République du Niger
Université Abdou Moumouni (UAM)
Faculté d'Agronomie (FA) BP : 10960
|
Royaume de la Belgique
Coopération Universitaire au
Développement (CUD)
Projet Interuniversitaire Ciblé,
Recherche
|
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
En vue de l'obtention du diplôme
d'Ingénieur des Techniques
Agricoles (Option: Eaux et
Forêts)
THEME
Impacts des brise- vent mécaniques
installés sur une dune vive de Tchago (Département de
Gouré) sur le flux des sédiments éoliens et le retour de
la végétation herbacée
|
Présenté par SEYNI SEYBOU Abdoul
Aziz
Soutenue publiquement le 10 mars 2008 devant le
jury composé du : Président : Pr AMBOUTA Karimou
J. M, Enseignant- Chercheur / FA. UAM Membres : Dr
MARICHATOU Hamani, Enseignant- Chercheur / FA. UAM
Dr MAHAMANE Larwanou, Enseignant- Chercheur /
FA. UAM
Sous la Direction du : Pr AMBOUTA Karimou J.
M, Enseignant- Chercheur FA / UAM
|
Co-encadreur : Tidjani Adamou
Didier, Doctorant à l' UCL (Belgique)
|
TABLE DE MATIERE
Dédicaces i
Remerciements iii
Sigles et Abréviations vi
Liste des figures v
Liste des tableaux vi
Liste des photos vii
Résumé viii
INTRODUCTION 1
CHAPITRE I .CARACTERES GENERAUX DE LA ZONE D'ETUDE
4
1.1. LOCALISATION DE GOURE 4
1.2. SITUATION ADMINISTRATIVE 5
1. 3. MILIEU BIOPHYSIQUE 5
1. 3 .1. Climat 5
1. 3. 2. Relief 6
1.3.3. Modelé et Végétation 7
1.3. Sols 8
1.3.5. Faune 9
1.4. MILIEU HUMAIN 9
1.4.1. Population 9
1.4.2. Activités Socio-économiques 10
1.4.3. Commerce et Artisanat 11
1.5 .RESSOURCES NATURELLES 12
1.6. REPARTITION DE LA VEGETATION HERBACEE 12
1.7. TYPOLOGIE DES RESSOURCES PASTORALES 13
CONCLUSION PARTIELLE 13
CHAPITRE II. PROCESSUS ET DYNAMIQUE DE L'ENSABLEMENT A
GOURE. 14
2 .1. DEFINITION ET FACTEURS DE L'ENSABLEMENT 14
2.2. GENERALITE SUR L'EROSION EOLIENNE 14
2.2.1. CAUSES ET MECANISMES DE L'EROSION EOLIENNE 14
2.2.1.1. Vent 14
2.2.1.2 Intensité du vent 15
2.2.1.3. Dimensions et mouvements des particules 15
2.2.1.4. Manifestation de l'érosion éolienne 15
2.2.2. Nature et état de la végétation
17
2.2.3. Nature et état du sol 17
2.2. 4. FORMATIONS SABLEUSES 18
2. 2.5. CONSEQUENCES DE L'ENSABLEMENT 18
2.6. TECHNIQUES DE LUTTE CONTRE L'ENSABLEMENT DES INFRASTRUCTURES
SOCIO-ECONOMIQUES DANS LE DEPARTEMENT DE GOURE. 19
2.6.1. Fixation mécanique 19
a. Normes techniques 19
b. Choix du matériel de fixation. 20
c. Coupe et transport du matériel végétal
20
2.6.1.1. Fixation mécanique par clayonnage. 21
2.6.1.2. Fixation mécanique sans clayonnage 21
2.6.1.3. Fixation mécanique par Paillage ou Mulching.
22
2.6.2. Fixation biologique 23
a. Choix des espèces et normes techniques de plantation
24
b. Choix des espèces et normes techniques de semis
d'herbacées 24
2.6.2.1. Fixation biologique mono spécifique 25
2.6.2.2. Fixation biologique plurispécifique 25
2.6.2.3. Fixation biologique par semis direct ou bouturage de
ligneux 25
2 .7. RIDEAUX PROTECTEURS OU BRISE-VENT 28
2.7.1. Quelques caractéristiques d'idiotype pour les
brise-vent. 28
2.7.2. Densité de plantation et entretien 28
CONCLUSION PARTIELLE 29
CHAPITRE III : MATÉRIELS ET MÉTHODES
30
3.1. MATÉRIELS 30
3.1.1. Présentation du site expérimental 30
3.1.2. Matériel de collecte des flux de sédiment
30
3.1.3. Choix du dispositif expérimental 31
3.1.4. Mesure des données climatiques 31
3.1.5. Matériel de collecte des données sur les
herbacées. 32
3.1.6. Outils d'enquête 32
3.2. MÉTHODE D'ÉTUDES 32
3.2.1. Choix des sites 32
3.2.2. Recherche documentaire 33
3.2.3. Mesure des flux de sédiment 33
3.2.4. Mesures des paramètres climatiques 36
3.2.5. Mesure de sédiment 37
3.2.6. Dispositif de suivi de la végétation
herbacée 37
3.2.7. Conduite d'enquête 38
CHAPITRE IV : RÉSULTATS ET DISCUSSIONS
40
4.1. FLUX DE SÉDIMENTS EN 2005 ET 2006 SUR LE COTÉ
AU VENT DE LA PALISSADE 40
4.2. EFFICACITÉ ANTIÉROSIVE DE LA PALISSADE 41
4.3. DEVELOPPEMENT DES HERBACEES APRES FIXATION DE LA DUNE VIVE
DE TCHAGO 42
4.5. EVOLUTION DU NOMBRE D'ESPECES RECENSEES SUR LA DUNE FIXEE
GLOBALEMENT AVEC LE TEMPS ET PAR
FAMILLE. 44
4.6. PERCEPTIONS PAYSANNES RELATIVES À LA FORMATION ET LA
FIXATION DES DUNES 49
CONCLUSION PARTIELLE 50
CONCLUSION GENERALE 51
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE 53
ANNEXES 56
1
Introduction
Le Niger, vaste pays de l'Afrique de l'Ouest, couvre une
superficie de 1.267.000 km2. Il s'inscrit dans les longitudes
0°16'et 16° Est et les latitudes 11°01' et 23°17'Nord
(Monographie de Goure., 1997). Sur le plan topographique il s'agit d'un immense
plateau d'une altitude de trois cent mètres (300 m) dans lequel on
distingue des dépressions envahies par les sables qui constituent les
trois quart (3/4) du territoire et des régions surélevées
par des actions volcaniques (massif montagneux de l'Air). L'agriculture,
l'élevage et la pêche constituent les principaux activités
des populations mais pratiqués de façon artisanale.
A l'instar des pays du sahel, menacés par la
désertification, le Niger est confronté, depuis plusieurs
décennies par des multiples conséquences de ce
phénomène qui affecte tout l'écosystème. On lui
impute d'être responsable chaque année de la disparition de 24
milliards de tonnes de terres fertiles (UNCCD., 2004). Ce fléau touche
de plein fouet le Niger qui lui a fait perdre entre 2000 et 2003, environ
760.000 ha de terres utiles (CNEDD., 2005).
L'érosion éolienne qui a commencé
à prendre de l'ampleur depuis les années 1970 contribue pour une
part importante dans ces pertes en terre. La pression anthropique et une
réduction significative de la pluviométrie dans les années
70 et 80 sont les principales causes de ce phénomène de
dégradation des terres, de l'apparition des dunes vives et le
remplacement de la végétation arborée par des arbustes
(Karimoune, 1994 ; Jahiel, 1998 ; Ozer, 2001).
Le climat est marqué par des périodes de
sécheresses assez fréquentes durant ces décennies
auxquelles viennent se greffer des pressions agricoles, pastorales et
forestières résultantes d'une démographie galopante
(Hama., 2005). En effet, de 1988 à 2001, la population du Niger est
passée de 7.251.626 habitants à 11.060.291habitants, mettant
ainsi en évidence la persistance du taux annuel moyen de l'accroissement
démographique à un niveau toujours élevé : 3,3% en
1988 - 2001 contre 3,4% en 1977-1988 ( 3° RGP/H., 2001).
Les formations végétales sahéliennes en
générale et celles du Niger en particulier évoluent dans
des conditions écologiques très difficiles faisant
disparaître aujourd'hui certaines espèces (Yahaya., 2002). Le
rythme de déboisement est 550 km2/an pour un reboisement de
150 km2/an (Laminou., 2003). L'une des plus importantes causes est
la dégradation des terres de cultures desquelles dépend la survie
d'une population constituée essentiellement d'agro pasteurs (Sani.,
2005). Selon la FAO (2001) in Laminou. (2003), 2500 km2 de terres
sont perdues chaque année au Niger à cause de la
désertification et, si cette tendance se maintient, il n'y aura plus de
forêt au Niger à l'horizon 2015. Plusieurs techniques de lutte
contre la désertification ont été
développées et vulgarisées au Niger par les projets de
développement,
les services techniques de l'environnement (FAO., 2002) pour
restaurer ou parfois améliorer le potentiel écologique des terres
dégradées. De Gouré (Est de Zinder) à Mainé
Soroa (Sudouest de Diffa), la principale technique utilisée pour fixer
les dunes vives et pallier ainsi au déplacement de sable tout en
restaurant le potentiel écologique consiste en l'association de
procédés mécaniques (mise en place de clayonnage à
base de branchages de Leptadenia pyrotechnica et Calotropis
procera, parfois de rachis d'Hyphæne thebaïca, et des
tiges de mil) et biologique (plantation d'arbres et semis d'herbacées).
L'évaluation de l'efficacité des brise-vent dans un contexte de
prévention de l'érosion éolienne a été faite
par Michels. (1994) en condition réelle dans l'Ouest du Niger et par
Cornelis et al. (2000) et par Woodruff et Zing. (1955) en condition
contrôlée de tunnel à vent in Tidjani et al.
(2007).
Le département de Gouré compris entre les
isohyètes 150 mm et 400 mm est entièrement soumis au climat
sahelo-saharien. L'agriculture, l'élevage et le commerce constituent les
principaux activités économiques de la population,
pratiquées de façons traditionnelles (Monographie de Goure.,
1997). Il faut noter que dans cette région, l'agriculture pluviale et
les cultures maraîchères assurent la près que
totalité de la production céréalière. Les cultures
maraîchères pratiquées dans les cuvettes assurent un niveau
minimal de production moins sensible aux fluctuations de la pluviométrie
que les cultures pluviales. Elles constituent la source de revenu principal
pour les agriculteurs de la région (Barké., 2004). Le niveau de
sécurité alimentaire en céréale dépend
essentiellement de la pluviométrie et de la recharge des eaux de nappe
(SDA de Gouré., 2006). Mais, malheureusement ces cuvettes et terres sont
menacées de salinité et d'ensablement conduisant leurs
disparitions progressives. D'après le service de l'agriculture, le
nombre des cuvettes exploitées de Gouré est passé de 900
en 1977 à 318 aujourd'hui ; soit une disparition de 64% des cuvettes ont
disparu.
Il apparaît en définitive important de
réfléchir sur les stratégies de lutte contre
l'érosion éolienne. C'est dans ce cadre qu'un Projet Inter
universitaire Ciblé (PIC) dont le volet recherche sur l'ensablement des
cuvettes de Gouré (REC-Gouré) financé par la Belgique est
entrain de mener des recherches approfondies de façon pluridisciplinaire
sur la problématique de l'ensablement des cuvettes du département
de Gouré où ce phénomène a commencé prendre
une ampleur exponentielle. Ce projet s'intéresse au problème
d'ensablement des cuvettes du département et ses conséquences sur
l'exploitation économique des cuvettes. Il implique des chercheurs de
l'université de Niamey et ceux des universités soeurs
francophones de la Belgique (université de Liège,
université catholique de Louvain et la faculté universitaire des
sciences agronomiques de Gembloux) où deux (2) doctorants sont en phases
de finition de leurs recherches en thèse. Parmi les nombreuses
thématiques traitées
dans ce cadre s'inscrit le présent thème
intitulé:<<Impacts des brise- vent mécaniques
installés sur une dune vive de Tchago (département de
Gouré) sur les flux des sédiments éoliens et le retour de
la végétation herbacée>>. Les objectifs globaux
de ce travail sont : 1-Suivre l'impact de la palissade exposée au vent
dominant sur les flux de sédiments éoliens observés en
période d'harmattan ;
2-étudier au cours du temps qualitativement et
quantitativement l'évolution des herbacées sur le site
récupéré.
Le présent travail est structuré en trois (3)
grandes parties qui se présent dans l'ordre suivant : 1-la
généralité sur la zone d'étude ;
2-l'étude Expérimentale et;
3- les principaux résultats suivis d'une conclusion
générale et recommandation.
3
CHAPITRE I .Caractères généraux de
la zone d'étude
1.1. Localisation de Gouré
Le département de Gouré est situé
à 162 km de Zinder et à 1.052 km de la capital Niamey sur la RN
N°1. Il est compris entre les longitudes 9° 20' et 12° Est et
les latitudes 13° et 17°30' Nord. Avec une superficie de 89. 404
km2, ce département occupe 61,16% de l'espace
géographique total de la région de Zinder (Monographie de
Gouré ., 1997).
L'atlas pour la planification du département de
Gouré montre, qu'il est limité au Nord par le département
de Bilma, au Sud par le département de Magaria et la république
fédérale du Nigeria, à l'Est par les départements
de Mainé Soroa et de N'Guigmi et enfin, par les départements de
Mirriah et de Tanout à l'Ouest (Figure 1).
Figure1 : Localisation de la zone de
Gouré (Lawandi., 2007)
5
1.2. Situation administrative
Le département de Gouré comprend un poste
administratif qui est celui de Tesker, quatre (4) canton qui sont :
Bouné, Gamou, Gouré et Kellé, un secteur (Alakoss) et dix
(10) groupements nomades. Tous les cantons sont concentrés dans la bande
Sud dudit département et la partie Nord, quasiment inaccessible est pour
une grande proportion défavorable au développement des ressources
naturelles (Boutari., 2004) (tableau1).
Tableau 1:Découpage administratif du
département de Gouré
Entités
|
Cantons
|
Superficie
|
%
|
Nombre de village
|
Département de Gouré
|
|
98.000
|
100
|
645
|
Poste administratif de Tesker
|
|
75.441
|
76,98
|
136
|
Secteur Alakoss
|
|
3.411
|
3,48
|
40
|
|
Bouné
|
5.420
|
5,53
|
176
|
|
Gouré
|
5.919
|
6,04
|
156
|
|
Gamou
|
451
|
0,46
|
30
|
|
Kellé
|
7.359
|
7,51
|
107
|
Source : SDAP/Gouré
1. 3. Milieu Biophysique
1. 3 .1. Climat
Le climat est de type sahélien avec une longue saison
sèche (8 à 9 mois) suivi d'une courte saison de pluies (3
à 4 mois). La pluviométrie moyenne annuelle varie avec les types
climatiques (tableau 2) ainsi, elle est de 200 mm dans la partie
désertique saharienne, 200-400 mm dans la partie
sahélo-saharienne et 400 mm dans la partie sahélienne avec
respectivement des températures supérieures à 30° et
une amplitude thermique supérieure à 15°.
7
Tableau 2 : caractéristiques climatiques
de Gouré
Type de climat
|
Pluviométrie moyenne
annuelle (mm)
|
Température moyenne
annuelle (degré)
|
Amplitude thermique (degré)
|
Désertique saharien
|
200
|
27,5-29
|
10-20
|
Sahélo saharien
|
200-400
|
25
|
10-15
|
Sahélien
|
400
|
28-31,5
|
5-10
|
Source : SDM/Gouré
La moyenne annuelle des précipitations est de 327 mm
avec un cumul de 318 mm en 2005 et 202 mm en 2006. Les températures de
la zone connaissent également des variations selon les saisons. On
trouve les minimales entre le mois de décembre à février
et les maximales entre le mois d'avril à juin. Le régime
éolien est caractérisé par les vents d'harmattan violents
qui soufflent d'Est en Ouest et du Nord au Sud et la mousson qui souffle du
Sud-est et du Sudouest. La vitesse moyenne annuelle la plus
élevée est enregistrée en 1984 (4,99 m/s) et la plus
faible est enregistrée en 1990 (2,97 m/s). Cette variation de vitesse
résulte de l'alternance entre les périodes pluvieuses et celles
de sécheresses avec son cortège d'assèchement du sol et de
sa végétation.
1. 3. 2. Relief
Le relief du département de Gouré se
caractérise par la présence de plaines et de plateaux d'altitudes
variant entre 329 m (à l'Est de Kellé) à 710 m (au
Nord-est du massif de Termit). Dans son ensemble le relief se présente
comme une chaîne sableuse entrecoupée de plateaux et de cuvettes.
Cette sous-région comprend les types suivants :
- Les Moyens plateaux : Ils se
répartissent dans le Sud et le Nord du département de
Gouré. Dans l'externe Nord-est on rencontre le massif de Termit
allongé sur une distance de 171 km. Il s'étend de la
vallée de Diffa au Nord-est de Tesker à la frontière
Gouré-Bilma sur une largeur moyenne de 31 km d' Est-ouest avec une
altitude de 710 m. Au Sud dans le Mounio on y rencontre des formes plus ou
moins arrondies sur une largeur moyenne de 34 km, avec une altitude de 534 m.
Enfin dans le Koutous, on trouve des plateaux sur une
distance de 85 km d'Est en Ouest avec une largeur moyenne de
57 km présentant une altitude de 517 m.
- Les Bas plateaux (400 à 500 m). Ils
occupent près de la moitié du département en dehors de la
bande Sud et les hauts plateaux de Koutous. Les bas plateaux s'étendent
sur une superficie d'environ 40.500 km2 soit 45,3% de l'espace
sous-régional. Leurs altitudes variant de 359 m (de Gouré aux
hauts plateaux de Mounio à 492 m à l'extrême Nord du
secteur d'Alakoss).
- Les Basses plaines avec mares et cuvettes :
Elles occupent toute la bande Sud du département. Elles sont
situées entre 11° et 12° de longitude Est, et couvrent environ
200 Km2. Le relief subit une dégradation lente due à
des mouvements de sable et ou les variations du climat des saisons, changements
de températures et des vents violents. Il y a à ce niveau sous le
phénomène de triage du vent, une possibilité d'obtenir des
gravillons pour les besoins des travaux de construction
généralement dans les alentours de Gamou. Les altitudes du relief
prouvent que le département présente une pente qui descend du
Nord (zone de dune et plateaux) vers le Sud (Zone de mares et cuvettes). Les
localités de hautes altitudes favorisent le ravinement par la
création de talwegs. Les hauts plateaux diminuent les superficies
agricoles.
1.3.3. Modelé et Végétation
Le département de Gouré est une zone de savane
arbustive avec prédominance de Leptadenia pyrotechnica et des
Acacias sp. En fonction de la géomorphologie du terrain, le
gradian de végétation se caractérise par des
espèces suivantes (tableau 3).
Tableau 3 : Répartition des
espèces végétales en fonction de la
géomorphologie
Unité géomorphologique
|
Dunes
|
Bordure des cuvettes
|
Fond des cuvettes
|
|
-Leptadania pyrotechnica
|
-Acacia nilotica
|
-Hyphaene thebaica
|
|
-Pergularia tomentosa
|
-Prosopis juliflora
|
-Phoenix dactylifera
|
|
-Acacia senegal
|
|
-Adansonia digitala
|
|
-Acacia seyal
|
|
|
|
-Acacia raddiana
|
|
|
Espèces végétales
|
|
|
|
|
-Acacia nilotica
|
|
|
|
-Balanites aegyptiaca
|
|
|
|
-Faidherbia albida
|
|
|
|
-Boscia senegalensis
|
|
|
Sources : PGRN.(1997)
1.3. Sols
Dans le département de Gouré, les sols sont
généralement des matériaux d'apport par les vents et les
ruissellements des eaux de pluies. Le déplacement des particules est un
des facteurs constitutif dans le processus de leur formation
pédologique. On distingue du point de vue pédologique plusieurs
types de sols dans la zone(Monographie de Goure., 1997):
· Les sols subarides : Présent
dans la zone sahelo-saharien (Kellé, Tesker), ces sols constituent le
domaine des ergs (sable fin et grossier) où la végétation
est fortement dégradée et l'érosion éolienne
très accentuée.
· Les sols minéraux bruts : les
sols minéraux bruts se localisent dans le Mounio et le Koutous et sont
relayés au sud par les sols peu évolués.
· Les sols peu évolués :
ces sols occupent la quasi totalité de la bande sud du
département. Il s'agit de sols d'érosion localisés dans la
zone rocheuse d'altitude inférieure à 400 m.
· Les sols hydromorphes : les sols
hydromorphes se localisent à l'extrême Sud du département
et occupent une proportion très faible de la superficie totale. Cette
zone est la plus favorable à l'activité agricole du fait que ces
sols présentent une bonne capacité de rétention d'eau due
à leur texture argilo-limoneuse, associée à une bonne
fertilité et des précipitations assez importantes
supérieures à 300 mm par an (Monographie de Goure., 1997).
9
1.3.5. Faune
La faune est en perpétuelle
détérioration liée principalement à la
désertification, à la pression quasi permanente des braconniers
et de l'insécurité (SDE Gouré., 2006). Les espèces
existantes actuellement sont : Canis aucens (chacal), Fennecus
zuda (fennec), Gazella darcas (gazelle), Lepces lapensis
(lièvre), Xerus erythropus (écureuil), Varamus
sp (gueule tapée) (Boutari., 2004).
1.4. Milieu humain
1.4.1. Population
Le département de Gouré est composée
essentiellement de Kanouris (Manga ou Béribéris, Boudouma), de
Touaregs, de Toubous, d'Arabes et de Haoussa. La population est passée
de 114.980 habitants en 1977 lors du premier recensement général
de la population à 162.105 habitants lors du deuxième recensement
général de la population au Niger (RGP., 1988) (Barké.,
2004) et à 227.400 habitants en 2001 (RGP/H-2001) avec une
densité de 22% habitants /Km2 (tableau 4).
Tableau 4 : Effectif de la population du
département de Gouré et répartition selon le sexe.
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Année
|
|
56.430
|
57.668
|
114.980
|
1988
|
81.592
|
80.668
|
162.105
|
2001
|
113.412
|
113.988
|
227.400
|
|
Source : SDAP/Gouré
La répartition de la population est inégale
entre le Sud (plus peuplé) et le Nord (moins peuplé) du
département. Les cantons de: Gouré, Bouné et Kellé
ont respectivement 28,64%, 26,76% et 21,54% de la population totale du
département. L'extrême Nord, le canton de Goumou et le secteur
d'Alakoss comptent pour leur part respectivement 10,39%, 6,81%, et 5,86% de la
population totale du département (RGP., 1988) et au (RGP/H-2001), les
cantons de : Gouré, Alakoss, Bouné, Gamou, Kellé/Koutous
et Zone restante de Gouré occupent
10
respectivement : 21,85%, 6,67%, 29,23%, 6,03%, 19,79%, 10,73%,
5,7% de la population totale. La répartition de la population selon le
milieu donne les parts suivantes (tableau 5).
Tableau 5 : Répartition de la population
du département de Gouré par sexe selon les canton, zone restante
de Gouré et centre urbain de Gouré.
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Canton, zone restante, centre urbain
|
|
24.896
|
24.795
|
49.691
|
Canton de Alakoss
|
7.758
|
7.415
|
15.173
|
Canton de Bouné
|
33.105
|
33.366
|
66.471
|
Canton de Gamou
|
6.944
|
6.771
|
13.715
|
Canton de Kellé/Koutous
|
21.676
|
22.851
|
44.527
|
Zone restante
|
12.378
|
12.023
|
24.401
|
Centre urbain
|
6.655
|
6.767
|
13.422
|
|
Source : BCR/février., 2005
1.4.2. Activités Socio-économiques
Il faut préciser que la population du département
est scindée en deux groupes :
+ D'une part, on distingue les populations qui se livrent
à l'agriculture qui est la principale activité économique.
Cette agriculture demeure essentiellement pluviale néanmoins, elle est
secondée par des cultures de contre saison. L'agriculture est
pratiquée essentiellement dans la zone agricole à l'extrême
sud limitée par les isohyètes 350 mm ce sont : les Cantons de
Bouné, Gouré, Gamou, dans la moitié centre de Kellé
et la moitié Sud du secteur d'Alakoss. Ces activités agricoles se
concentrent autour des cultures:
V vivrières telles que le : mil, sorgho,
niébé, etc..;
V maraîchères (cultures de contre saison), dans
les cuvettes et au bord des mares, concernent les cultures de tomates, laitue ,
chou, oignon, pomme de terre, canne à sucre, manioc, patate douce, etc.
L'arboriculture y'est très développée. Elle concerne les
arbres fruitiers tels que les dattiers, les manguiers, les bananiers, les
citronniers, les papayers, les goyaviers (SDA de Gouré., 2004).
+ D'autre part on distingue les populations pratiquant
l'élevage dans la zone pastorale au centre comprise entre les
isohyètes 100 et 350 mm. Il s'agit principalement des nomades ou
éleveurs pasteurs. Ils sont composés des ethnies Touareg, Toubou
et Aza (RGP., 1988). Second pilier de l'économie, l'élevage
occupe une place importante dans les activités paysannes du
département de Gouré. Le cheptel est constitué (tableau 6)
des bovins, des ovins, des caprins, des Camelins, des Asins et des Equins
(RGP., 1999).
Tableau 6 : Evolution des effectifs du cheptel
(1999-2003)
Espèces
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Cameins
|
Equins
|
Asins
|
Années
|
|
201.432
|
252.965
|
312.386
|
26.961
|
7.512
|
9.585
|
2000
|
210.698
|
265.613
|
327.693
|
27.473
|
7.737
|
9.268
|
2001
|
220.390
|
278. 894
|
343.750
|
27.995
|
7.969
|
9.639
|
2002
|
254.948
|
316 2556
|
395.574
|
28.979
|
8.881
|
9.361
|
2003
|
266.675
|
332069
|
414.917
|
29.530
|
9.147
|
9.465
|
|
Source : SDA de Gouré
En se référant au tableau ci-dessus, on
constate que l'effectif du cheptel n'a pas connu un croît très
significatif depuis des années. On assiste à une diminution
d'effectif ; cela peut être probablement dû à la diminution
de la pluviométrie et aux feux de brousse répétitifs qui
émaillent la zones depuis des années. Ce pourquoi des campagnes
de sensibilisation sont organisées par les agents techniques de
l'agriculture, de l'élevage et de l'environnement dans les villages et
les marchés hebdomadaires pour montrer au population l'enjeu du feu sur
les airs de pâturages.
1.4.3. Commerce et Artisanat
Le commerce représente également un secteur
d'activité dans la zone. Le département de Gouré est
doté de trente deux (32) marchés ruraux dont six (6) principaux
parmi les quels quatre (4) sont mixtes (Gouré, Guidiguir, Kazoe et
Soubdou) et deux (2) à bétail (Boultoum et Kiringuim)
(Barké., 2004). Les activités commerciales dans ces
marchés constituent des
12
sources de revenu pour les populations du département
permettant à la municipalité de la zone de s'épanouir. Les
femmes s'intéressent plus à l'artisanat puisqu'elles fabriquent
des : vans, nattes, et tamis (Boutari., 2004). Enfin, on peut préciser
parmi les activités commerciales l'extraction du natron et du sel dans
les cuvettes. Ces produits procurent de revenus importants aux populations
responsables de ces cuvettes.
1.5 .Ressources Naturelles
Le département de Gouré renferme aussi
plusieurs potentialités sylvicoles à savoir dix neuf (19)
forêts classées dont sept (7) Gommeraies et plusieurs blocs
forestiers, dont la plupart exploités par des comités de gestion
au sein des marchés ruraux de bois (SDE de Gouré., 2007).
Cependant, le spectre de la désertification et le croît
démographique qui menace la moitié de la superficie du
département risquerait d'entraîner la perte des ligneux, limitant
ainsi leurs exploitations.
1.6. Répartition de la végétation
herbacée
Dans le département de Gouré, la
végétation herbacée est constituée essentiellement
des Graminées. Ainsi, en fonction de la géomorphologie du
terrain, le gradian d'herbacée on retrouve des espèces qui se
repartissent comme suit (SDA de Gouré., 2007) :
1' Sur les collines, on note les
espèces suivantes : Indigofera sp, Pennisetum sp, Trubulus
terrestris ;
1' Sur les sols dunaires: Cenchrus sp,
Aristida sp, Schoenefeldia gracilis, Dactyloctenium aegyptium, Eragrostis sp,
Alysicarpus ovalifolius, Zornia glochidiata ;
1' Dans les cuvettes : Dactyloctenium
aegyptium, Cenchrus sp, Indigofera sp ;
1' Sur les sols sablo argileux des bas-fonds
: Aristida sp, Indigofera sp, Sida cordifolia, Senna obtuscifolia.
Il y a eu quelques épandages de Cenchrus buflorus
en 2002 dans le cadre du PCLCP(Programme Cadre de Lutte
Contre la Pauvreté) à Bouné pour lutter contre la
progression et envahissement des terres agricoles et pastorales par
Pergularia tomentosa sur dix (10) ha. En effet ces
herbacées (Pergularia tomentosa et Sida cordifolia) peuvent
être source de maladies comme la diarrhée, ou toxique pour les
animaux.
1.7. Typologie des ressources pastorales
Selon le PGRN. (1997) et confirmé par le responsable
du service d'élevage de Gouré (2007), on distingue trois (3)
types de ressources fourragères dans le département de
Gouré : le pâturage arboré et arbustif, le pâturage
herbacé et les sous-produits de l'agriculture.
· Le Pâturage arboré et
arbustif : le fourrage est généralement composé
de feuilles des ligneux dont les principales espèces sont : Acacia
spp, Balanites aegyptiaca, Tamarindus indica, Ziziphus mauritiana, etc. Ce
type de pâturage est généralement utilisé par les
dromadaires et les caprins.
· Le pâturage herbacé : le
tapis herbacé est composé d'espèces annuelles dont :
Cenchrus biflorus, Aristida mutabili, Eragrostis tremula, Andropogon
gayanus, Schoenofeldia gracilis qui se dessèchent et
disparaissent totalement vers les mois de Mai et Juin à la suite de
surpâturages, des piétinements des animaux et des feux de brousse
(Sani.,2005).
· Les sous produits agricoles : sont
composés de tiges de céréales (mil, sorgho) de fanes de
légumineuses (niébé, arachide). Ce fourrage est surtout
disponible en fin de récoltes et est très appété
par les animaux. Ce type de fourrage est abondant surtout en zone agricole
notamment dans les cantons de : Bouné, Gouré, Sud Gamou, Sud
Kellé et Sud du secteur Alakoss (PGRN., 1997).
Conclusion partielle
Dans le département de Gouré, l'agriculture et
l'élevage sont les principales activités de la population. Ce
dernier possède d'importantes cuvettes dans lesquelles sont
pratiquées l'arboriculture et les cultures irriguées.
Malheureusement, les pratiques agropastorales, associées aux conditions
climatiques défavorables et à la croissance de la population,
peuvent avoir des effets induits renforçant l'érosion
éolienne suite à la destruction du couvert végétal
et désagrégation du sol. L'Etat, les projets et les ONG
intervenant dans la zone doivent continuer à élaborer un vaste
programme de lutte contre l'ensablement afin de bien sécuriser les
terres agricoles, pastorales et les cuvettes menacées.
14
CHAPITRE II. Processus et dynamique de l'ensablement
à GOURE.
2 .1. Définition et facteurs de
l'ensablement
On parle d'ensablement lorsque les vents ou les eaux
transportent les grains de sable qui vont s'accumuler quelque part au bord d'un
cours d'eau, sur des terres cultivées ou incultes (FAO., 1988). Sous
l'action du vent, les accumulations sableuses s'amoncèlent et forment
des dunes. Ces dunes sableuses occasionnent en se déplaçant :
V L'ensablement des terres de cultures, des points d'eau et des
infrastructures; V la réduction des surfaces cultivées et
cultivables ;
V la baisse de la production agro-sylvo pastorale ;
V l'exode et le déplacement des villages sous la pression
des dunes mouvantes.
2.2. Généralité sur
l'érosion éolienne
Les vents sont des masses d'air en déplacement. Ces
masses d'air se déplacent en fonction de multiples circonstances
liées essentiellement aux variations de températures et pressions
atmosphériques.
L'érosion éolienne est conditionnée par:
V Des sols de texture grossière ;
V un relief assez plat, sur des grandes étendues et
dépourvus de végétation ;
V un climat sec à longue saison sèche qui
provoque la dessiccation de la végétation, le dessèchement
profond du sol, le tout se répercutant sur la disparition de la
végétation herbacée qui protège le sol.
Lorsque toutes ces conditions sont réunies, on dit que le
milieu est sensible à l'érosion éolienne (Ambouta.,
2005).
2.2.1. Causes et mécanismes de l'érosion
éolienne
L'érosion désigne un processus de
détachement et de transport de particules du sol. Dans le cas de
l'érosion éolienne, l'agent causal est le vent (Ambouta.,
2005).
2.2.1.1. Vent
Le déplacement des particules est lié à
leur masse et leur densité. La force qui s'exerce est l'intensité
du vent (Ambouta., 2005).
2.2.1.2 Intensité du vent
La vitesse du vent représente le principal facteur de
l'érosion éolienne. Le vent joue un rôle majeur dans le tri
et la distribution latérale des constituants de la surface du sol. C'est
sa vitesse qui détermine pour une taille de particule donnée
l'arrachement, le transport ou dépôt (Casenave et al.,
1989). Cette vitesse est nulle au contact même du sol et croit
progressivement lorsqu'on s'en éloigne. La variation de vitesse la plus
importante s'observe dans les premiers centimètres au-dessus de la
surface (F.A.O., 1988).
2.2.1.3. Dimensions et mouvements des particules
En règle générale, ce sont les
particules de diamètre d'environ 0,1 mm qui sont les plus sensibles aux
vents. Pour les particules de taille supérieure, il faut des vents
violents pour qu'elles soient transportées. La taille des particules
influence leurs mouvements à la surface du sol. C'est ainsi que :
'/Les grosses particules subissent la reptation c'est- à
- dire qu'elles roulent à la surface du sol;
'/Les moyennes particules subissent la saltation c'est à
dire qu `elles avancent par bond successif ;
'/Les fines particules quant à elles se
déplacent dans l'air par suspension sous forme de poussières. Le
mouvement global de ces particules est le siège d'interactions dont
l'effet d'avalanche.
2.2.1.4. Manifestation de l'érosion
éolienne
Au sahel, deux types de vents dominants sont à
l'origine de l'érosion éolienne (Casenave et al., 1989).
L'un soufflant du Nord-est à l'Est correspondant à l'harmattan,
de Novembre à Avril ; l'autre soufflant du Sud-ouest à l'Ouest
traduit le passage du flux d'air humide de la mousson de Mai à Octobre
(Mounkaïla., 2002).
Lorsque le vent agit sur la surface du sol, on observe alors
un certain nombre de manifestations qui se résument par l'arrachement ou
la déflation, le transport et le dépôt de particules
(Bagnold in Yahaya A., 2002).
· La déflation : c'est le
balayage le plus souvent des particules du sol par le vent. Ce balayage se fait
lorsque ces particules sont meubles et émiettées. Au fur et
à mesure que s'effectue la déflation, on observe à la
surface du sol l'apparition d'éléments grossiers résultant
du transport des particules plus fines qui recouvraient le sol avec comme
conséquence :
16
'/Les roches qui sont mises à nues ;
'/ Et la dégradation des cuvettes par dépôt
des sédiments (Ambouta., 2005).
Le tableau 7 donne les différents stades de
dégradation du sol. Il ressort de l'analyse de ce tableau que les stades
de dégradation sévère et très sévère
sont les stades critiques. Ils s'accompagnent de pertes de terres qui varient
de 50 à plus de 60%.
Tableau 7: Différents stades de
dégradation
Stade de dégradation
|
Perte de productivité
|
Caractérisation
|
Légère
|
(10)-15%
|
Facilement réversible en
adaptant les pratiques
agronomiques
|
Modérée
|
20-33%
|
Réversible grâce à des
changements améliorateurs à l'échelle de
l'exploitation
|
Sévère
|
50-66%
|
Difficilement réversible,
nécessite de travaux majeurs au coût
élevé
|
Très sévère
|
>66%
|
Irréversible
|
|
Source : Dregne et Chou (1992) tiré
de l'étude sur la lutte contre la désertification dans les Projet
de développement-CSFD/AFD-2001-p 14.
· La corrasion : c'est aussi l'une des
manifestations de l'érosion éolienne sur un matériau
consolidé sous l'effet d'un vent chargé en particule de sable.
C'est un phénomène important qu'on rencontre dans le
désert. On retrouve ainsi les blocs de rocher en champignon
façonnés par l'impact des particules (Ambouta., 2005).
· L'abrasion : Les particules du sol
qui sont projetées dans l'air suite aux vents violents causent des
blessures sur les feuilles et les tiges des végétaux. L'action
abrasive du vent est plus dangereuse sur la végétation
herbacée en particulier sur les cultures quand le vent avance par
saccades et par tourbillons. Les arbres peuvent prendre une forme en «
drapeau » caractéristique et le bois peut subir des profondes
altérations.
Dans les zones de prélèvement, les racines sont
déchaussées. Et les plantes sont parfois déracinées
tandis que dans les zones de dépôt, elles sont ensevelies sous le
sable. Les jeunes pousses sont aussi étouffées (Yahaya., 2002).
Les vents augmentent l'évapotranspiration (Mariama., 2004). A cette
évapotranspiration intense en saison sèche, s'ajoute une
diminution de la capacité de rétention en eau dans le sol. Il
s'ensuit alors un déficit de saturation désastreux pour la
production agricole (Yahaya., 2002).
2.2.2. Nature et état de la
végétation
La nature de la végétation est un facteur qui
conditionne l'érosion éolienne. La végétation
maintient la cohésion de la couche superficielle et permet aussi de
retenir les particules du sol par les racines. Donc, la
végétation s'oppose à l'effet d'avalanche et constitue la
meilleure protection contre l'érosion éolienne.
En zone tropicale sèche :
'/La végétation spontanée est
particulièrement herbacée, rabougrie et clairsemée ;
'/la végétation ligneuse est rare, quand elle
existe, elle est constituée de steppe et de savane ;
'/la végétation cultivée dans les champs
est quasiment pâturée par les animaux. Ces derniers créent
par piétinement, l'émiettement du sol et le laissent sensible
à l'érosion éolienne.
En définitive, en zone tropicale sèche le sol
est soumis pendant une longue période de l'année aux vents
violents notamment de l'harmattan et de la mousson (Ambouta., 2005).
2.2.3. Nature et état du sol
La nature et l'état du sol sont aussi des causes qui
favorisent la mise en place de l'érosion éolienne:
· La structure du sol : le
caractère meuble du sol favorise le détachement des particules
par le vent ;
· La texture du sol : les sols sableux
sont les plus sensibles à l'érosion éolienne. Si on ajoute
de l'argile et de la matière organique au sol sableux il devient
résistant (Ambouta., 2005) ;
· L'humidité :
l'érodibilité d'un sol décroît en fonction
de l'augmentation de son humidité. Au contraire, une absence
d'humidité, en l'occurrence un sol sec favorise l'action du vent
(Yahaya., 2002).
18
2.2. 4. Formations sableuses
Lorsque le vent s'affaiblit et perd sa vitesse
d'entraînement du sable celui-ci se dépose. La forme des
dépôts ou accumulations sableuses est très complexe, non
seulement, en raison de la structure du courant éolien, mais aussi de la
nature de la surface du sol, de la topographie, de la végétation
et de la dimension des graines de sables (FAO .,1988). Ainsi, on distingue :
· Voile éolien : C'est un
saupoudrage diffus de particules sableuses à la surface du sol. (FAO.,
1988) ;
· Nebka : C'est surtout des buttes de
sables au pied des arbustes (Ambouta., 2005) ;
· Barkhane : C'est une dune en forme de
croissant dont le versant convexe est au vent (FAO., 1988) ;
· Dunes linéaires ou Sif : une dune
linéaire ou Sif du mot arabe saff (sable) est un édifice
allongé, étroit, de forme étirée sur toute sa
longueur (FAO., 1988) ;
· Dunes en pyramides ou « ghourd
» : Ce sont des collines de sable souvent en forme de pyramides
étoilées avec trois ou plusieurs bras s'étalant à
partir du sommet (FAO., 1988) ;
· Aklè : C'est un dense assemblage
de dunes qui se tassent et tendent à grimper l'une sur le dos de la
précédente (FAO., 1988) ;
· Dune parabolique : C'est une dune
dissymétrique en forme de fer à cheval à concavité
au vent plus ou moins fixée par la végétation (FAO., 1988)
;
· Cordons longitudinaux ou sandridge : Les
cordons allongés ou « Sandridges » sont de larges
édifices sableux longitudinaux, séparés par des couloirs
de déflation (FAO., 1988).
2. 2.5. Conséquences de l'ensablement
Dans le département de Gouré, l'ensablement est
en train de devenir un problème qui prend chaque jour de l'ampleur. Dans
cette partie du Niger, il faut noter que le désir de satisfaire les
besoins en terres pour l'agriculture, le pâturage et la quête du
bois de chauffe a provoqué une réduction considérable du
couvert végétal. Ceci a fragilisé
l'écosystème et a provoqué la formation des accumulations
sableuses ou édifices sableux sur les terres agricoles, les voies de
communication et autres infrastructures Socio-économique. Trois
principales conséquences néfastes de ce phénomène
sont à révéler. Il s'agit des pertes terres, la baisse en
ressources hydriques et le déplacement des villages sous la pression des
dunes mouvantes (Barké., 2004).
Dans cette localité, plusieurs techniques sont
utilisées actuellement pour lutter contre ce phénomène
d'ensablement. Ces techniques se rapportent à deux grands
procédés de lutte: la lutte mécanique et la lutte
biologique.
2.6. Techniques de lutte contre l'ensablement des
infrastructures socio-économiques dans le département de
Gouré.
2.6.1. Fixation mécanique
La fixation mécanique permet soit de stabiliser par des
moyens mécaniques, les dunes sableuses en mouvement quand elles menacent
des installations humaines et des infrastructures, soit d'empêcher la
formation de ces dunes sableuses (F.A.O., 1988).
Deux types de techniques ont été adoptés
:
V La fixation mécanique par clayonnage (Photo 1) sur les
dunes de sable en mouvement ; V et la fixation mécanique sans clayonnage
sur les nappes sableuses ou voile éolien.
Photo 1 : Exemple de fixation mécanique
par clayonnage sur le site de Worro. a. Normes techniques
Pour ériger les palissades, on tient compte du
degré de menace des dunes et de la direction des vents dominants et
forts. On creuse des tranchées d'environ 50 à 60 cm de profondeur
et 30 à 40 cm de largeur comme l'illustrent les photos ci-dessous.
20
Photos 2 : Mise en place des tranchées de
fixation mécanique sur le site de Worro.
b. Choix du matériel de fixation.
Selon les zones d'intervention et la disponibilité du
matériel de fixation, on utilise soit les branches de Leptania
pyrotechnica (cas de Tchago, Worro, Gouré, Boula Djimma,
Koublé) soit de rachis de doumiers (cas de Kalguéri).
c. Coupe et transport du matériel végétal
La coupe doit être faite de façon sélective pour ne pas
créer des préjudices à l'espèce. A cet
effet, on utilise généralement les coupe-coupe et
machettes.
Le transport se fait notamment par les camions
communément appelés " langué-langué"
à raison de 3000-4000 F CFA et par des charrettes en raison 1500-2000 F
CFA le voyage. Le tableau 8 indique le coût du matériel d'une
fixation mécanique par clayonnage à l'ha avec les coûts de
matériel pour les premiers travaux qui s'élève à
660.000 F CFA/ha.
22
Tableau 8 : Devis estimatif des travaux de
fixation mécanique (volet Matériels des travaux de Fixation
mécanique) de dune d'un site d'un (1) ha situé à 55 Km de
Gouré (Koublen Doki).
Désignation
|
Activités
Achat Matériels
|
Montants en FCFA
|
|
- 10 Jalons X 7.000 F =
|
|
|
- 20 Pelles X 6.000 F =
|
70.000 F
|
|
- 20 Houes X 3.500 F =
|
120.000 F
|
|
- 25 Hachettes coupe matériaux
|
70.000 F
|
|
- 25 X 2.500 =
|
|
|
- 1 corde cisaille (100m) X 25.000=
- 2 rubans (50 m) X 12.000 =
|
62.500 F
|
Volets matériels, transport et
|
- 25 paires de gants X 4.500 F =
|
25.000 F
|
Et déplacement pour les travaux
|
- 20 coupe-coupe =
|
24.000 F
|
de fixation mécanique
|
- 2 bidons d'eau (50 l) X 3000 =
|
112.500 F
|
|
- 1 boîte à pharmacie FF =
|
100.000 F
|
|
carburant transport matériel
|
6.000 F
|
|
- 0,25 X 60 km X 700F/l x 2 =
déplacement agents transport
|
35.000 F
|
|
- 10.000 X 1j =
|
21.000 F
|
|
Déplacement chauffeur
|
|
|
- 4.000 X 1 j =
|
10.000 F
|
|
|
4.000 F
|
|
Total =
|
660.000 F
|
Source : SDE/Gouré 2007
2.6.1.1. Fixation mécanique par clayonnage.
Cette technique est réalisée quand le vent
souffle dans plusieurs directions et lorsque la zone à protéger
est menacée par les dunes de type Barkhanique. Les palissades sont
disposées sous forme d'une claie périmétrale
fractionnée par plusieurs claies internes donnant une disposition en
casier appelé le clayonnage. Les dimensions des casiers sont
généralement de 30 x 20 (soit 30 m de longueur et 20 m de
largeur). Le dispositif est placé perpendiculairement à la
direction du vent dominant. Les villages, de Tchago, Worro, Gouré, Boula
Djimma, Koublen Doki et Kalguéri ont été concernés
par cette technique.
2.6.1.2. Fixation mécanique sans clayonnage
Cette technique est réalisée lorsque le
degré d'ensablement est moins fort, comme le cas des voiles
éoliens ou carrément lorsqu'on est confronté à une
insuffisance de matériel végétal de fixation
(Djibrilou., 2006). Dans ce cas, une simple claie périmètrale est
disposée sur la
superficie à protéger. Les normes de disposition
des claies dépendent de la superficie du site. Les sites de fixation des
corps de jeunes à Tchago et à Worro en sont des examples.
2.6.1.3. Fixation mécanique par Paillage ou
Mulching.
La technique du paillage ou mulching consiste à
recouvrir la surface du sol d'une couche protectrice aussi uniforme que
possible pour supprimer l'action du vent sur le sol et empêcher le
phénomène de saltation. Tout produit susceptible de remplir cette
fonction peut être utilisé (F.A.O., 1988). Dans le cas
spécifique de Gouré, cette technique a été
réalisée sur de petites superficies notamment à Koublen
Doki. Elle consistait à ramasser les détritus ménagers et
de la paille de Cenchrus biflorus, Pennisetum sp, Andropogon
gayanus , Cympobogon gayanus et de rachis d'Hyphæne
thebaïca (Photo 3) que l'on épande dans les claies. Le tableau
9 montre le devis estimatif des travaux de fixation mécanique par
clayonnage (volet Stabilisation mécanique) de dune pour un cite d'un (1)
ha qui s'élève à 1.479.000 F CFA.
Photo 3 : Exemple de fixation mécanique
par mulching à base de rachis d'Hyphæne
thebaïca à Kalguéri.
Tableau 9 : Devis estimatif des travaux de
fixation mécanique(volet Stabilisation mécanique) de dune d'un
site d'un (1) ha situé à 55 Km de Gouré (Koublen Doki).
Désignation
|
Activités
|
Montant en FCFA
|
|
Délimitation du site
|
|
|
- Coupe piquets /piquetage
|
|
|
200 P x 25 F x 2 pers =
|
10.000 F
|
|
- Piquetage Mailles (20 m x 10m)
|
|
|
500 mailles x 4 piquets x 50 F =
|
100.000 F
|
|
-Fixation mécanique
|
|
|
Pause claies externe et Internes
|
|
Volet Stabilisation mécanique
par clayonnage.
|
1700 ml/ha x 1 ha =1.700 ML
|
|
|
Main d'oeuvre pause claies
|
|
|
70 F/ml X 1700 ml =
|
119.000 F
|
|
70 ml/1 voyage par camion=250
|
|
|
VOY/ha
coût transport matériaux
|
|
|
(Leptadenia pyrotechnica)
|
|
|
5000 F/voyage X 250 voyages =
|
1.250.000 F
|
|
Total
|
1.479.000 F
|
Source : SDE/Gouré., 2007
2.6.2. Fixation biologique
Après que les dunes aient été fixées
mécaniquement par l'un des procédés
précédemment
décrits, il devient possible de les fixer de
façon définitive. Cette opération ne peut être
réalisée que par l'installation d'une végétation
annuelle et pérenne. Celles-ci ne risque plus, en effet, d'être
détruites par des déplacements de sable qui auraient pu
déchausser les racines des plants ou détériorer leur
partie aérienne par l'effet abrasif.
Il peut devenir possible, par la suite, de faire participer les
dunes ainsi recouvertes, à la satisfaction des besoins en produits
sylvo-pastoraux des populations rurales (FAO., 1988).
Au niveau de la zone d'étude, il a été
distingué trois techniques de fixation biologique:
V La fixation biologique mono- spécifique ;
V la fixation biologique pluri-spécifique ;
24
V et la fixation biologique par ensemencement
d'herbacées.
a. Choix des espèces et normes techniques de
plantation
La répartition des plantes se fait selon les
espèces ligneuses et l'unité et le modelé de la dune.
Ainsi pour le cas de :
Vd'Euphorbia balsamifera : il a
été adopté l'écartement de 1m x 1m le long des
palissades périmétrales avec usage des grosses boutures de
diamètre 3 à 4 cm et de longueur 0,5 à 1m. La profondeur
doit avoisiner 25 à 30 cm et la plantation se fait en avril-mai. Cette
période est favorable à la régénération des
boutures à cause des vents de mousson ou des premières gouttes de
pluie qui participent à l'abaissement des températures
élevées des dunes.
'/de Prosopis sp : il est
adopté l'écartement de 3 m x 3 m le long des palissades
périmétrales. Les espèces utilisées pour la
plantation sont Prosopis chilensis et Prosopis Juliflora. Les
deux espèces sont plantées autour des palissades externes car
ayant une croissance rapide. A l'intérieur des claies les espèces
utilisées peuvent changer à cause de leur rythme de croissance
lent mais bien adapté au déchaussement et à la
sécheresse. IL s'agit de: Acacia senegal, Acacia raddiana, Balanites
aegyptiaca, Bauhinia rufescens. S'agissant de ces espèces, les
écartements adoptés varient de 3 m x 3 m à 3 m x 4 m entre
les plants et les lignes des plants.
Avant la plantation, on procède à un piquetage
des dunes qui consiste à aligner les plants conformément aux
normes techniques citées plus haut. Ensuite, vient la plantation qui se
fait simultanément avec la trouaison, de peur que ceux-ci ne soient
ensevelis par le vent de sable ou qu'ils ne dessèchent à cause de
l'évapotranspiration élevée dans la zone.
Généralement, on fait des trous de 20 cm de diamètre et 50
cm de profondeur.
b. Choix des espèces et normes techniques de
semis d'herbacées
On procède aussi à l'ensemencement des
herbacées ou épandage des graines des herbacées. On peut
noter par exemple : Cenchrus biflorus, Andropognon gayanus, Cymbopogon
gayanus, ...etc. Cette technique ce fait généralement au
début de la saison pluvieuse avant ou après la plantation des
arbres. Ces graines sont semées à la volet dans les casiers. Les
paysans apprécient beaucoup cette technique car l'herbe leur servent de
nourrir leurs animaux à la fin de la saison pluvieuse.
2.6.2.1. Fixation biologique mono spécifique
Elle consiste à planter une seule espèce
ligneuse dans un site de fixation. L'espèce la plus utilisée est
Prosopis chilensis. A défaut de celle-ci, on peut aussi
utiliser Prosopis Juliflora ou l'Euphorbia balsamifera. La
fixation réussit mieux à immobiliser le sable lorsque la
plantation est disposée en quinconce. Cette technique été
utilisée pour protéger les infrastructures
socioéconomiques du département de l'avancée des dunes.
2.6.2.2. Fixation biologique plurispécifique
Elle consiste à planter plusieurs espèces dans
le même site. Les espèces dont le rythme de croissance avoisine
celle des dunes sont plantées sur les crêtes et les flancs ;
tandis que les espèces à croissance lente et résistante
à la déflation sont plantées dans les espaces inter
dunaires (SDE de Gouré., 2007). Cette technique a été
réalisée dans la plupart des sites rencontrés (tableau 10)
qui sont les anciens sites financés par la FAO et SOS Sahel Vert dont
les superficies varient de 0,6 à 6ha.
Tableau 10 : Anciens cites de fixation
financés par la FAO et SOS Sahel Vert.
Sites protéges
|
Superficie en ha
|
N'gouro guidimi
|
6
|
Tchago
|
3,5
|
Gouré
|
0,6
|
Source : SDE/Gouré., 2007.
2.6.2.3. Fixation biologique par semis direct ou bouturage
de ligneux
Bien avant l'introduction des différentes techniques,
une technique très importante était réalisée par la
population. C'est le « bisné » en haoussa. Cette
technique consiste à collecter les grains de Balanites
aegyptiaca contenues dans les déjections des animaux et autres
essences locales. Ces graines sont ensuite semées à sec à
l'approche de la saison pluvieuse sur des superficies restreintes à
protéger tels que les champs, les cuvettes et les villages. La technique
était réalisée en semis dans des poquets alignés
par les paysans surtout dans la partie Est de Gouré. Consernant les
boutures il a été effectué à Koublen Doki à
l'aide de boutures d `Euphorbia balsamifera Le tableau 11 montre le
devis estimatif des travaux de fixation biologique des dunes avec des
opérations des bouture d' Euphorbia balsamifera pour un site
d'un (1) ha qui s'élève à 591.085 F CFA/ha.
26
Tableau 11 : Devis estimatif des travaux de
fixation biologique de dunes d'un site d'un (1) ha situé à 55 Km
de Gouré (Koublen Doki).
Désignation
|
Opération Boutures d' Euphorbia
balsamifera
|
Montant en
FCFA
|
|
Périmètre 1300m x 2 lignes
|
|
|
En quinconce (1m x 1m)=2600 ml ou 2601 boutures
|
|
|
Implantation Boutures interne avec intervalles de
|
|
|
100 m soit avec lignes de 400 m en sens longueur perpendiculaire
aux vents dominants d'ou :
|
|
Volet Fixation Biologique
|
2 lignes en quinconce sur chaque 400 m . donc on a :
|
|
|
400 m x 2 x 4 lignes =3200 ml ou 3201
boutures
|
|
|
Total Bouture
|
|
|
2601 B + 3201 B = 5802 boutures
|
|
|
Coût boutures et implantation
|
|
|
5.802 B x 10 F =
|
116.040 F
|
|
Production plants
|
|
|
Achat plants (écart 3X3) + 5%
|
|
|
1 ha X 1111 plant/ha = 1.667 PLTS
coût plants 1111 + 5%
|
|
|
100 F X 1667 =
|
166.700 F
|
|
Chargement et déchargement
|
|
|
1667 plants X 5 F =
|
8.335 F
|
|
Trouaison - Plantation
|
|
|
1667 plants X 15 F =
|
25.005 F
|
|
Ensemencement andropogon
|
|
|
500 sacs X 500 F =
|
250.000 F
|
|
Transport plants
|
|
|
1667 F X 15
|
25.005 F
|
|
Total
|
591.085
|
Source : SDE/Gouré 2007
Après les opérations de fixation
(mécanique et biologique), l'entretien des claies et le gardiennage
nécessitent un suivi rigoureux dont le coût s'élève
à 548.000 F CFA pour un (1) ha (tableau 12).
Tableau 12 : Devis estimatif des travaux
d'entretien et encadrement d'un site d'un (1) ha situé à 55 Km de
Gouré (Koublen Doki).
Désignation
|
|
|
Activités
|
Montant en
FCFA
|
|
|
|
Reprise des claies tombées,
rehaussement - regarni
-Reprise des claies tombées 10%
|
|
|
|
|
De 2.440.000 F =
|
244.000 F
|
|
|
|
Rehaussement des claies sous les vents dominants 10% de
|
|
|
|
|
1.190.000 F =
|
190.000 F
|
Entretien
|
des
|
ouvrages
|
regarni (année suivante) 10%
|
|
(claies)
|
|
|
= 2000 plants X 100 F =
|
200.000 F
|
|
|
|
Main d'oeuvre 2000 plants X 15 =
|
|
|
|
|
Carburants
|
30.000 F
|
|
|
|
100 km X 0,25 X 2 X 600 F =
|
|
|
|
|
|
30.000 F
|
|
|
|
Total
|
694.000 F
|
|
|
|
Encadrement des participants
|
|
|
|
|
2 encadreurs X 5.000 X 20 jrs =
|
200.000 F
|
|
|
|
2 contrôleurs (fouilles -densité
qualité des matériaux -hauteurs des claies etc.
|
|
Encadrement
|
|
|
2contrôl.. X 2000 X 20 jours =
|
80.000 F
|
|
|
|
Déplacement chauffeur SDE
|
|
|
|
|
1.500 F X 10 jrs =
|
15.000 F
|
|
|
|
Suivi DRE (2 sorties)
|
|
|
|
|
10.000 F X 2 =
déplacement chauffeur DRE
|
20.000 F
|
|
|
|
1.500 F X 2 jrs =
|
3.000 F
|
|
|
|
Carburant DRE ( 2 sorties)
|
|
|
|
|
230 km X 2 AR X 0,25 X 2 X 600
|
|
|
|
|
=
suivi SDE Gouré
|
180.000 F
|
|
|
|
5.000 F X 10 sorties =
|
50.000 F
|
|
|
|
Total
|
548.000 F
|
Source : SDE/Gouré.,2007
28
2 .7. Rideaux protecteurs ou brise-vent
Ce sont des barrières érigées
perpendiculairement à la direction des vent dominants et ceci en guise
de protection des surfaces que l'on souhaite mettre à l'abri (Ambouta.,
2005). Ils peuvent constituer des haies vives, des rideaux d'arbres, des bandes
de cultures annuelles, des claies, des murs, ...etc. (FAO., 1986). Outre leurs
rôles de protection, les brise-vent contribuent à :
V créer un microclimat favorable au développement
des cultures ;
V générer divers produits (écorce, bois,
fruits, fourrages, racines...).
Pour être efficaces, les brise-vent doivent répondre
à certaines normes techniques : V être perpendiculaires à
la direction du vent dangereux et dominant ;
V être continus pour éviter l'effet venturi
(c'est-à-dire l'augmentation de la vitesse du vent provoquée par
des brêches). La longueur des brise-vent est variable et en
générale à environ dix (10) fois à sa hauteur ;
V avoir une hauteur suffisante car, c'est celle-ci qui influence
l'étendue de la zone à protéger. L'effet d'un brise-vent
est sensible dans la zone <<sous le vent>> jusqu'à
une distance de dix (10) à vingt (20) fois sa hauteur ;
V être perméables au vent à un taux de
quarante (40-50 %) pour ne pas nuire aux cultures et plants que l'on
prétend protéger. En effet, un écran dense de
végétation crée des phénomènes de turbulence
d'air de part et d'autre de cet écran (Larwanou., 2007).
2.7.1. Quelques caractéristiques d'idiotype pour les
brise-vent.
( Facile d'établissement ; ( croissance rapide ;
V., hauteur suffisante ;
V., non caducifolié (feuilles permanentes) ;
( encombrement réduit ;
( système racinaire pivotant ; ( produits secondaires
utiles ;
( résistances aux vents et aux maladies ;
( régénération rapide après la taille
(Larwanou., 2007).
2.7.2. Densité de plantation et entretien
Les écartements de 3 m x 3 m ou 5 m x 5 m en quiconque et
en fonction de l'espèce sont conseillés.
Pour l'entretien des brise-vent, il faut :
V Protéger contre les dents du bétail en mettant la
zone en défens au moins deux (2) à trois (3) ans ;
V remplacer les plants manquants par le regarni ;
V sarcler au voisinage des lignes de brise-vent pour
éviter la concurrence des herbacées ; cette opération doit
être maintenue les trois (3) premières années ;
V élaguer régulièrement si non le brise-vent
va devenir imperméable (Ambouta., 2005).
Conclusion partielle
La présentation qui précède
révèle bien que le département de Gouré dispose
d'un potentiel riche et varié en ressources naturelles, mais fortement
menacé à l'heure actuelle. Plusieurs facteurs agissent de
manière conjointe (direct, indirect, aggravant, etc....). Parmi ceux-ci,
les plus importants sont les facteurs climatiques, et anthropiques.
L'ensablement constitue une menace pour les infrastructures
socio-économiques dans le département de Gouré.
Malgré, la pauvreté de la population, celle-ci dispose d'une
gamme variée de méthodes de gestion des dunes. Parmi ces
méthodes on peut citer, la plantation directe des ligneux et
l'épandage d'herbacées.
30
Chapitre III : Matériels et méthodes
3.1. Matériels
3.1.1. Présentation du site expérimental
La zone d'étude est située à Tchago
(10°03' et 10°04' de longitude Est et 14°02' et 14° 03'
de latitude Nord) à 23 km à vol d'oiseaux au
Nord-ouest de la ville de Gouré (Fig. 2). Le site expérimental
constituant la station principale du Projet Interuniversitaire Ciblé de
Recherche sur l'Ensablement des Cuvettes oasiennes (PIC/REC-Gouré), est
une dune vive de type voile éolien.
Figure 2 : Localisation de la zone
d'étude (Tidjani., 2006)
3.1.2. Matériel de collecte des flux de
sédiment
Le matériel ci-dessous a été utilisé
pour effectuer la mesure des flux au niveau du dispositif
expérimental:
+ Des branchages de Leptadenia pyrotechnica pour la
réalisation des palissades constituant les brise-vent ;
+ des capteurs de sédiments de type MWAC « Modified
Wilson And Cooke » (Sterk & Spaan., 1997 ; Photo 4 et figure 4) ;
+ Cinq flacons en plastique de 250 ml sont attachés
perpendiculairement au vent le long du mât grâce à un
collier en plastique à 5, 15, 25, 40 et 60 cm au-dessus du sol. Ils
servent de collecteurs de sédiments ;
+ Deux tubes de cuivre coudés de 8 mm de diamètre
intérieur sont fixés sur le bouchon du flacon.
Pour peser et enregistrer les flux récoltés les
matériels suivants ont été utilisés :
+ Une balance dont la précision est de 1/100g
utilisée pour peser les sédiments qui sont récoltés
dans de petits sacs en plastic numérotés de 1 à 5 ;
+ Un ordinateur portable utilisé pour vider la station
météo et d'enregistrer les flux récoltés en vue de
les analyser ;
+ Les logiciels Word, Excel, Spss, sont utilisés pour le
traitement des données.
3.1.3. Choix du dispositif expérimental
Le dispositif expérimental installé sur la dune
vive est long de 200 m et large de 40 m. Il est subdivisé en 40
parcelles de 20 m de long et 10 m de large (Fig. 3).La plus grande dimension du
dispositif étant orientée NNW-SSE.
Harmattan
20 m
Dune vive
10 m
Figure 3: Dispositif antiérosif
équipé de 40 capteurs de sédiment de type MWAC sur la dune
vive de Tchago.
3.1.4. Mesure des données cimatiques
Pour mesurer les données climatiques, une station
météorologique (Photo 3) a servi avec les appareils suivants :
+ une girouette indiquant la direction du vent à 2 m du
sol ;
+ des anémomètres mesurant la vitesse du vent ;
+ un pluviomètre à auget basculeur enregistrant les
données relatives au vent et la pluviométrie;
+ un saltiphone pour enregistrer le nombre de coups par minute
des particules de sable transportées par le vent.
32
Photo 4 : Vue globale de la station
météo et du saltiphone
3.1.5. Matériel de collecte des données sur
les herbacées.
+ Un cahier et stylo, pour le recensement des herbacées
sur le dispositif expérimental ;
+ Des sachets en plastic sont préparés et
numérotés avant de venir sur le dispositif en vue de mettre les
herbacées qui n'ont pas pu être identifiées par notre
équipe, et pour une identification ultérieure par des personnes
ressources du village ;
+ Un ruban de cinquante (50) mètres, utilisé pour
mesurer les différentes zones ;
+ Des fils en nylon et des piquets sont utilisés pour
délimiter les différentes zones ;
+ Un petit rectangle de 0,25 m2 confectionné en
fil de fer grillage pour les mesures de la
biomasse ;
+ Et le lexique des plantes du Niger pour l'identification de
toutes les herbacées recensées en langue local sur le dispositif
expérimental.
3.1.6. Outils d'enquête
Des fiches d'enquête individuelle ont été
mises au point et utilisées pour apprécier la connaissance
empirique des paysans du phénomène de l'érosion
éolienne. Ces fiches d'enquêtes se trouvent en annexes.
3.2. Méthode d'études
La démarche utilisée comprend les étapes
suivantes :
3.2.1. Choix des sites
Les dunes vives observées dans le Sud-est
nigérien constituent un signe palpable de la dégradation de
l'environnement. Cette dernière est la résultante des actions
anthropiques et du
changement climatique observé depuis 1969 au Niger. La
récupération des dunes vives dans cette localité se fait
en associant des techniques de fixation mécanique (brise-vent, mulching)
et biologique (plantation d'arbre, épandage des herbacées).
Compte tenu du nombre de sites potentiels d'étude que
renferme le département de Gouré mais actuellement menacés
par l'ensablement, une équipe des chercheurs du REC a été
dépêchée en mars 2004 pour visiter les cuvettes du
département en vue de choisir un site principal où les
instruments de mesures sont installés et un site secondaire. Ainsi, les
sites de Tchago et de Worro ont été retenus par l'équipe
à cause d'une menace réelle d'ensablement en cours et de leur
facilité d'accès. De plus, ces sites ont l'avantage d'être
à proximité de Gouré et aussi des villages. Tchago qui a
constitué le présent site d'étude a été
considéré comme site principal grâce à la
présence de plusieurs cuvettes permettant de varier les observations et
Worro comme site secondaire.
3.2.2. Recherche documentaire
La recherche documentaire a consisté essentiellement
à une consultation des documents disponibles et à leurs
synthèses. Les ouvrages, les rapports, les mémoires, les
thèses, et les articles scientifiques qui présentent un
intérêt certain pour le présent thème ont
été consultés. La consultation des documents a
été faite au niveau des différents centres de
documentation (AGRY MET, INRAN, CCFN, ENS, FLSH) et la bibliothèque de
la faculté d'agronomie de l'UAM de Niamey).
Par ailleurs, des entretiens ont été
menés auprès du maître de stage et de certains enseignants
chercheurs de l'Université de Niamey ainsi qu'auprès des agents
techniques du développement rural (DRE de Zinder et SDE de Gouré)
pour collecter les informations complémentaires. Cette recherche
documentaire avait pour objectif de connaître les différentes
recherches réalisées dans des zones pareilles en vue de faire
ressortir ce qui ont une liaison avec le thème. Quant aux entretiens
avec les personnes ressources (Maître de stage, enseignants chercheurs,
DRE de Zinder et SDE de Gouré), ils avaient pour intérêt de
clarifier les objectifs de l'étude, ainsi que les résultats
attendus.
3.2.3. Mesure des flux de sédiment
L'air chargé de sédiments entre par un des
coudes, les sédiments se déposent dans le flacon à cause
de la diminution de pression engendrée par l'élargissement du
diamètre entre le coude et le flacon, puis l'air repart par l'autre
coude. Une voile en toile assure que l'orifice des
34
collecteurs est toujours orienté face au vent (Photo 5
et figure 4). L'efficience de ce capteur est de 73 %.
Les capteurs sont alignés le long de 8 transects
distants de 10 m et orientés transversalement par rapport à la
dune. Sur chaque transects, un MWAC est placé à 3 m au vent et
à 2 m, 5 m, 8 m et 16 m sous le vent par rapport à la
palissade.
Partie externe Partie interne
Photo 5 : Capteurs (MWAC) de sédiments
transportés par le vent installés au vent par rapport au vent et
aux clayons de Leptadenia pyrotechnica sur la dune vive de Tchago
De nombreux modèles ont été proposés
pour décrire quantitativement le profil vertical de flux de
sédiments éoliens. Ici, l'équation (Stout & Zobeck.,
1996) ci-dessous a été utilisé :
q z
( )
|
q
= 0( + 1 )
z
|
-
|
p
|
ó
Où q (z) = densité de flux de
masse à la hauteur z [kg/m2] ;
q0 = densité de flux de masse à
la surface du sol [kg/m2] ;
ó = coefficient correspondant à la hauteur
moyenne de saltation [m] ; p = exposant [-].
Les paramètres de l'équation ont
été calculés à partir du poids des sédiments
piégés à différentes hauteurs par les capteurs.
L'intégration de ce profil sur la hauteur de récolte des
sédiments fournit le flux de masse en un point. Les flacons des capteurs
de sédiments sont vidés après chaque
évènement et les flux récoltés sont emballés
et pesés à Gouré.
3.2.4. Mesures des paramètres climatiques
Les données climatiques sont récoltées
grâce à une station météo automatique enregistrant
les données relatives au vent et à la pluie en continu.
Après chaque 15 min, une moyenne de ces paramètres
enregistrés est faite et gardée en mémoire.
3.2.5. Mesure de sédiment
Pour chaque hauteur du capteur par rapport au sol, la
quantité des sédiments récoltés est divisée
par la surface de l'orifice du capteur et ramenée en kg/m2.
Le critère déterminant si un événement
éolien est érosif ou non est le nombre de coups par minute
enregistré par le saltiphone. On considère qu'il y a
érosion à partir de 40 coups par minute. Ce seuil fixe le
début et la fin de l'événement. Ensuite, on procède
à la vidange de ces capteurs où les sédiments sont
échantillonnés, emballés, puis pesés à
Gouré.
3.2.6. Dispositif de suivi de la végétation
herbacée
La fixation de dune réalisée à Tchago
(Nord-ouest de Gouré) a consisté à la mise en place des
palissades sur une dune vive suivant un maillage régulier
installé perpendiculairement au vent dominant. L'évolution du
développement de la végétation herbacée a
été encore suivie en 2006. La caractérisation de cette
végétation herbacée est faites en 10 zones
orientées parallèlement à la grande longueur de la dune
vive : ((-20) - (-5 m)) et ((-5) - 0 m)) avant de la palissade Est (partie dune
vive fixée non protégée coté au vent)
délimitant le dispositif antiérosifs; (0 - 5 m), (5-15 m) et
(15-20 m) à l'intérieur de la première parcelle ; (20-25
m), (25-35 m) et (35-40 m) entre la claie interne et la palissade Ouest (
parties dune vive fixée et protégée); et (40-45 m), (45-60
m) derrière la palissade Ouest (partie dune vive fixée non
protégée coté sous le vent). Ces bandes sont
dénommées respectivement : Zone 1 à Zone 10. Une zone11
qui constitue le "témoin" (T1 à T4) correspond au témoin
naturellement fixé et protégé comme l'indique le
dispositif expérimental (figure 5).
Au niveau de chacune des bandes un recensement
systématique de toutes les espèces d'herbacées a
été réalisé. En 2006, il a été
réalisé à des périodes précises au fur et
à mesure que la saison des pluies s'installe (du 07 juillet au 28
août 2006). L'arrêt des mesures en fin août est dû au
fait qu'à cette période, toutes les semences d'herbacées
ont probablement germé et sont visibles. L'inventaire est
effectué sur le terrain expérimental avec l'aide des guides en
langue locale transcrit qui sont les plus parlées dans le village :
Kanori, Haoussa, et Peul. Par précaution, on note le nombre de fois
l'appellation de l'herbacée lors de l'inventaire. Les herbacées
qui n'ont pas pu être identifiées par notre équipe sont
mises dans des sacs plastics préparés à cet effet
numérotés de Z1 à Z10 (partie dune vive fixée
protégée et non protégée) et T1 à T4 (partie
témoin naturellement fixé et protégé). Une fois de
retour au village, ces herbacées sont amenées auprès des
personnes ressources pour leurs identification. En fin, on procède
à l'identification selon la nomenclature scientifique en se servant du
lexique des plantes du Niger (De Fabregues., 1979) de toutes les
herbacées récoltées en
|
Zone 3
|
|
Zone 4
|
20 m
|
|
|
Zone 5
|
|
Zone 6
|
|
Zone 7
|
10 m
|
|
|
Zone 8
|
Zone 2
Zone 9
Témoin
Témoin
langues locale. Ce même travail a été
effectué par Tidjani et al., en 2005 et 2007, où un
recensement a été effectué en chaqu'une des années
à la fin de la saison pluvieuse.
Sur chaque bande, à l'intérieur de la palissade;
une placette de 0,25 m2 a été disposée en
quatre (4) répétitions au hasard, dans laquelle il a
été identifié, récolté et pesé la
totalité des espèces herbacées. Les mesures de biomasse
ont été faites à la fin de la saison des pluies quand on
estime que la croissance des herbacées est maximale.
Figure 5 : Définition des zones
d'échantillonnage pour l'étude qualitative et quantitative des
herbacées apparues sur la dune vive de Tchago
3.2.7. Conduite d'enquête
Les fiches d'enquête formulées ont
été adressées aux populations de Tchago. Elles visent
d'une part à apprécier la connaissance empirique des paysans du
phénomène de l'érosion éolienne et d'autre part
à collecter les informations sur les avantages liés aux
techniques de fixations des dunes ainsi que leurs préférences.
Les questions établies comportent essentiellement des aspects suivants
:
V quelles ont été les causes traditionnelles de
l'ensablement ?
V quelles sont les conséquences de ce
phénomène ?
V quelles sont les types de technique (traditionnelles et
modernes) utilisées pour fixer les dune vives ?
V pour chaque type de technique, quelles sont les
modalités de mise en oeuvre ? Vquels sont les paramètres
d'efficacité de ces techniques de fixation des dunes ?...etc.
Ainsi, pour recueillir la perception des paysans sur toutes
ces questions, les enquêtes au niveau des acteurs concernés se
sont déroulées dans les villages, aux champs et cela suivant les
calendriers établis par les paysans en accord avec leurs multiples
préoccupations. A cet effet, un échantillon assez
représentatif, en fonction de l'effectif a été
déterminé. Les personnes enquêtées ont
été choisies sur la base de l'ancienneté (âge
supérieur ou égal à 50 ans). Cet intervalle d'âge a
été proposé car ce phénomène date d'au moins
40 ans et qu'il faut des personnes d'âge supérieur pour en
discuter. Ce même travail a été déjà
effectué par mes prédécesseurs du REC/PIC-Gouré.
Notre travail vient compléter ceux des autres et vérifier la
prise de conscience des paysans sur l'enjeu du défrichement et
l'abattage abusif des arbres. Un aspect original et important a
été étudié ; il s'agit de l'érosion hydrique
dont ses conséquences sont visibles aux alentours de tout le village
plus particulièrement au niveau des collines. Cet aspect constitue
l'objet du second volet de notre enquête (formulaires des fiches
d'enquête sont en annexe).
Chapitre IV : Résultats et discussions
4.1. Flux de sédiments en 2005 et 2006 sur le
coté au vent de la palissade
L'analyse des flux collectés à
l'extérieur de la palissade (coté au vent) montre une importante
variation spatio-temporelle de la mobilisation des sédiments. Les flux
cumulés atteignent 184,5 kg/m entre le 15/02 /2005 et le 02/05/2005 et
153,75 kg/m entre le 15/02/2006 et 02/05/2006 (Fig. 6 et 7). Malgré une
certaine variabilité, les flux de sédiments annuellement
collectés à l'amont de la palissade restent relativement
importants. Une telle masse de sédiments constitue donc une menace
potentielle très forte d'ensevelissement des cuvettes et vallées
de la zone.
L'essentiel des flux de sédiments sont produits entre
mi-février et mi-mars à raison de plus de 70 % (Tableau 13). En
2005, aucun flux n'a été mesuré au-delà du 15
avril, alors qu'en 2006, 9,8 % de flux ont été produits durant
cette période. La même figure montre qu'à partir du 15
avril que les flux diminuent pour s'annuler en mai. Cette tendance s'observe
quel que soit l'emplacement des capteurs. La réduction progressive de la
force du vent d'Harmattan et le changement de direction du vent lié au
passage d'un régime d'Harmattan à un régime de mousson
semblent être les principaux moteurs de cette diminution des flux de
sédiments transportés par le vent.
flux de sediment (kg/m)
350
300
250
200
150
100
50
0
15fev - 30 mars 31 mars - 15 avril 15 avril -2 mai Total (15 fev
- 2 mai)
Période de collecte 2005
Figure 6 : Variation temporelle des flux de
sédiments à une distance de 3 m au vent
de la palissade sur la dune vive de Tchago entre le 15/02/2005 au
02/05/2005.
250
Flux de sediment (kg/m)
200
150
100
50
15 Fev - 15 mars 15 Mars - 15 avril 15 Avril - 2 mai Total: 15fev
- 2 mai
Période de collecte 2006
0
Figure 7: Variation temporelle des flux de
sédiments à une distance de 3 m au vent
de la palissade sur la dune vive de Tchago entre le 15/02/2006 et
02/05/2006. Tableau 13 : Pourcentage relatif des flux de
sédiments en fonction de la période de collecte en 2005 et
2006
Période de collecte
|
15 fev-30 mars
|
30 mars-15 avril
|
15 avril-2 mai
|
15 fev-2 mai
|
% de flux total 2005
|
75,8
|
25,2
|
0,00
|
100,0
|
Période de collecte
|
15 fev-15 mars
|
15 Mars-15 avril
|
15 Avril-2 mai
|
15 fev-2 mai
|
% de flux total 2006
|
70,6
|
19,6
|
9,8
|
100,0
|
4.2. Efficacité antiérosive de la
palissade
Le rôle de la palissade est de casser la force du vent,
réduisant ainsi le flux de particules qu'il transporte. Durant les deux
périodes de collecte (2005 et 2006), le brise vent a été
très performant, et ceci davantage en 2006 qu'en 2005.
La porosité originelle moyenne estimée à
partir de 30 mesures est de 9.0%. Deux ans après leurs installations,
une mesure de renforcement des palissades par des branchages de Balanites
ægyptiaca et d'Acacia raddiana a ramené la
porosité à 5,8%. A la date du 23 septembre 2006, la hauteur de la
palissade périmétrale est réduite. Cette réduction
de la hauteur est due à la dégradation physique et à la
décomposition des branchages de Leptadenia pyrotechnica d'une
part et d'autre part à l'accumulation de sédiments
transportés par le vent.
En 2005, les résultats montrent que seulement 5 %, 1,2
%, 1,3 % et 1,3 % des flux mesurés à 3 m avant la palissade
coté au vent poursuivent leur mouvement respectivement à 2 m, 5
m, 8 m et 16 m à l'intérieur de la parcelle après le brise
vent. En 2006, aucun flux n'a été enregistré à
l'intérieur des parcelles du dispositif antiérosif. Le
développement plus important des herbacées au sein du dispositif
permet d'expliquer pour une grande part la différence de
flux observée. En effet, les herbacées en fixant
le sol et en accroissant la rugosité aérodynamique renforceraient
l'obstacle au vent constitué par la palissade provoquant ainsi le
dépôt de la totalité des sédiments éoliens.
Des résultats similaires ont été obtenus par Bielders
et al. (2002) qui ont observé dans l'Ouest du Niger sur sol
sableux en climat sahélien une baisse importante des flux de
sédiments éoliens en passant d'un champ cultivé à
une jachère. Selon cette étude, une bande de
végétation herbacée de 5 m de large permet de
réduire les flux de 43%. Dans le cas présent, la réduction
est substantiellement plus grande, particulièrement en 2006, du fait
probablement de l'effet combiné de la végétation, des
palissades de branches de Leptadenia pyrotechnica et du renforcement
des palissades par des branchages de Balanites ægyptiaca et
d'Acacia raddiana. L'accroissement considérable de la richesse
floristique en seulement trois ans de mise en défens de ce site
équipé de brise vent montre l'efficacité de cette
technique de restauration du potentiel écologique des dunes
dégradées en milieu semi aride sahélien.
4.3. Développement des herbacées
après fixation de la dune vive de Tchago
En 2004, au moment de la mise en place du dispositif
antiérosif, en dehors de la portion de la dune vive située au
niveau des témoins où on notait la présence de rares
herbacées rabougries, la totalité de la surface de la dune
était nue et les sables vifs (photo6).
Photo 6 : Dune vive de Tchago au moment de
l'installation du dispositif antiérosif. Après la première
saison des pluies en fin août 2005, treize (13) espèces
herbacées ont été recensées dans la partie
dégradée de la dune mise en défens et douze (12)
espèces dans la partie non dégradée mise en défens
(témoin). Sur l'ensemble du dispositif antiérosif, dix huit (18)
espèces d'herbacées réparties en huit (8) familles ont
été identifiées (tableau14). La
famille dominante est celle des graminées avec
principalement Aristida adscensionis et Cenchrus biflorus
(Tidjani et al., 2007).
Tableau 14 : Herbacées recensées
au niveau du dispositif antiérosif installé sur la dune vive de
Tchago en 2005.
Familles
|
Noms Scientifiques
|
Noms Kanori
|
Graminée
|
1-Choris pilosa
2-Cenchrus biflorus
3-Aristida adscenionis
4-Aristida feniculata 5-Dactyloterium aegyptium
6-Eragrostus tremula 7-Echinochloa colona 8-Eragrostis
tremula
|
Toukko(k) Karanguiya(k)
Kalahou(k) Sou(k)
Goudé goudé(k)
Komaya(k) Tchiddikiska(k)
Komaya(k)
|
Cucurbitacée
|
9-Cucumis sp
10-Citrullus colocynthis 11-Mukia
maderaspatana
|
Gaâssanana(k) Gouna jakki(k) Daddawu(k)
|
Papilionacée
|
12-Alysicarpus ovalifolius 13-Indigofera
microcarpa
|
Gadagui Marangouwa
|
Acanthacée
|
14-Pergularia tomantosa
|
Fataka(k)
|
Cyperadée
|
15-cyperus sp
|
Douloukiri(k)
|
Pedaliacée
|
16-Sesanum alatum
|
Kajjim(k)
|
Salpiniacée
|
17-Cassia italica
|
Hilisko(k)
|
Combretacée
|
18-Combretum micranthum
|
Gesa (H)
|
K: Kanori;
La matière sèche produite est importante
à proximité des claies faisant directement face aux vents
d'Harmattan et de mousson et dépasse 1,5 tonnes à l'hectare.
Cette production de matière sèche devient moins importante quand
on s'éloigne de la claie périmètrale et n'excède
jamais les 650 kg à l'hectare (figure 8). En fait, la proximité
de la claie périmètrale a permis un dépôt de
sédiments et de semences d'herbacées. Cette clôture permet
aussi la création d'un microclimat favorable à
l'épanouissement des herbacées. Ces facteurs associés
à la mise en défens ont permis un retour et une
prolifération de cette biomasse herbacée. En accord avec les
travaux de Bielders et al. (2002), une telle production de biomasse
herbacée au sein du dispositif réduirait conséquemment les
flux de sédiment éolien même en l'absence du clayonnage.
Cependant, le développement d'une telle végétation n'est
possible que moyennant une réduction préalable des flux de
sédiments par des palissades ou d'autres mesures physiques.
En 2006, les mesures de biomasse sèche produite en fin
de saison des pluies (figure 8) montrent une importante production à
coté de la claie périmètrale et au niveau de la partie
considérée comme témoin. La production dépasse 1,5
tonnes à l'hectare en ces endroits. Entre les deux bandes, la production
est comprise entre 527 et 785 kg / ha (Tidjani et al., 2007).
Vent d'harmattan Vent de mousson
Matiere seche produite (kg/ha)
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
5 m 5 - 15 m 15 - 20 m 20 - 25 m 25 - 35 m 35 - 40 m
Témoin
mise en défens
Emplacement des points de mesure au sein du dispositif
antiérosif
Claie périmétrale Claie interne
2006 2005
Figure 8 : Variation comparative de la
production de biomasse herbacée au sein du dispositif antiérosif
installé sur la dune vive de Tchago entre les périodes
2005-2006.
4.5. Evolution du nombre d'espèces
recensées sur la dune fixée globalement avec le temps et par
famille.
En 2006, à la date de la dernière mesure (28
Août 2006), 202 mm de pluies ont été enregistrés et
un total de quarante cinq (45) espèces d'herbacées
réparties en dix huit (18) familles ont été
recensés, contre dix huit (18) espèces herbacées reparties
en huit (8) familles en 2005 après un cumul de 318 mm.
Au cours de la même années (2006), le nombre
d'herbacées est passé de vingt (20) à la première
mesure à quarante cinq (45) à la dernière mesure. Le
tableau 15 et la figure 9 présentes l'évolution du nombre
d'espèces d'herbacées recensées sur la dune vive
fixée à Tchago en 2006.
Tableau 15 : Résumé des
résultats d'analyse faites en 2006 sur les herbacées au niveau du
voile éolien fixé à Tchago.
Date de mesure en 2006
|
17 juillet
|
24 juillet
|
07 Août
|
17 Août
|
28 Août
|
Paramètres
|
Pluviométrie cumulée (mm)
|
41,2
|
71,6
|
90,8
|
132,2
|
202
|
Nombre de famille
|
11
|
11
|
14
|
16
|
18
|
Nombre d'espèce
|
20
|
26
|
33
|
38
|
45
|
Nombre d'espèces de la famille
dominante (Graminées)
|
7
|
9
|
11
|
12
|
12
|
Nombre d'espèces de la 2è
famille dominante (Cucurbitacées)
|
3
|
4
|
3
|
4
|
4
|
En cette période, le nombre d'espèces de la
famille dominante (graminées) est passé de sept (7) à
douze (12) avec une variation sensiblement faible et constante du nombre
d'espèces de la seconde famille dominante (cucurbitacées). Cette
croissance semble aller de paire avec la pluviométrie.
250
200
150
100
50
0
1 2 3 4 5
Pluviometrie
Dates
Cumuls pluviométriques en mmm
Nombres d'espèces
Nombres d'espèce de la 1ière
famille
Nombres d'espèce de la 2° famille
Figure 9 : Evolution en 2006 du nombre
d'herbacées au niveau du voile éolien fixé à
Tchago en fonction de la pluviométrie(1 :17-07-06;
2 :27-07-06; 3 :07-08-06 ;
4 :17-08-06 ; 5 :28-08-06). La famille
dominante en toute période confondue est celle des graminées,
suivie de celle des cucurbitacées dont le nombre d'espèces sur
la dune fixée et protégée par rapport aux
témoins naturellement fixé et protégé est
respectivement de : 25/14 et 10/5 à la première mesure
à 58/39 et 24/16 à la dernière mesure. Une analyse du
nombre d'espèces par famille au cours des différentes
périodes de mesure montre une augmentation de celle-ci au fur et
à mesure que la saison des pluies s'installe. Ainsi, les dates les
plus favorables sont celles du 17-08-06
et 28-08-06 qui coïncident avec l'installation de la
saison pluvieuse. Au cours des ces périodes, certaines familles telles
que les Molluginacée, Tiliacées, Acanthacées,
Polygalacées et Salpiniacées, quasiment absents lors des mesures
précédentes sont apparues avec des proportions variant entre 0/2
à 6/4. En général, le nombre d'espèces par famille
sur la dune fixée et protégé est largement
supérieur à celui du témoin naturellement fixé et
protégé(tableau 16 et la figure10).
1 2 3 4 5
Nombre d'especes
40
60
20
70
50
30
10
0
Nombre d'espèces des graminées sur la dune vive
fixée
Témoin naturellement fixé et
protégé
Nombre d'espèces des cucurbitacées sur la dune vive
fixée
Témoin naturellemnet fixé et
protégé
Dates
Figure 10 :Evolution comparative du nombre
d'espèces des deux familles dominantes recensées par rapport
au témoin et en fonction des dates (1 :17-07-06;
2 :27-07-
06; 3 :07-08-06 ; 4
:17-08-06 ;5 :28-08-06). .
Tableau 16 : Evolution du nombre
d'espèces recensées sur la dune fixée par rapport au
témoin globalement avec le temps et par famille .
Familles
|
Dates
|
17/07/07
|
24/07/06
|
07/08/06
|
17/08/06
|
28/08/06
|
1-Graminée
|
25/14
|
37/19
|
45/33
|
51/37
|
58/39
|
2-Cucurbitacée
|
10/5
|
12/8
|
10/8
|
22/15
|
24/16
|
3-Convolvulacée
|
-
|
4/3
|
7/6
|
12/9
|
14/11
|
4-Papilionacée
|
3/1
|
7/3
|
2/3
|
8/8
|
11/11
|
5-Amaranthacée
|
5/0
|
-
|
5/0
|
6/7
|
9/11
|
6-Asclépiadacée
|
-
|
-
|
6/2
|
3/2
|
12/8
|
7-Commelinacée
|
-
|
1/4
|
10/8
|
8/8
|
12/8
|
8-Cyperadée
|
6/0
|
6/2
|
12/6
|
11/7
|
10/4
|
9-Euphorbicée
|
3/2
|
1/0
|
3/3
|
6/4
|
0/4
|
10-Combretacée
|
-
|
-
|
-
|
0/4
|
4/3
|
11-Molluginacée
|
-
|
-
|
-
|
-
|
5/4
|
12-Aizoacée
|
0/2
|
4/1
|
5/4
|
5/4
|
6/4
|
13-Rosacée
|
-
|
-
|
4/4
|
4/4
|
6/4
|
14-Zygophyllacée
|
2/2
|
6/4
|
4/4
|
4/3
|
4/3
|
15-Tiliacée
|
-
|
-
|
-
|
0/2
|
2/3
|
16-Acanthacée
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6/4
|
17-Boraginacée
|
-
|
1/3
|
6/4
|
6/4
|
6/4
|
18-Salpiniacée
|
-
|
-
|
-
|
6/4
|
6/4
|
19-Polygalacée
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6/4
|
L'analyse de la figure 11 montre que sur les des
différentes zones de la dune vive de Tchago. la diversité
spécifique augmente avec le temps et en fonction de l'installation de la
saison pluvieuse. Ainsi, les zones (1-2-9 et10) étant situées
à l'extérieure de la palissade parties dune vive fixée non
protégée coté au vent et sous le vent sont soumises :
à l'action anthropique, au vent qui ensevelit les herbacées, et
aux dents des animaux. Mais, contrairement aux zones (3 à 8) et (T1-T4)
qui constituent les parties dune vive fixée et protégée et
le témoin naturellement fixé et protégé constituent
les zones les plus performantes. Dans ces zones, le nombre d'herbacées
atteint trente trois (33) sur la dune fixée, protégée
contre vingt neuf (29) sur le témoin naturellement fixé et
protégé. Les dates les plus propices sont : le 17-08-06 et
28-08-06 où la diversité spécifique est importante. La
photo 6 illustre l'aspect végétatif de dune fixée et
protégée. La composition floristique en fonction des
différentes dates de mesure se trouve en annexe.
Photo 6: Développement de la
végétation herbacée sur la dune vive de Tchago En effet,
les sédiments transportés par vent contiennent un potentiel
important de semences d'herbacées qui ne nécessitent pas la mise
en place des conditions favorables (clayonnage à base de Leptadenia
pyrotechnica), pour germer et s'épanouir. Ainsi, le degré de
la présence des diversités d'espèces sur la dune vive
fixée montre un large écart du nombre d'herbacée entre les
zones protégées et non protégées.
1 2 3 4 5
Nombre d'especes
25
20
35
30
15
10
5
0
Dates
Nombres d'espèces sur la dune vive fixée non
protégée coté au vent(Z1-Z2)
Nombres d'espèces sur la dune vive fixée
protégée(Z3-Z8)
Temoin fixé naturellement et
protégé(T1-T4)
Nombres d'espèces sur la dune vive fixée non
protégée coté sous le vent(Z9-Z10)
Figure 11 : Répartition du nombre
d'espèces par zones par rapport au témoin en fonction
des différentes dates de mesure (1 :17-07-06;
2 :27-07-06; 3 :07-08-06 ;
4 :17-08-06 ; 5 :28-08-06). .
4.6. Perceptions paysannes relatives à la
formation et la fixation des dunes
Les enquêtes ont permis de dégager les
observations suivantes en fonction reprises dans le tableau 17. Il ressort,
selon la conception paysanne que l'apparition des dunes vives est
récente, ce qui est attesté par le fait que, plus de 80% des
personnes enquêtées ont considéré que ce
phénomène a pris de l'ampleur dans les années 1996. Bien
que non mesurable directement, l'impact de l'action de l'homme laisse beaucoup
de traces sur l'environnement sahélien. Selon Nianfeng L et
al., (1999), les actions anthropiques sont des facteurs majeurs de
dégradation de l'environnement. C'est ainsi que, dans le village de
Tchago, la majorité des paysans sont conscients que l'action de l'homme
par la coupe abusive pour bois de chauffe et d'oeuvre est une des principales
causes de l'apparition des dunes vives. L'effet du vent qui s'additionne
à la poussière qu'il transporte n'est pas sans conséquence
sur la santé humaine et animale. Plus de 54% d'enquêtés
affirment que cela engendre des problèmes respiratoires, 38% estiment
qu'elle est à la base de la disparition du cheptel et les autres (8%)
considèrent qu'elle entraîne des maux de tête, de ventre,
des diarrhées, et manque d'appétit. Cependant, pour 100% des
personnes enquêtées, les dunes vives ont pour principales
conséquences : le déplacement des habitats, l'ensablement des
cuvettes, des puits, de terres propices à l'agriculture et le
déchaussement des ligneux. Protéger les dunes c'est
réduire leurs rémobilisations par le vent (Sani., 2005). Dans le
cadre du contrôle de l'érosion éolienne, les paysans ne
sous-estiment pas le rôle joué par la végétation.
Bien que variée, la conception paysanne sur les précautions
à prendre et les mesures curatives visent les mêmes objectifs
:empêcher la réactivation et le mouvement des dunes par le
clayonnage, la diminution de la coupe abusive et du défrichement. Dans
le département de Gouré en général et le village de
Tchago en particulier, cette méthode de fixation des dunes est
très appréciée par la population.
Tableau 17 : Perceptions paysannes relatives
à la formation et la fixation des dunes
Rubriques
|
Pourcentage des répondants
|
Dates d'apparition des
premières dunes vives
|
1996 : 82%
|
1984 : 10%
|
1974 : 8%
|
Causes d'apparition des dunes vives à la date
concernée
|
1996 : 0%, considèrent que c'est le vent et 100%, la
coupe
abusive
|
1984 : 37%, considèrent que c'est le vent et 63%, coupe
abusive
|
1974 : 36% considèrent que c'est le vent et 74%, coupe
abusive
|
Conséquence des dunes vives
|
100% : considèrent que ça entraîne le
déplacement des habitats, ensablement des cuvettes, des puits, terres de
culture et déchaussement des ligneux
|
Mesures préventives
|
76% : optent pour la plantation des arbres
|
15% : optent pour la fixation mécanique et biologique
|
9% : optent pour l'utilisation des brise vent leurs
l'entretiens
|
Précaution à prendre
|
41% : sont pour la plantation des arbres
|
28% : sont pour l'épandage des herbacées
|
19% : sont pour la multiplication des plantations
|
12% : sont pour l'empêchement de l'abattage des arbres
|
Avantages des techniques de fixation
|
29% : optent pour la restauration et l'augmentation de la
fertilité
|
26% : sans avis
|
24% : optent pour briser la force du vent et l'arrêt de
transport des éléments fertilisants
|
21% : optent pour l'arrêt du déplacement du sable
|
Effet du vent et de la poussière sur la santé
humaine et animale
|
54% : considèrent que ça engendre des
problèmes respiratoire
|
38% : considèrent engendre la disparition du cheptel
|
5% : considèrent engendre des maux de tête, de
ventre et diarrhées
|
3% : considèrent engendre une manque d'appétit
|
Conclusion partielle
Le dispositif expérimental de fixation de dunes mis en
place à Tchago a été efficace. Cette efficacité
s'exprime en terme de réduction voire l'annulation des flux de
sédiments transportés par le vent et en terme de retour
progressif dans le temps et dans l'espace des espèces d'herbacés
ainsi que, l'augmentation de la matière sèche produite en trois
(2) années de mis en défens et de mesure. Le retour des
herbacées au niveau de cette dune fixée et protégée
se traduit par la présence de dix huit (18) espèces
recensées en 2005. En 2006, leurs nombres ont plus que doublet avec
précisément soixante quatorze (45) espèces
recensées et une production importante de biomasse dépassant les
trois tonnes (3t) par endroit.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, on se rend compte
réellement que l'érosion éolienne est un exemple typique
de cause de dégradation des sols dans le département de
Gouré.
En effet, le département de Gouré a connu des
sécheresses répétitives qui conjuguées aux actions
anthropiques, ont favorisé l'érosion des terres. Cette
dernière est aujourd'hui responsable de la destruction du couvert
végétal, l'apparition des espaces incultes (glacis nus),
l'appauvrissement, le morcellement et l'ensablement des terres agricoles,
pastorales ainsi que les infrastructures socio-économiques.
Face à ce phénomène, plusieurs types des
techniques de lutte contre l'ensablement ont été mis en oeuvre.
La plus rencontrée parmi ces techniques est la fixation mécanique
par clayonnage accompagnée par la fixation biologique par plantation des
ligneux au sein des claies. Au total, ces techniques ont été
réalisées dans les normes, selon qu'ils s'agisse de celles
réalisées par: l'Etat, des projet ou les ONG. Dans tous les cas,
ces dispositifs sont dressés perpendiculairement au vent dominant sur la
zone d'accumulation et non au niveau de la source qui est le lieu
d'alimentation du sable.
L'emploi des branches de Leptadania pyrotechnica
comme brise-vent mécanique sur la dune vive de Tchago est très
efficace. Cette efficacité s'est traduite par le retour progressif dans
le temps et dans l'espace de plusieurs types d'herbacées en seulement
deux (2) ans de mise en défens. En terme de mobilisation des particules
du sol, cette efficacité s'est exprimée par la réduction
voire l'annulation des flux de sédiments transportés par le vent.
Ceci, amène à dire que les sédiments transportés
par le vent sur les voiles éolien contiennent un potentiel important de
semences d'herbacées qui ne nécessite qu'une mise en
défens pour germer et s'épanouir.
La contrainte majeure à la fixation des dunes dans la
zone réside dans l'incompréhension des populations. Jusque
là elles ne sont pas conscientes des ces éminents travaux qui
sont faits par l'Etat, les projets et les ONG pour la restauration des terres
de culture et la sécurisation de leurs infrastructures de la menace du
sable. Cela explique la destruction des claies et le ravage des plants par
leurs animaux. On peut aussi ajouter le manque de contribution des populations
qu'elle soit physique ou matérielle. Pour une bonne réussite des
différents travaux qui ont été exécutés ou
en cours d'exécution, nous recommandons à : l'Etat, aux projets
et aux ONG intervenant dans la zone de :
> Bien conduire les travaux de fixation des dunes avec une
approche intégrant l'avis des populations ;
> Continuer la sensibilisation des populations sur l'avantage
des techniques de fixation de dune dans leurs zones ;
> montrer aux populations que ces travaux même s'ils
sont financés par une main étrangère, le profit leur
revient ;
> mettre l'accent sur l'éducation environnementale
de la population en commençant par la couche scolarisée et
procéder avec la population à des journées porte ouverte
sur les anciens sites de fixation.
A la population d' :
> Apporter sa contribution lors de la mise en place des
dispositifs antiérosifs ; > empêcher leurs animaux de
détruire les sites de fixation ;
> étendre ces techniques dans les champs, jardins, et
autours de leurs cuvettes et habitations.
Au chercheurs d'entreprendre des séries de recherche
sur le potentiel écologique des dunes dégradées. Cette
étude peut s'effectuer par des enquêtes sociologiques dans les
zones concernées afin de déterminer l'historique des terres
dégradées et les types d'herbacées rencontrées sur
les dunes avant leurs dégradations afin de bien canaliser les
possibilités d'épandage d'herbacée dans ses zones.
Référence Bibliographique
1-Ambouta, K.J.M., 2005 : Cours de
C.E.S/D.R.S.
2-Barké, M., 2004 :
Caractérisation morpho-pésologique des cuvettes de Tchago et
Worro (dans le département de Gouré). Mémoire de
maîtrise/FA/UAM de Niamey, 108p. 3-Bagnold, R. A., 1937
: Transport of sand by vind. Georg. Joum. , pp 89-436.
4-Bagnold, R.A.,1941 :The physics of blown sand
and desert dunes.Methuen, London, 265p. 5-BCR /Niamey., 2055 :
Note de présentation des résultats définitifs du
RP/H-20.
6-Boutari, J., 2004 : Etude
socio-économique des cuvettes de Gouré. Mémoire de
maîtrise/FA/UAM de Niamey, 44p.
7-Casenave et Valentin., 1989 :
Les états de surface de la zone sahélienne. Influence sur
l'infiltration. ORSTM paris 1989, 229p.
8-CNEDD., 2005 : Programme d'action nationale
de lutte contre la désertification et de gestion des ressources
naturelles (PAN-LCD/GRN). Conseil national de l'environnement pour un
développement durable (CNEDD), Rep. Niger, 80 p.
9-Cornelis, W. M, Gabriels D, De Gryse, Hartmann R.,
2000 : L'efficacité de brise vent végétaux dans
la lutte contre l'érosion éolienne : expérimentations sur
modèles réduits. Sécheresse 11 (1), pp 52-57.
10-D. Tidjani, J.M.K. Ambouta, C. Bielders.,
2007: Evaluation de l'impact des techniques de fixation biologique et
mécanique sur le flux de particules, publication, 20p.
11-De Fabregues, B.P., 1979 :
Lexique des plantes du Niger, INRAN, 156 p.
Dong, Z., Xiaoping, L., Wang, H., Zhao, A., Wang, X., 2002. The
flux profile of a blowing sand cloud: a wind tunnel investigation.
Geomorphology 49, pp 219-230.
12-FAO., 1986 : Bises vent et
rideaux protecteur abris avec référence particulière aux
zones sèches.
13-FAO., 1988 : Guide des
Techniques de lutte contre l'ensablement pour la fixation des dunes. Rome,
1988, 57p.
14-FAO. , (1998) : Manuel de fixation des dunes
- Cahier FAO conservation N°1. 15-Fryrear, D.W., Stout, J.E.,
Hagen, L.J., Vories, E.D., 1991 : Wind erosion: field measurements and
analysis. Transactions of the ASAE 34(1), pp155-160.
16-Gomes, L., Rajot, J.L., Alfaro, S.C., Gaudichet,
A., 2003 : Validation of a dust production model from measurements
performed in semi-arid agricultural areas of Spain and Niger. Catena 52, pp
257-271.
17-Goossens, D. & Gross, J., 2002 :
Similarities and dissimilarities between the dynamics of
sand and dust during wind erosion of loamy sandy soil. Catena
47,pp 269-289.
18-Hama, H., 2005 : Dynamique locale de
l'ensablement et évaluation de l'efficacité antiérosive de
quelques techniques de fixation des dunes, dans le département de
Maïné-Soroa sud-est du Niger. Mémoire de DEA/FLSH/UAM de
Niamey ,68p.
19- Jahiel, M., 1998 : Rôle du palmier
dattier dans la sécurisation foncière et alimentaire au sud-est
du Niger. Sécheresse, 2 (9), pp167-174.
20-Karimoune, S., 1994 : Contribution
à l'étude géomorphologique de la région de Zinder
(Niger) et analyse par télédétection de l'évolution
de la désertification. Thèse de doctorat en sciences
géographiques, Faculté des sciences, ULg/Belgique, p.350.
21-Laminou, O., 2003 : Etude critique des
causes d'échec des tentatives de fixation biologique dans le Sud-est du
Niger. Mémoire de DEA. Faculté Universitaire des sciences de
Gembloux/Belgique, 43p.
22-Larwanou, M., 2007 : Cour
d'Agroforesterie.
23-Mariama, F., 2004 : Etude
l'évapotranspiration des légumineuses (Niébé et
Arachide) dans la zone de Maradi,57p.
24-Mounkaïla, S., 2002 :
Présentation générale des zones de climat et de
végétation dans le
cadre de lutte contre la désertification au Niger,
101p.
25-Michels, K., 1994 :Wind Erosion in the
Southern sahelian Zone ; Extent, Control, and Effects on Millet Production.
Verlag Ulrich E. Grauer. Stuttgart, 99p.
25-Nassirou, D., 2007: Contribution aux calculs
de réalisation des claies internes et externes dans le cadre de la
fixation mécanique des dunes, 20p.
27-Nianfeng, L., Jie Dianfa Z ., 1999: The
probem of quaternary, geologicak environnement and desertification.
28-Ozer, Pierre., 2001: Les
lithométéores en régions sahéliennes. Revue
Internationale d'Ecologie et de Géographie Tropicale N°24, 317
p.
29-PGRN., (1997) : Etude monographique de
l'arrondissement de Gouré. 85 pages. 30-PGRN., (1998) :
Diagnostic rapide participatif de Worro, 26 pages.
31-Ramade, F.,2001 : Elément d'Ecologie
Fondamentale, Edition Mcgraw-Hill, 408 p. Reflets. Sahéliens., 2006 :
lutter contre la desertification...c'est possible. Publication trimestrielle du
CLISS. N°45 août-septembre 2006. ISSN 0650 8206.
32-Sani, I., 2005 : Analyse des conditions de
mobilisation éolienne autour des cuvettes du Mounio (Région de
Zinder) : étude de la dynamique d'ensablement des cuvettes et de
l'impact des haies mortes sur les flux éoliens (sites de
Tchago et de Worro).Mémoire de maîtrise en géographie
physique/ FLSH/UAM de Niamey, 107p.
33-SDA(Gouré)., 2002 : Rapport
d'activités annuelles.
34-Sterk, G. & Raats, P.A.C., 1996 :
Comparison of models describing the vertical distribution of wind eroded
sediment. Soil Science Society of America Journal 60, 1914- 1919.
35-Sterk, G. & Spaan, W.P., 1997 : Wind
erosion control with crop residues in the Sahel. Soil Science Society of
America Journal 61,pp 911-917.
36-Sterk, G., Stein, A., Stroosnijder, L., 2004
: Wind effects on spatial variability in pearl millet yields in the
Sahel. Soil & Tillage Research 76, 25-37.
37-Stout, J.E. & Zobeck, T.M., 1996 : The
Wolforth field experiment: a wind erosion study. Soil Science 161(9), pp
616-632.
38-Tidjani, A., 2006 : Apport de la
télédétection dans l'étude de la dynamique
environnementale de la région de Tchago (nord-ouest de Gouré,
Niger). DEA en sciences géographiques, faculté des sciences,
université de Liège, 88p.
39-Visser, S.M., Sterk, G., Ribolzi, O., 2004
: Techniques for simultaneous quantification of wind and water erosion
in semi-arid regions. Journal of Arid Environments 59, 699- 717.
40-Vories, E.D. & Fryrear, D.W., 1991 :
Vertical distribution of wind-eroded soil over a smooth, bare field.
Transactions of the ASAE Vol. 34(4), 1763-1768.
41-Woodruff, N.P., Zing A.W., 1955 : A
comparative analysis of wind tunnel and atmospheric air-flow patterns about
single and successive barriers. Trans Am Geoph Union 36, pp 203-211.
42-Yahaya, A., 2002 : Etude des facteurs de
protection du sol contre l'érosion éolienne en milieu
sahélien (cas de Banizoumbou). Mémoire de maîtrise
ès Sciences Agronomique, 46p.
ANNEXES
|