CHAPITRE IV.INTERPRETATIONS ET CONCLUSION
GENERALE
IV.1. SUR LE PLAN PETROGENETIQUE
Comme l'ont démontré les travaux
antérieurs (Polinard, 1934 ; Bertossa et Thornnart, 1957 ; Delhal et
Ledent, 1976), notre secteur d'étude a connu une importante
granitisation-migmatisation. De telles régions sont, d'après
Sederholm (cité par Marmo, 1972), caractérisées par la
présence des gneiss migmatitiques et des granites. La formation de tels
granites est expliquée en termes d'anatexie de roches en partie au moins
sédimentaires, avec l'accroissement de la température au cours
d'un métamorphisme régional (Sederholm, cité par Marmo,
1972).
Les formations de notre secteur d'étude
présentent des caractéristiques principales suivantes :
Les granites n'ont pas développé des bordures de
refroidissement rapide (bordure figée) ;
Elles passent insensiblement au granite foliacé
(caractérisé par la disposition parallèle de
minéraux comme les micas et l'amphibole) et aux gneiss migmatitiques.
Ces caractères sont ceux typiques de « granites
migmatitiques » (Mehnert, 1968 ; Marmo, 1972 ; Hamilton et al, 1994) qui
constituent avec les gneiss environnants le « complexe migmatitique
». Les formations de notre secteur sont donc métamorphiques et se
rapportent aux migmatites de Boma. Les granites décrits proviennent de
l'anatexie du matériel crustal et sont intimement associés aux
gneiss les environnants formés au cours du phénomène de
granitisation-
45
migmatitique daté à 2150 Ma (orogenèse
Kimézienne) comme signalé par Delhal et Ledent (1976).
IV.2. SUR LE PLAN TECTONO-METAMORPHIQUE
Dans la plupart de nos lames, les roches portent les traces d'une
déformation par cataclase (Orsini, 1970) :
Les minéraux présentent des craquelures ;
Les grandes plages de plagioclases sont réduites en
mosaïque de fins cristaux fort damouritisés ;
Certaines grandes plages de quartz ont recristallisé en
mosaïques de cristaux fins de quartz présentant une extinction
roulante (Ech. BD10). Ce qui témoigne de l'action
tectonique subie par cette formation ;
Dans certaines lames minces (Ech. BD2), les minéraux
ferromagnésiens montrent clairement deux schistosités (Photo 2) ;
ceci est une preuve indiscutable que les formations de la région
d'étude ont subi une double action tectonique, comme l'ont
proposé certains auteurs (Cahen et al., 1978).
Certaines phases minérales, tel que le quartz, les
plagioclases et la chlorite proviennent de la recristallisation ;
Dans certains endroits (Ech. BD6 ), des
filonnets de quartz apparaissent plissés (plis synmigmatitiques) et ces
plis ont une direction parallèle à la foliation
régionale.
Tous ces faits suggèrent que les roches de notre
secteur d'étude ont, longtemps après leur mise en place, subi une
cataclase ayant occasionné leur broyage tectonique suivant certaines
directions préférentielles.
46
Signalons que ce broyage a été accompagné
d'une recristallisation ; car les minéraux brisés se montrent
souvent cicatrisés par de la chlorite, de la muscovite, du plagioclase
et du quartz nouvellement formés. Il s'agit là, comme l'ont
souligné certains auteurs (Delhal et Ledent, 1976 ; Mvita, 2008), d'une
évolution métamorphique des terrains étudiés dans
les conditions épizonales (greenschist faciès : présence
de la chlorite) au cours, probablement, de l'orogenèse OuestCongo ; car
les métasédiments zadiniens sus-jacents portent l'empreinte de ce
métamorphisme. Ainsi donc, la cataclase et la recristallisation des
roches du secteur étudié sont à attribuer à cette
orogenèse dont le paroxysme remonte à 565 Ma (Tack et al., 2001)
; alors que ces roches sont Kiméziennes ( 2150 Ma).
Ce métamorphisme épizonal ayant affecté
des terrains déjà métamorphiques et qui ont
évolué dans des conditions de température beaucoup plus
élevées (migmatites, gneiss granitiques, granites
gneissifiés, amphiboloschistes), il s'agit là d'une «
évolution rétromorphique».
|