1.1. Problématique
Avec la mondialisation, le nombre de personnes qui vivent en
dehors de leur pays d'origine a fortement augmenté au cours des
dernières décennies (André Gauthier, 1996). En 2005, la
Commission mondiale sur les migrations internationales estime qu'il y a sur la
planète près de 200 millions de migrants, soit 3% de la
population mondiale. La trajectoire migratoire a souvent pour origine les pays
du Sud et comme destination les pays du Nord d'une part, entre les pays du sud
d'autre part (PNUD, 2005). Dans cette dernière catégorie de
migration, on note les migrations nationales et sous régionales. La
principale raison des départs de ces migrants est non seulement l'espoir
de trouver de meilleures conditions de vie pour eux-mêmes mais
également pour leurs familles restées au pays et ou au village
car, dans de très nombreux cas, ils continueront de soutenir
financièrement ces dernières (ADEPOJU, 2002).
En Afrique sub-saharienne, où près de 50% des
personnes gagnent moins d'un dollar par jour ; (PNUD, 2000), la migration
de travail est devenue un moyen de subsistance pour plusieurs familles : «
La migration leur apparaît comme la seule stratégie possible
d'autonomisation » (Daum, 1998). Le pays d'accueil est alors davantage
considéré comme un espace de travail qu'un espace de
résidence (Fall, 2003). La décision de migrer pour un individu
est d'ailleurs souvent le résultat d'une stratégie familiale pour
maximiser les revenus (Amassari, 2004). Le départ de ces ressources
humaines constitue une grave perte aux plans économique, culturel et
politique pour les pays du Sud et vient accentuer l'appauvrissement des
habitants (Tebeje, 2005).
En dépit de l'amélioration de certains
indicateurs, la situation sociale du Bénin reste préoccupante
(MEF, 2005). D'après le rapport mondial sur le développement
humain de 2005, le PNUD classe le Bénin au 162ème rang
sur les 177 pays étudiés. Plus d'un tiers de la population vit en
dessous du seuil de pauvreté et le niveau d'accès aux services
sociaux de base et à l'éducation, en particulier des filles,
reste très faible.
D'après des études socio-économiques
menées par le gouvernement béninois en 2002, les
catégories sociales les plus touchées par la pauvreté sont
les femmes et les artisans du monde rural, les agriculteurs sans terres et les
habitants des zones enclavées, les orphelins, les enfants
abandonnés, les filles mères, les enfants
déscolarisés ou employés comme domestiques, les jeunes
déscolarisés ou sans emploi, les personnes handicapées ou
âgées sans soutien.
Ainsi la pauvreté au Bénin dépend de
plusieurs facteurs. L'accès à la terre pose problème,
notamment dans les zones rurales : les parcelles cultivables ont une superficie
moyenne de 1,7 ha pour une famille de 6 à 7 personnes et les
activités non agricoles restent rares. L'accès aux
marchés, aux sources de micro finance, aux technologies
améliorées et aux infrastructures et services sociaux de base
fait également défaut et contribue à l'appauvrissement des
communautés.
Dans ce dynamisme de pauvreté, l'habitat
béninois a toujours été mobile avec des départs et
des arrivées sans cesse (André Gauthier et al, 1996). La
population varie, non seulement par l'accroissement naturel mais aussi par des
mouvements migratoires. Chaque jour il y a des naissances et de changement de
domicile à la recherche d'un bien être. Pour contourner les
difficultés auxquelles elles sont confrontées, les personnes
naissantes choisissent les migrations comme étant une solution salutaire
(JEUDA 111, 2001).
Cependant, les migrations de populations sont
d'actualité dans les pays du tiers monde et particulièrement dans
les zones rurales. De nombreux ruraux quittent leurs localités où
règnent la misère et le sous emploi pour aller vivre dans les
grandes villes ou les grandes agglomérations où existent les
possibilités d'amélioration de leurs conditions de vie. Ainsi
dans tout le Bénin et particulièrement dans les milieux ruraux
notamment la commune de Savalou, les populations affluent de façon
régulière vers les villes nationales, vers les pays de l'Afrique
occidentale et ceci pour échapper à la misère. De la
même manière d'autres populations qui, soit sont
confrontées à des difficultés d'ordre naturel et humain
dans leur communauté, soit à des difficultés socio
économiques et culturelles, viennent en abondance dans la commune pour
s'y installer. En effet le « SAVALOU » était le
terminus du « DAHOMEY ». Il abritait depuis la colonisation
des populations étrangères notamment les responsables dirigeant
des postes d'administration coloniale (H.DESANTI).
En 2003 on dénombre dans la commune de Savalou plus de
78% de jeunes ruraux qui sont touchés par ce phénomène
(PDC Savalou, 2002). Dans l'ensemble, la commune connaît une forte
croissance de la population et est marquée par un mouvement migratoire
intense. De nombreux départs qu'on enregistre au cours d'une
année sont comblés par l'arrivée massive des populations
étrangères qui s'installent temporairement ou
définitivement (PDC Savalou, 2002).
Ces mouvements de populations ne sont pas sans
conséquences. Ils affectent d'une part, le développement
intégré de la commune et d'autre part ils influencent le
mode de vie des populations autochtones. Mais les mouvements migratoires dans
la commune de Savalou constituent - ils un frein au développement ?
C'est justement pour
contribuer à l'analyse du phénomène dans la commune de
Savalou où la participation des migrants à l'économie
familiale a été estimée à plus de 72%
(enquête, 2008) que la présente étude a été
initiée.
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