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La problématique de l'assainissement dans le département de Pikine (Sénégal)

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par Abdou Khadir DIOP
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2010
  

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CHAPITRE II : LES SOLUTIONS TECHNIQUES

La résolution de l'équation que pose l'assainissement de Pikine a donné lieu à diverses solutions. Dans ces propositions certaines sont d'application immédiate ou d'urgence notamment celles liées aux inondations (section 1), les autres ont un caractère plus écologique car intégrant la protection de l'environnement (section 2).

SECTION 1 : les solutions d'urgence à l'assainissement

Plusieurs solutions ressortent de l'analyse de la situation actuellement de l'assainissement de la ville de Pikine d'une part celles préconisées par les différentes études menées à cet effet (paragraphe I) et l'idée d'une action visant à restructurer toute cette zone (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : les solutions proposées par les différentes études commanditées

La situation récurrente des inondations dans le département de Pikine témoin du défaut d'assainissement a donné naissance à plusieurs solutions les unes découlant directement des

30 Rapport JICA, 1994 sur l'assainissement à Dakar

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études effectuées par différents cabinets d'experts (A) et les autres font l'objet d'un recensement de solutions mises en oeuvre par l'Etat, les collectivités locales ou par les populations elles même qui du reste sont les premières victimes (B).

A- les solutions issues des études de plusieurs cabinets d'experts

Plusieurs études ont porté sur l'assainissement du département de Pikine, nous en citerons les plus expressives notamment :

L'étude dite JICA (Etude sur l'assainissement de Dakar et ses environs menée en 1994 par les cabinets Pacific Consultants International et Tokyo Engineering Consultants. Elle comporte un volet assainissement des eaux usées et un volet drainage des eaux pluviales.

Concernant le volet assainissement, l'étude constate que, étant donné le caractère irrégulier de l'habitat dans les zones non structurées, « la construction de réseaux d'égouts est très difficile dans ce contexte et ne peut être envisagée qu'au fur et à mesure d'une restructuration de la zone. » En d'autres termes, l'étude préconise comme solution la restructuration pour l'assainissement de la zone de Pikine.

Concernant le volet drainage des eaux pluviales, l'étude JICA propose, entre autres, un réseau de drainage à ciel ouvert, renforcé de pompes aux endroits où le ruissellement gravitationnel n'est pas possible. Les eaux drainées sur la zone de Djiddah Thiaroye Kao sont acheminées vers la grande Niayes de Dakar, les eaux de Yeumbeul et Malika vers le lac wourouwaye

L'étude dite GITEC31 résumé par le bureau H2O Engineering, envisage quatre mesures pour lutter contre les inondations :

Construire un système de drainage avec des canaux à ciel ouvert. Ces canaux viendraient se raccorder sur ceux prévus par l'étude JICA. Cette proposition est donc totalement dépendante de la réalisation des ouvrages prévus dans l'étude JICA. Les inconvénients de cette solution sont les déblais importants à opérer pour rendre possible un écoulement gravitaire tout le long du tronçon, ainsi que la faible pente qui accroît les risques de bouchon par accumulation de sable ou de déchets.

L'étude GITEC propose aussi d'augmenter le volume de pompage de la nappe jusqu'à 12'000 m3 par jour, volume approximatif permettant d'éviter les intrusions d'eaux salines. Cette augmentation de pompage servirait à alimenter les zones maraîchères actuellement desservies par

31 Élaborée en 1998 par le cabinet Gitec Consult GMH

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le réseau de la SONES. Cela permettrait indirectement de réduire le déficit actuel de Dakar en eau potable, en redirigeant l'eau de la SONES vers la consommation des privés.

Remblayer les zones inondables. Cette proposition a l'avantage de permettre la récupération de terrains pour le recasement de populations, l'implantation d'équipements publics ou de voirie. Toutefois, l'étude fait remarquer que le remblai ne peut être efficace que s'il atteint au moins 1m au dessus du niveau maximum de la nappe, ce qui correspond à un très gros volume.

Cette étude préconise aussi d'abandonner les zones inondables. Mais selon le professeur Wade. Mbaye Thioune urbaniste planificateur, cette proposition n'est pas pertinente selon l'argumentaire suivant : « si l'on tient compte du manque d'espace dans la zone d'étude et de l'importance des besoins, notamment en terme d'équipements publics, l'aménageur ne peut se permettre de laisser ces zones à l'abandon. »32

L'étude dite SONES a été menée en 2003-2004 par les cabinets ANTEA et SENAGROSOL CONSULT. Son objectif était d'évaluer l'impact d'un arrét des prélèvements sur la nappe de Thiaroye, souhaité du fait de ses coûts de traitement élevés (forte teneur en fer et en nitrates) ainsi que de son rendement faible (5'000 m3 par jour sur les 260'000 nécessaires à l'approvisionnement en eau de Dakar).

L'étude a montré qu'un arrét des forages de Thiaroye, cumulé à l'accroissement des rejets d'eaux usées domestiques dans la nappe, entrainerait une élévation du niveau de la nappe de 0,5 à 2,5 mètres. La zone de Djiddah Thiaroye Kao se situant dans le champ captant, elle figurerait parmi les zones les plus touchées par l'arrêt des pompages, alors que le problème des inondations à l'instar des autres communes de Pikine y est déjà très préoccupant.

Afin de régler les problèmes d'inondations dans la zone, l'étude propose d'augmenter le régime de pompage du champ captant de Thiaroye à 16'000 m3 par jour. Les simulations montrent que de tels prélèvements provoqueraient un rabattement de la nappe et feraient disparaître par conséquent tout risque d'inondation dans la quasi-totalité des quartiers actuellement inondés. Cette augmentation de pompage serait permise par la réhabilitation et l'installation de nouveaux forages, entre autres, dans la zone de Djiddah Thiaroye Kao. L'augmentation du débit de pompage au-delà de 16'000 m3/jour est exclue du fait du risque d'intrusion d'eau marine dans la nappe.

32 Commentaire du professeur Mbaye Thioune Wade, ESP « sur l'assainissement à Pikine »

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Il est important de noter que « les simulations ont montré que si 100% de l'eau distribuée était collectée, aucun quartier de la zone ne serait touché par les inondations dues à la nappe ». Ceci montre que l'assainissement des quartiers est la solution à long terme pour la lutte contre les inondations. « Toutefois, au vu des coüts et de l'envergure d'une telle entreprise, il est évident qu'il s'agit d'un travail de très longue haleine et que des moyens à plus court terme doivent être trouvés »33.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard