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REPUBLIQUE DU SENEGAL
Un Peule- Un But- Une Foi
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MINISTERE DE L'EDUCATION ECOLE NATIONALE D'ECONOMIE
APPLIQUEE Département Aménagement du Territoire, Environnement
et Gestion Urbaine (33éme promotion)
Evaluation des revenus des agropasteurs, leurs demandes
de formation et d'éducation, et leurs capacités contributives
: Cas de l'Unité Pastorale de Bélél Bogal dans le
Département de Podor
Mémoire de fin d'Etudes pour l'obtention du
Diplôme d'Ingénieur des Travaux d'Aménagement du
Territoire, Environnement et de Gestion Urbaine Présenté
par: Abou BA
Directeur de Mémoire : Directeur de
Stage
M. Ali Sada Timéra M. Andréas MULLER
Formateur à l'ENEA Coordonnateur du PAPF
I
Septembre 2007
DEDICACES
Nous rendons grâce à ALLAH et prions sur son
prophète Mohammad (PSL). Je dédie ce modeste travail
à :
c Ma mère Coumba Sow et à mon père Samba
Laye pour l'éducation qu'ils m'ont
donnée, les prières sans relâche, leurs
conseils et leur soutien sans failles ;
c A mon plus que père Samba Kandji que Dieu a
arraché à notre affection mais dont
les conseils continueront à illuminer notre vie;
c A mes frères Al Ousseynou, Demba, Ousmane et Abdoulaye
pour leur soutien et prières ;
c A Maître Mbaye Faye pour les prières et conseils
;
c A ma plus que soeur Awa qui m'a bercé durant toute mon
enfance, je ne saurai te remercier ;
c A Djiby Sow pour ses conseils, plus qu'un cousin tu es un
frère pour moi. c A mes meilleurs amis EL Hadji Kandji Khadim, vous
êtes des frères ;
c A mon voisin de chambre durant ces quatre années de
formation, tu es un grand
frère, merci pour tes conseils et ton soutien ;
c Aux doyens Loum, Bass, Thierno Diop, Sakho, Dione,
Traoré et Benghali
c A mes amis Daf, T. Baldé, Sylla, Michel, Moustapha,
Mané, Timéra, Mballo,
Diallo, Malick Guèye, Fa Dièye Fall, Mada, FS,
Marie Paul, Fernandez, Salif
Baldé, Lô, Ndèye Sine, Awa Koïta,
Ngoné Ndiaye, Korka, Anta, Mbayang,
Anouard, Galandou, Yoro, Cheikh Thior, Cheikh Ndiaye et à
Makhadi ; ? A l'ensemble de la 33ème Promotion de l'ENEA et
à l'AEEM ;
REMERCIEMENTS
Mes remerciements vont à l'endroit des personnes qui ont
été déterminantes dans la réalisation de ce
travail. Je veux nommer :
c Mon encadreur Ali Sada Timéra pour sa
disponibilité et ses conseils;
c Messieurs Daniel André, Andréas Müller,
Moussa Diop et à l'ensemble du
personnel du PAPF sans qui ce travail serait difficilement
réalisable ;
c Latyr Diouf, chef du département ATEGU et à tout
le personnel de l'ENEA ; c Messieurs Ibrahima Hathie et Sémou Sow pour
leurs conseils et suggestions; c Thierno Mamadou Mamoudou Sy de
Bélél Bogal et à toute sa famille qui m'a
hébergé dans de très bonnes conditions. Que
Dieu les rétribue pour ces bonnes
oeuvres ;
c Monsieur Diallo, vétérinaire à
Téssékéré et à toute sa famille ;
c Mamadou Sow dit « Khonté » qui a
été plu qu'un traducteur pour nous ;
c Monsieur Doudou Léna Diop, pour son aide et sa compagnie
à Bélél Bogal ; c A mon binôme Sarah Marsan pour sa
collaboration sur le terrain et à tout le
groupe du Ferlo qui a rendu possible ce travail ;
c A l'ENEA et à Sup Agro dont la collaboration a rendu
possible ce travail ; c Au BFPA pour leur appui ;
c A mon grand frère Demba dont la détermination et
la pugnacité m'ont servi de modèle pour aboutir à ce
modeste travail.
SOMMAIRE
SIGLES ET ABREVIATIONS VI
LISTE DES TABLEAUX : VII
LISTE DES GRAPHIQUES VIII
Résumé du mémoire: IX
Introduction 1
CHAPITRE I : Revue critique de littérature 3
1-1 Revue des documents de référence : 3
1-2 Revue de publications sur la théorie du capital humain
et l'économie de l'éducation :4
1-3 Revue des documents sur le Ferlo : 9
CHAPITRE II- Cadre théorique et conceptuel : 12
CHAPITRE III : Problématique 15
CHAPITRE IV : Cadre de l'étude 22
1-2 Milieu physique : 24
1-2-1 Le relief et les sols : 24
1-2-2 Le climat : 25
1-2-3 La pluviométrie : 25
1-2-4 Les ressources en eau : 26
1-2-5 La végétation : 26
1-3- Le milieu humain : 27
CHAPITREV : Méthodologie utilisée 31
5-1/La recherche bibliographique : 31
5-2/La démarche méthodologique : 31
5-3/ Les outils de collecte de l'information 32
5-3-1/L'observation 33
5-3-2/Les entretiens de compréhension 33
5-4/Le traitement des données : 33
5-5/ Les limites de la méthodologie et sur le terrain
33
5-5-1/ Les limites d'ordre méthodologique 33
5-5-2 Les limites et difficultés rencontrées sur le
terrain 34
CHAPITRE VI : Analyse de l'histoire agraire 36
6-1/ Avant l'avènement du forage dans les années 70
: 36
6-2 / La décennie 70-80, la période des grandes
mutations : 38
6-3/ La reconstitution du cheptel dans la décennie 80-90 :
40
6-4/ Un système très diversifié depuis les
années 90 : 41
CHAPITRE VII : Analyse des systèmes de cultures 45
7-1/ Les systèmes de culture au Walo 46
7-1-1/ Caractéristiques et fonctionnement 46
7-1- 2/ Les performances économiques : 49
7-2/Les systèmes de culture dans le Jééri
52
7-2-1Caractéristiques et fonctionnement 52
2-2-2/ Les performances économiques : 53
7-3/ Comparaison des différents systèmes de
cultures : 54
CHAPITRE VIII : Analyse des systèmes d'élevage
57
8-1/ Analyse des systèmes d'élevage bovins : 57
8-1-1Caractéristiques et fonctionnement : 57
8-1-2 Les performances économiques 61
8-2-1/Système bovin au forage 62
8-2-2/Le système bovin au Walo 62
8-2-3/Le système bovin transhumant dans le Ferlo : 63
8-3/Analyse des systèmes d'élevage ovins : 64
8-3-1-1/ Le système des ovins transhumants au Saloum :
66
8-3-1-2/Le système des ovins transhumants dans le Ferlo
67
8-3-1-3/ Le système des ovins fixes au forage 68
8-3-2-Les performances économiques : 68
8-3-2-1 Le système ovin transhumant au Saloum : 68
8-3-2-2 Le système ovin transhumant dans le Ferlo : 69
8-3-2-3 Le système ovin fixe au forage : 70
8-4/ Analyse des systèmes d'élevage caprins : 70
8-4-1/ Caractéristiques et fonctionnement : 71
8-4-2 Les performances économiques : 72
8-5/ Comparaison des différents systèmes
d'élevage 73
CHAPITRE IX : Analyse des systèmes de production. 77
9-1/ Caractéristiques et fonctionnement des
systèmes de production : 77
9-1-1/ Le système de production des grands pasteurs «
Jargas » 77
9-1-2/ Le système de production des agropasteurs «
Jargas » 78
9-1-3/ Le système des moyens agropasteurs : 79
9-1-4 Le système des petites exploitations agropasteurs :
80
9-2/ Les performances économiques des systèmes de
production : 80
9-2-1-1 Les revenus agricoles des exploitations 84
9-2-1-2 Calcul des seuils de survie et de sociabilité :
85
9-2-1-3/ Analyse des revenus des exploitations par rapport aux
seuils de survie et de
sociabilité : 86
CHAPITRE X : Analyse des préoccupations et propositions
d'orientation 88
10-1/ La situation actuelle du secteur éducatif dans
l'unité pastorale : 88
10-2/ Analyse des préoccupations des agriculteurs en
matière d'éducation 89
10-3/ Analyse des préoccupation des agriculteurs dans
leurs activités 92
10-4/ Propositions d'orientation 97
Conclusion : 100
BIBLIOGRAPHIE : 102
Annexe
SIGLES ET ABREVIATIONS
ASUFOR : Association des usagers de forage
BFPA : Bureau de Formation Professionnelle Agricole
CR : Communauté Rurale
DSRP : Document Stratégique de Réduction de la
Pauvreté
GIE : Groupement d'Intérêts Economiques
IREDU : Institut de Recherche sur l'Economie de l'Education
LOASP : Loi Agro-sylvo-pastorale NPA : Nouvelle Politique
Agricole PAPEL : Projet d'Appui à l'Elevage PAPF : Projet
d'Autopromotion Pastorale dans le Ferlo
PSAOP : Programme de Services Agricoles et d'Appui aux
Organisations Agricoles PASA : Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PIV : Périmètres Irrigués Villageois
SNFASP : Stratégie Nationale de Formation
Agro-sylvo-pastorale
SNFAR : Stratégie Nationale de Formation Agricole
Rurale
SAED : Société d'Aménagement et
d'Exploitations du Delta
UBT : Unité Bétail Tropical
UP : Unité d'Exploitation
LISTE DES TABLEAUX :
Tableau 7-1 : Les consommations intermédiaires dans le
système riz irrigué 49
Tableau 7-2 : Les consommations intermédiaires dans la
tomate industrielle 49
Tableau 7-3 : Rendements des différentes
spéculations en culture pluviale 52
Tableau 7-4 : Les productions brutes du système de culture
en pluviale .52
Tableau 7-5 : Les consommations intermédiaires en culture
pluviale ..53
Tableau 7-6 : Les valeurs ajoutées brutes des
systèmes de culture 53
Tableau 8-1 : Les valeurs ajoutées des différents
systèmes d'élevage ...71
Tableau9-1 : Synthèse des VAB par système de
production 79
Tableau 9-2 : Synthèse des VAB/UBT des systèmes de
production ..81
Tableau 9-3 : Les revenus des différents systèmes
de production ..83
Tableau 10-1 : Les préoccupations des exploitations en
matière d'éducation 87 Tableau 10-2 : Synthèse des
préoccupations des agriculteurs concernant leurs
activités 90
Tableau 10-3 : Synthèse des recommandations 97
LISTE DES GRAPHIQUES ET CARTES
Carte de localisation de la zone sylvo-pastorale
|
.21
|
Carte administrative de la CR de Fanaye
|
.22
|
Graphique 1-1 : Diagramme ombrothermique
|
24
|
Graphique 7-1 : Calendrier de travail du système de
culture riz irrigué
|
47
|
Graphique 7-2 : Calendrier de travail du système de la
tomate industrielle
|
48
|
Graphique 7-3 : Calendrier de travail du système MxBxN
|
51
|
Graphique 7-4 : Productivité du travail des
systèmes de culture
|
53
|
Graphique 7-5 : Comparaison des VAB des systèmes de
culture
|
54
|
Graphique 8-1 : Calendrier de travail des bovins fixes au forage
|
57
|
Graphique 8-2 : Calendrier de travail des bovins transhumants au
Walo
|
58
|
Graphique 8-3 : Calendrier de travail des bovins transhumants
dans le Ferlo
|
59
|
Graphique 8-4 : Calendrier de travail des ovins transhumants au
Saloum
|
..64
|
Graphique 8-5 : Calendrier de travail des ovins transhumants dans
le Ferlo
|
..65
|
Graphique 8-6 : Calendrier de travail des ovins fixes au forage
|
.66
|
Graphique 8-7 : Calendrier de travail des caprins divagants
|
.70
|
Graphique 8-8 : Productivité du travail des
systèmes d'élevage
|
72
|
Graphique 8-9 : Productivité des systèmes
d'élevage par mère
|
..72
|
Graphique 9-1 : Contribution des différentes
activités dans l'élaboration de la VAB des systèmes de
production .80 Graphique 9-2 : Comparaison des productivités du
travail et par UBT des différentes
catégories d'exploitation ..82 Graphique 9-3 :
Comparaison des revenus agricoles potentiels des exploitations par
rapport aux seuils de survie et de sociabilité 84
LISTE DES SCHEMAS :
Schéma n°1 : Le relief dans le Jééri
|
.23
|
Schéma n°2 : Les modes d'abreuvement des bovins
..
|
55
|
Schéma n°3 : Les modes d'abreuvement des ovins
|
.61
|
Schéma n°4 : Les modes d'abreuvement des caprins
divagants ..
|
68
|
Résumé du mémoire :
L'agriculture constitue de nos jours la principale
activité économique dans les pays pauvres et notamment dans ceux
situés au sud du Sahara.
Au Sénégal, le secteur agricole joue un
rôle prépondérant dans la vie socio-économique des
populations. En effet, il absorbe près de 70 % de la main-d'oeuvre et
l'écrasante majorité des ménages ruraux se consacre
à l'agriculture d'où ils tirent l'essentiel de leurs revenus.
Malgré toutes ces potentialités, le secteur
agricole reste confronté à d'énormes difficultés
qui l'empêchent d'être performante et compétitive. Et
pourtant le pays dispose de régions agroécologiques avec
d'énormes potentialités. Une bonne exploitation de ces
ressources, permettrait d'atteindre l'autosuffisance alimentaire. Parmi ces
régions agroécologiques, nous pouvons citer le Ferlo au nord du
pays, à cheval entre les régions de Louga, Matam et Saint Louis.
Cette région à forte vocation pastorale joue un rôle
important dans l'économie sénégalaise mais connaît
également d'énormes difficultés.
Les contre performances du secteur agricole dans le Ferlo et
particulièrement dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal, notre zone d'étude, sont liées à la faiblesse des
capacités techniques des populations, aux aléas climatiques et
à l'inefficacité des politiques agricoles initiées par
l'Etat depuis plusieurs décennies. La plupart de ces politiques ont
échoué du fait de leur inadéquation et de la
méconnaissance des réalités du milieu.
Ayant compris cela, l'Etat a initié depuis quelques
années, une nouvelle politique basée sur le développement
du capital humain en milieu rural, il s'agit de la SNFAR.
C'est dans cet élan que nous avons entrepris cette
étude commanditée par le BFPA. Elle a pour objectif d'analyser
afin de comprendre les pratiques des exploitations agricoles de l'unité
pastorale de Bélél Bogal. La connaissance des pratiques paysannes
permettra de connaître d'une part les demandes des agriculteurs en
matière d'éducation et de formation et d'autre part de
dégager les revenus tirés des exploitations agricoles dans cette
partie du Ferlo.
Pour arriver à notre objectif, nous avons
utilisé l'approche du diagnostic agraire qui est une approche
systémique pour bien comprendre les dynamiques dans l'unité
pastorale et les stratégies mises en oeuvre par les agriculteurs dans le
cadre de leurs activités. L'approche du diagnostic agraire nous a permis
d'une part de découvrir les différentes
activités pratiquées dans l'UP, ensuite les
différents systèmes de production qui sont le résultat des
combinaisons des différentes activités pratiquées dans une
exploitation. La connaissance de ces systèmes de production nous a enfin
permis de faire l'évaluation économique des différents
systèmes de production.
En outre dans le but de diversifier l'angle d'analyse de
perception du milieu, ce travail a été conduit par un
binôme franco-sénégalais, une étudiante en agronomie
à Sup Agro et un étudiant en aménagement du territoire et
environnement à l'ENEA.
Cependant, les difficultés rencontrées sur le
terrain, nous ont conduits à éliminer certaines phases de notre
démarche méthodologique. En effet la période du stage a
coïncidé à la transhumance dans notre unité
pastorale, ce qui n'a pas facilité la collecte de l'information. C'est
ainsi que la dernière phase de notre travail à savoir la
restitution des résultats aux populations n'a pu avoir lieu faute de
temps1.
Les résultats de l'étude ont montré que
l'engagement dans la pratique de formation et d'éducation dans
l'unité pastorale de Bélél Bogal, est loin d'être
fonction du niveau de revenu. Il obéit plutôt à des
considérations d'ordre socio culturel. En effet, toutes les
exploitations agricoles ont un revenu supérieur aux seuils de survie et
de sociabilité, ce qui signifie qu'elles ont les capacités
contributives pour financer l'éducation de leurs enfants ou s'offrir une
formation d'autant que l'école élémentaire est gratuite
dans l'unité pastorale. Mais la pratique de l'éducation y est
encore très faible.
Pour renverser la tendance, il faut nécessairement
réfléchir sur un nouveau calendrier scolaire dans le Ferlo. Un
nouveau calendrier est primordial car l'actuel ne tient pas compte du
calendrier pastoral alors que c'est celui-ci qui dicte le calendrier de toutes
les autres activités de l'unité pastorale. Sinon penser à
créer des « écoles nomades » qui suivraient les
élèves dans les mouvements de transhumances de leurs
campements.
1 Il était impossible de réunir les
éleveurs pour des séances de restitutions qui pouvaient durer
plus de deux heures à cause de leur mobilité. En effet vers la
fin du stage c'était le début de l'hivernage, tous les
éleveurs étaient préoccupés par la recherche du
pâturage qui était rare.
INTRODUCTION :
L'agriculture sénégalaise constitue l'un des
principaux secteurs économiques du pays. En plus d'occuper 60% de la
population, elle contribue à hauteur de 11%2 à la
formation du PIB.
Malgré toutes ces performances, le secteur est
confronté (depuis les années 70 et cela à la suite de la
sécheresse et des programmes d'ajustement structurel) à
d'énormes difficultés d'ordre économique, structurel et
politique. Cette crise a eu pour répercussion le maintien de
l'agriculture dans une logique d'agriculture familiale
caractérisée par un faible niveau d'équipement, une main
d'oeuvre peu qualifiée et des rendements très faibles.
L'inadéquation des programmes agricoles menés
jusque là explique en grande partie cette image hideuse que
présente ce secteur. En effet au lendemain des indépendances, la
plupart des politiques agricoles avaient mis de côté
l'investissement sur le capital humain au profit de l'investissement massif
dans les autres facteurs de production.
Par ailleurs, face à la mondialisation
caractérisée par une forte société de consommation,
l'agriculture a de nombreux défis à relever d'une part et fait
l'objet de plusieurs enjeux d'autre part. Ces défis tournent autour de
la production, de la qualité, de la technologie et surtout au
défi de marché (manque de marché d'écoulement des
produits entre autre...). Pour autant, depuis quelques années, l'Etat a
initié une nouvelle politique agricole qui place l'agriculteur an centre
du développement de ce secteur stratégique. Il s'agit de la
nouvelle stratégie nationale de formation agricole rurale (SNFAR) qui
est basée sur la formation des exploitants agricoles. Cette SNFAR est
appuyée par la loi agro-sylvopastorale pour mieux organiser le secteur
de l'agriculture en particulier et le monde rural en général. Ces
nouvelles stratégies de développement de l'agriculture prennent
leur départ à l'intérieur de l'exploitation agricole. En
d'autres termes, dans ces stratégies, l'Etat semble avoir compris
l'idée selon laquelle, il ne saurait y avoir de développement
agricole sans le développement des exploitations.
L'éducation et la formation constituent de nos jours les
principaux leviers sur lesquels toute politique agricole devrait se baser
pour influer sur le capital humain des
2 Programme d'appui au renforcement
des capacités des acteurs du monde rural au Sénégal :
bilan et perspective phase 1999-2002 ; bureau d'appui à la
coopération sénégalo-suisse
exploitations agricoles. Toutefois, il ne faudrait pas que ces
leviers soient perçus comme des programmes prêts à l'emploi
c'est-à-dire des programmes conçus à l'insu des
agriculteurs. A cet effet, il est important de connaître les demandes
d'éducation et de formations des agriculteurs et ceci dans le but de
minimiser toute possibilité d'échec de ces politiques agricoles.
Cependant la seule connaissance de la demande d'éducation et de
formation des agriculteurs ne saurait en elle seule suffire, il faut
également s'intéresser aux revenus de ces derniers. La
connaissance des revenus des agriculteurs permet d'imaginer le calcul
économique que fera l'agriculteur en terme de rentabilité de la
formation. Effectivement, si le gain de la formation ne compense pas le temps
que l'agriculteur consacre à la formation, il aura tendance à se
désintéresser de celle-ci. Ainsi le revenu de l'agriculteur est
un assez bon indicateur de la réussite ou pas des politiques agricoles
basées sur la formation agricole rurale en particulier et le
développement du capital humain en général.
C'est dans le but de comprendre tous ces paramètres que
nous entreprenons cette recherche. En effet une évaluation des revenus
des agriculteurs, de leurs demandes d'éducation et de formation et leurs
capacités contributives permettra de mieux appréhender cette
problématique.
Pour ce faire notre mémoire sera structure en trois
grandes parties :
Le cadre de référence en est la première,
il présente dans un premier point la revue critique de
littérature, le cadre conceptuel en est le deuxième point et la
problématique le dernier.
La deuxième partie porte sur le cadre de l'étude et
la méthodologie. Elle présente entre autre la zone
d'étude, la population cible et les outils de collecte de
l'information.
La troisième partie repose sur l'analyse des
résultats et la présentation des propositions d'orientation.
CHAPITRE I : Revue critique de littérature
Avec l'augmentation des projets de développement au
profit du monde rural, plusieurs recherches sur la connaissance des pratiques
et logiques paysannes ont été menées. C'est ainsi qu'on
trouve un nombre important d'écrits dans ce domaine. A côté
de ces études, il y'a des documents de référence (textes
de lois) qui abordent des questions relatives à ce sujet. Cependant la
plupart de ces écrits font beaucoup plus échos de
l'évaluation de l'efficacité de la formation des agriculteurs et
de l'économie de l'éducation que de la perception et la demande
d'éducation et de formation des exploitations agricoles. Par ailleurs,
l'importance accordée à l'éducation et à la
formation des agriculteurs permet de faire une étude des
différentes théories sur le capital humain et sur
l'économie de l'éducation.
1-1 Revue des documents de référence
:
Parmi les nombreux textes et lois qui font état du
renforcement des capacités des agriculteurs à travers
l'éducation et la formation, nous avons la Loi Agro-Sylvo-pastorale
(LOASP)3. Cette loi d'orientation, après avoir
constaté les échecs des différentes politiques agricoles
menées par l'État avec l'aide de ses bailleurs met l'accent sur
le développement de la main d'oeuvre rurale. A travers cette loi,
l'État montre sa volonté d'assurer aux agriculteurs une bonne
formation dans le but de leur permettre d'être à mesure de
développer leur terroir. C'est ainsi qu'il est stipulé dans son
article 62 : << L'éducation, l'alphabétisation et la
formation constitue des leviers stratégiques pour la modernisation de
l'agriculture. L'État définit et met en oeuvre, en partenariat
avec l'ensemble des acteurs du développement agro-sylvo-pastoral, une
Stratégie Nationale de Formation Agro-Sylvo-Pastoral (SNFASP) ».
Cette nouvelle approche de l'État dans le développement du
secteur agricole à travers ce précédent article est
renforcée à l'article 63. En effet, on peut y lire : << Le
droit à la formation initiale et continue est reconnu aux personnes
exerçant les métiers de l'agriculture et à tous les
acteurs ruraux. Ils bénéficient à ce titre d'une formation
générale, technique et professionnelle dans les métiers de
l'agriculture, de la sylviculture et de l'élevage, qui est
dispensée par des institutions publiques ou privées
agréées. Cette formation est soutenue par l'État».
3 Loi N°2004-16 adoptée
par l'Assemblée Nationale en sa séance du 25 Mai 2004
A côté de la LOASP, l'État a
élaboré la Stratégie Nationale de Formation Agricole
Rurale (SNFAR) qui s'articule autour de quatre objectifs :
c Généraliser en milieu rural l'éducation de
base ;
c Répondre aux besoins de formation professionnelle des
ruraux dans tous les domaines en appuyant la formulation de la demande de
formation des ruraux et l'offre de formation répondant à ces
demandes, en concédant le service public de la formation professionnelle
des ruraux, sans remettre en cause la mission de service public ;
c Renforcer, adapter et mieux articuler les formations
secondaires et supérieures entre elles et avec celles destinées
aux ruraux ;
c Réguler l'ensemble des institutions publiques et
privées de formation.
Ainsi donc la LOASP et la SNFAR sont les principaux cadres sur
lesquels l'État veut s'appuyer pour réussir le
développement du secteur agricole. Toutefois il est important de
souligner que ces documents tout comme les précédentes politiques
de développement agricole n'ont pas fait une étude
complète de l'espace rural avant de penser à des solutions. En
effet avant toute étude, l'Etat devait tout faire pour comprendre les
pratiques paysannes en matière d'éducation et de formation ce qui
permettrait d'aboutir facilement à une adéquation entre l'offre
et la demande. Cette étude aurait aussi pour but d'aider l'État
à connaître les capacités contributives des exploitations
agricoles en matière d'éducation et de formation et ainsi de
prévoir des politiques d'accompagnement optimales.
Parallèlement à ces documents de
référence élaborés par l'État ou sous sa
houlette, nous retrouvons une panoplie d'écrits et/ou de publications de
grands chercheurs qui parlent de ce sujet.
1-2 Revue de publications sur la théorie du
capital humain et l'économie de l'éducation :
La théorie du capital humain a vu le jour au milieu des
années 60 sous la houlette de Théodore Schultz, Edward
Dénilson, Jacob Mincer et Gary Becker. Cependant ce dernier,
lauréat du prix Nobel d'économie en 1992 est
considéré comme le père de cette
théorie4. Il définissait le capital humain comme
étant « l'ensemble des capacités productives qu'un
4 Becker Gary : Human Capital
publié en 1964
individu acquiert par accumulation de connaissances
générales ou spécifiques, de savoir-faire etc. ».
Cette théorie consiste à appliquer à l'investissement dans
le capital humain les mêmes règles d'analyse que l'on applique
dans la théorie néoclassique à l'investissement
traditionnel.5
Selon Becker l'éducation ou la formation, qu'elle soit
générale ou spécifique, accroît la
productivité de ceux qui la reçoivent et influe ainsi
positivement sur la croissance économique. Alors que pour Gisèle
Jean et Daniel Rallet «Le savoir et le capital humain peuvent
accroître la productivité de deux manières : soit dans
l'ensemble de l'économie (effet de levain), soit dans certains secteurs
uniquement. Certaines innovations entraînent seulement un accroissement
de la productivité de certains secteurs (effet
champignon)»6. Selon ces derniers le capital humain agit
à deux niveaux :
? au niveau micro-économique (l'individu), on mesure le
taux de rendement des investissements en formation sur les revenus du travail
;
? au niveau macro-économique, le taux de rendement social
mesure l'impact des investissements sur la croissance économique et
l'ensemble de la société.
Ainsi Becker lie dans une certaine mesure la croissance
économique à l'éducation et à la formation des
individus qui doivent être les principaux acteurs de cette croissance.
C'est dans ce même ordre d'idée que plusieurs théories de
la croissance essaient d'analyser le rôle de l'éducation et de la
formation dans la croissance. Ainsi pour Lucas (1988) « la croissance est
essentiellement déterminée par l'accumulation de capital humain,
de sorte que les différents taux de croissance entre pays sont
principalement explicables par les différences de taux auxquels ces pays
accumulent du capital humain »7. Tandis que Nelson et
Phelps8 pensent que c'est le stock de capital humain qui
est le principal moteur de la croissance.
Toutefois, cette théorie de Becker a
été remise en cause à la fois dans son
développement et ses hypothèses car d'autres théories
refusent d'établir une relation rigide entre l'éducation et la
productivité. Ainsi pour K. Arrow l'éducation
n'accroît pas la productivité comme le suppose Becker, elle n'est
par contre qu'un filtre qui permet de
5 Rapport OCDE (Mai 2001), Du
bien-être des nations : le rôle du capital humain et social
6 Idem
7 Idem
8 Ibidem
distinguer les individus les plus capables (effet de
signalement par le diplôme).9 Autrement dit L'éducation
ne sert donc pas à accroître les capacités des individus
mais à les identifier afin de pouvoir les filtrer par un processus de
sélection. En définitive, nous pouvons dire que le mérite
principal de la théorie du capital humain est de considérer
l'éducation comme un investissement, non comme un coût. Un
investissement qu'entreprend un individu pour lui-même en ayant un
comportement rationnel. Dans ce cas, l'éducation est perçue comme
un calcul individuel qui se poursuit tant qu' il est estimé rentable.
Cependant, de nos jours, la notion de capital humain a connu une certaine
évolution. En effet, il ne se perçoit plus en terme de
quantité d'investissement uniquement mais aussi en terme de
qualité de l'investissement.
C'est ainsi que différents axes de recherche portant
sur l'investissement dans le capital humain ont vu le jour : c'est le cas de
l'économie de l'éducation. L'économie de
l'éducation est un vaste champ de recherche en pleine expansion qui a
une variété d'approches et de méthodologies, notamment
dans le domaine des techniques microéconométriques et
macroéconomiques. En effet l'éducation étant perçue
comme la base de tout développement, connaître ses fondements
économiques c'est-à-dire son apport pour une personne ou un pays
s'avère être un impératif pour tout programme de
développement. C'est dans ce cadre que l'économie de
l'éducation se positionne comme étant la science qui
étudie les différentes interrelations entre l'économie et
l'éducation. Autrement dit, l'économie de l'éducation se
charge de voir l'efficacité des investissements alloués au niveau
de l'éducation et ceci sous l'angle individuel et collectif (le
résultat de l'investissement dans les programmes éducatifs
nationaux). Il ressort de certaines études menées jusque
là que l'éducation accroît la productivité de
l'individu donc les pays doivent investir le maximum dans l'éducation
s'ils veulent influer plus tard sur leur produit intérieur brut.
Dés lors le problème qui se pose aux économistes de
l'éducation est de savoir à quel niveau ou seuil faut-il
arrêter l'investissement dans le secteur éducatif ?
9 Idem
Par ailleurs selon J.P Jarousse10 : parler de
l'économie de l'éducation, c'est parler de l'éducation
dans toutes les acceptations de ce terme. Abondant dans le même sens,
l'UNICEF pense que << l'éducation est caractérisée
par la priorité accordée aux droits de la personne et à la
transmission de connaissance et aptitudes qui aident chaque individu à
réaliser son potentiel et à agir pour le bien être de la
société, contribuant ainsi à réduire, voire
éliminer progressivement la pauvreté >>11. Ainsi
donc de nos jours, l'éducation constitue un moyen de préservation
de notre culture mais aussi un moyen de booster notre économie vers
l'avant car comme l'a dit le Président Abdoulaye Wade << le
troisième millénaire sera celui de la course aux
compétences >> que seul l'éducation pourra garantir. La
formation agricole rurale constitue de nos jours une politique
stratégique de la majorité des gouvernements de l'Afrique
subsaharienne. En effet, elle est un champ sur lequel la plupart des
états comptent s'appuyer pour enclencher le développement de
l'agriculture en particulier et du monde rural en général. A cet
effet Quincy Bérengère disait que << la formation
constitue un autre élément de politique agricole essentiel pour
le développement rural de long terme >>12. Ainsi donc,
d'après cette dernière, le développement du monde rural,
caractérisé par les activités agricoles ne peut
s'opérer sans une bonne formation des acteurs c'est-à-dire des
exploitants agricoles. Pour ce faire, il faut rompre avec les anciennes
approches qui consistent à prendre l'agriculteur comme étant
seulement un exécutant de programmes conçus ailleurs et qui sont
le plus souvent inadéquats aux réalités paysannes.
D'autres auteurs montrent l'importance de la formation agricole dans le
développement rural. C'est le cas de Pierre Debouvry, selon lui
<< il faut préparer l'ensemble des populations rurales à
être les acteurs de leur propre développement, à prendre en
charge leur avenir et à se constituer en partenaires et interlocuteurs
des différents agents économiques >>13. Pour cet
auteur, il est important de mettre l'agriculteur au centre du
développement agricole en lui proposant des formations qui
répondent à sa demande pour ainsi passer du << paysan,
objet de développement >> à celui du << paysan acteur
de son développement >>. Pour y arriver, l'auteur pense que les
10 Jarousse J.P : 1991,
L'économie de l'éducation ; du capital humain à
l'évaluation des processus et des systèmes éducatifs,
Repères bibliographiques, Perspectives documentaires en Education
N° 23
11 Rapport de l'UNICEF de 1999 :
« La situation des enfants dans le monde »
12 Barbadette. Loïc et
Pesche Denis Formations Professionnelles rurales en Afrique
subsaharienne.
13 Debouvry. P. : Demain le paysan,
enfin protagoniste de son développement
formations rurales doivent donner aux différents
acteurs les outils pour analyser leur situation, décider et mettre en
oeuvre les évolutions nécessaires face aux enjeux techniques,
économiques et socioprofessionnels. Ces différents travaux ont
l'intérêt de montrer la nécessité de doter
l'agriculteur d'une bonne formation agricole afin de lui permettre d'être
beaucoup plus productif. Cependant ces travaux n'ont pas insisté sur
l'impact de la formation agricole sur l'agriculteur en particulier et le monde
paysan en général. Autrement dit, ces auteurs n'ont pas
mené une mesure de l'efficacité de la formation agricole rurale
sur les rendements des exploitants agricoles. La formation étant un
investissement, mobilise beaucoup de ressources. C'est pourquoi il serait
intéressant de faire l'évaluation des coûts et de
l'efficacité de la formation agricole rurale. Pour répondre
à ce souci, Alain Mingat et Nelly
Stéphan14, dans les notes de l'institut de recherche sur
l'économie de l'éducation (IREDU) tentent d'y apporter quelques
éclaircissements. Pour ce faire, ces auteurs ont mené une
étude portant sur l'efficacité de la formation
générale et de la formation professionnelle sur le secteur
agricole. Cette étude montre que les agriculteurs ont tendance à
choisir des conditions économiques d'autant plus favorables qu'ils ont
fait des études générales plus longues et qu'il existe une
structure de complémentarité favorable entre formation
générale et formation agricole initiale lorsque celle-ci
s'applique à des individus de niveau des formation relativement faible.
Elle montre aussi que dans le cas où l'enseignement agricole et la
formation technique s'appliquent à des jeunes de niveau d'études
générales plus élevé la formation agricole apporte
à la formation générale une valeur ajoutée faible
ou nulle. Ces résultats ont amené ces auteurs à dire que
la formation agricole ne contribue que très faiblement à la forte
variabilité de la capacité des agriculteurs à tirer profit
de leur exploitation. En conclusion Mingat et Stéphane pensent qu'il est
possible que la formation agricole spécifique ne soit pas un vecteur de
transmission très efficace des compétences mobilisées par
les agriculteurs et que celles-ci s'acquièrent en fait pour une large
part sur le tas dans l'exercice même du métier. A
côté de ces notes de l'IREDU, nous avons d'autres études
qui parlent également de l'évaluation de l'efficacité de
la formation
14 Evaluation de
l'efficacité externe de la formation des agriculteurs, Notes de l'IREDU
n° 97/1
agricole. Parmi ceux-ci, nous avons les mémoires de
Khadim Diop15, Sileymane Bâ16 et
Hahmadou Bamba Tine17.
Ces travaux tout comme les études de Mingat et de
Stéphan abondent dans le sens de l'évaluation de
l'efficacité de la formation des agriculteurs. Comme nous l'avons vu,
ils ont contribué à connaître et à apprécier
l'efficacité de la formation agricole chez les agriculteurs. Cependant
toutes ces études n'ont pas fait une corrélation entre
l'efficacité de la formation et les comportements des agriculteurs. En
d'autres termes, il manque dans ces travaux, la relation entre les niveaux de
revenus des exploitants agricoles et le résultat de la formation alors
qu'on sait que dans le monde rural « les pratiques de ces derniers en
matière de formation ont des fondements économiques ; elles
dépendent fortement du type d'activités et du niveau de revenus
(...) ». En effet, il nous semble très important d'évaluer
les revenus des agriculteurs avant de se lancer dans une évaluation de
l'efficacité des formations reçues par ces derniers et cela pour
mieux situer les échecs des formations agricoles. Ce que nous voulons
dire par là c'est que l'agriculteur se préoccuperait moins d'une
formation fut elle agricole s'il n'a pas les revenus nécessaires pour
compenser les revenus qu'il perd au moment où il subit la formation.
C'est ainsi que notre étude se propose de voir le lien
qui existe entre les revenus des agriculteurs et leurs demandes de formation et
d'éducation ce qui est une spécificité, car jusque
là nous ne sommes au courant d'une quelconque recherche dans ce
domaine.
1-3 Revue des documents sur le Ferlo :
Depuis longtemps, la région du Ferlo a fait l'objet de
plusieurs recherches qui ont abouti à de nombreux écrits.
Cependant la plupart de ces écrits ont été
réalisés dans le cadre de la coopération allemande qui y
achève cette année ses trente ans d'expérience.
C'est ainsi que depuis la période pré-coloniale
le Ferlo faisait l'objet d'études et de recherches. Ces écrits
faits dans l'ère pré-coloniale relatent le mode de vie des peuls
principaux habitants. C'est le cas de Mollien qui déjà en 1818
parlait du Ferlo et de ses
15 Evaluation des formations
dispensées par l'ANCAR aux producteurs agricoles : cas
des communautés rurales de Dangalma, Dalla Gabou, Sadio et Lambaye,
ENEA, Dakar, 2004
16 Evaluation de
l'efficacité de la formation des producteurs agricoles : cas du centre
d'initiation Horticole de Gandiaye, ENEA, Dakar, 2006
17 Evaluation de l'efficacité de la formation des
producteurs agricoles : cas du centre de formation agricole de Sibassor, ENEA,
Dakar, 2006
habitants18. Dans ces travaux, l'auteur ne fait pas
mention des systèmes de production des populations locales car en grande
partie Mollien a limité ses études sur une population artisane
non représentative de la population du Ferlo mais qui était
vraisemblablement la plus accessible.
A côté des travaux de Mollien, nous avons ceux de
Santoir qui relatent d'une part les dynamiques pastorales dans la zone du Ferlo
et d'autre part les stratégies des éleveurs face aux
différentes sécheresses. C'est ainsi que dans l'un de ses
principaux ouvrages, Santoir montre comment les éleveurs peuls ont
vécu la sécheresse de 197319 et dans un autre il parle
de l'exploitation du cheptel en milieu peul et notamment dans le Ferlo 20.
Ces travaux ont eu l'intérêt de parler d'une
région jadis peu connue mais dont les activités
économiques occupent plus de 20% de la population nationale. Cependant
ces travaux n'ont pris en compte que l'activité pastorale alors que le
Ferlo a aussi une longue tradition agricole.
Pour prendre en compte la dimension agricole dans le Ferlo,
nous avons les travaux de Oussouby Touré21. En
effet, ce dernier a fait une étude sur la crise agricole et les
comportements de survie dans cette région. Dans cette étude,
l'auteur tout en faisant un zonage du Ferlo montre comment l'agriculture
pluviale jadis importante activité dans le Jééri a connu
des déboires du d'une part aux différentes sécheresses
mais aussi au manque d'intérêt des autorités pour cette
activité dans la région. En outre Touré y fait
une analyse des choix des spéculations qui dit-il relevaient surtout
d'un souci de sécurité alimentaire que d'autre chose.
Ces travaux de Touré en plus de montrer que le Ferlo
n'est pas exclusivement une zone pastorale permettent de comprendre de
façon plus globale les systèmes de production en milieu peul.
Toutefois, tout comme ceux cités plus haut, ils ne nous éclairent
pas sur les niveaux de revenus des exploitations agricoles de la région
agro-sylvo-pastorale alors qu'une connaissance de ceux-ci aiderait à
mesurer la rentabilité du secteur agricole dans
18Mollien G. T (1967): l'Afrique
occidentale française en 1818, Paris Calmann-Lévy
19 SANTOIR C, 1977, Les sociétés pastorales du
Sénégal face à la sécheresse de 1972 -1973
20 SANTOIR C, 1982. - Contribution à l'étude de
l'exploitation du cheptel : région du Ferlo, Sénégal,
Dakar. ORSTOM
21 TOURE O : Crise agricole et comportements de survie : le
cas du Ferlo (Sénégal) in Société Espace Temps
1992, Page 90 à 102
le Ferlo et à s'interroger sur leur relation entre les
demandes d'éducation et de formation des agriculteurs de la
région sylvo-pastorale.
CHAPITRE II- Cadre théorique et conceptuel :
Comme dans tout travail de recherche, il est important de
clarifier certains concepts pour éviter tout amalgame entre la
définition de certains termes d'une part et faciliter la
compréhension aux futurs utilisateurs du document d'autre part. C'est
ainsi que nous nous proposons d'apporter notre entendement des
différents termes qui vont suivre :
Evaluation, pour l'OCDE «
l'évaluation est l'appréciation, la plus systématique et
objective possible, d'une politique, d'un programme, projet en cours ou
achevé, de sa conception, de sa mise en oeuvre et des résultats.
Le but est de déterminer la pertinence et la réalisation des
objectifs de développement, l'efficience, l'impact et la
durabilité. Une évaluation devrait fournir des informations
crédibles et utiles permettant d'intégrer les leçons de
l'expérience dans le processus de décision des
bénéficiaires et des bailleurs de fonds ». Dans cette
étude, l'évaluation sera entendue comme la détermination
de la valeur marchande de toutes les productions effectuées au niveau de
l'exploitation et qui sont susceptibles de lui procurer un revenu.
Demande de formation : nous la prendrons
comme étant l'expression d'un souhait ou de résultats attendus,
exprimés par les acteurs de la vie sociale et économique,
vis-à-vis du système éducatif et de formation. Elle
résulte de conditions objectives, économiques et sociales, que
vivent les acteurs, et des représentations qu'ils ont de ces conditions
d'une part, et de l'offre éducative et de formation d'autre part.
Unité pastorale : Pour le PAPEL,
l'unité pastorale est un espace géographique où vivent des
populations ayant les mêmes intérêts économiques, les
mêmes parcours pastoraux, utilisant les mêmes points d'eau
(forages, mares,...) et exploitant les mêmes zones agricoles.
Besoin de formation : c'est une
identification d'un écart susceptible d'être réduit par la
formation entre les compétences d'un individu ou d'un groupe à un
moment donné et celle attendues.
Capital humain : il existe plusieurs
définitions de ce concept surtout à travers la théorie qui
l'a vulgarisé. A travers notre étude, nous comprendrons le
capital humain comme étant l'ensemble des capacités productives
qu'un individu acquiert par accumulation de connaissances
générales ou spécifiques, de savoir-faire etc.
Ainsi, on voit que ce terme est défini à travers
les connaissances, les qualifications, les
compétences et les caractéristiques individuelles
qui facilitent la création de bien-être personnel, social,
économique.
A côté de cette définition basée
sur quatre angles d'analyse, d'autres conçoivent ce concept sous un
triptyque à savoir les compétences, les expériences et les
savoirs faire au travail.
Exploitation agricole : elle est
définie par M.Dufumier comme étant « une unité de
production agricole dont les éléments constitutifs sont la force
de travail (famille et salarié), les surfaces agricoles, les
plantations, le cheptel, les bâtiments d'exploitation, le matériel
et l'outillage. C'est le lieu où le chef d'exploitation combine ces
diverses ressources disponibles et met en oeuvre son système de
production agricole22. »
Un système de production agricole est
selon Claude Reboul23 un mode de combinaison entre terre, force et
moyens de travail à des fins de production végétale et
animale, commun à un ensemble d'exploitations. Il est
caractérisé par la nature des productions, de la force de travail
(qualification), des moyens de travail mis en oeuvre et par leurs
proportions.
Un système de culture est un ensemble de
modalités techniques mises en oeuvre sur des parcelles traitées
de manières identiques. Chaque système de culture se
définit par :
c La nature des cultures et leur ordre de succession ;
c Les itinéraires techniques appliquées à
ces différentes cultures, ce qui inclut le choix des
variétés pour les cultures retenues24.
Un système d'élevage est un
ensemble d'éléments en interaction dynamique organisé en
vue de valoriser des ressources par l'intermédiaire d'animaux
domestiques pour obtenir des productions variées (lait, viande, cuirs et
peaux, travail, fumure, etc.) ou pour répondre à d'autres
objectifs25.
22 M. Dufumier, les projets de
développement agricole- 1996
23 Claude Reboul, « Mode de
production et système de culture et d'élevage » in :
Economie rurale, n°112,1976
24 Sébillotte M, Les
systèmes de cultures. « Réflexion sur l'intérêt
et l'emploi de cette notion à partir d'expérience acquis en
région de grande culture », in Séminaire du
département d'agronomie de l'INRA, Vichy, Mars 1992.
25 Landais E. « Principes de
modélisation des systèmes d'élevage », in Les cahiers
de la recherche développement, n°32, Montpellier, 1992, Page
83
Le seuil de reproduction est le niveau de
revenu en dessous duquel il n'est plus possible, pour un exploitant agricole,
d'assurer à la fois le renouvellement du capital d'exploitation et la
subsistance de sa famille26.
Ecosystème, c'est un système
constitué par l'ensemble des êtres végétaux et
animaux vivant dans un milieu physique donné en interaction
étroite avec ce dernier27. Productivité du
travail, c'est la valeur ajoutée par unité de travail.
Elle peut être calculée par travailleur disponible ou
rapportée à la durée effective du travail28.
Le seuil de survie c'est le revenu minimum
qu'un actif doit dégager de son exploitation pour assurer sa survie et
celle de ses dépendants, c'est-à-dire celle des personnes non
actives qui sont à sa charge (enfants en bas âge, infirme ou
personne âgée)29.
Entretien de compréhension, c'est une
méthode fondée sur l'utilisation des techniques de l'entretien
semi-direct. Il permet d'analyser les pratiques. Elle s'appuie sur la
conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structure
mais des producteurs actifs du social donc des dépositaires d'un savoir
important qu'il s'agit de saisir de l'intérieur par le biais du
système de valeurs des individus. Son but est l'explication
compréhensive du social.
Capacités contributives, elles peuvent
être perçues comme étant les aptitudes ou les limites des
exploitations agricoles à participer financièrement aux
coûts d'éducation et de formation offertes. Les capacités
contributives sont également fonction des surplus de revenus
générés par leurs systèmes d'activités
après satisfaction des besoins vitaux de survie et de sociabilité
des exploitati
26 M. Dufumier, les projets de
développement agricole- 1996
27 Ibidem
28 Ibidem
29 Benkhala. A et al, Initiation
à une démarche de dialogue, dossier pédagogique : Observer
et comprendre un système agraire, Editions du Gret, Novembre
2003
CHAPITRE III : Problématique
La lutte contre la pauvreté constitue de nos jours
l'une des plus grandes préoccupations de l'humanité. C'est ainsi
qu'au sortir du sommet du millénaire de Septembre 2000 mené sous
la houlette du PNUD, la communauté internationale s'était
fixée comme objectif de réduire la pauvreté de
moitié d'ici 2015. La principale stratégie retenue à
l'époque pour atteindre cet objectif était le
développement du capital humain par le renforcement des capacités
des principaux acteurs au développement et la promotion de la croissance
économique. Cette croissance économique devrait passer par la
mobilisation de ressources vers les secteurs capables de contribuer de
manière forte et soutenue à la réduction de la
pauvreté. L'agriculture avec les nombreuses activités qui
gravitent autour d'elle est l'un des meilleurs secteurs à même de
contribuer à la réalisation de ces objectifs.
En effet l'économie des pays pauvres et de l'Afrique en
particulier est dominée par l'agriculture. Ce secteur occupe plus de la
moitié de la population active et représente plus de 34% du PIB
et 40% des exportations de marchandises des pays d'Afrique
subsaharienne30.
Au Sénégal l'agriculture joue un rôle
prépondérant dans la vie socio-économique. Le secteur
agricole absorbe près de 70 % de la main-d'oeuvre et l'écrasante
majorité des ménages ruraux se consacre à l'agriculture
qui lui procure sa première source de revenu. L'agriculture, en l'an
2000 constituait également 17 % du PIB (Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté - DSRP, 2002).
Malgré tout, le secteur agricole reste confronté
à d'énormes difficultés qui l'empêchent d'assurer
convenablement sa mission. En effet d'une part, l'agriculture nourrit de moins
en moins la population car les productions deviennent de plus en plus
déficitaires et d'autre part l'élevage connaît des
difficultés qui ne permettent pas au troupeau d'être aussi
productif.
Ces difficultés sont apparues pour la plupart d'entres
elles à la suite de la sécheresse des années 70 mais ont
été amplifiées par d'autres facteurs qui différent
d'une région agroécologique à une autre.
30 Pierre Debouvry : Les enjeux de
la formation professionnelle agricole rurale en Afrique de l'ouest
francophone
Dans la région nord du Sénégal (Louga,
Matam et Saint Louis) se trouve l'une des plus importantes zones
agro-écologique du pays où élevage et agriculture
constituent les principales activités économiques. Cette zone
appelée Ferlo a connu dans son histoire deux grands moments qui ont
fondamentalement modifié son paysage et son économie. En effet,
le Ferlo jadis zone d'éleveurs nomades, voit à la suite des
années 50 avec l'apparition des premiers forages hydrauliques des
populations de sédentariser et du coup s'adonner également
à l'agriculture pluviale. Cette dynamique sera stoppée à
partir des années 70 avec le début des sécheresses
successives qui vont ôter à ce milieu presque toute sa population
et ainsi appauvrir le secteur agricole (agriculture et élevage).
Par ailleurs, située dans le Proche Jééri
donc en étroite relation avec le Walo, notre zone d'étude, avec
l'importance de l'élevage et de l'agriculture se trouve être l'une
des plus agricoles de tout le Ferlo. Malheureusement, plusieurs facteurs
concourent depuis quelques années à la fragilisation de ces
secteurs d'activités qui sont d'une grande importance car occupant plus
de la moitié de la population locale. Parmi ces facteurs, nous avons
:
c La faiblesse et la variabilité de la
pluviométrie : en 20 ans le Ferlo a connu une
dizaine de sécheresses dont les plus grandes sont celles
de 1973, 1983, et 2002 ; c La saturation et la dégradation des
terroirs : plus de 50% des terres de cultures
sont dégradées dans le Proche Jééri
;
c Faible niveau d'instruction des exploitations agricoles qui
peut être un facteur important au conseil agricole et rural; 91,3% des
exploitations n'ont pas le niveau d'éducation du primaire ;
c L'accès difficile au système de crédit
commun à l'agriculture et à l'élevage ;
c Le mode d'élevage essentiellement extensif dans le
Ferlo où l'alimentation du
cheptel est basée sur les pâturages naturels soumis
aux aléas climatiques ;
c La faiblesse de l'investissement public et privé dans
le secteur qui se traduit par
l'insuffisance des infrastructures de base (piste de production,
ouvrage
hydraulique, unité de transformation et de conservation)
;
c L'absence d'une sécurisation foncière pour les
activités pastorales (car l'élevage n'est pas
considéré comme un mode de mise en valeur de la terre par la loi
sur le domaine national) ;
c Le sous équipement et le faible niveau de
technicité des producteurs ; c Les insuffisances dans la politique de
formation des éleveurs.
Malgré toutes ces difficultés qui menacent le
secteur agricole, l'État ne cesse de mener des politiques de
développement en vue de permettre à ce secteur de jouer
pleinement son rôle c'est à dire celui de fer de lance de
l'économie.
Parmi ces politiques et stratégies agricoles, il y a eu
la Nouvelle Politique Agricole (NPA) mise en oeuvre en 1984 et qui avait pour
objectif de réaliser la couverture des besoins céréaliers
à hauteur de 80%. Après cette NPA, dans les années 1990
est survenu le Programme d'Ajustement Sectoriel Agricole (PASA) avec comme
objectifs la recherche de la sécurité alimentaire, du foncier et
la promotion de l'investissement privé. A côté de ces
politiques agricoles, il y'a eu les Lettres de politique du
développement du secteur agricole et de l'élevage qui sont des
cadres institutionnels dressés par l'autorité publique dans le
but de mobiliser des moyens (humains, matériels et administratifs) afin
de promouvoir davantage le développement de ces deux secteurs, ceci en
responsabilisant les différents ministères et les principales
directions concernées par ces secteurs. C'est ainsi que l'État a
eu à mettre sur pied le PSAOP (Programme de Services Agricoles et
d'Appui aux Organisations Paysannes). Celui-ci devrait permettre de mieux
rentabiliser le secteur de l'élevage par la formation des
éleveurs et l'équipement des zones pastorales entre autres le
Ferlo.
Ces différentes politiques et stratégies agricoles
(marquées par un désengagement de l'État,
privatisation et/ou restructuration des entreprises publiques
et parapubliques, responsabilisation des agriculteurs, libéralisation
des prix et des marchés, décentralisation, incitation à
l'investissement privé en milieu rural) n'ont pas permis d'enrayer le
déficit de la balance commerciale des produits alimentaires et de
réduire la pauvreté dans la zone agro-sylvo-pastorale.
Ainsi donc malgré toutes les politiques
élaborées par l'État dans le développement du
secteur agricole , le monde rural et en particulier la zone
agro-sylvo-pastorale du Ferlo reste caractérisée par une petite
agriculture pratiquée sous pluie et un élevage extensif peu
structuré. Toutes ces deux activités souffrent d'énormes
contraintes dont la non moins importante est le faible niveau d'instruction et
de formation des différents producteurs.
Ayant tiré une bonne leçon des échecs de
ces différentes politiques et mesures, l'État par
l'intermédiaire de la Loi Agro-sylvo-pastorale (LOASP) a
élaboré une nouvelle vision du développement du secteur
agricole. Celle-ci est clairement définie dés le préambule
de cette loi « les orientations du secteur agricole portent sur la
création d'un environnement attractif et incitatif en milieu rural qui
vise la transformation de l'agriculture familiale en appuyant la promotion de
l'exploitation agricole familiale par le passage de systèmes extensifs
de production à des systèmes intensifiés,
diversifiés, durables et respectueux des ressources naturelles ; elles
visent aussi à favoriser l'émergence d'un entreprenariat agricole
et rural >>. Pour ce faire, le développement agro-sylvo-pastorale
passe par une stratégie de diversification des productions agricoles,
l'augmentation de la productivité et de la compétitivité
des exploitations agricoles sur une base durable, avec comme mesure
d'accompagnement, le développement d'une économie non agricole en
milieu rural >>31. Cette nouvelle orientation de la politique
agricole est axée sur l'investissement humain. C'est ainsi qu'à
travers cette même loi, on note que l'État met l'accent sur la
formation des acteurs du secteur agricole : « L'éducation,
l'alphabétisation et la formation constitue des leviers
stratégiques pour la modernisation de l'agriculture...32
>>. Cette nouvelle approche de l'État lie le développement
de l'agriculture au développement de l'agriculteur par
l'éducation et la formation. C'est dans ce sens que l'Etat a mis sur
pied la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR) pour
améliorer la qualité du capital humain et des exploitations
agricoles. La SNFAR est un outil de politique agricole élaborée
par l'État et les partenaires au développement en concertation
avec les acteurs du secteur agricole.
La SNFAR et la LOASP sont les derniers actes posés par
les autorités publiques pour améliorer la qualité du
capital humain afin de réussir le développement du monde rural ou
plus particulièrement du secteur agricole.
Toutefois pour ne pas revivre la même situation dans le
Ferlo que lors des précédentes stratégies et politiques de
développement ou de redressement du secteur agricole, l'État
avant de se lancer dans une quelconque politique d'éducation et de
formation agricole doit d'abord s'investir dans la connaissance des pratiques
paysannes. En effet, comme le
31 Préambule de la LOASP
adoptée par l'assemblée national le 25 Mai 2004
32 Article 62 de la LOASP
dit Pierre-Marie Découdras << une connaissance
plus fine des pratiques paysannes devrait (...) constituer un préalable
nécessaire à la conception et à la mise en oeuvre des
projets de développement, permettant de mieux raisonner les choix
à faire en matière de changement technique et d'action à
entreprendre sur le milieu naturel dont l'appréciation ne peut
être dissociée de celle de la perception qu'en a la
société concernée qui l'utilise »33 .
Cette assertion met en évidence l'importance qu'il faut accorder
à une étude préalable du monde rural ou
précisément des exploitations agricoles notamment de la zone
agro-sylvo-pastorale pour tout projet de développement les concernant et
surtout les projets d'éducation et de formation car comme le souligne
toujours le même auteur << sans développement des
exploitations, il ne saurait y avoir développement agricole ». En
outre, l'analyse des pratiques paysannes permettra de connaître les
véritables besoins des exploitations agricoles dans tous les secteurs du
développement et notamment dans celui de l'éducation et la
formation agricole et de réduire du coup le décalage entre les
offres en formation agricole et les demandes des agriculteurs.
Ainsi, il s'avère plus que nécessaire de
résorber le manque de formation des agriculteurs d'une part et le
déficit d'éducation au sein des exploitations agricoles d'autre
part mais tout ceci dans le cadre d'une concertation avec ces populations car
<< il faut préparer l'ensemble des populations rurales à
être les acteurs de leur propre développement, à prendre en
charge leur avenir et à se constituer en partenaires et interlocuteurs
des différents agents économiques »34.
Pour cela, il nous faut s'interroger sur les demandes des
exploitations agricoles en matière d'éducation et de formation en
vue d'y apporter des solutions de façon homogène et non
disparate. Sachant déjà qu'en 1982 la Banque Mondiale estimait
que les agriculteurs et les travailleurs indépendants ont une
contribution économique plus grande s'ils sont instruits35.
Il urge de réfléchir donc sur une politique de formation et
d'éducation des agriculteurs basées sur leurs propres demandes et
non sur des programmes réfléchis depuis les bureaux des services
étatiques ou des bailleurs de fonds.
33 Découdras Pierre-Marie :
A la recherche des logiques paysannes, Editions Karthala 1997
34 Debouvry Pierre : Demain le
paysan, enfin protagoniste de son développement ?
35 Rapport Banque Mondiale de 1982
intitulait : Le développement accéléré en Afrique
au Sud du Sahara ; programme indicatif d'action
Par ailleurs selon la théorie du capital humain «
l'éducation et la formation sont considérés comme des
investissements que l'individu effectue rationnellement en vue de la
constitution d'un capital productif inséparable de sa personne ».
Dés lors, on ne peut faire une étude sur l'éducation et la
formation en milieu rural sans connaître les perceptions et les logiques
de l'agriculteur en matière d'éducation et de formation d'une
part et le lien qui existe entre cette perception et les revenus de
l'agriculteur d'autre part. Ceci est d'autant plus important dans le Ferlo
où les populations sont très nomades et très
méfiantes sur tout ce qui concerne l'éducation et la formation.
Autrement dit, pour une recherche plus approfondie de cette
problématique, il est nécessaire de ne pas se limiter à
une étude de l'impact de l'éducation et de la formation dans le
secteur agricole mais d'aller jusqu'au bout des logiques paysannes,
c'est-à-dire expliquer la relation qui existe entre le niveau de revenu
des exploitants agricoles et le niveau de formation et d'éducation de
ces derniers. Cependant le niveau de revenu ne saurait à lui seul
expliquer les comportements des exploitations agricoles en matière
d'éducation et de formation. En effet il est important d'y associer
l'aspect sociologique car cette zone à majorité peul est une zone
de forte transhumance car les peuls le plus souvent ne font que suivre
l'évolution du pâturage. Lors de ces transhumances, ces
populations se déplacent avec toute leur famille et donc avec leurs
enfants qu'ils retirent tout bonnement du système éducatif. Ainsi
s'il est important de connaître la relation entre le faible niveau
d'étude et de formation et les niveaux de revenu des exploitations
agricoles de la zone du Ferlo, il est impératif de faire une
étude sociologique en amont pour bien comprendre les pratiques des
exploitations.
C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude
commanditée par le Bureau de Formation Agricole Professionnelle (BFPA)
exécuté parle le Centre Nationale d'Eude des Régions
Chaudes (CNEARC) et l'École Nationale d'Économie Appliquée
(ENEA) avec l'appui technique du Projet d'Autopromotion du Pastoralisme dans le
Ferlo (PAPF). Dans le but de bien étudier ce thème, notre
mémoire se fixe les objectifs suivants :
Question de recherche :
Le niveau de revenu des exploitations agricoles de l'Unité
Pastorale de Bélél Bogal joue t-il un rôle dans leurs choix
en matière d'éducation et de formation ?
Pour aboutir à la réponse de cette question de
recherche, il nous faut trouver d'abord des réponses à ces
interrogations :
c Quelles sont les différentes activités agricoles
des exploitations agricoles de l'unité pastorale de Bélél
Bogal ?
c Quels sont les revenus de ces exploitations agricoles ?
c Quelles sont les préoccupations de ces exploitations
agricoles en matière d'éducation et de formation ?
Objectif général :
Évaluer les revenus des agriculteurs de l'unité
pastorale de Bélél Bogal, leurs demandes de formation et
d'éducation et leurs capacités contributives.
Objectif spécifique 1 :
Connaître les niveaux de revenus agricoles, et surtout
pouvoir les mettre en relation avec différentes catégories
d'exploitations, selon leur dotation en facteurs de productions et la
combinaison d'activités pratiquées;
Objectif spécifique 2 :
Comparer ces niveaux de revenus aux besoins vitaux et sociaux et
à d'autres revenus hors agricoles éventuellement;
Objectif spécifique 3 :
Déterminer les coûts directs et indirects de
l'éducation et de la formation en fonction des revenus
générés par l'agriculture ;
Objectif spécifique 4 :
Analyser la demande d'éducation et de formation des
exploitations agricoles en fonction de leurs capacités contributives.
CHAPITRE IV : Cadre de l'étude
1-1/ Présentation de la zone
d'étude
La communauté rurale de Fanaye Jééri qui
englobe l'UP de Bélél Bogal se trouve sur l'axe St Louis Matam
à 15km de Thillé Boubacar, chef lieu d'arrondissement et à
70 km de Podor. Limité à l'Est par la CR de Ndiayéne
Pendao, à l'Ouest par la CR de Gaye (Dagana) au Nord par le fleuve
Sénégal et au Sud par le département de
Linguère.
L'UP de Bélél Bogal se trouve à 13 km du
siége de la CR et couvre une superficie de plus de 225km2
occupée par une dizaine de campements peuls situés à
l'intérieur du Jééri. L'UP pastorale est reliée au
reste de la CR par un vaste réseau de pistes qu'empruntent les
charrettes et les pick-up qui font office de moyens de transport notamment pour
l'acheminement dans les marchés hebdomadaires.
Unité pastorale de Bélél Bogal
22
Carte n°1 : Localisation de la zone
sylvo-pastorale et de l'UP de Bélél Bogal
1-2 Milieu physique :
1-2-1 Le relief et les sols :
L'UP de Bélél Bogal est à cheval sur deux
écosystèmes ce qui permet de distinguer un relief
différent selon qu'on soit dans la zone du Walo ou du
Jééri.
- Le Jééri qui est la zone la plus importante de
la CR (plus de 80% de la superficie) est caractérisé par un sol
dior et caillouteux ça et là notamment sur les céno ou
plateaux avec une végétation à steppe graminée
dominée par le Boscia senegalensis et le calotropis
procera. A côté de ces céno, nous notons l'existence
de plusieurs dépressions qui rendent le relief un peu accidenté.
Ces dépressions ou Changool sont des zones sablo-argileuses humides avec
une végétation assez importante. Par ailleurs, ces
dépressions jouent un rôle très important dans la vie des
populations car elles constituent de grands points d'eau temporaire pendant
l'hivernage.
Sol limono-sableux Sol très
drainant Faible nombre de mares Prédominance
graminée Faible densité arbres
Sol argileux Forte retenue d'eau Grande
concentration de mares Prédominance
légumineuses/graminées
Forte densité arbres
Feuillus (type combretum) Epineux (type
acacia et
balanites)
Arbustes (type bocia et calotropis)
Céno:
E
Harmattan (E/NE)
S
N
O
Écoulement des eaux
concentration en argile
Changool: bas fonds
Schéma n°1 : Type de relief dans le
Jééri :
Hadar des pkies (en nen)
250
200
350
300
150
100
50
0
1970
1973
1976
Diagramme ombrothermique
1979
1932
1935
Années
1938
1991
1994
1997
2CCO
2003
2CC6
25
20
5
0
30
15
10
Nombre de jags de pkie
Hauteur de pluie en mm Nombre de jours de pluies
- Dans le Walo, nous avons deux systèmes
écologiques qui composent le milieu. Il s'agit des hollaldé qui
sont des parties basses ou cuvettes naturelles représentées par
des terres facilement inondables en période de crue et les
fondés, bourrelets sablo-argileux légèrement
surélevés donc difficilement inondables même en
période de forte crue. Ce sont ces terres qui reçoivent les
aménagements hydroagricoles pour la culture de riz et de la tomate. Dans
cette partie de la zone d'étude, les sols sont alluvionnaires, argileux
et hydromorphes avec un relief relativement plat.
1-2-2 Le climat :
On note deux (02) principales saisons : une saison pluvieuse
relativement courte de 03 à 04 mois et une saison sèche de 08
à 09 mois.
De type sahélien, il est caractérisé par
une présence permanente de l'harmattan soufflant Nord Est durant toute
la saison sèche. Des vents de sables sont très fréquents
durant cette période. Des températures très
élevées au cours de l'année avec des maxima de 45° et
des minima de 22°en Novembre et Décembre ce qui offre à la
zone un ensoleillement presque annuel.
1-2-3 La pluviométrie :
L'unité pastorale est comprise entre les isohyètes
200 à 300mm et depuis 1970 ce sont ces quantités
pluviométriques qui ont été enregistrés.
Graphique1-1 : Diagramme
ombrothermique
Situé dans la zone septentrionale du Ferlo,
l'unité pastorale de Bélél Bogal est marquée par un
déficit quasi permanent de la pluviométrie. C'est ainsi que nous
constatons dans ce graphique de la pluviométrie de cette zone depuis
1970, une variation des quantités de pluies entre les saisons ce qui
explique le fait que cette zone constitue la partie la plus sèche du
sahel sénégalais.
Toutefois, ces trois dernières années, cette
région du Ferlo connaît un retour de la pluviométrie avec
des isohyètes qui varient entre 200 et 300mm.
1-2-4 Les ressources en eau :
Grâce à une diversité de son relief et de
son écosystème, l'UP de Bélél Bogal dispose de
plusieurs ressources en eau (naturelles et artificielles) qui
disséminées un peu partout dans l'aire du forage ce qui lui
procure beaucoup de potentialités.
Les mares temporaires : elles sont le résultat du
remplissage après chaque hivernage des bas-fonds ou dépressions
situés dans le Jééri. En plus d'être les lieux
d'abreuvement des animaux pendant tout l'hivernage, elles constituent
également les sources de consommation en eau des populations pendant
près de quatre (04) mois dans l'année.
Le fleuve Sénégal, situé à 15km de
l'UP, joue un rôle important dans la vie des agriculteurs et des
éleveurs. Pour les agriculteurs, il permet de pratiquer la culture
irriguée grâce aux aménagements de la SAED tandis que pour
les éleveurs, il constitue une zone de repli après l'hivernage
où le cheptel s'abreuve et profite de la vaine pâture issue des
parcelles de cultures.
Par ailleurs, sur le plan hydrologique Bélél
Bogal dispose d'une importante nappe maestrichienne qui dispose d'une
importante potentialité hydrique. C'est d'ailleurs dans cette nappe que
l'eau du forage est pompée à travers le maestrichtien
situé à près de 80m dans le sol.
1-2-5 La végétation :
Dans l'UP de Bélél Bogal, les espèces
végétales les plus importantes se retrouvent sur le tapis
herbacé, il s'agit le plus souvent de : Cenchrus biflorus, Chloris
prieurii, Schoenfeldia gracilis, Aristida mutabilis, Zornia glochidiata et
le Borreria radiata.
Au niveau des mares d'hivernage plusieurs espèces
ligneuses sont rencontrées. Il s'agit notamment des espèces comme
Acacia senegal, Boscia senegalensis, Balanites aegyptiaca, Combretum
alutinosum, Acacia raddiana et sclerocarya.
Par ailleurs, il est important de savoir que la plupart de ces
espèces végétales surtout les herbacées sont
présentes au maximum huit (08) mois dans l'année tout en sachant
que cela peut être modifié par les feux de brousse.
1-3- Le milieu humain :
En se basant sur le dernier recensement démographique
de 2002, l'UP de Bélél Bogal compte 2000 habitants
majoritairement peuls répartis dans une dizaine de campements. Cette
partie de la CR de Fanaye tout en étant l'une des plus importantes de
part sa superficie demeure néanmoins la moins habitée.
Sur le plan socio-réligieux, l'UP est essentiellement
composée de populations musulmanes essentiellement peuls est le
siège du forage qui abrite le village de Bélél Bogal est
le lieu d'habitatio n d'un grand marabout qui est la personne la plus influente
de toute la zone.
L'habitat est dans son ensemble marqué par la culture
peul. En effet, l'architecture des cases traditionnelles de cette ethnie
constitue le type d'habitat de la zone. Cependant, les constructions en dur
commencent à faire partie du décor mais ceci dans les campements
permanents.
1-4/ La stratégie de gestion et d'occupation de
l'espace dans l'unité pastorale :
Pour faire une étude de la stratégie
d'occupation de l'espace dans l'aire d'influence du forage de
Bélél Bogal, véritable zone pastorale, il est important de
faire une analyse rétrospective pour comprendre l'évolution de
cette stratégie.
1-4-1/ Gestion et occupation ancienne de l'espace
:
Dans le Ferlo, le mode d'occupation de l'espace et le
système d'exploitation des ressources obéissaient à des
règles connues et acceptées par l'ensemble des usagers. En effet,
l'espace était structuré en leydi correspondant à
des terroirs agro-pastoraux sous le contrôle des différents
groupes humains intervenant dans la région.
Ces leydi s'étiraient perpendiculairement au
fleuve et se prolongeaient jusque dans l'arrière-pays, formant ainsi de
véritables couloirs de transhumance bordés au nord par les terres
de culture de décrue et au sud par le réseau des mares qui
constitue la trame
foncière. Chaque communauté de pasteurs jouissait
de droits prioritaires sur les ressources disponibles dans l'espace de son
leydi.
Par contre dans le Jééri, la
structuration traditionnelle de l'espace se fondait sur la distinction entre
les zones dites fey qui correspondait aux meilleures terres de
parcours faisant l'objet d'une appropriation stricte et les zones dites
ladde qui sont vacantes et correspondant à l'espace
interstitiel entre les différents fey36 Les zones
fey se subdivisent en plusieurs secteurs (hurum) qui forment
autant de terroirs rattachés aux campements d'hivernage. Le hurum
désigne à la fois l'espace sur lequel s'exerce
l'autorité du campement et les règles qui régissent
l'exploitation des ressources qui y sont disponibles. Les hurum
appartenant à une même zone fey sont contigus,
réalisant ainsi un maillage dont la densité est telle que la
totalité de l'espace utile se trouve accaparée37.
L'occupation et l'utilisation de l'espace font l'objet d'un contrôle
collectif engageant également la responsabilité de tous les
usagers dans la gestion des problèmes fonciers.
1-4-2/ Gestion et occupation actuelle de l'espace
:
Le système d'aménagement et le mode de
distribution spatiale des activités et des hommes sont largement
déterminés par le forage autour duquel est structuré
l'unité pastorale. C'est sur cette entité que repose toute la
stratégie d'occupation et de gestion de l'espace dans le Ferlo. L'UP
regroupe l'ensemble des villages polarisés par le forage pastoral et qui
acceptent d'unir leurs efforts pour prendre en main la gestion durable de leurs
différents terroirs d'attache dont l'histoire est constitutif de
l'unité pastorale.
Comme partout ailleurs dans le Ferlo, la création du
forage de Bélél Bogal a contribué à modifier les
modes de gestion de l'espace pastoral. Une tendance à la
sédentarisation se dessine dans toute la zone avec des mouvements de
transhumance d'une partie de la famille constituant l'exploitation agricole.
Le forage est devenu de nos jours un véritable
pôle d'attraction autour duquel s'organisent les principales
activités économiques. Il a fait naître une nouvelle forme
d'occupation du sol, centrées dans les aires d'influence du forage dont
le rayon tourne autour de 15km, ce qui fait une superficie de 70.000ha.
36 Grosmaire
1957.
37
Ibidem
L'habitat est dispersé ; il est constitué d'un
semis de campements à l'intérieur de l'unité pastorale. Le
campement est constitué d'un ou plusieurs ménages qui
répondent le plus souvent d'un patriarche. Cet habitat est
composé essentiellement de cases en paille, mais de plus en plus, les
populations commencent à construire en dur, ce qui est un
véritable signe de fixation.
Par ailleurs, les campements sont toujours localisés
à proximité d'un point d'eau c'est-àdire d'une mare
d'hivernage. En effet de nos jours, la véritable problématique
dans le Ferlo et notamment dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal reste liée à l'eau. C'est ainsi que tous les campements
situés sous l'aire d'influence du forage sont tous liés à
une mare remplie en saison des pluies. Chaque campement dispose d'un droit
prioritaire sur la mare d'hivernage voisin de son campement, toutefois ceci
n'empêche pas d'autres populations d'utiliser cette mare en cas de
besoin.
1-5/ La dynamique organisationnelle :
Avec la nouvelle structuration de la zone d'influence du
forage, l'UP constitue l'épicentre de toutes les activités des
différents campements gravitant autour de cet équipement
hydraulique. C'est ainsi que la gestion de toutes les ressources de al
localité est sous placée sous la surveillance stricte du
comité de l'unité pastorale. En effet que ce soit les ressources
en eau avec l'ASUFOR, les pâturages et les ressources
végétales avec les comités de lutte contre les feux de
brousse, toutes ces activités sont coordonnées par l'UP. Elle
définit les règles d'usage des espaces et les vocations à
leur conférer (habitations, aire de pâturage, calendrier
d'utilisation des pâturages, règles de conduite des troupeaux
etc.)38.
Par ailleurs, l'association des Usagers du Forage (ASUFOR) est
la structure de gestion du forage. Ces membres sont élus par les
différents campements constitutifs de l'UP. La supervision du processus
de mise en place de l'ASUFOR est assurée par l'UP qui coordonne
également les activités de formation notamment
d'alphabétisation.
En ce qui concerne les activités de culture
irriguée au Walo, tous les producteurs sont regroupés dans des
groupements d'intérêts économiques (GIE). Ce qui permet
à ces producteurs d'exploiter les périmètres
irrigués d'une manière beaucoup plus efficiente. En effet, les
GIE des producteurs sont dirigés par un président élu pour
deux ans
38 Rapport de la mission de
prospection de Mme Véronique et M. Timéra
renouvelables et d'un trésorier. Ce sont les GIE qui au
début de chaque campagne agricole loue les engins et les tracteurs
nécessaires à la préparation du sol mais aussi ce sont les
GIE qui organisent l'utilisation de l'eau avec les agents de la SAED.
CHAPITREV : Méthodologie utilisée
Comme dans tout travail de recherche, il est important
d'adopter une méthodologie cohérente en vue d'avoir les bonnes
informations nécessaires pour élaborer ses conclusions. Cette
méthodologie couvre à la fois la démarche utilisée
pour recueillir les informations, les techniques d'enquêtes et les
techniques de traitement de l'ensemble de ces données.
5-1/La revue bibliographique :
La recherche bibliographique a été la
première étape de notre travail dés l'identification de
notre thème de recherche.
Cette phase de notre mémoire nous a mené dans
plusieurs centres de documentation et bibliothèques. C'est ainsi que
plusieurs oeuvres, mémoires, revues, articles et publications portant
sur les logiques pastorales et agricoles mais aussi sur les pratiques
d'éducation et de formation en milieu rural ont été
écrits sans oublier les lectures faites sur l'histoire du Ferlo. Cette
recherche bibliographique a été menée dans les
bibliothèques de l'ENEA (et notamment celle du département
ATEGU), de l'UCAD, de l'IFAN et de manière plus importante au niveau de
la bibliothèque du PAPF à Saint Louis où des visites ont
été faites tout au long de la phase terrain.
5-2/La démarche méthodologique
:
Le diagnostic agraire est avant tout un travail de terrain.
Son objectif est de comprendre les réalités paysannes de la zone
d'étude, les analyser à la fois dans une dynamique historique et
dans un contexte macroéconomique global et enfin d'émettre des
hypothèses argumentées sur les perspectives d'évolution.
En effet, ces différents niveaux d'analyse nous permettront de
comprendre les interactions entre tous les éléments qui composent
la réalité étudiée. Afin d'appréhender cette
réalité complexe, le diagnostic s'appuie sur les concepts fondant
l'analyse systémique.
Un travail en binôme. Cette
étude est le fruit d'un travail à deux. En effet, durant tout le
travail de terrain, un étudiant français du CNEARC et un
étudiant sénégalais de l'ENEA ont travaillé
conjointement. L'échange continu entre deux personnes ayant des
sensibilités, un parcours et une approche de la campagne
sénégalaise différents nous ont permis de garder
constamment un oeil critique sur le travail.
? Analyse du paysage agraire, cette partie
consiste à observer le milieu dans lequel nous
travaillons c'est-à-dire bien observer la région d'étude
et par ricochet les activités qu'on y pratique. Cette observation du
paysage a pour objectif de nous permettre de comprendre et d'expliquer la
manière dont les agriculteurs (au sens large) exploitent leur milieu
c'est-à-dire mettre en évidence les éléments
d'ordre agro-écologique puis technique et socio-économique qui
contribuent à expliquer le mode actuel d'exploitation du
milieu39.
? Analyse de l'histoire agraire, cette phase
permet de saisir l'ensemble des évolutions qui ont affecté la
région à travers les différentes étapes que le
milieu a connues ceci avec une vision sur le plan macro et micro
c'est-à-dire voir l'évolution du milieu par rapport aux
évènements qui l'ont marqué.
Cette analyse de l'histoire agraire a été
conduite grâce aux entretiens de compréhension que nous avons eus
avec les personnes ressources de la zone notamment les personnes
âgées témoins de ces éventuelles évolutions.
Dans cette partie l'ensemble des pratiques des agriculteurs en matière
agricole et pastorale a été étudié ceci nous a
permis d'aboutir à une typologie des différentes exploitations
agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal.
C'est à la suite de cette typologie des exploitations que nous
avons choisi les exploitations à suivre ceci grâce à un
échantillonnage raisonné. Ce choix a porté sur les
exploitations de chaque type identifié à la suite. L'étude
des systèmes de culture et d'élevage a été
également mené au niveau de ces exploitations ce qui nous a
permis d'aboutir à l'interprétation de la demande
d'éducation et de formation.
5-3/ Les outils de collecte de l'information
Il s'agit essentiellement de l'observation directe, des
entretiens de compréhension et des guides de l'analyse de l'histoire
agraire. Ces outils nous ont permis d'identifier les différentes
catégories d'exploitations qui existent dans l'unité pastorale
grâce à l'analyse du paysage et de l'histoire agraire. C'est sur
ces exploitations qu'a porté l'évaluation des revenus des
agriculteurs à travers l'analyse des systèmes de cultures, des
systèmes d'élevage et des systèmes de production. En ce
qui concerne l'analyse des demandes de formation et d'éducation des
agriculteurs et l'estimation de leurs capacités contributives, les
enquêtes ont concerné des exploitations déjà
interrogées dans les premières parties du
39 Ibidem
travail et d'autres qui ne l'étaient pas mais à
chaque fois la catégorie d'appartenance de l'exploitation a
été rigoureusement respectée pour les parties concernant
d'une part les techniques culturales et pastorales et d'autre part les demandes
d'éducation et de formation.
5-3-1/L'observation
C'est une méthode de collecte d'information fiable, simple
et facile à interpréter. Elle nous a permis de mieux comprendre
le paysage de l'unité pastorale.
L'observation a été une phase de collecte
d'informations très importantes notamment sur l'état des
ressources, les logiques pastorales, la gestion du pâturage et du
foncier.
5-3-2/Les entretiens de compréhension
C»est une méthode fondée sur les techniques
de l'entretien semi-direct. Il permet d'analyser les pratiques. Elle s'appuie
sur la conviction que les hommes ne sont pas que de simples agents porteurs de
structure mais des producteurs actifs du social donc des dépositaires
d'un savoir important qu'il s'agit de saisir de l'intérieur par le biais
du système de valeurs des individus. Son but est l'explication
compréhensive du social. Cet outil a été utilisé
pour la compréhension de l'histoire agraire et des préoccupations
en matière d'éducation et de formation.
5-4/Le traitement des données :
Pour le traitement et l'exploitation des données, nous
avons utilisé le logiciel Excel. Ce dernier nous a permis de faire des
tableaux de nos enquêtes zootechniques mais aussi de pouvoir faire
l'évaluation économique et de tracer les courbes pour
l'illustration. L'autre logiciel qui nous aidé dans notre travail est
Arcview3.2a, en effet c'est grâce à ce dernier que nous avons
élaborés l'ensemble des cartes.
5-5/ Les limites de la méthodologie et sur le
terrain
Comme dans tout travail de recherche, un certain nombre de
limites ont subsisté dans cette. Ces limites sont liées à
la méthodologie et sont souvent accompagnées de
difficultés relatives à la quête de l'information sur le
terrain.
5-5-1/ Les limites d'ordre
méthodologique
L'approche diagnostic agraire qui est une approche
systémique que nous avons utilisée pour l'élaboration
de ce mémoire consiste à observer le milieu sur lequel on
évolue dans le but de comprendre toutes les dynamiques. Autrement
dit, cette approche est une
initiation a la compréhension des pratiques paysannes
et a pour finalité d'aboutir a une connaissance plus fine des pratiques
paysannes et non d'aboutir a des propositions de plans de développement
destinés a un quelconque acteur.
De ce fait notre travail contrairement aux autres
mémoires produites avec la méthodologie enseignée et
préconisée a l'ENEA ne comportera pas de recommandations. Ce
choix fait a dessein est la suite logique de la méthodologie
utilisée pour mener a bien ce travail. En effet, sachant que les
recommandations sont des propositions faites a partir des potentialités
et des contraintes identifiées et analysées au cours de
l'étude menée sur le terrain, elles font donc appel a des
orientations d'ordre général sous forme de stratégies
justifiées a travers le diagnostic décrit tout au long du
mémoire. Toutes ces exigences des recommandations n'ont pas des
articulations dans notre méthodologie ce qui nous amène a opter
de manière objective a ne pas faire cette partie liée aux
recommandations.
Toutefois a la lumière des préoccupations
soulevées par les exploitations agricoles, il nous a semblé
nécessaire de faire des propositions d'orientations a travers les propos
recueillis au niveau des exploitations.
5-5-2 Les limites et difficultés
rencontrées sur le terrain
Sur le terrain, un certain nombre de difficultés a ralenti
notre travail, ce qui nous a conduit a remplacer des phases essentielles par
d'autres assez approximatives.
En ce qui concerne les difficultés, il s'agit notamment
de la période de stage qui n'est pas vraiment propice pour recueillir
l'ensemble des informations pour une telle recherche surtout quand celle-ci est
tournée vers les éleveurs. En effet la période de stage
est intervenue au moment où la plupart des éleveurs sont partis
en transhumance ce qui nous a amené a faire les enquêtes sur trois
unités pastorales, car étant obligé de suivre ces
éleveurs dans leurs mouvements de transhumance. Par ailleurs, le fait de
devoir transhumer n'est pas une mauvaise chose en soi car la transhumance nous
permet de mieux connaître les pratiques des pasteurs de
cete partie du Ferlo. Cependant vu que la méthodologie
proposée par le diagnostic agraire est basée sur une approche
systémique qui est une approche itérative, les nombreux
déplacements ne permettaient pas de retourner sur le milieu de
l'étude pour vérifier ou revoir certains points dans le but de
bien comprendre l'histoire agraire de l'unité pastorale.
Cette transhumance nous a conduit dans l'impossibilité
de réaliser la dernière partie de notre méthodologie et
qui devait constituer l'épilogue de notre diagnostic agraire. En effet
notre étude devait prendre fin sur une validation de notre recherche
passée dans l'unité pastorale pendant plus de trois mois. La
validation devait avoir lieu au cours d'une séance de restitution des
résultats aux agriculteurs mais à cause d'une part des
déplacements entre forages et d'autre part de la situation de la zone en
ce moment cette séance de restitution avec les populations n'a pas eu
lieu.
Pour autant, cela ne nous a pas empêché d'obtenir
au moins une validation de notre travail même si ce fut d'une
manière très individuelle et réduite. En effet nous avons
opté dès que le problème s'est posé de faire
valider notre travail par les personnes ressources de l'unité pastorale
à travers des rencontres individuelles ou des rencontres par
binôme.
5-5-3 : Les restitutions :
Même si la restitution des résultats aux populations
n'a pas pu se faire, cette étude a connu dans sa phase d'application
trois restitutions.
En effet deux restitutions ont eu lieu au niveau de l'antenne
du PAPF à Widou Thiengholy (Département de Linguère) et
ont regroupé à chaque fois une équipe pédagogique
(composée d'enseignants de l'ENEA et du CNEARC) et une équipe du
PAPF (composée du coordonnateur, de l'expert technique, d'un consultant
et des agents technique du PAPF). Ces deux restitutions nous ont permis de
recadrer l'étude grâce aux éclaircissements de
l'équipe pédagogique.
La dernière restitution s'est tenue à Dakar au
niveau de l'ENEA le 13 Août 2007 et a regroupé le bureau du BFPA
(qui a commandité le travail), le PAPF et l'ensemble des professeurs de
l'ENEA et des autres structures qui ont participé à ce projet.
CHAPITRE VI : Analyse de l'histoire agraire
L'histoire agraire de l'unité pastorale de
Bélél Bogal peut être étudiée en quatre
grandes périodes que sont :
6-1/ Avant l'avènement du forage dans les
années 70 :
Pendant cette période, cette partie du Ferlo est une
véritable zone à vocation agricole avec des populations qui
pratiquent cette activité presque toute l'année, cependant
celle-ci était associée à une activité
d'élevage extensif. En effet avant le forage dés les
premières pluies d'hivernage les populations rejoignaient le
Jééri à côté de leur campement d'hivernage
« rumano » pour s'adonner à l'agriculture pluviale. Cette
culture pluviale était surtout destinée à
l'autoconsommation avec des spéculations comme le mil qu'on cultivait en
poquet au bâton fouisseur en association avec le niébé et
le béréf. Lors des travaux champêtres, les hommes
creusaient les trous tandis que les femmes effectuaient les semis. Les
activités de préparation du sol tournaient autour du
désherbage avant les semis et le sarclo-binage intervenait après
la deuxième pluie.
En ce qui concerne les activités pastorales, lors de
l'hivernage tout tournait autour du rumano toujours installé à
proximité des mares temporaires. Pendant cette période,
l'abreuvement des animaux se faisait dans ces mares et les zones de
pâturage étaient autour du campement sur un rayon de moins de 5km,
à l'écart des champs de culture. Le troupeau était
composé de bovins, ovins et caprins avec une prédominance d'ovins
et de caprins. Le troupeau restait dans cette partie du Jééri
jusqu'à la fin de l'hivernage voire parfois plus longtemps. En effet,
comme le dit Barral « c'est l'assèchement des mares d'hivernage
dans le Ferlo en début ou fin de saison sèche fraîche
(dabbundé) selon les années qui donnait le signal du
départ vers la vallée (Walo) et les peuls y demeuraient
généralement jusqu'à la saison appelée
(pétodji) c'est à dire la période des premières
pluies de l'hivernage suivant ». Lors de ce mouvement vers la
vallée, il se trouve qu'une partie de la famille est déjà
partie en transhumance pour commencer les travaux de culture. La culture de
décrue dans le Walo était composée principalement de
sorgho et c'était les hommes qui se chargeaient de creuser les trous
tandis que les femmes effectuaient les semis et l'arrangement des trous.
C'était à la suite des semis que le sarclage intervenait et on ne
le faisait qu'une fois.
La récolte de ce sorgho avait lieu trois mois
après les semis. Pendant cette récolte, les hommes s'occupaient
de couper les tiges au moment où les femmes ramassaient ces tiges
qu'elles mettaient dans des sacs.
Pour éviter que les troupeaux ne nuisent aux cultures
des toucouleurs et des peuls, certains animaux étaient gardés par
des bergers adultes jusqu'à la récolte au mois d'Avril tandis que
d'autres traversaient le fleuve dés que le niveau le permettait vers
l'autre rive de la Mauritanie (jusqu'au Lac R'Kiz).
L'achèvement de la récolte des cultures de
décrue était suivi par le « niangal » c'est à
dire de la vaine pâture sur les terrains de cultures pour permettre aux
animaux de consommer les tiges des systèmes foliaires du sorgho sous
forme de fourrage vert.
Le séjour dans le Walo prenait fin dés les
premières pluies au Ferlo et chaque groupe retournait vers son campement
qu'il retrouvait chaque année ainsi que son champ de mil. A cette
époque, à travers le système agraire de la zone de
Bélél Bogal, on ne distinguait que trois catégories
d'exploitations agricoles. Il s'agit d'abord des grandes exploitations
possédant des salariés avec un important troupeau dominé
par les bovins. Ce groupe composé des soumenaabés, des
wodaabés et des tooroodos était également de grands
agriculteurs avec des cultures pluviales pratiquées dans le
Jééri et des cultures de décrue concentrées dans le
Walo. Ensuite, nous avons la catégorie des moyennes exploitations
familiales qui étaient tout comme les premiers des agropasteurs avec un
troupeau composé de bovins compris entre 10 à 50 têtes et
quelques ovins et caprins. Dans cette catégorie, on ne retrouvait que
des soumenaabés et des wodaabés.
Enfin, nous avons les petites exploitations familiales qui
regroupaient également des soumenaabés et des wodaabés.
Ces derniers étaient de petits éleveurs avec seulement de petits
ruminants comme animaux. Ils pratiquaient l'agriculture pluviale et la culture
de décrue, elles sont par ailleurs à ces époques les plus
attachées à l'agriculture.
Pendant cette période d'avant forage, toutes les
catégories d'exploitations transhumaient vers le Walo. Pour les deux
premières catégories, afin de bénéficier des
cultures de décrue et du pâturage pour leur troupeau tandis que
pour la dernière catégorie c'était pour d'une part
disposer des terres de cultures et d'autre part pour obtenir du lait
auprès des grandes exploitations.
Ainsi grâce à l'agriculture pratiquée
toute l'année et aux bonnes conditions climatiques, nous pouvons dire,
tout comme le note Barral, que le système pastoral pratiqué par
les peuls réalisait le tour de force en milieu sahélien d'assurer
au bétail pâturage vert et abreuvement quotidien toute
l'année. Ceci est confirmé par les propos d'un berger qui disait
<< en ce temps, nos animaux buvaient tous les jours toute l'année
et ne connaissaient pas la paille ».
6-2 / La décennie 70-80, la période des
grandes mutations :
Vers la fin des années 60, le Ferlo est marqué
par une diminution de la pluviométrie et le fleuve Sénégal
connaît de moins en moins de crues alors que c'est grâce à
celles-ci que la population s'adonnait à l'activité agricole au
Walo. C'est dans ce climat de déficit pluviométrique que
s'amorcera les années 70 avec comme principal effet la grande
sécheresse de 72-73 caractérisée par les populations comme
l'année de la << grande catastrophe ». Cette
sécheresse dont les conséquences ont été
immédiates avec la mort d'une grande partie du cheptel provoquant ainsi
des famines et l'abandon progressif de l'agriculture pluviale jadis importante
activité dans le Jééri.
A partir des années 70, le fleuve Sénégal
dont les crues permettaient aux peuls de s'adonner aux activités
agricoles de décrue voit à cause des déficits
pluviométriques son niveau baisser. Ces déficits
pluviométriques après avoir amorcé la fin de l'agriculture
pluviale au Jééri vont jouer un rôle important dans le
devenir des activités agricoles au Walo. C'est en effet avec la baisse
voire la fin des crues du fleuve que l'agriculture de décrue perd un peu
de son intérêt et par ricochet stoppe les transhumances qui
avaient lieu vers la vallée des l'assèchement des mares
d'hivernage du Jééri.
Par ailleurs les années 70 sont marquées par la
construction du forage de l'unité pastorale de Bélél
Bogal. Cet ouvrage a vu le jour presque vingt ans après les premiers
forages construits dans les années 50 notamment celui de Tatki
situé à 20km. Avec la mise en service de ces équipements
dans le Proche Jééri, les populations peuls jadis nomades ont
commencé à se fixer autour des zones d'influence des forages
(généralement sur un rayon de 15km). Dés lors,
commençait une nouvelle pratique dans les logiques des éleveurs
du Ferlo. Ces derniers, habitués à voyager à
l'intérieur du Ferlo et/ou entre le Ferlo et le Walo, se fixent
maintenant autour des forages. Cette nouvelle pratique n'est pas seulement due
à la présence des forages car il s'avère que les peuls ont
abandonné les
transhumances vers le Walo non pas à cause des forages
mais plutôt à cause de l'arrêt des crues du fleuve
Sénégal.
Cette nouvelle pratique des éleveurs à savoir la
fixation autour des forages contribuera fortement dans l'ampleur des
dégâts de la sécheresse. En effet selon les populations,
elles n'étaient pas préparées à une
sécheresse lorsqu'elles se fixaient autour des équipements
hydrauliques car rien ne faisait apparaître l'imminence d'une telle
catastrophe. C'est ce manque de préparation qui a augmenté les
ravages de la sécheresse car on a vu que lors de la sécheresse de
1983, qui était pourtant la plus rude, les éleveurs s'en sont
bien tirés ceci grâce surtout à la complémentation
et aux leçons issues de la précédente sécheresse. A
la suite de cette sécheresse, le cheptel restant est composé de
quelques bovins, d'ovins et de caprins avec toutefois beaucoup plus d'ovins que
de bovins. Le petit ruminant constitue en effet la plus grande partie du
troupeau. Celui-ci était élevé au niveau de l'exploitation
c'est à dire du « gallé » et son abreuvement
était assuré par l'eau rapportée du forage à dos
d'âne.
Au sortir de cette décennie, l'UP qui comptait à
la période précédente trois catégories
d'exploitations se retrouve avec deux catégories car la catégorie
des grandes exploitations disposant de salariés a perdu au cours de la
sécheresse la quasi-totalité de son troupeau et s'est
séparée de sa main d'oeuvre. Pour ainsi constituer la
catégorie des moyennes exploitations familiales, celle-ci
également composée de quelques MEF de la précédente
période ne dispose désormais que d'une dizaine de bovins quelques
ovins et caprins et même si elles ont continué à cultiver
en décrue jusqu'en 1974. Les petites exploitations familiales de la
précédente période n'ont pas évolué durant
cette décennie, elles ont su résister à la
sécheresse à cause de leur faible troupeau. Cependant elles ont
été rejointes dans cette catégorie par quelques familles
qui appartenaient aux moyennes exploitations familiales des années
d'avant forage. Ainsi donc, cette catégorie d'exploitation s'amplifie
dans la décennie 70-80 à côté des moyennes
exploitations familiales.
En conclusion, nous pouvons dire que la décennie 70-80
a été une période de grands bouleversements avec la
construction du forage et la grande sécheresse qui a
décimé tout ou une grande partie du troupeau et diminué
considérablement la pratique de l'agriculture pluviale dans le
Jééri. Ceci a conduit à une recomposition des
exploitations mais aussi à de nouvelles stratégies en vue de
reconstituer rapidement le cheptel. C'est ainsi que des
trois catégories d'exploitations pendant la période
d'avant forage, l'UP s'est retrouvée dans cette décennie avec
deux types d'exploitations.
6-3/ La reconstitution du cheptel dans la décennie
80-90 :
A la suite des années 70, le Ferlo entre dans la
décennie 80-90 avec un début de reconstitution du cheptel. Cette
reconstitution s'est faite rapidement grâce à plusieurs
stratégies élaborées par les populations. En effet,
à la suite de la grande sécheresse de 72- 73, la population du
Jééri dans sa grande majorité a émigré vers
Richard Toll pour trouver du travail auprès de la CSS. C'est ce travail
dans les plantations de cette entreprise qui leur a permis d'acheter d'abord de
petits ruminants notamment d'ovins qui étaient à cette
époque l'animal le plus rentable sur le marché. Ainsi la
reconstitution du cheptel dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal a commencé d'abord par les petits ruminants qui voient leur nombre
augmenter de manière exponentielle dans tout le Ferlo.
Par ailleurs, le Ferlo n'offrant plus de meilleures conditions
de pâturage, les peuls adoptent une nouvelle stratégie de
transhumance tournée vers le sud plus précisément vers la
région du Saloum. Dans cette région, les ovins, vu les bonnes
conditions climatiques, avaient la possibilité de mettre bas deux fois
dans l'année, ceci a beaucoup contribué à l'accroissement
rapide des ovins dans la région du Ferlo.
Avec l'augmentation du cheptel d'ovins, les peuls jadis
bergers attachés à leur vache pour retrouver un troupeau
composé de cet animal mythique vont vendre une partie de ces ovins pour
ainsi reconstituer petit à petit leur cheptel de bovins.
La décennie 80-90 connaît ainsi un vaste retour
du cheptel bovins mais surtout du cheptel ovin dont le nombre ne cesse
d'augmenter dans toute la région du Ferlo. Cette décennie sera
aussi accompagnée d'une nouvelle stratégie de transhumance. En
effet avec la détérioration des conditions climatiques des
années 70, les peuls se tournent vers le Saloum pour ce qui concerne les
ovins et vers le Jolof pour les bovins. Cette nouvelle stratégie
permettra à cette population de sortir de la sécheresse de 83-84
sans grand dommage alors que celle-ci était plus rude que celle de 72-73
même si ceci n'est pas le seul élément explicatif de cette
résistance à cette sécheresse des années 80 comme
le note Oussouby Touré40.
40 Crise agricole et comportement de
survie : Le cas du Ferlo (Sénégal) in Société,
Espace, Temps, 1992, Pages 90 à 102
La reconstitution du cheptel dans cette période ira de
pair avec une réorganisation des catégories d'exploitations de
l'UP. C'est ainsi qu'aux deux catégories d'exploitations de la
période précédente va s'ajouter deux nouvelles. En effet
des moyennes exploitations familiales des années 70 sortira d'une part
les grandes exploitations avec une main d'oeuvre salariée. Celle-ci est
composée de bergers disposant de plus de 100 bovins avec un important
troupeau d'ovins et de caprins, ces derniers pratiquent également la
transhumance vers le Saloum. D'autre part, il y'a des grandes exploitations
avec toujours une main d'oeuvre salariée. Cette catégorie
d'exploitation dispose d'un troupeau de bovins inférieur à 100
bovins avec cependant un important troupeau d'ovins et de quelques caprins,
elle pratique également la transhumance vers le Saloum et les
opérations de tabaski.
A côté de ces deux catégories
d'exploitations, on voit émerger dans cette période des moyennes
exploitations familiales et des petites exploitations familiales. Les moyennes
exploitations familiales proviennent des petites exploitations familiales de la
décennie passée. Ce sont des exploitations agropasteurs avec un
troupeau de bovins inférieur à 50 bovins à
côté de quelques ovins et caprins. Ce sont des exploitations qui
pratiquent toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri avec des
spéculations comme le mil, le niébé et les poddés.
La dernière catégorie d'exploitation répertoriée
dans cette décennie est celle des petites exploitations familiales qui
sont de petits bergers avec un troupeau n'excédant pas une dizaine de
bovins et quelques ovins et caprins. Ils sont également de petits
paysans avec une agriculture principale de subsistance pratiquée sous
pluie dans le Jééri.
6-4/ Un système très diversifié
depuis les années 90 :
A partir des années 90, l'unité pastorale de
Bélél Bogal connaît de nouveaux changements qui vont
influencer le mode de gestion du troupeau. A l'instar de la
précédente décennie, cette période sera
marquée par une forte croissance du cheptel notamment le cheptel ovin
qui constitue de nos jours un trésor dans le milieu peul car faisant
office de compte courant pour les bergers.
Avec cette nouvelle configuration, les populations peuls
adoptent de nouvelles stratégies de conduite du troupeau. C'est ainsi
qu'en saison des pluies, les bergers exploitent d'abord les pâturages
les plus proches de leur rumano et des mares d'hivernage où le
troupeau s'abreuve quotidiennement. En saison sèche, ce
sont les pâturages les plus distants du campement permanent c'est
à dire comprise entre 10 à 20km qui sont exploités dans un
premier temps avec cette fois-ci un abreuvement au forage tous les deux jours.
On notera dans cette période que l'abreuvement d'un jour sur deux est
beaucoup plus pratiqué par les grands éleveurs et cela dés
l'assèchement des mares d'hivernage alors que dans la plupart du temps
la distance entre les zones pâturées et le forage permettait
encore l'abreuvement quotidien du troupeau.
Cette période inaugure également de nouvelles
formes de transhumance pratiquées par les bergers. Il s'agit d'abord de
l'intra-transhumance qui permet aux bergers de bouger à
l'intérieur de l'aire d'influence du forage à la recherche du
meilleur pâturage pour le troupeau de bovins le plus souvent. Ensuite, il
y'a l'inter-transhumance qui se fait entre les différents forages du
Ferlo toujours motivé par la recherche du meilleur pâturage mais
parfois ce sont les pannes du forage qui sont à l'origine de cette
transhumance. Pour celleci le plus souvent si dans la famille, il n'y a pas de
vieilles personnes c'est alors toute la famille qui effectue cette forme de
transhumance. Par contre si ce n'est pas le cas c'est seulement une partie de
la famille qui se déplace le reste veillant sur les personnes
âgées. Enfin, il y'a la grande transhumance qui consiste à
quitter la zone d'influence du forage pour s'établir au Jolof et/ou
Saloum. Cette forme de transhumance intéresse le plus souvent le
troupeau d'ovins surtout quand il s'agit de la transhumance vers le Saloum et
le troupeau de bovins quand il s'agit de transhumance vers le Jolof.
Par ailleurs, cette période est également
marquée par l'aménagement des terres de la vallée du
fleuve située à hauteur de Dierba. Ces aménagements
marquent la création des périmètres irrigués
villageois (PIV) qui sont des parcelles de cultures aménagées par
la SAED et distribuées par le conseil rural aux populations.
Avec ces PIV, c'est le retour de la culture au Walo mais cette
fois-ci sous forme irriguée. C'est ainsi que toutes les exploitations de
l'UP qui disposaient d'une main d'oeuvre pour cultiver ont
bénéficié des affectations de parcelles pour la culture du
riz et de la tomate. En plus de ces affectations de parcelles de culture, les
populations ont été regroupées en GIE pour une
exploitation plus optimale.
Ce retour de la pratique de l'agriculture dans le Walo
entraîne ipso-facto celui de la transhumance vers la vallée (ou
vers les périmètres irrigués). En effet avec les
cultures
irriguées, les restes des spéculations sont
laissés dans les parcelles sans aucune mise en valeur surtout la paille
de riz. Certains éleveurs profitent de nos jours de ces restes en y
conduisant leur troupeau de bovins qui y reste parfois jusqu'à deux
mois.
Cette période est également celle de la
généralisation de la charrette tirée par les ânes
pour le transport de l'eau dans presque toutes les exploitations. Cet outil
constitue le principal moyen de transport de l'eau destinée d'une part
à l'abreuvement du petit ruminant parqué à domicile et
d'autre part à la consommation familiale. Pour le transport de l'eau des
petits ruminants, ce sont des chambres à air de capacité variante
qui sont utilisées tandis que ce sont des bidons de 20L qui servent de
contenants pour l'eau destinée à la famille.
Avec cette panoplie de nouveautés qu'a connue l'UP, les
catégories d'exploitations répertoriées dans la
précédente période vont connaître une certaine
évolution. En effet, les grandes exploitations (15%) disposant d'une
main d'oeuvre salariée voient leur troupeau augmenter à plus de
200 têtes de bovins, un milliers d'ovins qui effectuent la grande
transhumance au Saloum réparti en trois groupes dont le premier est
constitué des ovins au Saloum, le deuxième regroupant les ovins
au forage et le troisième étant les ovins au Ferlo et plusieurs
caprins demeurant dans l'UP. Il faut noter que cette catégorie
d'exploitation agropasteurs est la plus éloignée du forage, elle
est entre 8 à 10km au sud du forage et possède entre 2 à 3
charrettes. La deuxième catégorie d'exploitation (25%) est
représentée par les grandes exploitations agropasteurs avec
toujours une main d'oeuvre salariée dont le troupeau de bovins est
inférieur à 200 têtes, un troupeau d'ovins qui n'atteint
pas le millier avec la même composition que la première
catégorie d'exploitations et un troupeau de caprins important. Ces
exploitations qui se localisent vers le nord du forage disposent de 2 à
3 charrettes et pratiquent la culture irriguée dans le Walo. A
côté de ces exploitations, nous avons les moyennes exploitations
familiales (25%) qui sont les mêmes que celles de la
précédente période avec toutefois, un troupeau plus
important (inférieur à 50 têtes de bovins), avec plus d'une
cinquantaine d'ovins et quelques caprins. Ce sont des exploitations qui
pratiquent l'agriculture au Walo dans les périmètres
irrigués villageois et disposent d'au moins une charrette. La
dernière catégorie d'exploitation qu'on retrouve de nos jours
dans l'UP est constituée par les petites exploitations familiales (35%)
qui ne différent pas beaucoup de celles de la
précédente
période. Ce sont des agropasteurs avec un troupeau de
bovins qui ne dépasse pas la vingtaine associé à quelques
ovins et caprins. C'est une catégorie qui pratique toujours
l'agriculture pluviale dans le Jééri et elle dispose
également d'une charrette pour le transport de l'eau.
Ainsi donc de nos jours l'unité pastorale de
Bélél Bogal est très diverse dans sa composition. Ce qui
montre qu'elle a beaucoup évolué, en effet des trois
catégories d'exploitation de la période d'avant forage, on est
aujourd'hui arrivé à quatre catégories d'exploitations ce
qui laisse présager une grande diversité des systèmes de
culture et d'élevage. (Voir annexe 1 et 2, pour types d'entretiens
historiques).
Typologie évolutive des exploitations agricoles de
l'UP de Bélél Bogal
CHAPITRE VII : Analyse des systèmes de
cultures
Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal,
nous rencontrons deux écosystèmes différents et qui sont
le lieu où se pratique nt les activités agricoles de la zone. Ces
activités agricoles tournent autour de trois systèmes de culture.
Il s'agit d'abord du système de culture associée mil,
béréf et niébé en saison des pluies, ensuite du
système riz irrigué et enfin du système de culture
basée sur la tomate industrielle. Les deux derniers systèmes de
cultures sont pratiqués dans le Walo grâce aux PIV.
7-1/ Les systèmes de culture au Walo 7-1-1/
Caractéristiques et fonctionnement
Commencée depuis l'an 2000, les cultures au Walo sont
devenues une pratique très répandue dans l'UP de
Bélél Bogal. C'est ainsi qu'elles constituent une activité
importante pour les populations.
Située à 15 km de l'UP, cette zone de culture
reçoit des spéculations comme la tomate et le riz. Ces deux
cultures sont mécanisées et demandent beaucoup de force de
travail surtout lors des phases de préparation du sol. Cependant la
culture du riz est moins intense en travail que la tomate industrielle.
En ce qui concerne la tomate industrielle, il faut dire
qu'elle fait l'objet d'un suivi permanant grâce aux techniciens de la
SOCAS qui est la principale industrie à qui la production de tomate est
destinée.
Par ailleurs les cultures sur les PIV s'étendent sur
toute l'année ce qui permet aux agriculteurs de s'adonner à cette
activité de manière permanente. Le riz irrigué
démarre à partir du mois de juin par le labour des parcelles et
à la suite de ces travaux les agriculteurs passent à la phase
d'irrigation grâce au système d'irrigation aménagé
par la SAED avant de terminer par les semis après enfouissement des
semences. Ce travail étant fait le reste des opérations
culturales se déroule tout au long du cycle du riz jusqu'à la
récolte c'est-à-dire cinq (05) mois après comme l'illustre
le graphique ci-dessous.
D'après ce graphique, nous constatons que le
gardiennage des parcelles de culture constitue la plus grande charge de travail
et ceci est beaucoup plus marqué pendant le mois d'octobre. En effet, la
zone du Walo qui est une région voisine du fleuve Sénégal
est
Juillet
Juin
S 1
|
S 3
|
S 1
|
S 3
|
S 1
|
S 3
|
S 1
|
S 3
|
S 1
|
S 3
|
S 1
|
S 3
|
et 2
|
et 4
|
et 2
|
et 4
|
et 2
|
et 4
|
et 2
|
et 4
|
et 2
|
et 4
|
et 2
|
et 4
|
Août Septembre Octobre Novembre
Période
Temps de travail (HJ]
35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
un lieu d'accueil de plusieurs espèces d'oiseaux. La
présence de ces espèces granivores menace fortement les cultures
irriguées ce qui explique l'importance de la surveillance des parcelles
au mois d'octobre pendant lequel le riz est en maturation. A côté
de cette opération, le repiquage constitue l'autre phase pendant
laquelle la force de travail est importante cause pour laquelle les femmes sont
utilisées lors de cette activité.
Graphique7-1 : Calendrier de travail du
système de culture riz irrigué
Décortiquage
Battage Séchage Récolte
Engrais
Repiquage Désherbage
Drainage Gardiennage
Semis
Enfouissement semences Trempage semences Irrigation
Labour
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Quant à la tomate industrielle, son exploitation
commence à partir du mois de novembre par la construction des
pépinières devant abriter les premiers semis. C'est à la
suite de ce travail que les parcelles de culture sont préparées
pour pouvoir recueillir les plants qui seront issus des
pépinières. Le transfert des pépinières vers les
parcelles de culture se fait par le repiquage qui est la plus exigeante en
matière de force de travail et la plus difficile pour les agriculteurs.
Après cette opération, le sarclo-binage et la récolte
constituent les autres phases dans ce système qui requièrent
beaucoup de force de travail comme le montre le tableau ci-dessous. Pour ce qui
est du sarclo -binage, cela est du au fait que la terre dans le Walo n'est pas
facile à travailler sans oublier que cette opération
nécessite des moyens motorisés. Les agriculteurs qui pratiquent
ce système de culture utilisent beaucoup de produits phytosanitaires
mais grâce à l'encadrement des techniciens de la SOCAS, ils ont
acquis une certaine expérience qui fait que ce travail ne mobilise pas
beaucoup de monde. Concernant la récolte, c'est la période de
récolte qui explique l'importance de la force de travail qui lui est
allouée. La récolte a en effet lieu au moment
où tous les agriculteurs n'ont plus beaucoup de fonds
mais aussi au moment où la SOCAS est en rupture de matières
premières pour son industrie de conserverie. Ainsi donc pendant cette
période, tout le monde veut vendre car sachant que le stockage des
tomates diminue leurs poids ce qui est un manque à gagner.
Graphique7-2 : Calendrier de travail du
système de culture de la tomate industrielle
Période
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
S 1 et 2
|
NovembreDécembrS 3S et 4
|
1
et 2
|
S 3S et 4
|
1
et 2
e Janvier
|
S 3 et 4
|
S 1S et 2
|
Février
et 4
|
3S
1
et 2
|
Mars
S 3S et 4
|
1
et 2
Avril
|
S 3 et 4
|
Temps de travail (HJ
40,00
35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
Champ récolte Champ relevage
Champ traitement phyto Champ engrais de fond +urée Champ
sarclo-binage
Champ repiquage Champ billonage manuel Champ irrigation Champ
herbicide Champ engrais de fond Champ billonage Champ Labour
Pépinière engrais Pépinière arosage
Pépinière semis Pépinière construction
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
Pour terminer sur les systèmes de cultures dans le
Walo, nous signalons que les agriculteurs de l'UP de Bélél Bogal
exploitent cet écosystème dans le cadre des GIE de producteurs
formés par la SAED à la suite des aménagements. C'est
ainsi qu'excepté certains rares producteurs qui exploitent en
privé, tous les agriculteurs sont regroupés dans ces GIE et on
démontre dans l'UP trois organisations de ce genre.
Par ailleurs, il est important de savoir que contrairement
à la tomate industrielle qui est une culture exclusivement
destinée à la vente, le riz est une culture surtout
d'autoconsommation et il arrive de voir des agriculteurs vendre leurs biens
pour payer leurs crédits liés au riz et garder la production.
Dans ces deux systèmes de culture, pour faire face
à la surcharge de travail, c'est la solidarité entre
exploitations qui prévaut. Toutefois, il y'a des exploitations qui
utilisent de la main d'oeuvre salariée.
7-1- 2/ Les performances économiques :
Nous précisons ici la méthode des calculs
économiques que nous avons mis en oeuvre pour évaluer la
rentabilité économique des systèmes de culture,
d'élevage et de production. Il faut tout d'abord évaluer la
richesse produite par un système d'élevage ou de culture: la
valeur ajoutée brute (VAB). Nous avons
l'égalité : VAB = Produit brut (PB) - Consommations
intermédiaires (CI), le produit brut étant la valeur
monétaire des productions finales, quelque soit leur affectation (vente,
autoconsommation...) et les consommations intermédiaires, celle des
intrants consommés au cours d'un cycle de production (engrais,
semences...).
VAB = PB - CI
Afin de pouvoir comparer les VAB des différents
systèmes de culture ou d'élevage entre eux, il nous faut la
ramener à la même unité. Il est particulièrement
intéressant de la calculer par unité de surface : VAB/ha
qui représente la richesse produite par un hectare de tel
système, soit la productivité de la terre. Par
ailleurs, calculer cette VAB par heures de travail investit dans tel
système est tout à fait complémentaire. Pour cela, nous
utilisons l'unité d'homme.jours (h.j), qui correspond
au travail d'un actif adulte durant une journée de huit heures. On
obtient ainsi la VAB/h.j qui représente la
productivité du travail. Cependant l'importance des
systèmes d'élevage dans notre zone d'étude nous a
amené à faire recours aux VAB/UBT pour faire la comparaison des
systèmes de production.
Lorsqu'on passe de l'échelle de la parcelle ou de celle
de l'animal à l'échelle de l'exploitation, il nous faut
additionner les VAB des différents sous-systèmes. C'est
également à ce stade qu'il faut déduire l'amortissement
(Am) du capital fixe de l'exploitation : bâtiments, outils...Nous
calculons l'amortissement en répartissant le prix d'achat d'un outil,
par exemple, sur le nombre d'années durant lesquelles il va servir
correctement à l'exploitant : Am = (prix actuel de
l'objet*quantité)/potentiel de vie utile. Puis nous obtenons pour la
valeur ajoutée nette (VAN) :
VAN = S (VAB) - Am
La VAN correspond à la richesse crée sur une
exploitation. Là encore, il est intéressant de la ramener
à une unité pour pouvoir comparer les différents
systèmes de production entre
eux. Nous calculerons ainsi la VAN par hectare (VAN/ha) et par
actifs (VAN/actif). Par ailleurs, il faut savoir comment cette richesse
créée sur l'exploitation se répartit au sein de la
société. En effet, le véritable revenu agricole
familial (RAF) sera calculé en déduisant de la VAN la
richesse captée par l'Etat (impôts et taxes ; Imp), par la banque
(intérêts ; Int), par les ouvriers extérieurs (salaires ;
Sal) et enfin par le propriétaire des terres si l'exploitant en question
loue (rente foncière ; Rf).En outre, la société peut
inversement financer l'exploitation agricole à travers l'Etat
(subventions, Sub). Nous obtenons au final :
RAF = VAN - (Imp + Rf + Int + Sal - Sub)
Cette fois encore, nous divisons le RAF par le nombre d'actifs
(RAF/actif familial) pour pouvoir comparer les différents
systèmes. Cette comparaison s'effectue entre des exploitations
représentatives de chaque système. Elles sont choisies de
manière à éliminer autant que possible les
éléments d'ordre conjoncturel : On obtient ainsi des
archétypes sur lesquels reposent l'analyse, même si il faut
être conscient que ceux-ci sont réducteurs par rapport à la
réalité. En effet même si un ancien de plus de 60 ans et un
jeune de 12 ans n'ont pas la même capacité de travail, dans
l'ensemble de notre travail nous avons choisi de compter pour actif toute
personne dont la présence est indispensable au fonctionnement du
système.
C'est ainsi que pour le système de culture du riz
irrigué, la quantité produite par année
s'élève à 40 sacs de 100kg ce qui fait une production
brute de 500.000F vu qu'un kilogramme du riz irrigué est vendu au
marché à 125F.
Les consommations intermédiaires de ce système de
culture sont répertoriées dans le tableau suivant :
Tableau 7-1 : Les consommations
intermédiaires dans le système riz irrigué :
CI
|
Quantités
|
Unités
|
Prix unitaire
|
Total
|
Semences
|
75
|
Kg
|
274,951456
|
20621,3592
|
Engrais fond
|
49,9895127
|
Kg
|
108,155376
|
5411,45214
|
Urée
|
149,991848
|
Kg
|
125,155376
|
18772,2855
|
Labour
|
0,5
|
Ha
|
19000
|
9500
|
Hydraulique
|
0,5
|
Ha
|
170000
|
85000
|
Phyto
|
|
3,49577012
|
L
|
1846,66667
|
6455,52215
|
Battage décorticage
|
et
|
-
|
-
|
-
|
60000
|
Total
|
|
|
|
|
145760,619
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Ce qui nous donne une valeur ajoute brut estimé à
354.239,381FCFA.
Pour ce qui est de la tomate industrielle, la production par
année est estimée à 450 casiers. Chaque casier est vendu
à 660F à la SOCAS, ce qui donne une production brute de 297.000F
par an. Les différentes consommations intermédiaires sont
répertoriées dans le tableau suivant
Tableau 7-2 : Les consommations
intermédiaires dans le système de la tomate
industrielle
CI
|
Quantité
|
Unités
|
Prix unitaire
|
Total
|
Semences
|
25
|
G
|
-
|
20000
|
Engrais fond
|
225
|
Kg
|
110,852459
|
24941,8033
|
Urée
|
46
|
Kg
|
125,16
|
5757,36
|
Herbicide
|
7,3
|
L
|
4091,75
|
29869,775
|
Labour
|
0,25
|
Ha
|
37991,12023
|
9497,80059
|
Billonnage
|
0,25
|
Ha
|
29992,6686
|
7498,80059
|
Hydraulique
|
0,25
|
Ha
|
115.000
|
28750
|
Phyto
|
3,2
|
L
|
3397,14286
|
1087,8571
|
Phyto 2
|
0,9
|
L
|
100,833333
|
90,75
|
Pépinière
|
24
|
m de bois
|
|
5000
|
Total
|
|
|
|
142.276,513
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Grâce à cette production brute et aux consommations
intermédiaires, la valeur ajoutée brute de ce système est
évaluée à 154.723,487FCFA.
7-2/Les systèmes de culture dans le
Jééri
7-2-1Caractéristiques et
fonctionnement
Dans le Jééri, nous ne retrouverons qu'un seul
système de culture dans l'UP de Bélél Bogal, il s'agit de
la culture du mil, béréf et niébé tous
associés en culture manuelle.
Cette agriculture pluviale est le plus souvent une culture de
subsistance basée sur l'utilisation de la main d'oeuvre familiale et
pratiquée dans des parcelles situées sur les séno avec en
général une superficie d'un hectare et demi.
Ce système de culture fonctionne avec deux actifs et
parfois lors de certaines opérations comme les semis et la
récolte, ces deux actifs sont aidés par des agriculteurs du
même campement.
Les opérations culturales relatives à cette
activité démarrent au début du mois de Juin avec la
réparation des clôtures et se poursuivent avec le nettoyage du
sol, les semis et se terminent avec les récoltes avec en premier lieu la
récolte du béref et du niébé. Cette dernière
se poursuit jusqu'à trois mois après les premières
récoltes.
Graphique 7-3 : Calendrier de travail du
système de culture MxBxN
Temps de travail (HA
25
20
35
30
15
10
5
0
Période
Décorticage niébé Récolte
béref Récolte mil
Récolte niébé
Sarclo-binage manuel et surveillance
Semis mil*béref* niébé (manuel)
Nettoyage du sol
Réparation clôture
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
A propos des opérations culturales, nous constatons
tout comme l'illustre le graphique que le sarclo-binage constitue la plus forte
charge de travail. En effet cette activité mobilise en moyenne 22,5
hommes/jour par semaine entre la première quinzaine du mois de juillet
et celle du mois de septembre. L'importance de cette opération est due
à la
manière dont elle est effectuée
c'est-à-dire c'est une opération qui est menée de
manière manuelle donc exigeant beaucoup plus de force de travail et de
temps de présence. Après le sarclo-binage, la récolte du
béréf constitue la deuxième opération culturale la
plus exigeante en matière de travail à cause surtout de la
durée de récolte qui débute dés la première
quinzaine du mois de septembre jusqu'au mois de novembre. Ainsi pour ce
système de culture, il faut nécessairement à toute
exploitation qui le pratique au minimum 196,5 actifs pour fonctionner.
En outre, il est important de signaler que de rares
exploitations pratiquent ce système de culture mais cette fois-ci de
manière motorisée car disposant d'une machine de sarclobinage.
Cependant, cette catégorie d'exploitation est
très minime par rapport aux pratiques qui existent dans le village, ce
qui justifie notre choix de ne pas en faire un système pertinent
à étudier.
2-2-2/ Les performances économiques :
Pour avoir les performances économiques, il nous faut
chercher les productions brutes et les consommations intermédiaires.
Pour cela les rendements à l'hectare des spéculations de ce
système de culture sont recensés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 7-3 : Rendements des différentes
spéculations
Spéculations
|
Rendements (kg)
|
Surface (ha)
|
Quantité produite
|
Mil
|
200
|
1,5
|
300
|
Béréf
|
150
|
1,5
|
225
|
Niébé
|
150
|
1,5
|
225
|
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
Nous avons ainsi la production brute suivante :
Tableau 7-4 : Les productions brutes du
système de culture en pluvial
|
|
Quantité consommée (en kg)
|
Prix FCFA)
|
unitaire
|
(en
|
Prix FCFA)
|
total
|
(en
|
Mil consommés mois après récolte
|
2
|
100
|
75
|
|
|
7500
|
|
|
Mil consommés
|
6
|
200
|
90
|
|
|
18000
|
|
|
mois après récolte
|
|
|
|
Béréf
|
225
|
125
|
28125
|
Niébé mois 1
|
45
|
150
|
6750
|
Niébé mois 2 + 3
|
90
|
175
|
15750
|
Niébé mois 4 +5
|
90
|
180
|
16200
|
Production brute
|
92325
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Et pour les consommations intermédiaires, elles sont
exclusivement composées des éléments résumés
dans le tableau suivant :
Tableau 7-5 : Les consommations
intermédiaires du système de culture en pluvial
Types
|
Quantité
|
Prix unitaire
|
Prix total
|
Mil
|
10
|
200
|
2000
|
Béréf
|
2
|
300
|
600
|
Niébé
Consommations intermédiaires
|
5
|
500
|
2500 5100
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Ainsi pour avoire La valeur ajoutée brute de ce
système est de 87225FCFA.
7-3/ Comparaison des différents systèmes de
cultures :
Tableau 7-6 : Les valeurs ajoutées brutes
des différents systèmes de culture
Systèmes
|
VAB totale
|
VAB par hectare
|
VAB/ HJ
|
Riz irrigué
|
354.239,381
|
708.478,762
|
1693,87166
|
Tomate industrielle
|
154.723,487
|
30944,974
|
1039,24964
|
MxBxN
|
87225
|
43612,5
|
443,89
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique7-4 : Productivité du travail des
systèmes de cultures
MxBxN Tomate industrielle Riz irrigué
Système de culture
Temps de travail (H/J:
1800
1600
1400
1200
1000
400
200
800
600
0
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique7-5 : Comparaison des valeurs
ajoutées brutes à l'hectare des systèmes de
cultures
Tomate industrielle MxBxN Riz irrigué
Systèmes de cultures
VAB/ha (en FCFA]
400000
200000
800000
700000
600000
500000
300000
100000
0
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
D'après les deux graphiques, nous constatons que le
système de culture riz irrigué est plus intensif en travail et en
capital. C'est un système caractérisé par l'importance du
gardiennage et du drainage dans les opérations culturales. Par ailleurs
le graphique nous montre que malgré le fait que la tomate industrielle
soit une grande culture de rente, elle
ne constitue pas une culture aussi rentable car même
l'agriculture pluviale confrontée aux aléas climatiques offre une
meilleure rentabilité que ce système de culture. Cependant elle a
une grande importance dans le mode de vie des populations locales car c'est
avec les revenus tirés de cette activité que les agriculteurs
paient le plus souvent les semences des spéculations de la culture
d'hivernage et même parfois l'alimentation de bétail pour la
complémentation en période de manque de pâturage. En outre,
des trois systèmes de culture le système mil, béréf
et niébé associé constitue celui qui est le moins intensif
en travail à cause d'une part de la durée qui est relativement
courte par rapport aux autres systèmes et d'autre part à la
faiblesse des opérations de cultures d'hivernage . La faiblesse des
opérations des cultures d'hivernage est due à l'association des
différentes spéculations qui permet aux exploitations d'avoir des
productions variées tout en diminuant les charges de travail.
CHAPITRE VIII : Analyse des systèmes
d'élevage
Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal, nous
rencontrons trois systèmes d'élevage de
bovins, quatre systèmes d'élevage d'ovins et un
système d'élevage caprins. Tous ces systèmes
d'élevage excepté le système d'élevage caprin sont
basés essentiellement sur la transhumance.
8-1/ Analyse des systèmes d'élevage bovins
:
Les trois systèmes d'élevage présents dans
l'UP sont les bovins résidant de manière
permanente au forage, les bovins transhumants au Walo et les
bovins transhumants à l'intérieur du Ferlo.
8-1-1Caractéristiques et fonctionnement
:
Basés globalement sur la transhumance, les systèmes
d'élevage bovins sont des élevages
de type extensif et font parties des plus répandus dans
l'unité pastorale. C'est un type d'élevage qui fonctionne selon
deux modes distincts. L'un d'abord pendant la saison des pluies où les
bovins utilisent le pâturage vert de l'hivernage en cours et s'abreuvent
au niveau des mares temporaires qui se remplissent dés les
premières pluies. L'autre pendant la saison sèche mais qui a un
double fonctionnement avec d'une part un abreuvement au niveau du forage de
l'UP et un pâturage autour du campement ou bien avec des mouvements
à l'intérieur de l'UP. Cette forme de micro-transhumance ne dure
que deux mois au maximum. D'autre part, il y'a le type basé sur la
transhumance dans le Ferlo avec à chaque fois un abreuvement au niveau
du forage d'accueil une fois tous les deux jours. Ainsi donc, comme nous le
constatons, les systèmes d'élevage bovins dans le Ferlo
fonctionnent exclusivement dans la combinaison de deux stratégies
à savoir une stratégie qui vise à faire pâturer le
troupeau en utilisant les meilleurs espaces fourragers et une autre
stratégie qui consiste à profiter des points d'eau les plus
proches de ces espaces fourragers.
Le schéma ci-après résume de
manière générale les différents modes d'abreuvement
du cheptel notamment en saison des pluies et saison sèche qu'on
rencontre dans l'UP de Bélél Bogal.
Le schéma du mode d'abreuvement en saison des pluies est
valable pour les trois systèmes d'élevage tandis que celui de
la saison sèche ne concerne que les système
d'élevage « bovins forage et bovins Ferlo »
car pour le système d'élevage « bovins Walo »
l'abreuvement se fait pendant la transhumance dans cette région au
niveau du fleuve Sénégal une fois tous les deux jours.
Schéma des modes d'abreuvement
Saison des pluies
Pâturage Pâturage
Mares Campement Mares
Abreuvement et pâturage quotidien
Saison sèche Forage
Abreuvement et pâturage un jour sur deux
En ce qui concerne le calendrier fourrager des systèmes
d'élevage, nous pouvons dire que les bovins ont un mode d'exploitation
du pâturage qui évolue dans l'année. C'est ainsi que
pendant l'hivernage, les bovins pâturent la journée dans les
changols situés non loin des campements jusqu'au soir où ils
retournent au niveau du campement pour pâturer toute la nuit sur les
séno localisés tout autour du rumano. Par contre pendant la
saison sèche, le troupeau exploite les ressources fourragères
situées sur les changols de plus en plus éloignés du
campement la journée et se tournent sur le pâturage en séno
vers la fin de la journée. Pour autant avec l'épuisement du
pâturage, il arrive que le troupeau se replie très tôt sur
les ressources fourragères situées sur les séno car ces
derniers sont les derniers à être appâtées.
Ces différents systèmes d'élevage
fonctionnent le plus souvent avec deux actifs et en ce qui concerne le
calendrier de travail, nous pouvons dire que ces derniers même en ayant
presque le mode d'évolution diffère de calendrier de travail.
Ainsi nous avons Les calendriers de travail suivant :
Graphique 8-1 : Calendrier de travail du
système d'élevage des bovins fixes au forage
Temps de travail
35
30
25
20
15
10
5
0
Période
Soins veaux au campement Mares (2h/j)
Traite (10 minutes par vache) Complémentation (1h/j)
Abreuvement
Charrette veaux
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
En observant ce système d'élevage, nous
constatons que l'abreuvement des veaux représente la plus grande charge
de travail. Cela est du au fait que pour ces types d'animaux, il faut
impérativement apporter de l'eau du forage au campement grâce aux
charrettes et aux chambres à air qui constituent respectivement le moyen
de transport et le contenant d'eau. Ces animaux ne pouvant pas faire les
longues distances qui séparent le campement du forage sont en permanence
abreuvés à domicile ce qui explique le fait qu'ils mobilisent
autant de force de travail pendant les huit mois de la saison sèche.
La deuxième opération qui occupe le plus dans ce
système d'élevage est la traite du lait. Cette activité
exclusivement réservée aux femmes a lieu pendant l'hivernage au
moment où le nombre de vaches à traire est très important
alors qu'il faut en moyenne une dizaine de minutes pour traire une vache.
Période
Temp de travail (HJ)I
40
60
20
50
30
10
0
Conduite au pacage
Mares
Traite Complémentation Abreuvement Charrette veaux
Transhumance
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Les bovins transhumants au Walo appartiennent le plus souvent
à des moyennes exploitations ou à de petites exploitations ce qui
veut dire qu'ils ne représentent pas un très grand troupeau. Pour
ce système, nous constatons que la conduite au pacage c'est-àdire
la conduite au pâturage et l'abreuvement constituent respectivement les
opérations les plus exigeantes en matière de travail et les plus
étalées dans l'année. En effet, pour la conduite au pacage
dans le Walo dés que le troupeau arrive dans cette zone
c'est-à-dire au mois de Mai, les éleveurs vont à la
recherche du meilleur pâturage tout en évitant les champs ce qui
les amène ainsi à faire plusieurs endroits. En ce qui concerne
l'abreuvement, il est plus important pendant la transhumance car au Walo le
troupeau s'abreuve quotidiennement au fleuve et il est à chaque fois au
moins accompagné d'une personne.
Temps de travail (HA
40
20
60
50
30
10
0
Période
Graphique 8-3 : Calendrier de travail des bovins
transhumants au Ferlo
Surveillance veaux au campement
Conduite au pacage
Mares
Traite Complémentation Abreuvement charrette veaux
Transhumance
|
Source : Enquête mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage
constitue l'activité la plus intensive en travail avec en moyenne 22,5
homme/jour pendant la transhumance au Ferlo. En effet, les animaux de ce
système d'élevage sont conduits au pâturage une fois tous
les deux jours et pendant ce mouvement vu que les animaux ne connaissent pas
bien cette zone d'accueil, il faut en moyenne deux à trois personnes
pour bien mener cette activité. C'est ainsi que le plus souvent, les
exploitations qui pratiquent ce système emploient un berger
salarié. Par ailleurs, ce système d'élevage est plus
pratiqué par les grands éleveurs c'est-à-dire ceux qui
disposent de plusieurs têtes, ce qui explique le fait qu'ils soient
obligés chaque année d'aller en transhumance pour profiter des
meilleurs pâturages et de vastes surfaces à pâturer.
Pour ce système d'élevage, la surcharge de
travail à partir du mois d'Avril s'explique par le fait que les
mouvements de transhumance commencent à partir de ce mois jusqu'au mois
de Juin.
8-1-2 Les performances économiques
Pour cette partie nous nous proposons d'étudier les
performances économiques des systèmes d'élevage bovins par
rapport au maximum technique de chaque système mais de façon
isolée c'est-à-dire par système pris à part.
8-2-1/Système bovin au forage
Système d'élevage assez répandu dans
l'unité pastorale, les bovins au forage constituent un mode de gestion
du troupeau basé sur l'exploitation des ressources fourragères et
hydriques de l'espace pastoral. Autrement dit, c'est un système qui ne
pratique pas la transhumance sauf en cas d'extrême
nécessité.
Par ailleurs ce système d'élevage dont le maximum
technique est de 72 têtes de bovins dont 30 mères reproductrices
fonctionne avec deux actifs.
C'est un système qui à l'image de plusieurs
systèmes d'élevages du Ferlo pratique la complémentation
au milieu de la saison sèche notamment pendant les mois de Mai et
Juin.
Ce Système d'élevage déstocke en moyenne dix
(10) têtes par année dont quatre (4) vaches de réformes,
quatre (4) mâles non castrés et deux (2) génisses.
Ce qui nous amène à évoquer les
productions brutes de ce système qui est le résultat de
l'addition des performances zootechniques du troupeau. Pour notre cas
d'exemple, la production brute s'élève à 1799500 F
tandis que les consommations intermédiaires qui
représentent l'ensemble des charges en production, des charges en
alimentation (abreuvement, fourrage...) et des charges en santé, ceci
s'élève à 251898 F.
Ces résultats nous permettent d'évaluer la valeur
ajoutée brute à 1.547.602FCFA.
Par ailleurs, en ce qui concerne le coût de l'abreuvement,
il faut dire qu'un bovin est taxé entre 125 à 200 FCFA par mois
tandis qu'un ovin coûte entre 25 et 50 FCFA.
8-2-2/Le système bovin au Walo
Le système bovin transhumant au Walo est un
système exclusivement pratiqué par les petits éleveurs ou
bien par les petites exploitations dont le nombre de têtes de boeufs ne
dépasse la vingtaine. C'est un système qui, à part la
transhumance vers le Walo, ne se différencie pas des autres
systèmes bovins de l'UP et parfois il se transforme en système
bovin sédentaire au forage. Ainsi donc, le troupeau de ce système
part au Walo au début du mois de Mai jusqu'au mois de juin ou juillet.
Il pratique également la complémentation pendant cette même
période et n'emploie pas de salariés.
Par ailleurs, c'est un système qui fonctionne avec
seulement deux actifs et dont le maximum technique est estimé
à 95 têtes de boeuf. Ce système déstocke en moyenne
15
animaux par année dont 5 vaches de réformes, 4
mâles non castrés, 4 boeufs et 2 génisses sans oublier
qu'il y'a une partie des vaches qui sont traites pour la vente du lait.
Ces transactions notées dans le système nous
permettent de calculer la production brute qui est estimée à
2.609.000F
Dans ce système, les dépenses liées
à l'exploitation des animaux tournent autour de la
complémentation, de l'abreuvement, du coût du pâturage au
Walo et des soins vétérinaires. L'ensemble de ces charges
calculées nous donne 410.805F.
Ainsi la valeur ajoutée brute dégagée par ce
système est de 2.198.195FCFA. (annexe3)
8-2-3/Le systè me bovin transhumant dans le Ferlo
:
C'est le mode d'exploitation du troupeau bovin qui est le plus
pratiqué dans l'unité pastorale de Bélél Bogal. Il
concerne l'ensemble des éleveurs mais ceux qui ont de grands troupeaux
en sont les plus nombreux.
Tout comme les deux précédents systèmes
les bovins transhumants dans le Ferlo fonctionnent avec deux actifs et le
maximum technique pour ces deux actifs est estimé à 72
têtes de boeufs.
Contrairement aux autres systèmes les bovins
transhumants dans le Ferlo constituent le système qui utilise beaucoup
plus l'aliment de bétail pour la complémentation. Ce
système d'élevage est également le plus intensif en
travail et le plus souvent il nécessite l'emploi d'un berger surtout
quand il s'agit d'un très grand troupeau.
En ce qui concerne les mouvements dans le troupeau, nous
notons que ce type de système déstocke en moyenne 11 animaux par
année dont trois vaches de réformes, quatre mâles non
castrés, deux boeufs et deux génisses.
Ces mouvements dans le troupeau nous permettent d'avoir la
production brute de ce système d'élevage qui est
évaluée à 1.802.500 F.
Pour ce qui est des dépenses de ce système,
elles s'élèvent à 305562,5 F. Ces
dépenses tournent autour des coûts d'abreuvement, des coûts
pour les soins de santé et des coûts relatifs à l'achat de
l'aliment de bétail.
Grâce à ces calculs, nous avons une valeur
ajoutée brute qui s'élève à
1.496.937,5FCFA.
8-3/Analyse des systèmes d'élevage ovins
:
Dans l'UP de Bélél Bogal, nous rencontrons trois
systèmes d'élevage s ovins à savoir les ovins transhumants
au Saloum, les ovins transhumants dans le Ferlo et les ovins fixes au
forage.
8-3-1 Caractéristiques et fonctionnement
:
Globalement dans l'UP de Bélél Bogal, les
systèmes d'élevages ovins évoluent selon deux
stratégies : le premier consistant à conduire le troupeau dans
l'aire d'influence du forage et le second à transhumer chaque
année dans le Saloum dés le mois de novembre pour profiter des
bonnes conditions zootechniques de la région. A côté de ces
deux stratégies, nous avons une autre qui consiste à transhumer
dans le Ferlo avec les ovins et les bovins. Celle-ci est
déterminée le plus souvent par les pannes de forages ou les
grands feux de brousse.
A l'image des systèmes d'élevage bovins, ces
types de systèmes ont un fonctionnement axé sur la recherche du
meilleur pâturage et du plus proche point d'eau. C'est ainsi que la
plupart de ces systèmes exploitent d'abord les premières zones de
pâturage situées à proximité des campements pendant
l'hivernage avec un abreuvement quotidien dans les mares temporaires. Ce mode
d'exploitation des ovins change dés le début de la saison
sèche. En effet dés le début du mois de novembre, les
éleveurs adoptent une nouvelle stratégie qui consiste à
faire pâturer les ovins tous les jours et à les abreuver de
manière quotidienne mais au niveau du campement. Ce mode d'abreuvement
des ovins est basé sur le transport de l'eau du forage au campement,
grâce à des charrettes avec une traction asine et à des
chambres à air qui font office de récipients. Ce mode
d'abreuvement ne concerne que les ovins qui ne transhument pas car ceux qui
pratiquent la transhumance ont d'autres modes d'abreuvement. Pour ce qui est
des ovins transhumants dans le Ferlo, l'abreuvement se fait par la conduite du
troupeau au niveau du forage une fois tous les deux jours par contre, les ovins
transhumants au Saloum s'abreuvent au niveau des forages d'accueil
quotidiennement.
Schéma du mode d'abreuvement des systèmes
d'élevage ovins en hivernage
Campement
Mares Pâturage Pâturage Mares
Abreuvement et Pâturage quotidien
Pour la saison sèche, les modes d'abreuvement
diffèrent d'un système à un autre. Schéma
du mode d'abreuvement des systèmes d'élevage ovins transhumants
en
saison sèche
Campement Forage Campement
Abreuvements ovins transhumants dans le Ferlo
Abreuvements ovins transhumants au Saloum
Les ovins forages s'abreuvent toute la saison sèche
à domicile grâce au transport de l'eau. En ce qui concerne le
calendrier fourrager de ces systèmes d'élevage, nous pouvons dire
qu'il n'est pas très différent de celui des systèmes
bovins. C'est ainsi que pendant l'hivernage, les ovins exploitent dans la
journée les pâturages situés sur les changols qui sont des
zones très humides et le soir ils retournent dans leurs campements pour
y être parqués. Tandis que durant la saison sèche, en plus
de l'exploitation des zones de pâturage, ceux localisés sur les
séno sont également exploitées avec parfois même
l'exploitation du pâturage aérien mais cela lorsque la ressource
se raréfie.
Comme nous l'avons vu, l'exploitation des différents
systèmes d'élevage ovins n'est pas la même partout ce qui
donnera des calendriers de travaux très divers.
8-3-1-1/ Le système des ovins transhumants au
Saloum : Graphique 8-4 : Calendrier de travail des ovins transhumants
au Saloum
Hommeiour
160
140
120
100
40
20
80
60
0
Période
Complémentation Abreuvement (campement) Charrettes
Ferlo
Charrettes Saloum Conduite troupeau sevrés Conduite
troupeau mères Surveillance jeunes
Voyage
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
En observant ce graphique qui symbolise le calendrier de
travail du système ovins transhumants, nous constatons que le voyage
vers le Saloum constitue l'activité la plus intensive en travail car
occupant pour l'aller et le retour 75h/j. En effet, cela s'explique d'une part
par la grande distance qui existe entre le Saloum et le Ferlo et d'autre part
par le nombre de personnes qu'il faut mobiliser quand on effectue ce type de
transhumance. Après cela, nous constatons que la conduite du troupeau
des mères et la surveillance des jeunes constitue les opérations
les plus exigeantes en travail. L'importance du travail liée à la
conduite du troupeau des mères s'explique par le fait que dans la
région du Saloum les éleveurs sont tenus d'être toujours
à côté de leur troupeau pour éviter
d'éventuels conflits avec les agriculteurs. Ceci est valable en partie
pour la surveillance du troupeau de jeunes sevrés, ceux-ci ont besoin
d'être gardés pour qu'ils ne se perdent pas mais aussi contre les
voleurs qui sont très nombreux dans la zone d'après les
éleveurs.
8-3-1-2/Le système des ovins transhumants dans
le Ferlo Graphique8-5 : Calendrier de travail des ovins transhumants
dans le Ferlo
Temps de travail (FL
120
100
40
80
60
20
0
Mois
Conduite au pacage et au forage Voyage
Marquage
Surveillance agneaux
Transport eau
Mares
Complémentation
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Pour ce système d'élevage, la conduite au pacage
et au forage pour l'abreuvement constituent la plus grande charge de travail
car nécessitant pendant toute l'année en moyenne près de
25h/j dans le mois. L'importance de cette charge de travail est due au fait que
ce système est basé sur la recherche du pâturage d'une part
et lorsqu'il est en transhumance, il est obligé d'habiter très
loin du forage pour bénéficier d'une importante zone de
pâturage d'autre part.
A côté de cette opération, la surveillance
des agneaux est la seconde opération la plus exigeante en travail.
Celle-ci exclusivement réservée aux enfants ou aux femmes n'en
demeure pas moins une opération à forte exigence de main d'oeuvre
car nécessitant en moyenne 30h/j par mois.
8-3-1-3/ Le système des ovins fixes au
forage Graphique 8-6 : Calendrier de travail des ovins fixes au
forage
Période
Temps de lraval (I-U)
40
20
90
80
70
60
50
30
10
0
Marquage agneaux surveillance agneaux Complémentation
Conduite au pacage abreuvement au mare
transport eau par charrette
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Les ovins fixes au forage fonctionnent de la même
manière que les bovins fixes au forage. A l'exception du transport de
l'eau pour les premiers, on retrouve presque les mêmes opérations
techniques dans les deux systèmes.
Ce système d'élevage dépense beaucoup
plus de force dans la conduite des animaux au pacage qu'ailleurs. Cette
opération est aussi importante parce qu'elle est aléatoire
puisque obéissant aux aléas climatiques sans oublier que ce
système fonctionne selon une micro-transhumance à
l'intérieur de l'aire de desserte de l'unité pastorale. C'est
ainsi qu'avec la recherche des meilleures zones de pâturage, le troupeau
peut être appelé à faire plusieurs kilomètres.
8-3-2-Les performances économiques :
Comme pour l'étude des performances économiques
des systèmes d'élevage bovins, nous analyserons les
systèmes ovins en ne prenant en compte que les maxima techniques. Les
maxima techniques constituent la limite technique qu'un système ne
saurait dépasser vu le nombre d'actifs qu'il dispose et son calendrier
des travaux.
8-3-2-1 Le système ovin transhumant au Saloum
:
Ce système de gestion des ovins assez répandu dans
l'UP est surtout pratiqué par les exploitations qui disposent
très souvent d'un énorme troupeau.
Les ovins transhumants au Saloum constituent un système
qui exige une importante force de travail et beaucoup de dépenses. En
effet, c'est un système qui ne fonctionne qu'avec cinq (05) actifs qui
sont indispensables pour le fonctionnement du système. Avec ce nombre
d'actif, le maximum technique de ce système s'élève
à 470 têtes. Cela signifie que ce système peut augmenter
son capital d'ovins jusqu'à 470 têtes mais au-delà de ce
chiffre, le nombre d'actifs actuel ne pourra pas gérer le troupeau.
Par ailleurs ce système d'élevage basé
sur la transhumance au Saloum fonctionne avec deux charrettes qui transportent
les chambres à airs chargés d'eau d'une capacité de sept
cent (700) litres sans oublier les actifs.
En ce qui concerne les mouvements dans ce troupeau, nous
constatons qu'en moyenne 188 ovins y sont déstockés par an dont
40 brebis de réforme, un bélier de réforme et 147 agneaux
sevrés (la moitié en début de saison sèche et
l'autre moitié en fin de cette saison). Ces mouvements de sortie nous
permettent de calculer la production brute de ce système qui est
s'élève à 4.210.500F.
Par contre les dépenses relatives aux
différentes charges de fonctionnement de ce système qui tournent
autour de l'aliment de bétail, des soins de santé et des
coûts liés à l'abreuvement s'élèvent à
1.553.500F. Ce qui nous donne une valeur ajoutée brute
estimée à 2.657.000 FCFA. (voir annexe 4)
8-3-2-2 Le système ovin transhumant dans le Ferlo
:
Les ovins transhumants dans le Saloum constituent un
système quasiment lié au système bovin transhumant dans le
Ferlo car le plus souvent les éleveurs qui effectuent ce dernier
système pratique en même temps ce système d'élevage
des ovins. En effet la transhumance dans le Ferlo est une stratégie
d'exploitation des ressources fourragères et hydriques valable aussi
bien pour les bovins et les ovins.
Ce Système fonctionnant avec trois (03) actifs à
son maximum technique qui est estimé à 193 têtes dont 95
mères reproductrices. Ainsi donc, les trois actifs de ce système
peuvent augmenter leur capital en ovins mais ne sauraient dépasser le
maximum technique sinon l'exploitation en souffrirait.
Par ailleurs, ce système déstocke en moyenne
71ovins par an dont 15 brebis réformées, un bélier de
réforme et 55 agneaux sevrés (dont la moitié en
début de saison sèche et l'autre moitié en fin de
saison sèche). Ces mouvements notés dans ce troupeau du
système des
ovins transhumants dans le Ferlo nous permet de calculer la
production brute qui est de 1145945,83F.
En ce qui concerne les consommations intermédiaires qui
sont les différentes dépenses englouties par ce système
pour les besoins de son fonctionnement, elles s'élèvent à
569.670F et elles constituent les frais liés à
l'abreuvement, aux soins de santé et à la complémentation.
Ce qui donne une valeur ajoutée brute estimée à
576275,83FCFA.
8-3-2-3 Le système ovin fixe au forage
:
Très présent dans l'unité pastorale de
Bélél Bogal, le système d'élevage ovin au forage
est constitué des éleveurs à faible nombre d'ovins. C'est
un système caractérisé par une non transhumance pendant
toute l'année sinon ce qui signifie que c'est un système qui
profite des ressources fourragères situées à
l'intérieur de l'aire d'influence du forage. Il est donc un
système qui pratique ce qu'on appelle la micro-transhumance c'est
à dire des déplacements au sein de l'unité pastorale dans
le seul but de trouver les meilleurs pâturages.
Le système ovin forage dont le maximum technique est
estimé à 193 ovins dont (95) mères reproductrices
fonctionne avec trois (03) actifs, une charrette avec une chambre à air
de six cent (600) litres pour l'abreuvement quotidien des ovins à
domicile.
Pour ce qui est du déstockage dans ce système
d'élevage, nous constatons qu'il s'agit en moyenne de 63 ovins dont 54
agneaux sevrés, 14 brebis de réforme ( 7 en début de
saison sèche et 7 en fin saison sèche) et un bélier de
réforme.
Ceci nous permet d'aboutir aux calculs de la production brute
de ce système qui s'élève à 1145945,93F.
Tandis que les consommations intermédiaires calculées
à partir des frais d'abreuvement, des soins de santé et des frais
relatifs à l'aliment de bétail nous donne 535200F
Ce qui donne une valeur ajoutée brute de 610745,93
FCFA.
8-4/ Analyse des systèmes d'élevage caprins
:
Dans l'UP de Bélél Bogal, nous ne rencontrons
que deux systèmes d'élevage caprins : l'un basé sur la
transhumance et conduit avec les ovins transhumants dans le Saloum et l'autre
étant un système divagant dans l'aire d'influence du forage.
8-4-1/ Caractéristiques et fonctionnement
:
Les systèmes d'élevage caprins fonctionnent
selon deux modes distincts selon les périodes. En effet durant
l'hivernage ce sont le pâturages les premiers à être
exploités avec un abreuvement au niveau des mares tandis que pendant la
saison sèche ce sont les ressources fourragères de plus en plus
éloignées de l'unité d'habitation qui sont
exploitées avec un abreuvement assuré à domicile
grâce aux charrettes qui font office de moyen de transport des chambres
à air.
Par ailleurs, les systèmes d'élevage de caprins
constituent le mode d'exploitation du troupeau le plus commun aux
différentes exploitations de l'UP. Il est en effet rare de trouver une
exploitation agricole dans le Ferlo sans un système d'élevage de
caprins dans la composition du système de production. Ceci s'explique
d'une part parce que ce type de système est le moins intensif en travail
et en capital.
La particularité de ce système réside
dans le fait que ces animaux supportent beaucoup plus la diminution des
ressources fourragères que les autres systèmes et cela
grâce à leur faculté d'exploiter le pâturage
aérien.
Schéma du mode d'abreuvement du système
d'élevages caprins divagants en hivernage
Campement
Mares Pâturage Pâturage Mares
Abreuvement et Pâturage quotidien
Schéma du mode d'abreuvement des systèmes
d'élevage caprins divagants en saison sèche
Campement Forage Campement
Transport eau avec charrette et chambre à air
En ce qui les opérations techniques dans le système
des caprins divagants, elles tournent essentiellement autour du transport de
l'eau, de l'abreuvement et de la surveillance des cabris comme l'illustre le
calendrier cultural suivant :
Graphique 8-7 : Calendrier de travail du
système d'élevage des caprins divagant
Temps de travail (h.j:
40
60
50
30
20
10
0
Période
Surveillance cabris Déparasitage Marquage Abreuvement
Transport eau
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'observation de ce graphique nous montre que la surveillance
des cabris est l'opération qui exige le plus de temps de travail
même si cette dernière opération est une activité
généralement réservée aux femmes ou aux enfants.
L'importance de la force de travail est le plus souvent liée au fait que
les campements qui disposent de ces types d'animaux sont situés dans des
zones où l'agriculture pluviale est assez importante mais aussi au fait
que les cabris très jeunes nécessitent beaucoup d'attention
notamment pour leur permettre d'être allaités
régulièrement par leurs mamans.
A côté de cette activité, le transport de
l'eau pour ne pas dire la recherche de l'eau au forage nécessite
également un temps de travail assez important même si les
exploitations disposent de moyens de transport. Ceci est du à
l'éloignement le plus souvent des campements du forage alors qu'il faut
quotidiennement aller chercher de l'eau sans oublier que dans la plupart des
cas ce sont les jeunes garçons ou les femmes qui s'occupent de cette
activité.
8-4-2 Les performances économiques :
A l'instar de l'analyse économique des
précédents systèmes d'élevage, l'évaluation
des performances économiques de ce système sera axée sur
le maximum technique.
Ce système, à l'image des systèmes
d'élevage d'ovins est qualifié de comptes courants des
exploitations agricoles du Ferlo ce qui laisse présager beaucoup de
déstockage dans ce type de système.
Par ailleurs ce système fonctionnant avec deux actifs, une
chambre à air de 600 litres à un maximum technique qui est
évalué à 190 têtes de caprins dont 90 mères
reproductrices. En ce qui concerne les mouvements de sortie d'animaux, nous
constatons qu'en moyenne 67 caprins sont déstockés par an dont 52
chevreaux sevrés, 15 chèvres de réforme et un
bouc de réforme. Ce qui nous permet de calculer la
production brute de ce système, celuici est de 624.500F.
Quant aux consommations intermédiaires qui représentent
l'ensemble des charges qui ont servi au fonctionnement du système
à savoir les frais liés à l'abreuvement et les frais
sanitaires, elles s'élèvent à
219.000F.
Grâce à la production brute et les consommations
intermédiaires de ce système, nous avons une valeur
ajoutée brute estimée à 405500 FCFA. (voir annexe
5)
8-5/ Comparaison des différents systèmes
d'élevage
Pour faire une analyse comparative des différents
systèmes d'élevage pratiqués dans l'unité pastorale
de Bélél Bogal, nous étudierons les productivités
en travail et en capital des systèmes.
Tableau 8-1 : Les valeurs ajoutées brutes
des différents systèmes d'élevage
Systèmes
|
VAB Totale
|
VAB/ Mère
|
VAB/ HJ
|
Bovins Forage
|
1547602
|
51586,73
|
9379,41
|
Bovins Ferlo
|
1.496.937,5
|
49897,92
|
6438,44
|
Bovins Walo
|
2.198.195
|
73273,17
|
12930,56
|
Ovins Ferlo
|
576275,83
|
6066,06
|
752,32
|
Ovins forage
|
610745,93
|
6428
|
839,22
|
Ovins Saloum
|
2.657.000
|
13285
|
2036,02
|
Caprins divagants
|
405500
|
4505,56
|
766,18
|
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 8-8 : Productivité du travail des
systèmes d'élevage
Temps de travel par HJ (en FCFA))
14000
12000
10000
4000
2000
8000
6000
0
Systèmes d'élevage
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 8-9 : Productivité des
systèmes d'élevage par mère
VABAMete (en FCFA)
40000
20000
80000
70000
60000
50000
30000
10000
0
Systèmes d'élevage
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'analyse comparée de ces deux graphiques permet de
constater que les bovins constituent les systèmes d'élevage les
plus intensifs en travail et en capital. En effet les systèmes
d'élevage qui constituent les comptes d'épargne des exploitations
agricoles du Ferlo sont très exigeants en travail à cause le plus
souvent de leur caractère transhumant. Autrement dit la plupart des
systèmes bovins de l'UP de Bélél Bogal est un
système extensif basé sur l'exploitation de vastes réseaux
de ressources fourragères et
hydrauliques ce qui augmente du coup le s charges en travail.
Parmi ces systèmes d'élevage, les bovins transhumants au Walo
avec plus de 12930 homme/jours sont de loin ceux qui exigent une importante
force de travail pour son fonctionnement mais produisent également les
meilleurs résultats économiques. Ce système a les
meilleurs résultats économiques parce que d'une part la
transhumance vers le Walo lui permet de ne pas payer les charges liées
à l'abreuvement durant tout le séjour dans cette zone car le
troupeau s'abreuve au niveau du fleuve Sénégal ce qui est lui
procure des gains.
Par ailleurs la comparaison intra-système nous montre
que les bovins transhumants dans le Ferlo sont moins intensifs en travail que
les bovins fixes au forage par contre ils sont moins rentables que ces
derniers. En effet les bovins fixes au forage ont une forte demande en travail
car pendant la saison sèche, ils sont obligés de patrouiller
partout dans l'unité pastorale à la recherche du pâturage
de plus rare. Ils ont cependant la meilleure productivité
économique par rapport aux bovins transhumants dans le Ferlo. Ces
derniers sont moins productifs parce que d'une part le plus souvent, le Ferlo
est confronté à des problèmes de pâturage vers la
fin de la saison sèche dus aux feux de brousse ou à la
surexploitation des zones d'accueil des transhumants et ce qui amène
d'autre part les éleveurs à faire recours à la
complémentation. C'est principalement ce recours à l'aliment de
bétail pour complémenter le troupeau qui augmente les charges
liées à la gestion de ce dernier et par ricochet diminue les
performances d'un tel système qui reste pourtant une pratique
très répandue dans la zone.
En ce qui concerne les petits ruminants, nous constatons que
les ovins transhumants au Saloum constituent le système le plus intensif
en travail et en capital. En effet au Saloum, les ovins venant du Ferlo font
beaucoup de déplacements pour exploiter le maximum de pâturages
sans oublier l'importance de la surveillance des jeunes ovins pour
éviter tout conflits avec les agriculteurs. Tout ceci participe à
l'augmentation du travail dans ce système par rapport aux autres modes
de gestion des petits ruminants. Le Saloum constitue également un
carrefour, un lieu de transit de plusieurs populations venues de tous les coins
du Sénégal ce qui fait que le prix des ovins est plus important
dans cette région que dans le Ferlo. Cette différence assez
considérable du prix des petits ruminants dans cette région
contribue de manière considérable à augmenter les
résultats économiques de ce système.
Pour l'inter-comparaison des systèmes d'élevage,
il apparaît clairement que les bovins constituent les systèmes les
plus intensifs en travail et les plus rentables ce qui veut dire que les
exploitations agricoles ont beaucoup plus intérêt à
pratiquer les systèmes bovins que les systèmes à petits
ruminants. Toutefois, ceci est à relativiser car les systèmes
à petits ruminants constituent les comptes courants de ces exploitations
même s'ils ne sont pas aussi rentables, ils sont constitués des
animaux les plus faciles à écouler d'où
l'intérêt d'en avoir sans oublier que les opérations
tabaski en font des systèmes assez juteux.
CHAPITRE IX : Analyse des systèmes de
production
Dans l'UP de Bélél Bogal, nous retrouvons quatre
systèmes de production combinant plusieurs systèmes
d'élevage et de culture. Il s'agit :
c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage+ovins
Ferlo + Ovins Saloum + Caprins, ce système de production correspond
à la catégorie des grandes exploitations pasteurs « Jarga
»
c Bovins transhumant Ferlo +Bovins forage+ Ovins forage +Ovins
transhumant Ferlo + Ovins Saloum + Caprins + Riz + Tomate, c'est la
catégorie des grandes exploitations agropasteurs « Jarga »
c Bovins transhumants Walo + Ovins forage + Caprins + Riz +
Tomate +M//B//N. Il pratiqué par les moyennes exploitations agropasteurs
;
c Ovins forage + Caprins+ M//B//N correspond aux petites
exploitations agropasteurs.
9-1/ Caractéristiques et fonctionnement des
systèmes de production :
9-1-1/ Le système de production des grands
pasteurs « Jargas »
Exclusivement basé sur l'élevage, ce
système de production est constitué des grandes exploitatio ns
(riches) qui représentent près de 15% des exploitations agricoles
de l'unité pastorale de Bélél Bogal. C'est un
système qui combine tous les types de systèmes d'élevage
qu'on rencontre dans la zone.
Ce système de production fonctionne selon plusieurs
stratégies qui permettent à cette catégorie d'exploitation
de combiner de manière efficiente les différents systèmes
d'élevage dont certains sont basés sur la transhumance.
Les exploitations qui pratiquent ce système mode de
production sont les plus éloignées de l'unité pastorale.
En effet, elles sont situées en moyenne entre 10 et 13 km du forage ce
qui fait que ces dernières disposent de moyens de transport notamment
pour l'abreuvement des petits ruminants. Cette situation géographique
permet à ces exploitations de profiter des meilleurs pâturages de
l'unité pastorale et d'être également dans des zones non
loin des autres forages pour parer à toute panne de l'infrastructure
hydraulique.
Ces exploitations ont une organisation très
spécifique qui leur permet de combiner l'ensemble des systèmes
d'élevage de manière optimale. C'est ainsi que la présence
de
salariés est notée dans ces systèmes de
production surtout pour la conduite du troupeau ovin notamment pour celui qui
transhume vers le Saloum et/ou le Ferlo. Ces salariés s'occupent des
petits ruminants notamment du troupeau d'ovins qu'ils conduisent toujours avec
les membres de l'exploitation agricole. En fait, s'il s'agit des ovins
transhumants au Saloum, une famille de l'exploitation est chargée
d'aller avec le troupeau aidée en cela par les bergers salariés.
Très souvent, ce sont les jeunes mariés sauf l'aîné
qui vont au Saloum avec toute leur famille, ce dernier s'occupe très
souvent du troupeau des bovins. Concernant ce troupeau, il est tout le temps
conduit sans berger et c'est toute la famille de l'aîné de
l'exploitation qui transhume quasiment avec lui chaque année dans le
Ferlo. Le reste des systèmes de l'exploitation est sous la charge de la
famille qui reste au niveau de l'unité pastorale. Grâce à
cette organisation, cette exploitation agricole composée de sept (06)
actifs familiaux et d'un berger salarié parvient à faire
fonctionner son système de production.
9-1-2/ Le système de production des agropasteurs
« Jargas »
Pratiqué par près de 25% des exploitations de l'UP,
ce système de production est basé sur la combinaison de deux
systèmes de cultures et de six systèmes d'élevage.
En ce qui concerne les systèmes d'élevage, cette
catégorie d'exploitation fonctionne de la même manière que
la précédente. En effet sur le mode d'organisation des
activités liées à l'élevage, nous retrouvons les
mêmes pratiques à savoir l'organisation de l'exploitation au
moment de la transhumance au Saloum ou au Ferlo mais aussi l'emploi d'un berger
pour conduire le troupeau d'ovins.
Cette catégorie d'exploitation localisée le plus
souvent vers le nord du forage dispose d'un important matériel pour les
besoins de son fonctionnement. C'est ainsi que nous retrouvons deux à
trois charrettes avec deux chevaux et plusieurs ânes.
S'agissant des systèmes de cultures à savoir le
riz irrigué et la tomate industrielle, elles occupent une place
importante dans ces catégories d'exploitations. Ce qui fait que
dès le mois de juin, une partie de la famille partie en transhumance se
replie dans les campements pour ainsi organiser le départ vers le Walo
où ces agropasteurs vont séjourner jusqu'à la fin des
premières opérations culturales liées au riz
irrigué. Tandis que pour la tomate industrielle, le début des
opérations culturales a lieu au mois de novembre période à
laquelle le travail concernant le troupeau n'est pas important.
Ceci permet à ces exploitations qui ne disposent que de
sept (07) actifs d'être à cheval sur l'ensemble des travaux
qu'exige leur système de production même si parfois elles font
appel à de la main d'oeuvre salariée notamment pour les besoins
de la récolte de la tomate et de la conduite d'une partie du
troupeau.
9-1-3/ Le système des moyens agropasteurs
:
Avec près de 25% de pratiquants, ce système de
production est le seul de l'unité pastorale qui a un système
d'élevage basé sur la transhumance au Walo. En plus de ce
système d'élevage, les ovins fixes au forage et les caprins
divagants constituent les autres systèmes d'élevage figurant dans
le système de productions de ces types d'exploitation agricoles. A
côté de ces systèmes s'activant dans l'élevage, nous
avons trois systèmes de culture dont deux dans les PIV et l'un
étant une culture pluviale.
Ce système de production fonctionnant avec cinq (05)
actifs grâce à des combinaisons très particulières
parvient à travailler sur six (06) systèmes différents. En
effet, pour ce qui est des travaux liés à l'agriculture
principalement le riz irrigué, les opérations culturales
commençant presque avec celle de la culture pluviale ce sont les hommes
qui s'occupaient du troupeau en transhumance au Walo qui s'en occupent. Tandis
que pour l'agriculture hivernale, il n'y a qu'un seul homme membre de la
famille, le plus souvent le chef de famille qui en est responsable aidé
en cela par les femmes de l'exploitation et les enfants.
En ce qui concerne la conduite des ovins et des caprins
résidants au campement, ce sont les enfants qui sont chargés de
conduire au pâturage et de surveiller les ovins tandis que les caprins le
plus souvent sont laissés en divagation.
Ces exploitations agricoles sont équipées au
moins d'une charrette avec trois à quatre ânes et un cheval, ce
qui leur permet d'assurer leur besoin et celui du troupeau en eau depuis le
forage avec le transport des chambres à air quotidiennement mené
par les charrettes à ânes mais aussi de faire très souvent
des déplacements entre le Ferlo et le Jééri pour accomplir
certains travaux dans différents systèmes composant leur
système de production.
9-1-4 Le système des petites exploitations
agropasteurs :
Il est le système le plus représenté dans
l'unité pastorale de Bélél Bogal avec 35% des
exploitations agricoles qui ont ce même mode d'exploitation des
ressources. Ces exploitations qui allient les systèmes ovins fixes au
forage, caprins divagants et agriculture pluviale associée dans le
Jééri sont celles qui disposent de la plus faible force de
travail car vivant seulement avec trois (03) actifs.
Cette catégorie d'exploitation est de nos jours celle
qui tient le plus à l'agriculture pluviale car celle-ci constitue un
véritable levier sur lequel s'appuie ces agropasteurs pour atteindre
l'autosuffisance alimentaire dans leurs différentes exploitations.
Les petites exploitations agropasteurs fonctionnent avec
généralement une charrette pour le transport de l'eau du forage
au campement et le plus souvent un membre de la famille travaille comme
salarié dans d'autres familles de l'unité pastorale ce qui leur
permet d'augmenter leurs revenus.
Par ailleurs ce système de production tend à ne
regrouper que des familles mononucléaires ce qui fait que la force de
travail de ces exploitations n'est pas aussi importante contrairement aux
autres exploitations agricoles regroupées en grandes familles.
9-2/ Les performances économiques des
systèmes de production :
Il s'agit tout d'abord de l'évaluation de la valeur
ajoutée brute des systèmes de production qui est la somme des
valeurs ajoutées brutes des différents systèmes
pratiqués par l'exploitation agricole. Elle est le premier niveau de
création de richesse de toute exploitation.
Dans un souci de synthèse, nous avons choisi de
résumer l'ensemble des valeurs ajoutées brutes des
différents systèmes de production dans le tableau ci-dessous.
Par ailleurs sachant que dans l'analyse des systèmes
d'élevage, nous avions axé notre analyse sur le maximum technique
de chaque système, dans cette partie no us allons considérer les
données réelles de chaque système pour établir les
performances économiques des différents systèmes de
production.
Tableau 9-1 : Les différentes VAB par
système de production
Systèmes
|
Bovins Bovins
Ferlo Forage
|
Bovins Walo
|
Ovins Ferlo
|
Ovins Forage
|
Ovins Saloum
|
Caprins divagants
|
Riz irrigué
|
Tomate industrielle
|
MxBxN
|
VAB/Système de production
|
Pasteurs Jargas
|
2258668,8 1150027,8
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
1606918,9
|
88694,575
|
0
|
0
|
0
|
5543104,984
|
Agropasteurs Jargas
|
2258668,8 1150027,8
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
1606918,9
|
88694,575
|
354239,38
|
179723,49
|
0
|
6077067,852
|
Moyens agropasteurs
|
0 0
|
2105270
|
0
|
198943,97
|
0
|
88694,575
|
354239,38
|
179723,49
|
87225
|
3014096,412
|
Petits agropasteurs
|
0 0
|
0
|
239850,83
|
198943,97
|
0
|
88694,575
|
0
708478,76
|
0
|
87225
|
614714,374
15248983,62
|
Total
|
4517337,6 2300055,6
|
2105270
|
719552,49
|
795775,88
|
3213837,8
|
354778,3
|
359446,98
|
174450
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 9-1 : Contribution des
différentes activités dans l'élaboration de la VAB des
systèmes de production
4000000
6000000
2000000
7000000
5000000
3000000
1000000
0
Systèmes de production
VAB (en FCFA)
MxBxN
Tomate industrielle Riz irrigué
Caprins divagants Ovins Saloum Ovins Forage Ovins Ferlo Bovins
Walo Bovins Forage Bovins Ferlo
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'analyse de ce graphique permet de voir que la contribution
de chaque activité dans la constitution de la VAB globale est
différente selon le système. Dans la majorité des
exploitations, les systèmes d'élevage bovins constituent
l'essentiel de la VAB globale. C'est ainsi que nous constatons que dans le
système de production composé des pasteurs « Jargas »,
la VAB du système des élevages transhumants dans le Ferlo
représente 40% de la VAB globale. Par contre, dans le système de
production des agropasteurs « Jargas », même si les
systèmes d'élevage bovins constituent avec ses 53% la plus grande
partie de la VAB globale, les systèmes d'élevage ovins
représentent aussi une bonne partie de la valeur ajoutée de ce
système de production notamment le système des ovins transhumants
au Saloum qui couvre 26% de la richesse des exploitations.
Par ailleurs en ce qui concerne le système de
production pratiqué par les petits agropasteurs, on constate qu'il est
fortement sous l'influence des systèmes d'élevage qui disposent
de la plus grande part dans l'élaboration de la valeur ajoutée de
ces exploitations. En effet avec plus de 71% dans la VAB globale les
systèmes d'élevage basés sur les ovins constituent les
systèmes les plus rentables pour ces catégories
d'exploitations même si pour autant elles pratiquent
toujours l'agriculture pluviale dans le Jééri.
Pour mieux comparer les systèmes de production des
différentes exploitations, nous allons utiliser les productivités
du travail et les productivité par UBT ce qui nous permettra de voir
toutes les dynamiques des exploitations agricoles de l'unité pastorale.
Tableau 9-2 : les valeurs ajoutées brutes des
différents systèmes de production
|
VAB globale
|
Nombre d'homme jours (HJ)
|
VAB/HJ
|
UBT totale
|
VAB/UBT
|
Pasteurs Jargas
|
5543105
|
1900,3367
|
2916,90674
|
243,677
|
22747,7562
|
Agropasteurs Jargas
|
6077067,9
|
2376,0867
|
2557,59514
|
244,337
|
24871,6643
|
Moyens agropasteurs
|
3014096,4
|
1450,4496
|
2078,04283
|
66,025
|
45650,8355
|
Petits agropasteurs
|
614714,37
|
1011,25
|
607,875772
|
6,75
|
91068,7961
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
Graphique 9-2 : Comparaison des
productivités du travail et par UBT des différentes
catégories d'exploitation
Comparaison des productivités du travail et par
UBT des différentes catégories d'exploitation
VAB/UBT (en FCFA
2500
2000
3500
3000
1500
1000
500
0
Pasteurs Jarga
Agropasteurs Jarga
Catégories d'exploitations
Moyens agropasteurs
Petits agropasteurs
40000
20000
90000
80000
70000
60000
50000
30000
0
100000
10000
VAB/HJ (en FCFA
Productivité/UBT Productivité du travail
Source : Enquête mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
L'observation de ce tableau et de ce graphique nous montre que
le système de production des exploitations agropasteurs « Jargas
» est celui qui dispose de la plus grande valeur ajoutée globale
alors qu'il constitue le système de production qui combine le plus des
systèmes d'élevage et de culture. Ce qui montre que les
systèmes pratiqués par cette catégorie d'exploitation
notamment l'agriculture au Walo contribue à la formation de cette valeur
ajoutée brute d'une manière très conséquente ce qui
permettra probablement à ce système de production de
dégager un revenu agricole assez important.
Par ailleurs le graphique révèle que le
système de production constitué des petits agropasteurs a la plus
grande productivité du travail alors qu'elle dégage la valeur
ajoutée la plus faible des quatre systèmes de production.
9-2-1-1 Les revenus agricoles des
exploitations
Avant de calculer les revenus agricoles des différentes
exploitations, il nous faut d'abord calculer les valeurs ajoutées nettes
et les amortissements notés dans les systèmes de production.
Par ailleurs, nous tenons à signaler que c'est suite
à une impossibilité de comparer le
revenu agricole familial à l'hectare que nous avons
opté de travailler avec les unités bétails tropicales
(UBT).
Tableau 9-3 : Les revenus des différents
systèmes de production
|
Pasteurs Jargas
|
Agropasteurs Jargas
|
Moyens agropasteurs
|
Petits agropasteurs
|
VAB globale
|
5.543.104,984
|
6.077.067,412
|
3.014.096,412
|
614.714,374
|
Amortissements
|
170.357
|
203.024
|
88.917
|
29.945
|
VAN
|
5.372.747,984
|
5874043,41
|
2925179,412
|
584769,374
|
Salaires
|
90.000
|
180000
|
-
|
-
|
Revenus agricoles
|
5.282.274,984
|
5694043,41
|
2925179,412
|
584769,374
|
Actifs / Système
|
7
|
7
|
4
|
3
|
Revenus/Actifs
|
754610,711
|
813343,773
|
731294,853
|
194923,125
|
Source : Mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
Avec ce tableau, nous constatons que le système des
agropasteurs « Jargas » est celui qui génère les
revenus les plus importants, ceci grâce à la combinaison de tous
les systèmes d'élevage et des systèmes de culture du Walo.
En effet ces systèmes permettent à cette catégorie
d'exploitation d'avoir un revenu agricole important. Par contre le
système de production des petits agropasteurs qui ne combine que deux
systèmes d'élevage de petits ruminants et un système de
culture pratiqué en hivernage dispose du plus faible revenu agricole.
Ainsi donc, nous pouvons dire que dans l'UP de
Bélél Bogal, le niveau de revenu est fonction du nombre de
système de culture et d'élevage combinés mais aussi du
nombre d'actifs dont dispose l'exploitation agricole.
9-2-1-2 Calcul des seuils de survie et de
sociabilité :
Le seuil de survie est le revenu minimum qu'un actif doit
dégager de son exploitation pour assurer sa survie et celle de ses
dépendants, c'est-à-dire celle des personnes non actives qui sont
à sa charge (enfants en bas âge, infirme ou personne
âgée). C'est ainsi que pour l'évaluer, il nous a paru
nécessaire de mener les enquêtes chez les exploitations
les plus démunies ce qui nous a permis d'estimer ensuite
un seuil de survie dans l'ensemble de l'unité pastorale.
A côté du seuil de survie, il y'a le seuil de
sociabilité qui est le niveau de revenu en dessous duquel il n'est plus
possible, pour un exploitant agricole, d'assurer à la fois le
renouvellement du capital d'exploitation et la subsistance de sa famille. Pour
l'élaboration de ce seuil, les investigations ont concerné des
exploitations à très faible revenu c'est-àdire celles qui
ont aidé à évaluer le seuil de survie mais aussi des
exploitations à revenus intermédiaires. C'est ainsi que ces deux
seuils représentent respectivement 83706 FCFA et
125558 FCFA.
9-2-1-3/ Analyse des revenus des exploitations par
rapport aux seuils de survie et de sociabilité :
Graphique 9-3 : Comparaison des revenus agricoles
potentiels des exploitations agricoles par rapport aux seuils de survie et de
sociabilité
Catégorie d'exploitations
Pasteurs Jargas
Petits agropasteurs
Moyens agropasteurs
Agropasteurs Jargas
Revenue agricoles/Adifs (en FCFA)
400000
900000
800000
600000
500000
300000
200000
700000
100000
0
Seuil de survie Seuil de sociabilité
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007
Avant de passer au commentaire de ce graphique, il nous faut
préciser que c'est parce que dans notre zone d'étude,
l'élevage est la principale activité économique ce qui
fait que dans l'analyse du diagnostic agraire, il est ressorti plus de
systèmes d'élevage que de systèmes de culture. Avec cela,
on constate qu'il est impossible de faire l'analyse des revenus agricoles par
actifs par rapport à la surface par actif comme le recommande la
méthodologie utilisée jusque là.
L'analyse de ce graphique montre clairement que les
différents systèmes de production existants dans l'unité
pastorale de Bélél Bogal dégagent tous un revenu par actif
supérieur aux seuils de survie et de sociabilité. Ce qui nous
renseigne sur la rentabilité des systèmes de production
pratiqués dans cette partie du Ferlo.
L'importance des revenus agricoles familiaux est due dans
certains cas notamment en ce qui concerne les exploitations agropasteurs
(Jargas et Moyens) à la présence des cultures irriguées
qui jouent un grand rôle direct ou indirect dans le fonctionnement des
exploitations agricoles de cette zone d'ailleurs la plus proche du Walo de tout
le Ferlo.
Cependant il est important de noter que l'importance des
revenus familiaux par actifs dans l'ensemble des exploitations peut conduire
à des confusions. En effet le seuil de survie n'étant basé
que sur les modes de vie des populations locales d'une région sa
faiblesse ou sa grandeur peut donc différer d'une région à
une autre ce qui veut dire que les systèmes de productions que nous
avons dans cette zone peuvent devenir très faibles en quittant
l'unité pastorale.
Avec cette analyse comparée des revenus par actifs et
par catégorie d'exploitations qui a abouti à la conclusion que
les revenus des exploitations de l'unité pastorale sont
supérieures aux seuils de survie et de sociabilité, nous
constatons que les différentes exploitations de cette zone disposent
toutes de capacités contributives assez conséquentes qui
pourraient leur permettre de diversifier leurs activités ou d'investir
dans d'autres secteurs tels que l'éducation et la formation.
Les revenus agricoles des différentes exploitations
sont tous supérieures aux seuils de survie et de sociabilité ce
qui veut dire que les exploitations de cette région peuvent tous
envisager de mettre leurs enfants à l'école ou bien de s'offrir
des formations d'autant plus que l'école primaire est totalement
gratuite dans l'unité pastorale. Dans ce cas, il apparaît
clairement que les revenus ne constituent pas de grands déterminants
dans les choix des agriculteurs à scolariser ou à s'offrir une
formation. Ce qui nous amène à rechercher les choix de ces
exploitations en matière d'éducation et de formation dans les
perceptions que ces derniers ont de ces deux notions mais aussi dans les
préoccupations des agriculteurs.
CHAPITRE X : Analyse des préoccupations et
propositions d'orientation
Avant de passer à l'analyse des préoccupations des
exploitations agricoles, nous allons faire l'état des lieux
c'est-à-dire la situation actuelle de ce secteur dans l'unité
pastorale.
10-1/ La situation actuelle du secteur éducatif
dans l'unitépastorale :
Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal,
nous ne trouvons qu'un établissement scolaire localisé dans le
village du même nom. Cette école élémentaire
construit il y'a vingt ans est composée de deux abris provisoires et
fonctionne sous le régime du multigrade avec un enseignant qui assure
les cours dans quatre classes pédagogiques.
Par ailleurs, cet établissement scolaire connaît
en moyenne plus de vingt abandons par an ce qui rend difficile la pratique de
l'éducation scolaire dans les exploitations agricoles de l'unité
pastorale. Pour preuve, pour l'année académique 2006-2007,
l'école a démarré sur un effectif de trente six
élèves pour terminer l'année scolaire avec vingt et
élèves soit un taux d'abandon de 41,7%.
Ce fort taux d'abandon est loin d'être lié au
niveau de revenus des populations car dans cette unité pastorale tous
les frais liés à l'école élémentaire sont
gratuits. En effet, les frais de scolarisation tout comme les fournitures sont
à la charge du conseil rural qui effectue chaque année une
dotation à l'école, mieux l'école dispose d'une cantine
scolaire financée et subventionnée par l'ONG américaine
Counter Part International qui permet aux élèves de prendre leurs
déjeuners au niveau de l'école et cela sans aucune
contrepartie.
L'importance du taux d'abandon et la faiblesse du taux
d'inscription sont dues selon les populations au fait que le calendrier
scolaire n'est pas bien adapté à la zone sylvopastorale. En effet
selon toujours ces populations, au moment où vaquent les classes les
enfants sont sollicités dans les exploitations pour aider à la
surveillance du troupeau qui est pendant cette période dans une
situation critique à savoir l'épuisement du pâturage. Cette
situation critique du troupeau appelant les éleveurs à transhumer
avec leurs familles pause un problème de logement des enfants
scolarisés d'où le fort taux d'abandon constater et qui se
manifeste surtout les mois de mars, avril et mai.
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA
En outre un autre fait peut expliquer le faible taux de
fréquentation de l'école française. Il est en effet
à chercher dans les pratiques des populations en matière
d'éducation. Il ressort ainsi que les populations
préfèrent le plus souvent mettre leurs enfants à
l'école coranique qui selon elles, constitue la meilleure pour apprendre
à vivre en société. Signalons que lorsque les
éleveurs amènent leurs enfants à l'école coranique
le problème relatif au logement des enfants au moment de la transhumance
est réglé car les enfants sont nourris et logés dans la
maison du marabout.
Ainsi donc comme nous le voyons la non inscription des enfants
de cette unité pastorale à l'école française est
loin d'être un problème de volonté mais plutôt une
question liée à l'inadéquation du calendrier scolaire par
rapport au calendrier pastoral des exploitations agricoles dont les
activités les plus importantes ont lieu pendant cette période.
10-2/ Analyse des préoccupations des agriculteurs
en matière d'éducation
Pour cette partie, nous avons travaillé avec des guides
d'entretiens qui nous ont permis de recueillir les perceptions et les
préoccupations des populations vis-à-vis de l'école. Avec
ces données, nous avons sortis toutes les préoccupations en
prenant le soin à chaque fois de donner les dires des agropasteurs pour
illustrer les perceptions ou préoccupations.
Tableau 10-1 : Les préoccupations des
exploitations en matière d'éducation
c L'école coranique
Préoccupations
|
Cadre d'analyse des parents
|
Coûts directs et indirects
|
La consolidation des valeurs religieuses
|
L'école coranique est un moyen pour connaître les
préceptes de l'islam
L'école coranique participe à la socialisation des
enfants.
« A son retour de l'école coranique mon fils
saura les préceptes de l'islam et évitera ainsi les
péchés sans oublier qu'avec la connaissance acquise là-bas
il saura comment vivre en société en respectant les anciens et
ses voisins ».
|
«Je suis vieux, je n'ai qu'un garçon et si je
l'envoie au daara, j'aurai personne pour s'occuper des animaux »
|
c L'école française
Préoccupations
La gestion de l'élevage
L'éveil et la conscientisation des
enfants
La
diversification des activités
|
Cadre d'analyse des parents
' Même si on a pas un
emploi avec l'éducation, elle nous permet de sortir de
ignorance, de gérer nos activités surtout d'élevage sans
dépendre des autres ».
'un enfant ayant été à l'école
est plus intelligent et peut vivre sans dépendre des autres et sans
être trompé par d'autres personnes ... »
|
Coûts directs et indirects
' Dans cette école, on ne paie rien, tout est
donné par l'enseignant même pour la cantine scolaire, les parents
d'élèves ne participent plus à la cotisation mensuelle
»
' Quand j'envoie mon fils à l'école, je dois
payer 15000 F à un berger pour conduire les animaux »
|
'Si les enfants réussissent à l'école,
les revenus d la
famille seront diversifiés mais s'ils ne
réussissent pas nos revenus ne dépendront que de l'élevage
ce qui n'est pas une bonne chose car l'élevage n'a plus
d'avenir»
|
|
Source : Enquête
mémoire Abou Bâ, ENEA 2007
L'analyse de ces deux tableaux récapitulatifs de
l'ensemble des préoccupations des exploitations en matière
d'éducation nous montre que le fait d'amener les enfants à
l'école française obéit à des raisons diverses
selon les catégories d'exploitations. En effet pour les grandes
exploitations pasteurs et agropasteurs qui représentent 40% des
exploitation de l'unité pastorales, le fait d'amener les enfants
à l'école c'est en vue de leur permettre plus tard de mieux
gérer le troupeau. Autrement dit pour ces types d'exploitations,
l'école doit permettre à leurs enfants d'acquérir un
savoir faire afin d'optimiser le troupeau grâce à une bonne
gestion de celuici. Par contre, pour les autres catégories
d'exploitation à savoir les petits et moyens pasteurs, l'école
constitue un
moyen ou le chemin permettant d'aboutir à une
diversification de leurs activités pour ne pas dire parvenir à
quitter l'élevage. Ces exploitations sont les plus nombreuses dans
l'unité pastorale et les moins riches par rapport à celles
citées plus haut cependant ce sont elles qui scolarisent plus leurs
enfants.
Cette différence de niveau dans les
préoccupations des exploitations agricoles en matière
d'éducation s'explique par d'une part les grandes exploitations pasteurs
et agropasteurs ne sont pas confrontées à des problèmes
d'ordre financier et disposent d'autre part d'un important troupeau dont elles
sont soucieuses de sa bonne gestion. Ceci n'est pas le cas des autres
exploitations car ces derniers même en disposant d'un revenu agricole par
actif supérieur au seuil de sociabilité n'en demeurent pas moins
des exploitations confrontées à plusieurs difficultés dont
la non moins importante est la cherté des aliments de
complémentation. Ainsi donc pour ces types d'exploitation,
l'école française constitue une porte qui grâce à
leurs enfants peut les permettre d'élargir les possibilités
d'accroître leurs revenus par une diversification des activités
dans leurs systèmes de production.
En ce qui concerne l'école coranique, les
préoccupations des différentes exploitations sont toutes
identiques car son objectif premier est de participer à inculquer aux
enfants les valeurs de la religion pour lui apprendre le comportement à
adopter en société.
Pour terminer cette partie liée aux
préoccupations des agriculteurs en matière d'éducation,
nous constatons que si pour l'école coranique ces préoccupations
sont partagées ce n'est pas le cas des préoccupations relatives
à l'école française. En effet, nous avons constaté
que les préoccupations sont exprimées en fonction des niveaux
économiques des exploitations agricoles même si dans
l'unité pastorale tous les types d'exploitation disposent de revenus
supérieurs au seuil de sociabilité. Ceci se remarque dans
l'appartenance du plus grand nombre des élèves inscrits à
l'école française aux catégories d'exploitations qui ont
les niveaux de revenus les plus faibles.
10-3/ Les coût liés à
l'éducation :
Comme nous l'avons vu plus haut dans l'unité pastorale
de Bélél Bogal, les coûts directs liés à
l'éducation sont quasiment nuls. Il s'agit entre autres des frais
d'inscriptions qui sont gratuits, des frais liés à la cantine
scolaire qui sont également gratuits car la cantine est financée
gratuitement par une ONG américaine et enfin les fournitures sont
offertes aux élèves par le conseil rural qui donne tout le
matériel didactique nécessaire aux élèves
durant l'année scolaire. Cependant, il y a les frais
liés à l'habillement des élèves durant
l'année scolaire, ils sont estimés à 8000F par
élève.
En ce qui concerne les coûts indirects liés
à l'éducation, il s'agit principalement des frais liés
à l'engagement d'une main d'oeuvre salariée pour remplacer
éventuellement l'enfant envoyé à l'école. Pour ces
frais liés à la main d'oeuvre, il est important de signaler que
seuls les deux grandes catégories d'exploitations en ont alors qu'elles
constituent celles qui envoient le moins leurs enfants à l'école.
Ainsi un salarié est payé à 15.000FCFA par mois, cependant
ces salariés ne travaillent le plus souvent qu'au maximum six mois et
ils sont généralement payés en nature surtout quand il
s'agit de ceux qui vont au Saloum.
Pour terminer, nous pouvons dire que les coûts
liés à l'éducation sont peu élevés pour les
moyennes et petites exploitations agricoles car ne concernant que les frais
d'habillement. En effet ces exploitations n'utilisent pas de main d'oeuvre
salariée même quand il s'agit d'envoyer un enfant à
l'école. Ce qui confirme nos propos cités plus haut que les
différentes exploitations de l'UP de Bélél Bogal ont
toutes les capacités contributives nécessaires pour financer
l'éducation de leurs enfants.
10-4/ Analyse des préoccupation des agriculteurs
dans leurs activités
Interroger les populations rurales sur les
préoccupations qu'ils ont dans leurs pratiques de tous les jours est un
moment très riche en enseignement. En effet dans leurs activités
quotidiennes, les agriculteurs sont confrontés à des
difficultés mais toutes ne constituent pas des préoccupations car
ces populations à chaque fois qu'elles peuvent par leurs propres
stratégies venir à bout d'une difficulté ne manquent pas
de le faire. Ce qui fait que leurs préoccupations constituent des
difficultés qu'elles n'ont pas pu lever à leur niveau.
Ces préoccupations qui se manifestent par l'exposition
de difficultés le plus souvent peuvent être levés par
plusieurs moyens notamment la formation. Ainsi donc, ces préoccupations
constituent dans une moindre mesure des demandes de formation qu'expriment
implicitement les agriculteurs.
Pour comprendre tout cela, la plupart des préoccupations
des agriculteurs de notre zone d'étude est consignée dans les
tableaux ci-dessous :
Tableau 10-2 : Synthèses des
préoccupations des agriculteurs concernant
leurs activités
Préoccupations
|
Cadre d'analyse des agriculteurs
|
Stratégies mises en oeuvre
|
|
L'élevage aujourd'hui dans le
|
Pour faire face au manque de pâturage, la
|
|
Ferlo est menacé par le déficit
|
transhumance est l'une des stratégies
|
|
pluviométrique.
|
adoptées par les éleveurs.
|
|
L'augmentation de la population
|
Le retard fréquent des pluies oblige les
|
|
compromet l'avenir de l'élevage.
|
éleveurs à faire recours à la
complémentation qui est très chère.
|
|
« S'il pleut et qu'il y a beaucoup
|
|
|
d'herbes tout va à merveille.
|
« La pratique de l'élevage est très
difficile de
|
L'élevage est
confronté au
|
Actuellement, il y'a beaucoup de problèmes. L'herbe
s'épuise et la
|
nos jours car elle tourne qu'autour de la transhumance et de
la complémentation, ce
|
manque de
pâturage.
|
pluie ne vient pas encore »
|
qui signifie qu'il faut tout le temps bouger ce qui n'est pas
une bonne stratégie et pas du
|
|
« ..c'est la pluie et l'herbe
qui maintiennent en vie notre élevage
|
tout possible car arrivera un moment où on ne pourra
plus bouger»
|
|
(...) et ces dernières années la pluie
|
« Actuellement tout les animaux sont en
|
|
a fortement diminuée ... »
|
transhumance et chaque année c'est comme ça
dans toute la zone...dés qu'il y a plus
|
|
« De nos jours, la population
|
d'herbes on transhume. Les rares éleveurs
|
|
augmente sans cesse, le troupeau
|
qui restent là sont les petits éleveurs ils
sont
|
|
encore beaucoup plus donc le
|
obligés de complémenter comme ceux qui
|
|
pâturage est surexploité alors que la superficie
de la terre est restée la
|
sont en transhumance ».
|
|
même mieux les pâturages se
|
« ...On est obligé de partir chaque année
en
|
|
rétrécissent à cause de la
pression
|
transhumance à la recherche du pâturage,
il
|
|
démographique donc où est l'avenir
|
faut également complémenter car avec la
|
|
de l'élevage... »
|
durée de saison sèche l'herbe de bonne
qualité a disparu et on est obligé de maintenir en forme les
animaux les plus faibles ».
|
L'élevage
souffre de
l'absence d'une filière de vente du
lait
|
Les déficits
pluviométriques
menacent la
survie de
l'agriculture
|
Pour parer aux déficits pluviométriques,
les agriculteurs adoptent des spéculations à cycle
plus court.
« ...maintenant nous cultivons beaucoup plus du
niébé et du béréf qui sont plus adaptés
à la situation actuelle »
« à cause de la pluie qui diminue et qui tarde
à venir, il y a de moins en moins d'arachide et du mil, les gens ne
cultivent que du niébé, du béréf et de la
pastèque »
« aujourd'hui nous ne pouvons cultiver que des
spéculations à cycle très court car les conditions
pluviométriques ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois
»
L'agriculture dans le Jééri est dépendante
de la pluviométrie
« vous savez dans cette partie du Ferlo l'agriculture ne
dépend que de la pluie, s'il pleut tôt on a de bonnes
récoltes et si c'est le contraire on est sûr de vivre une
année difficile »
« ... l'agriculture qu'on pratique ici n'est pas bonne
car elle ne dépend que de la pluie alors que celle-ci est du ressort de
Dieu... »
« ... parce que la pluie n'est pas du ressort des
hommes, notre activité d'agriculteur n'a pas d'avenir à moins que
la situation pluviométrique se renverse »
L'agriculture pluviale dans le Jééri est
confrontée aux agressions des insectes et des oiseaux.
A cause des oiseaux, les agriculteurs sont
obligés de surveiller constamment leurs champs.
Pour faire face aux attaques des insectes,
L'action des
insectes et des oiseaux diminue les
productions
|
« dés le début de floraisons de nos
cultures, les insectes et les oiseaux viennent détruire ce qu'on devait
récolter »
«les oiseaux et les insectes sont les principaux ennemis
à nos champs car ils font beaucoup de dégâts ce qui causent
des pertes tout les agriculteurs »
|
les agriculteurs utilisent des insecticides.
« ...au moment de la floraison, nous construisons une
case dans le champ avec mon fils on se relaie pour surveiller et renvoyer les
oiseaux et parfois avant cette période, on utilise des insecticides
»
« Pour avoir une production dans le Jééri,
il faut constamment surveiller son champ sinon on court vers de grosses
pertes... »»
Source : Enquête mémoire Abou
Bâ, ENEA 2007
Avec l'analyse de ces tableaux, nous constatons que notre zone
d'étude est un véritable bastion des activités agricoles.
En effet l'ensemble des préoccupations soulevées par les
populations tourne autour de ces deux activités qui sont :
l'élevage et l'agriculture. Cependant ceci peut être du aussi au
fait que nos enquêtes ont été menées à un
moment où l'ensemble des agriculteurs étaient occupés par
ces activités notamment pour l'élevage qui était dans une
situation très difficile due à plusieurs facteurs.
C'est ainsi que pour cette activité la principale
préoccupation partagée par toutes les catégories
d'exploitations est celle relative au pâturage. Cette
préoccupation constitue le plus grand souci des éleveurs de
l'unité pastorale car face à celle-ci les pasteurs et
agropasteurs n'ont que comme solutions : la transhumance et la
complémentation.
En ce qui concerne la transhumance les éleveurs sont
tous unanimes sur le fait qu'elle n'est pas une solution durable d'où
donc l'intérêt de réfléchir sur d'autres
stratégies capables de pérenniser l'activité pastorale
dans cette partie du Ferlo.
Par ailleurs la transhumance étant motivée par
le manque de pâturage dans l'unité pastorale, celui-ci va aussi
être déterminant dans l'utilisation de l'aliment de bétail
pour la complémentation. En effet avec ces déplacements les
éleveurs arrivent en milliers dans les forages d'accueil où la
surexploitation des ressources fourragères finit par créer des
déficits de pâturage et avec la pluviométrie qui tarde
très souvent à se pointer la complémentation demeure
à cette période l'unique solution pour maintenir le troupeau en
vie. Cependant à cette période l'aliment de bétail est
très cher et les éleveurs sont tenus de déstocker un
important nombre de boeufs ou de moutons pour faire face à ces frais ce
qui explique l'unanimité autour de ces deux préoccupations.
A côté de ces préoccupations la question
du lait s'avère être d'une importance capitale car ce sous produit
de l'élevage devrait être selon les éleveurs une source de
maximisation des revenus de cette activité. Toutefois le lait demeure
aujourd'hui un produit dont l'exploitation de manière optimale allait
permettre aux éleveurs de mieux préparer les périodes qui
suivent très souvent marquées par un épuisement rapide du
pâturage à cause le plus souvent des feux de brousse. Cette
situation que connaît le lait est du en grande partie à
l'enclavement du Ferlo et surtout de la zone de l'unité pastorale.
Sur le plan de l'agriculture, les préoccupations des
exploitations agricoles tournent autour de la faiblesse pluviométrique
pour les cultures du Jééri et des attaques des insectes et des
oiseaux pour les cultures au Walo.
Pour les cultures d'hivernage dans le Jééri,
contrairement à ce qu'on pourrait imaginer ce n'est pas l'accès
au semence qui est la principale préoccupation mais le déficit
pluviométrique. En effet dans cette zone c'est plutôt le
déficit pluviométrique qui est peut être le frein à
toute activité agricole et non les semences même s'il est vrai
également que l'accès à celui-ci constitue un
casse-tête pour les agriculteurs.
Ce constat est également le même pour la culture
pratiquée dans les périmètres irriguées villageois.
Pour les types d'exploitations s'adonnant à cette activité, on
aurait pensé que le taux élevé des crédits
constitueraient au moins une des préoccupations ce qui n'est pas le cas.
Les préoccupations de ces exploitations sont toutes liées aux
attaques des insectes et des oiseaux sur les récoltes ou sur les plantes
au moment de leur floraison ce qui nous montre que les agriculteurs subissent
beaucoup de pertes dues à ces attaques. Il est sur que c'est parce que
les agriculteurs n'ont pas de solutions à ce problème qu'il
constitue une préoccupation cruciale chez les producteurs agricoles.
En conclusion à l'analyse des préoccupations que
les exploitations agricoles ont dans leurs activités, il apparaît
des préoccupations qui peuvent être solutionné par l'appui
à ces exploitations, c'est cela que nous étudierons dans le point
suivant.
10-5/ Propositions d'orientation
A la suite de l'analyse des préoccupations des
agricultures en matière d'éducation mais aussi des
préoccupations concernant leurs propres activités. Nous nous
proposons de voir dans ces préoccupations ce qui nous semble possibles
de résoudre sous forme de propositions d'orientation à des
structures que nous avons identifiées comme étant les plus
concernées.
C'est ainsi que nous avons distingué les principaux points
suivants :
c Sur le plan scolaire, intégrer dans les politiques de
création d'établissements scolaires ou de renforcement de ceux
qui existent l'internat. En effet s'il y a une volonté de rendre la
pratique scolaire pérenne dans cette zone, il est important de faire
tout pour que lors des transhumances les enfants puissent rester au forage pour
continuer leurs études. Vu que le plus souvent le siège du forage
est un
campement où presque ne réside aucun enfant
scolarisé, la création d'un internat permettrait aux parents qui
comme nous l'avons vu souhaitent laisser leurs enfants à l'école
la possibilité de le faire lors des mouvements de transhumance. Ainsi
donc, il s'agira dans ce domaine pour le conseil rural qui est
compétente en matière d'éducation de construire un
internat dans l'unité pastorale et de mener des séances de
sensibilisation au niveau des éleveurs. L'autre volet dans cette
recommandation s'adresse aux autorités du ministère de
l'éducation sinon aux autorités de l'inspection régionale.
En effet vu que le principal problème de ce domaine est lié au
calendrier scolaire qui n'est pas adéquat au calendrier pastoral, ainsi
ces autorités devraient réfléchir sur un nouveau
calendrier scolaire dans l'ensemble du Ferlo et qui prendra en compte le
calendrier des activités des populations locales.
c Sur le plan de l'élevage, les préoccupations
soulevées par les exploitations sont toutes liées au manque de
pâturage à la fin de l'hivernage alors que le plus souvent ces
zones de pâturage sont bien garnies mais détruites très
rapidement par les feux de brousse. Ce qui nous amène à opter
pour des séances de sensibilisation des populations dans le domaine de
la gestion du pâturage en leur offrant des séances de formation
sur comment gérer le milieu naturel et éviter ainsi les feux de
brousse. Dans ces séances de sensibilisation insister sur les
procédures et méthodes nécessaires pour créer les
pare-feux véritables outils de circonscrire les feux en cas d'incendie
ce qui permettra à coup sûr de réduire chaque année
les superficies ravagées par ces feux de brousse.
c L'autre pan de l'élevage qui nécessite un
appui aux populations est la gestion du lait autrement comment faire pour
rentabiliser le lait dans l'unité pastorale de Bélél
Bogal. Il nous semble important de préparer les populations dans des
domaines qui leur permettront d'optimaliser ce produit notamment par la
création d'unité laitière très modeste. Cependant
ceci nécessitera une certaine formation pour les populations qui du
reste sont très proches de la route nationale mais c'est surtout le
problème de la conservation du lait qui pose problème. Les
unités laitières nous semblent être de bons moyens pour
lutter contre les pertes de lait notées chaque année et cela
globalement dans tout le Ferlo.
c Concernant l'agriculture, il est important pour ce qui est
de la culture pluviale pratiquée dans le Jééri de
réfléchir à des spéculations dont le cycle est
relativement court ce qui permettra aux agriculteurs d'être un peu
à l'abri des déficits pluviométriques. Pour ce qui est de
la culture irriguée pratiquée au Walo, il est nécessaire
qu'en collaboration avec les producteurs que les techniciens de la SAED et de
la SOCAS principal bailleur de la tomate trouvent des stratégies
efficaces de lutte contre les menaces acridiennes et autres. En effet
l'importance de la culture au Walo dans les systèmes de production de
l'unité pastorale devrait pousser tous ces acteurs à
réfléchir sur cette question.
Tableau 10-3 : Synthèse des propositions
d'orientations
Domaines
|
Propositions
|
Intervenants
|
Bénéficiaires
|
Education
|
- Créer un internat -Adapter le
calendrier scolaire au calendrier des activités
pastorales de l'UP.
|
- Conseil rural -Ministère de l'éducation ou
inspection académique de l'éducation
|
Populations locales
|
Elevage
|
- Formation en gestion du pâturage et des ressources ;
- Formation en conservation et transformation des sous produits
de l'élevage
|
- Etat, Projets,
Conseil rural ; - Etat, Projets
|
- Eleveurs
- Eleveurs, femmes
|
Agriculture
|
- Adopter des spéculations à cycle court ;
- Trouver des stratégies de lutte contre les oiseaux
|
- ISRA,
- SAED, Technicien de la SOCAS, DPV
|
- Agriculteurs
- GIE Producteurs
|
Source : Enquête mémoire
Abou Bâ, ENEA 2007 99
Conclusion :
Depuis 1973, date de la création du forage de
l'unité pastorale de Bélél Bogal, le système
agraire de cette partie du Ferlo a connu beaucoup de changements. En effet d'un
système exclusivement transhumant jadis, on est passé aujourd'hui
à des systèmes moins transhumants avec des exploitations fixes
dans les campements gravitant autour du forage.
Cette évolution dans l'histoire agraire de notre zone
d'étude n'a pas beaucoup influencé les pratiques des
exploitations agricoles. C'est ainsi que les agriculteurs de l'UP sont toujours
dans leur majorité des agropasteurs même si de nos jours
l'agriculture pluviale dans le Jééri a perdu beaucoup de son
intensité au profit de l'agriculture irriguée dans le Walo
introduite depuis 2000.
Par ailleurs la méthodologie du diagnostic agraire avec
laquelle nous avons travaillé se révèle être un
très bon outil pour comprendre des milieux aussi complexe que la zone du
Ferlo afin d'envisager des projets de développement tels l'introduction
de nouvelles stratégies de formation agricole rurale. Toutefois, il faut
bien se rendre à l'évidence que la promotion d'une innovation
technique locale ou l'appui à des formes paysannes organisées
peuvent se révéler intéressantes, mais qu' elles resteront
peu efficaces pour l'intérêt général si on ne tient
pas compte des perceptions, des préoccupations et des moyens financiers
de populations locales.
C'est pour éviter cela que notre étude a
été axé sur la connaissance des pratiques des agriculteurs
afin d'en sortir leurs demandes en formation et en éducation. Cette
recherche de plus trois mois sur le terrain nous a ainsi permis de comprendre
les pratiques et dans une certaine mesure la sociologie des exploitations
agricoles de l'unité pastorale de Bélél Bogal. En effet,
il apparaît à la suite de cette étude que ces exploitations
réparties dans quatre catégories ont tous grâce à
leurs activités économiques un revenu supérieur au seuil
de sociabilité de la localité.
Pour autant, si les résultats de l'évaluation des
revenus de ces agriculteurs nous permettent de conclure que les
exploitations agricoles ont toutes les capacités contributives leur
permettant de financer les études de leurs enfants d'autant plus que
l'école est gratuite dans la zone, l'école demeure
néanmoins un maillon faible dans les pratiques paysannes.
En effet même si à travers les enquêtes,
l'école occupe une bonne place dans les préoccupations des
agriculteurs, le taux d'inscription dans ce service reste très faible et
à cela il faut ajouter un fort taux d'abandon.
Dans l'unité pastorale de Bélél Bogal,
l'école est perçue par la plupart des agriculteurs comme un outil
qui peut permettre aux enfants de quitter les activités agricoles
cependant les mouvements de transhumances constituent les principaux freins au
développement de ce type de service. En ce qui concerne les demandes en
formation, il ressort de notre étude que les exploitations agricoles
dans leurs préoccupations ont toutes émises le problème de
la gestion du pâturage en saison sèche à cause des feux de
brousse mais aussi le problème de la conservation du lait en hivernage.
Ce qui nous amène à axer les demandes en formations des
agriculteurs de Bélél Bogal dans ces domaines.
Par ailleurs après avoir étudié notre
unité pastorale de Bélél Bogal, d'autres
problématiques de développement du monde rural ont jailli. Il
s'agit en effet de la gestion de l'eau du forage encore que cette zone a pour
principale vocation l'élevage. Il nous semble que le diagnostic agraire
nous a certes permis de comprendre les pratiques paysannes notamment le rapport
des populations à l'eau mais cela à très bas
échelle alors que cette question mériterait une analyse à
grande échelle et de manière globale c'est-àdire dans tout
le Ferlo. Il en est de même pour le foncier, c'est en effet une question
à approfondir dans cette unité pastorale mais surtout analyser la
question en ayant à l'esprit qu'on est en zone pastorale alors que cette
activité n'est pas reconnu par la loi sur le domaine national comme une
forme de mise en valeur de la terre et tout cela dans le contexte de la
décentralisation avec le transfert des compétences aux
collectivités locales.
BIBLIOGRAPHIE :
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géographique. Dakar, NEA 1986 : 394 p (Thèse de doctorat d'Etat
soutenue en 1982 : 540 p).
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en Afrique soudanosahélienne
? Découdras. Pierre Marie : A la recherche des logiques
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1818, Paris CalmannLévy.
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meilleure conservation de la biodiversité : L'étude du cas de
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adoptée par l'AN le 25 Mai 2004.
Revues spécialisées :
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? Jarousse Jean Pierre, L'économie de l'éduction
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Réflexion sur l'intérêt et l'emploi de cette
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? Barbadette. L. et al : Formation professionnelles rurales en
Afrique sub-saharienne (fichier électronique)
? Debouvry.Pierre : Les enjeux de la formation professionnelle
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électronique).
? Debouvry Pierre : Demain le paysan, enfin protagoniste de son
développement ? (Fichier électronique)
? Faye Babacar : Cours d'économie rurale, ENEA ,2004 .
ANNEXE1 : GRILLE D'OBSERVATION DU PAYSAGE
I.Géomorphologie/hydrographie/sols
1. les formes du relief.
2. les ressources en eau disponible.
3. la présentation du sol çouleur, texture,
profondeur, humidité, stabilité structurale, sensibilité
à l'érosion, porosité)
II. La végétation
4. la présentation du paysage : espaces cultivés,
friches, zones de parcours, forêts.
5. composition et diversité floristique de la
végétation spontanée.
6. Les formations arborées et les formations arbustives :
type, importance, description, types d'arbres, localisation, traces
d'utilisation, Jachères.
7. Les formations herbacées : type, importance,
description, localisation, usage (pâturage ou jachère)
8. Végétation cultivée : Cultures
pérennes en vergers, haies ou arbres disséminés dans les
champs ou pâturages
9. Cultures annuelles : taille des champs, type de cultures et
associations, densités culturales, travail du sol, pratiques culturales
et stade végétatif le jour de l'observation.
10. Les proportions relatives des formations
végétales
11. Les questions soulevées par l'observation des diverses
formes de végétation ?
III. Les formes des parcelles de
culture.
12. La présentation des champs (sont-ils fermés,
ouverts, en lanière, dans le sens de la pente?)
13. Les traces des pratiques culturales : traces de
défrichages, de brûlis charbon, trace de travail du sol, labour
à la charrue, à la houe, désherbage, taille...
IV. Les constructions : habitations, villages,
chemins, routes et aménagements
14. La manière dont le village est construite.
15. Les infrastructures qu'il bénéficie
(électricité, forage, dispensaire, écoles, etc.).
16. Organisation de l'habitat.
17. Les matériaux de construction.
18. Les constructions hors du village.
19. leurs fonctions (parcs à animaux, campement, ...).
20. Les routes, les chemins existants. Leur état. Leur
praticabilité toute l'année.
21. Les aménagements existants (Bas-fonds, forages,
clôtures, ...).
V. Les animaux
22. Animaux sauvages éventuellement (gibier, poissons,
...).
23. Animaux d'élevage : type (espèces et races
animales), nombre, localisation, situation, mode de conduite (à une
corde au piquet, en divagation, en parcours avec un bouvier, avec
matériel de culture attelée, en enclos, ...).
Annexe2: Entretien historique 09/05/2007
Bélél Bogal
Entretien 1 :
Présentation : Bonjour, je m'appelle Sarah MARSAN, je
suis étudiante en agronomie en France. Voici Abou Bâ,
étudiant en aménagement du territoire au Sénégal et
Khonté, notre interprète. Nous sommes à
Bélél Bogal en stage de fin d'étude. Nous travaillons pour
le BFPA du Ministère de l'Agriculture à Dakar. Nous serons dans
la zone du forage de Bélél Bogal jusqu'au mois d'août.
Nous allons d'abord étudier l'agriculture et
l'élevage du secteur et leur évolution. Puis, nous nous
intéresserons aux besoins des éleveurs et agriculteurs en
formation professionnelle et éducation des enfants, et par rapport
à ces besoins, aux moyens dont ils disposent et qu'ils sont prêts
à investir dans l'éducation et la formation.
Cette étude est réalisée dans neuf zones du
Sénégal et les résultats que nous obtiendrons seront
directement utilisés par le BFPA pour adapter l'offre de formation.
Aujourd'hui, nous travaillons sur l'histoire de la zone.
Réponse : La personne, qu'elle soit en haut ou en bas,
a une bonne mémoire. Si vous m'avez sollicité parmi tous les
autres aujourd'hui, c'est que vous savez ce que vous devez faire. Dans la zone
de Dialy, mon village, il n'y a qu'une femme plus âgée. Dans tout
le reste, je suis le plus vieux. Depuis le début de mes souvenirs
jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu un problème. Je veux la
paix pour mon village, et mon groupe de Dialy. Le village est un peu plus
âgé que moi. Il date de mon grand père. Il a
été installé depuis 102
ans. Il n'y a que mes grands parents, mes oncles et mes tantes
qui sont enterrés là. Je n'ai jamais quitté le village,
sauf pour les grandes sécheresses.
Q : D'où venaient les premiers habitants
de la localité ?
Réponse : Les premiers habitants
venaient de Nioro (Mali) et c'est la famille de Demba Hawa qui s'est installe
d'abord. Elle a été rejoint par les familles de Coumba, Aliou
Racine, Aliou Tacko, Demba Béli et Hamédi.
Q : Ces populations sont elle venues ensemble
dans la localité ?
R : Les familles de Aliou Racine, Demba
Béli sont en effet venues ensemble dans la zone.
Q : D'où venaient ces populations ?
R : La plupart de cette population vient de
Dégou Diw (Fanaye), Thiouogne, Hamdiyérie avant de gagner Diali.
Cependant c'est à la suite de l'augmentation du troupeau qu'une partie
s'est déplacée vers Anthia pour ensuite se disperser autour du
forage.
Q : Pendant cette période, quelles
étaient les principales activités de la zone ?
R : Pendant cette période, les
populations étaient principalement des agriculteurs et cultivaient
surtout le mil, l`élevage existait aussi.
Q : Ces populations restaient elles toujours
dans la localité où allaient dans d'autres zones ?
R : Elles ne transhumaient avant la
sécheresse.
Q : Pendant la sécheresse, durant cette
transhumance où allaient elles ?
R : Elles allaient dans le Walo pendant la
saison sèche et elles ne revenaient que pendant l'hivernage pour
cultiver la terre et les troupeaux s'abreuver dans les marres remplies par la
pluie.
Q : Y' a-t-il des troupeaux qui allaient en
transhumance en Mauritanie et qui s'en occupait ?
R : Quand il y'avait transhumance en
Mauritanie, les ovins restaient dans la zone du Jéjegol, le reste du
troupeau allait lui en Mauritanie et ce sont les jeunes de chaque famille qui
s'en occupaient.
Q : En ce moment les personnes qui restaient
dans le village s'adonnaient à quoi ?
R : Ceux qui restaient cultivaient la terre et
toutes les cultures sauf le riz étaient cultivées ;
Q : Comment se faisait le travail dans
l'agriculture à l époque ?
R : les populations cultivaient de
façon traditionnelle c'est à dire avec la houe et les mains.
C'est à la suite que les ânes ont fait leur apparition avant ceci
les taureaux (cowoori) étaient utilisés.
Q : Quels types de taureaux ?
R : C'était tout les types de taureaux
castrés ou pas.
Q : A quand remonte la castration ?
R : Elle a toujours existé donc je peux
pas dire qu'elle date de telle date.
Q : Est c'est tout le monde qui s'adonnait
à l'agriculture et y `avait beaucoup de champs de cultures ?
R : Effectivement et le plus grand champ de
culture est celui qui est face de la maison du marabout et on
répertoriais plus d'une centaine de champs de cultures,
Q : Comment se faisait la culture dans les
luggérés (bas-fonds) ?
R : Dans les luggérés, on
cultivait avec la houe et l `aide de la main et c'était du mil, du
niébé et de la pastèque qu'on y cultivait.
Q : Comment se faisait la distribution des
champs de cultures ?
R : Bon, chacun venait désherber et
nettoyer la surface qu'il voulait et en faisait son champ, c'était le
droit de hache.
Q : Par rapport au troupeau, comment se faisait
l'organisation avec les activités agricoles ?
R : Vous savez, on cultivait d'un
côté et on laissait l'autre côté au troupeau.
Q : Pendant la transhumance, qui partait avec le
troupeau ?
R : Tout le monde partait, seuls les vieux
restaient au village.
Q : A partir de quelle date on a
arrêté la transhumance vers le Walo ?
R : C'est lorsque le forage a
été construit que la population a cessé d`aller en
transhumance vers le Walo. Actuellement s'il y a du pâturage, la
population reste sur place sinon elle prend la direction du Sud. Tous les
animaux partaient en transhumance sauf les chèvres et les petits
ruminants.
Q : A quand remonte l'apparition des charrettes
et des chambres à air dans la localité ?
R : Elles sont apparues avec la construction du
forage.
Q : Quelle est le type de personne qui avait cet
équipement ?
R : Il me semble que c'était les plus
riches qui pouvaient s'en procurer et au début il n'y en avait qu'un
petit nombre.
Q : Comment les autres ont fait pour en avoir
?
R : C'est par la vente d'une partie de leur
troupeau que ces derniers ont pu en avoir.
Q : Et quelle était la différence
entre riches et moins riches ?
R : Il faut dire qu'il n'y avait qu'un riche
(Dombo) dans toute la zone qui s'adonnait uniquement à l'agriculture, le
reste était éleveur principalement et parmi ceux-ci la richesse
se mesurait au nombre de tête qu'on dans son cheptel.
R : Comment ce Dombo faisait il pour ne faire
que de l'agriculture ?
R : C'est parce qu'il avait des esclaves.
Q : Y'avait il beaucoup de personnes qui avaient
de esclaves ?
R : En tout cas ma famille et la famille de
Dembo en avait, et c'était une pratique très courante dans la
zone.
Q : D'oâ venaient ces esclaves ?
R : Ils provenaient de l'Est et on venait les
vendre à Fanaye et je me rappelle que Dié, Lalo Baal et Aminata
ont été vendu ensemble.
Q : Y' a t-il toujours des esclave ?
R : Avec l'abolition par les français, il
n'en existe plus et leurs descendants habitent les villages environnants
surtout Wouro Birome mais ils savent tous celui qui est leur noble.
Q : Est en ce temps la production de la gomme
arabique existait ?
R : La gomme, on en avait beaucoup et beaucoup
de familles ont formé leur troupeau grâce cela. C'est le cas aussi
avec le fruit du jujubier et du baobab.
Q : Comment a évolué la population
locale ?
R : Depuis que le forage est là la
plupart des personnes qui habitaient dans les villages hivernaux se sont
fixés autour de l'aire du forage.
Q : Et comment a évolué la
production ?
R : Elle n'est plus aussi importante à
cause des oiseaux et des criquets et de nos jours c'est le niébé
et la pastèque qui sont le plus cultivés tandis que le mil
n'existe plus beaucoup à cause des oiseaux mange-mil.
Q : A quand remonte l'apparition de la culture
du riz ?
R : Elle remonte à 5 ans et presque toute
la population s'y adonne. D'ailleurs toute la population environnante au forage
ont des périmètres de cultures au Walo.
Q : Combien de temps peut durer votre stock de
riz ?
R : S'il y a une bonne production, les stocks
peuvent couvrir les besoins pour une année et cela après avoir
payés les redevances de la banque. Par contre si la production n'est pas
bonne la plupart des producteurs préfèrent garder la production
de riz et vendre une partie de leur troupeau pour payer les redevances et ainsi
constituer un stock annuel de riz pour l'autoconsommation.
Q : Qui travaillent dans les champs de riz ?
R : Pendant la période de cette culture
tout le monde travaille, il n'y a que les enfants et les vieilles femmes qui ne
travaillent pas.
Q : Comment a évolué
l'élevage dans la zone depuis les évènements entre le
Sénégal et la Mauritanie ?
R : Depuis ces évènements le
troupeau n'est plus conduit en transhumance vers la Mauritanie mais
plutôt vers le Sud.
Q : Qui conduit le troupeau pendant ces
transhumances ?
R : Le plus souvent ce sont les jeunes du
village et parfois des jeunes bergers recrutés.
Q : Qui utilisent ces jeunes bergers ?
R : Ce sont le plus souvent les éleveurs
sans enfants qui font recours à cette main d'oeuvre.
Q : Comment se faisait le recrutement ?
R : Bon si c'est un jeune majeur, on prend sa
pièce d'identité après avoir discuté des
modalités et s'il y a problème on utilise sa pièce
d'identité contre lui devant la justice. A la fin du contrat on le
paye.
Q : Qu'elle était en moyenne la
durée de chaque contrat ?
R : En moyenne c'était une année
mais moi je suis avec un berger depuis 8 ans.
Q : A quel moment ce type de main d'oeuvre est
apparu.
R : Ce type de main d'oeuvre est apparu à
la suite de la grande sécheresse de 73.
Q : Cette main d'oeuvre venait elle de la
localité ?
R : De toute façon même si elle
venait d'ailleurs le berger était toujours peul pour faciliter la
communication. Je voudrais rentrer maintenant.
Q : D'accord. On va arrêter là
l'entretien mais il me reste quelques précisions : quel est votre nom et
votre âge ?
R : Je m'appelle Seydou Sow et je suis né
en 1931 à Ndiayene Pendao.
Q : Merci beaucoup !
Entretien 2 : Entretien historique
12/05/2007 Soussane : Wouro Hamet Alpha Sow
Bonjour, je m'appelle. Abou Bâ, je suis étudiant
en aménagement du territoire ici au Sénégal. Voici Sarah
MARSAN étudiante en agronomie en France et Khonté, notre
interprète. Nous sommes à Bélél Bogal en stage de
fin d'étude. Nous travaillons pour le BFPA du Ministère de
l'Agriculture à Dakar. Nous serons dans la zone du forage de
Bélel Bogal jusqu'au mois d'août.
Nous allons d'abord étudier l'agriculture et
l'élevage du secteur et leur évolution. Puis, nous nous
intéresserons aux besoins des éleveurs et agriculteurs en
formation professionnelle et éducation des enfants, et par rapport
à ces besoins, aux moyens dont ils disposent et qu'ils sont prêts
à investir dans l'éducation et la formation.
Cette étude est réalisée dans neuf zones du
Sénégal et les résultats que nous obtiendrons seront
directement utilisés par le BFPA pour adapter l'offre de formation.
Aujourd'hui, nous travaillons sur l'histoire de la zone.
Q : Depuis quand vivez-vous ici ?
R : Ma famille n'a jamais voyagé depuis leur naissance,
ils ont passé toute leur vie ici dans la zone.
Q : Est ce que actuellement il y'a une partie de la famille est
en transhumance?
R : Actuellement les jeunes sont au Saloum avec le troupeau.
Avant moi aussi je transhumais, j'allais avec mes enfants et les jeunes bergers
que j'employais jusque les premiers me remplace.
Q : Est ce qu'étant jeune vous partiez aussi au Saloum
?
R : Oui après l'hivernage où quand il n'y avais
plus de pâturage je partais et je revenais qu'après les
premières pluies.
Q : Comment choisissiez vos les zones de transhumance ?
R : Vous savez le peul a toujours été un berger
et le berger ne connaît que l'endroit qui le meilleur pâturage.
C'est ainsi qu'on s'installait là où on trouvait le
pâturage et dés que cet endroit n'offrait plus les bonnes
conditions, on s'en allait.
Q : Depuis quand vous transhumiez vers le Walo ?
R : Cela date de très longtemps, cela a commencé
depuis l'époque de nos arrières grands parents. C'est depuis que
le Walo a commencé à connaître des difficultés qu'on
s'est tourné vers le Sud c'est à dire le Saloum.
Q : Depuis quand le Walo connaît ces difficultés
?
R : C'est depuis la grande sécheresse.
Q : Est ce que vous cultivez dans le Walo ?
R : On cultive au Walo depuis longtemps, on l'a toujours
cultivé en même temps qu'on pratiquait l'élevage. Cependant
c'est pendant les crues du fleuve que cette culture se faisait. On y cultivait
du sorgho et on le transportait dans le Jééri c'est pourquoi la
production nous causait beaucoup de problèmes. On cultivait aussi dans
le Jééri et d'ailleurs c'est à l'Est de la maison que se
trouvaient les champs. Cependant depuis l'année des maures41
on ne cultive plus le Jééri et c'est pour cela qu'on amène
le troupeau en transhumance vers le Sud. Ce que je veux dire c'est qu'au retour
de la transhumance l'hivernage était au milieu de sa saison et ainsi il
n'était plus possible de cultiver dans le Jééri. Mais
c'est parce qu'aussi l'élevage nous permettait de vivre.
Q : Comment la production au Walo avaient des difficultés
?
R : Vous savez, il fallait porter la production sur les
ânes jusqu'à la rive du fleuve de l'autre bord. On le confiait aux
pêcheurs et on prenait juste ce qui pouvez nous nourrir pendant trois
mois juste durant l'hivernage et ainsi de suite chaque année.
Q : Restait-il beaucoup après que vous ayez pris votre
stock ?
R : Vous savez les agriculteurs ne sont pas pareils c'est
à dire n'ont pas la même main d'oeuvre donc de champs. En ce
moment presque tout le monde avait de bonne production, il revenait de la
transhumance en Mauritanie avec le stricte nécessaire pour vivre.
Q : Vous cultiviez aussi bien au Walo que dans le
Jééri ?
41 1978
R : On cultive dans le Walo maintenant que dans les
périmètres irrigués et cela complètement
différent que lors des crues des années passées. De nos
jours la culture au Walo nécessite beaucoup de moyens mais vu que celui
qui se noie s'agripperait même sur un couteau, on y cultive avec toujours
des pertes donc des dettes.
Q : Depuis quand date l'utilisation des bergers externes ?
R : Il y' a des familles qui en ont depuis longtemps mais de
nos jours la plupart des troupeaux est géré par cette
catégorie de bergers. On dépense beaucoup d'argent dans le
troupeau c'est à dire le troupeau constitue une grande charge.
Q : Depuis le nombre de bergers de ce type a augmenté ?
R : Je ne peux pas dire la date exacte mais cela a
commencé lorsque l'élevage a connu beaucoup de difficultés
mais c'est très récent.
Q : D'où viennent-il ?
R : Des bergers dans cette localité sont difficiles
à trouver. Il est plus facile d'avoir les sérères du
Saloum qui sont de très grands éleveurs et agriculteurs comme
nous. Cependant ces derniers rentrent dés le début de l'hivernage
;
Q : Au retour du troupeau qui s'en occupe ?
R : Vous savez le Sénégal est très
différent ici tu peux laisser ton troupeau avec un petit sans qu'il ne
soit volé ailleurs même avec les bergers professionnels il y'a des
voleurs donc dans cette zone pendant l `hivernage la surveillance du troupeau
ne pose pas problème, l'essentiel c'est qu'il y ait du
pâturage.
Q : Est ce qu'il y'a beaucoup de moutons dans les troupeaux ?
R : Vous savez le petit ruminant dépend de la
volonté et de la chance de l'éleveur. Ce qu'il faut savoir c'est
que le petit ruminant ce n'est pas pour les éleveurs fainéants
donc si tu vois un éleveur de moutons tu le peux le féliciter car
c'est celui qui est le plus difficile à élever.
Q : Comment faites-vous pour manger ?
R : Si je n'ai pas une bonne production avec les cultures du
Walo c'est à dire après avoir payé les redevances de la
banque je consomme cette production mais il faut dire qu'avec les cultures du
Walo il n'y a jamais de bonne production.
Q : Et vous continuez à cultivez au Walo ?
R : Vous savez quand on se nourrit de riz même si on ne
cultive pas à chaque fois on ira voir celui qui cultive ou on ira
acheté le riz. Vu qu'avec les cultures du Walo je peux parfois vendre
mes bêtes et garder la production de riz mieux vaut adopter cette
deuxième solution.
Q : Est ce que vous travaillez dans un GIE ou vous avez vous
périmètres individuels ?
R : Je suis dans un GIE .
Q : D'où vient votre famille ?
R : Je ne connais réellement l'histoire mais pour
certains c'est l'Éthiopie, l'Arabie Saudite et pour d'autres c'est
l'Égypte ou le Niger. En tout cas mon ethnie en véritable
transhumant s'est fixé au Ferlo il y'a longtemps et ma famille est
dissimulé entre ici et Dakar.
Q : Qui cultive les champs qui sont autour de chez vous,
R : Ce sont nos voisins, ce sont également nos parents.
Q : Depuis quand date le bâtiment en dur de votre maison
?
R : Il date de 2001, en fait c'est à la suite des
pluies « eug » de cette année que ma mon bâtiment en
banco s'est écroulé alors que je devais recevoir un
invité, c'était un marabout. C'est à partir de là
qu'avec l'aide d'un maçon de Fanaye qu j'ai construit le bâtiment
avec des toilettes intérieures.
Q : Est ce que ce sont les mêmes races d'animaux qu'on
retrouve aujourd'hui dans les troupeaux de la zone ?
R : C'est presque les mêmes races avec un mélange
de la race « ndaama » qui est une race du saloum. La principale race
de la zone est le « gobour » pour les vaches, en ce qui concerne les
moutons c'est surtout le « peul-peul » qu'on retrouve.
Q : Qu'est ce que le forage a changé dans la zone ?
R : Il a beaucoup changé parce que si la population
s'est enfin fixée c'est grâce au forage. En effet dans le temps il
y'avait les puits et tout le monde sait que ce type d'infrastructures ne peut
servir qu'à une population bien limitée. Cependant ce qu'il faut
dire c'est dans le ferlo nous n'avons pas beaucoup de forage par rapport au
Saloum où on trouve un forage tout les 5km ici nous avons un forage sur
plus de 20 km. Je ne sais pas d'ailleurs pourquoi ?
Q : Combien de personnes sont partis dans votre maison à
la Mecque ?
R : Il y'en a 5 dont 3 femmes.
Merci beaucoup pour votre disponibilité, il se pourrait
plus tard avec l'avancement des travaux qu'on revienne vous voir.
ANNEXE 3 : Fiche technique de caractérisation
du
fonctionnement des systèmes de culture
1. Les caractéristiques des parcelles
où ce système est pratiqué
Dans quelles parties de l'écosystème sont-elles
situées ? Quelle est leur topographie et leur altitude, le sol (couleur,
profondeur, texture, structure, porosité), l'hydrographie
(présence d'eau dans la parcelle à différents moments de
l'année), les espèces spontanées, les aménagements
(murets, rampes anti-érosives, clôtures, drains...), la taille et
la forme des parcelles, l'éloignement par rapport aux habitations et aux
routes ?
2. Les espèces et variétés
cultivées
Discuter du choix des variétés : est-il
lié à leur cycle ? En quoi la durée des différents
cycles est-elle importante ? Essaie-t-on de « caler » plusieurs
cycles dans une année sur une même parcelle?
3. Les espèces sont-elles associées ou
en culture pure?
Des espèces sont-elles cultivées en même
temps, sur le même espace, pendant au moins une partie de leur cycle
végétatif ? Il faut chercher à comprendre les fondements
des associations de cultures : complémentarité des plantes pour
l'utilisation des ressources (lumière, eau, éléments
minéraux), rôle de tuteur de certaines espèces pour
d'autres, rôle de couverture du sol, de limitation de l'enherbement et de
l'évapotranspiration, etc. Décrire précisément les
espèces (proportions des différentes espèces et
variétés, disposition dans l'espace...) ; ne pas hésiter
à faire un schéma.
4. Y a-t-il un ou plusieurs cycles pratiqués
sur une même parcelle au sein d'une année ? Quelles sont les
successions culturales sur plusieurs années?
Les parcelles sont-elles mises en valeur de la même
façon toutes les années ? Si non quelle est l'alternance ?
Existe-t-il une périodicité ? on parlera dans ce cas de rotation.
Se traduit-elle dans l'assolement des cultures dans l'exploitation ? Les
parcelles connaissentelles des périodes de jachère ? Sur combien
de temps ? Si oui, vérifier la présence de parcelles au repos
dans l'exploitation au prorata des durées de jachère
annoncées par l'agriculteur.
5. Quels sont le ou les itinéraire(s)
technique(s) pratiqués ?
Pour chacun des cycles culturaux de la rotation, quelles sont
les opérations réalisées sur les parcelles, dans l'ordre
chronologique ? à quelle période sont-elles
réalisées(par rapport aux saisons et aux stades
végétatifs des cultures), et comment ? Il s'agit de comprendre
comment l'agriculteur utilise la force de travail dont il dispose
(familiale/salariée), ses outils, ses animaux, et les intrants, depuis
la préparation du sol jusqu'à la vente des produits. Quelle est
pour chaque opération la fenêtre de temps disponible ? la
quantité de travail nécessaire? Qui la réalise ? à
quel coût ? Quelles sont les contraintes que l'agriculteur rencontre dans
la mise en oeuvre de différentes opérations ? Y a-t-il des
variations en fonction des années ? À quoi sont-elles dues ?
6. Comment le paysan assure -t-il la reproduction de
la fertilité ?
Utilisation d'engrais, de fumier, associations de cultures,
temps de friche ou de jachère, parcage d'animaux, utilisation des
termitières ...
7. Quels sont les produits, et sous -produits
obtenus ?
Pour chaque culture, lister avec l'agriculteur les produits
et sous-produits finaux (sortis du champ), qu'ils soient destinés
à l'autoconsommation de la famille, à la vente, à
l'alimentation des animaux, à la construction..., Quels sont les volumes
produits, au sortir du champ ? Ces volumes peuvent être
évalués au travers des quantités autoconsommées,
vendues, grâce aux rendements obtenus par quantité de semence,
etc. Y a-t-il des pertes au transport ? Au stockage ? Quel, est la destination
des produits : part autoconsommée, part vendue, part donnée, part
destinée à la rémunération en nature de la force de
travail extérieure, part gardée pour la semence, pertes.
8. Quelles sont les limites techniques du
système ?
Ce sont souvent les pointes de travail qui limitent la surface
maximale qu'un actif pourra techniquement cultiver.
ANNEXE 4 : Fiche technique de caractérisation
du
fonctionnement des systèmes
d'élevage
Analyser un système d'élevage suppose de comprendre
et de décrire précisément les éléments
suivants :
Caractéristiques du troupeau
Type d'animaux élevés, races et
caractéristiques génétiques. Âge et sexe des animaux
(pyramide des âges du troupeau). Effectifs par tranches d'âges.
Caractéristiques du type d'élevage
Elevage de type engraisseur : raisonner par lots :
période d'acquisition des animaux, à quel âge, durée
de carrière sur l'exploitation? Elevage de type naisseur engraisseur.
Elevage de type naisseur. Les performances techniques et économiques
s'analysent :
Pour un élevage avec reproducteurs, par femelle
reproductrice (vache, truie, brebis, chèvre, poule, etc.)
Pour un élevage sans reproducteurs, par unité (par
exemple par poulet de chair) La conduite du troupeau par
l'éleveur
Reproduction :
Comment l'éleveur gère-t-il la reproduction ?
Monte libre, monte contrôlée? Age de la mise à la
reproduction? Durée de la gestation? Période(s) de mise bas?
Groupées ou non? Critères de choix des reproducteurs? Age
à la réforme des mâles et femelles? Intervalles entre mises
bas? Durée de la gestation? Nombre de petits par portée? Taux de
mortalité ? Taux de renouvellement des femelles reproductrices? Ou
âge à la réforme des mères?
Les produits obtenus et les résultats
Quels sont les produits obtenus?
Le lait :
Les périodes de lactation sont-elles groupées
pour tous les animaux ou échelonnées? Combien de mois dure la
lactation? Mois de début ? Mois de fin de lactation? Comment
évolue la courbe de lactation? Quelle quantité moyenne de lait
produit une femelle par jour? Quel est le mode de traite ? Quelle est la
qualité du lait ? Quel est le prix du lait en fonction de la
qualité?
La viande :
Vente des jeunes : Ages de vente des jeunes mâles? Des
jeunes femelles? Prix de vente à chaque âge ? (par animal, ou par
kg de poids vif ou de poids carcasse) vente des animaux de réforme : Age
à la réforme des mères ? Age à la réforme
des mâles? Combien y a t il de mâles sur le troupeau ? Estimation
du prix de vente des animaux (poids vif, poids carcasse) ? Le s oeufs : nombre
d'oeufs par poule, prix des oeufs ? Comment l'éleveur valorise t-il ses
produits (épargne sur pied, commercialisation, autoconsommation, dons
sociaux ou religieux, etc) ? Quels sont les sous-produits obtenus des animaux
et quelle utilisation en fait l'éleveur ? Production de laine ? Nombre
de tontes par an? Quantité de laine et prix? Cuir ? Peaux ? Plumes ?
Nids (hirondelles)? Déjections animales? Dans ces deux cas raisonner
à partir du nombre de femelles reproductrices. Nombre de mises bas/ an /
mère Nombre de petits nés vivants/ an / mère Nombre de
petits/ an / mère. Litières (à mettre en relation avec les
systèmes de culture),
Abreuvement et alimentation
Abreuvement :
Comment l'éleveur assure-t-il l'abreuvement des animaux
(rivière, lac, barrage, abreuvement au parc...) ? Déplacement du
troupeau ou apport d'eau aux animaux ? Qui s'en occupe (enfants...) ?
Bilan des ressources fourragères
:
Identifier l'ensemble des parcelles nécessaires au
troupeau et les localiser dans l'écosystème : Les prairies
naturelles (espaces cultivés en graminées sur lesquels
l'agriculteur effectue quelques opérations telles que des fauches ou des
apports de fertilisants. Les prairies temporaires«espace labouré de
temps en temps«, les prairies permanentes, «cultures destinées
à l'alimentation des animaux : fourrage,
céréales...«)
Identifier les parcours : les parcours sont des espaces
totalement naturels, l'éleveur n'y fait aucune intervention si ce n'est
de laisser paître ses animaux dessus. Quel espace fourrager est
utilisé et à quelle période ? (Pâturages naturels,
complémentation, aliments achetés, résidus de culture,
etc.). Qui garde les animaux, y a-t-il embauche de main d'oeuvre
supplémentaire ?
Santé des animaux :
Il y a-t-il des « risques » sanitaires ? Quelle
nature ? Comment l'éleveur prend-il en charge les animaux malades (quels
traitements curatifs assure-t-il...) ? Comment l'éleveur assure-t-il le
repérage des cas de mortalité ? Fait-il des traitements
préventifs selon un calendrier saisonnier ? Vaccine-t-il ses animaux
?
Logement des animaux :
Sont-ils parqués ? Ont-ils un enclos pour la nuit ou un
enclos saisonnier ? L'éleveur a-t-il construit des bâtiments pour
les bêtes, de quel type ? L'éleveur dispose t-il de
bâtiments de stockage pour le fourrage, la paille...? Les bâtiments
permettent-ils de faciliter, accroître la productivité de
certaines tâches ? Les quelles ?
Dresser un calendrier de travail pour la conduite de
l'élevage .
Combien de personnes sont nécessaires, pour quel nombre
d'animaux ? A quel moment de l'année ? Combien de temps durent les
opérations ?
Conditions d'exploitation du troupeau
Les animaux appartiennent-ils à un seul ou plusieurs
propriétaires ? Quelle est nature des contrats des bergers ou des
gardiens ?
Quel est l'historique de la constitution du troupeau ?
Les limites techniques du système
:
Quelles sont les contraintes à lever pour que
l'éleveur puisse développer davantage son élevage ?
Ressources fourragères insuffisantes, limite de marché ?
Dégâts aux cultures ? Manque de magasin de stockage ? Risques de
santé ? Manque de logement des animaux ? Difficultés de
trésorerie ?
T ren=0,43
21,5 agnelles (6-12 mois)
Annexe 5 : Les schémas de fonctionnement des
troupeaux
10 réformes (6 à 7 ans)
T ref=0,20
50 brebis adultes
0,67 réforme (6 ans)
x 1 bélier
OVINS
50 Mises Bas (TMB=1)
48 agneaux (TP=0,96)
43 agneaux sevrés (MS=10%)
|
0,5 bélier (1-2)
0,5 agneaux (6-12)
21,5 mâles
21,5 femelles
0 agnelles vendues
21 agneaux vendus
Démographie Ovins forage
50 réformes (6 à 7 ans)
200 brebis adultes
T ref=0,25
0,67 réforme (6 ans)
x 4 béliers
1 bélier (12-24)
2,5 agneaux (6-12)
T ren=0,37
75 agnelles (6-12 mois)
270 Mises Bas (TMB=1,35)
265 agneaux (TP=0,98)
235 agneaux sevrés (MVS=11%)
117,5 mâles
117,5 femelles
42,5 agnelles vendues
115 agneaux vendus
Démographie Ovins transhumants au Saloum
T ren=0,2
6 chevrette (6-12 mois)
6 chevrettes vendues
CAPRINS
5 réformes (6 à 7 ans)
T ref=0,16
30 chèvres adultes
12 mâles
11 chevreaux vendus
30 Mises Bas
30 chevreaux (TP=1)
24 chevreaux sevrés (MVS=20%)
12 femelles
1 bouc (12 mois)
1 chevreaux (6-12)
Schéma zootechnique système caprins divagants
BOVINS
20 réformes (12 à 14 ans)
30,5 agnelles (2-4 ans)
3 génisses vendues
75 Mises Bas (TMB=0,5)
75 veaux (TP=1)
67 veaux sevrés (MSV=30,3%)
33,5 femelles
10 taurions vendus
33,5 mâles
veaux (2-4ans)
1 Taureau (37,5 fem
T ren=0,20
T ref=0,13
150 vaches adultes
1 réforme (13 ans)
x 4 taureaux
Démographie Bovins forage 150 reproductrices
Annexe 6: Calculs techniques bovins transhumants au
Walo
|
|
|
|
Calculs zootechniques
|
APMB
|
4
|
|
|
IMB
|
1,5
|
|
|
AMR
|
10
|
|
|
Age au sevrage
|
1
|
|
|
Age de castration des mâles
|
4
|
|
|
Age de vente des mâles
|
8
|
|
|
Carrière reproducteur
|
10
|
|
|
|
Reproducteurs
|
1
|
|
|
|
Vaches réformées
|
5,1
|
|
Reproducteurs réformés
|
0,10
|
Mises bas
|
13
|
Nombre de reproductrices
|
19,50
|
Petits nés
|
13
|
Morts adultes
|
1,00
|
Petits morts avant le sevrage
|
3
|
Taux de réforme (mâles)
|
0,10
|
|
|
Taux de réforme
|
|
Petits vendus avant sevrage
|
0
|
|
(femelles)
|
0,17
|
Sevrés
|
10
|
|
Mortalité au sevrage
|
0,23
|
Mâles sevrés
|
5
|
|
Mortalité adulte
|
0,05
|
Femelles sevrées
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Vente de jeunes (sevrés)
|
|
Mâles sevrés destockés
|
4,4
|
|
|
|
Femelles sevrées destockées
|
2,5
|
|
|
|
Jeunes femelles par an
|
|
|
Taux de renouvellement
|
|
2,5
|
0,13
|
Femelles non reproductrices
|
7,5
|
|
|
|
Jeunes mâles par an
|
|
|
|
|
0,6
|
Mâles non pubères
|
1,8
|
|
|
|
Mâles castrés par an
|
4
|
|
|
|
Mâles entiers par an
|
0,1
|
|
|
|
Mâles castrés
|
16
|
|
|
|
Mâles entiers
|
0,7
|
|
|
|
Mâles
|
16,7
|
|
|
|
Nombre total d'animaux
|
|
|
|
|
56,5
|
|
|
|
|
Modélisation
économique
|
|
Nombre
|
Prix unitaire
|
|
|
Produit brut
|
|
|
|
|
Vaches de réforme
|
5,10
|
90000,00
|
459000,00
|
|
Taureaux de réforme
|
0,10
|
300000,00
|
30000,00
|
|
Mâles non castrés
|
4,40
|
75000,00
|
330000,00
|
|
Boeufs
|
4,00
|
275000,00
|
1100000,00
|
|
Génisses
|
2,00
|
75000,00
|
150000,00
|
|
Veaux
|
0,00
|
|
0,00
|
|
Lait
|
4680,00 75
|
351000,00
|
|
TOTAL
|
|
2420000,00
|
|
|
Nombre Prix unitaire
|
|
Consommations intermédiaires
|
Complémentation (tourteau) 2
|
|
|
mois
|
390,00
|
237,50
|
92625
|
Pâture Walo
|
56,50
|
650,00
|
36725
|
Vaccins
|
56,50
|
100,00
|
5650
|
Vermifuge
|
8,00
|
15000,00
|
120000
|
Abreuvement forage d'origine
|
144,80
|
262,50
|
38010
|
Abreuvement forage de destination
|
36,20
|
600,00
|
21720
|
Total
|
|
|
314730
|
VAB
|
2105270,00
|
VAB/actif
|
12383,94
|
VAB/mère
|
107962,56
|
VAB/Tête
|
37261,4159
|
au Saloum
|
|
Annexe 7: Calculs techniques
|
ovins transhumants
|
|
Calculs zootechniques
|
|
APMB
|
1
|
|
|
IMB
|
0,75
|
|
|
AMR
|
6
|
|
|
Age au sevrage
|
0,5
|
|
|
Age de castration des mâles
|
1
|
|
|
Age de vente des mâles
|
0,75
|
|
|
Carrière reproducteur
|
5
|
|
|
Reproducteurs
|
4
|
|
|
Brebis réformées
|
40
|
Reproducteurs réformés
|
0,80
|
Mises bas
|
250
|
Nombre de reproductrices
|
187,50
|
Petits nés
|
245
|
Morts adultes
|
20,00
|
Petits morts avant le sevrage
|
41
|
Taux de réforme (mâles)
|
0,20
|
|
|
Taux de réforme
|
|
Petits vendus avant sevrage
|
0
|
(femelles)
|
0,21
|
Sevrés
|
204
|
Mortalité au sevrage
|
0,18
|
Mâles sevrés
|
102
|
Mortalité adulte
|
0,11
|
Femelles sevrées
|
102
|
|
|
|
|
|
|
Vente de jeunes (sevrés)
|
|
Mâles sevrés destockés
|
100
|
|
|
Femelles sevrées destockées
|
27
|
|
|
Jeunes femelles par an
|
|
Taux de renouvellement
|
|
75
|
0,40
|
Femelles non reproductrices
|
37,5
|
|
|
Jeunes mâles par an
|
|
|
|
2
|
Mâles non pubères
|
1
|
|
|
Mâles castrés par an
|
0
|
Correct
|
|
Mâles entiers par an
|
2
|
|
|
Mâles castrés Mâles entiers
Mâles
Nombre total d'animaux
|
|
|
|
0
|
0,5
|
0,5
|
|
434,5
|
|
Modélisation
économique
|
|
Nombre
|
Prix unitaire
|
|
Produit brut
|
|
|
|
Brebis de réforme
|
40,00
|
25000,00
|
1000000,00 5000
|
Béliers de réforme
|
1,00
|
50000,00
|
50000,00 250
|
Agneaux sevrés (début SSC)
|
63,50
|
25000,00
|
1587500,00 7937,5
|
Agneaux sevrés (fin SSC)
|
63,50
|
18000,00
|
1143000,00 5715
|
Total
|
168,00
|
|
3780500,00 18902,5
|
Consommations intermédiaires
|
|
|
Complémentation (sacs 50 kg coton)
|
49,00
|
11500,00
|
563500 2817,5
|
Bolus
|
40,00
|
2500,00
|
100000 500
|
Ivomec
|
40,00
|
15000,00
|
600000 3000
|
Abreuvement Ferlo
|
2,00
|
3000,00
|
6000 30
|
Abreuvement voyage
|
30,00
|
5000,00
|
150000 750
|
Abreuvement Saloum
|
14,00
|
6000,00
|
84000 420
|
"Accueil" (don un bélier)
|
1,00
|
50000,00
|
50000 250
|
Total
|
|
|
1553500 7767,5
|
VAB
|
2227000,00
|
|
VAB/actif
|
1706,51
|
|
VAB/mère
|
11135,00
|
|
Annexe 8 : Calcul technique des caprins divagants
Calculs zootechniques
|
|
|
|
APMB
|
1
|
|
|
IMB
|
1
|
|
|
AMR
|
7
|
|
|
Age au sevrage
|
0,5
|
|
|
Age de castration des mâles
|
1
|
|
|
Age de vente des mâles
|
1
|
|
|
Carrière reproducteur
|
4
|
|
|
Reproducteurs
|
2
|
|
|
Brebis réformées
|
15
|
Reproducteurs réformés
|
0,50
|
|
|
Nombre de
|
|
Mises bas
|
90
|
reproductrices
|
90,00
|
Petits nés
|
90
|
Morts adultes
|
10,00
|
Petits morts avant le
|
Taux de réforme
|
|
|
sevrage 15
|
(mâles)
|
0,25
|
|
Taux de réforme
|
|
Petits vendus avant sevrage
|
0
|
|
(femelles)
|
0,17
|
Sevrés
|
75
|
|
Mortalité au sevrage
|
0,17
|
Mâles sevrés
|
37,5
|
|
Mortalité adulte
|
0,11
|
Femelles sevrées 37,5
|
|
|
|
|
Vente de jeunes (sevrés)
|
Mâles sevrés destockés 37
|
|
|
Femelles sevrées
destockées 15
|
|
|
|
|
|
Taux de
|
|
|
|
Jeunes femelles par an
|
22,5
|
|
renouvellement
|
0,25
|
Femelles non reproductrices
|
22,5
|
|
|
Jeunes mâles par an
|
|
|
|
0,5
|
Mâles non pubères
|
0,25
|
|
|
Mâles castrés par an
|
0
|
|
Correct
|
|
Mâles entiers par an
|
0,50
|
|
|
Mâles castrés
|
0
|
|
|
Mâles entiers
|
0,25
|
|
|
Mâles
|
0,25
|
|
|
Nombre total d'animaux
|
|
|
|
190
|
Modélisation économique
15,00
172500,00
Produit brut
Chèvres de réforme
Boucs de réforme
Chevreaux sevrés (début SSC)
|
0,50 26,00
|
20000,00 10000,00
|
10000,00
|
260000,00
|
Chevreaux sevrés (fin SSC) 26,00 7000,00 182000,00
Total
|
67,50
|
|
624500,00
|
Consommations intermédiaires
|
|
15000
180000
24000
|
Bolus Ivomec
Abreuvement Ferlo
|
6,00
|
2500,00
|
12,00
|
15000,00
|
8,00
|
3000,00
|
Total
|
|
|
219000
|
VAB
|
405500,00
|
|
VAB/actif
|
766,18
|
VAB/mère
|
4505,56
|
Annexe 9 : Elaboration du seuil de survie et de
sociabilité
fils de fer
|
pour 4 ans
|
|
|
|
|
0
|
0,00
|
0
|
Seuil de survie 2 actifs 3 enfants 1 pers.agée
|
4,5 éq adulte
|
3 actifs soit 1 actif nourrit 1,5 éq adulte
|
|
conso mensuelle totale
|
unité
|
durée (mois)
|
conso. Annuelle
|
prix unitaire
|
Total
|
Total par éq.adulte
|
Total par actif
|
Alimentation
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mil
|
25
|
kg
|
4
|
100
|
150
|
15000
|
3333,33
|
5000
|
Riz
|
33,75
|
kg
|
8
|
270
|
200
|
54000
|
12000,00
|
18000
|
Huile
|
3,5
|
L
|
12
|
42
|
750
|
31500
|
7000,00
|
10500
|
condiments
|
|
|
12
|
360
|
50
|
18000
|
4000,00
|
6000
|
Sucre
|
8
|
kg
|
12
|
96
|
500
|
48000
|
10666,67
|
16000
|
Lait en poudre
|
4
|
kg
|
9
|
36
|
2600
|
93600
|
20800,00
|
31200
|
lait frais
|
135
|
L
|
3
|
405
|
75
|
30375
|
6750,00
|
10125
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ustensiles de base
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Lampe
|
|
u
|
12
|
2
|
1500
|
3000
|
666,67
|
1000
|
Pétrole
|
1
|
|
12
|
12
|
1000
|
12000
|
2666,67
|
4000
|
Savon
|
0,50
|
u
|
12
|
6
|
750
|
4500
|
1000,00
|
1500
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Frais médicaux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
traitement palu
|
|
u
|
12
|
0
|
|
0
|
0,00
|
0
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Habillement
|
|
|
|
|
|
|
|
|
claquettes
|
1 pour 2 mois/actif et 2/an pr non actifs
|
|
|
14
|
400
|
5600
|
1244,44
|
1866,666667
|
Boubou
|
1 par an
|
|
|
6
|
10000
|
60000
|
13333,33
|
20000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Habitat de base
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Natte
|
dure 2 ans
|
|
|
0,3
|
2000
|
600
|
133,33
|
200
|
Marmite
|
sur 10 ans
|
1
|
|
0,1
|
5000
|
500
|
111,11
|
166,6666667
|
|
|
83706
|
125558
|
SRS
|
22796
|
28495
|
% (SRS/Surv.)
|
27,23355678
|
22,69463065
|
Annexe10: Guide d'entretien pour l'élaborations
des demandes de formation et d'éducation des exploitations
agricoles
1- Présentation
A faire
2- Les conceptions de l'école
Question d'ouverture
- Pouvez-vous nous parler de l'éducation de vos enfants
?
Question de relance :
- Pouvez-vous nous parler de l'école française
?comment ça se passe pour la scolarisation ? (éventuellement
établir les coûts à ce moment-là)
- Pouvez-vous nous parler de l'école coranique ?
- Pouvez-vous nous parler de vos enfants qui vont à
l'école ?comment ça se passe
pour le travail sur l'exploitation pendant que les enfants sont
à l'école ? - Pouvez-vous nous parler de ceux qui ne vont pas
à l'école ?
- Quels sont vos projets pour vos enfants qui vont à
l'école ?
- Quels sont vos projets pour ceux de vos enfants qui ne vont
pas à l'école ?
- Pouvez-vous nous parler de vos enfants qui ont quitté
l'exploitation ?pouvez-vous
nous parler de leur trajectoire ? comment ça se passe
pour eux ?
- Pouvez-vous nous parler des métiers et de la
préparation aux métiers, de
l'apprentissage ?
Informations complémentaires à obtenir qui
ne ressortent pas dans l'entretien : - nombre d'enfants, leurs
scolarités, type de scolarité
- trajectoires des enfants ayant quitté l'école
- éléments d'informations sur les coûts de
scolarité, de formation
3- Caractéristiques de
l'enquête
-Lieu
-Son statut : responsabilités professionnelles,
religieuses, politiques ? - Equipeme nt
- Grandes caractéristiques de ses systèmes de
culture et d'élevage... - Ressources extérieures (envois
d'argent...)
- Trajectoire de l'enquêté
- Composition de la famille
|