CHAPITRE II : LES CONTRAINTES A L'ASSAINISSEMENT DE
PIKINE
Les problèmes d'assainissement à Pikine
découlent de facteurs liés au milieu à la fois naturel et
artificiel (section 1) et ont pour conséquences la
détérioration du cadre de vie des populations (section 2).
Section 1: les difficultés liées au
milieu de vie
La morphologie de Pikine présente des contraintes
d'ordre physiques qui rendent difficile la vie des populations locales
(paragraphe I) et infrastructurelles avec tantôt en manque criard ou
dès fois dans un très mauvais état. Celles-ci
découlent d'une mauvaise planification des espaces habités
(paragraphe II)
Paragraphe I : les contraintes d'ordre physiques
Certaines situations ont favorisé les problèmes
liés à l'assainissement dans le département de Pikine
notamment l'habitation dans des zones impropres pour celle-ci (A) ainsi qu'une
évolution démographique fulgurante (B).
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A-l'habitation de zones non aedificandiLes zones
non aedificandi sont généralement considérées,
à leur état naturel, comme impropre à
l'habitat. Elles se caractérisent le plus souvent par
la présence d'eau du fait de la nappe qui affleure mais constituent
également des bassins de réceptacles des eaux de
ruissellement.
A Pikine ces zones étaient affectées au
maraichage plus connue sous le nom des grandes Niayes. Elles ont
été abandonnées par les maraichers avec les
périodes de sécheresse pour être occupée par des
populations empruntes à l'exode rural. Cette situation découle
ainsi, en partie de la longue période de sécheresse des
années 1970 qui a eu comme conséquence, entre autres,
l'occupation systématique de ces zones basses et autres passages d'eau
car ces terrains ont été vendus à des prix très bas
par les populations autochtones sans le contrôle nécessaire des
pouvoirs publics.
Le retour progressif de la pluviométrie s'est traduit
de ce fait, par une remontée de la nappe phréatique dans les
Niayes entrainant l'inondation de centaines de maisons et faisant des milliers
de personnes sinistrées.
Devant les difficultés qu'éprouvent la ville de
Pikine et l'État pour satisfaire la forte demande en logements et en
équipements, les populations continuent de s'installent dans ces zones
impropres à l'habitation, le plus souvent sans droit ni titre.
Le foncier reste très flottant car il existe peu de
titre foncier dans la zone de Pikine qui est caractérisée par une
dichotomie entre Pikine régulier faisant l'objet de lotissement et
Pikine irrégulier qui rempli presque toutes les conditions des bidons
villes.
Ainsi, la quasi totalité de cette zone est soumise au
régime du domaine national, elle n'a pas fait au départ l'objet
d'aucun aménagement. Cette zone est confronté à de
multiple problèmes d'assainissement notamment en ce qui concerne
l'évacuation des eaux pluviales, des eaux usées
ménagères et des eaux vannes.
Étant dans un réceptacle, l'évacuation de
ces eaux devient difficile sans l'existence d'un système de
relèvement avec une canalisation performante. Ainsi, les inondations ont
contribué à l'aggravation du problème avec le remplissage
de la nappe qui constitue un souci énorme pour l'élimination des
eaux et particulièrement des eaux vannes car les ouvrages sanitaires ne
peuvent plus fonctionnés et les populations sont obligées de
quitter la zone pour ceux qui en ont les
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moyens, les autres, la frange la plus nombreuse restée
sur place font face à un cadre peu accueillant avec des conditions de
vie exécrables.
Par conséquent, au regard de leur profil ces
populations proviennent des catégories sociales démunies. Ce qui
explique le mode de vie précaire des habitants de ces quartiers
flottants qui présentent toutes les formes de pauvreté
urbaine.
B- Une rapide évolution démographique
La ville de Pikine a connu un accroissement
démographique important qui a rendu inopérationnel la plupart des
politiques et plans conçus au préalable pour aménager
l'espace. Malgré les initiatives prises en vue de satisfaire la demande
en parcelles viabilisées, les autorités locales éprouvent
d'énormes difficultés. Cet accroissement excessif de la demande
sans commune mesure avec les moyens disponibles, crée une rupture dans
la capacité d'accueil des infrastructures, en particulier dans le
domaine de l'assainissement des eaux pluviales17.
Ainsi, l'analyse de l'évolution démographique de
Pikine révèle que les villages traditionnels qui existaient avant
la création de Pikine en 1952, regroupaient en 1949 une population de
4941 habitants. Trois ans après, en 1955 la population de
l'agglomération est passée à 8.000 habitants. Dans cette
évolution de la population quatre périodes peuvent être
retenues :
La première (1956 --1966) correspond à la
formation de Pikine ancien, un ensemble évalué à
l'époque à 8 000 parcelles hébergeant 50.000 habitants sur
une superficie approximative de 185 ha. Le taux de croissance a
été très élevé (23,3 %) ;
La période 1966-73 qui coïncide avec la
création de Guédiawaye Nord au Nord Quest de Pikine ancien.
Malgré le nombre de lotissement le taux baisse de plus de la
moitié pour devenir 10,9 % ; La période 1973-1988 est
caractérisée à la fois par une réduction
considérable des déguerpissements en provenance de Dakar et le
début d'une nouvelle tendance démographique. Le taux de
croissance se situe à 7,4 % ;
L'augmentation la plus élevée de la population
entre 1973-88 est localisée non pas dans le centre principal de Pikine
au sens strict, mais dans les « villages traditionnels » et les
quartiers d'habitat spontané.
17 Rapport audit urbain de la ville de Pikine,
Ministère de l'intérieur, ADM (agence de développement
municipal), Août 2001.
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L'évolution rapide de la population montre une ville
marquée par la migration. Au cours de la deuxième décennie
de la ville, la part relative de Dakar dans la population, était
largement dominante (85 %). Les migrations contrôlées
composées de déguerpis sont orientées vers les quartiers
planifiés de Pikine ancien et Guédiawaye, tandis que les autres
immigrants s'installent principalement à Pikine irrégulier. Avec
le phénomène de la sécheresse, les flux migratoires en
provenance de l'intérieur ont pris le relais à partir de
197618.
En prévoyant une population de 2 027 008 habitants pour
le Département de Pikine en l'an 2013, la Direction de la
Prévision et de la Statistique a utilisé un taux voisin de 4,8 %
entre 1988-2013. Ce taux sera maintenant pour les perspectives
démographiques de la ville de Pikine pour les années à
venir :
Tableau n° 1 : Population future
Taux 88/98
|
1998
|
2002
|
2007
|
2012
|
4,8
|
786.056
|
993.575
|
1.255.879
|
1.587.431
|
Les tendances démographiques se traduisent par un
besoin de nouveaux espaces habitables pour l'horizon 5, 10 et 15 ans). Les
besoins en espace à urbaniser en 1998 et 2012 s'élèvent
à 3.312 ha En effet, compte tenu de la rareté de l'espace, les
occupations irrégulières vont diminuer et de plus en plus, on
s'orientera vers des opérations de lotissements.
La problématique de l'assainissement à Pikine
reste ainsi étroitement liée à sa démographie, qui
prend une courbe extrêmement rapide, entrainant un besoin énorme
en espace alors que toutes les zones qui devaient recevoir ces
équipement et ouvrages d'assainissement, au regard du PDU, son
habitées
|