Place des questions d'environnement dans les journaux télévisés de RTNC1 et de Numerica

Ce deuxième chapitre était essentiellement consacré à notre champ d'étude. Il était question de présenter les chaînes de télévision RTNC et Numerica, émettant toutes à Kinshasa. La première est une chaîne publique ; la seconde est une chaîne privée à caractère commercial.

Cette présentation a consisté à indiquer, pour chacune de deux chaînes, le statut juridique, l'historique, la localisation, l'objet social, la structure, la ligne éditoriale, les sources de financement. Tout était bouclé par la présentation de l'organigramme avec les différentes directions.

Voilà qui nous permet d'aborder le troisième chapitre consacré essentiellement à l'analyse des journaux télévisés de ces deux chaînes.

CHAPITRE TROISIEME :

ANALYSE DES JOURNAUX TELEVISES DE RTNC ET DE NUMERICA

Ce chapitre constitue la partie empirique de notre étude. Il s'appesantit sur l'analyse des journaux télévisés de RTNC et de Numerica pour la période allant du 13 au 28 janvier 2010. L'objectif est de dégager les proportions du traitement des questions d'environnement sur ces deux chaînes pour voir la place que l'environnement y occupe. L'essentiel de ce chapitre s'articule autour de quatre points, à savoir le protocole méthodologique, la description du corpus, l'analyse des données recueillies, l'interprétation des résultats.

3.1. Protocole méthodologique

Cette étape va nous permettre d'indiquer la démarche entreprise pour valider notre hypothèse. Il s'agit, concrètement, de montrer le cheminement à suivre par rapport à l'analyse des données.

Cette étude est partie d'une question fondamentale, à savoir : quelle place les journaux télévisés de RTNC et de Numerica accordent-ils aux questions d'environnement ? Par rapport à cette question, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle dans un contexte où les médias publics ont tendance à privilégier les informations institutionnelles et les médias privés la dimension mercantile, les sujets liés à l'environnement ont très peu de place dans les journaux télévisés.

Au regard de notre hypothèse, nous opérationnalisons les concepts suivants : médias publics, médias privés, informations institutionnelles, dimension mercantile, environnement, place.

v média public et média privé.

Un média public est celui qui appartient au pouvoir public, qui est sous contrôle de l'Etat. Il est financé par les redevances et les subventions. Il privilégie les programmes d'information, d'éducation et de culture. Un média privé est celui qui appartient à une personne physique ou morale privée. Financé entièrement par la publicité, il privilégie les programmes répondant à la demande du public, notamment le divertissement.

Concept	Dimension	Indicateurs
Média public	-Propriété	-appartenance au pouvoir public, sous contrôle de l'Etat
	-Economie	-financement des redevances ou des subventions
	-Contenu	-programme d'information, d'éducation, de culture
Concept	Dimension	Indicateurs
Média privé	-Propriété	-appartenance à une personne physique ou morale privée
	-Economie	-financement de la publicité
	-Contenu	-programme de divertissement

v L'information institutionnelle est celle qui concerne les institutions (publiques ou privées) ou qui a pour source des groupes organisés publics ou privés. .

Concept	Dimension	Indicateurs
Information institutionnelle	Provenance des groupes organisés	-Présidence -Gouvernement -Parlement -Gouvernorat de provinces -Assemblée provinciale -Entreprise -Société civile -Eglise -ONG -Association

v La dimension mercantile est liée à la recherche du gain, de la rentabilité, de bénéfice. Elle peut consister à faire la promotion des activités, des biens ou des personnes.

Concept	Dimension	Indicateurs
Dimension mercantile	Rentabilité, profit	-Publi-reportage -Marketing -Publicité

v L'environnement c'est le cadre de vie d'un individu. Il peut être biophysique. Dans ce cas, il concerne les éléments tels que l'eau, l'air, le sol, la faune, la flore. Il peut aussi être socioculturel

Concept	Dimensions	Indicateurs
Environnement	Aspect biophysique	-Eau -Air -Sol -Faune -Flore -Déchets
	Aspect socioculturel	-Arts -Transports -Les entreprises -Les hôpitaux

v La place : la place accordée à un élément dans un ensemble est fonction de nombre de fois que l'élément est répété ou de son emplacement dans une hiérarchie.

Concept	dimension	Indicateurs
Place	-Fréquence (quantité)	Nombre
	-Hiérarchie (qualité) -Emplacement	-Début -Milieu -Fin

Afin de vérifier la validité de cette hypothèse nous procédons à l'analyse du corpus. Le procédé que nous utilisons est l'analyse de contenu.

En effet, l'analyse de contenu est une technique fréquemment usitée dans l'étude des documents (visuels, écrits ou sonores)(*). La définition de Bernard Berelson est explicite : C'est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative, du contenu manifeste des communications, ayant pour but de les interpréter^55(*).

Il existe divers types d'analyses^56(*). Dans cette étude, nous utilisons l'analyse quantitative, celle basée sur la fréquence ou le dénombrement du phénomène à étudier. L'analyse de contenu comporte quatre étapes principales : la préanalyse, le codage et le comptage, la catégorisation, l'interprétation^57(*).

La préanalyse : c'est l'étape de l'opérationnalisation et de la systématisation de l'objectif du départ. Trois missions sont assignées à la préanalyse : le choix des documents, la formulation des hypothèses et l'élaboration des indicateurs sur lesquels devront s'appuyer l'interprétation. Notons que le choix du corpus est toujours effectué en rapport avec la question préalable de recherche.

Le codage^58(*) et le comptage des unités : c'est l'étape du découpage du document en de petits segments significatifs. Ce sont des unités d'enregistrement, de numération et de contexte. L'unité d'enregistrement est la plus petite unité de signification. Elle correspond à l'identification des éléments du document ayant un sens complet en eux-mêmes. L'unité d'enregistrement utilisé dans ce travail c'est le titre de l'information dans le conducteur. L'unité de numération c'est la manière de compter ou de mesurer les unités d'analyse. Dans cette étude, nous utilisons le nombre comme unité de numération. Il s'agira de déterminer la fréquence des sujets relatifs à l'environnement dans le corpus sélectionné. Il reste maintenant l'unité de contexte. Elle est immédiatement plus que celle d'enregistrement dont elle permet d'interpréter avec précision la signification^59(*). Le conducteur du journal télévisé est utilisé ici comme unité de contexte.

La catégorisation : c'est l'opération de classification des éléments du document selon les critères préalablement définis. Une catégorie, à en croire Madeleine Grawitz, est une rubrique significative, en fonction de laquelle le contenu sera classé et au besoin quantifié^60(*). Dans l'analyse de notre corpus, les informations seront classées en trois catégories ou types: institution, proximité, mixte.

L'interprétation des résultats : c'est la dernière et la plus intéressante étape de l'analyse. Elle permet d'évaluer la fécondité du dispositif et la valeur de l'hypothèse énoncée. L'interprétation s'appuie sur les éléments mis à jour par la catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et objective du corpus étudié. Cette étape consiste à confronter les résultats obtenus aux hypothèses (à l'hypothèse) du départ, afin de tirer les conclusions relatives à la validité ou à l'invalidité de l'hypothèse.

Cette phase méthodologique nous permet de passer à la présentation du corpus de notre étude.

* L'analyse de contenu est un concept générique. Il désigne les procédés d'analyse des documents tels que des oeuvres littéraires, les articles des journaux, les documents officiels, les programmes audio-visuels, les déclarations politiques, les rapports des réunions, etc. Cfr. MULUMA, Albert, Op.Cit., p.110-111.

* ⁵⁵ BERELSON, Bernard, Content Analysis in communication research, Glencoe , The free press, 1952, 220p, cité par GRAWITZ, Madeleine, Méthodes des sciences sociales, p.606. La description est objective, car elle procède selon les règles et obéit à des consignes claires et précises ; elle est systématique parce que le contenu est ordonné et intégré dans les catégories choisies, en fonction du but poursuivi ; elle est dite quantitative car elle vise le dénombrement et met en évidence la fréquence des éléments significatifs ; contenu manifeste, car l'analyse est basée sur le message explicitement exprimé et non sur des présomptions.

* ⁵⁶ GRAWITZ, Madeleine, Op. Cit., p.608-609. D'après l'auteure, il existe divers types d'analyse de contenu : analyse d'exploration ou de vérification, quantitative ou qualitative, directe ou indirecte, dirigée ou non dirigée communication représentative ou instrumentale.

* ⁵⁷ MBIYE, Hilaire, Cours d'Analyse de contenu, L1 FCS, UCC, 2008-2009, inédit.

* ⁵⁸ Le codage est le processus par lequel les données brutes sont transformées systématiquement et agrégées dans des unités qui permettent une description précise des caractéristiques pertinentes du contenu'. Cfr. Ole R. HOLSTI, Analyse de contenu, dans http://responsable.unige.ch/AnalyseEtuRispalAnnexe1.pdf le 10 juin 2010.

* ⁵⁹ BONVILLE, Jean de, L'analyse de contenu des médias : De la problématique au traitement statistique, p.26.

* ⁶⁰ GRAWITZ, Madeleine, Op.Cit. p.616.