4.2.
L'immigration dans la commune de Savalou
L'immigration dans la commune de Savalou peut se
présenter sous trois principales formes. Il s'agit de :
- L'immigration agro-pastorale ;
- L'immigration commerciale et professionnelle ;
- L'immigration pour des raisons administratives.
4.2.1. L'immigration agro-pastorale.
Cette forme d'immigration se manifeste de deux manières
dans la commune de Savalou. Il y a l'exode rural-rural et l'immigration
pastorale.
· L'exode rural-rural.
Mouvement de populations rurales vers les zones où les
terres sont plus fertiles, l'exode rural-rural est pratiqué par les
agriculteurs dont les espaces cultivables sont menés à terme ou
dégradés. Pour ce type d'immigration, la commune enregistre des
étrangers de toutes les régions du Bénin en
général et en particulier les populations des départements
de Mono-Couffo, de Zou-Collines, de l'Atacora-Donga et d'Alibori-Borgou. Cet
exode affecte surtout les populations paysannes. Il se confond à la
colonisation agricole.
A l'intérieur de la commune de Savalou, ce mouvement
concerne les populations béninoises de toutes les régions. Il
s'effectue vers les zones où les terres sont assez fertiles et où
les activités agricoles sont porteuses. En effet les terres cultivables
de certaines populations ont subi une dégradation considérable du
fait des facteurs humains ou naturels. Ces terres sont envahies depuis
plusieurs décennies par les habitants des villes et de grandes
agglomérations. Elles connaissent un appauvrissement important qui est
secoué par l'occupation du sol par des habitations. Les sols ne
favorisent plus l'exercice des activités champêtres qui permettent
aux populations de répondre efficacement à leurs besoins
fondamentaux. Ces populations pour bien mener leurs activités agricoles
et en tirer des revenus satisfaisants, vont désormais dans les
régions de la commune les plus reculées. Elles vont souvent dans
les environs de Kpataba, de Djalloukou, de Gobada, et de Lahotan où les
sols sont encore riches et moins exploitées. De plus les zones fluviales
de Agbado et du Zou attirent considérablement ces populations
étrangères venues du Sud particulièrement du
Département du Zou et du Mono - Couffo. Ces étrangers à
leur arrivée demandent auprès des autochtones des terres
cultivables pour exercer leurs activités. Ils viennent de tous les
départements du Bénin et des pays limitrophes ( Nigeria, Niger,
Burkina-Faso, Togo) (voir figure 10).
![](Les-migrations-de-populations-dans-la-commune-de-Savalou-impacts-socio-economiques12.png)
Figure 10:
Phénomène d'immigration dans la commune de Savalou
Cette carte montre l'origine des immigrants de la commune de
Savalou. Ils viennent pour ce qui concerne le pays, des douze
départements et pour l'extérieur des pays limitrophes.
Parallèlement à cette forme de migration, se
développe la colonisation spontanée. Elle affecte les populations
d'une même origine ethnique. Le plus souvent, les nouveaux colons dans
une région pour créer une ferme, se déplacent par lots de
deux, trois ou quatre personnes de la même famille ou avec des amis et
cohabitant. Chaque famille dispose en moyenne de quatre à cinq
personnes. Pour s'installer, ces personnes font la demande de terres
cultivables auprès des premiers occupants ou auprès du chef
village ou de collectivité. Cette colonisation agricole intéresse
un grand nombre de populations venues des régions du Sud notamment du
département du zou, du Mono, du Couffo et de l'Atlantique. Il s'agit des
personnes venues des communes de Djidja, d'Agbangnizou, de Za-kpota, d'Abomey,
de Bohicon puis des communes d'Azovè, de Klouékanmey, de Dogbo...
ils sont pour la plupart des Fon, des Adja, et des Guin. Les Fon vénus
du département du Zou sont essentiellement des agriculteurs et sont
répandus surtout dans les arrondissements de Djalloukou, de Gobada et de
Lahotan. Ils sont aussi présents dans les autres arrondissements mais en
nombre peu significatif. Les Adja venus du Mono sont essentiellement des
exploitants forestiers et sont partout dans la commune. Il y a aussi des
groupes venus du centre c'est- à - dire du département des
Collines. Il s'agit des populations venues de Dassa-zoumè, de
Glazoué, de Savè et de Bantè. Ces populations sont pour la
plupart des Nago (Idaatcha, Itcha, Tchabè), et des Mahi. Elles sont
localisées dans les arrondissements de Logozohè, de Lahotan et de
Kpataba. Les populations venues du Nord sont pour la plupart des régions
de l'Attacora, de la Donga et du Borgou. Ce sont lesYom, les Lokpa, les
Otamari, les dendi, les Baatonu et les Bariba... Les différentes
populations venues ds départements du Bénin se présentent
dans la figure de la page suivante.
![](Les-migrations-de-populations-dans-la-commune-de-Savalou-impacts-socio-economiques13.png)
Figure 11: Proportion des immigrants par
département dans la commune de Savalou
Source : Enquête 2008.
A la lecture de cette figure, ii faut noter que les
populations nationales qui s'installent dans la commune de Savalou pour des
raisons d'activités agricoles varient d'un département à
un autre. Les départements de Zou-Collines fournissent plus de la
moitié (53%) de ces populations nationales, ils sont suivis des
départements de Mono-Coufo (20%), des départements de
l'Atacora-Donga (10%), des départements Borgou-Alibori (9%), Atlantique
Littoral (6%) et enfin autres (2%). Cette forte proportion des
départements de Zou-Collines se justifie d'abord par la proximité
de la commune au département du Zou, son appartenance au
département des Collines. Ceci fait qu'elle plus accessible aux
populations de ces deux départements. Cette forme d'immigration a
donné naissance à de plusieurs hameaux et fermes
créés dans la commune. C'est bien là le cas des habitants
fon de Kénana, de Kinha et de Zounkpa dans l'arrondissement de
Djalloukou ; de Djabigon dans l'arrondissement de Tchetti et de Kokoro, de
Kitikpli et de Tamba dans l'arrondissement de Lèma qui sont pour la
plupart des populations fon d'Abomey. Il y a aussi une autre catégorie
qui contribue considérablement à l'évolution de cette
forme d'immigration dans la commune. Il s'agit des femmes qui après
plusieurs semaines de travail dans les champs des cultivateurs finissent par
choisir leur mari. Plusieurs femmes des communes de Bantè, de
Dassa-Zoumè et de Glazoué dans le département des Collines
puis des communes de Djidja, d'Abomey et de Bohicon dans le département
du Zou sont concernées par ce type d'immigration. Ces femmes passent de
village en village et de ferme en ferme pour chercher de travail. Elles ont
comme activités principales la récolte de maïs, du riz, de
l'arachide, de haricot, des tubercules et font aussi de gari.
Photo 1 : Un métayer en actvité
dans un champs de maïs dans l'arrondissement de Djalloukou
Source : cliché AGODO, avril
2008
![](Les-migrations-de-populations-dans-la-commune-de-Savalou-impacts-socio-economiques14.png)
Cette image retrace un métayer en pleine
activité dans l'arrondissement de Djalloukou. Les immigrants qui font le
labour, gagnent environ 3.000 F par jour pour les plus rapides puis 1.500 F
pour les moins rapides. En ce qui concerne le défrichage, ils prennent
également entre 3.000 et 4.000 F par parcelle. Les plus rapides gagnent
4.000 F par jour et les moins rapides 2.000 F par jour. Pour le sarclage qui
coûte moins cher que les autres activités, ils gagnent entre
1.500 et 2.000 F pour les plus rapides et entre 500 et 1.000 F pour les moins
rapides. Cette dernière activité est le plus souvent
pratiquée par les femmes et les enfants qui n'ont pas assez
d'énergie pour faire le labour et le défrichage. A la fin de la
saison, les immigrés repartent dans leur localité avec beaucoup
d'économies. Selon les résultats de nos enquêtes dans deux
villages (Attaklakanmè et Djallouma) de l'arrondissement de Djalloukou,
nous avons recensé un nombre impressionnant de travailleurs soit 124
personnes dont 98 hommes, 17 enfants et 9 femmes venus pour le salariat
agricole de la période d'avril à septembre 2007.
·
L'immigration pastorale.
L'immigration pastorale regroupe l'élevage
sédentaire et la transhumance.
- L'élevage sédentaire.
Dans la commune de Savalou il y a plusieurs ménages qui
pratiquent ce type d'élevage. Il s'agit bien sûr des peuhls, des
kabyè et certains fon et adja. Lors de nos enquêtes sur le
terrain, nous avons recensé 246 ménages avec un effectif de plus
de 500 personnes. Ce type d'élevage se pratique dans tous les
arrondissements mais il est plus dense dans les arrondissements de Doumè
et de Djalloukou qui regroupent respectivement 43 et 39 ménages.
L'élevage est majoritairement pratiqué par les
Peulh surtout à l'ouest de la commune. On dénombre plus de 30.000
têtes de bovins et d'ovins. L'élevage domestique (caprins, ovins
porcins et volailles) complète l'agriculture ; mais est faiblement
associé à l'agriculture ( voir photo 2).
Le projet SONGHAI installé à Kpakpassa sur la
voie menant à Tchetti initie les jeunes aux travaux agricoles et
constitue un véritable centre d'élevage de volaille, de
formation et d'initiation à l'auto- emploi.
- La transhumance peuhl.
Cette forme d'élevage entre temps très
importante, devient de moins en moins importante par rapport aux années
antérieures où on les remarque dans toutes les contrées de
la commune de Savalou, ancienne Sous- préfecture. Aujourd'hui ils sont
détestés et craints par les populations compte tenu des pratiques
anti-sociales dont ils font objet. Ces peuhls sont venus dans la commune de
Savalou comme partout au Bénin depuis les sécheresses de 1968
à 1973 ayant privé les pays sahélien de pâturage et
d'eau. Ils proviennent du Niger, du Burkina- Faso, du Mali et du
Nigéria. Les zones de pâturage créées dans le cadre
de l'élevage et les couloirs de transhumance ne sont malheureusement pas
respectées ; ce qui entraîne parfois des conflits sanglants
entre éleveurs et agriculteurs.
![](Les-migrations-de-populations-dans-la-commune-de-Savalou-impacts-socio-economiques15.png)
Photo 2 : Troupeau de mouton d'un immigrant dans
l'arrondissement de Djalloukou
Source :
Cliché AGODO, Octobre 2008
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