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Les interventions de la BEAC dans le cadre du marché monétaire et le problème de surliquidité des banques au Cameroun

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par Berlin Sidoine NGAH
Ngaoundéré's University - Licence Professionnelle en Comptabilité et Finance 2010
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION GENERALE

Le stage académique est une période pendant laquelle, un étudiant, en vue d'obtenir un diplôme, fait un tour en entreprise sous la conduite d'un groupe de professionnels pendant un temps déterminé afin de consolider les connaissances théoriques qu'il a acquises et de pouvoir s'acclimater avec les réalités professionnelles. Cette période doit être sanctionnée par la rédaction d'un rapport de stage qui doit être présenté et soutenu devant un jury. C'est dans cette optique que nous avons été admis à effectuer un stage académique d'une durée de trois mois à la Direction Nationale de la BEAC pour le Cameroun sise au quartier ministériel de la ville de Yaoundé. En effet, le stage par nous effectué au sein de cette institution s'est déroulé du 1er juillet 2010 au 15 Septembre 2010. Il a été effectué dans deux services différents à savoir le Service de la Comptabilité et des Opérations Financières (SCOF) dans un premier temps et le service du marché monétaire dans un second. Le SCOF est un service dans lequel sont étudiées et analysées toutes les écritures comptables passées au sein de l'institution. Il traite également un certain nombre d'opérations qu'on peut regrouper en deux divisions : le front et le back office. Quant au service du marché monétaire, il traite principalement des opérations de refinancement des banques à travers lesquelles les établissements de crédit viennent soit demander les liquidités ou alors en faire des placements.

Notre séjour à la Direction Nationale de la BEAC nous a, de fond en comble, permis d'étudier en profondeur les différentes opérations qui s'y déroulent. Ce qui nous a permis de faire le choix du thème que nous avons développé. En effet, le choix du thème n'a pas été du tout aisé à cause de l'absence de problème majeur au sein de l'institution en général et en particulier dans les services où nous étions passés. C'est ainsi que grâce à notre passage au service du marché monétaire, nous avons pu détecter le problème de surliquidité des banques et intitulé notre thème de la manière suivante : « LES INTERVENTIONS DE LA BEAC DANS LE CADRE DU MARCHE MONETAIRE ET LE PROBLEME DE SURLIQUIDITE DES BANQUES. »

En effet, la BEAC en tant que la banque centrale, remplit plusieurs fonctions parmi lesquelles la régulation du marché monétaire qui passe par le management de la masse monétaire en circulation à un moment donné et son éventuel ajustement. C'est ainsi qu'un manque de liquidité doit être corrigé par une injection de liquidité. De même qu'un excès de liquidité doit être ponctionné pour conserver un certain équilibre. Alors quand cet excès de liquidité persiste pendant des années, il constitue un problème poignant tant pour la Banque Centrale qui est chargée de le gérer, pour l'établissement de crédit concerné que pour l'économie.

Alors face à ce problème, une série de questions s'insurgent : Comment juger de la surliquidité des banques au Cameroun? Quelles sont les causes de cette surliquidité ? Comment se manifeste-t-elle ? Quelles en sont les conséquences ? Que peut - on faire pour résoudre, ou mieux, réduire considérablement ce problème au Cameroun ?

Le présent travail s'organise en deux parties : la première porte sur la présentation de la BEAC et le traitement des opérations financières et de refinancement. Il est constitué de deux chapitres, le premier présente un aperçu global de la BEAC et le second porte sur le traitement des opérations et activités menées. Quant à la deuxième partie elle traite du problème de surliquidité dans son ensemble ; partant de la méthodologie utilisée et du diagnostic (chapitre I) jusqu'à la tentative de solution Chapitre II.

PREMIERE PARTIE :

APERCU GENERAL DE LA BEAC ET LE TRAITEMENT DES OPERATIONS FINANCIERES ET DE REFINANCEMENT

Il est question dans cette première partie de notre travail de présenter au chapitre premier la BEAC dans toutes ses dimensions tant internationales que nationales. Le chapitre II, lui, porte sur les différentes activités effectuées au sein des services où nous avons été affectés.

PRESENTATION GENERALE DE LA BEAC

CHAPITRE I :

La BEAC est un établissement public multinational qui exerce le droit de l'émission des billets et monnaie métallique qui ont cours légal et pouvoir libératoire au sein des Etats membres et actionnaires. Comme toutes les institutions, elle a évolué au fil du temps, assure un certain nombre de missions et connaît une organisation et un fonctionnement qui lui sont propres. Ainsi, il est important de présenter cette institution d'abord d'un point de vue général avant de s'intéresser à la Direction Nationale du Cameroun où notre stage a été effectué. 

SECTION I : BEAC : VUE GLOBALE DE L'INSTITUTION

La BEAC entant que Banque Centrale et institution sous régionale connait un historique précis, elle remplit des missions particulières et fonctionne d'une manière spécifique.

I. HISTORIQUE ET MISSIONS

I.1 HISTORIQUE

Avant les indépendances de 1960, l'émission de la monnaie était assurée en Afrique Centrale par l'institution d'émission de l'Afrique équatoriale et du Cameroun (1955-1960). Celui-ci est un établissement public français crée pour prendre la relève de la Caisse Centrale de la France Libre (1942-1945) qui avait pendant la seconde guerre mondiale repris les activités de la BAO (Banque de l'Afrique Occidentale). Notons que la BAO est une banque française privée (1901-1942) qui avait le monopole de l'émission monétaire dans les colonies françaises d'Afrique.

La BEAC a succédé à la BCEAEC, établissement public franco-africain issu des accords de coopération monétaire conclus en 1960 entre la république française et les cinq Etats d'Afrique centrale, qui fonctionna jusqu' au 31 mars 1973. C'est ainsi que la présence française a été conduite au sein du conseil d'administration de la BEAC qui a succédé à la BCEAEC. Cette banque avait pour mission de gérer l'émission du Franc de la Coopération Financière de l'Afrique Centrale (FCFA) créé le 22 novembre 1972 dont la parité avec Franc français était fixe. En outre, le transfert effectif à Yaoundé du siège de la Banque centrale eut lieu en 1977 pour la BEAC. Suite à cette évolution, de nombreux postes de responsabilité dans les Services Centraux et les Directions Nationales ont été confiés aux cadres africains.

Dès le 1er avril 1978, il a été nommé à la BEAC un gouverneur et un vice gouverneur africain. Ainsi la Direction Nationale de Yaoundé a été inaugurée le 29 janvier 1982. L'entrée de la Guinée Equatoriale comme étant le sixième Etat au sein de la BEAC s'est faite le 1er janvier 1985.

I.2 MISSIONS

Conformément à ses statuts, la BEAC a généralement pour mission :

· d'émettre de la monnaie et en garantir la stabilité ;

· de définir et de conduire la politique monétaire applicable dans les pays membres de l'UMAC ;

· de conduire les opérations de change ;

· de détenir et de gérer les réserves de change des pays membres ;

· de promouvoir le bon fonctionnement des systèmes et moyens et paiement dans l'UMAC ;

· de s'impliquer dans la lutte pour l'anti-blanchiment des capitaux dans la CEMAC.

Les Etats ont confirmé à la Banque Centrale le privilège exclusif de l'émission monétaire sur le territoire de chaque Etat membre de l'union. Ce privilège d'émettre les billets de banque et les monnaies métalliques qui ont cours légal et pouvoir libératoire dans les Etats membres de l'union, est consigné également dans les statuts de la BEAC article 7 et est assorti d'un certain nombre d'obligations qui constituent les missions fondamentales de la Banque Centrale il s'agit de :

§ mettre à la disposition des agents économiques les quantités de signes monétaires nécessaires pour effectuer les opérations de toute nature ;

§ garantir les utilisateurs de ces moyens de paiement contre les risques de falsification et de contre façon;

§ et d'assurer une bonne circulation des signes monétaires.

En somme, cette mission de surveillance de la qualité s'applique aussi bien à la qualité physique qu'à l'authenticité de la monnaie fiduciaire.

Il est à noter que la BEAC s'assigne d'autres missions qui sortent du cadre des missions fixées statutairement et qui sont confiées à la banque par les Etats membres. Ces missions, sont conduites le plus souvent sous forme de projets revêtant un caractère ponctuel de par leur essence. Ainsi, durant les trente dernières années, la BEAC s'est vue confier par les chefs d'Etats de la sous région, les missions ci-après :

o Piloter en 1991 un groupe de travail en vue de proposer une nouvelle approche de l'intégration économique et sociale de l'Afrique centrale ;

o S'impliquer dans la lutte anti-blanchissement des capitaux dans la zone CEMAC ;

o Démarrer d'une bourse des valeurs mobilières de l'Afrique Centrale (BVMAC).

II. CADRE JURIDIQUE ET FISCAL

II.1 CADRE JURIDIQUE

La Banque des Etats de l'Afrique Centrale est un établissement public international africain (article 1er des statuts 2007), elle jouit d'une personnalité juridique, dispose d'une autonomie financière et d'un Conseil d'Administration. Conformément à l'article 2 des présents statuts, le capital de la Banque Centrale est de 88 .000.000.000 de Francs CFA (quatre-vingt huit milliards), réparti à parts égales entre les Etats membres. Sur proposition du Conseil d'Administration de la BEAC, le capital de cette dernière peut, par dérogation à l'article 72 des présents statuts, être augmenté ou diminué conformément aux dispositions pertinentes de la convention agissante de l'UMAC.

II.2 CADRE FISCAL

La Banque des Etats de l'Afrique Centrale est une société qui est exonérée de tous les impôts et taxes, ainsi que des droits de douanes. Par ailleurs, elle est exempte de toutes obligations relatives au paiement ou la perception de tous les impôts et droits.

III. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT

III.1 ORGANISATION

Les services centraux de la BEAC sont installés à Yaoundé en République du Cameroun depuis le 03 janvier 1977. En dehors des services centraux, la BEAC comprend six Directions Nationales installées dans les capitales politiques de chacun des Etats membres. Cette institution compte également treize Agences dont six abritent les locaux des directions nationales. Il s'agit des agences de Bangui, Brazzaville, Libreville, Malabo, N'djamena et Yaoundé ; les sept autres étant Bafoussam, Bata, Douala, Garoua, Limbé, Pointe-Noire et port-gentil. On y trouve aussi cinq Bureaux dont un au Cameroun (Nkongsamba), deux au Gabon (Oyem et Franceville) et deux au Tchad. De plus la banque dispose de deux dépôts de billets en République Centrafricaine, à Berberati et à Bouar ainsi qu'une représentation en France : le Bureau extérieur de Paris ; deux dépôts et une délégation extérieure. Les Directions Nationales sont installées dans la capitale politique de chacun des Etats de la CEMAC et ont des attributs de siège social. (Annexe 1)

La Banque est ainsi administrée par un Conseil d'Administration et un Gouverneur. Le contrôle de la Banque est assuré par un collège des Censeurs. De plus, dans chaque Etat membre, un Comité National de crédit participe au fonctionnement de la Banque selon les conditions définies par les présents statuts. Le Gouverneur assure la direction de la Banque sous l'autorité du conseil d'administration. A cet effet, il a le devoir de veiller au strict respect des statuts de la Banque et applique les décisions du Conseil d'Administration et des comités nationaux de crédit en tenant compte de la politique monétaire. Il représente la Banque vis-à-vis des tiers, exerce toute action en justice, organise et dirige les services de la Banque. Il est assisté dans l'exercice de ses fonctions par un vice gouverneur et un secrétaire général. Dans chaque Etat membre, il est représenté par un Directeur National.

III.2 FONCTIONNEMENT

La BEAC regroupe pour son fonctionnement un certain nombre d'organes et Structures qui participent tant à son administration qu'à son contrôle.

Les organes de décision et d'administration

Ø la Conférence des Chefs d'Etats : décide de l'adhésion d'un nouveau membre ; prend acte du retrait d'un membre de l'union monétaire, nomme et révoque le gouverneur et la secrétaire générale sur proposition du comité ministériel.

Ø le Conseil d'Administration : composé de hauts fonctionnaires comprend: 13 administrateurs répartis comme suit : quatre représentants pour le Cameroun, trois pour la République Française, deux pour la République Gabonaise et un pour chacun des pays suivants : la République Centrafricaine, la République du Congo, la République de Guinée Equatoriale et la République du Tchad. Ce conseil se réunit au moins quatre fois par an et aussi souvent que nécessaire, sur convocation de son président ou à la demande des administrateurs d'un Etat.

Ø le Comité Ministériel : régi par la convention de l'union monétaire de l'Afrique centrale, le Comité ministériel, composé de deux ministres pour chaque Etat membre, dont le ministre des finances, examine les grandes orientations en matière de politique économique des Etats et assure leur cohérence avec la politique monétaire commune. Il :

· décide de l'augmentation ou de la réduction du capital de la banque ;

· donne un avis conforme sur les propositions de modification des statuts de la banque soumises par le conseil d'administration ;

· ratifie les comptes annuels de la banque approuvés par le conseil d'administration et décide, sur proposition de celui- ci de l'affectation des résultats ;

· statue sur proposition du conseil, sur la création et l'émission des billets de banque et des monnaies métalliques ainsi que sur leur retrait et leur annulation.

Les organes de contrôle quant à eux sont :

Ø Le Collège des Censeurs : il est composé de trois censeurs : un camerounais, un français et un gabonais représentant les autres Etats membres. Les censeurs contrôlent l'exécution du budget de la banque et la régularité de l'ensemble de ses opérations. Ils assistent, avec voix consultative, aux réunions du conseil d'administration et à celles des comités monétaires et financiers où leurs avis sont obligatoirement consignés au procès -verbal.

Ø Le Comité d'Audit : le système de contrôle de la banque est exercé par un comité d'audit composé de trois censeurs. Il assiste le conseil d'administration et a tous les pouvoirs d'investigation et de proposition à cette fin. Il contrôle la fiabilité des Etats financiers, l'exhaustivité de l'information foncière et le fonctionnement des organes de contrôle. A ce titre, il doit notamment vérifier la clarté des informations fournies et porter une appréciation sur la pertinence des méthodes comptables, la qualité du contrôle interne notamment la cohérence du système de mesure, de surveillance et de mesure des risques. Elle se réunit deux fois par an en séance plénière et remet un rapport au conseil d'administration à l'issu de chaque réunion.

En somme la BEAC est dirigée par un Conseil d'Administration et un gouverneur. Le contrôle de la banque est assuré par un collège des censeurs. De plus, dans chaque Etat membre, un comité national de crédit participe au fonctionnement de la banque selon les conditions définies par les statuts. Le gouverneur assure la direction de la banque sous l'autorité du Conseil d'Administration. A cet effet, il a le devoir de veiller au respect strict des statuts de la banque et applique les décisions du Conseil d'Administration et des comités nationaux de crédit en tenant compte de la politique monétaire. Il représente la banque vis à vis des tiers, exerce toute action en justice, organise et dirige les services dans l'exercice de ses fonctions. Dans chaque Etat membre, il est représenté par un Directeur National.

Il ressort de cette section que la BEAC est passée par plusieurs étapes et a succédé à des nombreuses institutions avant d'acquérir le statut d'émettrice de la monnaie. De nombreuses missions lui sont attribuées dont les plus importantes sont l'émission de la monnaie Banque Centrale et la garantie de la stabilité. Elle est dirigée par un gouverneur et comprend de nombreux organes de décisions et d'administration.

SECTION 2 : PRESENTATION DE LA DIRECTION NATIONALE BEAC - CAMEROUN

La Direction Nationale de la BEAC pour le Cameroun est une institution bancaire. Elle est l'une des cinq agences de la BEAC que compte le Cameroun située au quartier ministériel en plein centre ville de Yaoundé, capitale politique du Cameroun. L'immeuble qui l'abrite est précisément situé entre les bâtiments des services du Premier Ministère et celui de l'hôtel Hilton. Ayant la forme d'un losange cet immeuble comprend trois niveaux dans lesquels sont logés le bureau du directeur national et une centaine de bureaux des agents de la Banque. Elle s'organise et fonctionne de la manière suivante :

I/ ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT

La Direction Nationale de la BEAC - Cameroun est à la fois une cinq des agences et une direction qui est à la tête des autres agences du Cameroun. Comme toute entité moderne, elle suit une organisation précise et a un fonctionnement qui lui est propres.

I.1 ORGANISATION

La Direction Nationale de la BEAC est organisée comme toutes les six directions nationales de la zone CEMAC.

Elle comprend cinq agences et un bureau qui sont les suivants :

- l'agence de Yaoundé qui est l'agence centrale et est dirigée par un Directeur National. C'est le siège des services centraux en ce qui est de l'Etat camerounais ;

- l'agence de Douala ;

- l'agence de Bafoussam ;

- l'agence de Limbé ;

- l'agence de Garoua ;

- le bureau de Nkongsamba.

Les agences ont les chefs d'agence à leur tête tandis que les bureaux sont dirigés par un chef de bureau.

I.2 FONCTIONNEMENT

La Direction Nationale de la BEAC Yaoundé fonctionne avec deux grands blocs

- le bloc d'exploitation n°1 ;

- le bloc d'exploitation n°2.

Le bloc d'exploitation N°1 est sous l'autorité de l'adjoint au Directeur National n°1. Ce bloc regroupe en son sein deux grands services. A la tête de chaque service se trouve un chef de service qui est chargé de suivre à la lettre les activités qui relèvent de sa compétence. Le chargé du premier service a la responsabilité du bon fonctionnement des services suivants :

Ø Gestion, contrôle de gestion, sécurité et protocole ;

Ø Informatique et Télécommunications ;

Ø Ressources humaines et formation ;

Ø Systèmes et moyens de paiements.

En outre, le chargé du deuxième service est le responsable des services ci-après :

§ Comptabilité et opérations financières ;

§ Emission monétaire.

Le bloc d'exploitation N° 2 est dirigé par l'Adjoint au Directeur National n°2 et composé d'un service principal et des services rattachés. Le chef de service a pour mission de coordonner les activités des différents services qui sont sous sa charge. Les services qui sont rattachés à ce bloc se présentent comme suit:

- Etudes et recherches ;

- Crédit et Marché des capitaux ;

- Analyse et statistique Monétaire ;

- Conseil National du Crédit et contrôle des Banques.

En somme la Direction Nationale de la BEAC fonctionne en suivant la hiérarchisation des postes de responsabilité (Annexe 2).

II. PRESENTATION DES CLIENTS DE LA D.N.

La BEAC est une banque centrale ce qui veut dire qu'elle est différente des autres établissements financiers. Une définition courante désigne la BEAC comme la banque des banques. A cet effet, elle compte deux grands groupes de clients.

II.1 LES PARTICIPANTS

Ce sont des établissements qui sont adhérents au système de paiement. Il s'agit de toutes les banques commerciales, des établissements financiers agrées par la COBAC (Annexe 3), du trésor public, des services des postes (CAMPOST) et la BEAC. Ces derniers sont en liaison avec le système à partir d'une plate forme technique et sont par conséquent participants au système. Ils effectuent les opérations dans SYGMA via leurs comptes de règlement ou compte d'apurement ouvert dans les livres de la Direction Nationale.

II.2 LES SOUS PARTICIPANTS

Ce sont des institutions pour la plupart multinationales qui effectuent des opérations avec la BEAC. Ils ne disposent pas d'une plate forme SYGMA, ils n'ont pas de compte de règlement. Ils sont considérés comme des sous- participants (Annexe 3 bis) car leurs opérations sont exécutées par un participant direct, qui en assure la gestion et le règlement, à partir de son propre compte.

III LES NOUVEAUX SYSTEMES ET MOYENS DE PAIEMENT

Pour s'arrimer au contexte de l'internationalisation des échanges et surtout pour être en phase avec la mondialisation, la BEAC a mis sur pied un certain nombre de réformes qui concernent en majorité les moyens de paiement. En effet, ces réformes répondent au besoin d'adaptation d'un système devenu quelque peu dépassé au regard des exigences nouvelles des économies modernes. C'est ainsi qu'en zone CEMAC des instruments ont été mis sur pied dans le but d'accroître la sécurité de paiement, de réduire le coût moyen des transactions bancaires mais aussi les délais de paiement et de règlement. Ces instruments à savoir SYGMA : système de gros montants autorisés et SYSTAC qui est le système de télécompensation en Afrique Centrale, ont été adoptés le 2 novembre 2007 par le conseil d'administration de la BEAC.

III.1.1 SYGMA

Le Système des Gros Montants Automatisés (SYGMA) opérationnel depuis le 19 novembre 2007 est caractérisé par la continuité des règlements sur une base unitaire et la finalité de ces règlements en temps réel. SYGMA traite des opérations dont le montant unitaire est supérieur à 100 millions de FCFA et les opérations de moins de 100 millions qui présentent un caractère urgent Il est installé au siège de la BEAC à Yaoundé et est une structure centralisée. Le système SYGMA assure la gestion en temps réel des soldes de règlement, qui se déversent ensuite dans le système de la comptabilité générale de la BEAC.

III.1.2 : SYSTAC

Le Système de Télécompensation en Afrique Centrale (SYSTAC) est un système net, sécurisé, automatisé et dématérialisé qui traite des opérations de débit et de crédit (virement et chèques) de volume important ne présentant pas un caractère d'urgence et dont le montant unitaire est inférieur à 100 millions de FCFA.

En plus de ces deux systèmes, la BEAC utilise un système comptable SYSCOBEAC- ORACLE, une application informatique assortie de plusieurs modules qui rend la saisie des opérations uniforme dans toute la sous région CEMAC.

Ainsi présentée, il ressort que la BEAC est un établissement public international africain. Elle est par conséquent la banque centrale de la sous région Afrique Centrale. Elle a l'exclusivité de l'émission monétaire et garantit la stabilité. Elle a son siège à Yaoundé au Cameroun et compte des directions nationales dans chaque Etat membre. C'est d'ailleurs la Direction Nationale pour le Cameroun qui nous a reçus pour ce stage. Comme toutes les institutions modernes, elle connait une organisation et un fonctionnement qui lui sont propres.

LE TRAITEMENT DES OPERATIONS FINANCIERES ET DE REFINANCEMENT

CHAPITRE II :

Le stage académique que nous avons effectué à la direction nationale de la BEAC Cameroun à Yaoundé s'est  déroulé dans deux principaux services à savoir le Service de la Comptabilité et Opérations financières d'une part et le Service du Marché monétaire d'autre part. Il est donc question dans ce chapitre de présenter de façon analytique et très détaillée le travail que nous avons effectué dans chacun de ces deux services.

SECTION I : LE TRAITEMENT DES OPERATIONS

FINANCIERES A LA BEAC-DN

Les opérations financières que nous avons traitées dans le Service de la Comptabilité (SCOF)1(*), portaient essentiellement sur les virements et les transferts.

I LE TRAITEMENT DES VIREMENTS EN ZONE CEMAC

Les virements sont des déplacements de fonds d'une institution financière à une autre à l'intérieur de la zone CEMAC. Nous parlerons alors de virement émis, des virements reçus et des encaissements des chèques.

I.1 TRAITEMENT DES VIREMENTS EMIS

Le traitement des virements émis était différent lors qu'il s'agissait d'un virement simple ou d'un virement SYSTAC.

Les virements émis simples étaient ordonnés soit par un participant au profit d'un sous participant soit par un sous participant pour un autre sous participant. Pour leur traitement nous recevions un ordre de virement de la part des institutions. A la réception de ce dernier, nous devions impérativement nous assurer qu'il :

o Est daté et signé par les personnes habilitées ;

o N'est pas surchargé ;

o comporte les renseignements précis sur le donneur d'ordre et le bénéficiaire (Nom ou raison sociale, N° de compte, RIB...)

o y'a concordance entre montant en chiffres et le montant en lettres

o Existe une provision suffisante ;

o y'a le motif de l'opération.

En cas d'anomalie, nous rejetions la pièce.

Après la vérification du document et surtout après nous être rassuré du visa du chef de service, nous procédions  à la saisie de l'écriture comptable suivante dans le journal auxiliaire CENTRE_OD de GL :

10.311301.0

ou

10.312101.0

ou

10.331101.0.

10.32319X.0

ou

10.31119X.0

compte courant comptables publics

Institutions financières étrangères

Institutions sous régionales

Compte d'apurement SYGMA

Compte d'apurement SYGMA Trésor Public

Virement n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

Xxxxxx

xxxxxx

xxxxxx

xxxxxx

Après la saisie de l'écriture nous procédions à l'envoi de l'écriture comptable par Workflow2(*) au chef de section ainsi qu'un parapheur contenant l'ordre de virement, le CRO et du message SYGMA pour la suite du traitement.

Quand aux virements émis SYSTAC, c'étaient ceux qui passaient en compensation et dont le montant était inferieur à 100 Millions. Pour leur traitement nous recevions un fichier numérique de la part de l'institution qui ordonnait le virement. Nous traitions en deux phases ces virements à l'aide d'une application dénommée Générateur Data.

Ø La phase aller

En effet, lorsque nous recevions les ordres des virements, avant de les transmettre à la salle SYSTAC où ils sont traités, nous devions vérifier l'existence d'une provision importante ; son insuffisance entrainant le rejet systématique du virement au donneur d'ordre. Dans le cas où elle était suffisante, on procédait à l'enregistrement de l'écriture suivante :

10. XXXX

323196

Compte courant donneur d'ordre

Compte d'apurement

SYSTAC

Virement n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

Après avoir passé cette écriture, nous transmettions l'ordre de virement sous forme de fichier numérique à la salle SYSTAC et attendions le sort de la compensation pour la suite du traitement appelée phase retour.

Ø La phase retour

Le sort des valeurs envoyées en compensation au jour N nous parvenait le jour N+1 à travers une fiche récapitulative de tous les virements émis la veille. Nous nous chargions tout simplement d'identifier les virements qui avaient été rejetés par la salle de capture et nous contrepassions alors l'écriture de la phase aller comme suit :

323196

10. XXXX

Compte d'apurement SYSTAC

Compte courant donneur d'ordre

Annulation Virement n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

Dans le cas où le virement était accepté SYSTAC, la suite du traitement était assurée par un autre compartiment : « Virements Reçus. »

I.2 L'ANALYSE DES VIREMENTS RECUS

Dans ce compartiment du SCOF, nous recevions des services amont deux états qui nous aidaient à passer des écritures : un état de chaque virement effectué par le participant et un état « RCP » récapitulatif de tous les virements journaliers ; chaque virement devait être accompagné d'un détail qui présente toutes les informations relatives à une opération. Apres vérification des documents, on passait à la saisie de la pièce comptable.

L'écriture comptable à passer est la suivante :

Ø Cas d'un virement entre deux sous participants :

10. XXXX

10. XXXX

Compte courant donneur d'ordre

Compte courant bénéficiaire

V/R n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

Ø Cas d'un virement entre un participant et un sous participant

3231960000

10. XXXX

Compte d'apurement SYSTAC

Compte courant bénéficiaire

V/R n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

Ø Cas d'un virement entre un sous participant et un participant

10. XXXX

3231960000

Compte courant donneur d'ordre

Compte d'apurement SYSTAC

V/R n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

Après avoir passé toutes les écritures relatives aux virements, il fallait tirer les CRO, ensuite sortir les avis de débit ou de crédit qui étaient envoyés aux sous participants pour les informer des mouvements qu'il y'a eu dans leurs comptes. Quant aux participants ils étaient informés à travers un message SYGMA parce que disposant des plateformes.

Le dossier comprenant les états reçus par l'agent, les CRO les avis de débit et crédit ou le message SYGMA est par la suite envoyé au chef pour la suite du traitement.

Ainsi se traitent les déplacements des fonds en zone CEMAC. Qu'en est-il des déplacements hors zone ?

II LA PROCEDURE D'ANALYSE ET DE TRAITEMENT

DES TRANSFERTS HORS ZONE CEMAC

Les transferts étaient des opérations d'envoi et de réception des fonds des pays de la CEMAC vers les pays hors zone CEMAC et vice versa. Ils s'effectuaient par le canal de SWIFT qui est une passerelle de communication entre la BEAC et la BDF. Il faut noter que tous les transferts s'effectuent via la banque de France qui est le seul correspondant de la BEAC à l'étranger et qui est rémunérée lors de chaque transfert émis par des commissions.

Les transferts se subdivisent en deux grands groupes qui feront l'objet de notre étude dans cette partie du rapport : Les transferts émis et les Transferts reçus.

II.1 LE TRAITEMENT DES TRANSFERTS EMIS HORS ZONE

Les transferts émis hors zone CEMAC sont des envois des fonds de la zone CEMAC vers l'extérieur de la zone. Ainsi nous recevions plusieurs ordres de transferts ; les ordres de transfert du trésor public étaient exécutés immédiatement par la BEAC alors que nous procédions à une étude préalable quand il s'agissait des demandes de refinancement des banques en devises et des autres transferts.

A la réception d'une demande de refinancement en devises (3 exemplaires), une étude s'imposait. Elle consistait pour nous à vérifier et à nous assurer que la demande était « causé » c'est-à-dire qu'elle était justifiée par une transaction économique qui avait eu lieu entre le Cameroun et l'étranger. En effet la demande de transfert devait être conforme à la règlementation de change institué par la CEMAC. En cas d'anomalie, nous rejetions le dossier.

Quant aux autres transferts, dès que nous recevions l'ordre de transfert, nous devions nous assurer qu'il :

· était daté et signé des personnes habilitées ;

· n'était pas surchargé ;

· comportait de renseignement précis sur la banque (raison sociale, IBAN, adresse...) ;

· y'avait concordance entre les montants en lettre et en chiffre;

· était libellé en devise avec sa contre partie en FCFA ;

· Existait une provision préalable suffisante et disponible

Tout contrôle fait, nous enregistrions l'accord de transfert dans un registre de transfert prévu à cet effet. Ce registre mentionnait la date de l'opération, le numéro d'ordre chronologique, l'institution déposante, la banque gestionnaire du compte client, le bénéficiaire final, le montant en FCFA.

Après ces différentes vérifications, nous procédions immédiatement au traitement comptable par la saisie de l'écriture comptable dans ORACLE GL comme suit :

10.323194.0.0.0.0.

90.121101

10.708101

cpte d'ap. SYGMA Ets.de crédit

Banque de France

autres produits d'expl.

Transfert n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

xxxxxx

Toute vérification faite, nous transmettions l'écriture comptable au chef de division par Workflow accompagné du dossier comptable (l'accord de transfert, la lettre d'accord du DN, le CRO) afin qu'il juge de leur concordance. Les contrôles se font successivement chez le chef de division et chez le chef de service qui approuve en dernier ressort la pièce comptable en ligne. Cette approbation autorise l'imputation des écritures dans les journaux comptables et met à jour les soldes des comptes mouvementés. Il faut noter que les frais prélevés sur l'exécution du transfert sont de 3200 FCFA pour les transferts émis pour la France et de 7200 FCFA pour les transferts hors de la France.

Le traitement continuait par la saisie du message SWIFT qui était validé par le chef de service lorsqu'il avait approuvé l'écriture comptable.

En plus des frais que généraient les transferts émis, on notait également l'existence des commissions exigés par la banque de France et qui nécessitaient un traitement particulier.

Les transferts émis ayant été présentés, il s'agit à présent de voir le traitement des transferts reçus.

II.2 L'ANALYSE DES TRANSFERTS RECUS BDF

Les transferts reçus BDF étaient des fonds provenant de l'extérieur et reçus par la BEAC via la banque de France. Les transferts que nous recevions de la Banque de France étaient toujours libellés en Euros quelque soit la devise d'origine. Nous recevions comme document de base un message SWIFT3(*)

Nous commencions le traitement par la conversion du montant en euro, en FCFA à l'aide d'une bande (calculatrice électronique) en utilisant la parité fixe 1€ = 655,957 FCFA. Ensuite, on procédait à l'enregistrement de la pièce dans le registre des transferts reçus en y mentionnant la date du jour, la référence de l'opération, le client donneur d'ordre, le banque bénéficiaire, le client bénéficiaire, le montant en FCFA, le montant en Euro. Ensuite il faut savoir si le bénéficiaire de l'opération est un participant ou un sous participant car le traitement diffère en fonction des cas.

L'écriture comptable se présentait de la manière suivante :

90.121101

10. xxxxxx

10.323194

Banque de France

Cpte courant Bénéficiaire

ou

Cpte d'ap. SYGMA Ets.de crédit

Transfert n° xxxxxx/xx du JJ/MM/AAAA d'ordre X faveur Y

Xxxxxx

xxxxxx

xxxxxx

Ainsi se traitent les opérations financières à la DN. Toutes celles-ci constituent ce qu'on appelle le Front office. Elles doivent alors être suivies, vérifiées et contrôlées par le back office.

III Le back office et l'analyse des comptes d'apurements

Le back office est la deuxième division du service de la comptabilité et des opérations financières. Dans cette division, nous étions chargés de contrôler et de valider les opérations effectuées en amont par le front office, mais aussi de nous assurer que toutes les opérations qui avaient été traitées dans les autres services s'étaient déversées dans GL4(*). L'arrêté des journées comptables et l'analyse des comptes d'apurement constituaient les 2 principales tâches de cette division.

III.1 LA CLOTURE DES JOURNEES COMPTABLES

La clôture des journées comptables consistait pour nous à comparer les pièces comptables éditées par la comptabilité et le journal général afin de nous assurer de la concordance des opérations. D'autre part nous comparions les opérations passées par les autres services de la banque contenues dans les journaux auxiliaires avec celles contenues dans le journal général (GL). L'ensemble de ces journaux et pièces comptables constituait les journées comptables qui étaient vérifiées par le chef de division et ensuite contrôlées et validées par le chef de service.

III.2 L'ANALYSE DES COMPTES D'APUREMENT

L'analyse des comptes d'apurement5(*) consistait pour nous à nous assurer qu'à la fin de la journée, les soldes des comptes de règlement des participants correspondaient aux soldes de leurs comptes courants et que les comptes d'apurement présentaient un solde nul ou alors un solde justifié. Ce qui n'était pas toujours le cas.

En effet les écarts entre ces différents soldes étaient de deux ordres :

Ø Ecart entre les soldes des comptes dans SYGMA et ceux de GL dont l'origine pouvait être :

· Un non déversement des écritures comptables de SYGMA dans GL

· La saisie directe d'une opération au compte courant d'un participant dans GL

Ø Ecart sur les soldes des comptes d'apurement. Celui-ci s'expliquait par :

· Une inadéquation entre le code type transaction et la nature de l'opération dans SYGMA ;

· Une opération traitée dans SYGMA et non prise en compte par les modules AP, PPP, etc..... et inversement.

Le déroulement du stage dans le SCOF a été très passionnant de par les nombreuses opérations financières que nous avions traitées et analysées à l'instar des transferts ou des virements. C'est alors qu'au bout d'un mois passé dans ce service, nous sommes allés au service du Marché Monétaire où se traitent essentiellement les opérations de refinancement.

SECTION II : LE TRAITEMENT DES OPERATIONS DE REFINANCEMENT DES BANQUES

Les opérations de refinancement que nous avons traitées au SMM se subdivisent en deux grands groupes : la ponction et l'injection de liquidités

I/ LES OPERATIONS D'INJECTION DE LIQUIDITE

Les opérations d'injection de liquidité peuvent être classées en trois catégories : les appels d'offres positifs et les prises en pensions auxquelles on peut ajouter les interventions ponctuelles de la BEAC. Nous parlerons ici seulement des deux premières : celles que nous avons eu à traiter.

I.1 LE TRAITEMENT DES APPELS D'OFFRES POSITIFS

L'appel d'offre est une procédure par laquelle la banque centrale, en vue d'injecter ou de ponctionner des liquidités, entre en contact avec des établissements de crédit éligibles pour requérir leurs soumissions d'achat ou de vente de monnaie centrale. Il est positif lorsqu'il vise à injecter les liquidités.

Les appels d'offres positifs que nous avons traités au sein du SMM suivaient le calendrier ci- après :

o Le lundi, nous procédions au lancement des appels d'offres ; il consistait pour nous d'initier avant 11 heures un télex (Annexe 8) à la signature du Directeur National destiné à tous les établissements de crédit éligibles. A travers ce fax, nous leur annoncions l'intention de l'Institut d'Emission d'injecter des liquidités. Ce même lundi à 13h au plus tard, les banques désireuses de soumissionner transmettaient leurs offres à la Direction Nationale. En cas de panne du télex, les offres étaient faites par message porté comportant les signatures habilitées. Ces offres devaient comporter une clé d'authentification (test) que nous vérifions pour nous assurer de la pertinence des données émises.

o La réponse du Gouverneur nous parvenait le mardi et comportait entre autres les différents taux à appliquer aux appels d'offres il rappelait à la même occasion le montant de l'objectif de refinancement. Dès réception de la réponse nous, procédions au dépouillement des offres. Lequel consistait à retenir les établissements de crédit dont les offres respectent les normes de taux et de montant fixées par le Gouverneur.

o Le mercredi avant 10h, nous envoyions à chaque établissement de crédit un télex individualisé notifiant le résultat de l'appel d'offres. Dans ce télex, nous l'invitions à déposer le jour même avant 12h un Billet Global de Mobilisation (BGM) qui matérialise le concours effectif de la BEAC aux banques, majoré des intérêts.

Le jeudi, nous portions le produit de l'appel d'offres au crédit du compte courant de l'établissement de crédit bénéficiaire dès l'ouverture des guichets de la BEAC.

La BEAC exigeait, en plus des effets globaux de mobilisation, des effets primaires en garantie de ses concours au titre du guichet A. ceux-ci constituent des supports de base remis en garantie à la BEAC et représentatifs des créances ci-après ayant obtenu un accord de mobilisation. Pour être acceptables, ces effets devaient être revêtus d'au moins deux signatures solvables, dont celle de la banque cédante. Il pouvait s'agir soit des lettres de change et/ou des billets à ordre.

I.2 LE TRAITEMENT DES PRISES EN PENSION

Les banques qui ont accès au refinancement de la BEAC pouvaient, à leur initiative, recourir tous les jours à des pensions avec valeur jour, contre souscription d'un BGM ayant une échéance de 2 à 7 jours et remplissant certaines conditions.

Dès réception d'une demande d'avances au titre de la pension, nous devions vérifier qu'une marge sur faculté d'avances et sur refinancement maximum existe, avant de poursuivre le traitement de la demande. Cette précaution était indispensable car, pour des raisons de taux d'intérêt, les banques arrivent à la pension, seulement après épuisement de leurs possibilités au niveau des appels d'offres.

La gestion des supports est semblable à celle des opérations sur appel d'offres. Le décompte des intérêts est également identique, sauf que le taux d'intérêt appliqué aux prises en pension (TIPP) est supérieur à celui des appels d'offres de 1,5 à 2 points ; actuellement, il est de 5.75%.

Telles sont les différentes procédures grâce auxquelles passe la BEAC pour injecter la liquidité dans le marché monétaire. Alors que fait-elle lorsqu'elle souhaite diminuer la liquidité en circulation ?

II.LES OPERATIONS DE PONCTION DE LIQUIDITES

Les opérations de ponctions de liquidités sont des instruments à travers lesquels la BEAC retire la monnaie banque centrale en circulation par le biais des établissements de crédits. Nous parlerons juste des appels d'offres négatifs et des réserves obligatoires.

II.1 LE TRAITEMENT DES APPELS D'OFFRES NEGATIFS

Comme défini précédemment, l'appel d'offre est une procédure par laquelle la banque centrale, en vue d'injecter ou de ponctionner des liquidités, entre en contact avec des établissements de crédit éligibles pour requérir leurs soumissions d'achat ou de vente de monnaie centrale. Quand il consiste à ponctionner les liquidités, il prend le nom d'appel d'offre négatif.

Le montant minimum que les banques pouvaient à la Banque Centrale était fixé à 50 millions de FCFA, en outre il devait être exprimé en nombre entier de millions.

Le traitement des appels d'offres négatifs étaient presque identique sauf que le montant des excédents de liquidités des banques que la BEAC était susceptible de ponctionner par le biais des appels d'offres négatifs était déterminé à partir des réponses des soumissionnaires au télex de lancement de l'appel d'offre (annexe 8). Afin d'éviter la sortie des capitaux et pallier les imperfections du marché interbancaire, tous les excédents bancaires qui remplissaient les conditions étaient ponctionnés.

Ce montant ne devenait valable qu'après l'accord du Gouverneur qui devait être sollicité le jour du lancement de l'appel d'offres (Lundi), la réponse devant intervenir le mardi à 10h00 au plus tard.

Le calendrier, le lancement et le dépouillement des opérations sur appel d'offres négatifs sont les mêmes que ceux les appels d'offres positifs :

Ø Nous lancions l'appel d'offres au plus tard à 12h00 le lundi ;

Ø La réponse du Gouverneur nous parvenait le mardi et nous procédions immédiatement au dépouillement des appels d'offres ;

Ø Le jour J+2 ou tous les mercredis, nous envoyions à chaque établissement un télex individualisé notifiant le résultat de l'appel d'offres négatifs. Dans ce telex, nous invitions l'établissement concerné à déposer le même jour une lettre d'acceptation qui donnait par ailleurs l'ordre de virement en faveur du compte de placement6(*;

Ø Le jeudi, les comptes courants des établissements étaient débités par le crédit du compte de placement. Ce même jour un certificat de placement était remis à l'établissement en contre partie de son placement.

Parmi les instruments de ponction de liquidités, en plus des appels d'offres négatifs, nous avons aussi traité les réserves obligatoires.

II.2 LE TRAITEMENT DES RESERVES OBLIGATOIRES

Les réserves obligatoires sont un instrument par lequel les autorités monétaires peuvent, si elles le jugent nécessaire, retirer de la circulation une partie de la liquidité bancaire jugée excédentaire afin de rationaliser la distribution du crédit par les banques, de contenir les tensions inflationnistes et de protéger les réserves de change. Sa mise en oeuvre impose aux banques primaires de déposer en comptes courants à la Banque Centrale une partie de leurs ressources calculée en fonction des dépôts à vue et à terme, cette partie pouvant être rémunérée ou pas.

Pour le traitement des réserves obligatoires, nous recevions des établissements éligibles (les banques primaires et les établissements financiers, qui collectent des dépôts et disposent de comptes courants ouverts dans les livres de l'Institut d'Emission.) des fiches appelées déclarations des dépôts à vue et à terme.

Pour avoir le montant des réserves obligatoires d'un établissement de crédit quelconque, nous procédions de la manière suivante7(*) :

Nous calculions d'abord l'assiette des dépôts (à vue et à termes) :

Encours des dépôts aux dates du 10, 20,30 du mois considéré

Assiette de dépôts =

3

Une fois l'assiette trouvée pour chaque type de dépôt, il fallait tout simplement la multiplier par les différents coefficients des réserves obligatoires qui sont actuellement de 11.75% pour les dépôts à vue et 9.25% pour les dépôts à termes et ensuite additionner les montants trouvés.

A la fin de cette section, basée sur les opérations de refinancement des banques au marché monétaire, il ressort que la BEAC à travers ses instruments de la politique monétaire doit assurer un certain équilibre de la masse monétaire. C'est alors qu'elle peut injecter les liquidités à travers les appels d'offres positifs et les prises en pension ou ponctionner ces liquidités lors qu'elles sont excessives dans le système bancaire. Elle use alors des appels d'offres négatifs et des réserves obligatoires.

Comme nous venons de le montrer, notre séjour à la DN de la BEAC s'est déroulé dans deux principaux services le SCOF et le SMM. Dans le premier, nous avons eu à traiter plusieurs types d'opérations financières parmi lesquelles les virements, les transferts ou encore les commissions.

Les problèmes que nous y avons rencontrés tournaient autour de :

· Problèmes de connexion dont souffrait temps en temps l'application informatique de la BEAC ;

· La complexité du logiciel ORACLE ;

· principe des comptes d'apurement qui n'était pas toujours respecté.

Ces problèmes d'ordre informatique pour la majorité ne pouvaient donc pas nous aider à développer un travail considérable. Alors nous avons dû partir pour le service du Marché Monétaire où se traitent essentiellement les opérations de refinancement des banques. En effet à travers ce service, la BEAC intervient soit en offrant la liquidité aux banques qui ont des problèmes de trésorerie, soit en la retirant de la circulation lors qu'il y'en a assez. Alors notre travail dans ce service s'est donc axé sur ces deux opérations : ponction et injection de liquidités.

C'est ainsi que notre attention fut tirée par le fait que nous traitions essentiellement les opérations de ponction de liquidités quant aux injections, elles étaient presque inexistantes. Autrement dit les banques faisaient plus de placements de fonds à la BEAC qu'elles n'en demandaient. Ce qui, selon nous, posait quelque peu un problème sur les objectifs et l'efficacité du marché monétaire, qui se résumeraient à la seule collecte des ressources excédentaires des banques commerciales. Nous avons donc émis l'hypothèse selon la quelle si les banques ne viennent pas au refinancement, c'est peut-être parce qu'elles ont assez de liquidités. Alors nous nous sommes donc donné pour objectifs d'étudier ce phénomène qu'est la surliquidité des banques

DEUXIEME PARTIE :

ANALYSE ET PROPOSITIONS AU PROBLEME DE SURLIQUIDITE DES BANQUES

Cette deuxième partie de notre travail nous permet, en nous basant sur les interventions de la BEAC que nous venons de traiter, d'étudier la notion de surliquidité qui fait l'objet de notre thème. Ainsi, nous commencerons par l'étude et le diagnostic du problème (Chapitre Ier) pour finir par des perspectives pouvant aboutir à l'éradication de ce phénomène. (Chapitre II)

ANALYSE DU PROBLEME

DE LA SURLIQUIDITE

DES BANQUES AU CAMEROUN

CHAPITRE III :

Les banques comptent parmi leurs rôles les plus prestigieux la fonction de stocker de la liquidité. Cette garantie de liquidité permet non seulement d'éviter le risque d'illiquidité et son corollaire : la panique, mais aussi le risque d'insolvabilité. Cet argument devient cependant caduc dès lors que la banque détient des liquidités au-delà de ce qui est convenable pour faire face à ce risque. C'est dans ce sens que la banque centrale peut être amenée à intervenir dans le cadre du marché monétaire à travers les opérations de ponction de liquidités. En effet si on s'en tient aux tâches qui lui sont dévolues, la BEAC, à travers l'instauration du marché monétaire en mars 1991 a d'une part un objectif de mobilisation des ressources internes et leur utilisation rationnelle. Ce qui revient à injecter de la liquidité quand il en manque et en retirer lorsqu'il y'a un excès. Mais en dépit de ce rôle, le problème de surliquidité des banques persiste depuis un certain temps dans la sous région CEMAC en général et particulièrement au Cameroun. Face donc à cette situation plusieurs interrogations se lèvent : comment juger de la surliquidité des banques au Cameroun ? Qu'est ce qui peut être à l'origine de la surliquidité des banques ? Comment peut-elle se manifester ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Notre objectif dans ce chapitre est de procéder à une analyse profonde de ce problème partant de la méthodologie utilisée (section 1ère) jusqu'au diagnostic en terme de causes et de conséquences du phénomène (section 2)

SECTION I : LA METHODOLOGIE

La méthodologie renvoie à la démarche utilisée, à l'approche adoptée et à des moyens dont on use pour la réalisation d'un travail spécifique. Il nous revient dans cette partie de  présenter les différents outils que nous avons utilisés pour détecter le problème de surliquidité des banques au Cameroun.

Nous parlerons tour à tour des observations faites durant le stage, de l'étude des différents documents, et des différents entretiens faits tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la BEAC.

I. LES OBSERVATIONS FAITES PENDANT LE STAGE

Parler des observations c'est décrire les différentes informations qu'on a obtient juste en remarquant des faits qui se passaient à proximité de nous lors du déroulement du stage. C'est une technique de collecte des données destinées à subir un traitement en vue d'arriver aux informations nécessaires à un travail précis.

C'est ainsi que nous avons mis sur pied un cahier de stage pour mieux exploiter ce procédé scientifique d'investigation. En effet pour arriver au constat des la surliquidité des banques aux Cameroun, nous avons dû observer le traitement des différents instruments d'interventions de la BEAC dans le cadre du marché monétaire. C'est d'ailleurs cette observation qui a éveillé en nous la possible surliquidité des banques.

Nous nous sommes tout de suite rendu compte les observations directes au marché monétaire ne donnaient qu'une vue partielle de la surliquidité, nous nous sommes alors sentis obliger de compléter nos analyses par d'autres moyens parmi lesquels la recherche documentaire.

II LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE

L'étude des documents a été notre deuxième recours en termes de collecte des informations. Elle a servi à compléter nos observations directes et à les justifier. Variés et riches d'informations, nous avons utilisé de nombreux documents que nous regroupons en deux catégories :

II.1 LES DOCUMENTS INTERNES A LA BEAC

Durant notre séjour à la BEAC nous avons eu accès à de nombreux documents d'ordre interne. Ceux-ci nous ont aidé à appréhender la notion de surliquidité. C'est ainsi que nous avons eu recours aux manuels de procédures qui est en quelque sorte le recueil de la codification des différentes opérations du marché monétaire. Nous avons ensuite exploité les différents bulletins du marché monétaire. En effet ce document mensuel est le plus important en matière de politique et statistique monétaire de la BEAC. A l'intérieur de ceux, nous avons pu tirer de nombreux agrégats et informations qui nous ont suffisamment édifiés sur le phénomène traité.

Pour enrichir la recherche nous sommes allés hors des documents qu'offre la BEAC.

II.2 LES DOCUMENTS EXTERNES

Pour poursuivre notre recherche, nous avons utilisé les sources externes d'informations. Internet se présentait alors comme le moyen idoine. Alors nous avons visité un certain nombre de sites traitant du problème. Comme autre informations secondaires nous avons feuilleter un certain nombre de travaux de recherches tels que les mémoires. Pour finir nous avons consulté les ouvrages et revues inhérents au phénomène de la surliquidité dont les références se trouvent en annexes.

Les informations recueillies soit par observation directe soit par étude des documents ne pouvaient avoir une valeur persuasive que si elles avaient été critiquées, examinées par des experts et des spécialistes du domaine. C'est ainsi que nous avions sollicité de nombreux entretiens tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la BEAC pour ainsi affiner les informations dont nous disposions déjà et surtout pour combler de nombreux doutes qui planaient encore dans notre esprit.

III LES ENTRETIENS REALISES

Troisième technique de collecte des données utilisée pour la réalisation de notre travail, l'entretien est une conversation suivie, un échange au cours duquel, vous posez des questions à un vis-à-vis pour une information précise concernant un sujet bien précis.

En effet, nous avons procédé à plusieurs entretiens pour la réalisation de ce travail.

III.1 ENTRETIEN A  LA BEAC

Les premiers et c'est d'ailleurs ceux qui se faisaient de manière répétitive ont eu lieu à la BEAC entre notre encadreur et nous. Il est même arrivé plusieurs fois qu'il nous envoie dans un autre service (par exemple le Service du Crédit et la Centrale des Risques) pour des entretiens supplémentaires.

En plus de ces entretiens à la BEAC, nous en avons fait d'autres.

III.2 ENTRETIEN HORS DE LA BEAC

L'entretien le plus marquant que nous avons obtenu et réalisé reste celui fait à Afriland First Bank dont vous trouverez l'extrait du questionnaire en annexe. Nous l'avions voulu du fait que, dans la multitude information que nous disposions à la BEAC, il ressortait qu'Afriland est une banque surliquide. Nous avions donc jugé indispensable, l'avis d'un responsable d'une telle institution.

Au terme de cette section qui porte sur la méthodologie utilisée, il ressort que, pour analyser le problème de surliquidité des banques au Cameroun, nous sommes partis de l'observation directe de phénomènes dans notre milieu de stage. Cette observation, se trouvant quelque peu limitée, nous avons du recourir aux documents tant internes qu'externes. Et pour affiner les informations récoltées, nous avons eu besoin de l'avis des experts à travers des entretiens.

SECTION II ANALYSE ET DIAGNOSTIC DE LA SURLIQUIDITE

Avant d'analyser le problème de surliquidité, il est primordial de donner une idée quant à sa définition.

Il est difficile d'attribuer une définition standard à la surliquidité. Elle peut être bien appréhendée à partir d'une série de petites définitions complémentaires.

Selon FOUDA OWOUNDI Jean Pierre8(*) lorsqu'une banque détient des liquidités oisives largement au delà de ses exigences à court terme tels les retraits des épargnants, elle peut être considérée comme surliquide.

Pour d'aucuns On parle de surliquidité du système bancaire lorsque le niveau de crédit, pour un niveau de transformation, n'augmente pas dans une proportion près au niveau des dépôts. C'est d'ailleurs ce que montre l'analyse du Dr Louis Banga Ntolo, économiste, enseignant à l'Université de Douala. Il dit ceci9(*) la banque collecte beaucoup plus de l'argent, par conséquent elle doit le transformer en crédit dans le cas contraire elle aura des excédents de liquidités qui constituent dans ce cas la surliquidité.

Pour d'autres comme M. Pierre KAMONGNE10(*) on parle de surliquidité lorsque la somme du compte courant et des réserves libres des institutions de crédit auprès de la banque centrale excède de manière persistante le niveau des réserves obligatoires.

Ainsi défini et avant de continuer l'étude de ce phénomène, peut-on affirmer sans risque de nous tromper, que les banques du Cameroun sont surliquides ?

I ANALYSE DE L'EXISTENCE DE LA SURLIQUIDITE DANS LE SYSTEME BANCAIRE CAMEROUNAIS

A travers les données ci- dessous nous allons montrer que les banques au Cameroun sont surliquides. C'est alors que nous avons choisi d'étudier la surliquidité d'après les éléments suivants :

I.1 LES APPELS D'OFFRES ET L'OBJECTIF DE FINANCEMENT

L'objectif de refinancement est un agrégat important dans le cadre du marché monétaire, il désigne le potentiel de liquidité que l'institut d'émission peut injecter sans pour autant rompre les équilibres macro-monétaires des Etats membres. Simplement c'est le montant des avances que la BEAC se dit prête à accorder aux banques à travers le refinancement. Mais cette facilité est presque inutilisée par les établissements de crédits. Le tableau ci-dessous suivi du graphique illustratif nous montre l'évolution de l'objectif de refinancement et le refinancement effectif des banques du Cameroun entre 2008 et 2009.

Objectif de refinancement et refinancement effectif (En millions de FCFA)

CAMEROUN

2008

200911(*)

 

Mars

juin

Sept.

Déc.

Mars

juin

Sept.

Déc.

Objectif de refinancement

6000

6000

6000

6000

6000

10.000

10.000

10.000

Refinancement effectif aux banques

326

339

367

366

6300

8976

6800

333

Taux d'utilisation de l'objectif

5.43%

5.65%

6.12%

6.10%

105%

89.76

68%

3.33%

Tableau 1

Fig1

Source : Nous-mêmes

Il ressort de ce graphique que les banques ne demandent pas les concours de la BEAC pour leurs transactions et ceci depuis longtemps. Alors pourquoi les banques ne viennent- elles pas au refinancement ? Serait-il parce qu'elles sont surliquides ? L'analyse des appels d'offres nous en dira un peu plus.

Comme nous l'avons défini plus haut, les appels d'offres sont soit positifs (quand une banque sollicite le refinancement par la banque centrale) soit négatifs (le cas où la banque vient faire les placements de fonds).

Lorsqu'une banque sollicite le concours de la BEAC, cela est généralement un signal qu'elle est confrontée au problème de liquidités. Dans le cas contraire, on admet qu'elle dispose de liquidités suffisantes et se trouve à l'abri du besoin, ce qui se traduit alors par une trésorerie positive. C'est d'ailleurs ce qui ressort du constat que nous avons fait sur les appels d'offres du mois de juillet. En effet sur les douze banques commerciales que compte le Cameroun aucune n'était venu au refinancement. Voici, ci-dessous le graphique illustrant leurs placements moyens :

Ce graphique nous montre que pendant qu'aucune banque n'allait au refinancement, elles participaient presque toutes aux appels d'offres négatifs. Ceci peut expliquer une certaine surliquidité si on se base seulement sur le moins de juillet 2010. Remontons six semestres au paravent à l'aide du graphique ci-dessous pour voir le comportement des banques sur le marché monétaire.

Fig.3

En milliards FCFA

Le graphique ci-dessus montre que les banques du Cameroun ne viennent pas au refinancement tout simplement parce qu'elles sont pleines de liquidités et ceci depuis de nombreuses années, elles n'ont pas besoin des concours de la BEAC pour leurs transactions au contraire elles en ont tellement qu'elles préfèrent en placer pour qu'elles soient rémunérées.

I.2 L'ETUDE DES RESERVES DES BANQUES, DES DEPOTS ET CREDITS ET DU RATIO DE LIQUIDITE

Ø L'étude des réserves détenues par les banques dans les comptes de la BEAC témoignent une surliquidité notoire.

Si on se base sur la situation de la BEAC en décembre 2009, le montant des réserves obligatoires se situait à 192 136 Millions de FCFA. A cette même période, le solde des comptes courants des banques se situait à 215 242 Millions, quant aux placements des banques ils se situaient à 155 500 Millions ce qui ramenait le montant des réserves excédentaires des banques à 370 742 Millions. Le montant des réserves obligatoires associé à celui des réserves excédentaires donne le montant des réserves totales des banques à cette période soit 562 878 Millions.

Quant aux réserves de changes elles vont à plus 7500 milliards de FCFA. Ce qui traduit une extrême surliquidité.

Ø Quand on jette un coût d'oeil dans les comptes des banques du Cameroun, on se rend compte montre qu'elles obtiennent de la part des clients des dépôts importants, mais ces dépôts sont loin d'être transformés en crédits comme le souhaite la célèbre formule : «  les dépôts font des crédits » Alors si les banques ne peuvent donc pas accorder les crédits en aval pour une raison ou pour une autre, alors qu'en amont elles collectent des fonds des épargnants, ces fonds vont stagner dans leurs comptes car ne rempliront pas leur objectif. Ils constitueront donc des liquidités oisives et par conséquent, elles sont appelées surliquidité bancaire.

C'est d'ailleurs cette surliquidité qui affecte le ratio de liquidité des banques du Cameroun. En effet, le ratio de liquidité est le rapport entre les disponibilités à court terme d'une banque et ses exigibilités à court terme. Ce ratio qui fait partie des normes prudentielles de la COBAC, est fixé à 100%12(*) Mais il est de loin supérieur à cette norme pour les Banques du Cameroun, sans doute parce que les liquidités à court terme sont volumineuses à coté des crédits qui n'existent presque pas. Alors on peut conclure qu'elles sont surliquides.

L'étude des appels d'offre des banques au Cameroun qui sont essentiellement négatifs, les réserves qu'elles ont et qu'elles continuent de constituer et qui évoluent de façon exponentielle, la non adéquation des crédits par rapport aux dépôts nous ont permis d'assurer avec certitude que celles-ci sont surliquides.

Apres avoir cerné la notion de surliquidité dans toutes ses formes, et surtout montré qu'elle est véritablement présente dans le système bancaire camerounais il est primordial de procéder à un diagnostic de la situation à travers l'étude de ses causes et de ses conséquences.

II L'ETUDE DES CAUSES DE LA SURLIQUIDITE

La surliquidité connait de nombreuses origines :

II.1 LA FRILOSITE DES BANQUES DANS L'OCTROI DES CREDITS

Si l'on se base à la mission première d'une banque qui est l'intermédiation, c'est-à-dire collecter l'épargne des populations et la transformer en crédit, on se rend très vite compte que les banques sont surliquides ; En effet les banques n'accordent pas les crédits comme cela devrait se faire ; d'ailleurs le gouvernement est lui-même le premier à déplorer la frilosité des banques sur le chapitre de l'octroi des crédits aux entreprises et du financement de l'économie13(*). Comme nous l'avons dit tout au long de notre travail, les banques obtiennent du public, d'importants dépôts qu'elles devraient normalement reverser dans l'économie réelle à travers l'octroi des crédits. Alors si ces crédits qu'elles octroient à l'économie sont de loin inférieurs aux dépôts, elles seront obligées de cumuler d'énormes liquidités oisives dans leurs comptes. A titre illustratif, pour l'année 2009, les banques enregistraient en moyenne 1 048 milliards de FCFA de dépôt à vue (DAV) et 871 Milliards de dépôts à termes (DAT) (Annexe 10) quand le crédit se chiffrait seulement à 784 milliards.14(*) De tels chiffres confirment que la surliquidité est essentiellement causée par cette réticence de la part des banques.

Les banques sont conscientes de leur surliquidité, d'ailleurs, elles expliquent leur réticence et par ailleurs ladite liquidité.

II.2 LA NON-CONFORMITÉ DES DOSSIERS

DE DEMANDE DE CRÉDIT

Les banques justifient leur trop plein de liquidités par le fait que la plupart des dossiers de demande de crédits sont non conformes. La non-conformité ici peut englober plusieurs aspects :

· Les banques se plaignent du fait que l'épargne pour l'investissement est faible ; si on s'en tient à l'entretien que nous avons eu avec les responsables d'Afriland First Bank, les banques reçoivent peu de propositions d'investissement, qui répondent à leur critère d'éligibilité d'octroi de crédits.

· Le manque de garanties est une raison supplémentaire que les banques avancent. Pour accorder les crédits elles doivent s'assurer qu'elles se feront rembourser dans tous les cas. Elles ne peuvent donc pas s'aventurer à accorder des crédits sans « assurance ». Elles ajoutent également le taux élevé de créances douteuses et la crise de confiance née à la suite de la fermeture de plusieurs établissements bancaires dans les années 90.

D'autres causes existent d'après certains spécialistes. Ils expliquent cette surliquidité d'abord par l'accroissement des recettes d'exportations, un cout de crédit très élevé, ils pointent un climat socioéconomique délétère, mais aussi le manque de lisibilité de l'environnement judiciaire. En plus de ces raisons, dans le paysage bancaire camerounais, il n'existe pas de banques d'investissements mais seulement des banques commerciales qui prêtent à des taux élevés et a des conditions rigoureuses. Cette situation pousse les clients, notamment les petits épargnants et les promoteurs de petites et moyennes entreprises (PME) à se détourner des banques et à solliciter d'autres moyens de financement.

Au vu des causes de la surliquidité que nous venons d'exposer, quelles conséquences pouvons-nous tirer de cette situation ?

III LES CONSEQUENCES DE LA SURLIQUIDITE

La surliquidité entraine des nombreuses conséquences tant au niveau des banques elles mêmes qu'au niveau de l'économie.

III.1CONSEQUENCES AU NIVEAU DES BANQUES

La surliquidité entraine les conséquences suivantes

o La Réduction De La Rentabilité

La banque qui perçoit des dépôts de la clientèle et ne les canalise pas dans l'économie réelle conserve d'importantes liquidités. Ces dépôts doivent être rémunérés par l'octroi des intérêts. C'est dans ce sens que le Dr Louis Banga Ntolo soutient qu'au niveau de la banque, il y a un problème de rentabilité ; car si une banque a beaucoup de dépôt qu'elle ne transforme pas en crédit, elle ne pourra pas refuser de rémunérer les dépôts qu'elle a collectés. Face à cette situation, les banques doivent chercher des palliatifs si elles ne peuvent donc pas faire leurs chiffres sur les différentiels des taux, c'est le cas par exemple des placements de ces liquidités pour porter à leur tour des intérêts. Mais si nous prenons le cas d'Afriland dont le taux de rémunération des dépôts est de 3,25%, la rémunération des placements à la BEAC qui est de 0,06% est insignifiante. De plus les banques sont dans l'obligation d'assurer les dépôts des épargnants ce qui accroit considérablement le coût supporté par les banques et diminue par conséquent la rentabilité.

o Le Non Remboursement Des Crédits

La surliquidité augmente le non remboursement des crédits dans la mesure où la banque qui est surliquide a tendance à ne pas respecter la procédure d'octroi de crédits qui est l'accord de classement de la BEAC. Les crédits qu'elle accorde alors ne subissent pas un contrôle précis ; ce qui a pour corolaire le remboursement partiel ou le non remboursement du crédit accordé.

o Au niveau de la Banque centrale, la persistance de la surliquidité l'oblige en quelque sorte à revoir les mécanismes et instruments de sa politique monétaire car ceux-ci donnent l'impression de ne pas fonctionner efficacement comme prévu. D'ailleurs la BEAC peut être taxée d'incapable ou d'impuissante face à ce géant problème qu'est la surliquidité

III.2 LES CONSEQUENCES AU NIVEAU DE L'ECONOMIE

Au niveau de l'économie nous pouvons évoquer :

§ Le Rapatriement Des Fonds 

Quand on observe le paysage bancaire du Cameroun actuellement, en dehors de deux banques à capitaux privés camerounais, les banques commerciales qui contrôlent 70% du marché local sont des succursales de multinationales étrangères. Dans une situation de surliquidité, ces succursales sont plus enclines à procéder à des rapatriements des fonds excessifs. C'est d'ailleurs ce que soulignait le Ministre des Finances lors du conseil de cabinet au premier ministère en juin dernier. Il expliquait que le surplus de liquidité des banques constitue une menace pour l'économie, en ce sens qu'il favorise l'évasion des capitaux. Cette évasion des capitaux a pour corolaire la dégradation des réserves de changes du Cameroun.

§ L'instabilité Au Niveau Des Prix

La surliquidité crée une instabilité au niveau des prix des différents produits entrainant ainsi les tendances inflationnistes. En effet, lorsqu'une banque disposés des liquidités excessives, elle a tendance à financer sans contrôle préalable (accord de classement de la BEAC). En cas de non remboursement, la monnaie créée devient ainsi toxique pour l'économie ; elle vient ainsi gonfler anormalement la masse monétaire entrainant ainsi l'inflation.

§ Les Placements Hasardeux A L'extérieur

La surliquidité amène les banques y compris la BEAC à procéder à des placements hasardeux des fonds à l'extérieur avec pour conséquence directe les effets des différentes crises financières qui frappent actuellement la planète. On se souvient encore du fameux placement de la BEAC auprès de la Société Générale et des pertes que cette opération a engendrées.

Cette section vient de nous éclairer sur la définition de la surliquidité, elle nous a démontré son incontestable existence dans le système bancaire camerounais. De plus ce phénomène aux origines diverses entraine des conséquences néfastes tant pour les établissements de crédit que pour l'économie.

Il ressort de ce chapitre que la surliquidité est une notion qui peut être appréhendée à travers un nombre considérable d'éléments parmi les quels les placements des banques auprès de la BEAC ou encore le montant des crédits par rapport à celui des dépôts. Elle a des origines diversifiées ; d'ailleurs Robert Wanda (2007) 15(*)explique la surliquidité des banques au Cameroun par 4 principaux facteurs: l'importance du risque crédit, la tarification élevé des prestations bancaires, le caractère disciplinaire de la réglementation, et l'absence du recours à l'arbitrage comme mode de résolution de conflits entre les banques et leurs débiteurs. Ses désastreuses conséquences indiquent que de nouvelles mesures appropriées doivent être prises non seulement par le système bancaire mais également par l'Etat

QUELLES SOLUTIONS CONTRE LA SURLIQUIDITE DES BANQUES AU CAMEROUN ?

CHAPITRE IV :

La surliquidité est un problème crucial qui ronge le système bancaire sous régional en général et en particulier celui du Cameroun. La BEAC cherche d'ailleurs depuis quelque temps à combattre ce qui devient de plus une menace pour l'économie sous régionale. L'instauration du marché monétaire en 94 était en partie liée à la prévention de ce phénomène grâce aux différentes opérations de ponction de liquidité. En 2001, l'intensification du fléau obligeait encore l'institut d'émission à instaurer la constitution des réserves obligatoires. Une année plus tard, la banque centrale instituait les coefficients de réserves obligatoires différenciés en fonction de la situation de liquidité du pays. Malgré toutes ces mesures, la surliquidité persiste dans le circuit bancaire du Cameroun. Il est donc question de trouver d'autres moyens plus efficaces et plus efficients pour juguler ce qui s'aperçoit déjà comme une menace tant pour notre économie que pour l'efficacité de notre système bancaire. Il convient dès lors de faire des propositions qui pourraient constituer des tentatives de solutions contre ledit phénomène. Il nous revient dès lors à faire des suggestions d'un coté au système bancaire (Section I) et de l'autre aux pouvoirs publics et secteur privé (section II).

SECTION I LES RECOMMANDATIONS AU SYSTEME BANCAIRE

Pour réduire considérablement la surliquidité, d'importantes actions devraient être menées par tous les responsables financiers et monétaires

I. LES RECOMMANDATIONS A L'ENDROIT DE LA BEAC

Un certain nombre de mesures devraient être prises par l'institut d'émission à savoir :

I.1 RETROUVER L'AUTONOMIE

La Banque des Etats de l'Afrique Centrale devrait chercher à retrouver son autonomie en matière de politique monétaire. Elle pourrait notamment exiger le rapatriement des réserves extérieures. Cela n'est un secret pour personne, la BEAC garde d'importantes sommes (réserves extérieures) dans les comptes du trésor français. Ces fonds qui ne subiraient pas un audit régulier, dorment dans ces comptes où ils produisent des intérêts négligeables. Selon de nombreux spécialistes, ces fonds financeraient l'économie du pays qui les abrite. Or la sous région qui est dans un état de sous développement à ne plus démontrer, gagnerait à rapatrier ces fonds où ils seront utilisés pour les investissements dans la sous région. L'autonomie retrouvée en matière de politique monétaire permettrait alors de déplacer l'économie vers son maximum en investissant dans les infrastructures de toutes sortes ; ce qui réduirait considérablement la surliquidité tant dans la sous région qu'au Cameroun.

I.2 ACCENTUER L'INFORMATION ET LA SENSIBILISATION

La BEAC en tant que Banque Centrale devrait multiplier des séminaires, des forums et des colloques pour sensibiliser les différents responsables des méfaits de la surliquidité. Cette sensibilisation permettrait aux différents financiers de prendre conscience du phénomène, de mettre sur pieds à leur niveau des actions anticipatrices et de pouvoir lui faire des propositions.

Elle devrait également diffuser le plus largement possible et de manière régulière les conditions débitrices et créditrices appliquées dans les établissements de crédit afin de renforcer la concurrence. Car plus l'information sera accessible, plus la concurrence sera rude, plus les investisseurs trouveront le financement de leur projet et moins les banques seront surliquides.

A la suite des propositions faites à la BEAC, il est important de faire des suggestions aux banques secondaires.

II PROPOSITIONS AUX ETABLISSEMENTS DE CREDIT

Pour combattre à leur niveau la surliquidité, les banques devraient prendre un certain nombre de mesures parmi lesquelles :

II.1 LA RATIONALISATION DU COÛT DE CREDIT  ET LE RESPECT DES NORMES PRUDENTIELLES

Comme nous l'avons vu plus haut, l'une des causes qui favorisent la surliquidité est le coût élevé du crédit. Ce coût qui tourne actuellement autour de 15 % au Cameroun ne satisfait pas de nombreux demandeurs de crédit et décourage en même temps les investisseurs. Les banques gagneraient à le baisser pour ainsi relancer le crédit. En relançant le crédit, elles amélioreraient leur productivité et par conséquent diminueraient considérablement la quantité de liquidités bancaires.

La limitation de la surliquidité passe également par le respect des normes prudentielles qui sont des prescriptions de la COBAC. Les établissements de crédit n'ont qu'à bien appliquer le règlement R-93/06 sur le ratio de liquidité pour voir un début de solution à ce fameux problème.

II.2 LA PROMOTION DU CAPITAL RISQUE 

Le défaut de garanties qui accompagne la plupart des dossiers de demande de crédit peut être jugulé par le capital risque. En effet si les investisseurs ne présentent pas des garanties valables, les établissements de crédits feraient mieux de s'ingérer dans l'investissement après l'avoir étudié, le financer et participer ainsi au résultat. Ceci multiplierait les investissements, réduirait le volume de créances douteuses, diminuerait la surliquidité dont souffrent les établissements financiers et améliorerait leur rendement.

III PROPOSITIONS A LA COBAC.

Etant le gendarme des banques, la COBAC pourrait appliquer les mesures suivantes :

III.1.PRONONCER DES SANCTIONS CONTRE LES BANQUES

La COBAC devrait, avec l'aide de la BEAC, accentuer les sanctions contres les établissements de crédit qui ne respectent pas les normes. En effet les normes prudentielles mises sur pieds par la COBAC lors du comité de Bale devraient être respectées. Pour ainsi réduire la surliquidité, un accent particulier devrait être mis sur le règlement R-93 /06 qui fixe le ratio de liquidité à 100%. Il est clair que si cette norme est respectée, les banques ne disposeront plus que des liquidités qui serviront à assurer leurs exigibilités à court terme.

III.2 SENSIBILISER LES BANQUES

Avant d'arriver aux sanctions, la COBAC devrait tout d'abord intensifier la sensibilisation des établissements de crédit à travers des séminaires, des colloques ou des conférences. Ceci pourrait éveiller les consciences des acteurs de ce phénomène.

Au terme de cette section, il ressort que, pour combattre le problème de surliquidité dont souffre le système bancaire camerounais, des actions conjointes de la BEAC, de la COBAC et des banques secondaires devraient être mises sur pied. Mais ces actions ne sauraient être efficaces s'il n'y'a pas intervention des pouvoirs publics et du secteur privé.

SECTION II PROPOSITIONS TOURNEES VERS LES POUVOIRS PUBLICS ET LE SECTEUR PRIVE

Il nous revient dans cette seconde partie de faire des propositions au problème de surliquidité d'une part aux pouvoirs publics et de l'autre au secteur privé.

I. PROPOSITIONS AUX POUVOIRS PUBLICS

La responsabilité de l'Etat dans le problème de surliquidité est grande. Ainsi donc, de nombreuses mesures peuvent être prises par ce dernier pour y remédier.

I.1 MISE SUR PIED D'UN ARSENAL JURIDIQUE ET FISCAL

Les banques se plaignent de la lourdeur de procédures judiciaires ce qui favorise l'insolvabilité des débiteurs indélicats. Les Pouvoirs publics devraient alors favoriser la protection de leurs intérêts en facilitant les procédures judiciaires pour qu'ils rentrent très vite dans leurs droits s'ils sont bafoués. Ainsi, on assistera à coup sûr à un regain de confiance entrainant un accroissement du niveau de crédit.

Aussi, rappelons-nous qu'une des causes de la surliquidité est la faiblesse de l'épargne pour l'investissement. Cela avait d'ailleurs été à l'ordre du jour lors du conseil de cabinet en juin dernier. Le Chef du gouvernement a demandé que lui soit proposées des mesures y compris fiscales susceptibles d'accroître l'épargne nationale en vue de sa mobilisation par les investisseurs publics et privés.

I.2 CREATION ET LE DEVELOPPEMENT D'INSTRUMENTS DE FINANCEMENT ADEQUATS

Les pouvoirs publics pourraient mener les actions suivantes :

· La création d'une banque de développement

Les banques sont frileuses vis-à-vis des investisseurs. Elles pourraient cependant faire confiance à une structure qui leur offrirait des garanties tangibles. La banque de développement apparait comme incontournable dans ce cas. Etant donné qu'elle est pilotée, par l'Etat, et que « l'Etat n'est jamais faillible », les établissements de crédit se méfieraient un peu moins et feraient sortir leurs excédents de liquidités à la demande de la banque de développement.

En plus pour réduire le phénomène de surliquidité le trésor national devrait utiliser les concours que lui propose l'institut d'émission16(*) pour réaliser soit ses grands chantiers, soit pour son propre fonctionnement au lieu de toujours faire recours à l'extérieur. En s'adressant à la BEAC, en plus de réduire la surliquidité, il réduirait aussi sa dépendance vis-à-vis de l'extérieur.

· Le développement du marché financier

Les pouvoirs publics doivent promouvoir le développement de la DSE (Douala Stock Exchange). Le marché financier constitue le lieu ou l'instrument adéquat qui puisse aspirer tous les excédents de liquidités dont souffre le système bancaire camerounais. En effet, comme sa définition le mentionne, c'est le lieu de rencontre des offreurs et des demandeurs de liquidités. Son fonctionnement parfait permettrait aux différents établissements ayant des liquidités excessives de les offrir aux agents à besoin de liquidités.

· Le lancement des titres publics

En dehors du marché financier, le marché des titres publics apparait comme un outil impressionnant qui peut éradiquer la surliquidité. C'est un mécanisme d'émission des obligations et de bons de trésors souscriptibles par les établissements de crédits agrées par l'Etat émetteur appelés SVT (Spécialistes en Valeurs du Trésors). En effet, la BEAC à travers le comité ministériel réuni en session extraordinaire le 06 octobre 2008 a adopté le règlement N°03 /08 relatif aux titres publics. Il ressort de ce comité que les titres publics qui seront émis seront constitués des BTA (Bons de Trésor Assimilables) de nominal 1 000 000 de FCFA et des durées de 13, 26,52 semaines et des OTA (Obligation de Trésor Assimilables) de nominal 10 000 pour une durée égale ou supérieur à 2 ans.

Il est à noter que ces titres qui sont émis sur un marché primaire peuvent se négocier dans une sorte de marché secondaire où marché d'occasion. Ce qui offre une grande flexibilité au mécanisme.

Ce projet de titres publics serait idéal pour l'éradication de la surliquidité dans ce sens que le trésor au lieu d'être refinancé par la BEAC (ce qui entraine une création monétaire) utilisera à travers les titres émis l'abondante liquidité des banques. Car ces dernières feront des souscriptions soit pour leur propre compte soit pour le compte de leurs clients, aussi ces titres offriront de meilleurs rendements et les intérêts pour certains, seront précomptés.

II MESURES A PRENDRE PAR LE SECTEUR PRIVE

Pour contribuer à l'éradication de la surliquidité, le secteur privé devrait :

II.1 PROMOUVOIR L'EPARGNE POUR L'INVESTISSEMENT

Pour prétendre à un crédit qui viendrait réduire la surliquidité, les investisseurs devraient tout d'abord améliorer l'épargne pour l'investissent qui en est une condition préalable. En effet, un agent qui détient un compte d'épargne est plus enclin à trouver un financement pour son projet. Et plus ce type d'épargne sera promu plus les banques seront obligées à accorder les crédits à long terme.

II.2 FOURNIR LES GARANTIES

Pour obtenir le financement de leur projet et en même temps réduire la surliquidité, les investisseurs devraient combattre le défaut de garanties dont souffre la plupart des dossiers de demande de crédit. C'est alors qu'ils devraient améliorer l'analyse de leurs projets d'investissement et adopter de bonnes pratiques en matière de gestion et de production d'informations et de documents de production d'informations et de documents. En fin si l'investissement est important demander des partenariats avec les apporteurs de capitaux à travers l'opération du capital risque.

Dans cette deuxième section nous venons de faire des propositions tant aux pouvoir publics qu'au secteur privé pour montrer que la surliquidité est un fléau qui devrait être combattu à différents niveaux par des agents divers.

En définitive, la surliquidité, bien que constituant une menace sérieuse tant pour le système bancaire camerounais que pour son économie peut être maitrisée à plusieurs niveaux. Les actions conjointes des banques et des investisseurs, la révision de la politique monétaire de la BEAC et surtout l'intervention des pourvoir publics grâce notamment à l'instauration du marché de la dette publique sont des outils pouvant concourir à l'éradication définitive de ce fléau.

CONCLUSION GENERALE

En définitive, il ressort de notre travail que la BEAC est un établissement public international qui est par ailleurs la Banque Centrale de la CEMAC. A ce titre, elle a l'exclusivité de l'émission de la monnaie dans la sous région. C'est une institution qui est structurée hiérarchiquement, dont le siège est à Yaoundé et qui compte les directions dans tous les Etats membres. C'est d'ailleurs dans la Direction Nationale du Cameroun que nous avons effectué notre stage. Le stage en lui-même s'est déroulé dans deux services distincts à savoir le SCOF et le SMM. Dans le premier, nous avons tenu en quelque sorte une partie de la comptabilité de la banque et surtout traité de nombreuses opérations financières à l'instar des transferts, des virements ou encore les commissions. L'absence de problème majeur pouvant nous permettre de développer un thème significatif dans ce service nous a conduits au Marché Monétaire. C'est un service de la liquidité à court terme qui traite essentiellement des opérations de refinancement. Ici, nous avons traité de nombreuses opérations que nous avons regroupées en deux catégories : les opérations d'injections et de ponctions de liquidités. En effet, les opérations d'injections de liquidités renvoient aux demandes de refinancement des banques secondaires. La ponction de liquidité quant à elle concerne les mécanismes par lesquels la Banque Centrale cherche à absorber les excédents de liquidités en circulation dans le système bancaire. L'analyse et le traitement de ces deux types d'opérations nous ont amenés à faire un constat selon lequel la ponction de liquidité était très importante tandis que les injections étaient presque inexistantes. Ce qui nous avait d'ailleurs inspiré le thème développé : « LES INTERVENTIONS DE LA BEAC DANS LE CADRE DU MARCHE MONETAIRE ET LE PROBLEME DE SURLIQUIDITE DES BANQUES AU CAMEROUN » De prime à bord, il a été question d'appréhender la notion de surliquidité qui d'après les analyses et selon les spécialistes provient des causes diverses et nombreuses. Parmi celles-ci nous avons parlé de la frilosité des banques, du coût excessif du crédit ou encore de l'absence d'une banque de développement. Les causes ainsi étudiées nous ont conduits à une panoplie de conséquences telles le manque à gagner enregistré par les banques, les tendances inflationnistes ou encore la fuite des capitaux. Les solutions envisagées sont tout aussi importantes. La mise sur pied d'une banque de développement, le perfectionnement du marché financier et le lancement du marché des titres publics en sont quelques exemples qui éradiqueraient le phénomène de la surliquidité.

Les apports d'une telle expérience sont nombreux et variés. Sur le plan socioprofessionnel, nous avons acquis une certaine discipline en nous accommodant aux règles de bienséance, de politesse, de ponctualité et de discrétion qui sont de rigueur à la BEAC. Le respect d'autrui et du supérieur hiérarchique est primordial dans un milieu professionnel. Nous avons aussi compris que le travail doit être pris à coeur et l'agent doit se surpasser pour son exécution.

Sur le plan académique le stage nous a permis de comprendre le mécanisme comptable bancaire ainsi que le traitement et l'importance de nombreuses opérations financières. Il est à noter que notre passage au Marché monétaire nous a édifiés sur la finance bancaire à travers les opérations de refinancement et les missions de l'institut d'émission. Nous avons grâce à ce service compris beaucoup de notions qui nous rendaient quelque profanes vis-à-vis de la chose monétaire et bancaire.

Nous sortons donc de ce stage avec un sentiment de fierté et surtout une certaine aptitude professionnelle qui nous prédispose dès lors au monde de l'emploi.

BIBLIOGRAPHIE

1. Happi W. Marie C.les stratégies d'activité des banques surliquides : Cas Afriland First Bank UCAC 2004-2005

2. T.H. Jackson Ngwa Edielle, Efficience des banques dans la CEMAC, (ISSEA)

Ouvrages et Revues :

1. Revue africaine de l'Intégration Vol.3. No. 2, Octobre 2009

2. Wanda R. (2007), Risque comportements bancaires et déterminants de la surliquidité, cahier de recherche du CRECCI, IAE Université Montesquieu, Bordeaux IV

Autres documents :

1. Bulletins du Marché Monétaire N°163-187 Jan. 2008- jan 2010

2. Codification des opérations du Marché monétaire

3. Manuel de procédures comptables version sept. Oct. 2008

4. Rapports d'activité de la COBAC

5. Statut de la BEAC

Sites Web :

1. http// www.Beac.int

2. http// www.journal du Cameroun.com

3. http// www.camerounlink.net

* 1 Voir (Annexe 5)

* 2 Workflow est une petite passerelle par laquelle les écritures comptables passent d'un agent vers son chef.

* 3 Voir Annexe 6

* 4 Voir SIC de la BEAC Annexe 7

* 5 Un compte d'apurement ou compte de transit est un compte par lequel la BEAC agit lorsqu'elle doit effectuer une opération avec un participant

* 6 Compte dans lequel sont placés les fonds issus de l'appel d'offres négatif

* 7 Voir Annexe 9

* 8 Revue africaine de l'Intégration Vol.3. No. 2, Octobre 2009

* 9 Voir Interview de Louis Banga Ntolo au Quotidien Le Messager «Surliquidité bancaire ne veut pas dire refus de financer l'économie» http//www.camerounlink.net

* 10 M.KAMONGNE est le Responsable du Marché Monétaire et des études boursières à AFRILAND First Bank

* 11 L'utilisation observée pendant les 3 premiers trimestres de 2009 s'explique par le fait que la CBC avait de sérieuses difficultés de trésorerie et était poches d'une cessation de paiement.

* 12 Règlement COBAC R-93/06

* 13 C'est ce qui ressort lors du Conseil de Cabinet qui s'est tenu ce mercredi 30 juin 2010, au Premier ministère à Yaoundé.

* 14 Extrait du tableau XIX : situation monétaire résumée de la BEAC. Bulletin du Marché Monétaire N°186

Déc. 2009

* 15 Wanda R. (2007), Risque comportements bancaires et déterminants de la surliquidité, cahier de recherche du CRECCI, IAE Université Montesquieu, Bordeaux IV

* 16 Les études démontrent que depuis un certain temps, le Trésor du Cameroun ne fait pas usage des facultés d'avance de la BEAC (voir annexe 10)






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