Une nouvelle guerre d'indépendance : la prise
de Venise.
La tâche n'était pas des plus simples pour les
successeurs de Cavour. Ceux-ci devaient faire face à des
rivalités politiques internes, et surtout à la situation
désastreuse dans l'ancien royaume de Naples où les brigands et la
Camorra, mafia napolitaine, régnaient en maîtres,
rançonnant et exploitant les masses rurales. Enfin on trouvait en toile
de fond une dépression économique dramatique, à un tel
point qu'on avait du, en 1866, suspendre la libre convertibilité des
billets en or afin d'éviter la banqueroute.
Déjà lors de la proclamation du royaume, Cavour
avait en tête l'inachèvement de l'unité à laquelle
il manquait Rome, qui devait devenir la capitale, et bien sûr Venise. Une
campagne de recrutement des patriotes, menée par les mazziniens et
garibaldiens, allait bon train depuis 1861. Il fallait réunir les hommes
et s'emparer des territoires manquants. Du côté de Vienne, on
s'acharnait à rendre autrichien ce qui ne l'était pas. La
germanisation territoriale et juridique se heurtait cependant à un
farouche esprit révolutionnaire. Plus un opéra de Verdi ne
pouvait être représenté sans que des cris et émeutes
s'ensuivent. Prendre possession de Venise était une chose. Se trouver un
allié dans ce combat, une autre. Il apparut très vite aux yeux
des politiques que l'idéal était une alliance avec la Prusse. Un
rapprochement avec Bismarck s'effectuait, notamment par la signature de
traités de commerce ou encore par l'association des deux pays dans la
réalisation du tunnel du chemin de fer du Saint-Gothard. L'italien
Govone partait pour Berlin. Et il ne rentra pas les mains vides : un
traité secret d'alliance avait été signé au mois
d'avril (le 08) entre les deux nations : l'Italie s'engageait à
déclarer la guerre à l'Autriche en cas de conflit entre la Prusse
et l'Autriche. En outre, le traité obligeait la Prusse à
déclarer cette guerre avant trois mois ! C'en fut fait le 17 juin
1866. Trois jours après, l'alliée des Prussiens s'engageait dans
le conflit. Sa première intervention, sous le commandement du
général de Lamarmora, se solda d'ailleurs par un froissant
échec à Custoza, le 24 juin, pour l'armée, et à
Lissa (20 juillet) pour la flotte. Pendant ce temps, le 03 juillet, les
Prussiens avaient écrasé les ennemis à Sadowa. Le 21
juillet, les préliminaires de la paix étaient signés, puis
confirmés à Prague un mois plus tard (23 août). Par le
traité de Vienne du 03 octobre, l'Italie humiliée recevait des
mains de la France la Vénétie. Un plébiscite confirma
massivement la récente annexion.
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