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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
P
ET DE LA RECHERCHE
UNIVERSITE DE
UFR - SCIENCES ECONOMIQUES
CENTRE IVOIRIEN
ECONOMIQUES
PROGRAMME
EN GESTION DE LA POLITIQUE
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ET
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COCODY-ABIDJAN DE RECHERCHES DE FORMATION
ET SOCIALES
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SCIENTIFIQUE
DE
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ECONOMIQUE SUPERIEUR
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GESTION
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République de Union - Discipline
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Côte d'Ivoire - Travail
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IMPACT DES POLITIQUES' FLSVALES
SUR LES RECETTES' FLSVALES ET
LA CROL5SANCE ECONOMIQUE EN COTE
DIVOIRE
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D.E.S.S Hautes Études
10ème
Realise par : BIKIENGA Kassoum
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en Gestion de Promotion (2008
Faso
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la Politique - 2009)
Août 2009
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Économique
Sous la direction de : Dr Deuro
NGARESSEUM
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Directeur
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Adjoint de la CAPEC
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Chargé d'Etudes a la Direction
Generale
de l'Economie et de la Planification Ministere de
l'Economie et des Finances, Burkina
kbikienga@gmail.com
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Programme de Formation en Gestion de la Politique
Economique
Boulevard Latrille, près Lycée Classique
d'Abidjan 08 BP 1295 Abidjan 08, Tél : 22486212 ;
Fax :22488284
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A Fatimata SAWA, mon epouse, qui m'a toujours soutenu
dans ma quite du savoir,
A 911ouñammad Hassan monfi~s
1
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS III
SIGLES ET ABREVIATIONS IV
RESUME V
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE 1 : RELATION FISCALITE-CROISSANCE DANS L'ANALYSE
ECONOMIQUE 5
1.1. APERÇU SUR LES CONCEPTS CROISSANCE ET FISCALITE 5
1.2. DEBATS THEORIQUES SUR LA RELATION ENTRE LA FISCALITE
ET LA
CROISSANCE 8
1.3. PRESENTATION DE LA THEORIE FISCALE 9
1.4. FISCALITE ET CROISSANCE : DEVELOPPEMENTS EMPIRIQUES
11
CHAPITRE 2 : EVOLUTION DE LA DOCTRINE FISCALE EN COTE
D'IVOIRE 14
2.1. QUELQUES POLITIQUES D'INSPIRATION KEYNESIENNE
APPLIQUEES DANS LES PVD 14
2.2. LES REFORMES FISCALES DE LA PERIODE 1980-2008
17
CHAPITRE 3 : IMPACT DE LA FISCALITE SUR LES RECETTES
FISCALES ET LA CROISSANCE 34
3.1. ANALYSE DE L'EVOLUTION DES RECETTES FISCALES DE 2000
A 2007 34
3.2. IMPACT DES PRELEVEMENTS FISCAUX SUR LA CROISSANCE
37
3.3. LEÇONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE 41
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 43
BIBLIOGRAPHIE 45
LISTE DES TABLEAUX, FIGURES ET GRAPHIQUES
Tableau 1 : Evolution des recettes fiscales de 2000 à 2008
34
Tableau 2 : Evolution de la part des impôts leaders dans
les recettes intérieures 37
Tableau 3 : Evolution de la pression fiscale de la Côte
d'Ivoire (2000- 2008) 39
FIGURE 1 : CERCLE VICIEUX DE LA PAUVRETE 15
Graphique 1 : Evolution des recettes des impôts leaders de
2000 à 2008, en millions de FCFA 36
Graphique 2 : Evolution de la part des trois principaux
impôts leaders dans les recettes totales (2000-
2007) 36
Graphique 3 : Evolution des recettes fiscales et du produit
intérieur brut (en millions de FCFA) 38
Graphique 4 : Evolution de l'IBIC entre 2000 et 2008 (en millions
de FCFA) 40
Graphique 5 : Evolution du taux d'imposition sur les BIC et du
taux croissance du PIB (1960-2006) 41
AVANT PROPOS
Le programme de formation en gestion de la politique
économique est un programme financé par la Fondation pour le
Renforcement des capacités en Afrique (ACBF) et l'Institut de la Banque
mondiale. Son objectif est de renforcer dans le domaine de l'analyse et de la
gestion macroéconomique, les capacités des cadres des
administrations publiques, parapubliques et privées des pays de la sous
région ouest africaine. Son cycle de Formation, qui dure 12 mois,
intègre la réalisation par les auditeurs, d'un mémoire
professionnel.
C'est dans ce cadre qu'en tant qu'auditeur de la
dixième promotion (2008-2009), nous avons choisi de travailler sur
l'impact des politiques fiscales sur les recettes fiscales et la
croissance économique en Côte d'Ivoire.
Dans le cadre de cette étude, nous avons
bénéficié de l'appui de l'Administration du programme GPE
et de l'encadrement effectif du docteur Deuro
NGARESSEUM, Directeur Adjoint de la Cellule d'Analyse des
Politiques Economiques du CIRES.
Nous tenons donc, à travers ces lignes, à
exprimer notre gratitude à Monsieur NGARESSEUM qui a accepté nous
apporter son appui malgré son emploi du temps particulièrement
chargé, au personnel du programme GPE pour leur soutien multiforme tout
au long de la formation, ainsi qu'à tous les collègues auditeurs
pour leurs conseils et suggestions.
Nous nous en voudrions de terminer nos propos sans remercier
nos collègues et ex-collègues de la Direction de l'orientation et
de la planification stratégique (Burkina Faso), en particulier SINARE
Koudbi et BASSOLE Martial Wilfried, pour leur soutien malgré la
distance, ainsi que le Pr. SANOU Fernand pour sa disponibilité.
SIGLES ET ABRE\TIATIONS
ASDI : Acompte Sur Divers Impôts
BIC : Bénéfices industriels et
commerciaux
BNC : Bénéfices non commerciaux
BTP : Bâtiments et Travaux Publics
CAPEC Cellule d'Analyse des Politiques
Economiques du CIRES
CEPICI : Centre de Promotion des Investissements
en Côte d'ivoire
CGI : Code Général des
Impôts
CIE : Compagnie Ivoirienne
d'Electricité
CIPREL : Compagnie Ivoirienne de Production
d'Electricité
CIRES Centre Ivoirien de Recherches Economiques
et Sociales
DGI : Direction Générale des
Impôts
EECI : Energie Electrique de la Côte
d'Ivoire
FAfD Fonds africain de développement
HT Hors taxes
IADM Initiative d'allégement de la dette
multilatérale
IBIC : Impôt sur les
Bénéfices Industriels et Commerciaux
IDA l'Association Internationale de
Développement
IGR : Impôt Général sur le
Revenu
IMF : Impôt Minimum Forfaitaire
IRC : Impôt sur les Revenus des
Créances
IRVM : Impôt sur les Revenus des Valeurs
Mobilières
ITS : Impôt sur les Traitements et
Salaires
MEF : Ministère de l'Economie et des
Finances
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information
et de la Communication
OHADA : Organisation pour l'Harmonisation des
Droits des Affaires en Afrique
ONG : Organisations Non Gouvernementales
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PPTE Pays pauvres très endettés
PVD : Pays en Voie de Développement
RNI : Régime du Réel Normal
d'Imposition
RSI : Régime Simplifié
d'Imposition
SONARECI : Société nationale de
recouvrement de Côte d'Ivoire
SYSCOA : Système Comptable Ouest
Africain
TPS : Taxe sur les prestations de services
TTC Toutes taxes comprises
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
RESUME
La présente étude avait pour objectif
d'évaluer l'impact des politiques fiscales sur les recettes fiscales et
la croissance économique. De notre revue de littérature, il
ressort que les politiques fiscales ont un impact mitigé sur la
croissance économique.
A la suite de l'étude, après avoir passé
en revue les politiques fiscales mises en oeuvre en Côte d'ivoire depuis
les indépendances, nous avons procédé à une analyse
statistique de la structure et de l'évolution des impôts en
relation avec le comportement du produit intérieur brut.
Au terme de notre étude, il apparait que les politiques
fiscales ont influencé dans une certaine mesure la croissance
économique en Côte d'Ivoire. En particulier, les taux
d'imposition, notamment ceux concernant l'impôt sur les
bénéfices des sociétés, sont négativement
corrélés avec la croissance économique. En d'autres
termes, une augmentation des taux d'imposition sur les sociétés
semble réduire la croissance tandis que leur baisse la favoriserait. Il
est également ressorti que les prélèvements fiscaux sont
en situation de sous optimalité par rapport à la capacité
réelle de l'économie.
Il est vrai que des efforts ont été faits ces
dernières années dans le sens de l'amélioration de la
pression fiscale et de la facilitation de l'activité économique.
Toutefois, il importe pour l'administration fiscale d'une part de renforcer les
mesures prises en matière de TVA dans la perspective de lutter contre
l'évasion fiscale, et d'autre part de réduire davantage les taux
d'imposition, notamment en ce qui concerne les revenus des
sociétés et des personnes physiques. Cela devrait permettre
à l'Etat ivoirien d'optimiser les recettes fiscales intérieures
tout en favorisant l'épanouissement de l'initiative privée pour
une croissance soutenue et une meilleure réussite des chantiers en
cours, en particulier la stratégie de réduction de la
pauvreté.
Introduction générale
Située en Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire
est un pays à vocation agricole. Son produit intérieur brut qui
représente presque le tiers1 de celui de l'Union Economique
et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), est en grande partie
réalisé grâce aux produits des secteurs primaire et
tertiaire, l'industrie étant encore peu développée. Le
secteur primaire est principalement dominé par l'agriculture qui occupe
plus des deux tiers de la population active et fournit 40% du PIB. Ces
dernières années, l'économie ivoirienne a
été fortement éprouvée par une crise sociopolitique
qui a entrainé une croissance négative sur la période
2000-2003. Une reprise est observée entre 2004 et 2008, mais le taux de
croissance économique observé sur cette période, soit 2,9%
par an en moyenne, reste inférieur au taux de croissance
démographique (3,3%), ce qui traduit une baisse du niveau du revenu par
tête.
Face à cette situation, le gouvernement ivoirien a pris
des mesures pour corriger les déséquilibres à travers
notamment des politiques budgétaires.
Le budget constitue l'instrument principal dont dispose le
Gouvernement ivoirien pour intervenir dans l'économie. En plus des
rôles régaliens reconnus à l'Etat, la politique
budgétaire utilise les éléments du budget à des
fins de régulation de l'activité économique. Cette
intervention de l'Etat passe par des actions contra-cycliques qui consistent
à soutenir activement l'activité dès lors que la demande
des agents est déprimée et, à la freiner lorsque son
emballement fait craindre des déséquilibres internes et
externes.
Mais les effets positifs de la politique budgétaire ne
sont pas aussi évidents si l'on examine, en amont, comment l'Etat
finance ses dépenses. Dans beaucoup de pays, les recettes fiscales
constituent la principale ressource de l'Etat. Dans ce contexte, la politique
fiscale a pour but de garantir des entrées budgétaires minimales.
En 2008, les recettes budgétaires de l'Etat ivoirien étaient
constituées à 75% de recettes fiscales, elles mêmes
dominées par des recettes fiscales intérieures. Ces recettes
fiscales intérieures sont composées pour une grande part, de
l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux,
l'impôt sur le traitement et salaires, l'impôt sur les revenus des
valeurs mobilières, l'impôt foncier, les droits d'enregistrement
et la TVA. Ces impôts sont pour cette raison qualifiés
d'impôts leaders.
Outre son rôle financier, la politique fiscale peut
également servir à réguler
l'activité économique en modifiant l'effort fiscal
demandé aux contribuables ou prendre la forme
1 Moyenne 2005-2007, données de l'UEMOA
d'incitations fiscales visant à réduire les taux
d'imposition afin de relancer la consommation et stimuler la croissance.
La politique fiscale apparaît donc comme un instrument
important qui participe de la politique économique en contribuant au
financement des dépenses et à la redistribution des revenus. Elle
a donc des effets réels sur la croissance économique, ces effets
pouvant être positifs ou négatifs.
Objectifs de l'Etude
L'objectif général de cette étude est
d'analyser l'impact des politiques fiscales adoptées par l'Etat ivoirien
sur les recettes fiscales et sur la croissance économique. Plus
spécifiquement, il s'agira :
- de faire le point des politiques fiscales mises en oeuvre par
l'Etat ivoirien depuis 1980 ;
- de mettre en rapport ces politiques avec le volume des recettes
fiscales obtenues ;
- d'évaluer l'impact de ces différentes mesures
fiscales sur le taux de croissance
économique ;
- de formuler des recommandations de politiques
économiques pour une fiscalité plus
rentable et favorable à la croissance économique et
au développement.
Hypothèses de l'étude
1. Une augmentation des taux d'imposition peut influencer
négativement le niveau des recettes fiscales ;
2. Une baisse des taux d'imposition peut stimuler
l'activité économique. Intérêt de
l'étude
Cette étude se fait dans un contexte où la
Côte d'Ivoire est en voie de bénéficier de l'annulation
d'une bonne partie de sa dette extérieure dans le cadre de l'initiative
PPTE. Cela a été possible grâce à l'atteinte du
point de décision en début 2009 par l'adoption par le
Gouvernement, du Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté d'une part, et l'adoption d'autre part de la Facilité de
Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance par le Conseil
d'Administration du FMI, le 27 mars 2009. L'enjeu financier est de taille. En
effet, selon le FMI, l'allégement au titre de l'Initiative PPTE
renforcée est estimé à 3 milliards de dollars US en VAN
(environ 1500 milliards de FCFA), soit une réduction de 23,6 % de la
dette après les mécanismes d'allégement
classiques. Quand la Côte d'Ivoire franchira le point
d'achèvement de l'Initiative PPTE, elle devrait bénéficier
aussi d'un allégement au titre de l'IADM de la part de l'AID, du FafD et
du FMI, d'un montant d'environ 2013,5 milliards de dollars US.
Dans le cadre de cette initiative, les principaux objectifs de la
période 2009-2011 se présentent comme suit :
- un taux de croissance réel moyen du PIB supérieur
à 4,2% par an ;
- le maintien du déficit budgétaire global autour
de 2% du PIB et un excédent primaire de
base supérieur ou égal à 1% du PIB) ;
- un déficit du compte courant extérieur (hors
transferts officiels) qui ne dépasse pas 5%
du PIB ;
- le taux d'investissement devrait s'accroître de 10,4% du
PIB en 2009 à 14,9% en 2011.
L'objectif de l'initiative PPTE étant de ramener
à terme la charge de la dette à un niveau soutenable, l'Etat
ivoirien est soumis au strict respect du principe de non-accumulation
d'arriérés de paiement au titre du service de la dette
extérieure.
Dans cette perspective, il est important pour la Côte
d'ivoire d'accroître le niveau de ses ressources internes pour le
financement de sa stratégie de réduction de la pauvreté et
de stimulation de la croissance.
Relever un tel défi suppose d'impulser une dynamique
nouvelle au secteur productif, toute chose qui nécessite un cadre
macroéconomique et un climat des affaires favorables à
l'initiative privée. L'assainissement du climat des affaires inclut le
rôle de la fiscalité, qui pourtant n'est pas des plus favorables
en Côte d'Ivoire, selon le rapport Doing Business 2009.
Dans un tel contexte, la Côte d'Ivoire poursuivra les
réformes fiscales engagées ces dernières années
pour relancer l'économie. La présente étude ambitionne de
contribuer à dégager des pistes de solutions à travers des
recommandations pour une meilleure réussite de la stratégie de
développement du pays.
Méthodologie
Pour la conduite de la présente étude, nous avons
d'abord procédé à une revue de littérature qui nous
a éclairé sur la suite de l'étude. Cela a
nécessité une collecte documentaire comprenant :
- d'une part des informations statistiques en provenance de la
Direction Générale des impôts, de la base de données
de la Banque Mondiale (World development indicators 2008), ainsi que
des sites de l'UEMOA,
- d'autre part de la littérature économique
disponible, aussi bien issues des documents durs qu'électroniques
obtenus sur certains sites spécialisés.
Pour l'analyse des données statistiques, nous avons fait
appel aux procédés statistiques, notamment de la statistique
descriptive.
Plan du document
Le présent document comporte trois chapitres. Le
premier chapitre traite de la relation entre la fiscalité et la
croissance, selon la littérature économique. Le deuxième
chapitre présente les politiques fiscales mises en oeuvre par l'Etat de
Côte d'Ivoire depuis les indépendances, et plus
particulièrement sur la période 1980 à nos jours. Dans le
dernier chapitre, il est analysé l'impact des politiques fiscales sur
les recettes fiscales et la croissance économique.
Chapitre 1 : Relation fiscalité-croissance dans
l'analyse économique
Après avoir longuement débattu et s'être
accordé sur l'opportunité des prélèvements
obligatoires dont les impôts, les économistes se sont
penchés sur la relation entre la fiscalité et la croissance
économique. Le présent chapitre présente un aperçu
des ces débats et aborde par la suite les récents
développements sur la relation entre fiscalité et croissance.
Mais avant tout, il s'avère important d'éclaircir les concepts
croissance et fiscalité.
1.1. APERÇU SUR LES CONCEPTS CROISSANCE ET
FISCALITE
1.1.1. Le concept de croissance économique
Pour François Perroux, la croissance, « c'est
l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues
(chacune de ces périodes contenant plusieurs cycles
quasi-décennaux) d'un indicateur de dimension : pour une nation, le
produit global net en termes réels. Ce n'est pas, il est
nécessaire d'y insister au rebours d'une attitude qui se répand,
l'augmentation du produit réel par habitant ».
Cette définition ne fait pas l'unanimité au sein
de la communauté d'économistes. En effet, certaines
sources2 retiennent que la croissance pour l'économie
nationale, désigne une augmentation sur une longue période, du
produit national brut par tête.
Dans le cadre de cette étude, nous retiendrons la
première définition. Le taux de croissance économique
ti + 1 étant donné par la formule suivante : t
i+1 = i Y +1 Y -Y,
où Yi désignele PIB de l'année i i.
Il convient de noter que les auteurs font une
différence entre la croissance tout court et la croissance
économique. La croissance économique désignerait le
mouvement d'augmentation de la production à court terme. On parle alors
d'expansion.
La croissance peut être extensive ou intensive. Elle est
qualifiée d'extensive si elle est obtenue principalement par
l'augmentation des facteurs mis en oeuvre. En revanche, la croissance sera dite
intensive quand elle est principalement due à une utilisation
plus efficace des forces productives conduisant à une augmentation de la
valeur ajoutée par salarié, un progrès dans
2 Lexique d'économie, 8ème
édition, Edition Dalloz, Paris, 2004.
l'efficacité des machines incorporant du progrès
technique. La croissance intensive correspond à des gains de
productivité obtenus par des changements structurels,
l'amélioration de la qualité, la rationalisation des
méthodes.
Notion de croissance endogène
Apparue au milieu des années 80 suite aux articles
publiés par P.M. Romer (« Increasing return and long run
growth, journal à political economics », 94, 1986) et par
Robert Lucas (« On the mechanism of economic development, 22,
1988), la théorie de la croissance endogène cherche à
expliquer la croissance économique (augmentation du produit par
tête) à partir du processus d'accumulation, sans avoir à
recourir à des facteurs extérieurs, exogènes.
Dans les modèles de croissance, sont
généralement retenus comme facteurs de la croissance, la
quantité de capital, le volume de la main d'oeuvre (éducation),
le progrès technique et l'innovation.
1.1.2. Le concept de fiscalité : définition,
rôle et typologie
a) Définition et rôle de la
fiscalité
Par fiscalité, il faut entendre l'ensemble des textes
et règlements organisant la définition et la perception de
l'impôt. L'impôt est une prestation pécuniaire requise des
personnes physiques ou morales, de droit privé ou de droit public, dans
le respect de la loi d'après leurs facultés contributives par
voie d'autorité à titre définitive, sans contrepartie
directe et immédiate déterminée en vue de la couverture
des charges publiques ou comme moyen d'intervention de la puissance publique
dans le domaine économique et social.
De cette définition,, l'on peut dire que l'impôt
a un double rôle : rôle de collecte des ressources
financières pour la puissance publique et rôle d'instrument de
politique économique.
Il convient de faire la nuance entre deux termes proches,
mais qui n'ont pas rigoureusement, les mêmes contenus : les impôts
et les taxes. L'impôt est un prélèvement sans contrepartie
tandis que la taxe est payée en contrepartie d'un service rendu.
b) Typologie des impôts et
taxes
Dans la typologie des impôts et taxes, on peut en
retenir trois types : les taxes sur les échanges internationaux, les
impôts sur les revenus des personnes physiques et les
sociétés ainsi que les taxes sur les ventes et les impôts
indirects (M. GILLIS et al, 1998).
Taxes sur les échanges internationaux
Il s'agit des droits à l'importation et des droits
à l'exportation.
Les droits à l'importation sont pratiqués dans
la plupart des pays du monde. Cependant, lorsque les taux sont très
élevés, ils peuvent inciter à la contrebande et à
la fraude douanière (M. GILLIS et Al, 1998). Le recours
systématique aux droits d'importation ne serait donc pas efficace, d'un
point de vue financier.
Contrairement aux droits à l'importation, les droits
à l'exportation ne sont pas perçus dans tous les pays, notamment
dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis d'Amérique par
exemple, les droits à l'exportation sont interdits par la constitution.
Dans les pays en développement, ils fournissent une large part des
recettes publiques. En Côte d'Ivoire, les droits à l'exportation
ont représenté en moyenne 20% des recettes fiscales totales entre
2001 et 2008. En plus de leur rôle financier, les droits à
l'exportation servent à favoriser la transformation des matières
premières dans les pays en développement. C'est ainsi que les
produits bruts subiront une taxation plus forte que les produits
manufacturés.
Les impôts sur les revenus
On distingue les revenus des personnes morales et les revenus
des personnes physiques. A titre d'exemple, dans la catégorie des
impôts sur les revenus des personnes morales, on peut citer l'impôt
sur les bénéfices industriels et commerciaux (IBIC),
l'impôt sur les revenus des personnes physiques (IRPP), l'impôt sur
les revenus fonciers, l'impôt sur les bénéfices agricoles,
l'impôt sur les traitements et salaires, etc.
Les taxes sur les ventes et les impôts
indirects
Les impôts indirects sont appliqués
indépendamment du niveau de revenus des agents économiques. Ils
s'appliquent de manière uniforme contrairement aux impôts directs.
Au nombre des impôts indirects, l'on peut citer la Taxe sur la Valeur
Ajoutée (TVA). C'est un impôt sur la consommation car c'est lors
de l'acte de consommer qu'est payé cet impôt.
c) Terminologie : Assiette d'imposition, impôt
progressif et impôt proportionnel
L'assiette d'imposition ou base d'imposition est
l'élément retenu pour le calcul de l'impôt auquel est
appliqué ensuite le tarif ou le barème de l'impôt.
L'impôt est dit progressif lorsque le
prélèvement fiscal s'accroît plus que proportionnellement
au montant des revenus ou bénéfices taxés. En revanche, si
le prélèvement fiscal est opéré en appliquant
à la base imposable un pourcentage qui ne varie pas en fonction de
l'importance de cette base, on parle d'impôt proportionnel.
1.2. DEBATS THEORIQUES SUR LA RELATION ENTRE LA
FISCALITE ET LA CROISSANCE
Jean Bodin (1576) est l'un des premiers économistes
à s'intéresser depuis le 16ème siècle
à la question de la fiscalité. S'en suivront à partir du
17ème siècle d'autres auteurs, mais ceux-ci
s'intéressaient au rôle financier de la fiscalité. Ce fut
ainsi, jusqu'à la naissance de l'école classique au
18ème siècle. C'est à partir du
18ème siècle que la fiscalité a
été perçue comme pouvant influencer l'activité
économique. Cependant, le rôle de la fiscalité a
été différemment traité selon les écoles de
pensée. Dans les lignes qui suivent, nous présenterons la
théorie classique de la fiscalité et la pensée
keynésienne.
1.2.1. La position des classiques
Pour les classiques, l'intervention de l'Etat est neutre. Cela
tient du fait que pour eux, la somme des intérêts individuels
conduit à l'intérêt général. En termes
d'illustration, citons le père de l'économie classique, Adam
Smith, qui dit ceci : « Puisque tout individu s'efforce autant qu'il est
capable d'employer son capital dans l'intérêt de l'industrie
nationale, et de diriger ainsi cette industrie de telle sorte que son produit
soit de la plus grande possible, tout individu travaille nécessairement,
à rendre le revenu annuel de la société aussi grand qu'il
peut...., en agissant ainsi, il n'a d'autre but que son propre gain et, est, en
ceci comme dans beaucoup d'autres cas, conduit par une main invisible, à
réaliser une fin qui n'était nullement dans ses intentions.
»3
Selon les classiques, il ne peut donc avoir d'intervention
positive dans l'économie. « La fiscalité, sous toutes ses
formes, n'offre qu'un choix de maux », écrivit Ricardo. Une
intervention de l'Etat ne ferait qu'entraver la bonne marche de
l'économie. Ils préconisaient de minimiser les
prélèvements fiscaux ainsi que les dépenses publiques.
Pour Ricardo, les prélèvements fiscaux entravent la croissance
économique. En effet, il dénonça le rôle
néfaste des prélèvements fiscaux sur la croissance en
Angleterre entre 1793 et 1815 en ces termes : « ... il faut
reconnaître que sans les prélèvements de l'impôt, cet
accroissement de la richesse eût été bien plus rapide...
»4.
3 A. SMITH, Recherche sur l'origine et la cause de la
richesse des nations (1776), livre IV, chapitre 2, Cité par GBAKA
(1978).
4 Cité par GBAKA (1978)
Ainsi, les classiques étaient catégoriquement
opposés à toute intervention de l'Etat dans l'économie. Il
a fallu donc attendre le 20ème pour assister à une
remise en cause de cette conception par l'économiste anglais, John
Maynard Keynes, dit père de la macroéconomie contemporaine.
1.2.2. La position de Keynes
Pour Keynes, l'initiative privée ne peut aboutir
à aucun équilibre sur aucun marché. De ce fait,
l'intervention de l'Etat se justifie. Dès lors, la conception de la
neutralité de l'impôt est donc remise en cause. Il est
désormais admis que l'impôt crée des distorsions dans les
plans financiers des individus (impôt sur le revenu), des perturbations
dans leur consommation (impôt sur la consommation comme la TVA qui
entraine une hausse des prix), celle-ci étant fonction du revenu
disponible après impôt. Ainsi, toute mesure fiscale, toute
création d'impôt, toute modification ou suppression d'un
impôt, a une incidence directe sur la production. Dès lors, il
semble mieux d'appréhender le fonctionnement et les effets perturbateurs
des prélèvements fiscaux afin de les orienter dans le sens
souhaité. C'est ainsi que nait la « fiscal policy
»5.
1.3. PRESENTATION DE LA THEORIE FISCALE
Branche de l'économie financière, la
théorie fiscale est d'inspiration keynésienne. En effet, la
conception keynésienne de la fiscalité découle de la
théorie des multiplicateurs développée par Keynes dans la
théorie générale. Selon la théorie des
multiplicateurs, le multiplicateur des impôts (kA) est le rapport entre
la valeur négative de la propension marginale à consommer (c)
et
la propension marginale à épargner :
s
Haavelmo énonce un résultat sous forme de
théorème : « si la fonction de consommation
est linéaire, et l'investissement total est constant, un impôt
égal à T qui est entièrement dépensé
(en bien et services) augmente le revenu national brut d'un montant T et
laisse inchangés le revenu
5 Il convient de préciser que l'expression
américaine fiscal policy ne doit pas être traduite par
« politique fiscale », parce qu'une partie de ce que recouvre cette
expression est comprise dans la définition de l'expression
française « politique budgétaire ». Cette partie, c'est
la détermination du montant total des dépenses à autoriser
et du montant de la différence entre ces dépenses et les revenus
prévus. En langue française, l'expression « politique
fiscale » ne concerne que la détermination du montant des
impôts à percevoir, la répartition de ces impôts et
des dispositions réglementaires qui s'y rapportent. L'expression
américaine correspondant à l'expression française
politique fiscale est tax policy.
national net et la consommation. Ce résultat est obtenu
quelle que soit la valeur numérique de la propension marginale à
consommer ».
Les premiers enrichissements furent apportés par G.
Harberler, R. M. Goodwin et E. E. Hagen qui introduisirent en 1946
l'idée que les compensations réalisées par la
dépense publique à la suite d'un prélèvement fiscal
du même montant ne sont pas automatiques. Il ya un décalage entre
l'amputation des revenus par un prélèvement fiscal au cours d'une
période et la dépense publique qui n'engendrera de nouveaux
revenus qu'au cours d'une période ultérieure. J. Vingers
approfondira plus tard ce point de vue et aboutira en 1957 à la
conclusion que « l'accroissemnt du revenu global brut n'est égal au
montant du prélèvement dès la première
période. Ce résultat n'est atteint qu'après un nombre
infini de périodes ».
Ils s'ensuivirent d'autres théories prenant en compte
l'extérieur. Mais dans la suite de notre exposé, nous nous
intéresserons surtout à celles relatives aux pays en voie de
développement étant donné l'orientation de notre
thème.
Plusieurs théories ont été successivement
développées sur la fiscalité du tiers monde,
critiquées et améliorées depuis 1960. Nous en retiendrons
quelques groupes d'auteurs. Le premier groupe d'auteurs dirigé par M.
Henri LERROUX, a étudié la relation entre le taux de croissance
de la pression fiscale et le taux de croissance économique. Le
deuxième groupe d'auteurs dirigés par deux professeurs de
l'Université de l'Illinois, JOHN F. DUE et JANE H. LEUTHOLD,
s'intéressent tant aux structures des économies sous
développées qu'à la structure de leur fiscalité.
L'on a assisté à une nette évolution de
la théorie financière. En effet, les économistes sont de
plus en plus d'accord que pour atteindre certains objectifs économiques,
il peut être intéressant de mettre en oeuvre des politiques
fiscales. Toutefois des auteurs tels que R. Stourn, H. Laufenburger et M.
Friedman, restent réservés sur l'efficacité de la
politique fiscale pour booster la croissance économique. M. Friedman
écrit : «Il apparaît à l'évidence que si l'on
accroît la fiscalité...., il en résulte incontestablement
une réduction du revenu disponible de ceux qui sont frappés par
cet impôt, une baisse des ressources qu'ils peuvent affecter à
leur dépense , et par voie de conséquence, une diminution de la
demande globale....Mais ce qui me stupéfie, c'est que la croyance si
répandu de la politique fiscale...ne repose sur aucune preuve quelle
qu'elle soit ».
1.4. FISCALITE ET CROISSANCE : DEVELOPPEMENTS
EMPIRIQUES
ENGEN et SKINNER (1996) ont
démontré que la fiscalité affecte négativement la
croissance économique. Se basant sur le modèle de Solow, les deux
auteurs montrent que la fiscalité réduit le niveau du produit et
influe négativement sur la croissance à long terme. Selon cette
approche, le taux de croissance économique dépend du capital
physique et humain disponible et de l'évolution de leur
productivité. Plus formellement, on a :
y i = á iki +
âimi + ìi
(1),
où yi désigne le taux de
croissance du PIB réel dans le pays i, ki le taux de
croissance du capital dans le pays i, m i le taux de croissance de la
main d'oeuvre, ìi la croissance de la
productivité d'ensemble dans l'économie,
ái la productivité marginale du capital et
âi l'élasticité du ratio du facteur
travail par rapport au produit.
Dans ce cadre théorique, les auteurs donnent cinq voies
par lesquelles la fiscalité peut affecter la croissance du produit :
1. les taxes élevées peuvent décourager
l'investissement en diminuant le capital net, dans le cas de taux d'imposition
statutaires élevés sur le revenu et le profit et d'une taxation
élevée des revenus du capital.
2. la fiscalité peut affaiblir l'offre de travail m, en
travestissant l'arbitrage entre le travail et le loisir, entre la formation et
la faible qualification ;
3. la fiscalité peut ralentir la croissance de la
production en décourageant l'investissement en matière de
recherche et développement, ou en matière de haute technologie
;
4. la fiscalité peut avoir un impact sur la
productivité marginale du capital, si elle réoriente les
investissements vers les secteurs où les taxes sont les plus basses et
où la productivité est des plus faibles;
5. des taxes élevées sur le travail peuvent
travestir l'utilisation efficiente du capital
humain, de sorte à décourager le travail dans les
secteurs à haute productivité et à taxe
élevée.
En d'autres termes, les pays à taxes
élevées peuvent avoir les plus faibles valeurs de á
et â , ce
qui présume d'une faible croissance économique,
pourvu que le capital humain et physique soit constant. A titre d'illustration,
les deux auteurs on montré qu'une baisse du taux marginal d'imposition
de 5 points de pourcentage couplée à une diminution du taux moyen
d'imposition de 2,5 points de pourcentage contribuerait à accroitre le
taux de croissance de long terme de 0,2 à 0,3 points de pourcentage.
Ainsi, les réformes fiscales n'augmentent pas substantiellement la
croissance, mais en améliore le niveau à long terme.
En définitive, ENGEN et SKINNER concluent que, bien que
la politique fiscale ait un impact sur la croissance économique, cet
impact est modeste. Ils pensent tout de même que la politique fiscale a
un impact de court terme sur la croissance économique. Ils pensent
également que mis à part la taxation absolue, la structure de la
fiscalité est également importante pour la croissance
économique. Ainsi, les pays qui s'arrangent à collecter des
impôts aux moyens d'une large base d'impôt et d'une organisation
efficiente réalisent probablement une croissance plus rapide que les
pays ayant une base fiscale limitée et une organisation fiscale
inefficace.
EASTERLY et REBELO (1993), dans une étude visant
à montrer le rapport entre les différentes mesures de politique
fiscale, le niveau de développement et le taux de croissance
économique, concluent entre autres que l'impact de la fiscalité
est difficile à isoler. Toutefois, ils pensent que l'impact de la
fiscalité sur la croissance dépend de sa structure, et que seul
le taux marginal d'imposition sur le revenu explique significativement les
disparités en matière de croissance. Ainsi, seules les
modifications des taux d'imposition sur les revenus ont un impact sur la
croissance.
Certains auteurs pensent que l'impact de la politique fiscale
sur la croissance est négligeable (Harberger, 1964, Mendoza,
Milesi-Ferretti et Asea ,1995), et concluent que la croissance requiert des
transformations considérables dans le système fiscal (Mendoza,
Milesi-Ferretti et Asea ,1995).
Les impôts directs auraient un impact négatif sur
la croissance (Xu, 1994 ; Milesi-Ferretti et Roubini, 1995). Concernant
l'impôt sur la consommation, s'il a un impact non négligeable sur
la croissance, il est moins générateur de distorsions que
l'impôt sur le revenu (Milesi-Ferretti et Roubini, 1995). Ce point de vue
est également partagé par Johansson et al. (2008) pour qui les
impôts sur les sociétés grèvent le plus la
croissance, suivis par les impôts sur le revenu des personnes physiques
et les impôts sur la consommation. Les impôts sur l'immobilier
semblent les moins nocifs. La conclusion est la même : une réforme
fiscale sans incidence sur les impôts et orientée sur la
croissance consisterait à transférer une partie de la base
imposable des impôts sur le revenu vers des impôts moins
générateurs de distorsion, comme les impôts
récurrents sur l'immobilier ou ceux sur la consommation.
Des réformes fiscales neutres, qui réduisent les
taux d'imposition, augmentent la base fiscale, diminuent les
exonérations et mettant en place des systèmes fiscaux
décourageant le moins possible l'accumulation du capital, peuvent
stimuler la production et l'emploi (Marina KesnerSkreb, 1999).
De ce qui précède, il ressort que l'impôt
direct sur le revenu ou l'investissement peut avoir un impact négatif
sur la croissance à long terme. La croissance peut seulement être
soutenable s'il existe une motivation qui oriente les individus à
investir dans le capital (physique ou humain). Dans la plupart des
modèles de croissance endogène, cette motivation est
exprimée par le taux du retour sur investissement. Puisque les
impôts sur le revenu ou l'investissement jouent sur l'efficacité
marginale du capital, ils réduisent aussi la motivation des individus
à investir dans les actifs fixes ou à s'éduquer, donc
à stimuler la croissance. Pour cela, ils ont un impact négatif
sur la croissance.
Nous retiendrons avec KACOU (2005) qui a
travaillé sur l'effet réel de la politique fiscale en Côte
d'Ivoire, que toute politique fiscale a un effet à court terme pour le
secteur réel, effets qui peuvent persister pour au moins cinq ans.
Outre l'impact direct, les taxes sur le revenu et
l'investissement peuvent avoir un impact indirect sur la croissance. Toutefois,
si les recettes fiscales sont utilisées pour investir dans des
infrastructures publiques, un impôt sur le revenu ou sur l'investissement
peut avoir un impact positif sur la croissance dans une certaine mesure.
Chopitre 2 : Evolution de lo doctrine fiscole en Cate
d'Ivoire
Dans ce chapitre, il sera question de présenter et
d'analyser la politique fiscale appliquée en Côte d'Ivoire depuis
les indépendances. Mais avant de présenter les politiques
fiscales appliquées en Côte d'Ivoire, il convient de situer ces
politiques dans un cadre plus vaste qui est celui des pays en voie de
développement (PVD), s'inspirant de l'approche keynésienne.
2.1. Quelques politiques d'inspiration
keynésienne appliquées dans les PVD
Deux types de politiques fiscales sont
généralement appliqués : les politiques fiscales
d'attraction des capitaux privés vers les PVD et les politiques fiscales
d'intervention directe dans l'économie (Gbaka, 1978).
Les politiques fiscales d'attraction des
investissements ou stimulants fiscaux
Pour investir il faut du capital. Or le capital n'est pas la
chose la mieux partagée dans les PVD marqués par la faiblesse des
revenus nationaux, qui entraine du même coup, la faiblesse de
l'épargne nationale, donc la faiblesse de l'accumulation du capital.
On se retrouve donc dans ce cercle vicieux où
l'inexistence de l'accumulation du capital va limiter la croissance
économique. C'est alors la stagnation qui entraine à son tour la
faiblesse des revenus nationaux. C'est ce que Gbaka (1978) a appelé le
cercle vicieux de la pauvreté, réalité que nous illustrons
par la figure 1.
Pour rompre avec le cercle vicieux de la pauvreté, les
PVD ont imaginé des politiques d'attraction d'investissements
étrangers et locaux. Ces politiques, dites stimulants fiscaux, sont de
deux types : les codes d'investissement privés et les mesures
incitatives du code des impôts.
Les codes des investissements privés sont des
stimulants fiscaux de types contractuels. Ils rassemblent en un document les
dispositions spéciales de dégrèvement au profit des
entreprises privées qui cherchent à investir dans le pays. Ce
document comporte également les conditions que doivent satisfaire les
entreprises pour obtenir l'agrément des autorités locales.
FIGURE 1 : CERCLE VICIEUX DE LA
PAUVRETE
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv3.png)
Faiblesse des revenus nationaux
Stagnation économique
Inextence de l'accumulation de capital
Absence de l'épargne nationale
Source : construction de l'auteur
Comme caractéristique essentielle, tous ces codes
prévoient un régime préférentiel concernant
à la fois les droits d'entrée et l'impôt sur le revenu.
Jusqu'en 1980, en Côte d'Ivoire, il existait deux types
de codes : le code des investissements privés à caractère
général créé par la loi de 1959 et le code des
investissements privés à caractère touristique
créé en 1973. Le code touristique était assorti de trois
régimes : le régime d'aide à l'implantation ou à
l'extension, le régime de l'agrément prioritaire et le
régime de la convention d'établissement.
Les mesures incitatives du code général des
impôts. Elles étaient de deux types : d'une part les
exonérations pour usines nouvelles qui concernaient les impôts
fonciers, la patente et ainsi que les impôts sur le
bénéfice, et d'autre part les réductions d'impôts
pour réinvestissement des bénéfices, portant notamment sur
les impôts cédulaires.
Le code des investissements en vigueur aujourd'hui tire sa source
de la loi N°95-620 du 3 aout 1995 portant code des investissements.
Le code des investissements fixe les régimes
d'incitations aux investissements réalisés par les personnes
physiques ou morales, ivoiriennes ou étrangères,
résidentes ou non, au titre de
l'exercice de leur activité ou leur participation au
capital des sociétés en Côte d'Ivoire, en vue d'encourager
l'investissement privé et d'accroitre la production nationale (Article
1). Sont concernés, les secteurs d'activités suivants :
- l'agriculture, l'élevage et la pêche,
- les industries extractives et la production d'énergie
;
- les industries manufacturières ;
- la production et l'industrie culturelle ;
- la santé et l'éducation ;
- le tourisme,
- les autres secteurs à l'exception des BTP, du commerce,
des transports et des services bancaires et financiers.
Les entreprises admises au régime de déclaration
bénéficient au titre de leur programme d'investissement, de
l'exonération des impôts et taxes suivants :
- l'impôt sur les bénéfices industriels et
commerciaux ou l'impôt sur les bénéfices non
commerciaux ;
- la contribution des patentes.
Les exonérations sont réduites à 50%,
puis à 25% des impôts et taxes normalement dus respectivement
l'avant dernière et la dernière année de
bénéfice des avantages qui est de 5 ans pour les investissements
réalisés en zone A et 8 ans pour les investissements
réalisés en zone B (La zone A correspond au département
d'Abidjan et la zone B les autres localités du pays). Ces durées
sont majorées des délais de réalisation de leur programme
d'investissement.
Autres avantages
Les entreprises agréées bénéficient
au titre de la réalisation de leur programme d'investissement des
avantages suivants :
- un droit d'entrée unique et
préférentiel de 5% portant sur les équipements et
matériels, ainsi que sur le premier lot des pièces de rechange
pour un montant d'investissement compris entre 500 millions et 2 milliards de
FCFA ;
- l'exonération des droits d'entrée (droit de
douane et droit fiscal) portant sur les équipements et matériels,
ainsi que sur le premier lot des pièces de rechange pour un montant
d'investissement au moins égal à deux milliards de FCFA ;
- l'exonération de la TVA sur les matériels de
production industriels destinés à une activité
exonérée de la TVA ou à la prestation de santé.
En Côte d'Ivoire, le code des investissements est
piloté par le Centre de Promotion des investissements en Côte
d'Ivoire (CEPICI).
Il convient cependant de relever certaines critiques
formulées à l'endroit des politiques d'attraction des
investissements. A cet effet, GBAKA (1978) écrit : «
Excepté quelques PVD quiaffirment une réelle
volonté de contraindre les industriels à agir un peu plus dans le
sens des
objectifs de développement en leur imposant des
conditions précises, la grande majorité des codes des
investissements se contentent de fixer des conditions
générales ».
Ce qui laisse libre court aux investisseurs d'exploiter les
failles du système. Il s'interroge également sur la portée
et l'efficacité de ces politiques ; en effet, il se demande si
l'environnement économique dans lequel évoluaient ces entreprises
n'était pas plus déterminant en termes d'attraction que
l'incitation fiscale (GBAKA, 1978). Il sera rejoint plus tard par d'autres
auteurs qui pensent que l'impact de la fiscalité sur la croissance est
négligeable [Mendoza, Milesi-Ferretti et Asea (1995)].
2.2. Les réformes fiscales de la période
1980-2008
Pour les besoins de l'analyse, cette période sera
découpée en trois sous périodes : 1980-1990 qui correspond
à l'ajustement structurel en Côte d'Ivoire, 1990-2000 qui
correspond à une période de stabilisation et de reprise
économique, et la période 2000-2008 qui correspond à une
période de crise sociopolitique. Cette division répond à
un souci d'homogénéité des périodes d'analyse. Les
réformes entreprises ont concerné l'économique et le
social, mais nous ne nous intéressons qu'aux réformes
économiques.
2.2.1. Réformes fiscales de la période
1980-1990
En 1986, concernant les impôts sur les
bénéfices, il est prévu une exonération de
certaines plus-values en cas de réinvestissement. En outre, l'on assiste
à une harmonisation des dispositions du CGI et du nouveau code des
investissements.
Pour la relance de l'économie en 1987, le Gouvernement a
décidé de diminuer le taux de la TPS de 5 points sur agios
bancaires, passant de 25% à 20%. Mais les autres prestations
restent soumises au taux du droit commun. Cette mesure stimule
l'activité économique, peut être
contrarié par l'augmentation du taux de l'IRC qui passe de
12% à 13,5% pour les dépôts privés et de 15 à
16,5% sur les dépôts des entreprises.
En 1988, les principales reformes ont consisté en la
révision de l'abrogation de certaines dispositions du CGI suite à
l'extension du champ d'application de la TVA au secteur de la distribution.
2.2.2. Réformes fiscales intervenues pendant la
période 1990-2000
Au titre de l'année 1991, pour les prestataires de
services, l'on a assisté à l'exonération de la formation
professionnelle, des transports de personnes et de marchandises, notamment
exercés comme activité principale.
La taxe de développement touristique a été
supprimée, afin de renforcer la compétitivité des
entreprises de ce secteur et leur éviter une double imposition.
En matière d'impôts sur les traitements et
salaires, l'on assiste à une réduction de la contribution
employeur. Cette mesure vise à renforcer la
compétitivité des entreprises, à favoriser l'emploi dans
le secteur privé et réduire la fraude fiscale liée aux
taux élevés des impôts à la charge de l'employeur.
Ainsi, les taux sont ramenés de 9% à 4% et de 16,5% à
11,5% respectivement pour le personnel local et le personnel
expatrié.
Concernant les impôts sur les bénéfices,
le taux d'imposition, qui était de 40% pour les entreprises depuis la
loi de finance 1975, est ramené à 35%. Par ailleurs, le
prélèvement FNI au taux de 10% est supprimé par la loi de
finances pour la gestion 1990, pour toutes les entreprises,
sociétés ou particuliers.
Outre ces réformes, il est intervenu :
- la baisse du taux du prélèvement à titre
d'acompte au titre des impôts sur les revenus
locatifs. Pour compter de l'entrée en vigueur de la loi
de finances pour la gestion 1991, le taux de 20% assis sur les montants bruts
des loyers passe de 20% à 15%. Ce prélèvement est fait
à titre d'acompte sur les revenus fonciers.
- L'exonération du prélèvement de l'ASDI au
profit de certaines entreprises exportatrices,
notamment celles qui ne peuvent facturer ni l'ASDI, ni la TVA du
fait de leurs affaires à l'importation.
En 1992, en matière de patente, il a été
mis en place un système d'aide au PME. Ainsi, les PME sont
exonérées du paiement de la patente à la première
année civile de leur création, pour compter de la loi de Finances
gestion 1992. Cette mesure vise à favoriser la création
d'entreprises. Par conséquent, ne sont pas concernées les
reprises d'activités et les créations d'établissements
annexes.
Il a été également procédé
à la réduction du taux de la contribution employeur au titre du
personnel local, qui passe de 4% à 2,5%. Cette initiative vise à
accroitre la compétitivité des entreprises et à encourager
l'embauche du personnel local.
Au titre des initiatives de l'année 1992, l'on peut citer
également :
a) la consolidation et simplification des
impôts fonciers. En effet, dans le but de simplification et
d'équité fiscale, il est décidé de substituer aux
multiples impositions frappant la propriété immobilière,
un impôt unique consolidé à la charge du
propriétaire. Cette réforme se caractérise par :
- la suppression de toutes les exonérations
temporaires et celles relatives aux locaux habités par leurs
propriétaires à titre d'habitation principale ;
- la suppression de toutes les impositions, notamment celles
dont le revenu est dévolu aux
communes (taxes sur le revenu net des
propriétés bâties, taxe de voirie et d'hygiène) - la
suppression de tous les abattements pour la détermination de la base
d'imposition ; - la création de plusieurs taux, en fonction de la
destination de l'immeuble.
Le taux de droit commun (15%) est ramené à :
- 9% pour les immeubles ou bâtiments sous exemption
temporaire au 1er janvier 1992. Il a un caractère
transitoire. A l'expiration de l'exemption il sera appliqué le taux de
droit commun (15%)
- 4% pour les immeubles exclusivement d'habitation principale
et habités par les propriétaires.
b) La suppression de la TVA et de la part
patronale sur les traitements et salaires au profit des entreprises en phase
d'exploration minière. Cette mesure vise à
encourager les recherches dans les domaines miniers et d'inciter les
entreprises désireuses d'investir en Côte d'Ivoire.
c) La mise en place d'un crédit d'impôt
pour réinvestissement dans le domaine hôtelier
Afin de permettre au secteur hôtelier d'accroitre ses
investissements, il est accordé un allègement
d'arriérés d'impôts égal à la
différence entre l'application de la fiscalité nouvelle, telle
qu'elle se présentera en 1992, et la fiscalité en vigueur au
1er octobre 1990. Cet allègement sera en outre limité
au montant des investissements effectivement réalisés entre le
1er janvier 1992 et le 31 décembre 1993.
En 1993, les réformes intervenues ont
concerné la taxe sur le chiffre d'affaires, les droits d'enregistrement
et de timbre et d'autres impôts.
En matière de taxe sur le chiffre
d'affaires, il s'est agi entre autres de :
- l'exonération de la TVA des fibres de jute et de sisal
ainsi que des sacs en ces matières,
- l'application de la TVA au taux réduit aux fournitures
de logement et de nourriture par les cliniques et cabinets médicaux ;
En matière de droits d'enregistrement et de
timbre, les principales reformes ont consisté en :
- la suppression de la taxe sur les contrats d'assurance et
assimilés ;
- l'exonération de l'IGR et de l'IRC des
intérêts servis sur les livrets d'épargne populaire et les
caisses d'épargne et de crédit à caractère mutuel.
Cette mesure vise à encourager l'épargne issue des
catégories moyennes des populations.
- l'exonération de droit de mutation sur les acquisitions
d'immeubles par les banques et les établissements financiers à la
suite de la procédure d'exécution forcée.
Au titre des réformes intervenues en 1993, il convient
d'ajouter l'extension de l'imputation à l'impôt sur les
bénéfices et la patente.
Au titre de l'année 1994, l'annexe
fiscale à la loi de finances pour la gestion 1994 a introduit une
multitude de réformes, comparativement aux années passées
antérieures. Il s'est agi principalement de préciser à
travers des circulaires, l'application de certaines mesures retenues
précédemment. A ce titre on peut retenir :
- la retenue de BNC au titre des sommes versées aux
personnes exerçant des professions médicales ou
paramédicales ;
- l'extension de l'IMF à toutes les personnes physiques
et morales relevant de l'impôt sur les BIC ou de l'impôt sur les
BNC. En rappel l'IMF avait été créé par la loi
N°68-612 du 31 décembre 1968 portant loi de finances pour
l'année 1969. Le taux de l'IMF du droit commun est de 0,5% du CA TTC,
pour les contribuables du RNI et 1% du CA TTC pour ceux du RSI et de
l'impôt synthétique ;
- l'institution d'un régime simplifié d'imposition
qui s'applique tant en matière d'impôt sur les BIC que de TVA ;
- l'institution d'un régime simplifié d'imposition
qui s'applique tant en matière d'impôt sur les BIC que de TVA ;
- l'exemption des droits d'enregistrement de certains actes de
sociétés d'Etat. Cette exemption ne concerne que les
sociétés d'Etat à l'exception des sociétés
d'économie mixte ;
- la déduction et exonération partielle des
cotisations sociales complémentaires. Il s'agit d'une exonération
partielle en matière d'impôts sur salaires les cotisations
patronales versées par les employeurs à des organismes de
retraite et de prévoyance complémentaires ;
- l'application du taux de droit commun (35% ) au titre de
l'impôt sur les bénéfices des activités de recherche
et d'exploitation d'hydrocarbures ;
- la réduction du taux de TVA applicable aux tabacs,
cigares et cigarettes. Le taux de TVA passe de 23% à 19,20%, applicable
au CA incluant la taxe ;
- la territorialité en matière de TVA et de TPS.
Pour l'année 1995, les réformes
ont concerné principalement la TVA, les taxes spécifiques,
l'impôt sur le revenu, les droits d'enregistrement et de timbre ainsi que
des dispositions diverses.
En matière de TVA, on peut retenir :
- la suppression du taux super réduit de la TVA suite
à l'entrée en vigueur de la politique d'harmonisation des taux de
TVA dans la zone UEMOA. Par conséquent, tous les produits sont
désormais passibles du taux réduit.
- l'extension du droit à déduction de la TVA aux
bâtiments administratifs et commerciaux et aux véhicules
utilitaires. Cette mesure visait à aider les entreprises à
rétablir et à renforcer leur compétitivité.
En matière de taxes spécifiques, il s'agit de :
- la réduction de 50% de la taxe additionnelle sur les
alcools à bouche autres que les vins, bières et cidres, produits
localement ;
- l'assimilation de la taxe spéciale sur les boissons
alcoolisées ;
En matière d'impôt sur le revenu, les
réformes ont consisté en :
- l'institution d'acomptes provisionnels en matière
d'impôt sur les BIC des personnes soumises au régime du
bénéfice réel normal ;
- l'aménagement des dispositions de l'article 84 du CGI,
portant réduction d'impôts cédulaires en cas
d'investissement de bénéfices en Côte d'Ivoire.
- la modification de la durée du report déficitaire
;
- l'aménagement du minimum de perception des exploitants
des stations services concernant l'IMF ;
En matière de droits d'enregistrement et de timbre, les
principales reformes ont porté sur :
- la réduction du tarif des droits de mutation des
immeubles à usage industriel et commercial ou à usage de bureau.
Cette mesure répond à un souci de relance économique et
d'amélioration de la compétitivité des entreprises ;
- la réduction du tarif des droits d'apport. Cette
mesure s'inscrit dans une logique d'amélioration de la structure
financière et de la compétitivité des entreprises, le taux
minoré en cas de fusion, d'apport partiel d'actifs ou de division des
sociétés ;
- la suppression de l'exonération du droit proportionnel
prévue en matière de mutation d'immeuble assortie d'une condition
suspensive ;
- l'exonération des produits des comptes courants
commerciaux ;
- la réduction du taux de l'IRVM applicables aux
produits des obligations. Le régime de faveur comporte les avantages
suivants : (i) la réduction du taux de l'IRVM, qui est
uniformément fixé à 6% au lieu de 12% et 25% (lots), (ii)
le taux de 6% est libératoire de l'IGR, (iii) les produits perçus
par les entreprises relevant du régime du bénéfice
réel normal ne sont retenus qu'à concurrence de 10% de leur
montant pour la détermination du résultat fiscal.
Concernant les dispositions diverses, on peut retenir les mesures
suivantes :
- l'institution d'un crédit d'impôt pour
création d'emploi. Bénéficient de cette mesure toutes les
personnes physiques ou morales passibles de l'impôt indépendamment
de leur régime d'imposition, à l'exception des entreprises
nouvelles ;
- l'extension du caractère libératoire du paiement
de l'impôt synthétique à l'impôt
général sur le revenu ;
- la fermeture d'établissement en cas d'entrave à
l'action de l'administration.
Les mesures prises en 1996 s'articulent autour
des principaux points suivants :
- le renforcement des moyens de l'administration ; -
l'élargissement de l'assiette de l'impôt ;
- les mesures d'allègement ;
- les mesures d'ordre technique,
- les mesures diverses.
Pour les taxes sur le chiffre d'affaires, on retient :
- l'introduction de deux systèmes de retenue à
la source de la TVA au titre d'une part des sommes versées par les
entrepreneurs en bâtiment et travaux publics à leurs
soustraitants, et d'autre part des acquisitions de biens et services des
exportateurs et des redevables bénéficiant du régime de
l'usine exercée ;
- les aménagements apportés au mode de
facturation des ristournes et autres remises et rabais alloués par les
fournisseurs à leurs clients par notes d'avoir. La mesure a
consisté à rendre obligatoire la facturation hors TVA et hors
ASDI des ristournes, remises et autres rabais commerciaux accordés
après délivrance des factures de ventes par les fabricants, les
importateurs, les grossistes et demi grossistes ;
- l'aménagement du régime fiscal des
opérations de recherche et d'exploitation pétrolières en
eaux profondes. Cette mesure qui vise à promouvoir le
développement des opérations de recherche et d'exploitation en
eau profondes en Côte d'Ivoire consiste en un allègement de la
Taxe sur la Valeur Ajoutée et de prélèvement à
titre d'acompte sur divers impôts au profit des compagnies
pétrolières exerçant une activité de recherche et
d'exploitation en eaux profondes ;
- la mise en place de dispositions spéciales au profit
de la CIE, de l'EECI et de la CIPREL. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre de
la promotion et du développement du secteur des mines et de
l'énergie et consistent en l'exonération d'une part du
prélèvement d'acompte sur divers impôts des importations et
des achats locaux qu'elles effectuent, et d'autre part de la retenue à
la source au titre des sommes mises en paiement par le trésor public au
profit des mêmes entreprises.
Au titre de l'impôt sur le revenu, les reformes ont
concerné :
- les modalités d'imposition des avantages en nature en
matière d'impôt sur les salaires ;
- la retenue à la source de l'impôt sur les BIC
au titre (i) des ristournes, commissions ou remises versées par les
importateurs, fabricants, grossistes et demi grossistes, à leurs
revendeurs principaux, (ii) des sommes versées par les entrepreneurs des
BTP à leur sous-traitants, architectes, métreurs,
géomètres et autres professionnels, (iii) des sommes
versées par les exportateurs de café ou de cacao à leur
traitant. Le taux effectif appliqué est de 7,5% ;
- l'augmentation des taux applicables en matière d'IMF.
Les taux tels que prévus par le nouveau dispositif se présente
comme suit : (i) 2% pour les personnes relevant du régime
RSI au lieu de 1% et (ii) 5% pour les personnes relevant du
régime de l'impôt sur les BNC, au lieu de 3% ;
- l'aménagement du champ d'application de l'article 84
du CGI portant réduction d'impôts cédulaires en cas
d'investissement en Côte d'Ivoire. Désormais, les investissements
éligibles sont ceux réalisés par les seules entreprises
industrielles ou agricoles et consistant en la création d'une
activité nouvelle ou dans le développement d'une activité
existante ;
- l'aménagement des dispositions de l'article 111 du code
général des impôts portant réduction d'IGR en cas
d'investissement de revenu en Côte d'Ivoire.
En matière de contribution des patentes et de contribution
foncière, on peut retenir les reformes suivantes :
- le paiement de la patente est désormais à la
charge des propriétaires des installations ;
- l'institution d'une taxe de voirie, d'hygiène et
d'assainissement à la charge de certains organismes et entreprises
exonérées de la contribution foncière ;
- l'aménagement des dispositions portant
prélèvement d'un acompte au titre des impôts sur les
revenus locatifs. Désormais, la contribution foncière sur les
propriétés bâties est égale au
prélèvement de 15% sur les loyers.
En matière d'enregistrement et de timbre, les
réformes sont relatives à :
- la cession d'actions ou de part d'intérêts des
sociétés immobilières d'attribution ou de
copropriété et de cession des valeurs mobilières ou de
droits sociaux de sociétés à prépondérance
immobilière. A ce niveau, il faut noter qu'il s'agit d'une limitation de
la portée de l'exonération de droits d'enregistrement applicable
aux cessions à titre onéreux de droits sociaux, telle que
prévue par l'annexe fiscale à la loi de finances pour la gestion
1991 en soumettant au droit sociaux des sociétés
immobilières d'attribution ou de copropriété et des
sociétés à prépondérance immobilière
;
- la précision concernant le champ d'application du
tarif du droit de mutation des immeubles à usage industriel et
commercial ou à usage de bureau. Le taux du droit commun est de 10%. Le
taux réduit est de 7,5% applicable seulement aux immeubles bâtis,
directement et exclusivement affectés à l'exploitation ;
Au titre de l'année 1997, l'annexe
fiscale à la loi de finances s'inscrit dans le cadre de la politique de
soutien de la fiscalité à la reprise économique. A cet
effet, les mesures visent une plus grande compétitivité des
entreprises et une simplification du dispositif fiscal ivoirien, à
travers l'incitation à l'investissement, le renforcement de la
compétitivité des services, la mobilisation de l`épargne
ainsi que les aménagements techniques visant à simplifier et
à clarifier le dispositif fiscal.
Les principales reformes intervenues ont concerné
notamment les taxes sur le chiffre d'affaires, l'impôt sur le revenu, la
contribution des patentes et la contribution foncière, la
législation domaniale et foncière, la fiscalité
mobilière et les taxes sur les contrats d'assurance.
Concernant les taxes sur le chiffre d'affaires, nous pouvons
citer :
- l'aménagement du régime applicable au
crédit bail ;
- l'extension du droit à déduction de la TVA aux
véhicules de location ;
- la fixation du régime d'imposition des biens
d'occasion, des oeuvres d'art, des objets de collection et d'antiquité
en matière de TVA ;
- l'assimilation des services rendus à destination de
l'étranger à des exportations. Les prestations visées sont
notamment les opérations d'expertises comptable, les prestations
d'ingénierie, les prestations informatiques, les études conseils,
les opérations d'intermédiaire. Cette mesure d'exonération
vise à dépénaliser les prestataires ivoiriens contractant
avec des non résidents.
En ce qui est de l'impôt sur le revenu, les mesures prises
sont relatives à :
- La rectification portant sur le dispositif de l'article 111
du CGI relatif à la réduction d'IGR en cas d'investissement en
Côte d'Ivoire. Cette disposition concerne les personnes passibles de
l'IGR, à raison exclusivement de salaires, pensions et rentes
viagères, revenus fonciers et revenus de capitaux mobiliers dont elles
sont bénéficiaires ;
- La précision des modalités d'imposition des
avantages en nature en matière d'impôt sur les salaires. Le
nouveau dispositif unifie le régime d'imposition pour tous les
salariés,
avec tout de même quelques cas particuliers, tout en
maintenant deux modes d'évaluation, forfaitaire et réel ;
En matière de contribution des patentes, les
réformes intervenues peuvent se résumer comme suit :
- La suppression de l'exemption du droit proportionnel pour
certaines catégories professionnelles, telles que l'exportateur d'or,
l'exploitant de clinique, le fabricant de corde ou ficelle, le transitaire, les
entrepreneurs de transport public, etc.
- La précision relative aux personnes redevables de la
contribution foncière. Il ressort que
les possesseurs d'immeubles sont imposables au même titre
que les propriétaires.
Concernant la législation domaniale et foncière, la
principale modification a consisté en l'exonération de la
SONARECI des droits budgétaires de publicité foncière.
En matière de fiscalité mobilière et de
taxes sur les contrats d'assurance, les mesures prises sont entre autres :
- l'harmonisation de la fiscalité des valeurs
mobilières au sein de l'UEMOA,
- l'extension des procédures applicables aux taxes sur le
CA à la taxe sur les contrats d'assurance.
En 1998, s'inscrivant dans le cadre de la politique de soutien
de la fiscalité à la reprise économique et au renforcement
de la croissance, les mesures prises en la matière ont principalement
visé les taxes sur le chiffre d'affaires, l'impôt sur le revenu,
la contribution foncière, l'enregistrement et le timbre.
Dans le domaine des taxes sur le chiffre d'affaires, il convient
de retenir comme mesures :
- l'assimilation de certaines prestations de services à
des exportations en matière de TVA. Selon cette mesure qui fait allusion
aux opérations de manutention, de magasinage et d'acconage, seules
seront désormais taxées les opérations portant sur des
marchandises destinées à l'exportation ;
- l'aménagement du taux en matière de
crédit bail. Aux termes de la nouvelle disposition, les locations de
bien faisant l'objet d'une opération de crédit bail sont soumises
au taux légalement applicable au bien loué. Les locations ne sont
pas soumises à la TVA lorsque le bien est exonéré ;
- l'exonération de la TVA sur les emballages vendus
à des exportateurs. La mesure ne bénéficie qu'aux
exportateurs de produits agricoles bruts ou transformés, y compris ceux
de la pêche ;
En matière d'impôt sur le revenu, les mesures prises
ont surtout consisté en :
- l'aménagement du champ d'application de la retenue
à la source de l'impôt sur les BIC au titre des sommes
versées par les entrepreneurs de BTP aux sous-traitants, architectes,
métreurs, géomètres et autres professionnels ;
- l'aménagement du régime des jetons de
présence.
Pour la contribution foncière, la principale mesure a
consisté en la suppression du minimum de recouvrement de la contribution
foncière. Cette mesure permet une amélioration du
recouvrement.
Quant aux droits d'enregistrement et de timbre, il a
été précisé les actes assujettis au droit de timbre
de dimension. L'innovation introduite a consisté à restreindre
notablement le champ d'application du timbre, notamment à soustraire de
l'impôt les contrats d'abonnement.
Outre ces reformes, l'on peut évoquer :
- l'aménagement de la taxe spéciale sur les
transports privés de marchandises. Le nouveau dispositif élargit
le champ d'application de la taxe spéciale en supprimant toute
référence à la charge utile ;
- l'exonération du prélèvement à
la source à titre d'ASDI portant sur les produits pharmaceutiques. Cette
mesure vise à remédier à la situation pénalisante
que créait l'ASDI pour la trésorerie des pharmacies.
Les mesures fiscales intervenues en 2000
prennent en compte les engagements communautaires de la Côte d'Ivoire,
notamment ceux relatifs à la TVA dans le cadre de l'UEMOA et les
incidences du traité de l'OHADA et du SYSCOA.
En matière de taxes sur le chiffre d'affaires, on peut
retenir :
- l'aménagement du dispositif fiscal ivoirien relatif aux
taxes indirectes au regard de la directive N°02/98/CM/UEMOA du 22
décembre 1998 portant harmonisation des
législations des Etats membres de l'Union
«économique et monétaire ouest africaine en matière
de TVA. Le nouveau dispositif retient les deux taux de TVA (taux normal 20% et
taux réduit 11,11%). Ces taux sont exprimés sur une base HT
à l'inverse de la disposition antérieure qui utilisait une base
TTC ;
- la modification du champ et des conditions d'application du
prélèvement à la source à titre d'ASDI;
- l'aménagement du RSI en matière de TVA. En
matière de taxes spécifiques, on note :
- l'aménagement de certaines dispositions du CGI relatives
à la taxe spéciale sur les boissons ;
- l'aménagement des tarifs applicables en matière
de taxe de consommation sur les produits pétroliers.
En matière d'impôt sur le revenu, l'on peut retenir
:
- l'institution d'un prélèvement à la source
sur les rémunérations en matière de contrats d'assurance
;
- l'aménagement du régime de la prime de
transport en matière d'impôt sur les salaires.
Désormais, les primes de transport pour le
déplacement du salarié de son domicile à son lieu de
travail sont exonérés d'impôt sur les traitements et
salaires ;
- l'aménagement du régime fiscal des dons et
libéralités en matière d'impôt sur les
bénéfices et d'IGR. Il s'agit d'un élargissement du champ
d'exonération qui s'étend désormais aux associations
oeuvrant dans les domaines de la culture et de l'enseignement ;
- l'aménagement des règles d'imposition du
revenu des exploitants individuels et des professions libérales.
Le taux d'imposition des particuliers passibles de l'impôt sur le
bénéfice passe de 25% à 35% ;
- l'institution d'un prélèvement sur les
cessions à titre onéreux de biens immeubles
réalisés par les personnes physiques. Le taux de
prélèvement prévu par ce dispositif est de 15% assis sur
la plus value de cession qui est réputée égale à
20% du prix de vente ;
- l'institution d'un prélèvement sur certaines
productions agricoles et produits de la pêche en mer ; le taux, assis sur
la valeur brute du produit livré, est fonction du rendement financier
des productions concernées (cf. article 24 de l'annexe fiscale de la loi
de finances pour la gestion 2000.
En matière de contribution des patentes, l'on peut retenir
:
- l'aménagement des modalités de paiement de la
contribution des patentes de transports publics. Il s'agit d'une
réduction du nombre des acomptes exigibles et d'un renforcement des
sanctions en cas de non paiement dans les délais légaux, ceci
pour améliorer le niveau de recouvrement de la patente du secteur ;
- l'aménagement du mode de calcul de la patente. Le
tarif du droit proportionnel est fixé à 18,5% de la valeur
locative des locaux professionnels.
Dans le domaine des droits d'enregistrement, l'on peut retenir
notamment l'aménagement des modalités de recouvrement du droit de
bail. Il s'agit d'une extension de la technique de la retenue à la
source au droit de bail.
Outre ces mesures, il convient d'évoquer :
- l'aménagement du dispositif fiscal ivoirien au regard
du traité portant harmonisation des droits des affaires en Afrique. A ce
titre, les mesures entreprises concernent les sociétés
unipersonnelles et les groupements d'intérêts
économiques.
- l'aménagement du dispositif fiscal ivoirien au regard
du système comptable ouest africain. Ces aménagements concernent
les dates de dépôts des déclarations, la
présentation des états financiers, le régime des
entreprises nouvelles au regard de la date de clôture du premier exercice
ainsi que le régime fiscal du crédit bail ;
- l'aménagement du régime du réel normal
d'imposition. Le nouveau dispositif redéfinit les personnes soumises au
régime réel normal et prévoit les cas dans lesquels elles
peuvent être imposées suivant les autres régimes en vigueur
;
- l'aménagement du régime de l'impôt
synthétique. Au terme de l'article 19 de l'annexe fiscale à
l'ordonnance N°2000-252 du 28 mars 2000 portant budget de l'Etat pour la
gestion 2000, bon nombre d'exclusions sont supprimées du régime
de l'impôt synthétique tandis que les minima et maxima du seuil
d'imposition ont été relevés ;
- les dispositions particulières applicables aux
sociétés holdings. Compte tenu de leur rôle positif dans le
renforcement des entreprises, les holdings bénéficient
désormais de mesures avantageuses. Ces mesures sont relatives aux
impôts sur le bénéfice et aux impôts sur le revenu
des créances.
2.2.3. Réformes de la période 2001-2008
Les réformes entreprises par l'administration fiscale
ivoirienne sur la période 2000-2005, ont consisté en des:
- mesures générales de soutien à
l'économie et au secteur privé ;
- mesures de renforcement des moyens de l'Etat et de
sécurisation des recettes ;
- mesures de rationalisation du dispositif fiscal ;
- mesures et actions à caractère social.
Pour notre part, nous nous intéresserons aux mesures
touchant l'économie et le secteur privé. Depuis 2001, le
gouvernement a fait adopter régulièrement des mesures visant
à améliorer la compétitivité des entreprises. Ces
mesures ont consisté en l'allègement de leurs charges fiscales et
l'assainissement de leur situation financière.
Au nombre de ces réformes nous retiendrons :
- la suppression en 2001 du prélèvement d'acompte
sur divers impôts en faveur des
entreprises relevant du régime réel
d'imposition, pour des raisons d'inefficacité. En effet, par le simple
fait de son mécanisme, il pesait lourd sur le secteur formel sans que
l'objectif fiscal soit atteint (DGI, 2007) ;
- l'extension en 2002 de la mesure d'exonération de 3 ans
d'impôts sur les bénéfices
industriels et commerciaux pour les entreprises
créées dans le but de reprendre d'autres
entreprises en difficulté. Cette mesure qui concernait
antérieurement les seules entreprises agricoles a été
étendue à tous les secteurs d'activité ;
- en 2003, La réduction du taux de la Taxe sur la Valeur
Ajoutée de 20% à 18% et
l'exonération de la TVA sur les intrants et emballages
concourants à la fabrication des aliments pour bétail et aliments
pour basse-cour ;
- en 2004 : la réduction du taux de l'IBIC pour une
période de deux ans. L'exonération
d'impôts fonciers, notamment les matériels et
outillages, agencements et installations acquis par les entreprises en
remplacement de ceux détruits ou endommagés par la guerre pour
les exercices 2004 et 2005. L'exonération de la TVA sur le
matériel agricole. Réduction de 35% à 25% du taux
de l'impôt sur les BIC pour les PME de transformation
industrielle ou opérant dans le secteur des NTIC.
- au titre de l'année 2005, l'exonération de la TVA
jusqu'au 31 décembre 2005 sur les
biens que les entreprises seront amenées à
acquérir en remplacement de ceux détruits.
Pour ce qui concerne l'année 2006 uniquement, les mesures
seront présentées en deux temps : les mesures
générales et les mesures spécifiques.
En matière de mesures générales il s'est agi
pour l'administration de :
- la réduction du taux de l'IBIC et
bénéfices agricoles de 35% à 27%,
à compter du 31
décembre 2006. Cette mesure visait à relancer
l'économie ;
- le remboursement des crédits résiduels de
l'impôt sur les BIC.
- l'exonération de la contribution des patentes au profit
des PME, pour l'année de leur
création. En particulier, cette exonération va
jusqu'aux deux premières de leur création au niveau des zones
ex-assiégées.
- l'exonération des droits d'enregistrement liés
à la réimplantation en Côte d'Ivoire, des
entreprises fermées ou délocalisées.
En outre, les mesures spécifiques suivantes ont
été prises : Pour les entreprises sinistrées ou
fermées du fait de la crise :
- la réduction du plancher de l'IMF de 2 millions à
1 million ;
- la réduction du maximum de perception de 30 millions
à 15 millions ;
2005, 2006 et 2007 ;
- l'exonération de la TVA sur les biens neufs acquis en
remplacement de ceux détruit et
qui étaient inscrits à l'actif du bilan, au cours
de 2006 et 2007, pour les entreprises du Régime Réel d'Imposition
;
Pour les établissements d'enseignement primaire,
secondaire et supérieur, l'exonération jusqu'au 31
décembre 2008, de la TVA sur l'acquisition du matériel
informatique dans le cadre de leur objet. L'exonération est
accordée au vue d'un programme d'investissement agréé par
leur ministère de tutelle.
Pour les entreprises assujetties à l'impôt sur
les bénéfices non commerciaux, l'on assiste à la
réduction de l'IMF de 5% à 2,5%, l'extension du taux
réduit sur les bénéfices de 25% à l'ensemble des
PME, particulièrement pour les entreprises du RNI dont le CA est
inférieur à un milliard.
L'aménagement du mode de gestion des
exonérations en matière de TVA : pour pallier la fraude fiscale
consécutive à certaines exonérations prévues par
les textes, et pour un contrôle des exonérations de cette taxe, il
sera institué un système de remboursement de la taxe
acquittée.
Au titre des réformes, il convient de signaler que les
taux de l'impôt sur les revenus des personnes physiques et morales ont
été révisés en 2008 à la baisse. Ainsi pour
compter du 1er janvier 2009, les taux de l'impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux sont de 25% pour les
personnes morales et 20% pour les personnes physiques.
En somme, nous pouvons retenir que depuis 1960, le
système fiscal ivoirien s'est consolidé. Le système fiscal
semble s'être mué en fonction de l'environnement
économique. Les taux d'imposition ont régulièrement connu
des variations sur la période. Quelle peut alors être l'impact de
ces variations sur les recettes fiscales et l'activité économique
? Ce que nous aborderons dans le chapitre 3.
Chapitre 3 : Impact de la fiscalite sur les recettes
fiscales et la croissance economique
Ce chapitre a pour objet de mettre en évidence les
effets que la mise en oeuvre de la fiscalité a pu engendrés. Il
sera abordé en trois grandes sections. La première section traite
de l'évolution des recettes fiscales entre 2000 et 2007. La
deuxième section s'intéresse à l'impact des
prélèvements fiscaux sur la croissance économique et la
dernière section fait ressortir les leçons de politique
économique qu'on peut en tirer.
3.1. ANALYSE DE L'EVOLUTION DES RECETTES FISCALES DE
2000 A 2007
De 2000 à 2007, les recettes fiscales ont connu une
hausse fulgurante, passant de 576,641 milliards de FCFA à 898,311
milliards de FCFA, soit une augmentation de 56% sur la période. Pour
mieux comprendre cette évolution, nous ferons une analyse globale en
procédant par sous périodes, puis une analyse
détaillée par catégorie d'impôts.
3.1.1. Analyse globale
Sur la période 2000 à 2007, l'évolution
des recettes fiscales peut être appréhendée en trois sous
périodes. De 2000 à 2002, on assiste à une
accélération de la croissance des recettes se traduisant par un
taux de croissance moyen annuel régulièrement positif de 5% entre
2000 et 2001, avec certes un ralentissement entre 2001 et 2002 (3%). Cette
tendance s'inversera en 2003, suite à l'accentuation de la crise
sociopolitique. On assiste alors à une baisse sans
précédent des recettes (-12%). A partir de 2004, une reprise
s'amorce, mais il a fallu atteindre 2005 pour que les recettes atteignent leur
niveau de 2002. De 2005 à 2007, cette allure se maintient jusqu'en, avec
un taux moyen de croissance estimé à 16,33%. Entre 2000 et 2008,
les recettes fiscales intérieures ont connu un accroissement moyen de 8%
environ. Le tableau 1 donne l'évolution des recettes fiscales
intérieures au cours de cette période.
Tableau 1 : Evolution des recettes fiscales de 2000
à 2008
Ann6e
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
Recettes fiscales
|
576 641
|
607 143
|
622 811
|
548 138
|
570 867
|
665 412
|
766 975
|
898 311
|
1 087 840
|
Taux d'évolution
|
|
5%
|
3%
|
-12%
|
4%
|
17%
|
15%
|
17%
|
21%
|
Taux d'accroissement moyen annuel entre 2000 et 2008
|
8%
|
Source : construction de l'auteur à partir des
données de la DGI/Côte d'Ivoire
Impact des politiques fiscales sur les recettes fiscales et la
croissance économique en Côte d'Ivoire Page 34
La reprise observée à partir de 2004 (4%),
suivie d'une embellie à partir de 2005(17%) dans le recouvrement des
recettes fiscales peut s'expliquer en partie par la mise en oeuvre des
réformes fiscales depuis 2001.
3.1.2. Analyse de l'évolution des différents
impôts
En Côte d'Ivoire, la structure fiscale est telle que
certains impôts apportent le plus de recettes et sont pour cette raison
qualifiés d'impôts leaders. Ce sont :
- l'impôt sur les bénéfices industriels et
commerciaux (IBIC) ;
- l'impôt sur les traitements et salaires ;
- l'impôt sur les revenus des valeurs mobilières
;
- l'impôt foncier ;
- les droits d'enregistrement et de timbres ;
- la taxe sur la valeur ajoutée.
Notre champ d'analyse se limitera à quelques impôts,
surtout ceux qui semblent toucher plus directement et significativement le
secteur productif. Il s'agit de :
- l'impôt sur les bénéfices industriels et
commerciaux ; - l'impôt sur les revenus des personnes physiques ;
- l'impôt sur les traitements et salaires ;
- la taxe sur la valeur ajoutée.
Entre 2000 et 2007, les impôts leaders ont
représenté en moyenne 78,46% de l'ensemble des impôts. Les
impôts leaders sont largement tirés par principalement trois
catégories d'impôts qui représentent près des 2/3
des recettes totales. Il s'agit respectivement de l'impôt sur les
traitements et salaires pour 24%, de l'impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux pour 20,60% et de la Taxe
sur la valeur ajoutée pour 19% (Graphique 2).
Graphique 1 : Evolution des recettes des impôts
leaders de 2000 à 200
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv4.png)
250 000
200 000
350 000
300 000
150 000
100 000
50 000
0
2000 2001 2002
De 2000 à 2004, l'ITS était le plus
collecté. Mais à partir de 2005, l'IBIC devient l'impôt le
plus collecté. En 2006, il a représenté plus du quart des
recettes fiscales internes.
Graphique 2 : Evolution de la part des trois
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv5.png)
Source : construction de l'auteur
Les recettes fiscales intérieures sont
constituées pour une large part d'impôts directs. Entre 2000 et
2007, les impôts sur les revenus des personnes et des
sociétés ont représenté 47% de l'ensemble des
recettes fiscales intérieures, tandis que la TVA, qui est un impôt
sur la consommation, contribue pour 19%. Cela nous amène à dire
que la fiscalité ivoirienne repose sur les impôts sur le revenu.
Une telle position s'avère défavorable pour l'accumulation du
capital, donc pourrait avoir un impact négatif sur la croissance
économique.
Tableau 2 : Evolution de la part des impôts leaders
dans les recettes intérieures
Années
|
IBIC
|
ITS
|
IRVM
|
Impôt Foncier
|
Droit d'Enreg./Café- Cacao
|
TVA
|
Total
|
2 000
|
23,02%
|
24%
|
3%
|
4%
|
4%
|
19%
|
77,02%
|
2 001
|
18,62%
|
25%
|
3%
|
5%
|
3%
|
23%
|
77,62%
|
2 002
|
18,68%
|
27%
|
3%
|
5%
|
5%
|
24%
|
82,68%
|
2 003
|
16,13%
|
29%
|
3%
|
5%
|
9%
|
21%
|
83,13%
|
2 004
|
14,87%
|
27%
|
3%
|
6%
|
12%
|
19%
|
81,87%
|
2 005
|
22,82%
|
22%
|
4%
|
5%
|
9%
|
17%
|
79,82%
|
2 006
|
26,22%
|
20%
|
3%
|
5%
|
7%
|
16%
|
77,22%
|
2 007
|
24,41%
|
18%
|
3%
|
3%
|
6%
|
17%
|
71,41%
|
Moyenne
|
21%
|
24%
|
3%
|
5%
|
7%
|
19%
|
79,00%
|
Source : construction de l'auteur
3.2. IMPACT DES PRELEVEMENTS FISCAUX SUR LA
CROISSANCE
Il s'agit de voir si les politiques fiscales ont
contribué à la croissance économique, à travers une
analyse simple, n'utilisant pas de méthodes sophistiquées. La
contribution dont il s'agit ici, peut être directe ou indirecte. Par
contribution directe, nous entendons la création d'un environnement
favorable à travers l'adaptation de la fiscalité aux affaires, la
simplification des procédures, l'abaissement des taux d'imposition. En
effet, les réformes intervenues depuis les indépendances en
matière fiscale ont concerné tous ces aspects. En particulier, on
a assisté, ces dernières années, à d'importantes
réformes fiscales visant à permettre aux entreprises
délocalisées ou fermées du fait de la crise, de reprendre
leurs activités.
Les impôts sur les bénéfices industriels
et commerciaux réduit l'épargne des entreprises, mais aussi le
revenu des actionnaires, donc leur épargne. L'impôt sur le revenu
des personnes physiques ainsi que l'impôt sur les traitements et salaires
réduit la capacité à épargner des ménages.
Cela réduit du même coup les possibilités de financement de
l'investissement privé.
Cette situation ralentit l'investissement privé qui est
par essence le principal moteur de la croissance économique.
La TVA, qui est un impôt sur la consommation, est une
taxe qui influe positivement sur le niveau des prix des biens et services. Or
des prix de plus élevés entrainent une demande globale de plus en
plus faible, donc une activité économique ralentie.
La contribution indirecte correspond au financement des
dépenses publiques d'investissement qui contribuent significativement
dans certains cas à une croissance élevée.
3.2.1. Evolution des recettes fiscales et du produit
intérieur brut de la Côte d'Ivoire
Entre 2000 et 2007, les recettes fiscales et le PIB ont tous
deux connu un accroissement de façon presque régulière,
avec certes une stagnation relative au cours des années 2002 et 2003,
stagnation qui peut s'expliquer par la situation de crise politique que connait
le pays depuis 2002. Il faut toutefois noter que le PIB a connu une
augmentation plus rapide à partir de 2004. Cette observation nous
conduit à l'hypothèse que le système fiscal ivoirien
fonctionne en sous optimalité par rapport aux capacités
réelles de l'économie.
Graphique 3 : Evolution des recettes fiscales et du
produit intérieur brut (en millions de FCFA)
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv6.png)
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
10000000
9000000
8000000
7000000
6000000
5000000
4000000
3000000
2000000
RF Totales PIBNOM
1000000
N.B. : RF= recettes fiscales, PIBNOM= PIB nominal Source
: construction de l'auteur
Malgré cette situation de sous optimalité, on
peut relever tout de même que le système fiscal ivoirien
connait un certain dynamisme. En effet, entre 2000 et 2008, le taux de pression
fiscale
est passé de 14,53% à 16,70%. Ce taux de 16,7%
place la Côte d'Ivoire parmi les pays de l'UEMOA s'approchant du
critère de convergence de l'UEMOA en matière fiscale6.
Les effets de la crise se font encore ressentir à travers
l'évolution de la pression fiscale donnée par le tableau 2. En
effet la pression fiscale a connu une baisse entre 2002 et 2003, période
qui correspond au début de la guerre, une stagnation relative entre 2003
et 2005. Cela est dû entre autre aux pertes de recettes liées
à la perte de la moitié nord du pays et aux fermetures de
certaines entreprises. A partir de 2006, avec la normalisation de la situation
sociopolitique, l'on constate que la pression fiscale recommence à
augmenter.
Tableau 3 : Evolution de la pression fiscale de la
Côte d'Ivoire (2000- 2008)
Année
|
2 000
|
2 001
|
2 002
|
2 003
|
2 004
|
2 005
|
2 006
|
2 007
|
2008
|
Taux de pression fiscale
|
14,53%
|
15,11%
|
15,73%
|
14,91%
|
15,2%
|
14,5%
|
15,0%
|
15,5%
|
16,7%
|
Source : TOFE, Direction générale de
l'économie, DCPE, Côte d'Ivoire
Cette bonne tendance observée au niveau de
l'évolution des recettes fiscales traduit également le regain de
dynamisme que connaît l'économie dans son ensemble, dynamisme
certes lié à la normalisation de la situation sociopolitique en
cours dans le pays, mais en partie imputable à un climat des affaires de
en plus favorable à laquelle ont aussi contribué les incitations
fiscales.
En effet, l'analyse de l'évolution des recettes des
différents impôts montrent que l'IBIC connaît une croissance
exponentielle depuis 2004 et contribue de plus à la formation des
recettes intérieures. Cette situation est illustrée par le
graphique 4.
Ces performances enregistrées au titre de l'impôt
sur le BIC ont été réalisées malgré la
baisse du taux de celui-ci. En effet, le taux de l'impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux est passé de 35%
à 27%. Cela signifie que la baisse du taux d'imposition n'est pas
préjudiciable aux objectifs financiers de la fiscalité, au
contraire, elle peut conduire à une augmentation des recettes
fiscales.
6 Selon les critères de convergence de l'UEMOA,
le taux de pression fiscale doit être au moins égal à
17%.
Graphique 4 : Evolution de l'IBIC entre 2000 et 2008 (en
millions de FCFA)
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv7.png)
250 000
200 000
350 000
300 000
150 000
100 000
50 000
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
3.2.2. Analyse de l'évolution des taux d'imposition
des sociétés et la croissance du PIB
Le PIB ivoirien a évolué en dents de scie. Le
taux de croissance le plus élevé a été
enregistré en 1964, soit 17,60%. Le taux le plus bas a été
enregistré en 1980, soit -11%. Globalement, la croissance a
été plus forte au cours des deux premières
décennies d'indépendance, à savoir 1960- 1980, que les
deux décennies suivantes (1980-2000). L'économie ivoirienne se
serait donc connu un essoufflement après 15 années de «
miracle ivoirien ». Si l'on regarde de près l'évolution
du
PIB et celui des taux d'imposition, l'on peut se rendre compte
d'un certain parallélisme. Iisemble que les années de
forte croissance du PIB correspondent à des années où les
taux
d'imposition, notamment des sociétés, sont les
moins élevés. En, effet, l'année 1964 qui a
enregistré le taux de croissance du PIB le plus élevé
correspond à des taux d'imposition les plus bas (25%). De même
l'année 1980, qui a enregistré le taux de croissance le plus bas,
correspond à un taux d'imposition des plus élevés
(40%).
Graphique 5 : Evolution du taux d'imposition sur les BIC
et du taux croissance du PIB (1960-2006)
![](Impact-des-politiques-fiscales-sur-les-recettes-fiscales-et-la-croissance-economique-en-Cote-dIv8.png)
-10%
-20%
40%
20%
50%
30%
10%
0%
Taux IBIC Taux de croissance du PIB
Source : construction de l'auteur avec les données de la
banque mondiale pour le taux de croissance et les données de la
Direction générale des impôts pour le taux de l'IBIC.
Le constat fait à travers le graphique ci-dessus nous a
amenés à nous demander si les taux d'imposition des
sociétés n'avaient pas une influence sur la croissance
économique en Côte d'Ivoire. Pour ce faire, nous avons
étudié la corrélation entre croissance économique
et taux d'imposition sur les sociétés. Les données
utilisées portent sur la période 1960 à 2006. Le
coefficient de corrélation vaut -0,16, avec un coefficient de
détermination R2 égal à 0,26 certes faible. Il
ressort que le taux de croissance du PIB est négativement
corrélé avec les taux d'imposition sur les
sociétés. En d'autres termes, une augmentation des taux
d'imposition sur les sociétés entraine une
dépréciation du taux de croissance du PIB. Ce résultat est
conforme aux conclusions de certains auteurs tels que Johansson et al (2008),
Milesi-Ferreti et Roubini (1995), dont les résultats d'études
été cités plus haut.
3.3. LEÇONS DE POLITIQUE ECONOMIQUE
Il ressort que les recettes fiscales évoluent moins
vite que le produit intérieur brut. Cela traduit un manque à
gagner pour l'administration fiscale. Cette situation peut s'expliquer par une
érosion des bases d'imposition, soit à travers l'évasion
fiscale ou la fraude fiscale.
L'évasion fiscale, qui est une pratique
légale, peut découler du fait que des individus
perçoivent leurs revenus sous des formes qui n'entrent pas dans le
calcul du revenu imposable (avantages annexes, jetons de
présence, services de santé financés par
l'entreprise, etc.) ; certaines sociétés peuvent être
constituées pour certaines activités afin de
bénéficier des taux d'imposition applicables aux
personnes physiques, inférieurs aux taux de l'impôt
sur les sociétés.
La fraude fiscale peut se traduire par le fait que des
individus éludent illégalement l'impôt, à travers
par exemple, des sous-déclarations de revenus, une mauvaise imputation
des charges de l'entreprise ou une fausse déclaration des impôts
sur la consommation (TVA collectée).
Cette étude nous enseigne également que
l'activité économique est particulièrement sensible aux
variations des taux d'imposition sur les revenus, les taux des impôts sur
les bénéfices industriels et commerciaux. En effet, on a pu
observer un regain de dynamisme de l'économie suite à la
diminution du taux de l'IBIC de 35% à 27% en 2006.
Conclusion et recommondotions
Système essentiellement déclaratif, le fisc
ivoirien tire ses sources de la constitution ivoirienne et des conventions
internationales qui l'influencent nécessairement. C'est pourquoi il est
important de bien étudier les conventions internationales avant de les
ratifier.
Il convient de noter que la Côte d'Ivoire dispose d'une
politique fiscale constituée d'une doctrine fiscale et des textes qui
définissent le fonctionnement et le mode opératoire de la
fiscalité. Cependant ces textes ont plutôt une forte dose
juridique alors que l'aspect économique est parfois
négligé. Pour plus d'efficacité, il serait important que
l'Etat ivoirien se dote d'une politique fiscale qui définit les
objectifs et visions à long terme du pays en matière fiscale.
En matière de fiscalité directe des entreprises,
il est essentiel d'éviter tant que possible les exonérations dont
l'efficacité reste à démontrer mais qui abaissent le
rendement de l'impôt sur les bénéfices.
Il conviendrait également de procéder à
un déplacement de la fiscalité sur les revenus vers une
fiscalité sur les dépenses, c'est-à-dire sur la
consommation, pour trois raisons.
1. Il est difficile de cerner les revenus réels des
hommes. En effet, les hommes en général ne montrent pas toujours
tout ce qu'ils gagnent, et ils ont presque toujours des revenus cachés.
Mais ils sont trahis parfois par ce qu'ils consomment.
2. Grâce à l'inflation maîtrisée au
sein de l'UEMOA, l'on ne craint pas une augmentation brutale des prix suite
à une légère hausse des taxes sur la consommation.
3. Enfin, la théorie économique a montré
que la taxe sur la consommation a un impact négligeable sur la
croissance économique.
Pour toutes ces raisons, l'on peut dire qu'une augmentation de
la fiscalité sur la consommation permettra d'accroitre le niveau des
ressources fiscales sans craindre de graves répercussions sur la
croissance économique.
Outre la proposition de mesure ci-dessus justifiée,
nous faisons les recommandations suivantes pour une fiscale plus rentable
financièrement et moins génératrice de distorsions. Il
s'agit de :
diminuer davantage les taux d'imposition sur les
revenus, notamment les taux sur les sociétés,
à savoir les taux d'imposition sur les bénéfices
industriels et commerciaux, ainsi que les bénéfices non
commerciaux, pour booster la croissance économique.
+ lutter contre l'érosion fiscale, du fait
aussi bien de l'évasion fiscale et que de la fraude
fiscale. En particulier, concernant la fiscalité
foncière qui rapporte une part non négligeable des recettes
fiscales, il convient d'abord de la maîtriser. Cela signifie que les baux
doivent être identifiés au maximum car beaucoup échappent
encore à la fiscalité. L'on pourrait passer par exemple par une
approche par enquête avec des questions de contrôle bien
ficelées, permettant de dénicher les fausses déclarations.
L'on peut aussi demander la collaboration de la population par le biais des
élus locaux car du fait de leur proximité avec les populations,
celles-ci pourront mieux se montrer plus coopératives. Une telle
démarche suppose de donner plus de moyens et de compétences aux
collectivités locales en matière de fiscalité (Gbaka,
2004). Enfin, réussir la lutte contre l'érosion et la fraude
fiscale suppose également de poursuivre durablement avec les campagnes
de sensibilisation au civisme fiscal en cours pour un impact significatif.
+ Préférer la subvention à
l'exonération. La politique d'exonération peut
quelquefois comporter des aspects pervers occasionnant ainsi l'évasion
fiscale. En effet, il est de plus en plus démontré que certaines
entreprises se cachent sous un visage d'ONG pour échapper au fisc. Une
telle situation constitue non seulement des pertes de recettes pour l'Etat,
mais aussi entraine une concurrence déloyale entre les entreprises. Pour
pallier cette situation, il convient de limiter au strict minimum les
exonérations, notamment celles orientées vers les ONG, tout en
donnant des subventions à certaines d'entre elles, si celles-ci arrivent
à démontrer l'importance de leur contribution au processus de
développement du pays.
+ Promouvoir davantage une culture
fiscale. A ce niveau, il faut déjà saluer
l'introduction en Côte d'Ivoire de l'enseignement du civisme fiscal dans
les programmes d'enseignement primaire et secondaire, mais une bonne partie de
la population est encore exclue. Il faut penser à les renforcer à
travers l'introduction dans les programmes d'alphabétisation qui
concernent encore 30% de la population ivoirienne.
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www.dgi.com,
(2009) site de la Direction générale des impôts de
la Côte d'Ivoire
www.imf.org ,
site du FMI
www.uemoa.int , site de l'UEMOA
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