CHAPITRE II : LES SOLUTIONS TECHNIQUES
La résolution de l'équation que pose
l'assainissement de Pikine a donné lieu à diverses solutions.
Dans ces propositions certaines sont d'application immédiate ou
d'urgence notamment celles liées aux inondations (section 1), les autres
ont un caractère plus écologique car intégrant la
protection de l'environnement (section 2).
SECTION 1 : les solutions d'urgence à
l'assainissement
Plusieurs solutions ressortent de l'analyse de la situation
actuellement de l'assainissement de la ville de Pikine d'une part celles
préconisées par les différentes études
menées à cet effet (paragraphe I) et l'idée d'une action
visant à restructurer toute cette zone (paragraphe II).
PARAGRAPHE I : les solutions proposées par les
différentes études commanditées
La situation récurrente des inondations dans le
département de Pikine témoin du défaut d'assainissement a
donné naissance à plusieurs solutions les unes découlant
directement des
30 Rapport JICA, 1994 sur l'assainissement
à Dakar
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études effectuées par différents cabinets
d'experts (A) et les autres font l'objet d'un recensement de solutions mises en
oeuvre par l'Etat, les collectivités locales ou par les populations
elles même qui du reste sont les premières victimes (B).
A- les solutions issues des études de plusieurs
cabinets d'experts
Plusieurs études ont porté sur l'assainissement
du département de Pikine, nous en citerons les plus expressives
notamment :
L'étude dite JICA (Etude sur l'assainissement de Dakar
et ses environs menée en 1994 par les cabinets Pacific Consultants
International et Tokyo Engineering Consultants. Elle comporte un volet
assainissement des eaux usées et un volet drainage des eaux
pluviales.
Concernant le volet assainissement, l'étude constate
que, étant donné le caractère irrégulier de
l'habitat dans les zones non structurées, « la construction de
réseaux d'égouts est très difficile dans ce contexte et ne
peut être envisagée qu'au fur et à mesure d'une
restructuration de la zone. » En d'autres termes, l'étude
préconise comme solution la restructuration pour l'assainissement de la
zone de Pikine.
Concernant le volet drainage des eaux pluviales,
l'étude JICA propose, entre autres, un réseau de drainage
à ciel ouvert, renforcé de pompes aux endroits où le
ruissellement gravitationnel n'est pas possible. Les eaux drainées sur
la zone de Djiddah Thiaroye Kao sont acheminées vers la grande Niayes de
Dakar, les eaux de Yeumbeul et Malika vers le lac wourouwaye
L'étude dite GITEC31 résumé
par le bureau H2O Engineering, envisage quatre mesures pour lutter contre les
inondations :
Construire un système de drainage avec des canaux
à ciel ouvert. Ces canaux viendraient se raccorder sur ceux
prévus par l'étude JICA. Cette proposition est donc totalement
dépendante de la réalisation des ouvrages prévus dans
l'étude JICA. Les inconvénients de cette solution sont les
déblais importants à opérer pour rendre possible un
écoulement gravitaire tout le long du tronçon, ainsi que la
faible pente qui accroît les risques de bouchon par accumulation de sable
ou de déchets.
L'étude GITEC propose aussi d'augmenter le volume de
pompage de la nappe jusqu'à 12'000 m3 par jour, volume approximatif
permettant d'éviter les intrusions d'eaux salines. Cette augmentation de
pompage servirait à alimenter les zones maraîchères
actuellement desservies par
31 Élaborée en 1998 par le cabinet Gitec
Consult GMH
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le réseau de la SONES. Cela permettrait indirectement
de réduire le déficit actuel de Dakar en eau potable, en
redirigeant l'eau de la SONES vers la consommation des privés.
Remblayer les zones inondables. Cette proposition a l'avantage
de permettre la récupération de terrains pour le recasement de
populations, l'implantation d'équipements publics ou de voirie.
Toutefois, l'étude fait remarquer que le remblai ne peut être
efficace que s'il atteint au moins 1m au dessus du niveau maximum de la nappe,
ce qui correspond à un très gros volume.
Cette étude préconise aussi d'abandonner les
zones inondables. Mais selon le professeur Wade. Mbaye Thioune urbaniste
planificateur, cette proposition n'est pas pertinente selon l'argumentaire
suivant : « si l'on tient compte du manque d'espace dans la zone
d'étude et de l'importance des besoins, notamment en terme
d'équipements publics, l'aménageur ne peut se permettre de
laisser ces zones à l'abandon. »32
L'étude dite SONES a été menée en
2003-2004 par les cabinets ANTEA et SENAGROSOL CONSULT. Son objectif
était d'évaluer l'impact d'un arrét des
prélèvements sur la nappe de Thiaroye, souhaité du fait de
ses coûts de traitement élevés (forte teneur en fer et en
nitrates) ainsi que de son rendement faible (5'000 m3 par jour sur les 260'000
nécessaires à l'approvisionnement en eau de Dakar).
L'étude a montré qu'un arrét des forages
de Thiaroye, cumulé à l'accroissement des rejets d'eaux
usées domestiques dans la nappe, entrainerait une
élévation du niveau de la nappe de 0,5 à 2,5
mètres. La zone de Djiddah Thiaroye Kao se situant dans le champ
captant, elle figurerait parmi les zones les plus touchées par
l'arrêt des pompages, alors que le problème des inondations
à l'instar des autres communes de Pikine y est déjà
très préoccupant.
Afin de régler les problèmes d'inondations dans
la zone, l'étude propose d'augmenter le régime de pompage du
champ captant de Thiaroye à 16'000 m3 par jour. Les simulations montrent
que de tels prélèvements provoqueraient un rabattement de la
nappe et feraient disparaître par conséquent tout risque
d'inondation dans la quasi-totalité des quartiers actuellement
inondés. Cette augmentation de pompage serait permise par la
réhabilitation et l'installation de nouveaux forages, entre autres, dans
la zone de Djiddah Thiaroye Kao. L'augmentation du débit de pompage
au-delà de 16'000 m3/jour est exclue du fait du risque d'intrusion d'eau
marine dans la nappe.
32 Commentaire du professeur Mbaye Thioune Wade, ESP
« sur l'assainissement à Pikine »
54
Il est important de noter que « les simulations ont
montré que si 100% de l'eau distribuée était
collectée, aucun quartier de la zone ne serait touché par les
inondations dues à la nappe ». Ceci montre que l'assainissement des
quartiers est la solution à long terme pour la lutte contre les
inondations. « Toutefois, au vu des coüts et de l'envergure d'une
telle entreprise, il est évident qu'il s'agit d'un travail de
très longue haleine et que des moyens à plus court terme doivent
être trouvés »33.
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