2.3 La méthode AMMI
2.3.1 Le modèle
La méthode AMMI, Additive main effect and
multiplicative interaction, a étéintroduite par Williams
(1952) et reprise par Gollob (1968), puis par Mandel (1961, 1971) et par Bradu
et Gabriel (1978). Elle fut développée a` l'origine pour les
domaines du social et de la physique et son application a` la recherche
agricole a étéproposée par Kempton (1984) et Zobel, Wright
et Gauch (1988). Mais il faut attendre Gauch (1992) pour qu'elle devienne
répandue. C'est une méthode assez générale et Gauch
et Zobel (1996) ont soulignéque son champ d'application potentiel va au
delàde l'étude
des méthodes d'interactions GxE.
Beaucoup d'autres auteurs ont étudiéles interactions
GxE a` l'aide de cette méthode :Vargas, Crossa, van
Eeu-
wijk, Ram`ýrez et Sayre (1999), Yan et Hunt (2001), Ebdon
et Gauch (2002a, 2002b), Gonz'alez, Crossa et Cornelius (2003a, 2003b), Gauch
(2006).
La méthode AMMI associe l'analyse de variance et
l'analyse en composantes principales (ACP). Sont d'abord estimés les
effets principaux des variétés et des environnements par une
analyse de variance du modèle additif, c'est-àdire du
modèle sans les interactions GxE. Ensuite, la partie
non additive du modèle est étudiée par une analyse en
composantes principales (Crossa, 1990).
L'interaction est décrite de cette façon
(gE)ij =
è1á1iâ1j
+
è2á2iâ2j
+ + èháhiâhj
c'est a` dire
Yij = m + gi + Ej + ( Xh
èkákiâkj) + eij
k=1
o`u èk est la valeur singulière
du ke axe (è2
k 'etant la valeur propre),
áki est le vecteur propre du
ie g'enotype pour le ke
axe, âkj est le vecteur propre du
je environnement pour le ke axe et
avec les contraintes
X Xá2
ki = Xâ2 kj = 1 et
Xákiák'i = âkjâk'j =
0
i j i j
Les paramètres du terme d'interaction sont donc
estim'es par d'ecomposition en valeur singulière (DVS) de la matrice des
r'esidus obtenus après ajustement des deux effets principaux.
Le nombre h de paramètres pour chaque
terme multiplicatif de l'interaction qui constitue le nombre d'axes principaux
peut être d'etermin'e soit par validation crois'ee (Gauch et Zobel, 1988;
Crossa, 1990, Piepho, 1994) o`u les r'ep'etitions sont tour a` tour retir'ees
et non les lieux, soit par des tests statistiques (Gollob, 1968; Cornelius,
1993; Piepho, 1995).
Le nombre d'axes principaux retenu est g'en'eralement compris
entre z'ero, on parle dans ce cas de AMMI-0 c'est-à-dire du
modèle additif et le minimum entre (I - 1) et
(J - 1), o`u I constitue le nombre de
g'enotypes et J le nombre d'environnements. Le modèle
complet (AMMI-F, F faisant r'ef'erence a` full pour
full model), avec tous les axes principaux, fournit une
estimation parfaite. Mais g'en'eralement, lorsque les interactions
G×E sont significatives, les modèles avec un
(AMMI-1) ou deux (AMMI-2) axes principaux sont les plus utilis'es a` cause de
leur simplicit'e.
Les tests statistiques propos'es pour d'eterminer le nombre
optimal d'axes sont tous fond'es sur la statistique
t2
k/s2 o`u t2
k est l'estimation de la valeur singulière
èk obtenue par DVS et s2,
avec f degr'es de libert'e, est le carr'e moyen des r'esidus
du modèle additif divis'e par le nombre de r'ep'etitions par
environnement (Piepho, 1995).
Sous l'hypothèse nulle (H0 :
èk = 0), les statistiques de tests sont les suivantes :
1.
t2k/s2
suit une loi de Fisher a` (J +I-1-2k) et f
degrés de liberté(Gollob, 1968)
2. FGH1 =
gt2k/h1fs2
suit une loi de Fisher avec h1 et g
degrés de liberté, o`u h1 =
2v1u1/v2, g = 2 + 2(f -
2)v1/v2, v1 =
u22 + u21 + (f -
4)u1 et
v2 = (f -
2)u22 +
2u21 (Cornelius, 1993) ; u1
et u2 sont des approximations fournies par Cornelius
(1980).
3. FGH2 =
t2k/u1s2
est distribuée selon la loi de Fisher avec h2
et f degrés de liberté, o`u
h2 = 2u21/u22
(Cornelius, 1993).
En outre, une statistique de test FR, plus
simple a` calculer, a étéproposée par Cornelius et al.
(1992). Ce test utilise la somme des carrés résiduels
après ajustement du modèle AMMI avec q axes
principaux. Sachant que sous l'hypothèse nulle, la somme de
carrés résiduels est approximativement une variable de chi-deux,
la statistique suivante FR
[
FR = E E(Yij - Yi. - Y.j +
Y..)2 - i j
|
X q
k=1
|
?t2 ?
/f2s2 k
|
suit une distribution de Fisher avec
f2 = (J - 1 - q)(I - 1 - q) et f
degrés de liberté. La statistique FR
significative révèle qu'il y a au moins un axe principal
supplémentaire a` prendre en compte en plus des q
déjàutilisés.
Dans le cas des essais multienvironnements, il est
supposéque les erreurs du modèle sont indépendantes et
normalement distribuées avec des variances entre les environnements
homogènes. Même si l'indépendance des erreurs peut
être assurée par une randomisation des niveaux des facteurs et que
les erreurs peuvent être considérées comme gaussiennes, les
variances résiduelles sont généralement
hétérogènes d'un environnement a` l'autre au Sahel. Or, en
présence d'erreurs expérimentales
hétérogènes, Piepho(1995) a montréque la
statistique de test FR est plus robuste que
FGH1, FGH2 et celle de Gollob.
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