I.1.3. Enjeux
économiques et de développement
Les enjeux de l'exploitation énergétique de la
biomasse sont multiples. Tout d'abord, face aux fluctuations du prix du
pétrole, la biomasse est amenée à devenir une source
d'énergie alternative économiquement compétitive. D'autre
part, l'intensification de la production énergétique à
partir de biomasse contribue à une meilleure indépendance
énergétique des pays en développement.
L'utilisation du bois énergie à grande
échelle a également l'avantage de dynamiser l'économie
locale.
En effet, l'exploitation de la forêt, la collecte, le
transport, le conditionnement et l'exploitation des installations de production
sont créateurs d'emploi au niveau local. A dépense égale,
l'énergie bois générait 3 à 4 fois plus d'emplois
que les énergies classiques « fioul, gaze,... »
(Mermoud 2006).
En France par exemple ; d'après le
ministère des affaires sociales, du travail et de la
solidarité ; l'exploitation annuelle de 1000 mètres cubes de
bois génère directement un emploi qualifié à temps
complet.
Le sommet mondial sur le développement durable à
Johannesburg dans le pays de Nelson Mandela en 2002 a fait de la lutte contre
la pauvreté une priorité.
L'accès à l'énergie est une condition du
développement. Or, deux milliards de personnes dans le monde en sont
encore privées. La biomasse énergie constitue une
opportunité de développement pour les pays du sud, à
l'instar de la République Démocratique du Congo si l'on
considère que la plus grande disponibilité de la biomasse
d'Afrique se trouve justement dans notre pays.
Les obligations en matière de réduction des gaz
à effet de serre conduisent les pays industrialisés à
développer l'usage des énergies renouvelables. L'accent est mis
aujourd'hui sur la recherche notamment dans le secteur de la biomasse
énergie qui parait aujourd'hui incontournable pour répondre aux
enjeux environnementaux à long terme en envisageant des filières
comme celle de la gazéification pour l'obtention d'un gaz combustible
par une transformation chimique d'un produit carboné solide (bois) ou
liquide.
En effet, le gaz produit, constitué en particulier de
monoxyde de carbone et d'hydrogène, peut être
utilisé :
Ø Soit comme combustible pour les moteurs/turbines
à gaz ou plus récemment pour les piles à
combustible ;
Ø Soit comme gaz de synthèse pour la production
de biocarburants grâce au précédé Ficher-Tropsch.
I. 2. SITUATION DU BOIS-ENERGIE EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
Le bois est la principale source d'énergie de la
majorité des pays en développement ou en voie d'industrialisation
et des pays sous développés (Schenkei et al. 2002). Dans ces
pays, la biomasse, et particulièrement le bois, demeure la principale
source d'énergie (Doumenge 1990).
Dans la consommation totale d'énergie en
République Démocratique du Congo, le bois de feu et le charbon de
bois entrent pour 80% (Kadiata 2007). Selon le même auteur, la
consommation faite par les ménages représente la presque
totalité (99%) de toute l'énergie bois consommée.
Ainsi, à part les petites quantités de
pétrole (kérosène) et d'électricité, les
ménages font donc presque exclusivement appel à l'énergie
ligneuse pour satisfaire leurs besoins en énergie de cuisson.
L'énergie bois (dendro-énergie) produite
localement et de surcroit renouvelable, confère au Congo une certaine
autarcie énergétique ; situation qui se traduit par des
substantielles économies de devises (Kadiata 2007).
En revanche, le recours au charbon de bois comme
énergie privilégié des citadins ne manque pas d'exercer
des pressions de plus en plus fortes sur le capital forestier du pays (Kadiata
2007). C'est dans le voisinage des grands centres que ce problème se
pose avec acuité.
Le prix à payer, ce sont des dommages
irréparables infligés à l'environnement. En effet, en
sommant les usages domestiques, commerciaux et industriels, la demande en bois
de feu devrait atteindre 55 millions de m3 équivalant bois en l'an 2005
avec une progression annuelle de 2.72% soit à peu près le taux
de croissance démographique qui sera de 3% (Kadiata 2007).
Pour Schenkei et al. (2002), la gestion des
écosystèmes forestiers n'est pas rationnelle dans la plupart des
pays sub-sahariens. Les données statistiques affichent de très
grandes disparités de chiffres entre pays voisins aux
caractéristiques géographiques et économiques
similaires.
Ces différences sont dues à la difficulté
d'obtenir des statistiques fiables sur les combustibles non-commerciaux ou
échappant aux circuits de distribution enregistrée. Ceci est
particulier vrai dans les pays en développement, excepté les pays
comme le Sénégal où l'approvisionnement en charbon de bois
des grandes villes passe généralement par un circuit de
commercialisation organisé.
Dans ce cas, selon les ingénieurs en eaux et
forêts et les forestiers de terrain ; des concessions
forestières sont accordés à des organismes agrées
pour la fabrication de charbon de bois. Chaque année, une région
est désignée par les ingénieurs en eaux et forêts et
les forestiers de terrain qui indiquent aux exploitants les surfaces qui
peuvent être utilisées à des fins de carbonisations. La
coupe et la carbonisation sont effectuées par des tâcherons.
Ensuite, le charbon de bois est acheminé vers les grandes villes par
camions. A l'entré de chaque ville, les camions doivent franchir un
poste de contrôle avant de livrer leur chargement à un
négociant de charbon de bois. Le charbon de bois est ensuite
acheminé vers les grossistes, puis vers les détaillants (Mermoud
2006).
Contrairement au Sénégal, la République
Démocratique du Congo n'a aucune politique du genre à
contrôler le secteur du bois énergie et la carbonisation dans les
milieux périurbains des grands centres du pays en général
et de Kinshasa en particulier au moment où il est prouvé que
cette manière d'exploiter les ressources forestières de
façon non durable dégrade les écosystèmes (Kapa et
al. 2006). Si rien n'est fait dans les années qui viennent, la pression
sur les écosystèmes devrait s'accroitre tant que la biomasse, et
singulièrement le bois, restera encore pour des nombreuses années
les principales sources d'énergie en République
Démocratique du Congo (Doumenge 1990).
Une possibilité de diminuer la pression sur les
ressources naturelles ligneuses des quelques recrus forestiers qui restent dans
les environs des centres urbains serait de reboiser systématiquement les
espaces occupés par des formations herbeuses (savanes) (FAO 2006).
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