UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES DÉPARTEMENT DE SOCIOLOGIE
Mémoire de DEA
Les populations rurales du Burkina Faso
a l'épreuve du déboisement :
l'exemple
du Département de Toma
Source : KESSLERJ.J. et GERLING C.
Source : KONATE Yacouba
Présenté par : Sous la direction
de :
Jean Paulin KI M.
Moustapha TAMBA
Maître de Conférences
SOMMAIRE
SOMMAIRE 2
DÉDICACE 3
REMERCIEMENTS 4
SIGLES ET ABRÉVIATIONS 5
INTRODUCTION 6
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIQUE 9
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE 10
CHAPITRE II : CADRE MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE 30
DEUXIÈME PARTIE : PRÉSENTATION, ANALYSE ET
INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE 35
CHAPITRE III : ÉVOLUTION DE L'ENVIRONNEMENT DANS LE
DÉPARTEMENT DE TOMA 36
CHAPITRE IV : LES CONSÉQUENCES SOCIOCULTURELLES DU
DÉBOISEMENT DANS LE DÉPARTEMENT DE TOMA 45
CHAPITRE V : DÉBOISEMENT ET CHANGEMENT SOCIAL DANS LE
DÉPARTEMENT DE TOMA 51
CONCLUSION GÉNÉRALE 56
ANNEXES 59
BIBLIOGRAPHIE 67
TABLE DES TABLEAUX 72
TABLE DES PHOTOGRAPHIES 72
TABLE DES ANNEXES 72
TABLE DES MATIÈRES 73
DÉDICACE
À la Fondation Jean-Paul II Pour le
Sahel
REMERCIEMENTS
Du Burkina Faso au Sénégal,
ils sont nombreux, les hommes et les femmes de bonne
volonté, à contribuer, par tout moyen, à la
réussite de mes études doctorales à Dakar. En attendant la
thèse, ce mémoire de DEA est le premier fruit visible de leurs
efforts. Je leur en sais gré. Je ne nommerai personne au risque d'en
oublier. Mais, je ne saurai non plus passer sous silence mon Directeur de
recherche le Professeur Moustapha TAMBA dont j'ai
bénéficié particulièrement des conseils et des
encouragements.
Puisse Dieu récompenser les uns et les autres au
centuple de leurs bienfaits.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture CILSS : Comité inter-États de lutte contre la
sécheresse au Sahel
UNESCO : Organisation des Nations-Unies pour l'éducation,
la science et la culture ONG : Organisation non gouvernementale
DPAHRH : Direction provinciale de l'agriculture, de l'hydraulique
et des ressources halieutiques
DPECV : Direction provinciale de l'environnement et du cadre de
vie ADRTOM : Association pour le développement de la région de
Toma
CODESRIA : Council for the Development of Social Science Research
in Africa (Conseil pour le Développement de la Recherche en Science
Sociales en Afrique)
CRDI : Centre de Recherche pour le Développement
International IRD : Institut de Recherche et de Développement
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
ENDA Tiers-monde : Environmental Development
Action in the third world (Environnement et développement du
Tiers-monde)
Ha : hectare
RAF : Réorganisation Agraire et Foncière
UGPN : Union Générale des Producteurs du Nayala
ADPNA : Association pour le Développement de la Province
du Nayala M : Mètre
Km : Kilomètre
INTRODUCTION
Le présent travail de recherche socio-anthropologique
porte sur le thème suivant « Les populations rurales du
Burkina Faso à l'épreuve du déboisement : l'exemple du
Département de Toma ». Ce thème nous a
été inspiré par le constat d'un déboisement massif
de plus en plus croissant dans le Département de Toma et par un contexte
mondial et national où les problèmes environnementaux deviennent
de plus en plus préoccupants. En effet, depuis la Conférence des
Nations Unies tenue à Stockholm (Suède) en 1972, les
problèmes environnementaux tels que les changements climatiques (surtout
le réchauffement), la « pollution transfrontière », la
déforestation ou déboisement, la dégradation des sols, la
désertification, la sécurité de la diversité
biologique...ne sont plus vus uniquement comme des problèmes
écologiques ou géographiques mais aussi et surtout comme des
problèmes sociaux. C'est pourquoi le PNUD déclare : «
Lorsque le réchauffement planétaire modifie les tendances
météorologiques de la Corne de l'Afrique, les récoltes
sont mauvaises et les gens meurent de faim, ou bien les femmes et les filles
passent des heures à chercher de l'eau »1. En
clair, les conséquences des phénomènes naturels
n'épargnent pas les humains vivant en société.
À l'échelle nationale du Burkina Faso qui est un
pays sahélien enclavé au coeur de l'Afrique occidentale, les
problèmes environnementaux sont de deux ordres : les aléas
climatiques et l'action humaine. Ceux-ci sont causes de la dégradation
de la diversité biologique, accélèrent la
désertification et mettent en péril la vie des populations. Au
compte de l'action humaine, on peut citer les pratiques suivantes :
- la pratique des feux de brousse ;
- le surpâturage ;
- la coupe anarchique du bois et les défrichements ;
- la mauvaise utilisation des pesticides (culture de coton et
maraîchage) ; - le braconnage ;
- la divagation des animaux ;
- les pollutions et nuisances diverses.
On ne peut que s'inquiéter à l'idée des
conséquences de telles pratiques, ainsi que l'insinue Schumacher :
« Étudiez quel traitement une société fait subir
à sa terre, et vous arriverez à des conclusions relativement
dignes de foi quant à l'avenir qu'elle se réserve
».2 En effet, les impacts de ces actions humaines sont
certes écologiques mais surtout
1 PNUD, La lutte contre le changement climatique :
un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé.
Résumé. Rapport mondial sur le développement humain
2007-2008, PNUD, 2008, p.9.
2 SCHUMACHER, E. F., cité par GIRI, J., Le Sahel
demain. Catastrophe ou renaissance ? Paris, Karthala, 1983, p.81.
économiques et sociaux sinon même culturels. La
vulnérabilité humaine aux changements environnementaux est donc
un fait certain. Et l'on ne saurait en chercher les causes en dehors de la
société, c'est-à-dire de l'action humaine.
Le Département de Toma, cadre géographique de
notre étude, est à un seuil critique quant aux
conséquences du déboisement dans la mesure où les
populations disent : « La brousse est finie ». Et lorsque
les Sanan3 (peuple habitant le Département de Toma)
disent que la brousse est finie, ils entendent par là la disparition des
espèces végétales et animales dont l'existence contribue
au maintien et à la qualité de la vie humaine sur terre. C'est
pourquoi notre souci a été d'étudier en profondeur les
conséquences du phénomène en termes de transformations
sociales. Notre étude se situe ainsi dans la perspective de l'analyse
dynamique des structures sociales du monde rural burkinabè
confronté au déboisement. L'étude se présente dans
sa globalité comme une analyse des rapports des populations avec leur
environnement naturel. À cause du phénomène du
déboisement, la dynamique de ces rapports fait apparaître une
transformation des perceptions de la nature chez les paysans. La nature tend,
de nos jours, à n'être vue que comme un gisement de ressources
où chacun peut puiser sans s'interroger sur les risques de son
épuisement. Or, autrefois la nature était sacrée, il
fallait la respecter à cause la vie qu'elle garantissait. C'est
là que notre étude se situe comme une socio-anthropologie du
monde rural san, burkinabè et africain confronté
à des mutations profondes. Voilà pourquoi nous avons choisi le
concept opératoire de changement social pour cette étude.
L'originalité de notre étude réside dans
le fait qu'il n'existe pas, à notre connaissance, de recherche
préalable sur le déboisement dans le Département de Toma.
Dès lors, notre recherche fait office de pionnière dans la
réflexion sur les questions environnementales dans cette
localité. C'est cela qui justifie d'une part son intérêt.
D'autre part, l'intérêt de la recherche est la prise en compte des
problèmes du monde rural burkinabè dans un contexte national
d'insuffisance des ressources naturelles et de réorganisation de
l'espace par l'Etat (Cf. la loi n°014 du 23 mai 1996, portant
réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso). D'où
également l'importance du foncier rural dans cette étude. Les
différentes crises environnementales à l'échelle mondiale,
le contexte sahélien du Burkina Faso et la question du foncier rural
sont autant de situations qui expliquent l'actualité et la pertinence du
thème de notre recherche. Le déboisement en Afrique
sahélienne doit, pensons-nous, être de plus en
3 Les Sanan forment le groupe ethnique qui parle la
langue san. Le terme san désigne également le
groupe social et l'individu membre de la société.
plus une préoccupation des chercheurs en sciences
sociales et non seulement l'affaire de certaines ONG.
S'agissant maintenant de l'utilité pratique de la
recherche, nous pouvons dire que le rapport final est une banque de
données disponible sur l'environnement et le déboisement dans le
Département de Toma certes, mais surtout en milieu rural africain. Les
ONG telles que la Fondation Jean-Paul II pour le Sahel, SOS-Sahel
(déjà basée à Toma), les Instituts de recherche en
questions environnementales, le Ministère burkinabè de
l'environnement et du cadre de vie, les chercheurs et les étudiants sont
les potentiels bénéficiaires de cette étude, sans oublier
les populations locales.
Notre recherche comporte deux parties. La première
partie est consacrée au cadre théorique et méthodologique
tandis que la deuxième présente et analyse les résultats
de la recherche de terrain.
PREMIÈRE PARTIE :
CADRE THÉORIQUE ET
MÉTHODOLOGIQUE
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