CHAPITRE VI : LES IMPACTS SOCIO ECONOMIQUES DES
MIGRATIONS DE POPULATIONS SUR LE DEVELOPPEMENT DE SAVALOU.
Les mouvements de populations dans la commune de Savalou ont
des impacts significatifs sur le développement. Ces impacts se font
sentir dans les deux aspects de migrations qui se manifestent dans la commune.
Il s'agit en fait des incidences liées à l'immigration d'une part
et à l'émigration d'autre part.
6.1.
La contribution de l'immigration au développement de la commune de
Savalou
L'immigration des populations dans la commune de Savalou
assure un avantage non négligeable à son développement.
6.1.1. La constitution des groupes socio-
culturels.
L'avènement de la décentralisation au
Bénin en 2002 a attiré la conscience des populations à la
base à participer au développement de leur communauté. Ce
nouveau système de développement qu'est la
décentralisation, implique la participation des uns et des autres
(autochtones et étrangers) au processus de développement de leur
localité. Les populations s'organisent à leur niveau pour
participer de façon effective à la gestion des ressources et des
biens de leurs localités. De ce fait, les associations de
développement de mettent en place au jour le jour et selon les
affections. Toutes ces associations bénéficient du soutien des
ressortissants des différentes localités et s'appui sur leurs
expériences. Les migrants constituent donc une force incontournable pour
le développement des localités d'origine ou d'accueil.
Les immigrants de la commune de Savalou comme tous autres
immigrants investissent énormément dans la commune dans les
secteurs divers. Il s'agit de l'immobilier, du commerce, des infrastructures
communautaires... Dans la commune de Savalou, nous avons enregistré
plusieurs réalisations des étrangers nationaux et internationaux
qui rendre dans le processus de développement intégré de
la commune. Ces étrangers après plusieurs années de
services ou de travail injectent des bénéfices qu'ils ont dans la
construction des maisons, des écoles, des hangars de marché, des
puits et des routes et dans le social. Dans la commune, plusieurs cadres
étrangers ont investi dans le commerce, la construction des cliniques,
des écoles privées, d'unité villageoise de santé,
d'églises.
6.1.2. Les transferts de technologie.
Les transferts des technologies constituent un aspect
important des oeuvres des immigrants dans la commune de Savalou. En effet, sur
le plan de l'agriculture, les fon d'Abomey ont apporté une technique de
labour en billon qui est répandu sur toute la commune aujourd'hui.
D'origine, les agriculteurs de la commune de Savalou en général
et en particulier ceux de l'ouest pratique des labours bute et sur les poquets.
Dès l'invasion des communautés Ifè par les métayers
fon d'Abomey, le labour en billon est introduit et maîtrisé par
les cultivateurs qui l'apprécient au labour en bute. Le labour en billon
correspond en planches dans lequel les planches sont étroites et
successives, le terrain ainsi labouré présentant un aspect
bosselé. Les billons sont séparés les uns les autres par
les dérayures. Le billons est constitué de deux bandes de terres
adossées, exécutées à la houe ou à la daba.
Le labour en butte initialement pratiqué par les populations de la
commune de Savalou consiste en la confection de petits amoncellements de terre
meuble constitué de plusieurs bandeaux de terres adossées autour
d'un axe central. C'est la forme de labour qui offre à la plante le plus
grand volume de terre dans les systèmes de culture tropicaux. Ce type de
labour est réservé aux cultures à tubercules dont
notamment le manioc et l'igname. Désormais les cultures d'arachide, du
maïs, de mil, de sorgho et de niébé sont posées sur
les billons et rare fois sur les butes. De plus les fon ont apporté un
système défrichage plus rapide que celui pratiqué par les
populations paysannes de la commune. Désormais, le défrichage se
fait à l'aide d'un outil plus adapté et de façon plus
rapide. L'usage de la houe pour le défrichage était le principe
des cultivateurs de la commune, mais dès l'arrivée des fon dans
la commune, il y a l'introduction de coupe coupe et d'un objet tranchant
à manchette longue pour le défrichage. Ainsi au lieu d'une
demi-parcelle défrichée par le cultivateur le plus rapide, c'est
désormais une parcelle ou une et demi.
Les adja dès leur arrivée ont introduit la
technique de production de « sodabi » à base du
palmiste dans la commune. Alors une bonne partie des cultivateurs a pris
l'habitude de produire de « sodabi » pour soi ou pour
d'autres personnes dans le besoin.
L'immigration a aussi d'autres avantages qui concernent
plusieurs variables dont notamment la sécurité alimentaire, les
échanges commerciaux et la diversité culturelle.
6.1.3. La sécurité alimentaire
La sécurité alimentaire est l'un des
paramètres prédominants dans la caractérisation du
développement des peuples. Elle se manifeste globalement par
l'autosuffisance alimentaire dans la quantité et la qualité
(disponibilité et diversité en denrées alimentaires
cultivés).
Originellement, la région de Savalou s'est
spécialisée dans les principales cultures vivrières telles
que le maïs, l'arachide et l'igname. Aujourd'hui cette région est
inféodée des cultures étrangères telles que le
manioc, le niébé, le sorgho, le mil, etc. Ces nouvelles cultures
devenues aujourd'hui vulgaires ont été introduites par les colons
agricoles immigrants (du nord et du sud du pays).
Tableau V : les
cultures vivrières introduites dans la commune de Savalou par les
immigrants agricole
Cultures introduites
|
Auteurs de l'introduction
|
Niébé
|
Fon d'Abomey
|
Manioc
|
Adja
|
Sorgho et mil
|
Yom-Lokpa
|
Source : Travaux de terrain,
2008
Cette diversité des denrées alimentaires a
amélioré à un moment donné les habitudes
alimentaires des populations autochtones de Savalou qui ont pu combattre la
malnutrition liée à la non variation des nourritures qui se
résument essentiellement au maïs et à l'igname. Les
agriculteurs ont introduit de différentes cultures dans les habitudes
culturales ; ces cultures constituent un atout considérable pour la
sécurité alimentaire dans la commune. C'est bien ici le cas du
manioc considérablement cultivé par les agriculteurs immigrant
dans la commune (voir photo 4).

Photo 4 : Champ de manioc d'un immigrant à
Lahotan
Cliché AGODO octobre 2008
Par ailleurs l'adoption de ces cultures à large
échelle par les populations de Savalou a conduit à la
création d'un pôle d'échanges commerciaux avec les
régions environnantes et même l'accès au marché
nigérian grand consommateur des cultures vivrières. Aussi le
développement de l'agriculture par les étrangers et les
autochtones a-t-il permis la création des taxes communales dans les
marchés et les principales artères les jours du marché.
Ces taxes sont reversées alimentent la caisse de la commune pour le
financement des projets et autres initiatives communautaires.
A cette diversité de production
végétale, s'ajoute la production animale. Les principaux produits
introduits sont les bovins, les ovins, les caprins, les porcins et la volaille.
En dehors de la production de viande et de lait qui renforce la
diversité alimentaire des populations, ces animaux venus de la
région nord améliorent le format des espèces locales qui
sont généralement de petite taille. En 2002, plus de trois mille
(3000) têtes de bovins ont été enregistrées comme
cheptel de la commune de Savalou. La commercialisation de ces bêtes
renforce un tant soit peu la dynamique économique des populations qui
pour des raisons diverses réduisent les emblavures culturales au profit
de l'élevage ou du commerce de bovins ou caprins.
La figure N°13 montre la contribution
des immigrants et autochtones dans la production de denrées alimentaires
consommés dans la commune.

Figure 13: Participation relative des populations
autochtones et étrangères aux produits alimentaires.
Source: enquêtes de terrain
2008
La figure montre que les immigrants fournissent 80 % des
produits animaux (viande, lait, fromage, etc.) consommés dans la
commune, seulement 20 % de ces produits sont générés par
les autochtones soit une différence de 60 %. Par contre, les
spéculations végétales produites majoritairement par les
autochtones à hauteur de 70 % contre 30 % pour les immigrants, soit une
différence de 40 %. On peut alors conclure que les immigrants sont
très actifs dans la sécurité alimentaire de la commune de
Savalou.
|