Introduction
Le Niger, vaste pays de l'Afrique de l'Ouest, couvre une
superficie de 1.267.000 km2. Il s'inscrit dans les longitudes
0°16'et 16° Est et les latitudes 11°01' et 23°17'Nord
(Monographie de Goure., 1997). Sur le plan topographique il s'agit d'un immense
plateau d'une altitude de trois cent mètres (300 m) dans lequel on
distingue des dépressions envahies par les sables qui constituent les
trois quart (3/4) du territoire et des régions surélevées
par des actions volcaniques (massif montagneux de l'Air). L'agriculture,
l'élevage et la pêche constituent les principaux activités
des populations mais pratiqués de façon artisanale.
A l'instar des pays du sahel, menacés par la
désertification, le Niger est confronté, depuis plusieurs
décennies par des multiples conséquences de ce
phénomène qui affecte tout l'écosystème. On lui
impute d'être responsable chaque année de la disparition de 24
milliards de tonnes de terres fertiles (UNCCD., 2004). Ce fléau touche
de plein fouet le Niger qui lui a fait perdre entre 2000 et 2003, environ
760.000 ha de terres utiles (CNEDD., 2005).
L'érosion éolienne qui a commencé
à prendre de l'ampleur depuis les années 1970 contribue pour une
part importante dans ces pertes en terre. La pression anthropique et une
réduction significative de la pluviométrie dans les années
70 et 80 sont les principales causes de ce phénomène de
dégradation des terres, de l'apparition des dunes vives et le
remplacement de la végétation arborée par des arbustes
(Karimoune, 1994 ; Jahiel, 1998 ; Ozer, 2001).
Le climat est marqué par des périodes de
sécheresses assez fréquentes durant ces décennies
auxquelles viennent se greffer des pressions agricoles, pastorales et
forestières résultantes d'une démographie galopante
(Hama., 2005). En effet, de 1988 à 2001, la population du Niger est
passée de 7.251.626 habitants à 11.060.291habitants, mettant
ainsi en évidence la persistance du taux annuel moyen de l'accroissement
démographique à un niveau toujours élevé : 3,3% en
1988 - 2001 contre 3,4% en 1977-1988 ( 3° RGP/H., 2001).
Les formations végétales sahéliennes en
générale et celles du Niger en particulier évoluent dans
des conditions écologiques très difficiles faisant
disparaître aujourd'hui certaines espèces (Yahaya., 2002). Le
rythme de déboisement est 550 km2/an pour un reboisement de
150 km2/an (Laminou., 2003). L'une des plus importantes causes est
la dégradation des terres de cultures desquelles dépend la survie
d'une population constituée essentiellement d'agro pasteurs (Sani.,
2005). Selon la FAO (2001) in Laminou. (2003), 2500 km2 de terres
sont perdues chaque année au Niger à cause de la
désertification et, si cette tendance se maintient, il n'y aura plus de
forêt au Niger à l'horizon 2015. Plusieurs techniques de lutte
contre la désertification ont été
développées et vulgarisées au Niger par les projets de
développement,
les services techniques de l'environnement (FAO., 2002) pour
restaurer ou parfois améliorer le potentiel écologique des terres
dégradées. De Gouré (Est de Zinder) à Mainé
Soroa (Sudouest de Diffa), la principale technique utilisée pour fixer
les dunes vives et pallier ainsi au déplacement de sable tout en
restaurant le potentiel écologique consiste en l'association de
procédés mécaniques (mise en place de clayonnage à
base de branchages de Leptadenia pyrotechnica et Calotropis
procera, parfois de rachis d'Hyphæne thebaïca, et des
tiges de mil) et biologique (plantation d'arbres et semis d'herbacées).
L'évaluation de l'efficacité des brise-vent dans un contexte de
prévention de l'érosion éolienne a été faite
par Michels. (1994) en condition réelle dans l'Ouest du Niger et par
Cornelis et al. (2000) et par Woodruff et Zing. (1955) en condition
contrôlée de tunnel à vent in Tidjani et al.
(2007).
Le département de Gouré compris entre les
isohyètes 150 mm et 400 mm est entièrement soumis au climat
sahelo-saharien. L'agriculture, l'élevage et le commerce constituent les
principaux activités économiques de la population,
pratiquées de façons traditionnelles (Monographie de Goure.,
1997). Il faut noter que dans cette région, l'agriculture pluviale et
les cultures maraîchères assurent la près que
totalité de la production céréalière. Les cultures
maraîchères pratiquées dans les cuvettes assurent un niveau
minimal de production moins sensible aux fluctuations de la pluviométrie
que les cultures pluviales. Elles constituent la source de revenu principal
pour les agriculteurs de la région (Barké., 2004). Le niveau de
sécurité alimentaire en céréale dépend
essentiellement de la pluviométrie et de la recharge des eaux de nappe
(SDA de Gouré., 2006). Mais, malheureusement ces cuvettes et terres sont
menacées de salinité et d'ensablement conduisant leurs
disparitions progressives. D'après le service de l'agriculture, le
nombre des cuvettes exploitées de Gouré est passé de 900
en 1977 à 318 aujourd'hui ; soit une disparition de 64% des cuvettes ont
disparu.
Il apparaît en définitive important de
réfléchir sur les stratégies de lutte contre
l'érosion éolienne. C'est dans ce cadre qu'un Projet Inter
universitaire Ciblé (PIC) dont le volet recherche sur l'ensablement des
cuvettes de Gouré (REC-Gouré) financé par la Belgique est
entrain de mener des recherches approfondies de façon pluridisciplinaire
sur la problématique de l'ensablement des cuvettes du département
de Gouré où ce phénomène a commencé prendre
une ampleur exponentielle. Ce projet s'intéresse au problème
d'ensablement des cuvettes du département et ses conséquences sur
l'exploitation économique des cuvettes. Il implique des chercheurs de
l'université de Niamey et ceux des universités soeurs
francophones de la Belgique (université de Liège,
université catholique de Louvain et la faculté universitaire des
sciences agronomiques de Gembloux) où deux (2) doctorants sont en phases
de finition de leurs recherches en thèse. Parmi les nombreuses
thématiques traitées
dans ce cadre s'inscrit le présent thème
intitulé:<<Impacts des brise- vent mécaniques
installés sur une dune vive de Tchago (département de
Gouré) sur les flux des sédiments éoliens et le retour de
la végétation herbacée>>. Les objectifs globaux
de ce travail sont : 1-Suivre l'impact de la palissade exposée au vent
dominant sur les flux de sédiments éoliens observés en
période d'harmattan ;
2-étudier au cours du temps qualitativement et
quantitativement l'évolution des herbacées sur le site
récupéré.
Le présent travail est structuré en trois (3)
grandes parties qui se présent dans l'ordre suivant : 1-la
généralité sur la zone d'étude ;
2-l'étude Expérimentale et;
3- les principaux résultats suivis d'une conclusion
générale et recommandation.
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