Projet d'article :
EXERCICE DU POUVOIR TRADITIONNEL A L'EPREUVE DE LA
LEGITIMITE : cas de la dynastie vungala dans la chefferie Zune en Territoire
de POKO.
Introduction.
La domination résulte du recours à la puissance
pour obtenir l'exécution des décisions, elle aboutit à une
dissymétrie totale entre dominants et dominés.
L'obéissance des dominés est consentie lorsque l'autorité
est légitime. Cette légitimité peut-être soit
traditionnelle, elle repose sur la valeur des traditions ; soit charismatique
quand elle repose sur les valeurs de la personne du chef ; soit encore
rationnelle dans ce cas, repose sur le droit et la compétence.
La légitimité du pouvoir vient essentiellement
de son caractère sacré, obtenu suite à l'accomplissement
correct des cérémonies rituelles du pouvoir en utilisant les
symboles exigés à l'occasion.
Chaque pouvoir, traditionnel ou moderne qu'il soit, est
à la recherche de sa légitimité et doit la conserver
puisque sa durée d'existence en dépend étroitement.
On reconnait d'une part au système politique
traditionnel un certain degré de différenciation structurelle
avec un niveau de la culture politique de sujétion. Le système
politique moderne d'autre part est doté d'infrastructures politiques
différenciées (parti politique, groupes d'intérêt et
mass medias), et qui repose par ailleurs sur une culture politique de
participation1(*).
En effet, en Afrique en général et en
République Démocratique du Congo en particulier, le pouvoir
coutumier occupe une place importante dans l'exercice du pouvoir moderne. Il
apparait comme la toile de fond de celui-ci. Bon nombre de la population
congolaise est rurale, de ce fait, elle est gérée directement par
le pouvoir traditionnel. Ainsi, chaque ethnie est constituée et
gérée suivant une autorité hiérarchique
traditionnelle. Toutes les générations reconnaissent la
légitimité et la domination de la famille régnante. La
plus part de constitutions africaines, comme celle de la RDC reconnaissent
l'autorité des chefs traditionnels, pour autant que celle-ci ne soit
contraire à la constitution, à la loi, à l'ordre public,
et aux bonnes moeurs2(*).
Leur pouvoir traditionnel tire leur fondement du sacré tel qu'il est
reconnu et accepté par les membres de cette société. Il
s'enracine par ailleurs dans la mémoire de ce groupe et déploie
leur effectivité en utilisant les repères que ce groupe s'est
donné depuis des temps immémoriaux.
Cette légitimité est à la fois
traditionnelle et moderne : traditionnelle par ce que
l'autorité a donc comme une base légitime des caractères
traditionnels du sacré, puisqu'elle est exercée par dynastie
ayant toujours détenu l'ensemble du pouvoir. Le pouvoir politique
traditionnel dans la dynastie vongara qui constitue l'objet d'étude de
cette dissertation, se constitue en systèmes centralisés à
tendance absolutiste où « l'autorité est avant tout
individuelle, concentré entre les mains du
Souverain ». Aussi peu démocratique soit-il, ce
système est approuvé par une population qui n'en conçoit
pas d'autre, puisqu'il a été sanctionné par la coutume
ancestrale.
La légitimité est aussi
moderne en dans la mesure où, l'observation des règles
nationales impersonnelles liées aux fonctionnaires publics coutumiers
le, respect des procédures administratives sont exigées dans la
gestion des affaires publiques. Tel est le cas de l'investiture
coutumière qui doit être accompagnée de l'investiture
administrative, sans celle-ci, les Pouvoirs Publics ne sauraient reconnaitre
aucune autorité au chef investit traditionnellement.
Par ailleurs il n'est pas étrange de constater que dans
la dynastie vungala que certains observateurs arrivent à
considérer certains principes modernes comme étant la violation
des lois traditionnelles zande et entrent en réalité en
contradiction.
De toute façon, le pouvoir coutumier est appelé
à jouer une triple fonction, notamment : la fonction de
représentation, la fonction de régulation et la fonction de la
protection.
La première fonction est relative au mode de gestion,
qui permet à toutes les couches sociales de se reconnaitre et de
s'identifier à travers l'exercice légitime du pouvoir coutumier.
C'est une fonction d'intégration sociale.
La deuxième fonction en effet, est
l'élément qui permet d'évaluer la réalité du
pouvoir traditionnel. Celui-ci s'exerce aussi bien à l'intérieur
de la société entre les individus et les groupes d'individus
qu'à l'extérieur, à l'encontre d'autres individus ou
groupes. La justice est dans ce cas un instrument du pouvoir traditionnel
permettant aux membres de la société de dépasser le stade
des intérêts individuels pour embrasser la dimension collective,
sociale.
Tandis que la troisième fonction est relative à
la recherche de bien être collectif de la chefferie et
particulièrement des catégories vulnérables, et aussi la
préservation tradition.
La question de la légitimité de l'exercice du
pouvoir traditionnel repose aussi bien sur la tradition que sur la
modernité. Or certaines pratiques modernes nécessaires à
l'exercice de l'autorité des acteurs du pouvoir, peuvent facilement
être appréhendées comme une contradictoire à la
tradition. La démocratie étant un régime populaire
à travers lequel, les citoyens élisent leurs
représentants dans les institutions de l'Etat, elle insiste
sur la promotion du principe d'égalité des chances pour tous
à accéder aux différentes fonctions publiques ne semblent
pourtant avoir son sens dans la logique de la coutume traditionnelle. La loi
coutumière limite d'avance les catégories sociales susceptibles
d'exercer l'une ou l'autre fonction coutumière. Le peuple Zande
reconnait à la seule dynastie vungala et aux anciens localement
appelés bakumba respectivement l'exercice légitime du pouvoir
traditionnel et des tâches des conseillers de la chefferie. Le choix de
ces fonctionnaires s'opèrent conformément aux critères
préétablis par la coutume zande suivit de la reconnaissance des
Pouvoirs Publics.
La pensée d'organiser une élection
démocratique accessible à tous les prétentieux au poste
du chef coutumier n'a pas son sens dans le système traditionnel zande,
au risque d'occasionner toutes sortes de conflits de succession souvent,
difficile à maitriser. Les critères sont avant tout traditionnels
que modernes pour ces postes.
ISANGO IDI WANZILA a constaté que l'intégration
des institutions coutumières dans l'administration territoriale va
à l'encontre de certains principes de base de la démocratie
moderne, dont celui de la liberté qu'ont les gouvernés des
choisir les autorités appelées à les diriger3(*).
Au regard de ce qui précède il convient de se
demander si qu'elle est la part de la tradition d'un coté et celle de
la modernité de l'autre coté dans la légitimation de
l'autorité du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala de la
chefferie Zune ?
Anticipativement, nous pouvons dire que la modernité
jouerait un double rôle : celui d'assoir le pouvoir et celui de
l'affaiblir à travers ses vecteurs, tandis que la tradition qui est la
base du pouvoir traditionnel zande joue de plus en plus le rôle
honorifique que, dans le système de légitimation du pouvoir
traditionnel de la dynastie vungala. La grande conséquence qui s'observe
directement est celle de l'affaiblissement de l'autorité traditionnelle
vis-à-vis de la population de la chefferie concernée, alors que
paradoxalement, l'autorité des acteurs traditionnels croit devant les
Pouvoirs Publics.
Le présent article se fixe comme objectifs de relever
en premier lieu, les fondements de la légitimité du pouvoir
traditionnel dans la dynastie vungala ; en second lieu, dégager les
aspects du pouvoir moderne qui concourent à cette légitimation,
sans omettre quelques difficultés pratiques relatives à la
fonctionnalité de certains principes démocratiques et/ou modernes
dans l'exercice du pouvoir traditionnel dans la dynastie.
Schématiquement, outre l'introduction et la conclusion,
nous indiquerons d'abord un aperçu général sur le peuple
vungala, son histoire et celle de la chefferie Zune, tout en présentant,
ensuite aborder l'exercice du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala de
la chefferie Zune.
I. APERÇU GENERAL.
I.1. Histoire de peuple vungala.
Les avungala sont de peuples qui constituent une dynastie
régnante parmi tous les clans qui forment le grand peuple zande. Ils
sont rependus dans toutes les régions Zande. L'histoire de ce peuple
est intimement liée à l'ensemble de peuple azande.
Etymologiquement, le nom « Zande »
serrait la déformation du nom « sende »,
c'est-a-dire la « terre ». Les
« Azande » signifient ceux qui occupent beaucoup de
territoires.
Littéralement connu sous diverses appellations, telles
que Nyam-Nyam, Makaraka, Ambili, Abandia, Avongara, les Azande ne constituent
pas aujourd'hui un peuple à proprement parler, mais un ensemble de
tribus absorbées dans la culture des « Ambomu »,
qui constituent le noyau dominant primordial des Azande encadrés
par la dynastie des « Avongara »4(*).
En parlant de l'histoire des Azande, certainement le premier
point de départ de la migration « Zande » n'est pas
encore clairement déterminé. Par contre certains chercheurs s
pensent pour leur part que la dernière vague des migrations vient du
Nord, suite à celle de « Proto-Bantous », du XVIIIe
siècle, et sa proche origine serait Nigérienne, de race
soudanaise, ou on leur assigne même les alentours du lac Tchad. D'autres
auteurs au contraire prétendent que cette migration originelle se
serait divisée en deux branches :
ü L'une occidentale : celle-ci aboutie à la
cote du Gabon, et qui donnerait le « Fang » ;
ü L'autre orientale : c'est celle qui constituerait
les « Azande ».
Vers le milieu du XVIIIe siècle, il s'observera un
groupe de clans dans les environs des fleuves « Shinko » et
« Mbomu », sous la conduite de la dynastie des
« Avungala ».
Le règne des « Avungala » sur
d'autres clans Azande se résume à travers un mythe qui est
transmis de génération en génération. Selon la
tradition populaire, le mot « Vungala », au singulier et
«Avungala » au pluriel tire son origine d'un homme du nom de
« Basenginonga » qui a réussi à
ligoter un autre appelé « Ngala » qui signifie
« force ». Ainsi, tous les descendants de
« Basenginonga » seront baptisés du nom des
« Avungala » c'est-à-dire ceux qui ont
maitrisé ou ont ligoté Ngala (la force). Certains
n'hésitent surtout pas de penser qu'à la base de toute
réussite « zande », il y a eu la force et la
sagacité des « Avungala », qui ont guidé le
premier noyau des « Avungala -Mbomu» à la
conquête des vastes territoires5(*). Le roi « Ngula » a
réalisé l'entrée des Azande dans l'époque purement
historique, jusqu'à l'arrivée des européens. Il a conduit
les « Azande-Mbomu » à la conquête des
groupements « Bandiya » vers le sud. Il sera tué au
combat près de la rivière « Gangu » vers
1780. Ce reçu fait de Ngala un véritable fondateur de
peuple « Zande »6(*).
En réalité, il y a aucune marque
extérieure qui distingue les « Avungala » des autres
« Azande ». Ils sont connus par le nom de leur clan et
établissent leur identité par leur arbre
généalogique et leur fierté ainsi que par leur animal
totémique (surtout les animaux non domestiques). A leur passage, les
avungala ont soumis la plus part de peuples au point que certains aujourd'hui,
sont pris seulement pour les azande puisque ils ne se rappellent plus de leur
dialecte d'origine. Le pazande reste leur seul dialecte.
I.2. Résistance de peuple vungala face à
l'occupation européenne
Les azande, à travers leurs Chefs Avongara ont
marqué particulièrement l'histoire de l'occupation coloniale de
la République Démocratique du Congo. Ils sont reconnus par leur
sens du dévouement et surtout par leur technique de guerre
employée. Ceux-ci mangeaient l'ennemi tué. Le Chef KIPA avait
plongé et avait ramené en surface, dix cadavres des ennemis
tués à Daga7(*). On note aussi la résistance et les
réactions sévères des grands Chefs Azande-avungala tels
que SASA, MOPOIE et BANGAZEGINO contre le massacre perpétré
par les colons à l'égard de leurs populations. A un moment de
l'histoire, ils ont été obligés de barrer pour toujours
aux agents de l'Etat Indépendant du Congo, l'accès en leur
territoire.
Les chefs SASA et MOPOIE ont régné avec
SEMIO sur une région indépendante, qui s'étend de Gufuru
à Doruma sur 400 Km de long et 100Km de profondeur, entre le Bomu au
Nord, le Bili et l'Uélé au Sud, pendent 17 ans8(*).
I.3. La Chefferie ZUNE.
A. Aperçu historique de la Chefferie Zune.
A leur arrivée les colons ont trouvés le Chef
ZUNE au pouvoir. Il a vécu entre 1860 à 1915, il est cité
parmi les grands Chefs avungara connus dans l'histoire de peuple zande. Le chef
ZUNE s'attachait avec fidélité aux lois coutumières
zande. Il traitait sans pitié tous les révolutionnaires de sa
chefferie. La peine de mort était affligée à tout
individu des velléités d'indépendance, mais pour
éviter que ceux de la famille pâtissent de l'individualisme du
frère victime, le Chef ZUNE leur donnait d'importantes
compensations9(*).
On souligne aussi la ténacité de sa
résistance à l'occupation européenne10(*). En pressentant la mort
approcher de lui, va sauter sur une hauteur de plus ou moins huit mètre
et va enfoncer son couteau de guerre(NADADA) contre un arbre
dénommé Akete, de peur que selon lui, les européens
n'accèdent à son secret du combat. Le rôle historique
mystique de ce couteau reste un sujet de crainte pour les
générations futures. De tout ce qui précède, il
est décidé que le nom de la chefferie soit baptisé de la
chefferie ZUNE.
L'actuel Chef coutumier de la chefferie se trouve être
BITIMA AIBA MOKE qui a remplacé son frère ainé
NBGONBGOTULU, mort suite à une longue maladie, tandis qu'à
l'époque, aucun fils de ce dernier n'avait atteint l'âge
jugé acceptable d'accéder à la fonction du protecteur du
peuple et de la coutume. Cette situation jusqu'à ce jour constitue un
conflit lattant au tour du pouvoir qui oppose les descendants directs du
défunt chef NGBONGBOTULU et ceux de BITIMA MOKE. On redoute à
cet effet, des éventuels affrontements ouverts entre les ceux qui
soutiennent le Chef BITIMA d'une part et ceux du Chef NGBONGBOTULU d'autre part
lors de la prochaine succession.
B. Présentation de la chefferie Zune.
La chefferie ZUNE est l'une de 8 chefferies qui composent le
Territoire de Poko, en District de Bas-Uélé Province
Orientale.
Elle est limitée :
ü au Nord, par la Chefferie BABENA et NGUMA ;
ü à l'Est par la Chefferie KIPATE
ü à l'Ouest par la Chefferie BAKENGAIE
ü au Sud par les Chefferies NDEI (Territoire de Rungu) et
BAKENGAI.
La chefferie Zune est composée de 8 groupements et de
22 villages. Sa population s'élève à 39.325
habitants, avec une densité de plus ou moins 23 habitants par Km
211(*).
Elle couvre une superficie de 1967 Km2, laquelle
jusqu'aujourd'hui n'a pas subi des modifications12(*).
Le dialecte « pazande » est
prédominant que d'autres dialectes parlés dans le contré,
tel que ; barambo, ngbetu.
Neru est le chef lieu de la chefferie.
Le tableau ci-dessous présente les groupements avec
leurs chefs lieux ainsi que les actuels chefs des groupements en exercice:
Tableau°1 Subdivision de la Chefferie
ZUNE.
No
|
GROUPEMENTS
|
CHEFS LIEU
|
Chefs en exercice
|
O1
|
NERU
|
NERU
|
MBOLIFUBA
|
O2
|
AZALI
|
AZALI
|
NGUYALI
|
O3
|
DOBO
|
DOBO
|
KABADUWA
|
O4
|
MAMBADA
|
SAMBALA
|
KIPA
|
O5
|
NAKOKOLOKO
|
NAKOKOLOKO
|
IKIFULE
|
O6
|
GBAMAGU
|
GBAMAGU
|
DAWOTIKO
|
O7
|
NANGILIWA
|
MAYANGO
|
NGUYALI Fils
|
O8
|
KOBOKOBO
|
KOBOKOBO
|
GIMIDATILE
|
Sources : Rapport annuel
ministère de l'intérieur et des affaires coutumières,
exercices 2006.
II. EXERCICE DU POUVOIR TRADITIONNEL DANS LA DYNASTIE
VUNGARA DE LA CHEFFERIE ZUNE.
II.1. Constat.
La révolution du monde et la recherche de plus en plus
de l'homme orienté vers le bien-être social caractérisent
le système politique. Aucune vie politique peut se prévaloir
être épargné de cette réalité globale.
L'exercice de liberté démocratique accorde à la
population toute une gamme de droits sociaux, politiques et
économiques,... La mise en application de certain de ces droits est
souvent source de plusieurs conflits qui opposent ceux qui possèdent le
pouvoir traditionnel avec les habitants des chefferies de la RCD.
Pour certains anciens qui ont vécu l'âge d'or de
règne des grands Chefs avungala, supportent mal la
contestation du pouvoir coutumier par certaines populations. Les
contradictions, les oppositions, les manifestations contre le pouvoir
traditionnel ne seraient pas autorisées par la coutume vungala. Au
contraire, l'Etat de droit reconnait à population toute
légitimité de manifestation qu'on considère comme l'une
de formes de participation13(*) à la gestion de l'Etat. Le plus souvent, il
s'établi un bras de fer entre les organisations de la
Société Civile des milieux ruraux et ceux qui occupent le centre
du pouvoir traditionnel vungala. Il s'agit pour certain, d'une preuve de la
perte de l'autorité du chef vis-à-vis de la population.
Traditionnellement toute opposition qu'on qualifie de la révolte
à la loi coutumière zande n'avait d'autre peine que celle de la
mort surtout dans la chefferie du grand Chef ZUNE14(*).
En réalité, l'exercice du pouvoir traditionnel
du chef vungara de la chefferie ZUNE repose sur des données spirituelles
et politiques.
II.2. Contenu de l'autorité traditionnelle du
Chef vungara.
Au regard de droit coutumier zande, le chef vungala
possède une double autorité : spirituelle
et politique.
a) Autorité spirituelle
Est conférée suite à l'investiture
traditionnelle sécrète. Au cours de celle-ci, le chef acquiert le
rôle de l'intermédiaire entre la chefferie et les ancêtres.
le chef acquiert le pouvoir de bénir et de maudire (les habitants de sa
chefferie, l'année, les activités agricoles,..), d'offrir des
sacrifices aux ancêtres au nom de toute la communauté. Le Chef
dispose pour cette tache, des voyants qui possèdent le pouvoir de
téléguider toutes les actions du chef15(*) de prédire les
événements afin de permettre au chef de maitriser plus ou moins
l'avenir.
L'autorité spirituelle du Chef est
conférée lors de la cérémonie de l'investiture
traditionnelle secrète. Les anciens, les représentants de la
famille régnante et les veuves du défunt Chef y compris les
divinateurs de la chefferie sont des acteurs principaux de cette
cérémonie.
Ces rites d'initiations et de possession de trône du
pouvoir se déroulent en grande partie la nuit à l'insu de la
masse populaire.
Dans l'idéologie traditionnelle vungara, cette
cérémonie a une double conséquence sur le
concerné : positives et négatives. Elle produit une
conséquence positive en ce sens que le nouveau Chef reçoit
plusieurs bénédictions et des grâces au près des
ancêtres, il possède l'autorité sur l'ensemble de sa
population.
Elle peut avoir des conséquences négatives sur
le chef en cas de la transgression des lois sociales et spirituelles
coutumières. Par cette autorité, le chef ne peut être
contesté, ni reproché en public. En cas de reproche au Chef, les
conseillers doivent chercher le moment indiquer pour rappeler la conscience du
chef. C'est vers 4h du matin16(*).
Le succès de l'autorité spirituelle est
étroitement lié à la personnalité et au
charisme du chef. Il peut l'accroitre tout comme la diminuer selon qu'il est
attaché ou non à la coutume traditionnelle zande. Elle est la
source de toute nature sacrée du Chef.
b) Autorité traditionnelle ou Autorité
politique
Le chef devrait assurer le bien être de sa population en
distribuant équitablement la justice et les ressources de la chefferie
et en assurant la protection de la population de sa chefferie. Pour cela il
possède d'une police de la chefferie. Ce pouvoir lui est reconnu par
les Pouvoirs Publics. C'est au terme de l'investiture positive ou
administrative que le chef acquiert cette autorité. Elle est fonction de
la conformité du Chef aux différentes lois qui organisent
l'exercice du pouvoir coutumier en RDC.
Le peuple zande a une considération très
particulière vis-à-vis de son Chef. Ainsi, l'autorité du
Chef repose sur son respect et son attachement à la coutume.
II.3. Place des anciens (Bakumba) dans la
légitimation du pouvoir traditionnel vungala
Les bakumba jouent des rôles importants dans la
légitimation du pouvoir coutumier avungala. Le rôle politique de
ceux-ci n'est pas moins négligeable. Ils font pratiquement le pont entre
le Chef et la population. A titre indicatif, les bakumba sont chargés
de :
ü Eduquer et encadrer les enfants du Chef dès leur
bas âge ;
ü Délibérer et décider sur le choix
du candidat coopté dans le cas ou le chef n'aurait pas indiqué
son successeur pendant son vivant;
ü Conseiller le Chef dans ses fonctions ;
ü Juger les délits conformément à la
loi coutumière en la matière;
ü Initier et investir le nouveau Chef ;
ü Etc.
II.4. Rôle mitigé de la modernité
sur l'exercice du pouvoir traditionnel.
a) Degré d'études.
Le niveau d'études constitue de plus en plus un des
critères majeurs pour la sélection d'un enfant qui doit
succéder à son père à la tête de la
chefferie. On note plusieurs cas de réticence de la part de ces enfants.
C'est souvent à près une longue discussion et insistances entre
les anciens et l'héritier qu'un compromis se prend à terme de
concession et de garantie surtout pour le nouveau Chef.
La lumière scientifique ne semble pas être
parfaitement d'accord avec certains principes et pratiques coutumiers alors que
sources de légitimité de l'autorité du chef traditionnel
Vongara. Il s'observe alors la banalisation de fait traditionnel, de rites qui
nécessitent l'utilisation de certains symboles. Les Chefs s'accordent
plus à leurs activités personnelles surtout en se livrant aux
commerces qui leur prennent une bonne partie de leur temps ou lieu de s'occuper
de totalement de la chefferie.
b) Influence de la religion sur le pouvoir
traditionnel.
La conversion de plusieurs Chefs coutumiers dans
différentes religions modernes se comprend par les convaincus de la
coutume traditionnelle vungala comme étant une trahison à la
coutume. C'est vrai qu'aujourd'hui, l'enseignement de la Bible a permis
à beaucoup de chefs de se débarrasser de plus part de objets, des
pratiques et des habitudes du pouvoir traditionnel vungala contraires aux
valeurs chrétiennes ( les amulettes, les rites croyances,...). Tandis
que centaines habitudes traditionnelles trouvent leur justification dans le
système de l'exercice du pouvoir traditionnel vungala. La polygamie du
Chef vungala permet non seulement au Chef de prendre soin de tous ses
visiteurs, mais aussi pour plusieurs d'autres raisons : service,
représentation sociale, résolution de conflit ou diplomatie.
Service de la chefferie : le
Chef a le devoir de recevoir et de mettre à l'aise et de résoudre
les problèmes de ses visiteurs. Selon la coutume vungala, les visiteurs
ne doivent pas rentrer affamer chez eux. Pour cela, tout un service existe pour
approvisionner les chefs en différents produits vivriers. Les femmes
outre leur taches (ménagère) sont tenus d'offrit en manger aux
visiteurs du Chef.
La représentation de la population : les
impératifs de l'intégration sociale poussent souvent les chefs
traditionnels à épouser les femmes appartenant aux
différents groupes sociaux composant la chefferie. Dans ce cas, les
femmes sont plus ou moins comme des représentantes de leur milieu
d'origine auprès du pouvoir de chef. Elles influencent peuvent
influencer le chef à prendre des décisions dans l'un ou l'autre
sens, en faveur de leur milieu d'origine.
Méthode de résolution de conflit :
les contestations que le chef rencontre auprès de certaines
populations l'amènent à épouser autant de femmes
appartenant à la communauté qui constitue l'obstacle à
l'épanouissement de son autorité sur l'ensemble de la chefferie.
Ainsi, il établit son autorité coutumière sur la terre des
ancêtres. Le respect vis-à-vis de la belle famille est une
qualité non moins négligeable dans la coutume zande. Les enfants
qui sont nés dans cette condition permettent aux chefs d'établir
l'amitié entre les deux familles et par conséquent de chercher
à trouver un compromis entre le chef et les familles en
révolte.
c) Fonction du chef : un espace
fermé
De puis longtemps, le pouvoir politique traditionnel dans la
dynastie vungala est aristocratique. Les tentatives de mettre à la
tête du groupement d'autres candidats des clans contraires à
celui d'avungala, ont été à la base de plusieurs conflits
de succession au sein de la dynastie. C'est le cas survenu lors de la mort du
chef de groupement Azali, (non vungala) et les décès successifs
de deux Chefs à la tête du groupement Kobokobo
soupçonnés avoir été empoisonné, a fallu
dégénérer à une tension à la succession. Les
membres de la famille de non vungala, à la suite de la mort de leur
frère veulent se prévaloir le droit de succession, oubliant que
le défunt est devenu Chef selon la volonté du seul chef ou soit
à titre compensatoire. En 2006, cette situation a inspiré les
Chefs de prendre une décision interdisant l'accès au poste du
Chef aux candidats non avungala, dans le but de prévenir tout incident
lors de la succession17(*). La chefferie Zune s'oppose avec
sévérité à toute idée de la création
de chefferie secteur.
Le Chef exerce certain droit qui lui est reconnu tel que le
droit de juger et de condamner les sorciers. Pour cette tâche, il est
assisté par le(s) divinateur(s). En 2008, le chef de la
collectivité aurait identifié et arrêté plus de 2O
personnes accusées de la sorcellerie. Elles ont été
jugées et condamnées conformément à la coutume
zande. Cette procédure traditionnelle semble se contredire avec le
principe de la présomption d'innocence que bénéficie tout
citoyen, quelque soit l'affaire. On note malheureusement que les accusés
dans la plus part de cas sont contrains d'avouer suite à la
terrorisassions qu'ils sont victimes de la par des services de la chefferie,
sans pour autant préalablement apporté des preuves
nécessaires et convaincantes liées à cette affaire.
II.5. Valeurs traditionnelles de la
légitimation de l'autorité du Chef vongara.
En effet, la coutume traditionnelle zande mentionne les
qualités exigées à tout zande en général
et aux chefs avungala en particulier qui font d'ailleurs la fierté et
rayonne le peuple zande.
Les proverbes constituent les moyens efficaces permettant de
transmettre les valeurs azande. Il s'agit entre autre des valeurs
suivantes18(*) :
ü L'amour-bienveillance (hinipai),
étant un élément monteur des actions de l'homme sage et
droit, se fonde sur la réciprocité des actes bons ;
ü La Confiance à toutes les catégories
sociales en évitant de minimiser l'un et l'autre de peur de
créer de tendance centrifuge au sein de la communauté.
ü Le courage devant le danger, devant son
adversaire ou son ennemi qui confirme la maturité d'un homme adulte.
ü La décision, le libre choix, la
fermeté dans la volonté déterminent la
personnalité du chef dans les actions objectives à
l'intérêt supérieur de sa chefferie, peu importe les
conséquences qui peuvent en découler.
ü La douceur qui se présente comme une
voie diplomatique permettant d'atteindre les objectifs fixés en dehors
de l'utilisation de la violence ou de la brutalité, dans certains
cas.
ü La justice et l'égalité sans
aucune exception d'une catégorie de la société ;
ü La modération dans les actions qui
permet au chef de savoir ses limites entant que humain afin d'éviter les
ridicules qui sont susceptibles de le désacraliser et de le
déshonorer devant sa population.
ü La prudence dans la parole et les actions qui
ne sont pas à confondre avec la peur
ü La reconnaissance qui se manifeste en rendant les
biens pour les biens bénéficié auprès de
l'autre.
ü L'exercice de toutes les
responsabilités qui reviennent au Chef, qui est l'autorité
hiérarchiquement supérieure.
ü La solidarité qui est une force et qui
ne doit surtout pas être confondue avec l'exploitation de l'homme
par l'homme;
ü Le désir permanant de s'informer
d'autant plus que personne peut prétendre ne plus avoir besoin
d'apprendre.
II.6. Qualités du Chef traditionnel.
L'ordonnance loi de 1969 reconnaît au Chef,
un double qualité, notamment :
ü La qualité de l'autorité première
de la collectivité et
ü La qualité d'être représentant du
gouvernement.
Celles-ci tirent leur origine de la désignation du
chef par la coutume et de sont investiture par les Pouvoirs Publics.
II.7. Modes d'acquisition du pouvoir traditionnel.
a) Procédures d'acquisition du pouvoir dans la
tradition zande-vungala.
De part la coutume zande, les procédures
d'accession au pouvoir sont:
ü l'hérédité par
primogéniture: en cas du décès du Chef vungala la
coutume reconnait le droit de succession au fils ainé, à moins
qu'il n'ait été formellement déchu de ses droits du
vivant son père ;
ü l'hérédité par
germanité : lorsqu'un Chef vungala meurt sans enfants, il
appartient au Chef de famille de choisir le successeur.
Généralement le Chef de famille choisit parmi les fils ou les
frères du défunt ;
ü la désignation : les
bakumba(les anciens) du Chef décédé sont convoqués
par le Chef de famille, afin de se prononcer à propos du candidat
choisi(...)19(*).
L'acquisition du pouvoir héréditaire par
primogéniture ou par germanité (le pouvoir revient au
frère comme dans certaines sociétés africaines) constitue
un cas de la dévolution.
Il arrive de fois que l'accession au pouvoir soit fonction
combinatoire entre l'hérédité et la compétition.
Les fils se battent entre eux pour savoir qui sera nommé Chef.
b) Conditions d'acquisition du
pouvoir20(*).
Dans tout le cas, le fils qui prétend succéder
à son père doit :
ü avoir vécu au milieu des bakumba(les anciens),
ü assisté aux palabres,
ü avoir connu toutes les affaires intérieures de
la chefferie
ü être très connu de la population et
surtout
ü obéissant au chef
c) Désignation du Chef de la chefferie ou de
secteur.
La désignation du Chef traditionnel se fait
conformément à la coutume. Après que le Chef coutumier ait
quitté le pouvoir, soit par décès ou d'autres
empêchements irréversibles ou définitifs, les anciens
désignent par simple hérédité ou par cooptation, ce
lui qui doit être investi, selon :
ü un rituel ancestral par lequel il devient mystiquement
initié à la société secrète ;
ü en suite, il doit encore faire l'objet d'une
investiture positive.
Particulièrement, le Chef de secteur est nommé
parmi les fonctionnaires de l'Etat ayant le grade d'attaché du bureau de
première classe par l'arrêté du ministre des affaires
intérieures, sur proposition du Gouverneur de Province. Il est
installé ensuite par le Commissaire du District ou l'Administrateur du
Territoire21(*) moyennant
les procès verbaux d'investiture, dont la copie sera
réservée au ministère de l'intérieure, qui prendra
éventuellement un arrêté à cet effet.
Le Chef traditionnel vungala connait une investiture à
la fois traditionnelle et administrative. Chaque investiture produit ses
preuves.
d) Preuves de l'investiture
traditionnelle.
. L'investiture traditionnelle se confirme par la remise des
objets ci-après au nouveau chef:
ü Le chapeau décoré tout au tour avec les
plumes de perroquet, et au centre sont placés celles de
l'aigle ;
ü Balais traditionnel ;
ü Tipo : la chaise du pouvoir ;
ü Nadada : un couteau de guerre courbé qui
servait pour l'auto-défense
ü Kpinga, un couteau magique de guerre à
plusieurs têtes, considéré par les utilisateurs comme une
bombe compte tenu de son exploi, avec la capacité de trancher plus de
cinq personnes en un coup22(*).
ü Debolokumbitiyo, est un couteau de guerre de plus d'un
mètre qui permet d'attaquer l'ennemi en distance
ü Peau de Léopard
ü Kpuo : le bouclier de guerre
ü Bagata : l'écorce d'arbre qui servait
d'habit traditionnel conçu à partir de l'écorce
d'arbre ;
ü Kalandu: la ceinture traditionnelle avec laquelle, le
chef ceint le Bagata pendant la cérémonie de l'investiture.
ü Napkepke et Ndebu (cache-sexe pour les femmes) qui est
un habillement des femmes pendant la cérémonie de
l'investiture.
e) l'investiture administrative.
Elle puise sa force légale dans le droit positif.
Après l'installation officielle du chef, le Commissaire
de District établit les procès verbaux d'investiture
suivants :
ü Le procès verbal de vacance de pouvoir ;
ü Le procès verbal de désignation ;
ü Certificat de décès du défunt
chef ;
ü Arbre généalogique ;
ü Procès verbal de consultation des membres de la
famille régnante ;
ü Procès verbal de nomination provisoire ;
ü La preuve d'installation : Remise d'une
médaille « Palata ».
Les différents procès verbaux doivent être
transmis par le Commissaire de District au Gouverneur de Province tout en
réservant copie au Ministre de l'intérieur.
Les cérémonies de l'investiture sont
clôturées par la signature de l'arrêté du ministre de
tutelle qui reconnait le nouveau chef officiellement investi23(*).
II.8. La cérémonie de deuil du chef
coutumier vungara de la Chefferie Zune.
On constate une nette différence entre la
célébration de rites rite funèbre du Chef et celle des
autres populations. Dans le temps, le deuil du chef était tenu d'une
manière plus particulière.
En Afrique, la mort a toujours eu des causes explicatives dans
la société. A la mort du Chef, tous les suspect ne
méritaient autre peine que celle de la mort, quelle que soit leur
innocence. Les grands chefs étaient enterrés dans le lit de la
rivière, avec toute discrétion à l'égard du grand
public.
Parfois le Chef était enterré avec les plus
aimées de ses femmes. Mais, actuellement, avec l'influence de la
modernité, ces pratiques traditionnelles jugées négatives
sont tout simplement abolies. Le rite du deuil du Chef vungala exige :
ü Gugu manza( gon) : c'est un gon que les
spécialistes jouent avec un son et un rythme particuliers pour annoncer
au public, la mort du Chef.
ü Ukauka gugu : avec son rythme spécial, le
gon renseigne qu'un homme vaillant et fort vient de disparaitre. Il est
joué durant toute la cérémonie.
ü SIMA : c'est une danse liturgique qui exprime la
violence et la force vungala. Elle est dansée par quelques vaillants
hommes de la chefferie. cette danse signifie que si le chef savait la personne
qui est à la base de mort, il le tuerait bien avant sa mort.
ü Dulele c'est une dance qui exprime la douleur et
malheur qui a frappé toute la chefferie par la disparition du chef. Est
exhibée par les femmes de la chefferie.
II.9. Trépied de la légitimité du
pouvoir traditionnel.
La nature du pouvoir traditionnel en réalité est
le résultat de plusieurs facteurs que nous pouvons regrouper à
trois pôles d'influence. Les facteurs internes, externes et le
leadership du chef.
a) Facteurs internes : sont tous ce qui se
rapporte aux principes traditionnels relatifs à l'exercice du pouvoir
dans la dynastie vungala.
L'observation de la loi coutumière demeure la
première source de la légitimité du pouvoir ensuite
l'attention accordée aux symboles et les rites afférant
confèrent au chef sa légitimité vis-à-vis de la
population, en même tant constituent repères identitaires de
permettant ainsi la reconnaissance sociologique de peuple zande.
La tendance au désintéressement à la
coutume de plus en plus observable dans la plus part de chefs avungala
affaibli leur autorité traditionnelle. Car c'est la coutume qui
confère au chef, son caractère sacré.
b) Facteurs externes : sont toutes influences
extérieures autres que les principes coutumiers qui influencent
l'exercice du pouvoir traditionnel zande.
La modernité, le brassage culturel, la
démocratie, bref, les principes fondamentaux d'un Etat de
droit...semblent dénaturer en quelque sorte l'originalité du
système du pouvoir traditionnel. Il est évidement
difficile de concevoir que le système traditionnel puisse fonctionner en
indépendance des autres systèmes, pourtant, ils constituent
actuellement des cadres de toute légitimité politique.
c) Leadership du chef : il s'agit d'un facteur
combinatoire entre deux premiers facteurs pour ensuite obtenir un
équilibre entre la tradition et la modernité sur le plan formel
et pratique, sources de la légitimité de l'exercice de
l'autorité traditionnelle. ce facteur semble être le plus
emportant car il est forgé par les autres facteurs.
Le leadership est le management de l'exercice du pouvoir
traditionnel, sans lequel, l'autorité du Chef court un triple
risque :
ü Vis-à-vis de la coutume
ü Vis-à-vis de sa population
ü Vis-à-vis des Pouvoirs Publics
Le leadership du chef, doit à cet effet, faire appel
à ses trois savoirs notamment le savoir, le savoir faire et le savoir
être. L'effort de bien doser les différentes combinaisons entre la
tradition et la modernité dans le but de conserver la
légitimité du pouvoir doit être la qualité
exigée à l'autorité traditionnelle. L'étude de
l'environnement interne et externe ou global ainsi que l'adaptation au
changement restent au centre de préoccupation quotidienne de toute
légitimité du pouvoir.
Le tableau suivant schématise la nature de
l'autorité légitime traditionnelle.
Tableau No 2 : le Trépied de la
légitimité du pouvoir traditionnel.
Fact. Internes
Leadership
Fact. Externes
Leadership
Fact. Externes
Source : conçu par nous
mêmes
Aux facteurs internes, il est joint le risque relatif à
la coutume. L'application stricte de la coutume d'une part, le non
respect de certains principes coutumiers liés au pouvoir traditionnel
peut compromettre l'autorité du chef coutumier. La non-conformité
de la coutume aux principes universels de la démocratie et surtout la
non-conformité de la coutume ou de l'exercice du pouvoir traditionnel
à la constitution, constituent les raisons majeurs de
l'illégitimité de pouvoir traditionnel.
Aux facteurs externes, il y a le risque lié à
la modernité. Certains principes fondamentaux de la
modernité entrent en contradiction avec la nature du pouvoir
traditionnel. L'application stricte de ces principes peut
dégénérer à des conflits du pouvoir traditionnel et
ou affaiblissement de l'autorité traditionnelle du Chef.
Au leadership, nous mentionnons le risque lié à
la population. Il est attesté par plusieurs observateurs que
gérer une personne est plus difficile que gérer plusieurs
machines qui obéissent par l'automatisme. Au contraire, l'homme est
doté d'une raison, des émotions, des sentiments,... qui font de
lui un être complexe. Face à l'autorité traditionnelle, la
population réagit suivant trois tendances :
ü Les conservatistes : constitués des
personnes âgées (surtout de troisième âge), des
femmes et des membres de la famille régnante ;
ü Les révolutionnaires, ceux qui prônent le
changement du système du pouvoir traditionnel ;
ü Les sans position, ce sont des assujettis. Grand nombre
de la population de la chefferie se retrouve dans cette catégorie.
CONCLUSION.
L'exercice du pouvoir traditionnel dans la dynastie vungala
est fonction en même temps du respect de la modernité et de la
tradition. La combinaison entre les deux systèmes permet au pouvoir de
légitimer l'autorité du chef. Ce pendant, cette combinaison ne
se réalise pas sans produire de conséquences.
D'une part, la tradition se trouve
au fondement du système du pouvoir traditionnel exige en effet,
l'observation des principes coutumiers en la matière. Les respects des
cérémonies et la célébration complète des
rites en employant les symboles indispensables pour la réalisation de
l'acquisition de l'autorité spirituelle du Chef donne au chef son
caractère sacré et traditionnel, d'autant plus que, le pouvoir
traditionnel a spécialement un caractère sacré.
L'observation de la coutume permet au chef d'assoir la légitimité
de son pouvoir.
L'implication de la modernité
d'autre part permet de positiver le pouvoir du Chef
conformément aux textes règlementaires en la matière. On
relève aussi les contradictions dans la pratique lorsqu'il faut combiner
certains principes de ces deux systèmes de légitimation du
pouvoir traditionnel.
Il se relève en outre que la modernité
affaiblit l'autorité traditionnelle du Chef vungala, en la
dénaturant, souvent ce cas dégénère à des
conflits au sein de la chefferie.
Le pouvoir traditionnel ne peut en aucun cas se
débarrasser de la loi coutumière, sans la quelle, elle perdrait
sa valeur mémorielle dans la communauté qui l'accepte de puis
l'ancien temps. Il peut non plus ignorer et transgresser les principes modernes
de l'exercice du pouvoir traditionnel qui s'impose actuellement comme condition
sine qua non de toute légitimité du pouvoir traditionnelle.
BIBLIOGRAPHIE.
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ZANIWE.
Assistant à l 'Université de
l'Uélé
Licencié en Sciences Politique et
Administrative
* 1 Carroll T.G.,
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Politics, XXXVI-3, avril 1984, p. 362-382. Cité par BADIE
B., Le développement politique, 5è 2d.
Economica,Paris, 1994, p.49
* 2 Constitution de la
Troisième République Démocratique du Congo
* 3 ISANGO IDI
WANZILA, « La présence des chefs coutumiers dans
l'Administration territoriale au Zaïre : quelle
opportunité ? » In Zaïre-Afrique,
n°263, Vol. XXX. Mars 1992, pp. 151-161.
* 4 Di GENNARO
J., A la rencontre des Azande, E.M.I., Bologne 1980 ;
p. 26-27.
* 5 Di GENNARO
J., Op. Cit., p. 28.
* 6 Idem, p. 29.
* 7 MARCHAL J.,
L'Etat libre du Congo : paradis perdu. L'histoire du Congo
1876-1900, Vol. 1, éd. Paula Bellings,
Borloon-Belgique 1996, p.270.
* 8 MARCHAL J.,
Op. Cit., p. 279.
* 9 A. de
CALONNE-BEAUFAICT, Azande, Introduction à une Ethnographie
générale des Bassin de l'Ubangi-Uélé et
de l'Aruwimi, Maurice LAMERTIN, Bruxelles, 1921, p.
21
* 10 Bureau du
Secrétariat de la collectivité ZUNE
* 11 Rapport annuel
Ministère de l'intérieur et des affaires coutumières
exercice 2006,
* 12 Léon de
Saint Moulin, 1976, Atlas des Collectivités du Zaïre
Kinshasa, Presses Universitaires du Zaïre ,1970.
* 13 RAUDE P.,
Sociologie politique, 6è éd. L.G.D.L., paris, 2002,
p.384.
* 14 A. de
CALONNE-BEAUFAICT, Op. Cit., P., 21.
* 15 Entretien avec Mr
MAMA, âgé de plus de 60 ans, de la famille
régnante. Isiro, le 28 décembre 2010.
* 16 Entretien avec Mr
ATOLA de la famille régnante, âgé 82 ans. Viadana,
le 24 janvier 2011.
* 17 Entretien avec Mr
NZONGO, Chef du village de la localité Votongbo à
Viadana. Viadana, le 25 Janvier 2011.
* 18 MIHIDI
KUMB'ABINI, Idéal moral zande morale
chrétienne,
* 19 A. DE
CALONNE-BEAUFAICT, Op. Cit., p.241.
* 20 Idem, 242
* 21 KABANGE
C., Genèse et évolution de l'organisation
territoriale, politique et administrative en RDC, de l'Etat indépendant
du Congo à nos jours, Droit administratif, Tome III, Unikin, 2001,
p. 217.
* 22 Déclaration de
Mr. MIHILI, sage de la Chefferie ZUNE. Viadana, le
24/Janvier/2011.
* 23Secrétariat de la
chefferie Zune, le 27 janvier 2011
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