Place des questions d'environnement dans les journaux télévisés de RTNC1 et de Numerica

3.4. Interprétation des résultats

Après analyse de données des corpus de deux chaînes, il se dégage ce qui suit :

S'agissant des thèmes, l'on constate la prédominance de la politique et de la société. L'environnement est en bas de l'échelle par rapport à la hiérarchie et à la fréquence des thèmes.

Concernant les types d'informations, le privilège est accordé aux institutions. Or l'information environnementale relève plus de la proximité que de l'institution.

A propos des genres, il y a une exploitation maximale du reportage. Or le thème environnement relève aussi sinon plus de l'enquête.

Quant aux types des sujets exploités dans les 8 informations environnementales, ils relèvent presque tous des institutions publiques. Autrement dit, le traitement du thème environnement est plus conditionné par l'implication de la présence des acteurs institutionnels dans l'événement traité que par son importance pour la population. Ainsi par exemple les sujets environnementaux d'importance locale et internationale tels que le déchet (l'insalubrité), les érosions, les inondations, la pollution, le déboisement, le réchauffement de la planète, la biodiversité sont absents dans les journaux télévisés.

Il s'ensuit, au regard de ce qui précède, que l'environnement occupe une place marginale dans ces deux chaînes de télévision, étant donné que ces médias privilégient les institutions et le profit. Autrement dit ils sont soumis aux impératifs politiques et financiers. Ces résultats confirment ainsi notre hypothèse de travail.

Plusieurs autres facteurs peuvent expliquer ces tendances observées :

-la ligne éditoriale de la RTNC, par exemple, accorde la priorité aux institutions politiques et ne laisse pas assez de place pour des informations de proximité, en l'occurrence l'environnement.

-la logique commerciale, surtout dans les organes de presse privés, qui consiste à privilégier le profit afin d'optimiser les recettes et assurer ainsi la survie de l'entreprise. En RDC, cette logique est d'autant plus forte que les médias sont pauvres. Cette logique n'épargne pas la RTNC. Si les institutions politiques y sont privilégiées, c'est aussi parce que cette chaîne est inféodée financièrement à l'Etat.

-La vulgarisation de l'information environnementale ne constitue pas encore une préoccupation ni pour l'autorité publique, ni pour les organes de presse, ni pour la population comme c'est le cas sous d'autres cieux.

-le manque de moyens financiers pour envoyer des journalistes réaliser des reportages à distance (par exemple des reportages sur la déforestation, la destruction des parcs ou des espaces protégés, la destruction de la biodiversité...).

Telles sont les facteurs qui expliquent les tendances observées dans les journaux télévisés de ces deux chaînes^62(*).

En somme, ce troisième chapitre, articulé autour de quatre sections, a consisté à l'analyse et à l'interprétation des données. La première section a porté sur le protocole méthodologique. Il s'est agi d'indiquer le cheminement à suivre dans l'analyse. La deuxième section s'est appesantie sur la description du corpus. L'analyse proprement dite a constitué l'essentiel de la troisième section. Il était question de repérer les données dans les conducteurs, de les classer selon les thèmes et les types d'informations, d'indiquer les genres utilisés dans la diffusion avant de procéder à la synthèse des éléments analysés.

Cette analyse a révélé que les questions d'environnement occupent très peu de place dans les journaux télévisés de RTNC et de Numerica. Cela parce que ces deux chaînes sont soumises aux impératifs politiques et financiers. Cette interprétation qui a constitué la matière de la dernière section confirme l'hypothèse de notre travail.

* ⁶² Cfr. Entretien avec le Rédacteur en chef de la RTNC et le Rédacteur en chef adjoint de Numerica.