangers, suivit de près par la lenteur de
la procédure et la limitation de la taille des IDE. Face à ces
défauts, le gouvernement chinois tente de répondre à ces
critiques par une augmentation de la souplesse de cette procédure voire
sa complète annulation dans certains cas. En effet, le gouvernement
pense rehausser les plafonds des investissements et permettre un plus grand
apport de capitaux étrangers. Des solutions tournent aussi autour de
sortir les entreprises les plus fragiles de ce processus afin de les encourager
à investir à l'étranger. Le but final saurait pour
Pékin d'être plus incitatif que proactif, et d'aider les
entreprises chinoises via un meilleur accès à l'information, et
une meilleure préparation, à l'intégration de
marchés locaux via les ambassades de la République Populaire de
Chine. En effet, plus que le gouvernement, les entreprises restent les plus
aptes à choisir leurs débouchées et s'auto
évaluer36. Or, malgré cette volonté
affichée de réforme, il semblerait hasardeux d'affirmer qu'elle
est à l'origine de l'augmentation des IDE chinois d'ici deux à
cinq ans. Il faut pour cela regarder les tendances d'évolution de
l'échelle des IDE chinois (graphique II.A.7).
Graphique II.A.7 : Echelle des projets d'IDE chinois
pour dans 2 à 5 ans
16%
6%
9%
36%
33%
Investissement inférieur à 1 million de
dollars
Investissement compris entre 1 et 5 millions de
dollars
Investissement compris entre 5 et 10 millions de
dollars
Investissement compris entre 10 et 100 millions de
dollars
Investissement supérieur à 100 millions de
dollars
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce graphique et sa comparaison avec le
précédent (cf.page.30) permet de mesurer les possibles
évolutions d'échelle des IDE chinois. On peut en effet remarquer,
que par rapport à aujourd'hui, les entreprises chinoises envisagent
d'augmenter les investissements supérieurs à un million de
dollars, au détriment des IDE
36 Comme toute réforme en préparation,
le gouvernement chinois reste très discret et n'avance pas de chiffres
officiels. Il semblerait qu'il faille attendre le prochain congre du PCC (le
XVIIIe) en 2012.
inférieurs à cette même somme. Par
exemple : les IDE supérieurs à 100 millions de dollars passent de
1% à 6%, à l'opposé, les IDE inférieurs à un
millions de dollars sont passés de 61% à 33%. Alors qu'à
l'heure actuelle, la première catégorie des IDE chinois sont les
investissements inférieurs à un million de dollars avec 61%, il
semblerait que la première catégorie dans deux à cinq ans
soit les investissements compris entre un et cinq millions de dollars, avec
36%. Ceci marque une augmentation significative de la taille des IDE chinois,
et peut s'expliquer, entre autres, par la fin des conséquences de la
crise économique. Or, cette augmentation de la taille des IDE peut aussi
s'expliquer par les possibles réformes à venir du processus
d'évaluation des IDE chinois par le PCC. En effet, n'oublions pas d'une
part que le PCC voudrait augmenter la part de capitaux étrangers dans
les IDE chinois, ce qui pourrait expliquer cette augmentation rapide la taille
des IDE chinois. D'autre part, le PCC entend assouplir la procédure
d'évaluation des IDE, ce qui vaudrait à une diminution des refus
et un allègement du coût total de traitement des dossiers, ceci
peut alors convaincre de nombreuses entreprises d'augmenter leurs
investissements ou bien de se lancer dans des investissements vers
l'étranger pour la première fois. Cependant, ceci ne reste que de
la spéculation, et il faudra attendre les réformes
proposées par le XVIIIe congrès du PCC en 2012, ainsi que de
nouveaux rapports pour infirmer ou confirmer les hypothèses
avancées précédemment.
De façon générale, l'analyse des IDE
chinois permet de comprendre la situation actuelle de l'investissement chinois
à l'étranger et les possibilités d'évolution. La
Chine fait face à de nombreuses difficultés qu'elle tente petit
à petit de surmonter, malgré certaines réticences pouvant
venir du gouvernement central de Pékin, qui entend garder le plus
longtemps possible la main sur les leviers de l'économie du pays. Ceci
n'empêche, les IDE chinois connaissent une progression fulgurante
malgré des difficultés récentes. Les firmes
multinationales chinoises ont su s'adapter à la crise économique
de 2008 et aux lourdes procédures administratives qu'imposent le PCC.
Les IDE semblent dans un avenir plus que proche devoir encore augmenter. Ceci
caractérise bien le mouvement que connaissent les firmes chinoises
depuis les années 2000, c'est-à-dire, une expansion bien que
récente qui n'en demeure pas moins rapide, même si elle reste
limitée.
B) Structure géographique :
Après l'étude des IDE chinois, il est
désormais intéressant de se pencher sur l'étude des
marchés visés par ces mêmes investissements. D'après
un rapport de l'OCDE, depuis 1999 la grande majorité des flux d'IDE
chinois sont dirigés vers les pays en voie de développement
(PED). De 2003 à 2006, les PED ont reçu 94,7% de ces flux, et en
2006, on a pu calculer que 95,3% du stock d'IDE chinois étaient
tournés vers les PED. Cependant, « où vont les entreprises
chinoises ? » reste une question pertinente, et pour mieux y
répondre il est important de classer les zones de destination des
investissements. On peut alors se permettre de diviser ces marchés en
trois groupes principaux ayant chacun leurs propres caractéristiques :
le marché asiatique et les pays limitrophes de la Chine (l'Asie
est la principale zone d'implantation des firmes multinationales chinoises),
le marché africain (un marché en forte progression
où se mélange IDE et aides au développement), et le
marché européen et nord-américain (un marché
pas si tardif, mais qui récemment connaît une forte progression
avec l'installation des plus puissantes firmes chinoises).
a) L'Asie et les pays limitrophes à la Chine : un
marché prépondérant :
Aujourd'hui, l'Asie représente la première
destination des investissements des entreprises chinoises. Ceci semble logique
à cause de la proximité géographique, que l'Asie ait
été la première zone d'implantation des entreprises
chinoises et qu'elle soit encore à l'heure actuelle la principale
destination des IDE chinois, or cela n'est pas le cas. D'après une
enquête, sur 344 entreprises chinoises ayant investi à
l'étranger, pour 49% d'entre elles, l'Asie fut la zone ciblée. On
peut donc s'apercevoir que cette zone est bien la principale cible des
investissements chinois. Cependant, les investissements chinois dans cette zone
n'ont vraiment commencé que vers les années 1991 et pas avant.
Cependant, depuis cette époque les investissements chinois se sont
surtout concentrés sur cette partie du monde avec en moyenne 47% des
flux d'IDE de 2003 à 2006. Si l'on réfléchit en terme de
stocks d'IDE, c'est 64% de ces derniers que l'Asie a concentrée,
divisée entre quatre principaux pays (graphique IiB.1, voir page
suivante). L'analyse de ce graphique permet de constater le poids
gigantesque de Hong Kong face aux autres
pays d'Asie, pouvant s'explique facilement par les liens
étroits qui unissent les deux pays (cf. encadré sur Hong
Kong). Les trois autres pays qui attirent majoritairement les
investissements chinois restent la Corée du Sud (2%), Macao (1.3%) et
Singapour (1%). La Corée du Sud et Macao sont des pays limitrophes de la
Chine, même s'il est important de faire la différence entre les
deux.
Graphique II.B.1 : Principales zones d'investissement
en Asie
Autres
Singapour
Macao
Corée du Sud
Hong Kong
1%
1,30%
2%
7,70%
88%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Source : OCDE
En effet, Macao (cf. encadré sur Macao, voir page
suivante), comme Hong Kong, entretient une relation particulière
avec la Chine continentale et permet d'expliquer le fort taux d'investissement
chez eux, la situation de la Corée du Sud quand à elle peut
s'expliquer par différents facteurs que sont : une situation
géographique très proche, une forte communauté
coréenne présente en Chine (particulièrement en Chine du
Nord), un marché en expansion, des intérêts
technologiques... Singapour quand à elle est une zone riche,
prospère, et peuplée à 85% de chinois. Le poids de
la diaspora chinoise (et l'unité de la langue) permet d'expliquer aussi
l'attrait de ce territoire relativement proche et qui propose de nombreuses
opportunités (infrastructures portuaires, place
financière,...).
HONG KONG
L'histoire moderne de Hong Kong (\u-26215çç` :
xiâng g?ng) commence en 1842 après le traité de
Nankin qui cède ce territoire à la couronne britannique. Ce
dernier va s'élargir petit à petit après la seconde guerre
de l'opium (1856-1858), et la signature d'un bail de 99 ans pour les «
Nouveaux Territoires » en 1898 : la superficie totale de l'archipel
atteint 1100 km2. En 1949, le PCC qui vient d'accéder au
pouvoir tolère la présence
|
|
britannique, et s'assure en premier d'unifier la Chine
continentale. Il faudra attendre le 1er juillet 1997 pour que la
totalité de Hong Kong soit rétrocédée à la
République Populaire de Chine, et accède dès lors au titre
de Région Administrative Spéciale (RAS) pour au minimum 50 ans.
Ce régime fut crée à l'initiative du président Deng
Xiaoping qui voulait : « Un pays, deux systèmes », et permet
à Hong Kong de conserver une autonomie politique, juridique, et surtout
économique. Aujourd'hui, Hong Kong dispose de sa propre monnaie (le Hong
Kong dollar) et est la troisième place financière mondiale
(Même si le siège social fut transféré à
Londres en 1997, les bureaux du PDG de la banque HSBC (Hong Kong Shanghai
Banking Corporation, deuxième banque mondiale) demeurent à
Hong Kong). Cette indépendance économique se traduit aussi avec
une autonomie sur le plan douanier, ainsi que sur la gestion des
réserves de change. Hong Kong permit aussi d'amener une
expérience capitaliste à la Chine et en particulier aux zones
économiques spéciales, avec de forts investissements sur ces
territoires.37
MACAO
La colonisation de Macao (\u28595àS? : ào
mén) par les Portugais commença en 1553, avant une
reconnaissance officielle par la Chine de la souveraineté du Portugal
sur cet archipel en 1862 avec le traité de Tianjin. Comme pour Hong
Kong, le PCC en 1949 tolère la présence portugaise et maintient
le statu quo. Le 20 décembre 1999 Macao passe à nouveau
sous souveraineté chinoise et obtient le statut de RAS. L'archipel est
surtout connu pour ses casinos et son industrie du jeu, cependant des efforts
sont fais par les autorités locales afin de moins dépendre de
cette industrie et de développer d'autres activités du secteur
tertiaire. Récemment, Macao connaît une prospérité
nouvelle, en effet, à peine une heure de ferry la sépare de Hong
Kong. De nombreux hongkongais ont depuis les années 2000 commencé
à investir et à s'installer dans cet archipel jugé moins
pollué, et plus prospère aux affaires.38
|
|
Or, si l'on regarde de plus près ce graphique, on
s'aperçoit que 7,7% des investissements fais en Asie vont ailleurs que
dans ces quatre destinations principales.
37 Françoise LEMOINE, Op. cit., p.96.
38 Ming K. CHAN et Shiu-hing LO, Historical
Dictionary of the Hong Kong SAR and the Macao SAR, 2006, Scarecrow Press,
Lanham Md.
D'autres territoires intéressent les IDE chinois,
comme : les pays d'Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan,...), l'Inde,
et les pays membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN)
et en particulier le cas du Vietnam. Taiwan reste quand à elle un
territoire spécial, les procédures d'évaluation des IDE
font cas à part de cette île qui connaît
régulièrement de fortes tensions avec le PCC39.
L'Asie centrale est depuis au moins cinq ans devenu une zone
importante pour Pékin qui y voit un intérêt à
développer des relations commerciales avec ces pays limitrophes, qui
bordent de plus une région très instable en Chine : le Xinjiang
(\u26032êVOE : Xînjiâng)40. En
Décembre 2009, La Chine organisa une table ronde avec le Kazakhstan afin
d'améliorer les relations bilatérales des deux pays et de pousser
plus loin la coopération économique. Le gouvernement central
chinois est surtout intéressé par les réserves en
hydrocarbure de la région afin de pouvoir s'émanciper du
pétrole transporté par voie maritime. En 2005, 988km de pipeline
ont été inaugurés entre les deux pays et devaient
permettre d'acheminer en Chine trois millions de baril par jour pour 2015. En
2009, l'entreprise pétrolière chinoise Petrochina Co
acheta 50% de l'entreprise Kazakhe Ao Mangistaumunaigas, on
estimait alors que l'entreprise possédait six milliards de barils de
pétrole en réserve. En 2008, la Chine est devenue le
troisième partenaire commercial du Kazakhstan avec un accroissement des
échanges commerciaux de 27%. Des accords se mettent aussi en place en
parallèle avec l'Ouzbékistan et le Turkménistan afin de
mettre la main sur d'autres champs pétroliers, afin de pouvoir maintenir
le développement soutenu du pays. De plus, ces accords se
réalisent avec l'aval de la Russie, qui voit dans l'Asie centrale une
zone stratégique pour elle-même41. Ces deux pays
travaillent ensemble au sein de l'Organisation de Coopération de
Shanghai (OCS), qui regroupe en plus de ces deux pays le Kazakhstan,
l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, et le Kirghizstan (voir
encadré page suivante). Cependant, les échanges commerciaux
restent largement limités au secteur énergétique et
d'extraction de pétrole. L'Asie centrale bien qu'importante sur un plan
politique, reste économiquement pour la Chine des partenaires
secondaires face à d'autres comme : l'Inde ou les pays membres de
l'ASEAN.
39 Pékin ne reconnaît pas le statut
actuel de Taiwan et exige son retour dans le giron de la Chine continentale au
sein des RAS.
40 Le Xinjiang ou la région autonome
Ouïghour du Xinjiang connaît régulièrement des
troubles à cause d'un grave sous-développement économique
et des problèmes culturels. Cette région reste stratégique
pour la Chine, car elle représente 1/6 de la superficie totale de la
Chine et possède une frontière commune avec huit pays
différents.
41 Boris Eisenbaum, Guerres en Asie
centrale, Paris, 2005, Edition Grasset.
ORGANISATION DE COOPERATION DE
SHANGHAI
L'OCS (#177;\u28023Cçf'ftR : shànghai
hézuò zuzhî) est un organisme international qui
regroupe : la Chine, la Russie, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, la
Tadjikistan et le Kirghizstan. Cette organisation créée
après la signature d'un traité en 2001 fait suite à une
coopération officieuse de ces Etats afin de garantir les
frontières des pays après la chute de l'URSS en 1991. Pour la
Chine, l'enjeu était à l'époque de limiter l'influence du
Kazakhstan et du Kirghizstan sur la province autonome du Xinjiang. Les buts
affichés sont de renforcer la coopération des Etats membres (sur
le plan : politique, économique, scientifique, et culturel), d'assurer
la stabilité de la région et sa sécurité, et de
permettre la création d'un nouvel ordre politique et économique
mondial (juste et démocratique). Il est surtout intéressant de
constater qu'à l'heure actuelle, cette organisation regroupe 20% des
ressources mondiales de pétrole, 38% des ressources de gaz naturel, 40%
de charbon et 50% des ressources d'uranium. Cette organisation possède
deux structures permanentes qui sont : le secrétariat à
Pékin, et la Structure anti-terroriste régionale à
Tachkent. Aujourd'hui, les propositions d'adhésion de l'Inde et de
l'Iran sont à l'étude.
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L'Inde est aussi un partenaire économique grandissant
de la Chine depuis 2008. En effet, le commerce bilatéral atteignait en
2008 51 milliards de dollars, ce qui représentait une augmentation de
34% par rapport à 2007. Cependant, en 2009, le commerce bilatéral
n'atteignit que 43,4 milliards de dollars. Les relations commerciales n'ont
cessé de se nouer depuis 2008 avec la visite du premier ministre indien
Manmohan Singh en Chine, avec en parallèle une lutte Chine/Inde sur les
marchés mondiaux via les firmes multinationales. Les importations
indiennes de produits chinois représentaient durant la même
année, 11,1% des importations totales du pays, les exportations vers la
Chine étaient, quand à elles, de 9,3%. L'Inde reste un rival
important à la Chine, surtout que le pays à la différence
de « l'Empire du Milieu », s'est développé
dans les produits innovants (logiciels informatiques...) et que
l'évolution démographique joue en sa faveur42.
Cependant d'autres facteurs sont à l'avantage de la Chine comme : un
meilleure éducation de sa population, un nombre de personnes vivant sous
le seuil de pauvreté plus
42 Selon l'Organisation des Nations Unies (ONU), la
population indienne devrait dépasser la chinoise à l'horizon
2030.
bas...43. Actuellement la Chine conserve une
avance ce qui lui permet de moins dépendre de l'Inde, mais l'inverse
n'est pas forcement vrai, en effet, le déficit commercial indien
s'accentue avec 11,2 milliards de dollars en 2008 et 16 milliards en 2009, la
Chine dès lors devrait quand même, bien avant l'Inde,
dépasser les Etats-Unis sur la plan économique. Les firmes
multinationales chinoises qui s'installent actuellement en Inde sont surtout
des entreprises de télécommunication comme Huawei ou
China Mobile44, et des entreprises informatiques comme
Lenovo, ces dernières profitent sur place de l'avance
technologique indienne et d'un marché en plein essor (surtout pour les
abonnements mobiles et les réseaux téléphoniques).
L'ASEAN qui fut fondé en 1967 regroupe actuellement
dix pays qui sont : L'Indonésie, la Malaisie, les Philippines,
Singapour, la Thaïlande, le Brunei, le Vietnam, le Laos, le
Myanmar45, et le Cambodge. Cette organisation politique et
économique a vu ses relations s'améliorer avec la Chine, le
Japon, et la Corée du Sud depuis 1995 avec la création de
l'ASEAN+3. Avec la Chine, les relations ont particulièrement pris
un nouveau tournant à partir du 31 décembre 2009, avec la mise en
place d'une zone de libre échange entre : l'Indonésie, la
Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et Brunei (le Laos, le
Cambodge, le Vietnam et le Myanmar devant rejoindre cette zone de libre
échange à l'horizon 2015) et qui regroupe au final 1,7 milliards
de personnes. En effet, l'étude des chiffres montre que le poids
économique de l'ASEAN est important pour la Chine et devrait dans un
avenir très proche en prendre encore plus. En 2007, le PIB cumulé
de l'ASEAN atteignait 876 milliards de dollars et un volume global
d'échanges de 850 milliards de dollars, avec de janvier à octobre
2005, un volume des échanges commerciaux qui s'élevait à
129,91 milliards de dollars avec la Chine, soit 23% de plus qu'en 2004 sur la
même période de temps46. L'établissement de
cette zone de libre échange, qui prenait exemple sur
l'européenne, amena à une suppression des droits de douane sur
90% des échanges commerciaux, pour favoriser les relations entre les
pays concernés. En 2010, on estimait que le volume commercial
était de 4 500 milliards de
43 Françoise LEMOINE, L'économie de
la Chine, Paris, 2006, Collection REPERES, quatrième
édition, Editions La Découverte, 125 pages, p.17.
44 En 2010, China Mobile devait compter 500 millions
d'abonnés mobiles en Inde, selon une étude faite par Informa
Telecoms Media.
45 Anciennement dénommé Birmanie, la
pays changea de nom le 18 juin 1989. De nombreux pays anglophones, ainsi que la
Thaïlande et la France utilisent cependant encore, de façon
officielle, la dénomination Birmanie.
46 Source : Bureau National des Statistiques de Chine
(4 A\u27665-*U\u22269çç%oÆ??\u23616Ç :
Zhônghuá rénmín
gònghéguóguójiâ
tongjìjú). Années 2005/2007.
dollars, et cela grâce à un passage des droits
de douane du côté chinois de 9,8% à 0,1% et du
côté de l'ASEAN de 12,8% à 0,6%. L'intérêt des
pays d'Asie du Sud-est est de pouvoir accéder plus facilement au
marché chinois, même si au contraire cela a permis aux firmes
multinationales chinoises de pouvoir en même temps plus facilement
accéder aux marchés respectifs des pays co-signataires. Les
entreprises chinoises étaient fortement intéressées par la
production locale de Caoutchouc et une main d'oeuvre meilleure marché
que la chinoise, ils se sont mis, à leur tour, après le Japon, la
Corée du Sud, et Taiwan, à appliquer le modèle du vol
d'oies sauvages (voir encadré).
Modèle du vol d'oies
sauvages47
Ce modèle de développement économique fut
inventé en 1937 par le Japonais Kaname Akamatsu et
complété en 1982 par Shinohara. Il se divise en trois phases :
· Le pays importe un produit de faible technicité
afin d'alimenter le marché national, tout en étudiant la
conception de ce dernier.
· Le pays après avoir compris la conception du
produit, remplace les importations par une production nationale. Il se met
dès lors, à alimenter le marché national et même
à exporter aux pays voisins.
· A cause de l'amélioration économique du
pays et de l'augmentation des salaires, la production n'est plus aussi rentable
et le produit est abandonné pour un autre à plus haute valeur
ajoutée. Or, au lieu d'un simple abandon de la production du produit on
assiste, en réalité, à une délocalisation de la
production de ce dernier vers des pays voisins où la main d'oeuvre est
meilleure marchée.
|
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Le Vietnam occupe au sein de l'ASEAN une place
particulière. En effet, ce pays accueillit selon une étude de
2010 portant sur 344 entreprises chinoises, 6% de ces
dernières48. Ceci classe le Vietnam dans les dix pays qui
attirent le plus les IDE chinois, et ce, depuis deux années
consécutives. Or, la Chine en même temps qu'une
opportunité, se révèle comme une menace pour ces pays. Ces
derniers craignent, en effet, que la Chine
47Evelyne DOURILLE-FEER, L'économie du
Japon, Paris, 2005, Collection REPERES, Editions La Découverte.
48 Survey on current conditions and intention
of outbound investment by Chinese enterprises, April 2010, by the China
Council for the Promotion of International Trade, the European Commission, and
the United Nations Conference on Trade and Development (UNCTAD).
n'use de son poids afin de mieux les contrôler, et des
actions révèlent ces inquiétudes. Par exemple, la Laos qui
est devenu en 2010 le prochain pays à accueillir les Jeux asiatiques du
Sud-est, s'est vu offrir l'aide de la Chine pour construire un nouveau stade en
échange d'un bail de 50 ans sur 1600 hectares à la
périphérie de la capitale Vientiane à l'entreprise
Suzhou Industrial Park Overseas Investment Co. Cet acte entraîna
des protestations du peuple laotien en sachant que la construction de cette
infrastructure serait faite pas des ouvriers chinois.
Cependant, même si en stock l'Asie reste la
première zone d'investissement des firmes multinationales chinoises, en
terme de flux, l'Asie perdit la première place face à
l'Amérique Latine et les Caraïbes (voir graphique II.B.2).
Ceci est confirmé par les intentions des entreprises chinoises, qui ne
sont plus que 36% à vouloir investir en Asie dans un futur proche.
Graphique II.B.2 : Partage des flux d'IDE chinois
entre 2005 et 2006
60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
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2005 2006
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Amerique Latine et Caraïbes Asie
Autres destinations
Source : OCDE
La majorité des investissements chinois (97% selon
l'OCDE) destinés à l'Amérique Latine et aux Caraïbes
durant la période s'étendant de 2003 à 2006 visait des
placements offshore : Les Bahamas, Les Îles Vierges
Britanniques, et les Îles Caïmans. En effet, à la
différence de l'Asie, les investissements sont foncièrement plus
« spéculatifs » que destinés à l'économie
réelle et ne peuvent montrer une implantation d'entreprises chinoises
dans cette région. De plus, la crise de 2008 eu comme conséquence
de diminuer ces flux, confirmant l'hypothèse de la spéculation,
cependant ces derniers se tournent de plus en plus vers des investissements
industriels comme les
agrocarburants au Brésil49. A la fin de
l'année 2006, la proportion de l'Amérique Latine occupait
cependant, 26,3% du stock total d'IDE chinois.
L'Asie est donc encore aujourd'hui la première
destination d'implantation des firmes multinationales chinoises, même si
son poids tend à diminuer face à la montée de
l'Amérique Latine et des Caraïbes. Or d'autres destinations
intéressent aussi les entreprises chinoises comme l'Afrique,
l'Amérique du Nord et l'Europe.
b) L'Afrique, un marché original et en expansion :
L'Afrique, depuis les années 2000, occupe une place de
plus en plus prépondérante au sein des investissements chinois.
Les relations sino-africaines existent depuis les années 1950 mais sont
restées strictement politiques et non vraiment pris qu'une direction
économique vers la fin des années 1990. Ces relations se sont par
la suite accélérées, et l'année 2006, marque une
étape cruciale dans ces relations : la Chine devient le deuxième
partenaire de l'Afrique avec 500 millions de dollars d'échanges, devant
la France. En octobre 2000, s'est tenu le premier sommet du forum sur la
coopération sino-africaine
(\u20013'»ñççì?? : Zhông
Fçi hézuò lùntán), qui a permis de
développer les relations économiques entre Pékin et les
grands pays africains (voir encadré sur le forum sur la
coopération sino-africaine).
Forum sur la coopération
sino-africaine
Le forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) se
tient tous les trois ans depuis octobre 2000. Le but de ce forum est de
permettre d'accroître les relations économiques et politiques
entre la Chine et les pays africains. L'année 2006 marque le
dépassement de la France par la Chine, en terme d'échanges
commerciaux, et permet de considérer que ce forum est, dès lors,
plus important que les sommets France-Afrique. Ce forum occupe une place
stratégique vitale pour Pékin qui entend augmenter dans l'avenir
ses relations avec le continent.50
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49
http://www.amisdelaterre.org/geopolitique-des-agrocarburants.html
(le 1 mars 2011).
50 Source provenant du site Web officiel du FCSA :
http://french.focacsummit.org/focacsummit/
(le 1 mars 2011).
Cependant, même si les flux d'IDE chinois sont
importants (voir graphique II.B.3), les stocks chinois restent quand
à eux très faibles par rapport aux autres partenaires
traditionnels de l'Afrique, et ne représentaient en 2006 que 1% du
total. Le Royaume-Uni occupait quand à elle la première place
avec 16,6%, les Etats-Unis d'Amérique avec 9,2% la deuxième
place, la troisième place à la France avec 7,6%, l'Espagne
(5,6%), et les Pays-Bas (4,9%).
Graphique II.B.3 : Flux d'IDE chinois vers l'Afrique
de 1991 à 2006 (En millions de dollars)
400
200
600
500
300
100
0
1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2002 2003 2004 2005 2006
Source : Ministère du Commerce de la République
Populaire de Chine.
L'analyse de graphique permet de confirmer deux choses : le
début du décollage des investissements chinois commença
à partir de la fin des années 1990 et le forum de
coopération sino-africain joua un rôle important dans le
développement des relations commerciales (sommets de 2000,2003, 2006,
2009, et 2012 à venir).
La majeure partie des entreprises qui investissent, est
privée et quelques une à peine sont des entreprises d'Etat. En
effet, sur 750 à 800 entreprises chinoises qui investissent en Afrique,
à peine 100 d'entres elles sont des entreprises d'Etat, et le reste
compte majoritairement des Petites et Moyennes Entreprises (PME). Ceci permet
alors d'appréhender les investissements des entreprises en Afrique, en
effet, les PME chinoises réalisent des projets de petits montants,
tandis que, les entreprises d'Etat quand à elles réalisent des
projets avec de très gros montants (projets de voies ferrées, de
génies civils,
et de réseaux de
télécommunication...51). Il est important de noter que
le FCSA, a permis d'aider les PME chinoises à s'installer, et est l'une
des caractéristiques du marché africain. Les entreprises d'Etat,
quand à elles, sont présentes depuis longtemps et
répondent à des intérêts politiques.
L'autre caractéristique du marché africain qui
le rend original est : le mélange d'IDE et d'Aides au
Développement. De 1960 à 1989, les aides au développement
de la Chine atteignent la somme de 4,7 milliards de dollars (soit la
moitié de la totalité des aides au développement
reçus par l'Afrique durant cette même période). Alors
qu'à la base, ces aides avaient été mises en place afin
d'obtenir des soutiens diplomatiques, ces dernières ont
évolué afin de se coordonner avec les IDE chinois. En effet,
selon les professeurs Deborah Brautigam52 et Duncan
Freeman53, les aides au développement chinois visent à
s'assurer des soutiens politiques afin d'obtenir un accès
privilégié aux ressources naturelles des pays et aux divers
marchés du continent. Ces aides ont aussi été mises en
place afin de permettre le développement de l'agriculture en Afrique via
une acquisition de terres, cependant la production est majoritairement
destinée à la Chine et non aux locaux, de plus certaines
exploitations visent à la production de biocarburants. Les aides au
développement chinois cachent, en effet, des intérêts
économiques jugés stratégiques par Pékin. Ces aides
permettent aussi de mieux faire passer les investissements au près des
locaux, en effet, les entreprises chinoises jouissent d'une mauvaise
réputation, en particulier pour les secteurs miniers et de l'industrie
lourde. Ces aides sont aussi réalisées par des entreprises, via
des contrats, qui les poussent à investir sous des formes de branches,
de filiales, de joint-ventures... Cependant, ce mélange n'est pas
accepté par tout le monde et certains pays africains ont peur
qu'à travers ces aides au développement, la Chine tente de
s'immiscer dans les affaires internes du pays. D'autres pays, quand à
eux, voient dans ce « mariage » un non respect de la
concurrence et une aide inacceptable du PCC à ces entreprises.
Les investissements chinois se concentrent sur 48 pays, dont
cinq en particuliers (si l'on regarde sous l'angle des stocks) :
l'Algérie, le Niger, l'Afrique du Sud, le Soudan,
51 China's Outward Direct Investment: chapter
3, OECD Investment Policy Reviews: China 2008, OECD 2008.
52 Professeur à la School of International
Service, American University.
53 Chercheur à l'Institut d'études
contemporaines chinoises de Bruxelles.
et la Zambie. Ces derniers regroupaient, rien qu'à
eux, 54,6% du stock total des IDE chinois en 2006. Le Soudan rentra quand
à lui en terme de stock, comme la 9e destination mondiale
préférée des investissements chinois en 2006 (voir
graphique II.B.4).
Graphique II.B.4 : Pays africains qui reçoivent
le plus de Stocks d'IDE chinois
600
400
300
200
500
100
0
Soudan Zambie Algérie Niger Afrique
du Sud
Tanzanie Egypte Ethiopie Congo Guinée
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
En terme de flux, les pays recevant le plus d'investissements
chinois en 2006 restent plus ou moins les mêmes (Soudan, Zambie,
Algérie, Afrique du Sud). Les 5 destinations
préférées en monopolisent plus des trois quarts. En fait,
la Chine a globalement investi dans des destinations qui ont été
évitées par les firmes multinationales étrangères,
et en particulier occidentales, comme le Soudan, l'Angola, et la Zambie. Par
exemple, en 2002, la Chine investit en Angola (après 27 ans de guerres
civiles) et aida à la reconstruction du pays, ceci permit alors à
la SINOPEC d'acquérir 50% de Sonangol54. En
2006, ce rapprochement poussa à la création d'une joint-venture :
Sinangol-SINOPEC International, afin de pouvoir à partir de
l'Angola investir vers d'autres destinations proches du pays. Des
investissements similaires ont eu lieu en 2006 au Soudan, et en particulier
dans la zone du Darfour, ainsi qu'au Zimbabwe alors que d'autres firmes
multinationales avaient été découragées par
l'action d'Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui militent pour
les Droits de l'Homme. Ces investissements sont fortement critiqués par
les puissances étrangères, mais la Chine répond que sans
aides, on ne peut permettre le développement. En réalité,
le pays profite de l'absence de concurrence pour s'implanter au meilleur
coût, et prendre une avance sur les autres pays. Sur un plan politique la
Chine joue la carte des « pays non démocratiques »,
en effet,
54 Entreprise pétrolière d'Etat
angolaise.
l'absence de démocratie est la critique principale
faite au pays et utilise cette critique comme un argument positif : « on
peut être non démocratique, mais réussir quand même
»55. Cette critique commune pousse, certains pays africains,
à se jeter dans les bras de la Chine qui montre qu'un pays peut se
développer, malgré une absence de régime
démocratique.
Dans l'avenir, le marché africain risque de devenir
l'un des principaux marchés de la Chine et où de nombreuses
firmes multinationales chinoises s'installent. Le PCC parie sur une progression
suffisante de ce dernier pour devenir un marché de consommation à
très gros potentiel. Cependant, malgré la réussite
à l'heure actuelle de la Chine, le continent reste encore perplexe face
à ce nouvel arrivant et n'est pas encore prêt à tourner le
dos définitivement aux investisseurs traditionnels comme la France. De
plus, des échos négatifs liés à l'implantation de
firmes multinationales chinoises commencent à se faire entendre.
L'exemple de la mine de Chambishi (cf.page.22) reste
célèbre et présente la Chine comme un investisseur qui
peut être parfois sans scrupule, et qui par ailleurs, embauche en Afrique
majoritairement des chinois et non des locaux, ce qui pousse certains pays
comme l'Algérie à obliger chaque entreprises du bâtiment
chinoises à embaucher au minimum 20% de salariés
algériens56.
c) L'Amérique du Nord et l'Europe, un marché
plus tardif ?
Les pays occidentaux sont souvent décris, par la
presse, comme le nouveau lieu d'investissement et d'installation des firmes
multinationales chinoises, cependant l'étude des IDE chinois peut
prouver l'erreur partielle de cette affirmation57. Il peut aussi
sembler logique à première vue de réunir dans une
même catégorie, des pays développés, les
marchés nord américains et européens. Or, le
réflexe ne doit pas être aussi naturel, en effet, les
différences entre les Etats-Unis, le Canada, les Bahamas, les Bermudes,
les Îles Caïmans, Cuba, la République Dominicaine,
Haïti, Dominique, la Jamaïque, le Mexique, et Antigua et Barbuda sont
bien réelles : les deux premiers pays sont respectivement
55 Pan WEI, Le modèle chinois : une
lecture de soixante ans de République populaire, Pékin,
2009, Editions Zhongyang Bianyi Chubanshe.
56
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20090812175902/petrole-chine-commerce-cooperationrien-neva-plus-pour-les-chinois-d-algerie.html
(le 1 mars 2011).
57
http://www.presseurop.eu/fr/content/article/354501-faut-il-avoir-peur-de-la-chine
(le 1 mars 2011).
classés première et onzième puissance
mondiale en 2009 58 , ont des monnaies différentes... Pour
l'Europe, les différences sont encore plus grandes avec d'un
côté les pays de l'Europe de l'Ouest (Royaume-Uni, Allemagne,
France, Belgique...) et de l'Est (Pologne, Ukraine, Russie...), ainsi qu'entre
les pays membres de l'Union Européenne, ceux qui postulent à
l'adhésion, et ceux qui s'y refusent. Pouvoir parler des entreprises
chinoises s'installant dans ces marchés respectifs, c'est d'abord
distinguer ces derniers et leurs caractéristiques spécifiques.
Tout d'abord, le marché nord américain n'est
pas une destination récente des investissements chinois, bien au
contraire, il est avec l'Océanie le tout premier lieu à avoir
reçu les premiers IDE chinois en 1979. Ces derniers regroupaient 80% des
flux chinois de 1979 à 1991, mais ils restaient, en valeurs absolues,
très faibles et n'excédaient jamais un milliard de dollars par
an. La majorité de ces investissements étaient de plus
effectués par des entreprises d'Etat sans expériences qui
hésitaient encore à s'aventurer sur les marchés
extérieurs. Cette inexpérience, plus qu'un défaut, est la
cause du choix du marché nord-américain et Océanique.
L'Océanie était proche et plus développée que la
Chine, et l'Amérique du Nord, quand à elle, était un
marché très actif et ouvert aux capitaux étrangers. Dans
les deux cas, le placement était sur et ne comportait aucun risque
majeur à l'époque. Cette absence de risque permet de comprendre
cette décision de venir très tôt s'installer sur ces
marchés. Or, à près 1991, les entreprises chinoises se
sont détournées de ces marchés pour pouvoir se recentrer
sur de nouvelles destinations comme l'Asie, il faudra attendre alors 2003 pour
voir ces derniers regarder de nouveau vers le marché originel.
En 2010, parmi les entreprises qui ont investi en
Amérique du Nord, la majorité a investi ni aux Etats-Unis, ni au
Canada, et ont préféré d'autres destinations comme les
Bahamas, le Mexique... (Voir graphique II.B.5, voir page suivante).
58 Classement provenant du Fond Monétaire
International (FMI), sur une base de calcule du Produit Intérieur Brut
(PIB). World Economic Outlook Database d'avril 2010.
Graphique II.B.5 : Destinations des investissements
des FMN chinoises en Amérique du Nord
10%
Etats-Unis
Canada
Etats-Unis et Canada Autres destinations
5%
53%
32%
Source: Source: China council for the promotion of
international trade.
Cependant, même si la majorité des entreprises
chinoises qui investissent en Amérique du Nord choisit une autre
destination que celle des Etats-Unis et du Canada (53%), ces deux derniers pays
regroupent 47% des autres investissements. Plus clairement, sur douze pays qui
composent l'Amérique du Nord, dix d'entre eux se partagent 53% des
investissements chinois, tandis que les deux autres s'en partagent 47%. Ainsi
les Etats-Unis et le Canada reçoivent de plus gros montants, et les
autres pays doivent se partager à plusieurs, une somme qui est pourtant
plus importante. Dans ces autres pays, les Bahamas, les Îles
Caïmans, et le Mexique occupent une place importante. Les Bahamas et les
Îles Cayman ont une place particulière en tant que paradis
fiscaux59 et attirent de nombreux flux d'IDE au
détriment de l'Asie (cf. pages.54/55). Le Mexique, quand
à lui, est classé quatorzième puissance mondiale, et la
Chine depuis la visite de son ministre des affaires étrangères
Yang Jiechi en 2010, a décidé d'accélérer
l'établissement de relations économiques avec cette puissance
montante qui pour avantage, de disposer d'une main d'oeuvre qualifiée et
de bon marché, et d'une frontière commune avec les Etats-Unis.
D'après une étude sur les entreprises ayant
investis en Amérique du Nord durant l'année 2009/2010, la grande
majorité d'entre elles sont satisfaites de leurs investissements
(voir graphique II.B.6, voir page suivante).
59 Les paradis fiscaux sont des territoires qui
disposent d'une fiscalité très basse en comparaison des pays
développés. Christian CHAVAGNEUX et Ronen PALAN, Les paradis
fiscaux, Paris, 2007, Collection REPERES, Editions La
Découverte.
Graphique II.B.6: Degré de satisfaction des
investissements en Amérique du Nord
12%
3%
17%
8%
60%
Très satisfaits Assez satisfaits Plutôt
déçus Très déçus Sans avis
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, 68% d'entre elles estiment être satisfaites
de leurs investissements, contre 15% qui sont déçues. Cette
majorité écrasante de satisfaction montre l'intérêt
que le marché nord américain peut avoir pour les firmes
chinoises, qui estiment avoir reçues un bon retour sur investissement.
Il est aussi intéressant de noter que 17% des firmes multinationales
chinoises sont sans avis, pour la simple raison qu'elles jugent que leurs
investissements sont encore trop récents pour pouvoir se prononcer sur
un quelconque degré de satisfaction. Ceci prouve que le marché
nord américain a bel et bien attiré de nombreux investissements
récemment (2003/2006), et peut faire preuve du dynamisme de ce
dernier.
Les raisons de satisfaction sont nombreuses, même si
elles n'empêchent pas l'existence de problèmes pouvant
décourager de nombreuses firmes chinoises à venir investir sur ce
marché. Du point de vue des aspects positifs, les entreprises chinoises
définissent trois grands critères positifs au marché nord
américain : la facilité d'entrer sur ce marché (83% des
entreprises sont d'accord sur ce point), la facilité pour s'agrandir et
prospérer (75%), et la présence de services recherchés par
les entreprises (69%). Il en existe bien d'autres, mais ces trois derniers sont
les seuls à recevoir un tel consensus des firmes chinoises. Le
marché nord américain semble donc facile d'accès et
prospère pour les entreprises qui souhaitent s'y installer, et sont des
qualités primordiales pouvant expliquer le haut degré de
satisfaction que rencontre ce marché pourtant très
hétérogène. Cependant d'autres critères, qui
auraient pu expliquer aussi cette satisfaction, ne sont pas relevés par
les firmes chinoises comme des critères principaux de satisfaction, tel
que :
l'accès à des technologies, l'accès aux
énergies et ressources naturelles, les efforts des gouvernements locaux
pour attirer des entreprises chinoises... (Voir tableau II.B.1).
Graphique II.B.1 : Tableau d'évaluation du
marché nord américain
Evaluation du marché
nord américain
|
Pourcentage d'approbation
|
Présence de services recherchés par
les entreprises
|
69%
|
Coûts d'exercice de l'activité sur
le marché nord américain sont plus bas que dans les autres
pays développés
|
51%
|
Facilité pour s'agrandir et prospérer
|
75%
|
Accès aux énergies et
ressources naturelles
|
51%
|
L'accès à des technologies
nécessaires pour l'activité de l'entreprise
|
60%
|
Facilité d'entrer sur le marché
|
83%
|
Efforts des gouvernements locaux pour attirer les
entreprises chinoises
|
52%
|
L'Amérique Nord est l'une des régions qui
possède globalement un meilleur niveau de vie
|
66%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, les politiques mises en place afin d'attirer
spécifiquement les entreprises chinoises ne rencontrent pas
d'échos particuliers (pour seulement 52% d'entre elles), et
l'accès aux énergies et ressources naturelles n'ont un
intérêt que pour 51% d'entre elles. A contrario, le meilleur
niveau de vie global du marché nord américain trouve un
intérêt pour 66% des entreprises chinoises présentes sur ce
marché. Niveau de vie d'ailleurs en pleine expansion pour des pays comme
le Mexique, qui a vu son Indice de Développement Humain (IDH) progresser
de 23% entre 1975 et 2007.
Cependant, malgré les qualités
présentées ci-dessus, le marché nord américain
possède aussi des défauts qui peuvent alors décourager
certaines entreprises à venir investir (voir graphique
II.B.7).
Graphique II.B.7 : Raisons décourageant les IDE
chinois pour l'Amérique du Nord
Manque de compréhension des lois et des risques
liés à l'Amérique du Nord
Difficulté de trouver des partenaires commerciaux
Clients locaux non familiers avec les marques chinoises
Clients potentiels et les institutions émettent
des doutes sur les produits chinois (qualité et sureté)
Travailleurs peu familiers avec l'entreprise Importations plus
interessantes que les IDE Difficulté d'obtention du visa
0% 10% 20% 30% 40% 50%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ainsi, la raison principale qui décourage les firmes
chinoises à venir s'implanter sur le marché nord américain
est le manque de compréhension des lois et des risques liés
à ce marché avec 40%. Ceci confirme l'idée de la jeunesse
des firmes chinoises avec un manque d'expériences
caractéristique, qui peut limiter leurs intentions de s'implanter
à l'extérieur. L'action du gouvernement chinois serait alors de
jouer un rôle d'informateur pour ces entreprises à travers ses
ambassades. La deuxième raison majeure qui pousse les entreprises
chinoises à ne pas investir sur le marché nord-américain
sont que les importations demeurent plus intéressantes (32%),
phénomène lié au manque de confiance des clients
potentiels (21%) et à la difficulté de trouver des partenaires
commerciaux (29%).
Ainsi, après avoir compris l'actualité du
marché nord américain avec ses caractéristiques, ses
forces et ses faiblesses, il est désormais nécessaire de
s'intéresser aux perspectives d'évolutions de ce marché
(voir graphique II.B.8, voir page suivante).
Graphique II.B.8 : Intentions d'investissement en
Amérique du Nord
29%
52%
6%
13%
Etats-Unis
Canada
Etats-Unis et Canada
En-dehors de l'Amerique du Nord
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut ainsi s'apercevoir qu'encore 52% des firmes chinoises
qui investiront à l'étranger ne le feront pas en Amérique
du Nord. Cela peut alors s'expliquer par les difficultés
rencontrées par les entreprises chinoises citées
précédemment (voir page précédente). Le
problème d'un manque d'informations des entreprises chinoises est
caractéristique de la grande majorité de ces dernières qui
se retrouvent avec des difficultés pour investir, où n'atteignent
pas les objectifs visés : comme le cas de l'entreprise Sichuan
Tengzhong qui tenta le rachat de la marque Hummer à
General Motors, mais qui se heurta aux réticences des
employés de la marque et qui au final ne reçu pas l'accord du
ministère du commerce de la République Populaire de Chine. Sinon,
29% des entreprises préfèreront les Etats-Unis, tandis que le
Canada n'attirera que 6% d'entre elles. 13% d'entre elles, choisiront
d'investir dans les deux pays. Les Etats-Unis occupent une place
prédominante dans ces investissements à venir, beaucoup plus que
le Canada. Le pays profite d'avantages certains, comme le fait d'être la
première puissance mondiale, pour attirer les investissements, mais
aussi de ses faiblesses. En effet, le fait que la Chine est accumulée
des réserves gigantesques de change en dollars, aide les entreprises
chinoises à s'installer dans ce pays60.
Ainsi, le marché nord américain attire de
nombreuses entreprises chinoises, et les Etats-Unis occupent une place
prédominante au sein de ce dernier. Le pays joue de ses avantages et de
ses faiblesses pour attirer les firmes avec un succès certain. Cependant
de
60 Elles étaient estimées, en
décembre 2006, à 2,400 milliards de dollars. (
http://www.lexpansion.com/economie/lesreserves-de-change-de-la-chine-frolent-les-2-400-milliards-de-dollars
224742.html), le 1 mars 2011.
nombreux défauts caractéristiques du
marché limitent encore son attrait, comme la difficulté pour
obtenir un visa.
L'Europe, de son côté, attire depuis bien plus
récemment les firmes chinoises et en nombre limité. Actuellement
l'Europe de l'Ouest domine en attirant la majorité des firmes chinoises,
mais l'Europe de l'Est progresse de plus en plus depuis 2003 en particulier la
Russie. Il faut alors diviser l'Europe en deux pour pouvoir analyser les
investissements, mais au lieu de la diviser entre « Ouest » et «
Est », il serait plus intéressant pour l'analyse de la diviser
entre : l'Union Européenne (UE27), et l'Europe toute entière (en
y introduisant la Turquie et la Russie).
En fait, sur la totalité des firmes chinoises qui
s'implantent à l'étranger, à peine 11% d'entre elles
choisissent l'Union Européenne comme destination (voir graphique
II.B.9).
Graphique II.B.9 : Firmes chinoises qui investissent
actuellement dans l'UE27
10,82%
,44
88,74%
Oui
Non
Sans réponses
Source: China council for the promotion of international
trade.
Les entreprises chinoises investissent ainsi donc peu dans
l'Union Européenne. Les pays qui attirent alors la majorité des
investissements sont : l'Allemagne, la France, l'Italie, et le Royaume-Uni. Les
entreprises chinoises préfèrent donc les pays de l'Europe de
l'Ouest au sein de l'UE27 comme destination d'implantation. Différentes
raisons peuvent expliquer cette implantation comme : le poids de l'industrie
allemande sur la scène mondiale, la diaspora chinoise en France qui est
la plus grande d'Europe avec
200 000 à 300 000 personnes61 ... Si l'on
regarde l'Europe dans son ensemble, le continent attira 3.6% des flux d'IDE
entre 2003 et 2006. Cependant c'est l'Europe de l'Est et Centrale qui profita
le plus de ces investissements, en effet alors que les flux stagnent à
120 millions de dollars pour l'Europe de l'Ouest, le reste de l'Europe attira
en 2003, 38 millions de dollars et 500 millions en 2006 (voir graphique
II.B.10).
Graphique II.B.10 : Evolution des flux d'IDE chinois
de 2003 à 2006 pour l'Europe (En millions de dollars)
700
600
400
300
200
500
100
0
2003 2004 2005 2006
Europe
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est et centrale
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
Au sein de l'Europe, la Russie occupe une place centrale en
attirant 58,9% des flux, l'Allemagne ne vient qu'en seconde place avec 19,9%,
et le Royaume-Uni troisième avec 7,1%. La France, elle, occupe une place
plus modeste. En terme de stocks d'IDE (2003/2006), ces derniers sont en
progression, mais avec toujours un avantage pour l'Europe central et de l'Est
qui en accumulent 53,7%, l'Europe de l'Ouest en accumule 46,3%. Cependant cet
avantage de l'Est et du centre n'est que récent face à l'Ouest,
et l'analyse des stocks permet de mieux sans rendre compte. En effet, jusqu'en
2003, ces derniers étaient majoritairement concentrés en Europe
occidentale, le renversement ne s'est fait que lentement, pour finalement
arriver à un basculement à l'avantage de l'Europe centrale et
orientale à parti de 2006. Certes l'Europe orientale connue un brusque
accroissement d'installations de firmes chinoises, mais l'Ouest n'est pas en
reste, même si le rythme c'est ralenti, il continu à progresser de
façon positive (voir graphique II.B.11, page suivante).
61
http://www.chine-informations.com/guide/diaspora-chinoise-en-france
2485.html, le 1 mars 2011.
Graphique II.B.11 : Evolution des stocks d'IDE de 2003
à 2006 en Europe (En millions de dollars)
2500
2000
1500
1000
500
0
2003 2004 2005 2006
Europe
Europe de l'Ouest
Europe de l'Est et centrale
Source : Ministère du commerce de la République
Populaire de Chine.
L'Europe possède, en effet, des points forts qui
permettent d'attirer les firmes chinoises. L'Union Européenne,
bénéficie de son marché intégré et de sa
monnaie unique qui permet de faciliter les transactions entre les pays membres,
ainsi que d'une bonne régulation de ses marchés, ceci est alors
cité par les entreprises chinoises comme étant les plus grands
avantages que peut offrir l'Union. La qualité des infrastructures,
l'excellent niveau de la Recherche et du Développement (R&D), et les
politiques incitatives à l'égard des firmes chinoises sont alors
aussi décris par les intéressés comme d'autres points
forts que l'UE27 offre. C'est pour cela qu'en 2009, l'entreprise chinoise de
télécommunication HUAWEI décida d'implanter un centre de
R&D à Paris en partenariat avec ParisTech (entreprise qui y trouve
son intérêt vu qu'elle consacre 10% de son chiffre d'affaire en
R&D)62. Le haut niveau des salaires et des taxes, quand à
lui, ne semble pas autant désavantager le marché commun,
même si les entreprises chinoises restent assez divisées sur la
question. L'Europe centrale et orientale quand à elle
bénéficie d'autres avantages comme un marché en expansion
et une main d'oeuvre bon marché comparée à l'UE27. La
Russie, elle, jouit d'un avantage énorme qui est de posséder deux
frontières communes : une avec la Chine et une avec l'Union
Européenne. Elle joue le rôle de relais entre les deux pays et le
transsibérien permet le transport des marchandises par train en
plus ou moins quinze jours. La Russie bénéficie aussi d'autres
avantages comme le fait d'être membre de l'organisation de
coopération de Shanghai (cf. page.51) et de posséder de
grandes réserves de gaz et d'hydrocarbures.
62
http://www.huawei.com/fr/catalog.do?id=1021
(le 11 mars 2011).
Cependant, malgré ces avantages l'Europe n'attirait
encore que 3% des stocks d'IDE en 2006. Le manque de connaissance du
marché, et de sa réglementation de la part des entreprises
chinoises demeure la cause principale de désaffection comme pour
l'Amérique du Nord. En effet, sur les entreprises chinoises qui
pensaient investir dans l'Union Européenne, 18% d'entre elles ont
finalement renoncé. Ce manque de connaissance des habitudes des
entreprises européennes et des lois amena à des échecs
d'implantation célèbres qui ont pu pousser certaines firmes
à reconsidérer leurs projets d'investissement. En France, la
reprise de Thomson TV par l'entreprise chinoise TCL est sans
doute le cas le plus célèbre (voir encadré sur
l'échec de TCL en Europe), or cette reprise fut plus coûteuse
que prévue et amena à une obligation de rationaliser l'ensemble
de ses activités. Sur un autre plan, le rachat de l'activité
tuyaux de Euro-Auto Hose par GreenCool en 2004 amena au final
à la fermeture du site et au renvoi des 178 employés. Ensemble
d'échecs qui peuvent expliquer la baisse des investissements chinois
entre 2006 et 200763.
Echec de TCL en Europe
L'échec de l'implantation de TCL en Europe
est symptomatique des difficultés que connaissent les entreprises
chinoises de façon majoritaire, et des conséquences
néfastes qu'elles peuvent avoir sur les marchés locaux. En 2002,
TCL s'implante en Europe après le rachat de Schneider
Electronics qui était en dépôt de bilan, cependant les
difficultés financières trop lourdes à supporter pour
TCL, l'oblige à abandonner en 2005. En 2004, TCL
rachète alors Thomson TV qui connaissait des difficultés
financières, et devient, début 2006, le premier producteur
mondial de TV. Or, à la fin de cette même année 2006,
TCL renoue avec des difficultés financières,
l'entreprise décide alors de restructurer ses activités, ce qui
amena à la fin de la production de téléviseurs en Europe.
Ceci est la preuve du manque de connaissances, et de réalisme de la part
des firmes multinationales chinoises. Conséquences néfastes pour
tous les partis, et qui s'expliquent par la non connaissance totale du
marché européen, de ses lois, de ses coutumes, ainsi que par
la
|
|
63 Françoise HAY, Christian MILELLI, et
Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et
indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris,
janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi,
Direction Générale des Entreprises, 135 pages, p.93.
volonté des dirigeants de vouloir racheter des
entreprises européennes en difficulté afin de limiter les
coûts d'entrés sur le marché.
Source : Ministère de l'Economie des Finances et de
l'Emploi, Direction Générale des Entreprises, janvier
2008.
|
|
En ce qui concerne l'avenir pour 2011 et 2012, les
entreprises chinoises se révèlent assez optimistes, et annoncent
pour 14,45% d'entre elles, qu'elles considèrent investir dans l'Union
Européenne. Les destinations en têtes sont toujours les pays de
l'Europe occidentale, avec l'Allemagne à la première place,
cependant la deuxième ne revient pas au Royaume-Uni (voir graphique
II.B.12).
Graphique II.B.12 : Perspectives d'investissements par
Etats membres
120
100
40
20
80
60
0
Autriche
Belgique Bulgarie Chypre Republique
Tcheque Allemagne Danemark
Estonie
Espagne Finlande
France
Royaume-Uni
Grace
Hongrie Irlande
Italie
Lituanie
Luxembourg Lettonie
Make
Hollande
Pologne Portugal Roumanie
Suede Slovenie Slovaquie
Nombre des futurs investissements
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, il semblerait pour l'avenir que la France prenne la
deuxième place au Royaume-Uni qui finirait au final que
quatrième, derrière l'Italie. Il est important quand même
de noter la montée de l'Espagne, qui prend la cinquième place
juste derrière le Royaume-Uni à quelques investissements
près. Or, il est important de se rappeler que par le passé,
près de 18% des firmes qui avaient des projets d'investissement dans
l'Union Européenne ne les ont, au final, pas menés jusqu'au
bout.
Ainsi, l'Europe est un marché très
récent qui évolue de façon hétérogène
entre sa partie occidentale, centrale et orientale. L'Union Européenne
jouit d'un grand pouvoir d'attraction grâce à son marché et
sa monnaie commune.
C) Structure sectorielle :
L'étude de la structure sectorielle permet de
compléter les observations et les constatations
précédentes qu'on a pu établir sur les investissements
chinois. Après avoir appris le « Qui », et le « Où
», on peut désormais se pencher sur le « Quel ». Etudier
les secteurs d'activité, c'est regarder ceux qui attirent les
entreprises chinoises. On peut grâce à cela compléter notre
regard et confirmer ou infirmer nos opinions sur leurs forces et leurs
faiblesses. Ceci peut aussi nous aider à comprendre l'influence du
gouvernement sur certains choix, même si cette influence doit faire
l'objet plus tard d'une parti bien distincte de ce mémoire. On doit pour
permettre une analyse plus stricte de la structure des secteurs se pencher tout
d'abord sur une analyse globale de ces derniers, avant de se pencher sur
le cas des pays en voie de développement, et des pays
développés. Finalement l'analyse des perspectives
d'évolution permet d'envisager un changement au sein des firmes
multinationales chinoises. L'ensemble des chiffres de cette partie viennent
majoritairement d'une étude faite par le China council for the
promotion of international trade, cependant, d'autres sources
occasionnelles ont été incorporées et apparaissent en note
de bas de page.
a) Analyse globale des secteurs d'activité :
L'analyse globale des secteurs d'activité où
les entreprises chinoises investissent, permet de compléter l'analyse
précédente portant sur les marchés. Elle permet de mieux
comprendre certaines destinations selon les secteurs habituellement
visés, comme l'Europe pour les technologies, l'Afrique pour les
matières premières et l'agriculture. Cependant, avant de porter
notre regard sur certains marchés spécifiques, il est
intéressant de regarder de façon globale les secteurs
d'activité visés, pour se faire une « idée
générale » de ces derniers.
Les secteurs visés par les entreprises chinoises sont
nombreux et variés allant de l'exploitation des matières,
à la manufacture, en passant par le commerce, et les services. Au sein
de ces derniers, la manufacture occupe une place prédominante.
D'autres
secteurs attirent aussi de nombreux IDE chinois comme : celui
de l'exploitation des ressources naturelles, du commerce, et plus
étonnant des services (voir graphique II.C.1).
Graphique II.C.1 : Distribution des IDE chinois par
secteurs d'activité
4% 6% 2% 5%
75%
8%
Les services
L'exploitation des ressources naturelles
L'agriculture et les produits agricoles
Le commerce La manufacture Autres
Source: China council for the promotion of international
trade.
De façon globale (moyenne des investissements
menés dans des pays développées ou en voie de
développement), la manufacture occupe la première place avec 75%
des IDE, vient en deuxième l'exploitation des matières
premières (6%), et en troisième, le commerce (5%). Ces chiffres
restent largement compréhensible, en effet, la Chine en attirant de
nombreuses entreprises de manufactures étrangères sur son
territoire a gagné une large expérience dans ce secteur
d'activité (surtout pour les produits à faible valeur
ajoutée), et il est logique que bon nombre des ces entreprises qui
travaillent dans ce même secteur reproduisent à l'étranger
leur spécialisation. De plus, l'augmentation régulière des
coûts du travail en Chine, pousse certaines entreprises à investir
dans des pays proches comme : le Vietnam ou l'Indonésie. Elles
préparent l'avenir et l'arrivée de tous nouveaux concurrents en
s'implantant sur ces marchés afin de jouir d'une main d'oeuvre bien
moins chère qu'en Chine. L'exploitation des ressources naturelles vient
en deuxième position et peut être expliquée par les besoins
croissants de la Chine en la matière afin de soutenir son niveau de
croissance élevé. Au-delà de ces trois secteurs
clés, il est intéressant de voir se développer le secteur
des services qui occupe la quatrième place avec 4%. Or, il est
nécessaire de se rappeler que les entreprises chinoises se plaignent
d'être mal informées, et que ceci est la première cause du
refus d'investir à l'étranger de ces dernières. Le secteur
du service aux entreprises et du « consluting » est en train
depuis quelques années de fortement progresser et certaines entreprises
chinoises ont acquis dans ce secteur une taille gigantesque comme l'entreprise
Neusoft spécialisée
dans la fourniture aux entreprises de logiciels
adaptés64. Progression, de plus, sous la coupe du PCC, qui
depuis 2006 soutient le secteur de « l'outsourcing
»65 via sa politique du « 1000-100-10 »
(c'est-à-dire, 10 villes sélectionnées pour attirer 100
entreprises spécialisées dans « l'outsourcing »,
et soutenus par 1000 fournisseurs chinois). Selon Ning Wright : « la
Chine risque de s'imposer à l'horizon 2015 comme une plate-forme
incontournable dans le marché des services externalisés
»66, le secteur du service est donc en plein expansion dans ce
pays, qui aujourd'hui, en demande de plus en plus.
Cependant, selon l'origine de l'entreprise qui émet
des investissements, le secteur visé peut être totalement
différent. En effet, les entreprises originaires du delta de la
rivière des Perles, du delta du fleuve Yangtze, de Dalian du centre ou
de l'Ouest de la Chine n'investissent pas dans les mêmes secteurs
d'activité (voir graphique II.C.2).
Graphique II.C.2 : comparaisons des secteurs
valorisés selon l'origine des entreprises
Agriculture Manufacture Service
Delta du fleuve Yangtze
Delta de la rivière des perles
Dalian
Chine centrale
Chine de l'Ouest
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut ainsi s'apercevoir, que quelque soit la région
d'origine de l'entreprise, le secteur de la manufacture reste le premier avec
plus de 40%. Les deux régions qui favorisent le plus ce secteur sont les
deux les plus développés du pays : les deltas de la
rivière des perles (87%), et du fleuve Yangzte (75%). Le secteur de la
manufacture est le plus en vogue parmi les entreprises chinoises, loin devant
le secteur des services et de
64 Source : UBIFRANCE et les missions
économiques.
65 L'outsourcing, qui peut être traduit en
français par : sous-traitance, désigne tout ce qu'une entreprise
ne veut ou ne peut faire pour des raisons pratiques ou économiques.
66 Ning WRIGHT est la conseillère responsable
de « Information, Technology & Sourcing » au sein de KPMG
Shanghai. Propos recueillis par Pierre TIESSEN. Magazine CHINEPLUS,
juin/septembre 2010, page.51.
l'agriculture. Cependant, ces derniers occupent une place
encore relativement importante. Le secteur de l'agriculture de son
côté est surtout favorisé par les entreprises venant des
régions de l'Ouest (20%), du centre (5%) et de Dalian (10%). Ces
dernières régions, plus en retrait du développement des
côtes, sont encore largement agricoles et peuvent expliquer cette
préférence pour ce secteur à la différence des deux
deltas très urbanisés. Or, le cas du secteur des services est
sans doute le plus intéressant à analyser. Ce dernier est
très favorisé par les entreprises venant de l'Ouest (plus de 30%)
et du delta du fleuve Yangtze. Ce secteur occupe par contre, une place encore
minime pour le delta de la rivière des perles. L'Ouest de la Chine qui
reste pourtant une zone reculée investit donc dans les secteurs, mais en
Asie. En effet, les entreprises de l'Ouest sont celles qui investissent le plus
sur ce marché, et peut expliquer que malgré le fait que leur
région d'origine est peu développée, elle puisse quand
même investir dans ce secteur.
Il est alors intéressant maintenant, de se pencher sur
les secteurs d'activité de base des entreprises chinoises qui
investissent à l'étranger. En effet, quels sont les secteurs
d'activité en Chine qui favorisent le plus les investissements à
l'extérieur (voir graphique II.C.3) ?
Graphique II.C.3 : Proportion des entreprises
émettant des IDE par secteurs
Vente en gros et au
détail Construction Equipement électrique Machinerie et
equipement Chimie Textile Agriculture et alimentaire
|
|
|
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ainsi, les secteurs qui favorisent le plus les investissement
à l'étranger restent: la construction, le manufacture
(équipement électrique et machinerie&équipement), et
l'Agriculture/Alimentaire. Le textile reste en retrait, en effet, ce secteur ne
s'est pas encore mis à délocaliser vers des pays à plus
bas coûts en Asie du Sud-Est comme : l'Indonésie ou le Vietnam. La
construction se développe particulièrement en Afrique,
tandis que la manufacture concerne tous les continents
à plus ou moins grande échelle. Il est vrai que selon les
secteurs d'origine, les investissements visent des pays différents
(voir graphique II.C.4).
Graphique II.C.4 : Destination des IDE par
secteurs
Machinerie et équipements
Ventes en gros et au détail
Agriculture et alimentaire
Equipements électriques
Construction
Asie Europe Amérique du Nord Amérique
Latine Australie Afrique
Chimie
Textile
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut ainsi bien voir que chaque secteur d'activité
privilégie plus ou moins un quelconque marché. Le secteur de
l'agriculture et de l'alimentaire investit surtout en Asie, tandis que les
équipements électriques s'implantent principalement en Europe et
aux Etats-Unis, l'Afrique quand à elle accueille beaucoup les
investissements des secteurs de la construction et des
machineries&équipements. Ceci renvoie à ce qu'on avait vu
précédemment avec une Europe et un marché nord
américain qui attiraient des entreprises intéressées par
la R&D et l'écoulement de produits manufacturés, tandis que
l'Afrique attirait beaucoup les entreprises de construction, en particulier au
Maghreb. Il faut dès lors, pour obtenir une vision plus précise
de ces situations, regarder les marchés développés et en
voie de développement avant finalement de s'intéresser aux
perspectives.
b) Les secteurs clés au sein des pays en voie de
développement :
Au sein des pays en voie de développement, la secteur
de la manufacture occupe une place prédominante face aux autres comme :
l'agriculture, la construction,... (Voir graphique II.C.5, page
suivante).
Graphique II.C.5 : Distribution des IDE par secteurs
dans les pays en voie de développement
7%
7% 3%1% 5%
6%
71%
Agriculture
Manufacture
Construction
Vente en gros et au détail Transport et
entreposage Finance
Energie et autres
Source: China council for the promotion of international
trade.
La manufacture occupe ainsi la première place en
mobilisant 71% des IDE chinois, la deuxième place à
égalité est occupée par la construction et la vente en
gros et au détail (7%), l'agriculture n'arrive que troisième avec
6%. Ici, le secteur de l'énergie monopolise moins de 5% des
investissements en occupant la quatrième position. Or, il peut
s'avérer étrange que le secteur de l'énergie n'arrive que
quatrième et se retrouve derrière l'agriculture, alors que le PCC
affirme depuis 2003 vouloir augmenter ses réserves de pétrole et
de matières premières. En effet, aujourd'hui la Chine produit 90%
des « terres rares » et détient 50% des réserves
mondiales. Elle avait annoncé la réduction de ses quotas
d'exportation de 10% pour 2011, alors qu'elle avait durant l'été
2010 déjà diminué ses derniers de 40% afin de satisfaire
ses besoins nationaux. Le gouvernement chinois cherche actuellement à
acquérir les autres 50% des réserves, en sachant que l'Europe
actuellement manque de 14 des minéraux composants ces « terres
rares »67. Or, ces chiffres restent généraux et
englobent tous les pays en voie de développement où les
entreprises chinoises investissent. Ceci peut alors amener à
établir certaines fausses conclusions. Il est vrai que par exemple,
l'Amérique Latine n'attire que peu d'investissements liés aux
matières premières, tandis que l'Afrique en attire
énormément. La finance joue aussi un rôle différent
si l'on regarde les Bahamas, ou l'Asie centrale. Il faut donc se garder
d'établir des hypothèses définitives, en ne regardant que
les chiffres
67 Les « terres rares » sont des
minéraux aux propriétés électromagnétiques
particulières, servant dans des technologies de pointe comme : la
télécommunication, l'armement...
Source : Christine KERDELLANT, L'Express, N°3106,
semaine du 12 au 18 janvier 2011, page.78.
généraux des pays en voie de
développement. Il faut plutôt regarder le détail du secteur
de la manufacture qui est important dans pratiquement tous les pays recevant
des IDE chinois.
Le secteur de la manufacture regroupe différents
sous-secteurs très divers à analyser comme : la production de
papier, de plastiques, d'équipements électriques... (Voir
tableau II.C.1).
Tableau II.C.1 : Détail du secteur de la
manufacture dans les PED
Sous secteurs de la manufacture
|
Pourcentage (%)
|
Manufacture générale
|
18.03%
|
Manufacture spécialisée
|
81.97%
|
Manufacture des produits alimentaires, des boissons et du
tabac
|
4.10%
|
Manufacture du textile
|
13.93%
|
Manufacture du cuir
|
1.64%
|
Manufacture du bois
|
1.64%
|
Manufacture du papier (pâte et produits)
|
0.82%
|
Manufacture du pétrole et des combustibles
nucléaires
|
0.82%
|
Manufacture de la chimie
|
7.38%
|
Manufacture du caoutchouc et des
plastiques
|
2.46%
|
Manufacture des produits non métalliques
|
5.74%
|
Manufacture des métaux
|
9.02%
|
Manufacture machinerie&équipement
|
21.31%
|
Manufacture des équipements électriques et
optiques
|
5.74%
|
Manufacture des équipements de transport
|
4.92%
|
Manufacture n.e.c.
|
2.46%
|
Total
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ainsi, la machinerie&équipement occupe la
première place avec 21,31%, suivi de la manufacture
générale avec 18,03%. Le textile arrive, quand à lui, en
troisième position avec 13,93%. La manufacture des équipements de
transport n'occupe qu'une place minimale avec seulement 4,92% et la chimie avec
7,38%. Ainsi, les investissements dans les pays en voie de développement
se font dans des secteurs qu'on pourrait qualifier de traditionnels, et qui
nécessitent de faibles connaissances techniques comme d'autres secteurs
: les combustibles nucléaires...
Les secteurs privilégiés pour les pays en voie
de développement sont donc pour la majorité des activités
de manufacture très diverses, allant de la manufacture de
machinerie&équipement, à la production de produits
plastiques.
c) Les secteurs clés au sein des pays
développés :
Les différences des secteurs privilégiés
par les investissements au sein des pays en voie de développement et des
pays développés sont extrêmement faibles. Le secteur de la
manufacture occupe toujours une place prédominante en monopolisant cette
fois-ci plus des trois quarts des IDE chinois (voir graphique
II.C.6).
Graphique II.C.6 : Distribution des IDE par secteurs
dans les pays développés
Agriculture
Manufacture
Construction
Vente en gros et au détail Transport et
entreposage Finance
Energie et autres
78%
4%
6% 2%2% 5%
3%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Par rapport aux pays en voie de développement, les
secteurs de l'agriculture, de la construction, de la vente (en gros et au
détail), du transport et entreposage attirent moins les investissements.
Au profit de la manufacture, et de la finance. Ceci s'explique très
simplement par le statut des pays développés, qui regroupent les
plus grandes places
financières mondiales, et qui sont les marchés
les plus riches. De plus, les pays développés (Etats-Unis, pays
de l'Europe de l'Ouest, Japon,...) attirent de nombreux investissements
liés à des produits manufacturés plus complexes comme les
équipements électriques et de machinerie. Ici, l'Allemagne
pèse de tout son poids en Europe en étant le plus gros
exportateur de biens mondial et qui possède l'industrie la plus
puissante d'Europe. Il faut pour cela diviser l'analyse des pays
développés, or pour rester dans la continuité des analyses
précédentes, nous nous concentrons sur le marché
européen et le marché nord américain.
Pour l'Europe, les secteurs visés sont nombreux et assez
disparates, même si l'on retrouve toujours le poids énorme de la
manufacture (voir tableau II.C.2).
Tableau II.C.2 : Secteurs favorisés en
Europe
Les secteurs
|
Pourcentage (%)
|
Agriculture, chasse et sylviculture
|
2.61%
|
Pêche
|
0.36%
|
Manufacture
|
21.79%
|
Electricité, eau, et gaz
|
1.60%
|
Construction
|
1.96%
|
Vente en gros et au détail
|
7.92%
|
Hôtellerie et restauration
|
2.40%
|
Transport, stockage, et communication
|
2.69%
|
Intermédiation financière
|
1.67%
|
Immobilier, location, et activités
commerciales
|
2.11%
|
Non identifiés
|
54.90%
|
Total
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
Même si la manufacture occupe la première place
des investissements, la seconde l'est par la vente en gros et au détail
(7,92%). Alors que, de façon générale la part de la vente
en gros et au détail diminue face aux pays en voie de
développement. L'Europe
possède donc bien ses propres
spécificités face au reste des pays développés. Les
activités de pêche restent très limitées de part une
politique très sévère des quotas de
prélèvement mis en place par l'Union Européenne. Le
secteur du gaz et de l'électricité reste aussi très
limité de part l'existence de grands groupes européens de
l'énergie (Areva, GDF-Suez, British
Petroleum...), ce qui empêche l'arrivée d'entrants
potentiels.
Le marché nord américain possède aussi
un fort poids du secteur de la manufacture, même s'il ne possède
plus la première place de façon exclusive, mais aussi de
l'exploitation minière (voir graphique II.C.7).
Graphique II.C.7 : Secteurs favorisés sur le
marché nord américain
7%
7%
10% 4%
Agriculture
Exploitation minière Manufacture
Electricité, eau, et gaz Construction
Vente en gros et au détail Hôtellerie et
restauration Intermédiation financière Immobiliers
8%
26%
26%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Sur le marché nord américain, les secteurs
visés sont bien plus divisés qu'en Europe. La première
place est occupée, ex aequo, par le secteur de la manufacture et de la
vente en gros et au détail (26%). Plus surprenant le secteur de
l'exploitation minière occupe une place non négligeable
(même s'il demeure à la dernière position) en attirant 4%
des IDE chinois. Ceci rappelle la longue histoire qui lie les investissements
chinois et le marché nord américain, et qui fut le premier
visé par les entreprises chinoises dès l'ouverture du pays en
1979. Le reste des secteurs attire de façon plus au moins uniforme
(entre 6% et 8%) les autres investissements. Le marché nord
américain, de part sa composition actuelle, montre la relative longue
relation entre les entreprises des deux pays. En effet, alors que l'Europe est
un marché récent qui attire peu les activités
traditionnelles (agriculture...). Le marché nord américain, lui,
attire tous les investissements dans divers secteurs. Cette longue histoire
pouvant expliquer pourquoi
les entreprises chinoises possèdent actuellement un
poids non négligeable dans les secteurs de l'extraction minière
et de l'agriculture du pays.
Ainsi, les pays développés attirent des
investissements qui visent les mêmes secteurs que ceux des pays en voie
de développement. Or, en regardant de plus près, on peut
s'apercevoir de différences distinctes entre l'Europe et
l'Amérique du Nord qui peuvent s'expliquer par l'histoire plus ou moins
longues des relations commerciales avec la Chine.
d) Perspective d'évolution des investissements par
secteurs :
Après s'être intéressé aux
secteurs, qui actuellement attirent le plus les IDE chinois, il est
désormais nécessaire de tenter d'évaluer les possibles
évolutions de ces derniers. Ceci peut alors permettre de constater une
évolution au sein des entreprises chinoises qui s'intéressent
à de nouveaux secteurs d'activité plus porteurs, ou plus
complexes.
Avant de regarder les perspectives d'évolution par
secteurs, il faut tout d'abord regarder les évolutions attendues en
termes d'investissement par région d'origine. En effet, même si
cela ne concerne pas directement la question des secteurs, savoir si le delta
du fleuve Yangtze et les autres régions principales de Chine vont
augmenter ou décroître leurs investissements permet de se faire
une idée sur les dynamismes respectifs de ces régions (voir
graphique II.C.8).
Graphique II.C.8 : Intentions d'investissement par
régions sources d'IDE
60% 50% 40% 30% 20% 10% 0%
|
|
|
Forte augmentation Augmentation Niveau d'origine
Diminution Désinvestissement Absence de données
Delta du fleuve Yangtze Delta de la rivière des
perles Dalian Chine centrale Chine occidentale
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'observation de ce schéma permet de constater que de
façon globale, les régions sources d'IDE pensent toutes augmenter
leurs investissements, même si cette augmentation prend des proportions
différentes par régions. Parmi toutes ces régions, le
delta du fleuve Yangtze est de loin la plus dynamique, en effet, c'est elle qui
dans un avenir proche pense le plus accroître ses investissements et qui
pense le moins désinvestir. Or, le delta du fleuve Yangzte est de loin
l'une des régions les plus modernes de la Chine qui investit
énormément dans le secteur de la manufacture et des services
(cf. page.73). L'Ouest de la Chine, de son côté, est plus
mitigée et semble vouloir augmenter de façon plus
modérée ses investissements, voir même désinvestir.
Le point le plus important se situe au sein de la catégorie «
Absences de données », en effet alors que le reste des
régions semblent claires sur leurs intentions, la Chine occidentale est
moins apte à avoir une vision claire de ses objectifs futurs. Cette
région est celle qui investit le plus dans l'agriculture, et les
services, deux secteurs sans aucuns liens entre eux et qui peut expliquer cette
difficulté à choisir entre le secteur primaire traditionnel, ou
le tertiaire moderne et plus complexe.
Les perspectives d'évolutions par secteurs permettent
aussi de se faire une idée sur les activités en perte ou en gain
de vitesse, et donc quels sont les secteurs qui risquent d'être en vogues
dans l'avenir proche (voir graphique II.C.9).
Graphique II.C.9 : Intentions par secteurs des futurs
investissements
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Construction
Textile
Chimie
Mach ineriatequipement
Agriculture et alimentaire
Vente en gros et au detail
Equipement electrique
Forte augmentation Augmentation Niveau d'origine
Diminution Désinvestissement
Source: China council for the promotion of international
trade.
Ainsi, les secteurs sont globalement en progression à
part pour les secteurs du textile et de la chimie qui se préparent
à désinvestir. A l'opposé, le secteur de la construction
semble connaître une forte progression et est extrêmement
dynamique, avec des intentions d'accroissement des investissements presque au
niveau des 70%. L'agriculture et l'alimentaire restent aussi très
dynamiques avec, les secteurs de la machinerie&équipement et des
équipements électriques (au-delà des 60%). Ceci s'explique
par la progression de marchés comme celui de l'Afrique pour
l'Agriculture et de la manufacture pour l'Europe. Les entreprises
présentes sur ces deux marchés restent très optimistes sur
les perspectives d'évolution de ces derniers.
Cependant, malgré une progression de certains
secteurs, il n'est pas démontré les intentions des futurs
montants d'IDE. En effet, même si un secteur peut être en
progression, le montant des IDE peut permettre de supposer la solidité
de cette progression (voir graphique II.C.10).
Graphique II.C.10 : Echelle des investissements par
secteurs
Vente en gros et au détail
Moins de 1 million de dollars Entre 1 million et 5
millions de dollars Entre 5 et 10 millions de dollars
Entre 10 et 100 millions de dollars Au-delà de
100 millions de dollars
Machinerie&équipement
Equipement électrique
Niveau d'origine
Construction
Chimie
Textile
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut grâce à ce graphique voir que la
très grande majorité des investissements ne dépassent pas
les cinq millions de dollars, et à peine trois secteurs reçoivent
des investissements supérieurs à cent millions de dollars (les
équipements électriques, la construction, et la vente en gros et
au détail). Le secteur de la construction qu'on savait le plus dynamique
est aussi le plus solide. Ce secteur est le seul à n'enregistrer aucune
intention d'investissements inférieurs à un million de dollars,
et qui enregistre le plus
d'intentions d'investissements supérieurs à
cent millions de dollars (au-delà des 20%). A l'opposé, la chimie
et la machinerie&équipement n'enregistrent aucun investissement
supérieur à dix millions de dollars. Certes, cela s'explique
facilement pour la chimie qui est un secteur en perte de vitesse, par contre le
secteur de la machinerie&équipement qui est pourtant actif
n'enregistre pas de forts montants. On peut alors supposer que ce secteur est
en progression dans des marchés facilement accessibles et relativement
pauvres comme l'Asie ou l'Afrique. Les entreprises chinoises de ce secteur
peuvent alors facilement s'implanter en utilisant de faibles moyens financiers.
Le secteur du textile de son côté qui pourtant n'est pas
dynamique, attire des investissements allant jusqu'à cent millions de
dollars. Ce secteur, sans doute, en phase de maturité connaît
quelques sorties d'entreprises, qui bénéficient aux restantes et
qui se permettent d'investir pour récupérer les parts de
marchés restantes.
Au sein des pays en voie de développement, les
évolutions sont notables en particulier pour le secteur de la
manufacture qui baisse face à d'autres secteurs plus dynamiques comme :
l'agriculture ou la construction (voir graphique II.C.11).
Graphique II.C.11 : Futurs investissements par
secteurs dans les PED
10%
1%
0%
3% 4% 1%2%
10%
59%
Agriculture
Manufacture
Electricité, eau, et gaz Construction
Vente en gros et au détail Hotellerie et
restauration Transport et entreposage Intermédiation financière
Immobilier
Source: China council for the promotion of international
trade.
En effet, même si le secteur de la manufacture reste le
premier en attirant 59% des IDE chinois, celui de la construction, de
l'agriculture, de la vente en gros sont en forte progression. Parmi ces
derniers, et grâce aux graphiques précédents, on peut
affirmer que le secteur de la construction est de loin celui qui devrait le
plus progresser d'ici les prochaines années, car, plus dynamique, et
plus solide. Il est intéressant de noter qu'en parallèle de la
construction, l'immobilier progresse lentement. Il ne serait pas
étonnant
que ce secteur tisse des liens avec celui de la construction
dans les années avenirs et se fasse porter par la croissance très
forte du premier.
Les pays développés connaissent aussi des
évolutions similaires, tout du moins pour le secteur de la manufacture
(voir graphique II.C.12).
Graphique II.C.12 : Futurs investissements pas secteurs
dans les pays développés
6%
1%
12%
2% 3% 1% 4%
6%
65%
Agriculture
Manufacture
Electricité, eau, et gaz Construction
Vente en gros et au détail Hotellerie et
restauration Transport et entreposage Intermédiation financière
Immobilier
Source: China council for the promotion of international
trade.
Le secteur de la manufacture garde toujours la
première place, mais en passant de 78% à 65% (cf.
page.78). Cependant, ce sont les secteurs de la vente en gros et au
détail, et de la construction qui connaissent les plus fortes
progressions. L'immobilier de son côté apparaît dans les
intentions d'investissement pour la première fois en monopolisant 4% des
IDE chinois. Ici, la manufacture reste bien plus puissant que dans les pays en
voie de développement de part la structure des marchés
développés, qui demandent de nombreux produits
manufacturés de moyenne et forte valeur ajoutée.
Ainsi, nous avons pus voir au sein de cette première
partie les facteurs empiriques des firmes multinationales chinoises. Ces
dernières encore peu expérimentées émettent des IDE
de faibles montants, et privilégient les marchés des pays en voie
de développement. Cependant, malgré une fragilité
relative, certaines d'entres elles n'hésitent pas à investir sur
les marchés européens et nord américain afin
d'acquérir de nouvelles technologies et des parts de marchés
stratégiques dans des secteurs comme celui des technologies vertes.
L'avenir permettra de confirmer ou d'infirmer les évolutions
prévues pour ces entreprises qui normalement devraient évoluer de
façon très dynamiques, en étant des concurrents
sérieux, pour celles déjà en place.
Deuxième partie :
Les formes et les facteurs d'expansion des firmes
multinationales chinoises
Même si l'étude de l'expansion des firmes
multinationales chinoises est intéressante d'un point de vue historique
ou d'analyse des IDE, elle n'en demeure pas moins insuffisante, ou tout du
moins, peu précise. En effet, savoir la quantité d'IDE que les
entreprises chinoises ont émis durant telle année, en visant tel
ou tel secteur et marché permet de dresser une partie de l'analyse, mais
pas l'analyse toute entière. Il faut pour cela tout d'abord se
concentrer sur les formes, voir les types, d'expansion des firmes chinoises.
Les IDE de ces dernières prennent-elles la forme de
fusions&acquisitions ? D'établissements de ventes ? D'une
création d'infrastructures ? De joint ventures68 ?
Connaître la forme d'une expansion permet d'obtenir des renseignements
précieux pour compléter les hypothèses émises sur
une firme. Il est vrai qu'un faible montant d'investissements peut supposer une
firme ayant peur de prendre un risque ou qui se trouve dans un état
l'empêchant de dégager un montant plus élevé (jeune
entreprise, entreprise soumise à des difficultés
financières, réglementation de l'Etat...), regarder la forme de
l'expansion permet alors d'infirmer ou de confirmer l'hypothèse (les
joint-ventures étant souvent privilégiées par les
entreprises ayant peu d'expériences et qui pensent être incapables
par elles-mêmes de s'implanter sur un marché). Cependant,
l'étude des formes d'expansion ne nous dit rien sur les facteurs
poussant à ces dernières, c'est-à-dire les raisons de
vouloir investir.
On ne peut ainsi se permettre de faire l'économie, de
s'intéresser à la base de toute stratégie, qui est : les
facteurs de motivation. S'intéresser à l'expansion des firmes
multinationales chinoises, c'est s'intéresser aux facteurs poussant
à l'expansion sur les marchés étrangers. Ces facteurs sont
de deux natures pour les chinoises : des facteurs économiques et des
facteurs politiques. Même si l'on a pu voir précédemment
l'augmentation de firmes chinoises privées, celles-ci restent largement
moins nombreuses
68 Les joint ventures (en français les
coentreprises ou entreprises communes) sont des entreprises détenues
à part plus ou moins égales, par deux entités. Weitz.L,
Retailing Management, 2004, p.166.
que les entreprises d'Etat. De plus, la procédure
d'évaluation des IDE est aujourd'hui encore largement soumise au regard
du PCC qui peut invalider tout projet qui ne rentre pas de manière plus
ou moins directe dans ses objectifs. Les facteurs politiques jouissent d'un
poids fort sur les facteurs de l'expansion des entreprises chinoises, cependant
il ne faut pas sous-estimer l'influence des facteurs économiques. Ces
derniers sont pris en compte par toutes les entreprises chinoises autant
privées que publiques. Même si, l'Etat peut parfois pousser
à certaines prises de décisions qui vont à l'encontre des
objectifs économiques (qu'on peut simplifier par la production de
bénéfices), les règles de l'économie
libérale mondiale s'appliquent, et tout projet non rentable amène
tôt ou tard à la faillite de l'entreprise qui le soutient.
Pékin prend donc forcement en compte les facteurs économiques si
ce dernier désire influencer la prise de décision des dirigeants
d'entreprises. Une stratégie d'expansion internationale, d'un point de
vue chinois, se situe donc là : entres les intérêts
politiques et économiques. La création d'entreprises
semi-privées (cf. page.20) en est le parfait
syncrétisme, c'est-à-dire, des entreprises d'Etat
répondant à des intérêts purement
économiques, et dont le seul but final n'est pas de remplir une mission
d'intérêt public, mais de faire des profits comme n'importe
qu'elle entreprise privée.
Ainsi, pour compléter et finaliser cette analyse des
stratégies d'expansion des firmes multinationales chinoises, il faut se
pencher sur les formes et les facteurs de ces expansions. Comprendre ces deux
aspects permet alors de confirmer ou d'infirmer les hypothèses qui ont
pu être établies précédemment. L'analyse sera alors
complète, et pourra permettre au lecteur de pouvoir se faire une
meilleure opinion de cette expansion récente des firmes multinationales
chinoises.
Chapitre I : Les formes d'expansion :
L'étude des formes d'expansion des firmes
multinationales chinoises permet de compléter les analyses faites
précédemment. En effet, quand une entreprise décide de
s'agrandir (autant sur son marché domestique qu'à une
échelle régionale ou internationale), celle-ci
bénéficie de différents outils pour lui permettre de
réaliser son projet selon ses demandes et ses capacités. Celle-ci
peut choisir de « partir de zéro » (greenfield
investment) et de construire une infrastructure (usine, centre de
vente...) à partir de rien, de faire une fusion&acquisition
(c'est-à-dire, d'acheter la majorité des parts d'une autre
entreprise afin de la contrôler), d'opter pour une
coentreprise/entreprise commune (joint ventures), de réutiliser
un investissement fait par une autre entreprise précédente
(brownfield investment)...
L'étude de ces différentes formes, et surtout
le choix stratégique fait par les entreprises en optant pour telle ou
telle forme, permet de mieux cerner la stratégie de cette
dernière et de comprendre au final les facteurs motivant à la
base son investissement.
A) Un regard global sur les formes d'expansion :
Avant d'analyser de façon très précise,
les formes choisies par les firmes multinationales chinoises pour s'implanter
à l'étranger selon les secteurs et les marchés
visés, il faut regarder le phénomène de façon
globale. Regarder de façon globale, c'est se baser sur des moyennes et
des phénomènes communs au choix de ces formes, quelque soit le
secteur ou le marché visé. Il permet de définir les
grandes tendances que l'on rencontre partout, et qui sont liées
directement aux firmes chinoises. On peut du même coup, trouver les
difficultés majeures auxquelles elles doivent faire face partout dans le
monde. Un regard global permet de savoir si un phénomène ou une
difficulté est endémique aux entreprises chinoises, aux
marchés, et/ou aux secteurs. On peut dès lors, mieux
évaluer la source de ces derniers et éviter de l'imputer au
mauvais facteur. Après cela, l'étude des perspectives
d'évolution permet d'apporter une image positive ou négative, sur
le phénomène à observer quand à son avenir.
a) Les différents types d'activités à
l'étranger :
Les types d'activité à l'étranger,
même si elles se distinguent des formes d'expansion, sont à
étudier (au moins de façon très brève) afin de
mieux comprendre, de façon globale, l'expansion des firmes chinoises.
Ces dernières regroupent : les bureaux de représentation, les
agences, des bureaux de vente, des usines de fabrication, des centres de
sous-traitance, des centres de distribution... (Voir tableau
I.A.1).
Tableau I.A.1 : Types d'activités à
l'étranger
Catégories d'activités
à l'étranger
|
Première activité
|
Deuxième activité
|
Troisième activité
|
Total (nombre d'entreprises)
|
Total (en %)
|
Bureaux de représentation
|
134
|
3
|
2
|
139
|
20,12%
|
Agences
|
56
|
33
|
0
|
89
|
12,88%
|
Bureaux de vente
|
133
|
30
|
30
|
193
|
27,93%
|
Usines de fabrication
|
37
|
8
|
8
|
53
|
7,67%
|
Centres de sous-traitance
|
17
|
22
|
5
|
44
|
6,37%
|
Centres de distribution
|
21
|
12
|
20
|
53
|
7,67%
|
Inconnu
|
38
|
41
|
41
|
120
|
17,37%
|
Total
|
436
|
149
|
106
|
691
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce tableau permet, tout d'abord, de montrer que
les entreprises chinoises qui s'installent à l'étranger exercent
plus d'une activité (trois en moyenne). Tous les types d'activité
sont concernés à part les agences, cependant l'échantillon
sélectionné par le conseil chinois pour la promotion du commerce
international (China Council for the Promotion of International Trade) reste
limité avec seulement 691
entreprises chinoises implantées à
l'étranger qui ont répondus à l'enquête. Cependant,
malgré un échantillon faible, on peut s'apercevoir que les
entreprises installées à l'étranger sont
multifonctionnelles. Certaines activités sont d'ailleurs facilement
connectées comme : les bureaux de représentation et les bureaux
de vente qui sont, de plus, les deux activités
privilégiées par les entreprises chinoises avec respectivement
20,12% et 27,93%. Ces deux types d'activités ont comme avantage commun,
de donner à l'entreprise une implantation directe, tout en gardant une
forme de souplesse. En effet de cette manière, l'entreprise peut mieux
observer les marchés visés et donc adapter ses exportations
à ces derniers, sans engager des montants d'IDE gigantesques et
difficiles à assumer pour elle-même. L'entreprise se limite ainsi
donc, à une R&D adaptative au marché local, et à une
prospective de nouveaux clients afin de pouvoir mieux écouler ses
produits. Cela permet donc de mieux comprendre les faibles montants
caractéristiques des investissements chinois qu'on a pu observer
précédemment (cf. page.28). Le choix de cette
activité peut aussi s'expliquer par le désir de ne pas trop
s'engager de la part des firmes chinoises, surtout s'il est difficile
d'intégrer le marché, et donc, un manque d'expérience de
la part des entreprises correspondantes. Cependant, pour pouvoir
véritablement confirmer cette hypothèse, il faut regarder s'il
existe des différences sur ce point précis, entre les
marchés développés et en développement.
Une autre notion intéressante à extraire de ce
tableau est celle des centres de soustraitance. Cette activité ne se
base pas sur la production d'un bien ou d'un service propre à
l'entreprise (comme pour l'usine de fabrication, en ce qui concerne la
production de biens), mais sur la signature de contrat de sous-traitance avec
d'autres entreprises. L'entreprise ne fournit ici aucun réel effort de
R&D afin de créer un produit spécifique, elle s'engage juste
à produire un bien ou un service qu'une autre entreprise ne peut ou ne
veut pas réaliser. Or dans ce tableau, on s'aperçoit que les
centres de sous-traitance sont plus choisis comme deuxième que
première activité par les entreprises chinoises, cette
activité est la seule dans ce cas de figure précis. Même si
aucun chiffre ne l'atteste, il semble logique d'avancer que l'activité
de centre de sous-traitance (qui est d'ailleurs la moins favorisée avec
à peine 6,37%) est sans doute liée à celle des usines de
fabrication. Ces dernières (7,67%) choisissent en effet,
l'activité de sous-traitance comme apport de revenu
complémentaire, si la production n'est pas à sa cadence maximale.
L'usine de
fabrication peut alors compléter une chute des ventes
directes par un contrat de soustraitance pour une autre entreprise, qui elle,
connaît un excès de demande. Cependant, les usines de fabrication,
en tant que première activité, remplissent d'autres rôles.
Les usines de fabrication peuvent remplir différents objectifs selon si
elles sont rachetées ou si elles sont construites à partir de
rien (greenfield investment). Si elles sont le fruit d'une
acquisition, le but peut être double : acquisition d'une technologie et
entrée sur un marché. Si elles sont le fruit d'une
création, elles ont surtout pour but l'inondation d'un marché par
un produit spécifique maîtrisé par l'entreprise
créatrice. Or, pour donner une réponse définitive et
claire, il faudrait mettre ces données en relation avec les formes
d'expansion privilégiées par ces mêmes entreprises.
La dernière notion intéressante soulevée
par ce tableau est : les inconnus. Il semblerait en effet, que près de
120 entreprises chinoises sur 691, soit 17,37% soient incapable de
définir quel type d'activités elles mènent à
l'étranger. Cette réponse peut sembler étonnante de la
part de firmes menant des activités à l'étranger. Ceci
peut montrer un autre aspect des firmes multinationales chinoises : une
difficulté à définir une stratégie claire et se
lancer sur des phénomènes d'opportunité. Certes, ceci ne
concerne pas de grands groupes chinois somme Haier ou Lenovo,
mais peut faire écho à certaines entreprises d'Etat mal
préparées à une expansion internationale et qui
connaissent par le suite des difficultés. Il semblerait logique pour les
grands groupes de posséder plus de trois activités, mais quatre,
cinq, six voir beaucoup plus. Activités toutes complémentaires
afin de mener des projets clairs et précis de grandes envergures.
Ainsi, les firmes chinoises possèdent un large panel
d'activités, qui peut autant laisser supposer des points forts que des
faiblesses profondes. Cependant, pour pouvoir mieux se faire une idée
sur cette situation, il faut mieux laisser de côté pour l'instant
les types d'activités afin de se concentrer sur les formes d'expansion.
Ces dernières permettent de se faire une meilleure idée des
entreprises chinoises, et de leurs aptitudes à s'étendre sur les
marchés mondiaux. En effet, certaines formes d'expansion laissant, plus
ou moins, apercevoir un certain niveau d'expérience.
b) Les différentes formes d'expansion :
Les formes d'expansion sont nombreuses mais peuvent se
résumer sous quatre grandes formes : les entreprises communes, les
fusions et acquisitions, les créations, et les réutilisations
d'investissements précédents (voir graphique I.A.1).
Graphique I.A.1 : Les formes des investissements des
firmes chinoises à l'étranger
Réutilisations (brownfield
investment) Créations (greenfield investment) Fusions et
Acquisitions Joint ventures
|
|
|
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce graphique permet de voir que la forme
d'expansion favorisée par les entreprises chinoises, est la
création d'établissements (greenfield investment), avec
40%. Ceci peut aller à l'encontre de certaines hypothèses qui
veut que les entreprises chinoises soient inexpérimentées. En
effet, il semblerait au contraire que ces dernières aient
accumulé une expérience suffisante afin de mener des projets par
elles-mêmes à l'international, même si ce graphique ne
permet pas de montrer le taux de réussite et d'échec de ces
derniers. Or, il est intéressant de regarder le deuxième choix
des firmes chinoises qui est : les joint ventures.
Les entreprises communes (joint ventures) sont des
formes d'expansion caractéristiques d'entreprises qui connaissent des
difficultés pour pénétrer un marché et qui
nécessitent l'aide d'une entreprise présente sur place afin d'y
arriver. En effet, les coentreprises sont caractéristiques des
entreprises qui nécessitent de l'aide de façon très
diverse. Les entreprises communes permettent, en effet, de partager les
coûts liés à la création de l'entreprise et donc de
limiter le montant global de l'IDE. Cela permet alors de rentrer dans les
critères définis par le ministère du commerce de la
République Populaire de Chine, et aussi d'utiliser l'argent
économisé d'en d'autres projets
d'investissements à l'étranger. De plus, les
coentreprises ont comme autres avantages, de permettre de contourner les chocs
culturels qui peuvent apparaître lors de l'entrée sur un nouveau
marché. Il est vrai que s'associer avec un partenaire local peut
permettre de mieux s'adapter aux attentes des consommateurs, ainsi qu'aux lois
et règlements du pays. Enfin, l'entreprise commune peut être aussi
un moyen d'acquérir de nouvelles technologies présentes sur un
marché local. Ainsi, cette autre forme d'expansion semble aller à
l'opposé de notre première constatation qui voulait que les
entreprises chinoises soient autonomes. Cette forme d'expansion
appréciée par une grande partie des entreprises chinoises peut
montrer au contraire, une forme de faiblesse de la part des firmes chinoises
qui nécessitent de l'aide afin d'accéder aux marchés
visés. On se retrouve donc face à un paradoxe : une partie des
firmes chinoises semble suffisamment autonome pour mener des projets à
partir de zéro, et de s'installer par elles-mêmes sur ces
marchés visés, l'autre partie des firmes, quand à elle
semble à l'opposé, incapable de mener des projets toutes seules
et utilisent la forme des entreprises communes afin de pouvoir mener leurs
politiques d'expansion. Cependant même si les projets d'investissement
« greenfield » marquent une maturité certaine de la
part d'une partie des firmes chinoises, ces dernières sont encore peu
nombreuses à choisir l'option des fusions&acquisitions.
Les fusions&acquisitions sont, en effet, encore peu
nombreuses parmi les firmes chinoises (19%). Cette forme d'expansion est sans
doute la plus difficile que peut choisir une entreprise, chose qui peut
s'expliquer par diverses raisons. Tout d'abord, les fusions&acquisitions
nécessitent des moyens financiers bien supérieurs que pour les
entreprises communes. Ce fort montant peut rentrer en conflit avec les plafonds
d'IDE définis par le ministère du commerce de la
République Populaire de Chine (cf. page.37), et toutes les
firmes chinoises ne sont, de plus, pas capables de fournir de tels montants.
Aussi, les fusions&acquisitions obligent à d'autres obligations
comme une parfaite connaissance des lois et règlements du pays
hôte, ainsi qu'une capacité pour l'entreprise acheteuse à
absorber des employés, une culture d'entreprise différente... Il
est vrai qu'audelà des simples aspects matériels, les aspects
immatériels sont à prendre en compte. Or, les entreprises
chinoises peuvent accumuler certaines difficultés comme : une mauvaise
image liée à la qualité des produits chinois, à
l'organisation du travail... On peut pour
illustrer cette affirmation prendre l'exemple du rachat du
journal américain The Onion par l'entreprise
sichuanaise Yu Wan Mei Corporation en juillet 2009. Cette acquisition
fut un échec total pour l'entreprise chinoise qui voulut utiliser le
journal à des fins de propagande prochinoise, alors qu'à la base,
ce journal était d'obédience satyrique69. Ce simple
exemple permet de montrer deux erreurs que l'entreprise a commises en rachetant
ce journal : une mauvaise connaissance des lecteurs américains, et une
mauvaise connaissance de l'esprit d'entreprise du journal acheté.
Cependant, il est intéressant de noter que même
si les fusions acquisitions restent limitées à l'heure actuelle,
ces dernières connaissent une progression lente mais ininterrompue
depuis 2008, en particulier au sein des pays en voie de développement.
La proportion des fusions&acquisitions par rapport aux autres formes
d'expansion (au sein des pays en voie de développement) est
passée de 8% en 2008, pour atteindre 15% en 2009, et finalement 22% en
2010. Selon un rapport de l'OCDE de 200870, les flux d'IDE
concernant des fusions&acquisitions sont passés de 60 millions de
dollars en 1990 pour atteindre 5,3 milliards de dollars en 2005. Ces
dernières sont utilisées par les entreprises chinoises comme des
moyens d'accéder rapidement et relativement facilement à des
hautes technologies (en particulier dans le secteur des
télécommunications), d'acquérir des parts de
marchés, de posséder une nouvelle marque (pouvant contrebalancer
la mauvaise image des marques chinoises)... Mais le rapport permet aussi de
démontrer que même si cette forme d'expansion commence petit
à petit à s'imposer parmi les firmes chinoises, elle reste encore
le panache des grandes firmes multinationales, les plus petites se contentant
encore des entreprises communes pour la grande majorité d'entres
elles.
Malgré une progression du nombre de
fusions&acquisitions, les échecs restent encore nombreux à
cause d'une mauvaise préparation et d'un manque flagrant de conseil. Le
conseil aux entreprises (consulting) reste encore peu populaire en
Chine et amène régulièrement à des échecs
cuisants lors de fusions&acquisitions comme avec le groupe TCL
(cf. page.69). En fait, les entreprises chinoises sont plus
habituées au phénomène de la guanxi (?\u31995OEn
: guânxi), qu'on pourrait traduire en français par :
« les relations ».
69 EuroBiz, juin 2010, p.37.
70 OECD Investment Policy Reviews : China
2008, OECD 2008, page.74.
Cependant, ces relations vont au-delà d'un simple
contact, mais de véritables liens plus ou moins directs avec les
clients, les fournisseurs, le PCC... Sans guanxi, il est totalement
impossible de mener à bien une activité commerciale en Chine, ou,
depuis la Chine71. Or, le problème est, que les entreprises
chinoises sont habituées aux guanxi, et les confondent avec le
conseil aux entreprises, ce dernier est alors sous-estimé et est pris
comme une sorte d'intermédiaire à la réalisation d'un
projet. Néanmoins, malgré ce manque de compréhension de
l'intérêt du conseil aux entreprises par la majorité des
firmes chinoises, certains groupes, parmi les plus puissants, ont
commencé à s'y référer pour n'importe quel projet
appelant à une fusion&acquisition. Ils ont alors traité avec
des groupes comme : JP Morgan, Lehman Brothers, Merril
Lynch... (Voir tableau I.A.2).
Tableau I.A.2 : Les 5 meilleurs contrats de
fusions&acquisitions conseillés (2008-2010)
Dates
|
Nom de la cible
|
Nationalité de la cible
|
Nom de l'acquéreur
|
Montant (en milliards de dollars)
|
Conseiller(s) de l'acquéreur
|
Industrie
|
Avril 2010
|
Syncrude Canada
|
Canada
|
Sinopec Int'l
|
4,639
|
Deutsche Bank AG
|
Energy and Power
|
Mars 2010
|
Bridas
|
Argentine
|
CNOOC
|
3,100
|
JP Morgan
|
Energy and Power
|
Juin 2009
|
Addax Petroleum
|
Suisse
|
Mirror Lake Oil & Gas
|
9,025
|
Credit Suisse Group
|
Energy and Power
|
|
71
http://www.marketing-chine.com/conseils-business-en-chine/les-guanxis-%E5%85%B3%E7%B3%BB,
par Olivier VEROT, le 1 mars 2011.
|
|
|
|
|
Lehman Brothers
|
|
|
Awilco
|
|
COSL
|
|
|
|
Juillet
|
|
|
|
|
Asia
|
Energy
|
2008
|
Offshore
|
Norvège
|
Norwegian
|
3,887
|
JP Morgan
|
and Power
|
|
ASA
|
|
AS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
China Int'l
|
|
|
|
|
|
|
Capital
|
|
|
|
|
|
|
China Int'l
|
|
|
China
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Capital
|
|
|
Netcom
|
|
|
|
|
|
Juin
|
|
|
China
|
|
JP Morgan
|
|
|
Group
|
Hong Kong
|
|
32,012
|
|
Telecom
|
2008
|
|
|
Unicom
|
|
Merril Lynch
|
|
|
(Hong
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CITIC
|
|
|
Kong)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Securities
|
|
|
Source: Thomson Reuters
On peut ainsi s'apercevoir que ceci concerne surtout des
groupes qui travaillent dans le secteur de l'Energie, voir de la
télécommunication, en effet, même si pour la
télécommunication (période 2008/2010), ceci ne concerne
qu'une seule acquisition (mais pour un montant de plus de 32 milliards de
dollars). Le conseil, bien qu'encore marginalement compris par les firmes
chinoises, s'avère nécessaire et profitable surtout lors de
fusions&acquisitions très lourdes.
c) Les difficultés caractéristiques
rencontrées par les firmes chinoises :
Lors de leurs expansions, les firmes multinationales
chinoises rencontrent des difficultés, qui ont des conséquences
plus ou moins importantes sur leurs investissements à l'étranger.
Ces derniers peuvent être perturbés, et favoriser certaines formes
d'expansion plutôt que d'autres, afin de s'adapter aux problèmes
rencontrés (voir tableau I.A.3, page suivante).
Tableau I.A.3 : Difficultés majeurs que
rencontrent les IDE chinois
Difficultés
|
Score
|
Difficultés de financement
|
2,89
|
Inexpérience à l'international
|
3,23
|
Marque chinoise inconnue par les consommateurs locaux
|
2,91
|
Craintes des consommateurs liées à
la qualité et aux dangers potentiels des produits chinois
|
2,98
|
Manque d'innovation au niveau des produits ou des processus
de fabrication
|
3,27
|
Incompréhension des nouvelles régulations
internationales et des risques
|
3,32
|
Problèmes culturels
|
3,60
|
Réponse négative du pays hôte
pour recevoir un investissement
|
3,75
|
Réponses négatives des institutions chinoises
pour émettre l'IDE
|
3,83
|
Note : Un petit score indique une grande influence de la
difficulté sur l'investissement.
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut ainsi s'apercevoir que les trois difficultés
les plus importantes rencontrées par les firmes multinationales
chinoises sont : les problèmes de financement (2,89), des marques
chinoises inconnues (2,91), et des craintes liées à la
qualité des produits chinois et aux dangers potentiels liés
à leur consommation (2,98). Le problème de financement est
logiquement le plus grave pour les firmes chinoises, et peut s'expliquer par
différents facteurs. Tout d'abord, la procédure chinoise
d'évaluation des IDE à trois échelles (cf.
page.37) ralentit l'émission des IDE, et cette attente
prolongée peut mener à un accroissement des coûts, surtout
si cela concerne une fusion&acquisition ou une joint-venture. De plus, il
ne faut pas oublier que le ministère du commerce de la République
Populaire de Chine a crée des plafonds annuels d'IDE, ainsi pour rester
en deçà de ces
derniers, certaines firmes chinoises s'autolimitent et se
résignent à mener des projets de plus faible envergure. Cette
ingérence du PCC dans les décisions des firmes nationales (autant
privées que publiques) ne permet pas aux firmes chinoises d'utiliser
tout leur potentiel, au contraire, cela les limitent et les empêchent de
débloquer facilement des fonds importants pour mener des projets de
très grande envergure sur les marchés internationaux. Cette
ingérence qui, au lieu de favoriser, gène les entreprises
chinoises qui se retrouvent à devoir proposer généralement
des IDE de faible montant pour bénéficier de procédures
plus légères et donc plus rapides. Il est vrai que les
procédures mises en place par le PCC sont plus favorables pour les
faibles montants d'IDE qui bénéficient de procédures
d'évaluation plus légères, les firmes se retrouvent donc
à devoir réviser leurs intentions à la baisse afin de
gagner en réactivité. Ensuite, en plus de limiter les fonds
dédiés aux IDE, le PCC limite aussi l'apport en capital
étranger. Cette limitation empêche les entreprises chinoises de
faire des alliances et de pouvoir donc diminuer les coûts de rachat d'un
groupe, ou d'implantation de manière générale. Cette
limitation est valable, même si cet apport est minoritaire et non
majoritaire, le simple fait d'exister alourdi énormément la
procédure d'évaluation. Ceci ne pousse donc pas les entreprises
chinoises à trouver des partenaires intéressés par le
rachat en parti d'un groupe, elles doivent se débrouiller seules dans la
mesure du possible. Enfin, la jeunesse relative de certaines firmes chinoises
et leurs inexpériences à l'international peut pousser certaines
banques (mêmes chinoises) à vouloir se protéger de tout
risque, et donc à augmenter les taux proposés pour les emprunts.
Cette augmentation des coûts de l'emprunt, ajouté aux autres
difficultés expliquées précédemment, permet
d'expliquer les graves difficultés auxquelles les entreprises chinoises
doivent faire face sur le plan du financement des projets. Seulement des
réformes lancées par le gouvernement pourraient améliorer
la situation des firmes, cependant il faudra pour cela atteindre le prochain
congrès du PCC en 2012 pour voir s'esquisser les premières
évolutions possibles. Il faut quand même rajouter, que si les
difficultés financières jouent un rôle important sur les
IDE chinois, il n'en est pas de même pour les réponses
négatives des administrations chinoises (3,83). En effet, même si
les procédures d'évaluation lourdes amènent à une
diminution du montant global des IDE, la peur de voir son projet rejeté
par le PCC ne l'est pas, au contraire, cette crainte se situe à la
dernière place.
Les deux autres grandes difficultés auxquelles les
entreprises chinoises doivent faire face sont : le fait que leurs marques
soient inconnues par les consommateurs locaux et les craintes liées
à la qualité et la dangerosité des produits chinois. En
effet, ces deux notions sont, en partie, liées. Les produits chinois ont
comme réputation générale d'être de mauvaises
qualités, voir dangereux pour la santé, comme le rappel l'affaire
des fauteuils de Conforama qui avaient fais plus de 38 000 victimes en
France72. Cette mauvaise image de marque accentue les
défiances envers les produits chinois surtout que la majorité des
clients hors de Chine ne connaissent pas les marques chinoises et se retrouvent
donc incapables de faire la différence entre les produits de telle ou
telle marque. Le fait que les marques chinoises ne soient pas connues vient en
partie du fait, que pour la majorité des consommateurs, la Chine est
encore un pays de délocalisation qui produit pour des firmes
étrangères, mais qui n'exporte pas les produits de ses propres
marques. Cette façon de voir, bien que fausse, est encore largement
répandue parmi les consommateurs qui ne croient pas voir des marques
chinoises dans les grands centres de distribution. De plus, les consommateurs
peuvent connaître des phénomènes d'habitudes et se
concentrer sur une marque, ainsi l'arrivée d'un nouvel arrivant peut
passer inaperçue si aucune campagne publicitaire de grande envergure
n'est engagée afin de soutenir l'entrée du produit sur un nouveau
marché. L'autre fait pouvant expliquer ce phénomène est la
barrière de la langue. Ainsi, des noms comme Haier et
Lenovo peuvent passer inaperçu auprès des consommateurs,
vu que ces derniers sont traduits phonétiquement. Il est vrai que les
entreprises chinoises adoptent une attitude assez passive sur leur image de
marque. Ces dernières ne cherchent pas se faire connaître comme
des entreprises chinoises, mais au contraire, le cachent aux consommateurs de
différentes manières comme : enlever les caractères
chinois au profit d'une traduction phonétique (exemple de
Lenovo), prendre un nom d'origine anglo-saxonne (exemples de
Suntech Power, et Neusoft)... Les entreprises chinoises
connaissant la mauvaise réputation de leurs produits cherchent, pour une
frange d'entre elles, à cacher leur origine, ou tout du moins, à
ne pas mettre en avant la nationalité de leur entreprise pour
éviter toute mauvaise publicité. Néanmoins, toutes les
firmes chinoises n'appliquent pas ces pratiques et certaines d'entres elles
ont, au contraire, mis en place une réelle politique
72 Des sachets antifongiques (pour éviter
l'apparition de moisissures) laissés dans des fauteuils produits en
Chine, et distribués en France par l'entreprise Castorama,
avaient provoqué des réactions allergiques chez certains
acheteurs en 2008.
d'image afin de démontrer le sérieux et la
qualité de leurs produits. L'entreprise chinoise HAIER est l'une des
plus actives sur ce point et son président-directeur
général (PDG) Zhang Ruimin (?\u29790êêïq :
Zhâng Ruìmin) mène cette politique depuis son
accession au pouvoir en 1985. Plus qu'une politique visant à
améliorer l'image de ses produits, ce dernier a décidé
d'engager la création d'une réelle culture d'entreprise visant
à montrer le sérieux de son groupe. En effet ce dernier à,
après son accession au poste de PDG, ordonné la destruction de 76
réfrigérateurs défectueux par les ouvriers de l'entreprise
sur la place publique. Le but de cet acte était de remodeler
l'entreprise, et sa politique de qualité, afin de l'adapter à la
concurrence mondiale et de pouvoir lancer par la suite, une stratégie
d'expansion vers les marchés étrangers. Cette destruction des
réfrigérateurs sur la place publique est
interprétée comme l'acte fondateur qui lança la culture de
l'entreprise, et est présentée comme tel par le service de
communication de Haier. D'autres phénomènes ont
été, par la suite, présentés comme des actes
rentrant dans cet engagement pour la qualité : en 1988 l'entreprise
gagna la médaille d'or nationale de la qualité pour les
réfrigérateurs, en 1990 la firme gagna le prix national de la
gestion de la qualité, et la certification UL73... Cependant,
même si le groupe Haier a mis en place une politique efficace
afin d'améliorer l'image de ses produits et faire connaître sa
marque, la grande majorité des entreprises chinoises sont encore loin de
mettre en place de tels efforts (qui sont très coûteux) pour
améliorer leurs images de marque. Ces dernières restent
globalement passives et essayent de répondre aux critiques de
manières individuelles, plus que de refondre leur image de marque.
Un point intéressant soulevé par le tableau est
que, les entreprises chinoises n'estiment pas que le manque de connaissances
des lois et des risques liés aux activités internationales
(3,27), ainsi que les barrières culturelles (3,32) affectent
réellement leurs investissements. Or, nous avons pus observer
précédemment que tel n'est pas l'avis des cabinets
spécialisés dans le conseil aux entreprises comme : JP
Morgan, KPMG... De plus des exemples fameux, comme l'échec
de TCL en Europe, peut montrer que sur ce point là, les firmes
chinoises sous-estiment un peu leurs capacités. Il est vrai que le
problème d'intégration des cultures d'entreprises lors des
fusions&acquisitions est élevé,
73
http://www.haiereurope.com/fr/contents/les-etapes-importantes-dans-la-vie-de-haier,
le 1 mars 2011.
ainsi que lors de l'établissement de certaines
joint-ventures en vu de coordonner des efforts de personnels qui
possèdent des méthodes de travail différentes.
Ainsi, les entreprises chinoises doivent faire face à
de nombreux défis pour pouvoir améliorer leurs positions à
l'international. Cependant, ces dernières connaissent un succès
indéniable malgré les difficultés auxquelles elles doivent
faire face.
d) Les perspectives liées à ces formes
d'expansion :
Les prospectives tentent à montrer une évolution
des types, ainsi que des formes d'expansion des firmes multinationales
chinoises (voir graphique I.A.2).
Graphique I.A.2 : Perspectives d'évolutions des
types d'activité
Bureaux de représentation
Production d'équipements
Centres de distribution
Bureaux de vente
Centres d'achat
Agence
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
Source: China council for the promotion of international
trade.
On peut grâce à l'étude de ce tableau,
voir que les bureaux de vente, ainsi que les bureaux de représentation
seront dans le futur les types d'investissement favorisés. Ces deux
modes sont très flexibles et nécessitent peu d'investissements,
ils sont largement employés par des entreprises qui effectuent leurs
premiers investissements à l'étranger. Ceci peut montrer que de
nouvelles entreprises chinoises vont se lancer, dans le futur, dans des
activités internationales pour la première fois. On peut alors
supposer une vigueur de la part des entreprises chinoises qui pensent trouver
sur les marchés internationaux de nouvelles opportunités,
qu'elles ne trouvent pas sur leur marché local.
Ce changement dans les types d'activité induit un
autre dans les formes futures des investissements chinois à
l'étranger. Ces dernières sont en pleine mutations pour le futur
(voir tableau I.A.4).
Tableau I.A.4 : Perspectives d'évolution des
formes des IDE chinois
Formes
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Créations (greenfield investment)
|
123
|
8,93%
|
Fusions&acquisitions
|
251
|
18,23%
|
Réutilisations (brownfield investment)
|
269
|
19,53%
|
Coentreprises
|
4
|
0,29%
|
Inconnu
|
579
|
42,05%
|
Pas de réponses
|
151
|
10,97%
|
Total
|
1377
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
On s'aperçoit, tout d'abord, que pratiquement la
moitié des entreprises chinoises ne savent pas qu'elles forment elles
prendront dans l'avenir (42,05%). Ces dernières hésitent sans
doute, soit à reproduire les formes d'investissements qu'elles ont
déjà fait par le passé, soit à passer à une
nouvelle étape comme : des créations (greenfield
investment), ou des fusions&acquisitions. Cependant on peut noter que
pour les entreprises qui savent déjà qu'elle forme elles
utiliseront, les réutilisations (brownfield investment) sont en
première position, alors qu'elles n'enregistrent à l'heure
actuelle que de 6% des formes d'IDE employées. La deuxième
position est, quand à elle, occupée par les
fusions&acquisitions avec 18,23%. Ce pourcentage montre qu'il n'y a pas de
réelles évolutions avec le rapport d'aujourd'hui. Tout se jouera
avec les décisions que prendront les entreprises plus tard, or il peut
sembler étonnant que les firmes chinoises n'aient pas encore pris de
décision, cela peut laisser penser que ces dernières ne
prévoient pas à long terme leurs projets d'investissements et
qu'elles restent assez opportunistes.
Ainsi, nous avons pus nous faire une première
idée, de façon générale, des formes qu'emploient
les firmes multinationales chinoises dans leurs stratégies d'expansion.
Cependant, ces chiffres globaux peuvent varier selon les marchés
visés, ainsi que selon les secteurs où les investissements sont
réalisés. Il faut alors pour nuancer ces premiers chiffres
regarder de façon plus précise les investissements pas
marchés et secteurs.
B) Les marchés et les secteurs, facteurs
influençant les formes d'expansion :
L'analyse des formes d'expansion par marchés et
secteurs permet de se faire une idée plus précise des efforts
d'adaptation que doivent fournir les firmes multinationales chinoises pour
réussir. En effet, même si les chiffres généraux
permettent de se faire une idée globale de la situation actuelle, et
donc de pouvoir ériger des hypothèses sur les raisons des choix
des firmes chinoises sur la question des formes d'expansion. Ces derniers ne
permettent pas de rendre compte de la réalité, en supprimant les
écarts types. En effet, existe-il des différences entre les
marchés des pays développés et des pays en voie de
développement ? Les secteurs d'activité influencent-ils
réellement les formes d'expansion et de quelle manière si cela
est vrai ? Ces questions sont nécessaires, et on ne peut faire
l'économie de les traiter pour rester avec des moyennes
générales simplifiant la réalité.
a) Le cas des pays en voie de développement :
Analyser les formes d'expansion au sein des pays en voie de
développement c'est devoir se pencher, tout d'abord, à nouveau
sur les types d'activité des firmes chinoises qu'elles favorisent
à l'étranger (voir tableau I.B.1).
Tableau I.B.1 : Types d'activités à
l'étranger pour les pays en voie de développement
Catégories
|
|
|
|
Total
|
|
d'activités à
|
Première
|
Deuxième
|
Troisième
|
(nombre
|
Total
|
l'étranger
|
activité
|
activité
|
activité
|
d'entreprises)
|
(en %)
|
Bureaux de
|
|
|
|
|
|
représentation
|
46
|
2
|
1
|
49
|
17,31%
|
Agences
|
26
|
5
|
0
|
31
|
10,95%
|
Bureaux de
|
|
|
|
|
|
vente
|
55
|
9
|
5
|
69
|
24,38%
|
|
Usines de fabrication
|
27
|
5
|
4
|
36
|
12,72%
|
Centres de sous-traitance
|
6
|
13
|
2
|
21
|
7,42%
|
Centres de distribution
|
5
|
4
|
4
|
13
|
4,59%
|
Inconnu
|
22
|
21
|
21
|
64
|
22,61%
|
Total
|
187
|
59
|
37
|
283
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce tableau permet de constater que les deux
premières activités cautionnées par les firmes chinoises
restent toujours les mêmes : les bureaux de vente (24,38%), et les
bureaux de représentation (17,31%). De plus, les entreprises exercent
toujours trois activités pour la très grande majorité
d'entres elles, seul les agences de sont pas concernées.
Néanmoins on s'aperçoit que les chiffres sont globalement en
dessous des moyennes observées précédemment, en effet, les
bureaux de représentation chutent de 2,81%, tandis que les bureaux de
vente, eux, chutent de 3,55%. Seul une activité se situe au-dessus de la
moyenne : les usines de fabrication (12,72%). Ces dernières gagnent
5,05%. Les pays en voie de développement semblent être une terre
propice à l'implantation d'usines de fabrication, comme nous avons pu
l'affirmer, afin de pouvoir jouer d'une main d'oeuvre meilleur marchée
qu'en Chine. On peut supposer aussi, qu'il est plus facile pour les firmes
chinoises d'exercer ce genre d'activités dans les pays en voie de
développement, dont les réglementations en terme du droit du
travail sont souvent moins strictes, que celles qu'on peut trouver dans les
pays développés et particulièrement en Europe. La
dernière constatation qu'on peut ici faire, c'est que le nombre total
d'entreprises interrogées qui investissent dans les pays en voie de
développement est de 283. Or, nous avons pus voir que cette étude
portait à la base sur 691 entreprises au total. Ainsi, sur cette
dernière, plus de la moitié des entreprises interrogées
exercent une activité dans les pays développés et non en
voie de développement, ceci pouvant nous amener à relativiser en
partie ces résultats, même si cela ne devrait pas
véritablement changer les grandes tendances décrites
ci-dessus.
Après ce regard sur les types d'activité des
firmes chinoise dans les pays en voie de développement, il est
désormais nécessaire de se pencher sur les formes d'expansions
que ces dernières privilégient à l'heure actuelle sur ces
mêmes marchés (voir graphique I.B.1).
Graphique I.B.1 : les formes des IDE chinois dans les
pays en voie de développement
Réutilisations (brownfield
investment) Créations (greenfield investment) Fusions et
Acquisitions Joint ventures
|
|
|
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40% 45%
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce graphique nous permet de constater que les
marchés n'ont pas de réel impact sur le choix des formes
d'expansion, hormis pour les fusions&acquisitions. Il est vrai que les
chiffres restent très proches des moyennes exposées auparavant,
ces dernières ne sont en fait que légèrement
supérieures. Seul l'étude du nombre de fusions&acquisitions
se révèle intéressant, ces dernières sont
légèrement moins nombreuses (15% au lieu de 19%). Il semblerait
donc que les fusions&acquisitions ne se révèlent pas comme
une nécessité stratégique dans les pays en voie de
développement. Ces dernières sont moins nombreuses au profit des
autres formes d'expansion, moins coûteuses et plus faciles à
réaliser. D'un autre côté, les créations
(greenfield investment) sont aussi légèrement
supérieures à la moyenne (42% au lieu de 40%), ceci peut sans
doute s'expliquer par des coûts moyens plus faibles et des
réglementations moins strictes favorisant ce choix
stratégique.
Ainsi, nous avons pus voir que pour les pays en voie de
développement, plus que les formes d'expansion, ce sont les types
d'activité qui évoluent par rapport aux moyennes. Il serait donc
plus intéressant, pour cette étude, de se consacrer sur les
perspectives d'évolutions des types d'activité
que des formes d'expansion pour compléter notre regard sur l'impact des
pays en voie de développement sur les choix stratégiques des
firmes chinoises (voir graphique I.B.2).
Graphique I.B.2 : Perspectives d'évolution des
types d'activité des firmes chinoises dans les pays en voie de
développement
Bureaux de représentation
Production d'équipements
Centres de distribution
Bureaux de vente
Centres d'achat
Agence
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Nous pouvons donc constater certaines évolutions
significatives par rapport aux moyennes préétablies, en effet,
trois types d'activité évoluent fortement par rapport à
ces dernières: La production d'équipements (14% au lieu de 10%),
les bureaux de vente (29% au lieu de 31%), et les bureaux de
représentation (25% au lieu de 29%). Il vrai que la production
d'équipements peut s'expliquer facilement en jouant sur les coûts
relatifs plus bas que dans les pays développés et par les
réglementations souvent moins sévères (surtout avec
l'établissement de réglementations dans les pays
développés afin de gérer les externalités ayant des
conséquences sur l'environnement). Les bureaux de vente et de
représentation sont, quand à eux, moins présents dans les
pays en voie de développement. Ces deux types d'activité, plus
souples à mettre en place et peu coûteux, sont plus adaptés
pour les pays développés où des firmes chinoises
hésitent encore à s'installer, ils permettent à ces
dernières de bénéficier d'une « tête de pont
» sur ces marchés sans engager des coûts
élevés. De plus, les firmes, en cas de retournement de la
conjoncture, peuvent facilement sortir du marché avec ce type
d'activités qu'avec d'autres comme : une usine de fabrication...
Ainsi, nous avons pu constater l'influence que pouvait avoir
les pays en voie de développement sur les formes d'expansion. Il faut
désormais s'intéresser au cas des pays
développés.
b) Le cas des pays développés :
Nous avons pu voir que les types d'activité variaient
fortement avec les moyennes pour les pays en voie de développement, il
faut dès lors s'intéresser aux variations du côté
des pays développés (voir tableau I.B.2).
Tableau I.B.2 : Types d'activité à
l'étranger pour les pays développés
Catégories d'activités
à l'étranger
|
Première activité
|
Deuxième activité
|
Troisième activité
|
Total (nombre d'entreprises)
|
Total (en %)
|
Bureaux de représentation
|
88
|
1
|
1
|
90
|
22,06%
|
Agences
|
30
|
28
|
0
|
58
|
14,22%
|
Bureaux de vente
|
78
|
21
|
25
|
124
|
30,39%
|
Usines de fabrication
|
10
|
3
|
4
|
17
|
4,17%
|
Centres de sous-traitance
|
11
|
9
|
3
|
23
|
5,64%
|
Centres de distribution
|
16
|
8
|
16
|
40
|
9,80%
|
Inconnu
|
16
|
20
|
20
|
56
|
13,73%
|
Total
|
249
|
90
|
69
|
408
|
100%
|
|
Source: China council for the promotion of international
trade.
Nous pouvons constater depuis ce tableau, que les bureaux de
représentation et de vente sont largement plus nombreux que dans les
pays en voie de développement. Comme nous avons pus déjà
l'expliquer, cela peut venir des firmes chinoises hésitant
encore à s'implanter dans les pays
développés à cause de coûts plus
élevés et d'une plus grande difficulté d'accès
à ces marchés. En Europe, c'est la Suisse qui attire le plus de
bureaux de représentation, cela permet aux entreprises qui ne
désirent investir encore fortement sur le continent, de
bénéficier d'un avant-poste les informant sur les
évolutions possibles du marcher et de mieux préparer pour
l'avenir, si elles le désirent, leur implantation74. D'un
autre côté, les usines de fabrication et les centres de
sous-traitance sont bien moins nombreux que dans les pays en voie de
développement. En effet, les pays développés attirent plus
les firmes chinoises pour écouler leurs produits, ou acquérir des
technologies. L'autre point intéressant que nous donne ce tableau est
que, les firmes présentes dans les pays développés, sont
moins nombreuses à hésiter sur leurs types d'activité
(à peine 13,73% d'inconnus, pour 22,61% pour les pays en voie de
développement). Ceci nous laisse supposer que les firmes
présentes sur les marchés des pays développés
possèdent des stratégies plus claires sur leurs types
d'activité, que les firmes présentes dans les pays en voie de
développement.
Même si nous avons pu voir que les marchés
semblaient influencer peu les formes d'expansion, on ne peut se permettre de
faire l'économie de cette analyse et nous devons regarder les variations
possibles avec les pays en voie de développement (voir graphique
I.B.3).
Graphique I.B.3 : Les formes des IDE chinois dans les
pays développés
Réutilisations (brownfield
investment) Créations (greenfield investment) Fusions et
Acquisitions Joint ventures
|
|
|
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35% 40%
Source: China council for the promotion of international
trade.
74 CHINEPLUS, N°17,
décembre2010/février 2011, page.51.
La différence majeure que nous pouvons observer se
situe toujours au niveau des fusions&acquisitions, ces dernières
étant en effet, bien plus présentes dans les pays
développés (22%), que dans les pays en voie de
développement (15%). Ces fusions&acquisitions même si elles
sont plus chères, et donc doivent être le panache de grands
groupes, peuvent apporter, il est vrai, de nombreux avantages aux
acquéreurs. Ces dernières sont difficiles à
réaliser du fait de coûts élevés, mais aussi de
problèmes de culture d'entreprise. Cependant, elles peuvent être
un moyen efficace pour les firmes qui l'acquièrent d'intégrer
plus facilement un marché à travers une marque déjà
présente et donc connue du public. Ceci permet donc de contourner
l'image négative qu'on les entreprises chinoises, en agissant à
travers une marque déjà connue du grand public, et qui peut jouir
d'une bonne réputation. De plus, les fusions&acquisitions sont un
moyen très efficace en vue d'acquérir des technologies et des
savoir-faire, en effet acquérir une entreprise revient à mettre
la main sur l'ensemble des ses brevets et de ses secrets, ainsi que son
expérience, ses procédures de fabrication... Plus qu'un moyen de
progresser sur un plan technique, la fusion&acquisition peut permettre
d'engranger de l'expérience et d'étudier de nouvelles
procédures pouvant permettre une augmentation
généralisée de la productivité au sein du groupe
tout entier. Cependant, au sein des pays développés, les
fusions&acquisitions ne sont pas réparties équitablement, ces
dernières sont, en effet, plus développées en Europe
qu'aux Etats-Unis, ces dernières préférant cette technique
pour le premier continent pour des raisons d'acquisitions de technologies.
Néanmoins, malgré un nombre relativement
élevé des fusions&acquisitions dans les pays
développés, ceci ne montre pas si ces dernières
représentent un réel succès. En effet des échecs,
plus ou moins graves, se produisent parfois et peuvent mener à des
faillites comme avec le groupe TCL en Europe avec le rachat de
Thomson TV. Globalement, un rapport du ministère de
l'économie, des finances et de l'emploi de 2008 met en avant une
mauvaise préparation générale des firmes chinoises qui
rachètent des groupes européens. Ces dernières n'ayant que
des connaissances limitées des réglementations en vigueur, ainsi
que des habitudes salariales, syndicales et autres. Cette
mauvaise préparation amenant parfois à des
échecs majeurs comme nous avons pu le citer
précédemment75.
L'analyse des futures évolutions possibles des types
d'activité des firmes multinationales chinoises permet d'apporter un
dernier éclairage sur le cas des pays développés. Cette
analyse des perspectives d'évolutions devient surtout
intéressante si on la compare avec celle des pays en voie de
développement (voir graphique I.B.4).
Graphique I.B.4 : Perspectives d'évolution des
types d'activité des firmes chinoises dans les pays
développés
Bureaux de représentation
Production d'équipements
Centres de distribution
Bureaux de vente
Centres d'achat
Agence
0% 5% 10% 15% 20% 25% 30% 35%
Source: China council for the promotion of international
trade.
Nous pouvons tout d'abord constater que les productions
d'équipements sont bien en dessous des pays en voie de
développement (6% au lieu de 14%). Ainsi, les entreprises qui
désirent investir dans l'avenir, choisiront beaucoup moins ce type
d'activité dans les pays développés, pour des raisons
diverses comme : un coût du travail plus élevé. Ces
dernières préfèreront des bureaux de représentation
(32%) ou de vente (34%), bien plus faciles à mettre en place, et bien
moins chers. Ces types d'activité peuvent laisser penser que sont
surtout des firmes qui vont réaliser leurs premiers investissements dans
les pays développés. Il serait intéressant pour la suite,
de regarder les évolutions sur les cinq prochaines années, afin
de voir si la proportion des bureaux de représentation et de vente
tendaient à diminuer au profit d'autres types d'activité comme :
des centres de distribution... Si tel est le cas, on pourrait penser que
certaines firmes
75 Françoise HAY, Christian MILELLI, et
Yunnan SHI, Présence et stratégies des firmes chinoises et
indiennes en Europe : une perspective dynamique et comparative, Paris,
janvier 2008, Ministère de l'Economie des Finances et de l'Emploi,
Direction Générale des Entreprises, 135 pages, p.93.
chinoises ont décidé de sauter le pas de la
simple observation, à une intégration plus profonde des
marchés respectifs des pays développés.
Ainsi nous avons pu voir que, comme dans les pays en voie de
développement, ce sont plus les types d'activité que les formes
d'expansion qui sont affectés par le facteur de développement des
marchés. Nous devons donc aller observer sous l'angle des secteurs, pour
voir si ces derniers influencent les formes d'expansion, plus que les
marchés en eux-mêmes.
c) Le cas des secteurs :
L'analyse des secteurs peut permettre de voir si ces
derniers, plus que les marchés, peuvent influencer les formes
d'expansion des firmes multinationales chinoises (voir graphique
I.B.5).
Graphique I.B.5 : Formes d'expansion par
secteurs
Réutilisations
(brownfield investment)
Fusions&acquisitions
Créations
(greenfield investment)
Agriculture et agroalimentaire Textile
Chimie Machinerie et fabrication de
matériels
Fabrication d'équipements électriques
Construction
Vente en gros et au détail
Coentreprises
0% 20% 40% 60% 80%
Source: China council for the promotion of international
trade.
L'analyse de ce graphique permet de constater, qu'à la
différence des marchés, les secteurs ont un réel impact
sur le choix des entreprises, en tout cas, sur le choix de la forme des IDE.
Tout d'abord, ce graphique nous montre que la forme la plus favorisée
parmi tous les secteurs est : l'entreprise commune.
En effet, tous les secteurs choisissent, au-delà des
20%, cette forme d'expansion qui semble suffisamment efficace pour attirer tous
ces derniers malgré de nombreuses différences structurelles. Les
coentreprises ont comme avantage de remplir les principaux critères de
la majorité des firmes chinoises, c'est-à-dire : une ouverture
sur l'international aidée, et à faible coût. Trois secteurs
en particulier privilégient cette forme d'entreprise qui sont : le
secteur de la machinerie et de la fabrication de matériels (62%), le
secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire (55%), et le secteur du
textile (50%). Ces trois secteurs (en tout cas, pour la plus grande partie des
entreprises qui les composent) doivent être plus fragiles que les autres,
et c'est pourquoi ces derniers choisissent cette forme d'expansion, qui parmi
toutes, est la plus facile. Comme nous avons pu le constater auparavant, les
entreprises chinoises subissent de nombreuses critiques en particulier sur la
qualité et la dangerosité de leurs produits. Les trois secteurs
précédemment cités produisent tous des produits à
faible valeur ajoutée (même si le secteur de la machinerie et de
la fabrication de matériels peut créer des produits de moyenne et
de haute valeur ajoutée, la grande majorité des firmes chinoises
ne produisent encore que des produits à faible valeur ajoutée),
et cette spécialisation peut pousser à favoriser cet forme
s'expansion à l'étranger. En effet, les produits à faible
valeur ajoutée sont très sensibles à la variation des
coûts de production (coût de la matière première, de
la main d'oeuvre...), et une expansion mal maîtrisée peut faire
augmenter le prix de ces derniers et donc amener une diminution sensible des
bénéfices de l'entreprise. Pour éviter les risques majeurs
liés à l'expansion sur des marchés étrangers, il
est toujours plus intéressant pour une firme de trouver un partenaire
local afin de partager les coûts d'installation, éviter des
erreurs de compréhension du marché local (fournisseurs,
clients...), et afin de bénéficier d'une possible image positive
du partenaire auprès du marché. Cependant, on peut aussi
constater qu'un secteur investit à peine au-dessus des 20% sous la forme
d'entreprises communes : le secteur de la fabrication d'équipements
électriques (24%). Ce secteur, sans doute plus solide que les autres, ne
trouve pas de réel intérêt à investir
sous forme de coentreprises et privilégie d'autres
formes d'expansion comme les créations.
En effet, l'autre grande forme d'expansion favorisée
par les secteurs est : les créations (greenfield investment).
Les secteurs de la vente en gros et au détail (59%), de la fabrication
d'équipements électriques (51%), de l'agriculture et de
l'agroalimentaire (45%), et de la chimie (36%) sont les quatre plus importants
à choisir cette forme d'expansion. Cette forme d'expansion est de loin
souvent plus coûteuse que celle de l'entreprise commune et aussi plus
risquée. Elle exige afin de réussir une bonne connaissance de la
destination, afin de remplir les critères spécifiques du
marché et de respecter les lois locales, or il ne semble exister aucun
lien entre ces secteurs pour expliquer la raison de choix. Il faut pour
comprendre le choix de cette forme d'expansion, se rappeler de la
préférence des marchés pour chaque secteur (cf.
page.75). On s'aperçoit par cette comparaison, que les deux plus
gros secteurs à choisir la forme de la création sont des secteurs
qui investissent le plus sur le marché européen et nord
américain. Ceci permet de confirmer l'hypothèse que les
entreprises, composant ces deux secteurs, sont les plus puissantes parmi les
firmes multinationales chinoises, et sont capables de mener par
elles-mêmes, des projets d'implantation sur des marchés
étrangers, qui de plus sont développés. Cependant, pour
les secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire, ainsi que de la chimie,
le choix semble plus se porter sur le marché asiatique. Ces derniers,
même s'ils sont relativement puissants, choisissent des cibles «
plus faciles » où les difficultés d'implantation sont moins
grandes, chose pouvant expliquer le choix du « greenfield
investment ». Nous pouvons constater, quand même, qu'un secteur
en particulier ne privilégie pas cette forme d'expansion, celui de la
machinerie et de la fabrication de matériels (8%).
L'autre forme d'expansion à analyser est : les
fusions&acquisitions. Cette dernière n'est pas choisie par de
nombreux secteurs et se trouve loin derrière les créations
(greenfield investment) et les entreprises communes. Deux secteurs se
trouvent en tête de cette forme d'expansion, même si la
quasi-totalité ne dépasse pas les 20%, le secteur de la chimie
(22%) et de la fabrication d'équipements électriques (20%). Ceci
continue de prouver la maturité des firmes chinoises du secteur de la
fabrication d'équipements
électriques, qui en plus de favoriser les
créations et d'investir sur les marchés développés,
supporte en plus des fusions&acquisitions. Son positionnement, sur les
marchés européen et nord américain, laisse supposer que
les entreprises de ce secteur rachètent des entreprises occidentales.
Ces opérations coûteuses et difficiles à mener permettent
de nous laisser croire que les firmes multinationales chinoises les plus
matures (à l'heure actuelle) travaillent dans le secteur de la
fabrication d'équipements électriques comme l'entreprise
Haier ou Lenovo. Pour le secteur de la chimie ceci est un peu
différent, ce dernier étant principalement tourné vers le
marché asiatique. Ce dernier est réalité est
composé par des entreprises plutôt
hétérogènes si l'on regarde le graphique, en effet parmi
tous les secteurs, il est avec celui de la construction à choisir de
façon plus ou moins équitable toutes les formes d'expansion. On
peut donc émettre l'hypothèse que dans le secteur de la chimie,
certaines entreprises ont accumulé suffisamment d'expériences
pour supporter des fusions&acquisitions, ainsi que dans celui de la
construction. Néanmoins, on peut noter deux secteurs n'investissent pas
à travers les fusions&acquisitions : la vente en gros et au
détail, et l'agriculture et agroalimentaire.
Les réutilisations restent, quand à elle, une
forme d'expansion marginale pour les firmes chinoises avec aucun secteur
au-delà des 20%. On peut juste noter que le secteur de la construction
arrive en tête avec 16%, suivi par la machinerie et fabrication de
matériels avec 13%. Les entreprises de ces deux secteurs sont les seules
à choisir cette forme d'expansion au-delà des 10%. Les
réutilisations se basent sur un investissement antérieur qui est
d'une autre entreprise, mais cela peut amener à des problèmes
d'adaptation, même si les coûts semblent moins élevés
à première vue. En effet, la réutilisation
d'investissements antérieurs faits par des industries peut amener
à devoir supporter des frais de décontamination du sol, afin de
respecter des lois locales sur la protection de la santé du public
(personnel, clients...)76. Ce problème peut aussi se poser
à d'autres niveaux, il est vrai q'une réutilisation peut amener
à d'autres coûts comme : une transformation pour s'adapter
à l'activité de l'entreprise, une restauration de locaux, une
adaptation de l'activité du à l'usure... Le secteur de la
machinerie et de la fabrication de matériels peut avoir
intérêt d'investir sous cette forme via l'achat de machines
d'occasions et de stocks (plus souvent de matières premières), la
construction de son côté
76 Cela est vrai dans de nombreux pays, comme par
exemple, au Québec avec la loi 72 (2002, c. 11).
en continuant des travaux et chantiers qui ont
été abandonnés. Or, ces difficultés peuvent
expliquer pourquoi des secteurs comme la vente en gros et au détail, le
textile, et l'agriculture et l'agroalimentaire n'investissent pas sous cette
forme. Il est vrai que le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire est
particulièrement sensible à ces problèmes, surtout celui
de la pollution, car il doit obéir à de nombreuses contraintes
sanitaires. Il faut de plus rajouter les inquiétudes liées
à la dangerosité des produits alimentaires chinois qui
sévissent dans de nombreux marchés (européens, nord
américain,... et même chinois)77.
En conclusion, l'analyse des formes d'expansions a permis de
confirmer les hypothèses préétablies. Les firmes
multinationales chinoises sont en pleine expansion, et malgré des
difficultés qui les limitent dans leur développement, ces
dernières maintiennent une vitesse élevée de croissance
depuis les années 2000. On a pu quand même noter, que plus que les
formes d'expansion, ce sont les types d'activité qui sont
véritablement influencés par les marchés visés
(développés ou en voie de développement). Les formes,
quand à elles, sont plus sensibles aux secteurs d'activité des
entreprises, et nous avons pu nous apercevoir que même si les «
joint ventures » restent la norme, les fusions&acquisitions
sont en plein progression en particulier dans le secteur de la fabrication
d'équipements électriques. Cette progression significative des
fusions&acquisitions peut laisser entrevoir que les firmes chinoises
commencent à rentrer dans une phase de maturité suffisante pour
pouvoir égaler véritablement les firmes multinationales
étrangères, en particulier occidentales, coréennes, et
japonaises. De plus, cette dernière forme d'expansion permet aux
entreprises chinoises de mettre la main sur de nouvelles technologies, des
procédures de travail différentes adaptées à la
concurrence internationale, et de nouvelles marques. Néanmoins, avoir pu
établir un lien entres secteurs et forme d'expansion, ainsi qu'entres
types d'activité et marchés visés n'est pas suffisant pour
déterminer les raisons diverses qui poussent les firmes chinoises
à l'expansion internationale. Connaître ces raisons et les
évaluer doit faire l'étude d'une partie entière, ici, la
dernière de ce mémoire.
77 L'affaire du lait contaminé à la
mélamine par le groupe Sanlu en 2008 amena ce dernier à
la cessation de paiements le 24 décembre 2008 par décision de la
court de justice du Shijiazhuang.
Chapitre II : Les raisons de l'expansion :
La compréhension des raisons de l'expansion des firmes
multinationales chinoises permet de compléter cette étude sur les
stratégies d'expansion de ces dernières. Or comme le titre du
sujet l'affirme, il faut savoir faire la différence entre l'influence
des facteurs économiques et politiques. Comme nous avons pu le voir au
tout début, le pouvoir politique chinois s'est toujours insinué
dans l'économie du pays au cours de son histoire, et exerce encore
aujourd'hui une très grande influence. Il est vrai que la raison de
l'expansion des firmes chinoises se situe toujours entre politique et
économie, avec une influence mutuelle de ces facteurs. Le politique ne
peut, en effet, faire l'économie des facteurs économiques pour
permettre aux entreprises d'Etat et semi-privées de réussir leurs
expansions, et l'économie de son côté, ne peut se permettre
d'ignorer le facteur politique dans un pays communiste où l'influence du
PCC reste encore énorme.
A) Facteurs économiques de l'expansion :
Avec le temps, le poids du gouvernement et des
intérêts politiques ont diminué face aux
économiques, et l'invention de l'entreprise semi-privée en est le
parfait exemple. Le gouvernement chinois a, en effet, petit à petit
laissé de côté des intérêts politiques, dans
l'intérêt des grandes firmes chinoises afin de permettre à
ces dernières de pouvoir accumuler des bénéfices et de
vivre une vie économique normale. Ces intérêts
économiques sont très divers et peuvent représenter pour
les entreprises concernées des objectifs plus ou moins primordiaux selon
leur orientation stratégique. Ici, nous nous basons sur un rapport de
l'OCDE pour établir notre étude liée aux facteurs
économiques de l'expansion78. Néanmoins, pour plus de
clarté, nous devons diviser ces facteurs économiques en groupes
afin permettre une analyse plus claire. Cinq facteurs économiques
majeurs peuvent ainsi être dégagés, et qui sont :
l'acquisition de ressources naturelles, l'acquisition de parts de
marchés, l'acquisition d'atouts stratégiques, des
stratégies de diversification, et enfin une augmentation de
l'efficacité.
78 Chiffres officiels de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE),
rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China
2008.
a) Acquisition de ressources naturelles :
L'acquisition de ressources naturelles a été
dès le début (1979), la principale raison des investissements
chinois à l'étranger. En effet, le pays doit pour pouvoir
maintenir un taux élevé de croissance économique,
s'assurer d'un approvisionnement régulier en ressources naturelles de
toutes sortes, allant du pétrole aux alliages en passant par les
matières radioactives. En effet, depuis l'ouverture du pays en 1979 et
sa modernisation rapide, la demande en ressources naturelles, et
particulièrement en pétrole, explosa et obligea le pays et les
entreprises à s'assurer des approvisionnements stables pour maintenir la
croissance. Cette brutale augmentation de la demande fit passer la Chine de la
place de plus gros exportateur de pétrole de toute l'Asie de l'Est dans
les années 80, à celle de second plus gros consommateur mondial
vingt ans plus tard. En effet en 2006, la Chine importait déjà
43% de sa consommation de pétrole, ratio qui atteignit 60% en 2010 et
qui devrait atteindre 76% en 2020.
Les entreprises d'Etat comme : China National Offshore
Oil Corporation (CNOOC), et China National Petroleum
Corporation (CNPC) sont à l'origine, et demeurent encore
aujourd'hui, les plus grandes entreprises travaillant dans le secteur de
l'extraction et de l'exploitation des ressources pétrolières. Sur
le plan de l'extraction et de l'exploitation minière, Baosteel,
China Minmetals, et Capital Iron And Steel Corporation sont
les firmes les plus puissantes et actives. En effet, le principal
élément unifiant ce secteur de l'économie chinoise est
l'implication très active de l'Etat chinois depuis les débuts de
l'ouverture en 1979, qui est le seul à pouvoir accorder des financements
suffisamment larges pour pouvoir mener de tels projets économiques
à travers les banques nationales. Sur un autre point, les
procédures d'évaluation des IDE chinois sont assouplies pour ce
genre de projets et les entreprises sont sures de ne subir aucun refus, ce qui
pousse ces dernières à vouloir mener de tels projets en sachant
que « le risque administratif » est désormais nul. De plus,
l'Etat chinois joue de ses relations diplomatiques afin de favoriser ses
entreprises dans de nombreux pays, en particulier ceux d'Afrique et d'Asie
centrale depuis les années 2000. En effet, la Chine joue la politique de
l'aide au développement contre des signatures d'exploitation de
ressources naturelles par des firmes chinoises, comme celles
précitées. Pékin met aussi en avant, le
fait qu'elle n'est pas une démocratie et qu'elle
s'engage à aider des pays non démocratiques eux aussi, comme le
Soudan. Il est vrai que certaines entreprises étrangères (souvent
occidentales, coréennes, ou japonaises) se voient contraintes par leurs
gouvernements de ne pas investir dans certains pays pour des raisons politiques
liées aux questions démocratiques et de respect des droits de
l'Homme, ce qui n'est pas le cas des firmes multinationales chinoises, qui au
contraire, sont aidées par leur gouvernement. C'est ainsi, que des
entreprises chinoises ont pu investir entre 2003 et 2006 en Algérie
(2006), au Kazakhstan (2005), au Soudan (2004), au Niger (2004), et en Zambie
(2006). Ces investissements se font sous différentes formes, par exemple
au Kazakhstan, cela est passé par l'acquisition de la compagnie
PetroKazakhstan à 67% le 26 octobre 2005. En
réalité, le but de l'Etat est ici de maintenir la
sécurité énergétique du pays, comme d'autres pays
le font eux aussi.
Néanmoins, au-delà de l'action de l'Etat
chinois qui cherche à assurer la sécurité
énergétique du pays, le privé en Chine voit aussi d'un bon
oeil ces acquisitions de ressources naturelles. Face à la
volatilité du prix du baril de pétrole, l'intégration
verticale peut se révéler un moyen efficace pour en limiter les
conséquences. Cette intégration verticale des firmes chinoises
permet un approvisionnement en matières premières dont l'ensemble
de l'économie a besoin. De plus, cette intégration ne se limite
pas au secteur de l'extraction et de l'exploitation pétrolière,
mais aussi aux métaux et alliages comme : l'aluminium, le zinc, le
nickel, le minerai de fer, l'étain... En effet, ces métaux voient
leurs prix monter en flèche avec la consommation croissante de nouvelles
technologies comme : les ordinateurs portables, les téléphones
mobiles de troisième génération (l'étain
étant un élément essentiel des circuits imprimés
qui permet les soudures), et même les technologies vertes liées au
développement durable. En effet, le secteur des technologies vertes est
devenu un objectif prioritaire pour de nombreuses firmes chinoises, ce qui fit
du pays le plus gros investisseur privé dans ces technologies avec un
total de 34,6 milliards de dollars (sur une période s'étendant de
2005 à 2010) selon l'association américaine
PEW79. La Chine, qui prépare la reconversion de son
économie, maîtrise d'ores et déjà la moitié
des « nouvelles ressources naturelles » nécessaires à
l'ensemble des technologies vertes qui sont : les « terres rares ».
Ces « terres rares » que nous avons
79
http://www.eenews.net/public/25/14924/features/documents/2010/03/25/document
cw 03.pdf (le 1 mars 2011).
déjà citées (cf. page.76) sont
produites à 90% par la Chine qui possède aussi 50% des
réserves. L'acquisition des ressources naturelles vise aussi ces
minéraux rares (rubidium, germanium, indium, scandium, yttrium...), dont
la Chine en a produit 130 000 tonnes en 2010 (en comparaison, l'Inde qui est le
deuxième producteur mondial de ces métaux, en a produit la
même année 2 700 tonnes)80.
Ainsi, bien que l'acquisition de ressources naturelles soit
l'une des grands facteurs économiques de l'expansion des firmes
chinoises, le but de l'acquisition ne se limite pas aux ressources
pétrolières comme des média pourraient le laisser
entendre. D'autres matières, qui dans l'avenir se
révèleront de plus en plus vitales pour les économies,
sont déjà recherchées par ces mêmes firmes
chinoises, même si elles se font beaucoup plus discrètes.
b) Acquisition de parts de marchés :
L'acquisition de nouvelles parts de marchés est pour
85% des firmes multinationales chinoises un objectif prioritaire affiché
et vise autant les pays développés que les pays en voie de
développement. Ces dernières affirment vouloir utiliser
l'expérience acquise sur le marché domestique et les exportations
vers les pays étrangers afin de se lancer directement dans
l'implantation à l'étranger81. A la base, les
premières expansions ont pris la forme de bureaux de vente et de
représentation qui avaient pour mission de faciliter les ventes en gros
et au détail et de faciliter les importations depuis l'étranger
des produits fabriqués par les usines en Chine. Ces bureaux permettaient
un lien plus direct avec les consommateurs pour mener des études de
marché, évaluer la demande, signer des contrats
d'approvisionnement... Mais avec le temps les formes d'expansion ont
évolué pour mieux s'adapter aux marchés étrangers
avec la mise en place : d'unités de production à
l'étranger, et des parties de la chaîne de production globale, qui
amena à une diminution (assez limitée) des importations des pays
étrangers.
De plus, l'acquisition de nouvelles parts de marchés
à l'étranger s'avère vital pour certaines industries
chinoises qui ont déjà atteint un certain stade de
maturité comme : le
80 Christine KERDELLANT, L'Express,
N°3106, semaine du 12 au 18 janvier 2011, page.78.
81 D'après l'International Finance Corporation
(IFC) et le Multilateral Investment Guarantee Agency (MIGA).
textile, les chaussures, les bicyclettes, les appareils
électriques... Ces dernières, qui connaissaient une pression
concurrentielle forte sur le marché domestique, ont vu accroître
cette pression avec l'entrée de la Chine dans l'Organisation Mondiale du
Commerce (OMC) en 2001. Cette arrivée massive d'entreprises
étrangères (parfois des délocalisations) et la fin de
barrières protectionnistes a poussé certaines entreprises
à trouver des débouchées sur les marchés
étrangers comme pour la société Haier. Il faut
aussi comprendre que les usines chinoises produisent déjà bien
plus que le marché domestique ne peut absorber, et cette surproduction
concerne de nombreux biens : 30% de surproduction pour les machines à
laver, 40% pour les réfrigérateurs, 45% pour les fours
micro-ondes, et 87% pour les télévisions. Le secteur de
l'automobile atteignit, quand à lui, une surproduction de
véhicules de l'ordre de 3 millions d'unités en 2004.
Un point important à souligner est que, pour
accéder à certains marchés afin découler leurs
produits, quelques firmes chinoises s'installent d'abord sur d'autres
marchés limitrophes moins développés. Ces marchés
limitrophes sont en lien avec le marché final visé, et les
entreprises chinoises mélangent leurs produits avec les produits locaux
afin de les faire rentrer sur ce marché. Les entreprises chinoises
acquièrent pour cela des entreprises locales où elles font
fabriquer leurs produits, ce qui permet de les estampiller « Made in
Turkey », ou « Made in Jamaica ». Cette méthode permet de
contourner les quotas ciblant les produits chinois, même si ces produits
sont au final réalisés par une entreprise chinoise
installée, sur un autre marché. Cela est particulièrement
vrai pour le secteur du textile, qui s'installe en Jamaïque et sur l'Ile
Maurice afin de pouvoir, par la suite, exporter vers le marché
américain, en Turquie avec l'exploitation et le traitement du coton pour
le marché européen, et les Îles Fidji pour le marché
australien. En effet, depuis l'augmentation massive des produits chinois
exportés dans les années 1990, les pays étrangers pour
protéger leurs industries locales ont mis en place diverses
barrières protectionnistes et quotas pour empêcher que leurs
marchés respectifs soient inondés par l'arrivée massive de
produits chinois. Les entreprises chinoises pour pouvoir contourner ces
mesures, ont commencé à investir à l'étranger et
à délocaliser une partie de la chaîne de production. Ainsi
donc, l'expansion à l'international de certaines firmes chinoises n'est
qu'une réponse adaptée à la mise en
place de barrières protectionnistes par les Etats, afin
de pouvoir continuer leur activité économique.
Sur ce plan là, le gouvernement chinois n'aida de
façon que relative ses entreprises, même si ce dernier affirme que
l'acquisition de parts de marché est un objectif crucial pour
l'économie du pays. En réalité, sa politique d'aide fut un
échec relatif, car même si grâce à son action le
nombre d'investissements augmenta, le montant de ces derniers resta très
bas. Néanmoins, plus que l'aide du gouvernement, c'est la menace de la
cession d'activité qui poussa les firmes chinoises à se lancer
sur les marchés étrangers. On peut s'apercevoir que sur ce
facteur bien précis d'expansion, les intérêts
économiques en sont à l'origine, et non les intérêts
politiques qui restent largement mis de côté.
c) Acquisition d'atouts stratégiques :
Ce terme d'atouts stratégiques est en fait, une
dénomination large englobant différents objectifs allant de
l'acquisition de nouvelles technologies, à l'acquisition de marques, en
passant par l'acquisition de réseaux de distribution. Depuis les
années 1990, les entreprises ont commencé à
s'intéresser à ces atouts stratégiques, en effet, ces
dernières (pour certaines d'entres elles en tout cas) ont
commencé à envisager un changement de stratégie. Les
firmes chinoises ont compris que la stratégie de prix bas très
agressifs n'étaient pas envisageable pour le long terme, contracter au
maximum les prix pour permettre une consommation de masse ne permettait pas
d'engranger suffisamment de bénéfices pour permettre de
réaliser des projets innovants. Il fallait au contraire permettre
l'innovation des produits chinois, et cela passait par une augmentation des
prix. Or, pour augmenter ces prix, les entreprises chinoises doivent se
construire une image de marque, ou en acquérir une. C'est dans cet
objectif très précis de mettre la main sur de nouvelles
technologies et une marque célèbre, que la firme Lenovo
a acheté en 2005 la branche PC du groupe IBM, et que le groupe
China Mobile mit en place une politique de RSE équivalent
à celle des grands groupes mondiaux.
Ce facteur économique privilégia certaines formes
d'expansion, dont les fusions&acquisitions et les entreprises communes en
particulier. Il est vrai que pour
acquérir une marque ou des technologies (brevets et
secrets), les fusions&acquisitions sont la meilleure solution.
Néanmoins, cette forme d'expansion comporte de nombreux risques comme :
assumer le passif de l'entreprise qu'on rachète, intégrer les
nouveaux employés... Les coentreprises, elles, permettent d'apprendre
à travers un partenaire local qui peut être disposé
à partager certains de ses brevets pour permettre une gestion efficace.
Mais au-delà des formes d'expansions, les types d'activité sont
elles aussi influencées par ce facteur économique précis.
Des groupes chinois comme ZTE, et Huawei ont
développé de nombreux centre de R&D à travers le monde
dont en France. Ces centres de R&D implantés à
l'extérieur cherchent à bénéficier de
l'expérience de nombreux pays développés avec des
partenariats locaux (autres entreprises, gouvernement local,
universités...).
Il faut aussi noter, que ce facteur économique vise
surtout les pays développés (Etats-Unis d'Amérique,
Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon, Corée, Canada...). Les
entreprises chinoises cherchent à bénéficier des avantages
comparatifs de certains pays comme de l'industrie pour l'Allemagne, de la
recherche fondamentale pour la France... Ceci permet de constater que les
entreprises qui exercent ce genre d'activités sont des entreprises
puissantes et matures, capables d'assumer de tels coûts et une
stratégie équivalente à celle des grands groupes mondiaux
comme Hewlett-Packard, Vodafone...
d) Stratégie de diversification :
Les stratégies de diversification sont limitées
à un type d'entreprises, les entreprises d'Etat. Ces dernières
avant l'ouverture du pays en 1979 jouissaient d'un monopole, ce qui leurs
permettaient de s'ultra-spécialiser. Or l'ouverture du pays, et la
concurrence avec le secteur privé, obligèrent ces
dernières à se diversifier afin de résister à la
concurrence grimpante sur le marché domestique. Le PCC donna son accord
pour permettre à ces entreprises d'Etat de se diversifier autant sur le
marché domestique qu'à l'international. C'est ainsi qu'en 1987
après l'accord du gouvernement, la China National Chemicals Import
& Export Corporation (SINOCHEM) pu abandonner sa
spécialisation dans le commerce du pétrole, des engrais
chimiques, et des matières premières pour le
production d'objets plastiques, pour se diversifier dans
d'autres secteurs comme : l'agriculture, l'énergie, la finance... Le but
du gouvernement était de permettre la création de grands groupes
fortement compétitifs à la concurrence internationale, et ceci
fut un succès, en effet, le groupe SINOCHEM est depuis
classé dans Fortune Global 500.
e) Augmentation de l'efficacité :
Bien que la Chine soit un pays qui possède une main
d'oeuvre bon marché, cette dernière est quand même plus
élevée que celle qu'on peut trouver dans d'autres pays en voie de
développement, comme en Indonésie. En effet, les grandes
grèves du printemps 2010 ont amené à une
réévaluation de 20% du salaire minimum dans chaque région
de Chine, faisant passer ce dernier à 960 RMB à Pékin et
1030 RMB dans la province du Guangdong82. Face à cette
augmentée des coûts salariaux en Chine continentale, des
entreprises chinoises se mettent à délocaliser afin de
bénéficier de coûts plus bas dans d'autres pays. Cette
expansion des firmes chinoises commença dans les années 1990 vers
les pays membres de l'ASEAN, pour des entreprises travaillant dans le secteur,
de la fabrication d'appareils électroménagers, de l'automobile,
du textile et de l'industrie agroalimentaire.
De plus, on peut s'apercevoir que les entreprises qui sont
délocalisées réalisent des objets de faible valeur
ajoutée et d'un faible niveau de technicité. Ces derniers
produits qui sont sensibles aux variations des coûts de production font
la place en Chine continentale à d'autres industries, fabriquant des
objets plus contextes et de plus haute valeur ajoutée. Cette
méthode qui consiste à délocaliser des produits à
faible valeur ajoutée pour en accueillir d'autres de meilleure
qualité est celle du modèle du vol d'oies sauvages du professeur
en économie Kaname Akamatsu (cf. page.53). Après le
Japon et les Dragons d'Asie (Corée du Sud, Hong Kong,
Singapour, et Taiwan), c'est autour de la chine d'user de ce modèle de
développement économique.
82 Le Renminbin ou RMB (\u20154êl-? :
rénmínbì) est la monnaie officielle de la
République Populaire de Chine. Le taux était de 1€=9,0513,
le 28/02/2011.
Ce phénomène devrait continuer dans le temps
à se renforcer avec l'appréciation du RMB et l'augmentation
inévitable des coûts salariaux. Face à ces
phénomènes, les entreprises chinoises préparent leur
reconversion.
Ainsi, nous avons pu apprécier les facteurs
économiques majeurs à l'origine des stratégies d'expansion
des firmes multinationales chinoises. Ces derniers sont plus ou moins
prioritaires pour les entreprises et les attentes du gouvernement chinois. Bien
sur, il est possible de trouver d'autres facteurs pouvant avoir une importance
cruciale ou de réorganiser ces derniers (diviser par exemple, les
acquisition de technologies et de marques), mais le but de cette étude
est de permettre une compréhension globale de ces facteurs et non
d'établir une liste quantifiant tous ces derniers. Néanmoins,
même si les facteurs économiques peuvent répondre à
la majorité des questionnements sur les sources d'influence des
stratégies d'expansion des firmes chinoises, il faut s'intéresser
désormais au point de vue politique.
B) Facteurs politiques de l'expansion :
Malgré un recul des intérêts politiques
face aux intérêts économiques, ces derniers n'ont pas
encore disparu au sein de « l'empire du milieu ». En effet, la Chine
invente son soft power, une alternative à l'occident pour les pays en
voie de développement mis en avant par ses succès
économiques et son régime autoritaire. Ainsi, dans
l'établissement de ce soft power83, les firmes
multinationales chinoises ont un rôle stratégique pour
Pékin en tant qu'avant poste du succès chinois dans les pays
à « séduire » (ASEAN, Afrique et pays en voie de
développement) et à « rassurer » (Etats-Unis, Union
Européenne, Japon, et Taiwan). Il est de plus facile pour la Chine
d'utiliser le levier économique pour promouvoir son succès
grâce aux outils dont elle dispose encore en tant que pays communiste.
S'intéresser aux facteurs politiques de l'expansion, c'est regarder les
moyens dont dispose le pouvoir politique pour agir sur les entreprises
chinoises et les objectifs de ce dernier qu'on peut diviser en deux sortes :
Une politiques régionale défendant les intérêts de
la Chine, et la mise en avant d'une alternative à l'occident parmi le
reste des pays en voie de développement. L'analyse de ces facteurs
politiques se basera surtout sur les théories de Jean-Pierre
Cabestan84, d'autres sources feront l'usage d'une note de bas de
page.
a) L'implication directe du gouvernement dans
l'économie du pays :
Le PCC possède encore aujourd'hui de nombreux outils
qui lui permettent d'influencer les stratégies d'expansion des firmes
multinationales chinoises, et c'est grâce à ces dernières
que celui-ci peut imposer des facteurs politiques aux entreprises chinoises. Ce
dernier peut agir à différents stades de l'élaboration de
la stratégie des firmes en favorisant les investissements dans des
marchés ou secteurs spécifiques à travers des aides
financières et sa politique du « Going Global », en
interdisant certains investissements via les procédures
d'évaluation des IDE, ou encore grâce à une absence de
financements des banques publiques. Or malgré ces outils, l'impact
direct de ce
83 Le soft power est une notion
développée par le spécialiste des relations
internationales Joseph Nye dans son libre intitulé Bound to Lead
: The changing Nature of American Power (1990). Ce concept est
présenté comme le moyen pour un acteur d'influencer le
comportement d'un tiers sans moyens coercitifs.
84 Jean-Pierre CABESTAN, La politique
internationale de la Chine, Paris, avril 2010, Collection
Références, Presses de Sciences Po, 460 pages.
dernier tend à disparaître au profit de formes
plus indirectes et incitatives que réellement coercitives pour ces
firmes, et ce à cause, de méfiances de la part de firmes
étrangères, chose qui pénalise dès lors les firmes
chinoises.
Tout d'abord, c'est à travers les entreprises d'Etat
que les facteurs politiques chinois ont de l'influence surtout que ces
dernières sont les plus puissantes du pays sur la scène
internationale en contrôlant en 2005, 84% du stock d'IDE. Comme elles
sont les premières à avoir investies à l'étranger
et à s'être implantées, elles jouissent d'une grande
influence. Cette influence rebondit quasi directement sur le gouvernement
chinois qui fait de ces entreprises son image de marque principale. De plus ces
entreprises, même si elles basent leurs stratégies sur des
intérêts économiques, doivent voir leurs dirigeants
être validés par les autorités chinoises. Elles ne
craignent en plus, ni la cessation de paiement, ni la prise de contrôle,
car elles sont sous la coupe directe de l'Etat qui est actionnaire majoritaire,
et le plus souvent au-delà des 60%. Cela est particulièrement
vrai pour les 200 entreprises directement sous le contrôle de la
Commission de Surveillance et
d'Administration des Actifs de l'Etat
(\u22269ç?\u-27038%o@çL???\u30563«ÂÇùàÏ?\u20250%oï
: Guówùyuàn
guóyöuzichdn jiãndü gudnll
wëiyuánhuì), cette administration sous les ordres du
conseil d'Etat chinois prend des décisions pour ces firmes dans le
domaine des ressources humaines, du budget, et des stratégies
d'investissement. Ceci permet à l'Etat de bénéficier d'un
moyen direct pour défendre ses intérêts sur la scène
économique mondiale. Ceci permet de montrer, que même si les
effets des intérêts politiques chinois dans les stratégies
des entreprises se font moins sentir qu'avant, ils n'ont pas totalement disparu
et les outils sont toujours en place afin de permettre au gouvernement de
reprendre le contrôle total de ces quelques firmes.
L'autre point principal est celui de la procédure
d'évaluation des IDE et de financement des entreprises. Ces outils
permettent à la Chine de contrôler indirectement le choix des
firmes qu'elle ne peut influencer directement, en particulier les entreprises
privées. A travers ces procédures, le PCC peut limiter ou
augmenter la quantité de flux d'IDE par années et donc la
quantité de capital quittant le territoire. Il peut aussi s'accorder un
droit de regard sur les investissements faits en coopération avec des
entreprises étrangères, de cette manière, le gouvernement
peut éviter de perdre une fois
de plus le contrôle des investissements au profit
d'entreprises étrangères. L'obtention de financements est aussi
un moyen de contrôler les firmes privées chinoises. Comme ces
dernières ne peuvent faire appel à des capitaux étrangers,
elles doivent, dès lors, obtenir des financements domestiques, le plus
souvent à travers les banques nationales. Or, tout investissement qui ne
va pas dans l'intérêt du PCC peut être bloqué, avant
même que le crédit ne soit accordé. Ceci oblige alors des
firmes privées à s'enregistrer en tant que firmes publiques : se
sont les « chapeaux rouges » que nous avons pu décrire
précédemment (cf. page.24).
Cependant, à cause de ces influences directes, les
pays (surtout les pays développés) ont érigé des
barrières protectionnistes contre l'implantation des firmes chinoises.
Ces derniers ont peur que ces investissements soient plus dans
l'intérêt de Pékin, que de l'économie locale
visée. En effet, l'Europe craint de voir des secteurs clés de son
économie (industrie de haute technologie...) quitter son territoire pour
s'installer sur le sol chinois après une acquisition. Les firmes
étrangères craignent aussi que s'associer avec une entreprise
chinoise dans un projet quelconque, à cause d'une hypothétique
influence de l'Etat chinois. Face à cet ensemble de critiques et de
vagues de protectionnisme, Pékin cherche la parade sans lâcher ses
leviers, et commence à agir de façon plus subtile comme avec sa
politique du « Going global ».
La politique du « Going global » mise en place en
2004 visait à accorder des aides financières aux entreprises
chinoises sous différentes formes : crédit d'impôt,
prêts à taux préférentiels..., si ces
dernières investissaient dans des secteurs ou des marchés que le
régime estimait stratégique comme : le marché africain et
des membres de l'ASEAN. Ces aides financières sont couplées, de
plus, avec les aides au développement du gouvernement chinois qui
prépare ainsi la signature de futurs contrats. Cette politique marche
particulièrement bien en Afrique, où le gouvernement
échange des aides au développement (création
d'écoles, d'hôpitaux...) contre des signatures de contrat pour
l'établissement d'entreprises spécialisées dans
l'extraction et l'exploitation de ressources naturelles85.
85 Chiffres officiels de l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE),
rapports de l'OCDE de 2008, OCDE Investment Policy Reviews : China
2008.
Ainsi, l'ensemble de ces outils montre bien que le
gouvernement chinois peut influer largement le choix stratégiques des
firmes chinoises. Or, il faut désormais s'attacher à
étudier les facteurs politiques en eux-mêmes, du gouvernement de
la République Populaire de Chine.
b) Le régionalisme chinois :
Dans son histoire, la Chine a toujours
considéré l'Asie du Sud-Est comme son « pré
carré », en preuve les expéditions maritimes de l'amiral
Zheng He (\u25972ê®ç : Zhèng Hé)
de 1405 à 1433 sous la dynastie Ming. Ce dernier dans ses premiers
voyages explora toute l'Asie du Sud-Est, et fit reconnaître la Chine
comme la puissance hégémonique de la région. Il
n'hésita pas pour cela à mener une expédition militaire
sur l'actuel Sri Lanka, afin d'imposer l'hégémonie de la dynastie
impériale. Chaque dignitaire des royaumes vassaux devait alors venir
à Pékin offrir des offrandes à l'empereur en signe de
soumission, en échange la Chine assurait la paix dans la région.
Aujourd'hui, la Chine essaie de remettre la main sur cette zone
géographique majeure et même plus loin encore, jusque dans l'Asie
centrale.
En Asie centrale, c'est à travers ses liens avec la
Russie que le Chine essaie de s'implanter. En effet, Pékin et Moscou
estiment tous les deux que chacun est un partenaire efficace pour limiter
l'avancée des Etats-Unis dans la région, surtout depuis le
déclenchement de la guerre contre le terrorisme et l'invasion de
l'Afghanistan. Ces deux pays, à travers l'Organisation de
coopération de Shanghai (cf. page.51) renforcent leurs liens
stratégiques. Ici, la Chine rajoute ses intérêts
énergétiques avec les réserves pétrolières
et gazières du Kazakhstan qui se révèlent un atout vital
pour Pékin. En effet, la Chine essaie d'augmenter son approvisionnement
en pétrole tout en le sécurisant, ceux de l'Afrique passant par
voie maritime où stationne la 7e flotte américaine ne
sont pas considérés par Pékin comme étant
totalement surs.
Pour L'ASEAN, les choses sont différentes depuis la
mise en place en 2009 de la zone de libre échange. La Chine agit de
façon plus active (n'oublions pas que la première zone
d'investissement des firmes chinoises est l'Asie) dans cette région
spécifique pour
elle. Celle-ci essaie déjà d'internationaliser
sa monnaie, même si elle reste prudente pour éviter toute chauffe
du RMB, Hong Kong a déjà commencé à émettre
des crédits en RMB, tandis que des accords avec les banques centrales de
Corée, d'Indonésie, de Malaisie, d'Argentine, et de
Biélorussie ont été signés pour leur fournir du
RMB. La Chine utilise aussi ses énormes réserves de change afin
de mettre sous tutelle des pays dont les réserves sont faibles, et en
leur accordant des aides au développement ou des crédits à
taux zéro. Face à ces « aides » l'ASEAN
s'inquiète, car même si la Chine demeure un partenaire local
incontournable, ces derniers essaient de faire revenir à la table des
négociations les Etats-Unis absent sous la présidence Bush.
Néanmoins, au-delà de stratégies économiques visant
les pays membres de l'ASEAN, le développement militaire du pays
inquiète. D'après le livre blanc de janvier 2009, le marine
chinoise dispose depuis 2010 d'une force de projection englobant Taiwan et le
sud du Japon (green line), et devrait d'ici 2020 augmenter ses forces
pour atteindre toute l'Indonésie (blue line), enfin pour le
moitié du 21e siècle, le Chine pourrait
dépasser cette « blue line » et agir directement dans
l'Océan Pacifique. Cette montée en force de la marine chinoise
inquiète les membres de l'ASEAN ainsi que les Etats-Unis, et qui leurs
rappellent la montée en puissance identique du Japon au cours du
20e siècle.
Ainsi, la Chine essaie d'établir une politique
régionale auto-centrée sur elle-même. Cette politique
s'appuie sur des moyens économiques (firmes chinoises, aides au
développement...), ainsi que militaires. Face à cela, les Etats
de la région hésitent entre résistance et soumission
à la montée de la Chine.
c) Une alternative à l'occident ?
La Chine s'est toujours présentée comme un pays
en développement (?\u23637«Wrt:tI1\u23478%oÆ :
fazhdnzhong guojia) face aux autres pays développés.
Ceci est une image de marque que le pays essaie d'entretenir depuis ses
débuts, malgré un relâchement durant les années
1990. En effet, l'arrivée au pouvoir du président chinois Jiang
Zemin (E?\u27665- : Jiang Zémín) marqua un tournant dans
la politique chinoise. Le pays se détourna durant un cours moment des
pays en développement pour se tourner vers les grandes puissances
(Etats-Unis, Europe, Russie,...). Néanmoins, cette politique ne dura
pas, et un retour de
la Chine se manifesta après le rétablissement
d'accords diplomatiques entre le Sénégal et Taiwan.
Ce retour se caractérisa aussi par le besoin pour le
pays de commencer à s'assurer des approvisionnements extérieurs
en ressources naturelles (pétrole, minerais...), mais aussi sur le plan
agricole avec des produits alimentaires de base comme le maïs ou le
blé. Pékin joua à nouveau la carte de l'entraide entre les
pays du sud contre ceux du nord, relations qui devaient être plus
gagnantes pour les pays africains, latino-américains... De plus le PCC
ne s'embarrasse pas des problèmes de démocratie, vu que le
régime ne l'est pas, au contraire il tend à promouvoir une
alternative à l'occident à travers un régime autoritaire
qui accumule des succès indiscutables. La Chine connaît depuis
1949 une croissance forte de son IDH qui atteint en 2007 le score de 0,772
(soit 0,009 points de plus qu'en 2006), et qui fait de l'IDH du pays l'un des
plus forts parmi les IDH considérés comme moyen. Ces
succès se veulent comme preuve de l'efficacité du modèle
chinois et que Pékin essaie de diffuser via ses firmes et ses
échanges avec les pays en voie de développement. C'est pourquoi
la Chine n'hésita pas à encourager ses entreprises à
investir dans des pays qui connaissent des problèmes politiques graves,
et que la communauté internationale accuse de violer les droits de
l'Homme comme : le Soudan, la Zambie, le Bangladesh, et même l'Iran (qui
possède le statut d'observateur au sein de l'organisation de
coopération de Shanghai).
Ainsi, la Chine essaie, à travers certains
investissements, de promouvoir son modèle et de trouver des
alliés prêts à la soutenir diplomatiquement sur la
scène internationale. Elle tente aussi de devenir le porte-parole, plus
ou moins officiel, que d'autres pays essaient d'isoler comme l'Iran, et de
s'imposer comme une puissance nouvelle, capable d'assumer des
responsabilités sur la scène internationale, ou en tous cas,
d'être un acteur incontournable du jeu diplomatique international. Elle
utilise pour ça différents moyens dont celui de l'économie
à travers ses firmes multinationales d'Etat qui peuvent se retrouver
à devoir assumer des objectifs politiques allant dans les
intérêts de Pékin. Cependant, les facteurs politiques dans
les stratégies d'expansion des firmes chinoises tendent à
s'estomper au profit d'objectifs strictement économiques. Ceci peut
être expliqué par différents facteurs comme :
l'assouplissement du contrôle par le régime,
la critique internationale, le renforcement du secteur
privé en Chine... le fait est que le PCC contrôle de moins en
moins ses firmes de façon aussi directe que par le passé. Le
privé commence petit à petit à s'affranchir du dirigisme
économique des institutions, pour mener des stratégies
indépendantes de tout facteur politique. Seuls certains secteurs comme
l'extraction et l'exploitation des ressources naturelles reste encore
véritablement sous le contrôle total de Pékin, tant la
sécurité énergétique du pays est primordial.
Cependant ceci est vrai pour de nombreux autres pays qui cherchent, eux aussi,
à assurer leur sécurité énergétique.
Les stratégies d'expansion des firmes chinoises sont
ainsi donc faites, avec un mélange de facteurs économiques et
politiques, et où ce dernier tend à laisser plus de place au
premier. Il est donc difficile de faire la part des choses, mais il ne faut
surtout pas diviser ces facteurs, au contraire, il faut tous les prendre en
compte pour mieux comprendre la mise en place des stratégies d'expansion
par les firmes multinationales chinoises. Ce qui est sur, c'est que le pays est
loin d'avoir fini ses réformes, bien au contraire, il en est qu'au
commencement. Ces firmes chinoises cherchent encore leurs places entre
économie et politique, dans ce pays à « l'économie
socialiste de marché ».
CONCLUSION
L'arrivée en force des firmes multinationales
chinoises au début des années 1990 qui était
présentée comme l'équivalent de l'arrivée des
firmes nippones durant les années 1960, c'est-à-dire, un
raz-de-marée sur les marchés internationaux qui devaient faire
grimper la pression concurrentielle, n'eut pas lieu. Au contraire, en 2011 le
bilan est très éloigné des suppositions des années
1990, avec des IDE qui n'égalent pas encore ceux des autres grandes
firmes multinationales. Cependant, on ne peut nier une avancée, certes
lente, mais continue des firmes chinoises en particulier dans les pays en voie
de développement.
Il est vrai que certains noms de firmes chinoises deviennent
petit à petit célèbres, tel que, Lenovo,
Huawei, Suntech Power... Ces dernières sont
l'avant-garde des évolutions possibles que les autres firmes chinoises
vont subir. D'autres, quand à elles sont plus discrètes, mais non
moins puissantes, comme le groupe ICBC (Industrial and Commercial
Bank of China) qui détient le record du monde d'introduction en
bourse avec 21,9 milliards de dollars en 2006. Ces firmes commencent à
peine à se faire connaître, ce qui ne les empêche pas
d'être très solides et d'égaler les plus puissantes firmes
mondiales. La Chine qui est devenu en 2010 la deuxième puissance
économique mondiale, possède bel et bien des firmes à sa
hauteur qui sont capables de résister à la concurrence
mondiale.
Ainsi, même si cette montée en force des firmes
chinoises, fut plus lente et discrète que prévue, elle existe
pourtant bel et bien. Ceci caractérise bien l'état actuel de
cette expansion : limitée et récente, mais en rapide progression
depuis les années 2000 avec les réformes profondes que le
gouvernement chinois a entrepris et devrait continuer à faire dans les
années suivantes pour accompagner la maturation de l'expansion de ses
firmes. Cette montée en puissance des firmes chinoises s'inscrit dans la
montée en puissance de la République Populaire de Chine, qui
cherche de plus en plus à jouer un rôle majeur sur la scène
économique et politique mondiale.
Or, il faut quand même relativiser ce point de vue, en
effet, même si la Chine semble à l'heure actuelle une puissance
montante qui devrait dépasser les Etats-Unis, on disait la même
chose pour le Japon dans les années 1990 et ceci ne s'est au final pas
produit. Le grand test pour les firmes chinoises serait de continuer à
accumuler des profits, malgré une crise économique grave du pays
d'origine, en d'autres mots, de la Chine. En effet, il est possible
qu'actuellement se développe en Chine une bulle spéculative qui
pourrait d'ici cinq ans éclater et amener donc à une crise
globale de l'économie, même si certains facteurs jouent en la
faveur de « l'empire du milieu »86.
Néanmoins, ce qui est intéressant d'observer
au-delà de la montée en force des firmes multinationales
chinoises, c'est la montée en force des firmes venant des pays
émergents et en voie de développement (firmes indiennes,
mexicaines, brésiliennes, russes...). Les années 2000 voient
cette montée en puissance des pays émergents et en particulier
des BRIC (Brésil, Russie, Inde, et Chine), qui ensemble remettent en
cause le partage de la puissance économique des Etats. Les innovations
ne sont plus le fruit des firmes occidentales, coréennes, et japonaises,
mais aussi indiennes, chinoises et autres. Même si la Chine ne comporte
encore aucun Prix Nobel d'économie et de physique, il n'empêche
qu'elle est la première à investir dans les technologies vertes
et à innover dans ce secteur bien précis loin devant les Etats
d'Europe ou les Etats-Unis d'Amérique. Ce n'est pas seulement à
l'arrivée des firmes chinoises auxquelles les autres firmes doivent
faire face, mais bien à l'arrivée de nombreux autres concurrents
venant des nouvelles puissances émergentes, qui ensemble accentuent
réellement la pression concurrentielle sur les marchés mondiaux.
Cette arrivée massive de nouveaux concurrents qui commence à
prendre forme actuellement, risque de bouleverser profondément
l'économie mondiale. La globalisation ne sera plus celle de l'occident,
ou du Japon, ni même celle de la Chine, elle sera celle des pays
émergents dans leur ensemble qui vont bouleverser les rapports de force
actuels.
86
http://www.iris-france.org/Tribunes-2010-04-02.php3
(le 1 mars 2011).
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http://french.focacsummit.org/focacsummit/
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http://www.presseurop.eu/fr/content/article/354501-faut-il-avoir-peur-dela-chine
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http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20090812175902/petrol
e-chine-commerce-cooperationrien-ne-va-plus-pour-les-chinois-dalgerie.html
· Site du journal l'expansion :
http://www.lexpansion.com/economie/les-reserves-de-change-de-la-chinefrolent-les-2-400-milliards-de-dollars
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· Site officiel du journal Chine informations :
http://www.chine-informations.com/guide/diaspora-chinoise-enfrance
2485.html
· Site de l'entreprise Huawei :
http://www.huawei.com/fr/catalog.do?id=1021
· Site sur le marketing chinois :
http://www.marketing-chine.com/conseils-business-en-chine/les-guanxis-
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· Site du groupe Haier :
http://www.haiereurope.com/fr/contents/les-etapes-importantes-dans-lavie-de-haier
· Site officiel du rapport de PEW sur les technologies
vertes :
http://www.eenews.net/public/25/14924/features/documents/2010/03/25/do
cument cw 03.pdf
· Site de l'IRIS :
http://www.iris-france.org/Tribunes-2010-04-02.php3
· Site officiel de la Commission de Surveillance et
d'Administration des Actifs de l'Etat :
http://www.sasac.gov.cn/n2963340/2964236.html
· Site officiel de l'entreprise Lenovo :
http://shop.lenovo.com/SEUILibrary/controller/e/frind/LenovoPortal/fr
FR /special-
offers.workflow:ShowPromo?LandingPage=/All/EMEA/Landing
pages/Pr omotions/Indirect/Thinkpad-laptops-for-small-
business&cid=fr|semd|ggl|fr IBM general
fr|m1FA24|s&epi=google fr I BM general fr m1FA24&ci tag=cov fr
· Site du bureau national des statistiques :
http://www.stats.gov.cn/english/
INDEX DES NOTIONS
A L
Administration d'Etat des Devises Etrangères 7, 16, 38
Afrique 8, 22, 57, 58, 59, 60, 75, 127, 129
Asie 49, 51, 55, 75, 76, 130, 136
C
Coentreprises 103
Commission de Développement National et des Reformes7, 38,
39, 40, 41, 42
Commission de Surveillance et d'Administration des Actifs de
l'Etat 7, 20, 128, 138
D
Deng Xiaoping 3, 12, 15, 17, 50
E
Etats-Unis 17, 20, 53, 57, 61, 62, 66, 67, 76, 80, 111, 124, 127,
130, 131, 132, 135
Europe 24, 68, 69, 70, 76, 80, 81, 101, 106, 110, 111, 112, 132,
137
F
Forum sur la coopération sino-africaine 56
H
Hong Kong 17, 48, 49, 50, 97, 125, 131, 136
l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est 7, 51, 127
l'Organisation de coopération et de développement
économique 7, 3, 28, 29, 30, 49, 55, 118, 129, 136
M
Macao 49, 50, 136
Mao Zedong 5, 10, 15
Ministère du commerce de la République Populaire de
Chine 59, 68, 69
O
Organisation Mondiale du Commerce 7, 5, 19, 122
P
Parti Communiste Chinois 7, 1, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 14, 15,
17, 18, 20, 21, 22, 24, 25, 26, 30, 34, 38, 39, 40, 42, 46, 47, 50, 51, 59, 60,
74, 77, 88, 96, 99, 118, 124, 127, 128, 132, 133
Pays en voie de développement 7, 48, 78, 85
R
République Populaire de Chine 5, 3, 10, 16, 25, 38, 39,
40,
41, 46, 50, 57, 59, 66, 68, 69, 93, 94, 98, 125, 130, 134
Responsabilité Sociale des Entreprises 7, 22, 23, 123
S
J Secteurs 80, 81
Joint ventures 103
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
MOTS CLES
RESUME
SOMMAIRE
TABLES DES ACRONYMES
AVANT-PROPOS 1
INTRODUCTION 3
PREMIERE PARTIE :
LES CARACTERISTIQUES EMPIRIQUES DES FIRMES
MULTINATIONALES CHINOISES
10
CHAPITRE I : LES FMN CHINOISES ET L'INFLUENCE DU
GOUVERNEMENT : 11
A) HISTORICITE : 11
a) La période impériale (avant 1912) :
12
b) La période communiste « pur »
(1949-1979) : 14
c) L'ouverture de la chine et le concept d'économie
socialiste de marché (après 1979) : 15
B) LES FORMES D'ENTREPRISES : 19
a) Les entreprises d'Etat : 19
b) Les entreprises semi-privées ou semi-publiques :
21
c) Les entreprises privées : 23
CHAPITRE II : LES FMN CHINOISES CARACTERISEES PAR : UN
FAIBLE TAUX D'IDE ET LOCALISEES (GEOGRAPHIQUEMENT ET SECTORIELLEMENT) :
27
A) UN FAIBLE TAUX D'IDE : 27
a) Un faible montant d'IDE : 28
b) L'impact limité, mais réel de la crise
économique de 2008 sur les IDE chinois : 32
c) Les difficultés caractéristiques aux IDE
chinois : 38
d) Vers une augmentation des investissements ? 43
B) STRUCTURE GEOGRAPHIQUE : 48
a) L'Asie et les pays limitrophes à la Chine : un
marché prépondérant : 48
b) L'Afrique, un marché original et en expansion :
56
c) L'Amérique du Nord et l'Europe, un marché
plus tardif ? 60
C) STRUCTURE SECTORIELLE : 72
a) Analyse globale des secteurs d'activité :
72
b) Les secteurs clés au sein des pays en voie de
développement : 76
c) Les secteurs clés au sein des pays
développés : 79
d) Perspective d'évolution des investissements par
secteurs : 82
DEUXIEME PARTIE :
LES FORMES ET LES FACTEURS D'EXPANSION DES FIRMES
MULTINATIONALES CHINOISES 87
CHAPITRE I : LES FORMES D'EXPANSION : 89
A) UN REGARD GLOBAL SUR LES FORMES D'EXPANSION : 89
a) Les différents types d'activités à
l'étranger : 90
b) Les différentes formes d'expansion : 93
c) Les difficultés caractéristiques
rencontrées par les firmes chinoises : 97
d) Les perspectives liées à ces formes
d'expansion : 102
B) LES MARCHES ET LES SECTEURS, FACTEURS INFLUENÇANT LES
FORMES D'EXPANSION : 105
a) Le cas des pays en voie de développement :
105
b) Le cas des pays développés : 109
c) Le cas des secteurs : 113
CHAPITRE II : LES RAISONS DE L'EXPANSION : 118
A) FACTEURS ECONOMIQUES DE L'EXPANSION : 118
a) Acquisition de ressources naturelles : 119
b) Acquisition de parts de marchés : 121
c) Acquisition d'atouts stratégiques : 123
d) Stratégie de diversification : 124
e) Augmentation de l'efficacité : 125
B) FACTEURS POLITIQUES DE L'EXPANSION : 127
a) L'implication directe du gouvernement dans
l'économie du pays : 127
b) Le régionalisme chinois : 130
c) Une alternative à l'occident ? 131
CONCLUSION 134
BIBLIOGRAPHIE 136
INDEX DES NOTIONS 140
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