ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE
MAGISTRATURE
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BURKINA
FASO Unité-Progrès-Justice
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DEPARTEMENT DIPLOMATIE
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LE RATTACHEMENT DES BURKINABE DE L'ETRANGER A
LEUR PAYS D'ORIGINE ET LEUR APPORT AU DEVELOPPEMENT
Mémoire
Pour l'obtention du diplôme de
Conseiller des Affaires Etrangères
Présenté et soutenu publiquement par :
Edouard BOUDA
Mention : Très bien
Jury :
Président : M. Laurentin SOMDA,
Chargé de cours
Directeur de mémoire : Me Apollinaire KYELEM de
TAMBELA, chargé de cours Membre : M. Jacob PASGO,
Conseiller technique, chargé de cours
Juin 2009
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail :
enam@cenatrin.bf Téléphone
: (226) 50.31.42.64/65 Télécopie : (226) 50 30 66 11
L'ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION ET DE
MAGISTRATURE N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION NI IMPROBATION AUX
IDEES EMISES DANS CE MEMOIRE
AVERTISSEMENT
DEDICACE
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~~~~ me~ ~~~~~~~~ ~~~~~~~~~ 1
~~~e#u~~ ~~ m ~~ ~~~ ~~~~~~~~~~~
~~~ co~~~~~~n a~
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~~ ~~~~~ ~~ ~~~~~~~~
REMERCIEMENTS
Ce travail est l'aboutissement de deux années
d'études à l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
(ENAM). C'est donc le lieu de remercier l'administration, le personnel et le
corps professoral de l'ENAM.
Nos remerciements vont au Ministre d'Etat, Ministre des
Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, au
personnel de son Département, en particulier au Secrétaire
Permanent du Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger (CSBE)
et au personnel dudit Conseil pour leurs soutiens.
Nous tenons aussi à remercier la secrétaire
Permanente et le personnel du Conseil National de la Population (CONAPO) pour
nous avoir facilité les recherches.
Nous tenons particulièrement à remercier Me
Apollinaire KYELEM, notre directeur de mémoire pour sa
disponibilité, ses conseils et la qualité de son encadrement sans
lesquels ce travail n'aurait pas cet éclat. De lui, nous retenons
l'image d'un homme rigoureux et plein de sagesse ayant l'amour du travail bien
fait.
A tous les parents et amis qui nous ont apporté leurs
appuis multiformes, nous témoignons notre profonde gratitude.
Que tous ceux qui ont contribué de près ou de loin
à la réalisation de ce travail soient récompensés
à la hauteur de leur mérite.
LISTE DES ABREVIATIONS
ABRB : Association des Burkinabé
Résidant au Bénin
BA-BF : Banque Atlantique du Burkina Faso
BACB : Banque Agricole et Commerciale du
Burkina
BAD : Banque Africaine de
Développement
BCB : Banque Commerciale du Burkina
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
BHB : Banque de l'Habitat du Burkina
BIB : Banque Internationale du Burkina
BICIA-B : Banque Internationale pour le
Commerce, l'Industrie et l'Artisanat du
Burkina
BOA : Bank of Africa
BRS : Banque Régionale de
Solidarité
BSIC : Banque Sahélo-saharienne pour
l'Investissement et le Commerce
BTP : Bâtiment et Travaux Publics
CEDEAO : Communauté Economique des Etats
de l'Afrique de l'Ouest
CFA : Coopération Financière
Africaine
CONAPO : Conseil National de la Population
CSBE : Conseil supérieur des
Burkinabé de l'Etranger
CSPS : Centre de Santé et de Promotion
Sociale
DGEP : Direction Générale de
l'Economie et de la Planification
DPAM : Direction des Prévisions et
Analyses Macroéconomiques
FF : Franc Français
IDH : Indice de Développement Humain
Durable
MIDA : Migration pour le Développement en
Afrique
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economique
OIM : Organisation Internationale des
Migrations
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONEA : Office National de l'Eau et de
l'Assainissement
PIB : Produit Intérieur Brut
PME/PMI : Petite et Moyenne Entreprise/ Petite
et Moyenne Industrie
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PPA : Parité des Pouvoirs d'Achat
RCPB : Réseau des Caisses Populaires du
Burkina
RGPH : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat
SGBB : Société
Générale de Banque du Burkina
SIMAO : Syndicat Interprofessionnel pour
l'Acheminement de la Main-d'Oeuvre
SONAPOST : Société Nationale des
Postes et Télécommunications
SWIFT : Society for Worldwide Interbank
Financial Telecommunication
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 2
PARTIE I : LE RATTACHEMENT DES BURKINABE DE L'ETRANGER A
LEUR
PAYS D'ORIGINE 10
CHAPITRE I : Les cas de rattachement
11
Section I : Les expressions courantes d'affectivité
11
Section II : Les retours périodiques au pays et la vie
associative 17
CHAPITRE II : Les cas de non-rattachement
22
Section I : L'assimilation 22
Section II : L'apatridie et l'abandon de la
nationalité 25
PARTIE II : L'APPORT DES BURKINABE DE L'ETRANGER AU
DEVELOPPEMENT DU BURKINA 31
CHAPITRE I : Le rapatriement de l'épargne par les
Burkinabé de l'étranger32
Section I : Le rapatriement de l'épargne 33
Section II : Analyse comparée de l'épargne
rapatriée 37
CHAPITRE II : Les implications de l'épargne
rapatriée 43
Section I : Les implications sur la consommation 43
Section II : L'impact sur l'investissement 45
CONCLUSION GENERALE 50
BIBLIOGRAPHIE 56
TABLE DE MATIERES 60
ANNEXES i
INTRODUCTION GENERALE
Le concept de migration implique un déplacement de
populations humaines se déroulant à la fois dans le temps et dans
l'espace. Le principe migratoire n'est pas simplement lié au concept
d'Etat qui est de création assez récente à
l'échelle de l'histoire de l'humanité1. Les individus
se sont en effet toujours déplacés hors de leurs foyers
d'origine.
Le Burkina Faso, quant à lui, de par sa situation
géographique connaît une migration à dominante
internationale. Depuis la création de la colonie de Haute-Volta en 1919
jusqu'à nos jours en passant par sa suppression et sa répartition
entre les colonies voisines entre 1932 et 1947 et les indépendances en
1960, le pays a connu des fortunes diverses en matière de migration.
Plusieurs facteurs expliquent cette émigration que l'on peut
répartir en trois phases : la période allant de la
pénétration coloniale à 1947, celle située entre
1947 et 1960 et enfin celle de 1960 à nos jours.
+ De la pénétration coloniale à
1947
Depuis 1919, année de la création de la colonie
de Haute-Volta, le gouverneur Edouard HESLING mit en oeuvre une série de
travaux visant son développement économique. On cite entre
autres, l'introduction des cultures de rente notamment le coton et l'arachide
qui ont eu une influence négative sur les cultures vivrières, le
travail forcé pour l'administration coloniale, etc. Ces travaux se sont
alors avérés rudes et contraignants. Les populations en
souffraient tout autant que de l'impôt de capitation dont les
préavis de perception étaient relativement brefs et le taux
continuellement évolutif, véritable casse-tête pour des
populations appauvries du fait de la difficile cohabitation entre les deux
types d'économie : la première économie, traditionnelle et
utilisant le troc comme mode d'échange (en l'occurrence des produits
vivriers) et la seconde essentiellement monétaire. L'impôt de
capitation était d'abord payé en nature (produits vivriers,
bétail...) puis en monnaie (cauris
1 La notion d'Etat remonte au contrat social,
théorie politique et philosophique développée aux
XVIIe et XVIIIe siècles par les philosophes (J.
LOCKE, T. HOBBES, J. J. ROUSSEAU) du droit naturel, postulant que l'individu se
trouve au fondement de la société et de l'État, lesquels
naissent de l'accord volontaire entre des individus libres et égaux.
d'abord et franc français ensuite dont
l'équivalent était de l'ordre de 1400 à 2000 cauris contre
5 FF en 1935)2. Par la suite les terres s'appauvrissant donnaient
lieu à une baisse du rendement agricole. En conséquence, 55 000
à 60 000 Mose fuyaient annuellement leur pays pour les colonies voisines
notamment la Gold Coast (Ghana) où l'administration coloniale
était plus souple3.
Mais à partir de 1928, la politique du gouverneur
HESLING, de l'avis de certains auteurs se soldait par un échec et la
colonie de Haute-Volta est supprimée le 5 septembre 1932 et
répartie entre les colonies du Soudan (Mali), du Niger et de la
Côte d'Ivoire. Lequel avis n'est nullement partagé par tous
à l'instar de Berthe d'Annelet qui pense que « la colonie de
Haute-Volta a été supprimée non en raison de sa
non-viabilité économique mais pour faire bénéficier
aux colonies limitrophes le potentiel de son réservoir de maind'oeuvre
considérée disciplinée, chose qui manque à la
Côte d'Ivoire pour insuffler une vigueur prometteuse4
».
Malgré un arsenal de mesures incitatives (augmentation
des salaires, prise en charge du transport...) et de propagandes mises en
oeuvre pour détourner vers la Côte d'Ivoire les flux migratoires,
les Voltaïques affluaient toujours vers le Ghana. Une circulaire du
gouverneur de Côte d'Ivoire de 1939 ordonnait de recruter «
d'office tout individu convaincu d'oisiveté dans son village et hors de
son village ». Déjà en 1935, le taux de recrutement
forcé était fixé à 5% de la population par
cercle5. Ces recrutements se sont poursuivis et intensifiés
jusqu'en 1945, année à laquelle les colonies devaient se saigner
pour sauver la France alors sous occupation nazie. Ainsi, on estime à 15
834 le nombre de manoeuvres recrutés annuellement et entre 15 000 et 23
000 ceux fuyant vers le Ghana et l'Office du Niger durant la seule
période de 1935 à 19466.
2 Voir thèse de doctorat de Sidiki COULIBALY :
Les migrations voltaïques : les origines, les
motifs et les perceptions des politiques, Université de
Montréal, 1978
3 SAGNON D. Marius in Forum national sur les
migrations : quelle politique de migration pour le
Burkina Faso au 21e siècle ?, juin 2001
4 SAGNON D. Marius op. cit.
5 SAGNON D. Marius op. cit.
6 SAGNON D. Marius op. cit.
Tout compte fait, à la fin du régime des travaux
forcés en 1946 et à la veille de la reconstitution de la colonie
de Haute-Volta en 1947, on dénombrait déjà plus d'un
million de Voltaïques vivant à l'étranger notamment dans les
colonies limitrophes. A partir de cette période, une nouvelle page de
migration s'ouvrit au pays.
+ De 1947 à 1960
Pendant cette période, les techniques de recrutement
étaient plus policées. On note l'amélioration des
conditions salariales, la suppression des formalités administratives de
part et d'autre et le bureau du travail créé en 1946
chargé du recrutement et du convoi des manoeuvres se transformera
dès 1951 en Syndicat Interprofessionnel pour l'Acheminement de la
Main-d'oeuvre (SIMAO). On estime à 20 376 le nombre de travailleurs
recrutés annuellement par le SIMAO entre 1952 et 19597.
Les migrations en direction du Ghana se poursuivaient mais
dépassées cependant par celles qui étaient en destination
de la Côte d'Ivoire, lesquelles représentaient désormais
à elles seules plus de 66.1% du flux migratoire international du pays,
soit un effectif de 33 960 sur 51 350 migrants entre 1956 et
19598.
Entre la création de la Haute-Volta comme colonie en
1919 et son accession à l'indépendance en 1960, on estime
officiellement à 1 765 000 et 780 000 les effectifs de Voltaïques
ayant respectivement émigré au Ghana et en Côte
d'Ivoire9.
On retiendra donc de la colonisation l'une des causes de la
présence massive des Burkinabé à l'étranger.
Il est cependant hasardeux d'attribuer toute la
responsabilité de l'émigration des Burkinabé au simple
fait du colonisateur même si celui-ci y a contribué pour
beaucoup. Les opérations de recensement et autres enquêtes et
7 SAGNON D. Marius op. cit.
8 SAGNON D. Marius op. cit.
9 SAWADOGO Ram Christophe, communication sur
l'intégration de l'émigration au processus de
développement au Burkina Faso, Assemblée générale
du CSBE du 8 au 10 décembre 1998, rapport final, Ministère des
Affaires étrangères et de la Coopération
régionale.
sondages réalisés sur les migrations montrent
qu'il s'agit de mouvements forcés ou spontanés, individuels ou
collectifs, ayant à des moments divers des formes et des
conséquences significatives en raison notamment des effets
conjugués certes, du fait colonial mais aussi des mutations
socio-économiques et de l'austérité du milieu naturel
burkinabé. Au lendemain de l'indépendance du pays, on a pu en
effet remarquer que les politiques publiques n'allaient pas dans le sens du
découragement du phénomène migratoire.
+ De 1960 à nos jours
Le 5 août 1960 marque l'indépendance de la
Haute-Volta. Les autorités de ce jeune Etat ont cru bien faire
d'encadrer la migration notamment à travers la signature d'accords (voir
annexe 2).
Si la colonisation a fait de la Haute-Volta le binôme
économique de la Côte d'Ivoire, cette dépendance a
été confortée par les choix politiques et
économiques des deux Etats une fois leur souveraineté
acquise10. La convention du 9 mars 1960 relative aux
conditions d'engagement et d'emploi des travailleurs voltaïques en
Côte d'Ivoire en est une illustration. Cette Convention stipulait en son
article 2 que « Tout employeur ivoirien désireux de s'assurer
les services des travailleurs voltaïques devra adresser une demande
écrite à l'Office de Main-d'oeuvre de la Côte d'Ivoire
indiquant le nombre et la qualification professionnelle des travailleurs qu'il
entend engager conformément aux stipulations de la présente
convention (...).». L'article 6 précise que « Les
travailleurs pourront être accompagnés de leur famille ou rejoints
par elle sous réserve de n'emmener que deux épouses au maximum et
que leurs enfants n'aient pas dépassé l'âge de 16 ans
». Aux termes de l'article 9, « Les travailleurs
voltaïques bénéficieront des mêmes libertés
garanties, droits et avantages que les travailleurs nationaux de la
République de Côte d'Ivoire... ». Comme contrepartie, le
gouvernement de Haute-Volta percevra les sommes de 1 500 francs CFA par
travailleur voltaïque engagé et de 1 000 francs par femme de
travailleur qui l'accompagnera sans contrat de travail
10 La Côte d'Ivoire qui avait un
modèle extraverti de développement basé sur l'expansion de
la culture et l'exportation du café et du cacao avait besoin pour cela
de la main-d'oeuvre voltaïque ; la Haute-Volta voulait financer son
développement par les retombées de l'exportation de sa
main-d'oeuvre.
(article 23). Il convient également de remarquer que la
convention autorise le travailleur à rejoindre son pays d'origine
dès la fin de son contrat (article7).
Les différentes conventions, en même temps
qu'elles n'empêchaient pas l'émigration, prônaient la
protection des travailleurs migrants. Dans l'ensemble, elles ont manqué
d'application dans toute leur rigueur.
Dans tous les cas, la misère gagnait du terrain dans
les villes et campagnes de la Haute-Volta, révélant du même
coup l'incapacité du gouvernement à promouvoir le
développement et à faire face au désoeuvrement, toute
chose qui ne pouvait retenir les populations mues par l'instinct de survie.
Aux raisons historiques, se sont substituées les
raisons socioéconomiques, ce qui fait dire que les campagnes et villes
du Burkina sont répulsives ou moins attrayantes tandis que
l'étranger est fascinant et attirant. Par exemple, le boom
économique de la Côte d'Ivoire qui a hérité de la
colonisation de grandes plantations et d'une industrialisation naissante
attirait les jeunes Voltaïques.
L'opinion voltaïque de l'époque attribuait aussi
l'attrait des jeunes pour l'immigration ivoirienne à des besoins de
complétude et de maturation physique, sociale et morale. La migration
dans cette optique est présentée comme « une initiation
et un baptême réussi de celui qui connaît le monde, de celui
qui a fait ses preuves d'homme mûr, de celui qui a su réussir dans
des activités lucratives de Côte d'Ivoire, de celui qui a vu et
vécu dans les grandes villes et les régions côtières
tous les mirages, de celui qui, en raison de tout ceci, lorsqu'il est de retour
dans son village d'origine, fait l'objet des regards
préférés des jeunes filles, etc.
»11.
Par la suite, la récession économique et le
conflit armé en Côte d'Ivoire ayant occasionné l'expulsion
massive des Burkinabé en 1999, 2002 et 2003 malgré les accords et
dispositions internationaux ont découragé le mouvement migratoire
vers ce pays.
11 SP/CONAPO, étude dans le secteur de la
population, rapport sectoriel « migrations internationales et transferts
de fonds », février 1995, p.9
Les Burkinabé affluent désormais à partir
des années 1990 vers d'autres cieux, élargissant ainsi les
horizons d'accueil. Ces destinations sont l'Europe (France, Italie, Espagne),
l'Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) et d'autres pays comme l'Arabie
Saoudite, l'Algérie, la Libye, le Soudan, le Gabon et récemment
la Guinée Equatoriale.
En résumé, on retiendra que plusieurs raisons
expliquent l'émigration internationale des Burkinabé. Il s'agit,
entre autres, des travaux forcés, de la misère et son corollaire
de recherche de bien-être matériel, des contraintes
socioculturelles comme le bannissement, le mariage forcé ou simplement
le goût de l'aventure, des études, etc.. Mais l'essentiel se
résume à cette citation de Sidiki COULIBALY : « il est
certain qu'il y a du travail dans les villages, mais ce travail ne
procure pas de l'argent (le coton est mal payé par exemple) pour
satisfaire aux besoins d'achat. Les villes peut-être pourraient donner du
travail. Mais ce travail est si rare et les demandeurs si nombreux qu'il vaut
mieux s'expatrier (...). L'argent est nécessaire, donc le
départ pour s'en procurer est indispensable »12.
Voilà autant de raisons qui expliquent la
présence à l'étranger des millions de Burkinabé. De
7% de la population résidente en 1960, les Burkinabé de
l'étranger en représentaient 50% en 1992, soit un effectif de 5
144 714 sur 10 000 000. De nos jours, le Burkina Faso compte plus de neuf
millions (9 000 000) de ses fils à l'étranger13.
On déplore l'absence de statistiques sur certains pays
comme le Liberia, la Sierra Leone, le Soudan, l'Italie, l'Espagne qui, à
ce qu'on dit, enregistrent des effectifs élevés de
Burkinabé. De même, la plupart des données sont
approximatives voire discutables.
Dans tous les cas, les chiffres disponibles sont
édifiants et suscitent quelques interrogations, d'où le
thème de cette étude : « le rattachement des
Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine et leur
apport au développement ».
12 Sidiki COULIBALY, Migrations internationales et
développement : le cas de la Haute Volta, INSD, Ouagadougou, 1982
p. 17
13 Conseil Supérieur des Burkinabé de
l'Etranger (CSBE), voir tableau en annexe 1
Tout d'abord, il sied de définir certains concepts :
> Burkinabé de l'étranger :
on définit la nationalité comme le « Lien
juridique et politique qui rattache un individu à un Etat
souverain »14. De cette définition on retiendra
qu'un Burkinabé est un individu ayant ce lien avec le Burkina Faso. En
conséquence, les Burkinabé non résidents sont dits
Burkinabé de l'étranger. Ils sont à l'étranger du
fait de la migration.
> Migration : elle implique un
changement de résidence pendant une durée effective de six mois
ou avec l'intention de l'effectuer15. Le fait migratoire peut avoir
lieu entre deux entités territoriales nationales différentes. Il
s'agit dans ce cas de migration internationale. On parle d'émigration
quand il y a sortie définitive ou durable d'individus hors du territoire
national et d'immigration lorsqu'il s'agit du mouvement inverse.
L'objet de cette étude consistera à
appréhender les Burkinabé de l'étranger sous deux angles.
D'abord le rattachement de ceux-ci à leur pays d'origine : quels liens
entretiennent les Burkinabé de l'étranger avec le Burkina Faso ?
se reconnaissent-ils encore comme tels dans les pays d'accueil et de quelle
manière expriment-ils leur identité ? Ou bien sont-ils tout
simplement assimilés aux populations résidentes ? En un mot,
forment-ils une DIASPORA au sens de «
communauté d'expatriés qui préservent une
identité commune, qui ont gardé des
références et des pratiques renvoyant à leur pays
d'origine malgré la dispersion et qui sont en relation
collective16 » ?
Ensuite, l'apport des Burkinabé de l'étranger au
développement du Burkina Faso : les Burkinabé de
l'étranger contribuent-ils au développement du Burkina Faso ?
Comment le font-ils ?
Dans un contexte international marqué, d'une part par
l'immigration choisie et d'autre part par des expulsions massives et
répétées, il est souhaitable que la diaspora participe
activement au développement de son pays d'origine. Et ce, partant du
postulat que le développement socio-économique renferme des
14 Raymond Guillien et Jean Vincent, Lexique des
termes juridiques, 11e édition, Dalloz, p.359
15 INSD, Analyse des résultats du recensement
général de la population et de l'habitat 2006
16 SMOUTS M.C., BATTISTELLA D., VENNESSON P.,
Dictionnaire des relations internationales, 2eme édition, Paris, Dalloz,
2006, p.133
dimensions démographiques et sociales. Il est l'affaire
de toutes les populations aussi bien résidentes que non
résidentes. Il apparaît donc intéressant de cerner l'apport
des émigrés burkinabé à l'économie nationale
en invoquant leur responsabilité en tant que fils et filles du pays et
le devoir de solidarité qu'ils ont envers leurs parents restés au
Burkina. Vue sous cet angle, on peut considérer la contribution de la
diaspora au développement comme étant la preuve de son
rattachement au Burkina.
Ainsi présentée, cette étude a pour
intérêt de contribuer à la réflexion sur
l'émigration et son implication sur le développement. La gestion
des relations internationales de nos jours commande que chaque pays inscrive la
question migratoire dans sa politique étrangère. La ressource
migratoire est sans conteste l'un des facteurs les plus importants des
relations internationales, en témoignent les multiples accords en vue de
son encadrement. La diaspora demeure ainsi une manne dont il faut tirer profit.
De sa gestion dépend sa profitabilité.
Ce travail a pour objectif d'attirer l'attention des pouvoirs
publics et d'inviter les professionnels de la diplomatie au débat sur la
nécessité d'un meilleur encadrement des Burkinabé de
l'étranger qui se sentent dans leur ensemble délaissés par
l'administration de leur pays d'origine. De manière spécifique,
il s'agira de démontrer que l'apport de la diaspora au
développement du pays d'origine dépend de l'attachement qu'elle a
à son égard.
La méthode privilégiera les enquêtes
sondages auprès des Burkinabé de l'étranger, les
entretiens avec des personnes ressources et l'analyse documentaire.
Ainsi, après avoir étudié le rattachement
des Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine (partie
I), analyse sera faite de leur contribution au développement du Burkina
Faso (partie II).
PARTIE I : LE RATTACHEMENT DES BURKINABE
DE L'ETRANGER A LEUR PAYS D'ORIGINE
Comme précédemment définie, la
nationalité renvoie à un lien juridique déterminant le
rattachement ou l'appartenance d'un individu à un État. Mais
à l'analyse le rattachement doit aller au-delà du simple fait de
posséder la nationalité.
On assimile en général les Burkinabé de
l'étranger à la diaspora burkinabé en allusion au
rattachement. Selon le dictionnaire Larousse 2007, la diaspora est «
un mot grec qui désigne l'ensemble des membres d'un peuple
dispersé à travers le monde mais restant en relation ».
Elle désignait au début « les colonies établies
par les résidents des cités grecques hors du territoire
hellène ainsi que les rapports économiques et politiques
entretenus par ces colonies avec leur mère patrie17
». Plus couramment le terme diaspora s'appliquait à l'ensemble
de la communauté juive dispersée dans le monde. Cette conception
qui a quelque peu évolué18 a conservé son sens
originel. Le géographe français Michel BRUNEAU19
attribue trois caractéristiques fondamentales à la notion de
diaspora :
- la conscience et le fait de revendiquer une identité
ethnique et nationale ;
- l'existence d'une organisation politique,
culturelle ou religieuse du groupe dispersé (vie associative) ;
et
- l'existence de contacts sous diverses formes réelles
ou imaginaires avec le territoire ou le pays d'origine.
Ainsi, l'analyse du rattachement des Burkinabé de
l'étranger à leur pays d'origine conduit à l'examen des
caractéristiques précitées, ce qui amène à
dire qu'il existe autant de cas de rattachement (chapitre I) que de cas de non
rattachement (chapitre II).
17 SMOUTS M. C., BATTISTELLA D., VENNESSON P.,
Dictionnaire des relations internationales, 2e édition,
Paris, Dalloz, 2006, p.133
18 Cf. définition p.8
19
http://fr.wikipedia.org/wiki/diaspora
CHAPITRE I : Les cas de rattachement
Le statut de l'étranger s'est nécessairement
élaboré en même temps que celui du citoyen. Définir
« celui qui est » implique, par défaut, de pouvoir le
distinguer de « celui qui n'est pas ». Dans la Grèce antique,
l'étranger était désigné par le terme de
métèque, dont l'étymologie nous apprend qu'il signifie
« celui qui habite avec ». Homme libre, il est certes
protégé par les lois de la cité mais ne peut participer
à la vie politique ni même posséder des biens
immobiliers.
Cette réalité antique est loin d'être
dépassée (même si elle a quelque peu évolué)
de nos jours où l'étranger est désigné par le nom
de son ethnie ou de l'ethnie de ses concitoyens (les Burkinabé de
Côte d'Ivoire sont appelés Mossi) ou par sa nationalité
d'origine (les Noirs sont appelés de façon générale
Africains en Occident) ou tout simplement immigré. Dans tous les cas, il
s'agit de distinguer les expatriés des nationaux. Cette tendance aurait
dû être aussi observée du côté de
l'étranger qui, à travers un certain comportement montre son
attachement à son pays d'origine. De ce fait, le rattachement peut
être exprimé diversement.
Dans ce chapitre, distinction sera faite entre les expressions
courantes d'affectivité (section I) qui traduisent la conscience et le
fait de revendiquer l'identité nationale et les retours
périodiques et autres organisations formant la vie associative (section
II) servant de lien avec la nation burkinabé.
Section I : Les expressions courantes
d'affectivité
Il est utopique de croire que c'est chose aisée de
rester soi-même dans un pays qui n'est pas le sien. Néanmoins,
nombre de Burkinabé font cet effort qui, au-delà de leur
fierté personnelle, honore l'identité nationale. Ils expriment
leur rattachement au Burkina Faso non seulement par l'usage des langues
nationales et par le mode vestimentaire (paragraphe I), mais aussi par les
plats alimentaires (paragraphe II).
Paragraphe I : L'usage des langues nationales et le
mode vestimentaire
- La langue
L'utilisation de la langue dans la vie courante peut
être interprétée comme un signe d'attachement au pays
d'origine parce qu'elle rappelle l'ethnie à laquelle on appartient. Elle
peut s'effectuer dans le cadre familial, associatif ou des manifestations
culturelles ou artistiques.
Dans le cadre familial, il s'agit de parler et d'apprendre
à parler aux enfants la langue qui exprime l'identité nationale.
Parmi les symboles des grands peuples, figurent la religion, la culture et la
langue (écrite et orale). Si de nos jours, à cause du fait
colonial il est difficile pour les peuples de conserver leurs religions et
souvent même leur culture, au niveau des langues il n'en est pas de
même. Les peuples africains en général et le peuple
burkinabé en particulier sont connus pour leur tradition orale. C'est
donc dire qu'à défaut de l'écriture qu'ils n'ont plus, ces
peuples ont la responsabilité morale de perpétuer la langue du
moins par le parler. Des entretiens réalisés auprès des
Burkinabé de l'étranger, il ressort que la grande majorité
sinon la totalité de la communauté parle la langue maternelle
à domicile.
Dans le cadre associatif la volonté de parler la langue
nationale existe et est entretenue mais elle est inhibée du fait de la
multiplicité des langues nationales. Il s'avère difficile voire
impossible de faire le choix d'une langue, soit-elle majoritairement
parlée, au risque de faire des exclus alors que la tendance est de
rassembler autour de la fibre patriotique. Il est plutôt courant de faire
usage de la langue française comme langue de conversation commune.
Concernant les manifestations culturelles et artistiques, il
faut remarquer que le Burkina Faso est un pays riche en culture. Cette
diversité culturelle se retrouve effectivement hors des
frontières du pays pour former la culture burkinabé. Chaque
peuple ayant sa culture utilise librement la voie d'expression de cette
culture. Ainsi la musique faite et/ou écoutée par les
Burkinabé de l'étranger est
souvent chantée dans le patois local ou dans d'autres
langues universelles comme le français ou l'anglais. Il est par exemple
heureux d'entendre sur les ondes ou dans des boites de nuit et autres espaces
d'ambiance de la musique chantée en more comme le font certains groupes
musicaux assez célèbres comme le groupe ivoirien Magic System et
le groupe ghanéen Zuguz & Chaka Beat (Assana et Fouseina). Il en est
de même de la musique « made in Burkina » que l'on
entend sur des ondes étrangères ou qui est écoutée
et dansée dans des pays étrangers. Cela fait la fierté du
Burkina. La diaspora montre son rattachement en faisant la promotion de la
culture burkinabé.
La culture ne s'exprime pas seulement que par la langue ; elle
s'exprime aussi par un mode vestimentaire identifié comme appartenant
à un peuple donné.
- Le mode vestimentaire
S'agissant de mode vestimentaire qui distingue le peuple
burkinabé, on en compte un certain nombre. A la question «vous
sentez-vous Burkinabé et fier de l'être dans votre pays d'accueil
? », un cadre d'un institut de renom à Dakar au
Sénégal répond par l'affirmative. A la question suivante
« et comment exprimez-vous votre identité nationale ? »
il dit « (...) et j'adore le faso danfani que je porte
à chaque occasion ».
Par ailleurs, dans un reportage sur les conditions de vie des
Burkinabé d'Abidjan, on peut lire dans les colonnes de la presse
« l'univers des ressortissants burkinabé vivant à
Abidjan dans les zones incertaines est peu enviable (...). Cependant,
ce qui nous plaît le plus à Abidjan c'est la vue de ces femmes
burkinabé avec leurs foulards aux oiseaux noués sur la
tête. Que vous soyez à Koumassi ou à Yopougon, au
Plateau ou à Marcory ça vous fait vraiment chaud au coeur de voir
ces femmes exprimer fièrement leur burkindlem20. Plus qu'un
phénomène de mode, le fameux lwili peende21 est devenu
un signe identitaire. »22
20 Mot en langue nationale more qui signifie en
substance «nationalisme burkinabé»
21 Foulard de couleur rouge au motif d'oiseaux en
blanc porté par les femmes burkinabé
22 Cf. L'Observateur Paalga n°7249 du mercredi 29
octo bre 2008, page 15
Certains modes vestimentaires sans être typiquement
burkinabé montrent néanmoins l'appartenance au continent
africain. Il s'agit par exemple du pagne ou du Bazin et de leurs
dérivés (chemises, boubous, foulards ...).
Ce sont des habillements qui sont utilisés couramment
ou à des occasions spéciales comme les rencontres et fêtes
communautaires, les cocktails, les dîners, etc. suivant la profession et
le milieu. Les membres des missions diplomatiques et consulaires
burkinabé sont connus dans ce sens.
A en croire le témoignage de certains Burkinabé
de l'étranger, nombreux sont ceux d'entre eux qui arborent
fièrement des vêtements aux couleurs, aux armoiries et même
au nom du Burkina Faso.
Il faut cependant rappeler que ces modes distinctifs ne sont
utilisés que par les immigrés qui ne craignent ni d'être
expulsés ni de se faire spolier voire lyncher ou d'être victimes
de discrimination liée à leur origine. Cette quiétude
n'étant pas la chose la mieux partagée, il reste que peu
d'immigrés burkinabé s'exhibent de la sorte.
Un dicton populaire dit que la copie n'est pas et ne peut
être égale à l'original. Pour ce faire, ce n'est pas en
imitant le comportement vestimentaire de quelqu'un sur son sol que l'on pourra
l'impressionner. Ca sera simplement chercher à lui ressembler et non
à se distinguer. C'est donc exprimer son identité et son
affection à son pays et à son peuple que de s'habiller
Burkinabé.
Outre l'habillement, d'autres facteurs identifient les
Burkinabé de l'étranger à leur pays d'origine. Il s'agit
entre autres des recettes culinaires.
Paragraphe II : Les recettes culinaires
Parmi les plats spécialités culinaires
consommées par les Burkinabé de l'étranger, certaines sont
rencontrées plus couramment que d'autres.
- Les recettes courantes
Se séparer de son terroir et des siens comporte
toujours des désagréments, du moins moraux, manifestés par
une nostalgie plus ou moins prolongée. Le séjour à
l'étranger serait moins pénible et plus agréable si l'on
gardait sur soi le microclimat national. L'un des remèdes reste
la consommation des mets de son pays d'origine. Est-ce pour dire que la recette
du bonheur se trouve dans les spécialités culinaires
nationales ? La vérité est que la nourriture constitue un certain
rattachement.
Les mets varient en fonction des régions d'accueil et
des facilités d'accès ; mais on rencontre en
général les plats faits de riz et le to23. Le riz en
tant que tel est assez répandu mais l'usage qu'on en fait diffère
d'une région à une autre. Par exemple le « riz au soumbala
», connu sous le nom de « mouikolgo » demeure une
spécialité burkinabé bien convoitée. S'il est
aimé de l'intérieur, il va de soi qu'il le soit par les
Burkinabé de l'extérieur. L'exemple le plus éloquent vient
d'Abidjan où à l'hôtel Ibis, ce plat est prisé par
des Burkinabé et des non Burkinabé. Outre ce riz spécial,
on compte de nombreux plats de riz avec des sauces diverses comme la sauce
cacahouète, la sauce claire, la sauce feuilles...
Quant au to, beaucoup d'interviewés avouent l'adorer
particulièrement. Son originalité dépasse les plats de riz
et compte des sauces aussi variées. Il s'agit de sauces faites
d'extraits de plantes qui, pour la plupart, ne poussent pas du tout ou presque
pas dans beaucoup de pays. On peut citer le gombo, l'oseille, le baobab, le
kapok, etc. Compte tenu de la rareté relative de ces produits, le to
à l'étranger est fait d'ingrédients quasi-exclusivement
importés du Burkina.
L'approvisionnement en condiments se fait par les compatriotes
qui viennent du pays. Lorsque cet approvisionnement est fait, il procure de la
joie aux familles burkinabé à l'étranger. Ne dit-on pas
que ce qui est rare est cher ! C'est certainement cette rareté des
ingrédients qui fait qu'il n'y a pas une grande variété de
plats burkinabé à l'étranger. Néanmoins, hormis les
plats précités, on en compte d'autres.
23 Met local fait à base de farine de maïs
ou de mil accompagné de sauce.
- Les autres spécialités
culinaires
Il n'y a pas que les mets ci-dessus évoqués qui,
du reste, constituent l'essentiel des habitudes alimentaires de la grande
majorité des habitants du Burkina Faso, que l'on trouve à
l'étranger. Il y en a aussi de moins courants. Les Burkinabé de
Côte d'Ivoire et du Ghana offrent des exemples frappants. Dans ces pays
où les premières vagues de migrants voltaïques sont
installées depuis près d'un siècle, on se croirait au
Burkina Faso dans les régions où ils vivent.
Le quotidien L'Observateur Paalga rapporte par exemple ceci :
« AnoumaboSans fil24 a, malgré tout, ses charmes. En
fait ce petit coin paumé, en y regardant de plus près
est en quelque sorte un Burkina en miniature avec bien sûr en moins son
insalubrité. Le week-end tout le monde se retrouve pour recréer
l'ambiance si chaleureuse des villages burkinabé. Si le coeur vous en
dit vous pouvez manger du gonré25, du
baabenda26, du zamnin27, etc.,
il y a aussi le porc au four que vous pouvez déguster avec du bon
dolo lobi, samo, bobo, mossi, etc. ; toutes
les sonorités traditionnelles distillées ça et là
vous donnent vraiment l'impression d'être au Burkina.
»28 C'est l'exemple typique de la vie en communauté
des Burkinabé résidant dans ces pays où souvent
l'organisation sociétale de la diaspora est la même que celle en
cours dans les villages burkinabé, ce qui corrobore ce qu'affirmait
Reynald BLION en ces termes : « L'existence d'entités
géographiques en Côte d'Ivoire portant le nom de villages
burkinabé témoigne de l'intégration de cette population.
En ces lieux les chefs de la communauté burkinabé
désignés en fonction de l'ancienneté de leur installation
constituent de véritables relais d'information tant pour les
autorités ivoiriennes et burkinabé que pour le migrant
fraîchement arrivé. C'est par leur intermédiaire que ce
dernier pourra trouver un responsable de sa communauté, un
membre de son clan ou de sa famille »29. Cette vie en
24 Quartier d'Abidjan où la communauté
burkinabé est la plus ancienne et la plus importante
25 Met local burkinabé fait à base de
feuilles et de céréales (mil, maïs, riz...)
26 Met local burkinabé fait à base de
feuilles et de céréales (mil, maïs, riz...)
27 Met local burkinabé fait à base de
graines d'un arbre épineux
28 L'Observateur Paalga n°7249 du mercredi 29
octobre 2008, page 14
29 REYNALD BLION in Les Burkinabé de
Côte d'Ivoire entre « intégration » et
circulation
migratoire, Mondes en développement, Tome 23,
n° 91, 1995, p.85 -86
communauté avec la solidarité qui la
caractérise exprime un fort rattachement de la diaspora aux valeurs
nationales.
Malgré cette intégration, le retour au pays, bref
ou définitif, peut être vu comme un signe de rattachement.
Section II : Les retours périodiques au pays
et la vie associative
Peut-on seulement proclamer son rattachement si l'on
n'entretient quelque relation que ce soit avec la société
à laquelle on appartient ? Vus sous cet angle, on peut considérer
les retours au pays (paragraphe 1) et l'organisation associative (paragraphe 2)
des Burkinabé de l'étranger comme un facteur de leur rattachement
au Burkina.
Paragraphe I : Les retours périodiques au
pays
En ce qui concerne les Burkinabé de Côte
d'Ivoire, on enregistre des retours de chômeurs, des retours avec
intention d'installation en vue de rentabiliser des activités agricoles,
commerciales ou autres, des retours d'enfants devant suivre leur
scolarité...
Pour ce qui est des Burkinabé d'Europe, notamment
d'Italie, il s'agit de visites
au cours des vacances qui se déroulent dans les mois
d'août et de décembre.
Les questions suivantes ont été posées aux
Burkinabé de l'étranger contactés dans le cadre de cette
étude :
- Quel type de contact avez-vous gardé avec votre
famille et vos amis au Burkina ?
- Vous rendez-vous de temps en temps au Burkina pour des
vacances ? (si oui, précisez le temps passé) Qu'en est-il de vos
enfants résidents ?
- Avez-vous l'intention de rentrer définitivement au
Burkina un jour ? Si oui, quand ? Sinon, pourquoi ?
La plupart des réponses rencontrées font
état d'un retour bref et régulier mais les intentions de retours
définitifs sont indécises. Plus fréquents sont les
contacts téléphoniques avec les membres de la famille et les
amis. Certains interviewés prétextent craindre des malheurs si
leurs visites au pays étaient plus fréquentes en faisant allusion
aux sorciers qui ne prendraient pas bien leurs réussites. Mais
ils disent répondre toujours présent à l'appel lorsqu'il
s'agit d'événements importants comme les décès et
autres funérailles de proches, les mariages...
Quelle que soit la nature des retours (visites à la
famille, réponses à des difficultés rencontrées ou
stratégie de redéploiement des activités et donc de
limitation des risques), ceux-ci montrent bien des relations intenses existant
entre le migrant et sa communauté d'appartenance.
Cette volonté de retrouver les siens peut
également s'observer à travers une vie associative
organisée de la communauté des migrants suivant des
caractéristiques bien définies.
Paragraphe II : La vie associative
Lorsque l'on parcourt l'« annuaire des structures
associatives de la diaspora burkinabé » produit par le Conseil
Supérieur des Burkinabé de l'Etranger (CSBE), on ne se doute pas
que les Burkinabé de l'étranger s'organisent en association.
S'afficher comme un groupe unitaire est l'objectif des
associations de ressortissants de Burkinabé éparpillés sur
un territoire donné. Reynald BLION30 rapporte les propos d'un
responsable de l'association des jeunes Burkinabé de Treichville :
« on a créé cette association pour rappeler
à nos enfants nés en Côte d'Ivoire l'importance
pour eux de connaître leur culture. (...) Quand tu couches chez quelqu'un
qui, en t'accueillant peut t'aider à faire
fortune, il ne faut pas pour autant oublier d'où tu viens,
ton pays d'origine... ». Comme pour dire que celui qui couche
sur la natte d'autrui couche à terre et qu'il faut bien se
30 Reynald BLION, Les Burkinabé de
Côte d'Ivoire entre « intégration » et circulation
migratoire, Mondes en développement, Tome 23, n° 91, 1995, p.
8 8
le rappeler à tout moment en vivant dans la
solidarité les Burkinabé de l'étranger s'organisent
toujours en association partout où ils sont.
L'annuaire 2008 dénombre en effet un total de 139
associations réparties dans 21 pays européens, africains et
asiatiques. De façon détaillée, on en a : 28 en France, 01
en Espagne, 03 en Tunisie, 01 en Belgique, 01 au Pays Bas, 01 au Luxembourg, 05
en Allemagne, 01 en Russie, 02 en Suisse, 05 en Arabie Saoudite, 02 au Mali, 01
au Niger, 01 au Japon, 02 en Algérie, 08 au Ghana, 01 au Togo, 01 au
Bénin, 32 en Côte d'Ivoire, 16 au Sénégal, 01 en
Mauritanie, et 26 en Italie.
Dans leur ensemble, on peut distinguer une première
catégorie d'associations que l'on pourrait qualifier de
fédératives, une deuxième catégorie d'associations
tenant compte de l'entité territoriale de provenance ou de celle
d'accueil ou des deux à la fois et enfin une troisième
catégorie d'associations liées à la profession. Comme
exemples d'associations fédératives, on a l'Union des
Burkinabé de Belgique, l'Association des Burkinabé
résidant au Bénin (ABRB)...
Pour la deuxième catégorie, on a d'une part les
associations de ressortissants d'une zone déterminée du Burkina
résidant dans le pays d'accueil (exemple : Association des
Ressortissants de la Province d'Oubritenga en Côte d'Ivoire) et d'autre
part les associations de Burkinabé résidant dans une zone
donnée du pays d'accueil (exemple : Comité d'Organisation des
Burkinabé de l'Ouest de la France). On distingue aussi les unions de
Burkinabé ressortissant d'une région du Burkina et
résidant dans une région précise du pays d'accueil. Par
exemple, l'Association des ressortissants de Béguédo via
Annunciata (Lecco, Italie).
Enfin, on a dans la catégorie des associations
liées à la profession des exemples comme l'Association
Burkinabé des Taxis à Paris, l'Association des Burkinabé
de la Banque Africaine de Développement (BAD), l'Association des
Etudiants Burkinabé de Genève...
On peut se demander si le nombre élevé
d'associations dans un pays donné ne montre pas leur désunion. Il
convient de remarquer qu'il y a une coordination entre ces associations. Ceci
est visible pendant les cérémonies comme la fête nationale,
la fête du 8 mars ou même l'accueil des autorités nationales
en l'occurrence le Président du Faso qui ne manque jamais l'occasion de
rencontrer les Burkinabé résidant dans les pays qu'il visite.
Enfin, afin d'encadrer la diaspora et de lui donner une
structure administrative dont elle relèvera, les autorités ont
créé par décret n°93-132/PRES/PM/REX du 7 mai 1993,
le Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger (CSBE). Au fil
du temps, des modifications se sont avérées nécessaires et
ont produit l'actuel texte qui régit le CSBE : le décret
2007-308/PRES/PM/MAECR du 24 mai 2007. Il assigne aux CSBE les missions
suivantes :
> assurer la protection des Burkinabé de
l'étranger et leurs biens ;
> assurer leur pleine participation au développement du
Burkina Faso et promouvoir son rayonnement dans le monde ;
> faciliter leur réinsertion dans la vie nationale.
Conscientes des missions à elles assignées, les
autorités du CSBE travaillent de concert avec les missions diplomatiques
et consulaires, les associations de Burkinabé de l'étranger et
les délégués consulaires mis en place pour servir de
relais de l'administration. L'union des fils du Burkina à
l'étranger et la solidarité entre eux et avec leurs frères
restés au pays sont le credo du CSBE qui organise
régulièrement31 des assemblées
générales au cours desquelles il insiste sur la solidarité
comme bloc fondateur du Burkina Faso traduisant l'unité de la nation.
On peut par ailleurs retenir que le rattachement au pays est
aussi lié à des variantes d'ordre social comme l'existence de
parents proches. Parmi les Burkinabé de l'étranger, certains ont
des conjoints et enfants ou des parents directs au Burkina, ce qui explique
leurs visites régulières. Ceux pour qui ce lien n'existe pas ne
sont pas prompts à s'y rendre à l'exception de cas isolés
pour raison de vacances. A titre d'illustration, Reynald BLION écrit que
« les
31 Depuis sa création, le CSBE est à sa
troisième assemblée générale
femmes participent à la circulation migratoire
entre le village d'origine et le lieu d'installation de leur mari en Côte
d'Ivoire par leurs visites et séjours au village plus fréquents
et souvent plus longs notamment au moment de l'hivernage que ceux de leur mari.
Pour celles qui sont en situation de polygamie, les rôles vont se
répartir indifféremment entre les co-épouses pour alterner
séjour à l'étranger et retour au village de telle
sorte qu'il est rare que les épouses cohabitent en Côte d'Ivoire
»32 et pour les migrants en Italie «il semble que
ceux qui ont fait venir leur femme et leurs enfants espacent de plus en plus
leurs visites au village alors qu'auparavant ils profitaient des congés
annuels pour rentrer au Burkina (...) »33. Cela signifie
donc que l'existence de conjoint au village explique largement les retours
périodiques des émigrés.
Chez d'autres, les retours au pays s'expliquent par des
réalisations économiques que l'on verra à la
deuxième partie de cette étude.
Dans tous les cas, on peut observer dans une certaine mesure,
une adéquation des modes de vie de Burkinabé vivant à
l'étranger avec les critères énoncés par Michel
BRUNEAU à savoir : la conscience et le fait de revendiquer une
identité ethnique et nationale, l'existence d'une organisation
politique, culturelle ou religieuse du groupe dispersé (vie associative)
et l'existence de contacts sous diverses formes réelles ou imaginaires
avec le territoire ou le pays d'origine. Il existe donc une diaspora
burkinabé qui reste rattachée au pays d'origine.
Le rattachement est effectif d'autant plus que des
Burkinabé de l'étranger entretiennent des relations
réelles (retours périodiques ou définitifs, contacts
téléphoniques...) ou imaginaires avec le Burkina. Le rattachement
n'est pas seulement matériellement constatable par les comportements
vestimentaires et alimentaires ou la possession de propriétés au
Burkina. Il s'exprime aussi à travers des signes comme
l'intégrité et l'humilité qui caractérisent le
Burkinabé.
Cependant, on ne peut ignorer que même si rattachement il y
a, le contraire ne
puisse pas s'observer. Quels peuvent donc être les cas de
non rattachement ?
32 Reynald BLION, « Studi Emigrazione/Etudes
Migrations » XXXIII n°121, 1996, p.63
33 Reynald BLION, op. cit., p.64
CHAPITRE II : Les cas de non-rattachement
Il convient de rappeler qu'il appartient à
l'étranger de préserver et d'exprimer son identité. Le
rattachement juridique n'a de valeur que s'il s'accompagne d'un réel
attachement aux valeurs nationales et au pays. Il apparaît donc des cas
de non-rattachement à partir du moment où il n'y a pas ce
rattachement juridique c'est-à-dire la nationalité (section II)
ou que ce rattachement juridique est contredit dans les faits par une
assimilation (section I) au peuple d'accueil.
Section I : L'assimilation
Comment perçoit-on l'assimilation ? Est-elle une
réalité chez les Burkinabé de l'étranger ?
Après avoir défini le concept d'assimilation (paragraphe I),
analyse sera faite sur l'existence du phénomène chez les
Burkinabé de l'extérieur (paragraphe II).
Paragraphe I : Le concept d'assimilation
On peut envisager l'assimilation comme un processus
d'intégration à un ensemble dominant, l'intégration
elle-même étant entendue comme le fait de faire partie à
part entière d'une collectivité. Ainsi, l'intégration est
vue comme une phase essentielle de la vie à l'étranger.
L'assimilation en est le stade suprême. Elle se manifeste par une perte
de l'identité d'origine au profit de l'identité du pays
d'accueil, un non retour au pays d'origine et l'absence d'attache avec ce
dernier.
De mémoire d'homme il n'existe pas de
peuple34 aussi dispersé que le peuple juif. Au devant des
affaires économiques et même politiques à l'échelle
mondiale, les Juifs se distinguent pourtant par leur culture et leur tradition
et résistent à l'assimilation dans les pays où ils vivent.
Partout où ils sont, la solidarité est de mise :
solidarité entre eux et solidarité envers leur pays d'origine,
Israël. Hormis les voyages privés, un pèlerinage est
organisé chaque année par et pour la diaspora juive en
Israël.
34 Ensemble de personnes constituant une nation ou
partageant les mêmes valeurs
Mais qu'en est-il de la diaspora burkinabé ?
Paragraphe II : Un phénomène
constatable dans les communautés burkinabé à
l'étranger
Les réponses aux questions évoquées plus
haut sur les retours et autres visites au Burkina renseignent peu. Certains
enquêtés ont évoqué le coût
élevé du transport qui les empêche de s'y rendre
régulièrement. L'échantillon n'étant pas
représentatif (les personnes rencontrées étaient d'un
certain niveau intellectuel), il a fallu certaines recherches et des entretiens
auprès de personnes ressources, ce qui permet de constater qu'il y a des
brebis égarées dans la diaspora burkinabé.
Pas plus longtemps qu'en 2003, des Burkinabé ont
été expulsés de Côte d'Ivoire,
dépouillés de leurs biens. Certains ont pu rejoindre la
frontière par leurs propres moyens et d'autres par
l'opération Bayiri35 organisée à cet
effet par l'Etat burkinabé. Il est regrettable que des Burkinabé
reviennent dans cet état, eux qui n'ont pas préparé leur
retour et qui n'en ont pas eu ni le temps ni le choix. Plus regrettable est que
nombre d'entre eux arrivent sans repère. Accueillis transitoirement au
Stade du 4 août, ils ont été enregistrés et
interrogés sur leurs villages d'origine. On note des réponses
surprenantes du genre : « je ne sais pas », « on
m'a dit que je viens de... mais je ne sais pas où ça se trouve
», etc. Il s'est agi quelquefois de personnes âgées de
plus de 40 ans. Ont-ils eu le choix et le temps de chercher bien avant à
découvrir le village de leurs parents ? Eux, Ivoiriens de fait à
qui on a inculqué à tort que le Burkina n'était qu'une
jungle, un endroit effrayant et que par punition on les y enverrait passer un
séjour. Ont-ils seulement daigné vérifier et
s'intéresser à la mère patrie ? Des jeunes
Burkinabé entretenus sur la question ont avoué se sentir plus
Ivoiriens.
En outre, dans un reportage effectué par une
équipe de la Télévision nationale sur les
Burkinabé du Ghana en 2001, on a pu observer la même
réalité. Des patriarches qui disent ne plus retourner au pays
depuis belle lurette ; on y voit
35 Nom donné à l'opération de
rapatriement volontaire des Burkinabé en difficulté en Côte
d'Ivoire, signifiant littéralement patrie en langue vernaculaire
more.
même un chef de communauté, la quarantaine
révolue, qui avoue n'être jamais venu au Burkina. Dans ce
documentaire, il apparaît que la communauté burkinabé est
forte de près de six millions de personnes mais
l'intégration est telle qu'il est difficile d'établir
une distinction avec les Ghanéens de souche. On compte parmi ces
Burkinabé plusieurs cadres de rang élevé mais ceux-ci ne
foulent presque jamais le sol burkinabé. Quelle que soit la situation
socioéconomique qu'ils vivent, les visites et les retours au Burkina
sont quasiinexistants. Les uns évoquent le manque de terre et d'attache.
D'autres demandent que les concours de la Fonction publique leur soient ouverts
en tenant bien entendu compte de leur langue d'instruction (anglais) ; sans
quoi le Burkina n'a aucun intérêt pour eux.
Que devient un expatrié qui n'a quelque contact que ce
soit avec son pays d'origine ? Il se laisse guider par le courant de
l'intérêt personnel et donc s'assimile à la
société la « plus offrante » au détriment de la
société originaire. On aboutit à une situation où
l'individu se voit national de fait du pays d'accueil sans en avoir la
nationalité juridique. Il n'est rattaché ni culturellement ni
juridiquement à son pays d'origine. C'est la situation que vivent
beaucoup de Burkinabé du Ghana et de la Côte d'Ivoire. Les termes
« paweogo36 » et « tabouga
37» sont utilisés pour qualifier ce type de
migrants. Ils désignent des personnes assimilées n'ayant plus
d'attache avec leur pays d'origine et sa culture. Cela aboutit, comme le dit
Frantz FANON dans son roman Peau noire, masque blanc,
à une situation de bâtardise, d'hybridité : tandis qu'ils
renient la mère patrie, la terre d'accueil les récuse.
Sont le plus concernés, les fils de migrants nés
sur le territoire du pays d'accueil encore appelés immigrés
de deuxième génération. Leur proportion est plus ou
moins importante suivant les localités. Par exemple le recensement
général de la population et de l'habitat de Côte d'Ivoire
de 1988 estimait déjà que trois immigrés burkinabé
sur cinq étaient nés sur le territoire ivoirien. Ce sont des gens
qui connaissent à peine le Burkina et sont devenus Ivoiriens de
naissance. Une opposition constante entre ces deux types de Burkinabé
36 Terme en langue more qui signifie
littéralement « rester en brousse », la brousse signifiant
dans la tradition moaga le reste du monde.
37 Terme en langue more qui signifie «
déraciné, égaré »
(primo-migrants et immigrés de deuxième
génération) de la diaspora ou celle entre jeune et ancienne
génération menace la cohésion et l'unité au sein de
la communauté des Burkinabé de l'extérieur. D'où ce
constat de Reynald BLION : « en quête d'une identité qui
se révèle difficile à construire, les jeunes se trouvent
pris entre deux mondes, celui des parents faits d'images et de
références constantes au pays d'origine et celui bien réel
de la société ivoirienne dans laquelle ils ont toujours
vécus38. » Les Burkinabé de
l'étranger vivent donc permanemment un conflit entre
l'intégration et l'assimilation.
Cette situation n'est pas sans conséquence car
au-delà de la non-reconnaissance de certaines personnes par les autres
membres de la communauté, il y a la non-reconnaissance de celles-ci par
l'Etat d'origine et l'Etat d'accueil c'est-à-dire l'apatridie et ses
conséquences.
Section II : L'apatridie et l'abandon de la
nationalité
On définit l'apatride comme un individu qui n'a aucune
nationalité. C'est une situation qui résulte
généralement de la déchéance de la
nationalité d'origine sans acquisition d'une autre nationalité.
L'abandon de nationalité quant à lui, est un acte positif
c'est-à-dire découlant de la volonté de l'individu.
Le cas des Burkinabé de l'étranger peut
être perçu comme une absence de nationalité due à un
désintérêt individuel ou une défaillance de l'Etat
qui conduit soit à une situation d'apatridie soit à l'acquisition
d'une autre nationalité.
Paragraphe I : Le désintérêt pour
la nationalité burkinabé
Pourquoi un désintérêt ? A la question de
savoir pourquoi refuser la nationalité, on peut associer celle de savoir
pourquoi avoir la nationalité. Il convient d'observer que le fait de
posséder la nationalité d'un pays confère des droits
civils et politiques faisant de l'individu un citoyen à part
entière du pays concerné, ce qui le différencie du
ressortissant. Les droits civils sont le droit commercial, le droit rural, le
droit social... Autrement dit, le citoyen a le droit de
38 Reynald BLION, les Burkinabé de Côte
d'Ivoire entre « intégration » et circulation migratoire,
Mondes en développement - tome 23, 1995, p.88
contracter (en matière commerciale ou de mariage) et de
jouir d'une propriété quelconque. Les droits politiques quant
à eux, font du citoyen électeur et éligible dans le pays
dont il a la nationalité. En outre, le fait de posséder la
nationalité confère des avantages non juridiques sous forme de
traitement de faveur selon les Etats.
Au vu de ce qui précède, que gagne t'on à
être Burkinabé de jure ? On peut remarquer que la plupart
des textes communautaires (le Traité CEDEAO de 1975, le Traité
UEMOA de 1994, l'Acte constitutif de l'Union africaine de 2001, ...) et
internationaux (les Conventions n°97 de 1949 et n°143 de 1975 et les
Recommandations n°86 de 1949 et n°151 de 1975 de l' OIT sur les
travailleurs migrants, la Convention des Nations Unies sur la protection des
droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille
adoptée en 1990 et entrée en vigueur en 2003, etc.) garantissent
des droits aux immigrés. Il s'agit notamment du droit :
- de contracter ;
- d'accéder à la propriété ;
- d'emprunter ;
- d'ester en justice ;
- de s'affilier à une organisation syndicale ;
- de participer à la sécurité sociale ;
- à tous les avantages fiscaux et sociaux dont
bénéficient les travailleurs nationaux.
Selon Françoise Gaspard et Claude Servan-Schreiber,
« c'est parce que des hommes décident de partir pour des
raisons objectives et souvent douloureuses, c'est parce qu'ils sont
obligés de quitter une terre qui ne peut les nourrir, un
village surpeuplé, un pays qui ne leur offre guère
d'espoir ni d'avenir, qu'ils s'expatrient. Ils partent pour obtenir ce
qu'ils n'ont pas obtenu chez eux » 39. Ainsi, les
Burkinabé de l'étranger sont allés à la recherche
du mieux-être ; ils sont prêts à tout pour l'avoir y compris
en abandonnant leur nationalité d'origine pour en acquérir une
autre ou tout simplement s'en
39 Cités par R. Roxane A. MEDAH in
«l'intégration des étrangers naturalisés au Burkina
Faso», mémoire de fin de cycle, ENAM, 2005, p.6
débarrasser si elle a des répercussions
négatives. Par exemple en Côte d'Ivoire, « des
Burkinabé ont accepté de changer de nationalité pour ne
pas bloquer l'avenir de leurs enfants et pour garantir la
prospérité de leurs activités40 ».
Les motivations peuvent donc être d'ordre socio-économique.
Outre ces motivations socio-économiques, des
préoccupations d'ordre politique peuvent être
évoquées. Les Burkinabé de l'étranger
n'étaient ni électeurs ni éligibles ni dans leurs pays
d'origine ni dans leurs pays d'adoption à l'exception de ceux ayant la
double nationalité. Par plus d'une occasion ils l'ont fait savoir aux
autorités burkinabé mais celles-ci ont toujours observé un
mutisme jusqu'à la récente adoption par l'Assemblée
Nationale de la loi portant vote des Burkinabé de l'étranger.
D'autres raisons peuvent expliquer certainement l'absence de
nationalité.
Paragraphe II : Les difficultés dans
l'obtention des preuves de la nationalité
L'immigré a très souvent besoin de document
à produire par l'Administration du pays dont il est originaire. Les
services consulaires devraient pouvoir jouer un rôle dans ce sens s'ils
étaient en nombre suffisant. Le Burkina Faso en effet est l'un des pays
qui comptent peu de représentations diplomatiques et
consulaires41. Cette représentation, même minime, n'est
pas liée à la présence de Burkinabé de la diaspora.
Par exemple, le Burkina Faso compte une ambassade en Egypte, une en Tunisie,
une au Maroc, une en Libye et une en Algérie ; soit cinq au total en
Afrique du Nord, chacune comportant un service consulaire. Ces pays
n'accueillent pourtant que peu de Burkinabé. Par contre dans des pays
comme le Gabon, le Togo et le Bénin, il n'existe même pas de
consulat alors qu'ils accueillent un nombre important de Burkinabé. La
répartition des consulats dans l'espace ne permet pas la prise en charge
conséquente de la diaspora. Même la multiplication des consuls
honoraires, qui
40 Reynald BLION, Les Burkinabé de
Côte d'Ivoire entre « intégration » et circulation
migratoire, Mondes en développement, Tome 23, n° 91, 1995,
p.89
41 Le Burkina Faso compte au total 34
représentations diplomatiques et consulaires dont 28 ambassades. On
dénombre également un gros effectif de consuls honoraires.
font l'objet de critiques du fait de leur indisponibilité
constante, ne peut venir à bout du problème.
Le CSBE travaille à combler le défaut de
représentations consulaires. Pour cela, il dispose de
délégués dans les principales localités où
résident des Burkinabé et initie régulièrement des
missions consulaires dans les zones concernées.
Les délégués consulaires sont les points
focaux du CSBE dans leurs circonscriptions de résidence. Ils collectent
les demandes de documents officiels (certificats de nationalité, actes
d'état civil, cartes consulaires passeports...) qu'ils transmettent
à l'ambassade ou au consulat dont ils relèvent. Ce dernier
service se charge du traitement de ces demandes. Il convient de noter que les
délégués consulaires n'existent pas dans toutes les
localités où résident des Burkinabé. Par ailleurs,
le manque de confiance dans ce personnage et la faiblesse de ses moyens
handicapent fortement l'action du délégué consulaire. La
solution du délégué consulaire a donc une
efficacité limitée.
L'autre solution est l'organisation de missions consulaires.
Ces missions ont entre autres objectifs de délivrer des documents de
voyage et autres documents administratifs (cartes d'identité, carnets de
voyage CEDEAO, actes de naissance, certificats de nationalité, actes
d'individualité) aux Burkinabé de l'étranger et de
collecter des demandes de passeports ordinaires en vue de leur
établissement à Ouagadougou. Selon le CSBE, cela entre dans le
cadre de la protection et de la défense des intérêts des
Burkinabé de l'étranger. Malheureusement ces missions ne peuvent
s'effectuer partout où de besoin et autant de fois que nécessaire
au regard de la contrainte budgétaire que rencontre le CSBE. Ce sont
donc des missions sporadiques qui ne peuvent atteindre les objectifs
escomptés.
Il est à noter que le CSBE travaille en synergie avec
les consulats généraux et honoraires et les missions
diplomatiques à l'étranger dont les attributions se
complètent, ainsi qu'en collaboration avec les ministères de la
Sécurité et de la Justice dans l'accomplissement de ces
missions.
Conclusion
On peut retenir que l'absence de rattachement est tout autant
liée à la volonté des individus qu'à la
défaillance de l'Etat. Beaucoup de Burkinabé
préfèrent jouir de la nationalité de leur pays d'accueil
et d'autres n'ont ni l'une ni l'autre. L'important c'est qu'ils comprennent que
leur coeur doit battre pour leur pays d'origine, le Burkina Faso : rester
peut-être national du pays d'adoption de droit, mais Burkinabé de
coeur. Il y a près d'un siècle que des Burkinabé
résident à l'extérieur. Le réalisme voudrait que
l'on ne demande pas à ceux-ci de récuser les avantages qu'offre
une naturalisation ou une quelconque acquisition de la nationalité du
pays de résidence. L'acquisition de la nationalité du pays
d'accueil dispense par exemple du titre de séjour (par exemple la carte
de séjour a valu le départ de bon nombre d'immigrés de la
Côte d'Ivoire) ou du visa résident. Cependant, la
solidarité doit demeurer le ciment du peuple et de la nation
burkinabé. Car, comme le dit un adage, là où il y a le
coeur, les pieds n'hésitent pas à y aller.
Fort de ce constat, l'Etat burkinabé pourrait se
déployer partout où de besoin en augmentant le nombre de ses
représentations diplomatiques et consulaires, ce qui permettra d'avoir
une situation statistique exacte de la diaspora et de canaliser ses
investissements en vue d'utiliser une bonne partie de l'épargne
migratoire pour financer le développement du Burkina Faso. Mais
au-delà de toutes ces considérations, l'augmentation du nombre de
représentations signifie un accroissement de l'intérêt que
porte l'Etat pour les Burkinabé de l'étranger. Il sied aussi que
l'Etat prenne fait et cause pour ses ressortissants à l'extérieur
à travers l'accroissement de leur protection et la prise de
décisions politiques tenant davantage compte d'eux. Il pourrait de ce
fait encourager les Burkinabé de l'étranger à participer
activement à l'oeuvre de construction nationale en les aidant d'abord
à mieux s'organiser comme ils le demandent souvent. Cette participation
est un devoir moral qui peut être interprété comme un signe
de rattachement. Elle peut être appréhendée sous deux
angles : la participation à la gestion des affaires publiques, à
travers les élections auxquelles ils doivent prendre part en tant
qu'électeurs et candidats, et la
participation au processus de développement par des
apports divers, c'est-àdire par co-développement.
La notion de co-développement exprime aujourd'hui
l'implication, la participation des migrants dans le développement
économique de leur pays d'origine, quels que soient la nature, le
secteur d'intervention ainsi que les modalités de cette participation :
valorisation de l'épargne au service d'investissements productifs,
transferts de compétences, ou apports d'expériences sociales et
culturelles.
Quel peut donc être l'apport de la diaspora au
développement du Burkina Faso ?
PARTIE II : L'APPORT DES BURKINABE DE L'ETRANGER
AU DEVELOPPEMENT DU BURKINA
Qu'entend-on par développement ? Ce concept tant
usité ne rencontre pourtant pas l'unanimité des
économistes quant à sa définition. Selon les uns, il
s'agit de « la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une
population qui la rendent apte à faire croître cumulativement et
durablement son produit réel global »42.
La définition de l'OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economique) qui se veut plus positive explique que
« le développement sur le fond consiste en
l'amélioration par les hommes et les femmes de leur capacité
à réaliser leur potentiel humain individuel et
collectif »43. Pour l'ancien ministre des Affaires
étrangères du Burkina Faso, Ablassé OUEDRAOGO, «
le développement correspond à l'ensemble des
transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l'apparition
et la prolongation de la croissance économique. C'est un
phénomène irréversible ne pouvant s'observer que sur une
longue période. D'où le processus de développement peut se
définir comme tant la combinaison évolutive des changements
touchant les structures économiques, sociales,
culturelles et démographiques »44. Pour le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le
développement doit non seulement engendrer la croissance
économique mais aussi permettre une répartition plus
équitable des bénéfices de cette croissance de sorte
à conférer aux individus la capacité d'agir. On parle de
développement humain durable. Il s'agit, dans le sens commun, de
l'amélioration de l'avoir, du savoir et du pouvoir.
Il apparaît donc intéressant d'appréhender
les incidences de la migration sur le développement du Burkina Faso
à travers l'épargne rapatriée par les Burkinabé de
l'étranger (chapitre I) et ses implications sur des agrégats
assez significatifs comme la consommation et l'investissement (chapitre II).
42 F. PERROUX cité par le Lexique
d'économie, 7e édition, Dalloz, 2002, p.225-226
43 SMOUTS M.C., BATTISTELLA D., VENNESSON P.,
Dictionnaire des relations internationales, 2eme édition, Paris, Dalloz,
2006, p.123
44 Extrait d'un document de travail d'un
séminaire tenu à Goundi du 31 août au 5 septembre 1994 ;
cité par BITIE Yaya « Diaspora burkinabé et
mécanismes de transferts monétaires pour un développement
national », mémoire de fin de cycle, IDRI, 2007, p.9
CHAPITRE I : Le rapatriement de l'épargne par
les Burkinabéde l'étranger
Les études disponibles soutiennent que les
émigrés contribuent à la création de richesses dans
leur pays d'accueil par leur travail et les impôts qu'ils payent. Par
contre, à ce jour, aucune étude ne fait état de la
contribution exhaustive de l'émigration sur l'économie du pays
d'origine. Cependant, on n'ignore pas l'impact négatif que cette
émigration a sur l'économie dudit pays.
S'agissant du cas précis du Burkina Faso, on peut
observer que les émigrés sont en majorité jeunes et leur
départ constitue sans nul doute une diminution de la quantité de
travail disponible. En théorie, cette diminution de la maind'oeuvre
active va affecter négativement des agrégats comme le produit
intérieur brut et donc le revenu national et partant, la consommation et
l'épargne. La contraction de l'épargne et de l'investissement
entrave ainsi le financement de l'économie et par conséquent la
croissance économique.
Cette vision théorique de la migration contraste
cependant avec la conception classique de l'économie qui n'occulte pas
qu'il faille une utilisation rationnelle des facteurs de production que sont
notamment le travail et le capital dans le processus de développement.
Parlant du travail, la théorie classique dispose que la main-d'oeuvre se
déplace toujours des zones d'excédent d'offre vers celles qui en
expriment le besoin. Le Burkina Faso, pays sous-développé
à fort potentiel de main-d'oeuvre, où la jeunesse est
frappée par un inactivisme et un sous-emploi aux solutions difficiles
à trouver constitue une zone excédentaire d'offre de travail.
C'est pour cela que sa population se déplace dans l'espace en vue d'un
mieux-être économique, favorisée en cela par
l'environnement économique sous-régional. Autrement dit, le
facteur travail se déplace à la recherche d'une utilisation plus
rationnelle (emploi plus rémunérateur) ciblant les zones les plus
prospères. Par exemple le boom économique de la Côte
d'Ivoire dans les années 1970 offrait des perspectives d'emplois
salariés énormes et attirait de ce fait les populations rurales
voltaïques (90% de la population totale). D'ailleurs, celles-ci justifient
pour plus de 90% d'entre elles, leur migration par la recherche d'un travail
rémunéré.
Par cette mobilité, les émigrés
contribuent au développement du Burkina Faso de par les retombées
des emplois qu'ils exercent à l'étranger. Ces retombées
arrivent au pays sous forme d'épargne.
L'épargne emprunte des canaux divers (section I) et
porte des incidences énormes sur l'économie burkinabé si
on la compare à d'autres agrégats macroéconomiques
(section II).
Section I : Le rapatriement de l'épargne
On assimile l'épargne à la partie du revenu qui
n'est pas affectée à la consommation immédiate.
L'épargne que les Burkinabé de la diaspora rapatrient au pays
d'origine est constituée d'une partie des économies qu'ils font
sur leurs salaires et revenus, les salaires payés directement par les
employeurs et les transferts sociaux versés directement à ceux-ci
ou à leurs familles au Burkina.
Le transfert de ces fonds suit des canaux et mécanismes
divers avant d'être destiné à des emplois précis.
Cette section s'intéressera d'abord aux canaux de rapatriement de
l'épargne (paragraphe 1) et ensuite à l'évolution de
l'épargne dans le temps (paragraphe 2).
Paragraphe I : Les canaux de rapatriement de
l'épargne
Les transferts de fonds au Burkina effectués par les
ressortissants burkinabé à l'étranger empruntent deux
types de circuits : un circuit formel constitué des organismes
officiellement accrédités en la matière et un circuit
informel.
Le circuit formel implique les institutions financières
et les organismes spécialisés en transfert monétaire. On y
trouve les mandats qui sont le fruit de la collaboration entre postes et les
transferts électroniques qui peuvent être de cash à cash,
de cash à compte ou de compte à compte mettant en relation les
institutions bancaires et assimilés et les particuliers. Les derniers
transferts sont plus modernes, plus rapides et moins onéreux que les
premiers et donc plus usités.
Les institutions financières concernées sont
principalement la Société Nationale des Postes et
Télécommunications (SONAPOST) pour les mandats, les organismes de
micro-finances et les institutions bancaires pour les autres types de
transferts. Les organismes de micro-finances qui s'impliquent dans les
transferts monétaires sont essentiellement le Réseau des Caisses
Populaires du Burkina (RCPB) avec ses 97 caisses d'épargne et de
crédit disséminées sur le territoire national.
Le système bancaire comporte les établissements
suivants : la Banque Internationale du Burkina (BIB), la Banque Internationale
pour le Commerce, l'Industrie et l'Artisanat du Burkina (BICIA-B), la Banque
Agricole et Commerciale du Burkina (BACB), la Banque Commerciale du Burkina
(BCB), la Bank Of Africa (BOA), ECOBANK, la Société
Générale de Banques du Burkina (SGBB), la Banque
Sahélo-saharienne pour l'Investissement et le Commerce (BSIC), la Banque
Régionale de Solidarité (BRS), la Banque Atlantique du Burkina
Faso (BA-BF), la Banque de l'Habitat du Burkina (BHB), Coris Bank International
et la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).
Les établissements financiers travaillent en
collaboration avec des opérateurs internationaux
spécialisés dans le transfert monétaire. Il s'agit des
institutions comme Western Union, Moneygram, Money Choice Transfert, Money
Express, Mandat Express International, la Society for Worldwide Interbank
Financial Telecommunication (SWIFT), etc.
Le transfert par le circuit formel comporte plus de
sécurité et de garantie.
Cependant, compte tenu de certains paramètres comme
l'analphabétisme de la population migrante, la complexité et la
méfiance des populations vis-à-vis des circuits officiels,
l'épargne n'emprunte pas toujours le circuit formel, il existe un
circuit parallèle qualifié d'informel. L'importance des canaux
informels est à souligner car selon le rapport 2005 de la Commission
Mondiale sur les Migrations Internationales, seule la moitié des fonds
transférés passe par les voies bancaires officielles. Au Burkina
Faso, aucune étude disponible ne détermine de façon
précise la part des transferts empruntant les canaux informels. Une
chose est sûre, c'est qu'au vu des raisons ci-dessus
évoquées,
il n'y a pas de doute que le transfert informel enregistre plus
d'adeptes et que son volume atteint des proportions importantes.
Peuvent être qualifiés de transferts informels
les transferts de fonds effectués lors des occasions suivantes : les
voyages de retour des émigrés eux-mêmes au pays ou de
tierces personnes et les intermédiations des transporteurs routiers ou
des convoyeurs de véhicules de transport (en ce qui concerne
principalement les Burkinabé résidant dans les pays voisins) et
des agents privés reconnus par les migrants mais exerçant dans
l'illégalité.
Il ressort donc qu'il apparaît difficile
d'établir des statistiques fiables sur les fonds envoyés par la
diaspora au Burkina. Seule l'épargne qui transite par le circuit formel
tel que décrit peut être entièrement
appréhendée. Du coup, les données chiffrées se
trouvent biaisées.
Paragraphe II : L'évolution de l'épargne
dans le temps
L'épargne transférée par les canaux
officiels peut être identifiée au niveau de la balance des
paiements sous la rubrique « transferts courants privés,
économies sur salaire ».
La balance des paiements est un compte de flux
retraçant l'ensemble des opérations (opérations sur biens
et services, opérations de transferts sans contrepartie dont les
transferts d'épargne des travailleurs migrants, opérations en
capital) intervenues au cours d'une année entre un pays et
l'extérieur. Dans le cas du Burkina Faso, elle est calculée par
la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et transmise au
Ministère de l'Economie et des Finances.
On peut y avoir une idée approximative des fonds
rapatriés par les Burkinabé de l'étranger et leur
progression comme l'illustre le tableau suivant.
Tableau 1. Evolution de l'épargne
rapatriée par les migrants burkinabé (en milliards de FCFA) de
1980 à 2008.
Années
|
Côte d'Ivoire
|
Autres
|
Total
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
1980
|
30,34
|
95.2
|
1,52
|
4.8
|
31,86
|
1981
|
37,01
|
88.8
|
4,65
|
11.2
|
41,66
|
1982
|
32,92
|
90.8
|
3,32
|
9.2
|
36,24
|
1983
|
40,16
|
93.1
|
2,96
|
6.9
|
43,12
|
1984
|
35,87
|
91.0
|
3,54
|
9.0
|
39,41
|
1985
|
52,82
|
93.2
|
3,83
|
6.8
|
56,65
|
1986
|
63,40
|
95.5
|
2,96
|
4.5
|
66,36
|
1987
|
47,46
|
91.1
|
4,61
|
8.9
|
52,08
|
1988
|
50,66
|
90.9
|
5,05
|
9.1
|
55,71
|
1989
|
44,63
|
90.1
|
4,90
|
9.9
|
49,53
|
1990
|
34,95
|
91.9
|
3,08
|
8.1
|
38,03
|
1991
|
29,29
|
91.9
|
2,58
|
8.1
|
31,87
|
1992
|
30,70
|
90.0
|
3,39
|
10
|
34,10
|
1993
|
30,50
|
91.9
|
2,69
|
8.1
|
33,19
|
1994
|
41,00
|
91.9
|
3,61
|
8.1
|
44,61
|
1995
|
43,18
|
91.9
|
3,81
|
8.1
|
46,98
|
1996
|
51,87
|
91.9
|
4,57
|
8.1
|
56,44
|
1997
|
46,98
|
91.9
|
4,14
|
8.1
|
51,12
|
1998
|
50,3
|
91.9
|
4,41
|
8.1
|
54,43
|
1999
|
43,28
|
86.1
|
7,00
|
13.9
|
50,28
|
2000
|
38,29
|
86.1
|
6,19
|
13.9
|
44,48
|
2001
|
27,52
|
86.1
|
4,45
|
13.9
|
31,97
|
2002
|
-
|
-
|
-
|
-
|
36,60
|
2003
|
-
|
-
|
-
|
-
|
26,50
|
2004
|
-
|
-
|
-
|
-
|
21,10
|
2005
|
-
|
-
|
-
|
-
|
26,10
|
2006
|
-
|
-
|
-
|
-
|
31,7
|
2007
|
-
|
-
|
-
|
-
|
35,6
|
2008
|
-
|
-
|
-
|
-
|
38,1
|
Moyenne
|
41,03
|
91.05
|
3,96
|
8.5
|
41,58
|
Source : Produit par l'auteur sur la
base des données du Ministère de l'Economie et des Finances
(DGEP/DPAM).
Ainsi, sur les 29 dernières années, le Burkina
Faso a reçu au total de ses fils à l'étranger plus de
mille deux cents (1200) milliards de francs CFA soit une moyenne annuelle de
41,58 milliards de francs CFA dont 91,05% proviennent de la Côte
d'Ivoire.
De 30,34 milliards FCFA en 1980 à 38,1 milliards FCFA en
2008 avec un pic de 63,4 milliards FCFA en 1986, les envois de fonds des
Burkinabé de
l'étranger connaissent une évolution en dents de
scie liée à la conjoncture économique et politique
mondiale et sous-régionale. En 1994 par exemple, avec la
dévaluation du franc CFA, la sous-région a réalisé
des gains de compétitivité, ce qui a eu pour effet
d'accroître la vente des matières premières. Les
émigrés burkinabé étant en majorité
agriculteurs et résidant en Côte d'Ivoire, il y a eu accroissement
de leurs revenus et par conséquent accroissement de l'épargne
rapatriée. A la baisse des cours mondiaux des matières
premières (café, cacao) se sont ajoutées les pertes de
compétitivité en 1996, d'où la baisse de l'épargne
rapatriée.
En outre, de la stabilité politique dépend la
santé économique. De ce fait, la survenance d'une crise politique
dans l'un ou l'autre des pays se répercutera sur l'économie et
donc sur les envois de fonds. Ceci s'observe à partir de 1999 en
Côte d'Ivoire avec la crise de Tabou et ses lots d'expulsions massives de
Burkinabé et de confiscations des superficies agricoles et le conflit
armé de 2002. A cette période, les envois de fonds ont
amorcé une chute continue sans plus jamais atteindre le niveau d'avant.
La preuve en est qu'il était difficile d'établir des statistiques
à partir de 2002. Une crise politique au Burkina peut avoir les
mêmes répercussions sur les envois de fonds des Burkinabé
de l'étranger et ce, d'autant plus que ceux-ci pourraient se replier sur
eux-mêmes. Ceci peut expliquer la baisse de l'épargne
rapatriée en 1987. Il ressort donc que la paix sociale constitue un
facteur de croissance économique.
Malgré ces chocs exogènes, le Burkina Faso a
toujours enregistré un solde net épargne
reçue/épargne versée positif. Doit-on pour autant en
conclure sur la rentabilité de l'émigration burkinabé ou
sur l'efficience des fonds générés par celle-ci ? Seule
une approche comparée permet de l'affirmer.
Section II : Analyse comparée de
l'épargne rapatriée
On peut comparer l'épargne rapatriée par les
Burkinabé de l'étranger avec les autres sources de revenu
à l'intérieur de l'économie ou avec l'épargne
versée au reste du monde (paragraphe I). Ainsi, on pourra tirer une
conclusion quant à son optimalité (paragraphe II).
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
Paragraphe I : comparaison épargne
reçue/autres agrégats économiques
Considérons les 19 dernières années
c'est-à-dire de 1990-2008 et comparons l'épargne rapatriée
avec le produit intérieur brut (PIB) au prix du marché et la
valeur des exportations totales ainsi que les recettes d'exportation du
principal produit qu'est le coton et le déficit de la balance
commerciale. Les résultats consignés dans le tableau en annexe 3
peuvent être représentés graphiquement.
Graphique 1 : Epargne rapatriée par
les Burkinabé de l'étranger, exportations totales, recettes
d'exportation du coton et déficit de la balance commerciale en
milliards de francs CFA de 1990 à 2008.
EPARGNE RECUE
EXPORTATIONS TOTALES
DONT COTON PIB
DEFICIT DE LA BALANCE COMMERCIALE
De manière globale, on note que la diaspora
burkinabé contribue pour plus de 2,59% au PIB annuel du Burkina Faso,
moins que le coton (4,36%), principal produit d'exportation. Il faut cependant
relativiser parce, que jusqu'en 1996 (excepté 1995), l'épargne
rapatriée par les travailleurs burkinabé à
l'étranger dépassait les recettes d'exportation du coton. A
partir de 1997, pendant que les recettes du coton doublaient, l'épargne
reçue baissait et en 2004 cette dernière ne représentait
que 12,93% de la valeur des recettes du coton contre 162,39% en 1990. Peut-on
dire que le Burkina des années 2000 attire mieux que l'extérieur
ou que l'expatriation est moins rentable que la culture du coton au Burkina?
Une chose est sûre, un cotonculteur apporte mieux à
l'économie du Burkina qu'un Burkinabé de l'étranger.
On peut également remarquer que les devises
apportées par l'épargne rapatriée par les Burkinabé
de l'étranger ne permettent pas de couvrir le déficit de la
balance commerciale puisqu'elles ne représentent que 29,29% de sa
valeur.
Au regard des ressources générées par
l'émigration, on ne peut pas dire que celle-ci n'apporte pas au
développement. Cependant au vu de l'effectif des Burkinabé de
l'étranger (annexe 1), on peut constater que le potentiel migratoire
n'est pas suffisamment exploité. Autrement dit, toute chose étant
égale par ailleurs (hypothèse ceteris paribus), l'apport
des Burkinabé de l'étranger au développement du Burkina,
quoique sous-estimé, n'est pas optimal.
Paragraphe II : Une épargne par tête peu
signifiante
Déterminons d'abord le solde net entre les fonds
reçus des émigrés burkinabé et les fonds
renvoyés par les travailleurs étrangers résidant au
Burkina Faso. Le tableau suivant donne des renseignements.
Tableau 2. Les renvois des fonds des
émigrés et des immigrés (en millions de francs
CFA
ANNEE
|
EPARGNE RECUE
|
EPARGNE VERSEE
|
SOLDE NET
|
1990
|
38029
|
22014
|
16015
|
1991
|
31869
|
19934
|
11935
|
1992
|
34096
|
18555
|
15541
|
1993
|
33193
|
17501
|
15692
|
1994
|
44609
|
28289
|
16320
|
1995
|
46984
|
27332
|
19652
|
1996
|
56984
|
27336
|
29648
|
1997
|
51118
|
28725
|
22393
|
1998
|
54434
|
28597
|
25837
|
1999
|
59227
|
28391
|
21885
|
MOYENNE
|
45054,3
|
24667,4
|
19491,8
|
Source : Ministère de l'Economie et
des Finances
De ce tableau il ressort que le Burkina reçoit plus
d'épargne du reste du monde que le reste du monde n'en reçoit de
lui.
Si l'on rapporte maintenant ces différentes
épargnes aux effectifs correspondants, on s'aperçoit que la
contribution par tête d'émigré Burkinabé est plus
faible que la contribution par tête d'expatrié au Burkina. Sur la
période considérée en effet, un Burkinabé de
l'étranger rapatrie en moyenne46 4 879 FCFA par an tandis
qu'un étranger résidant au Burkina renvoie en
moyenne47 dans son pays 410 617 FCFA par an, en considérant
que tout le monde est actif et que toute chose est égale par
ailleurs.
Au vu de ce qui précède, deux hypothèses
se dégagent : ou la population migrante burkinabé refuse de
contribuer au développement du Burkina, ou elle n'en a pas la
capacité.
45 Nata PODA, « Migration et développement
au Burkina Faso » in Forum national sur les
migrations : quelle politique de migration pour le Burkina Faso
au 21è siècle ?, Ouagadougou, Ministère de
l'Intégration Régionale, 2001
46 Montant annuel moyen de l'épargne (45 054
300 000 FCFA) sur effectif total (9 234 919, cf. annexe 1)
47 24 667 400 000 FCFA sur 60 074 (voir cet
effectif des étrangers vivant au Burkina dans Mathieu OUEDRAOGO et
Toubou RIPAMA, Analyse des résultats du RGPH 2006, état et
structure de la population, INSD, septembre 2008).
On peut remarquer que la population migrante burkinabé
étant dans sa majorité issue du milieu rural, elle manque de
qualification et donc de professionnalisme, ce qui limite la valeur
ajoutée qu'elle dégage de son activité et donc la valeur
de l'épargne rapatriée. Si cette population s'est
spécialisée dans l'agriculture, on peut néanmoins
distinguer les ouvriers agricoles (notamment en Côte d'Ivoire, au Ghana
et en Italie) des propriétaires terriens (principalement en Côte
d'Ivoire et au Ghana). Les petits emplois ne rémunèrent
certainement pas bien ; l'agriculture est peut-être liée aux
aléas climatiques et à la conjoncture internationale (termes de
l'échange) mais les propriétaires terriens devraient être
les plus nantis.
Mais pourquoi dans les mêmes conditions certains
migrants contribueraient plus que d'autres ? Théoriquement on pourrait
imaginer que ceux qui contribuent plus sont ceux qui gagnent plus. Si cela
n'est pas le cas, c'est qu'un autre facteur entre en ligne de compte :
l'intérêt à agir.
On remarque en effet que les Burkinabé d'Italie,
quoique étant dans leur majorité des ouvriers exerçant
dans l'agriculture, sont ceux parmi la diaspora qui contribuent plus au
développement du Burkina. Les vieux propriétaires fonciers
burkinabé de la Côte d'Ivoire et du Ghana privilégient
l'investissement dans les pays d'accueil. Ainsi dénombre-t-on plusieurs
fortunés d'origine burkinabé dans ces pays et qui n'ont
pratiquement rien investi au Burkina. L'intérêt à agir est
donc l'attachement.
Il ne suffit donc pas d'avoir les moyens matériels pour
participer à l'édification de la nation d'origine. La
volonté d'y participer demeure fondamentale.
Il est évident que des difficultés objectives
constituant des freins au rapatriement de l'épargne peuvent être
identifiées. Il s'agit entre autres de l'inadaptation des circuits dits
formels, du faible niveau d'instruction de la diaspora, de la volonté
d'escapade de certains migrants qui jurent une fois sortis de ne plus remettre
pied au Burkina ainsi que du faible accompagnement par l'Etat des
Burkinabé résidant à l'extérieur.
Ces difficultés ne sont pas insurmontables mais
nécessitent qu'on leur accorde une attention particulière. Des
voies et moyens peuvent être trouvés en vue d'améliorer le
rapatriement de l'épargne qui sert à des fins diverses au
Burkina.
CHAPITRE II : Les implications de l'épargne
rapatriée
Les émigrés burkinabé emploient leur
épargne à l'amélioration des conditions de vie de leurs
familles d'origine à travers un soutien direct à l'investissement
dans des activités génératrices de revenus et au soutien
multiforme à l'Etat. Ainsi, les implications de l'épargne
rapatriée sont perceptibles sur la consommation (section I) et sur
l'investissement (section II).
Section I : Les implications sur la consommation
Avant de voir la réalité de l'implication des
envois de fonds des Burkinabé de l'étranger sur la consommation
des ménages au Burkina (paragraphe II), définissons d'abord le
concept de consommation (paragraphe I).
Paragraphe I : Notion de consommation
La consommation peut être définie comme
l'utilisation des biens et des services soit en vue de leur transformation dans
la production (consommation intermédiaire), soit pour la satisfaction
des besoins des ménages (consommation finale). La consommation
envisagée dans le cadre de cette étude est la consommation finale
encore appelée consommation effective. Elle évolue en fonction du
revenu et en principe moins que proportionnellement à lui. La
consommation est l'un des agrégats les plus significatifs dans
l'évaluation de la croissance économique et du
développement. L'intention ici est de montrer que l'épargne
rapatriée par la diaspora a une incidence réelle sur la
consommation à travers l'amélioration du niveau de vie et du
genre de vie.
Le niveau de vie est entendu comme la quantité physique
de biens onéreux que l'homme peut se procurer avec son revenu
monétaire. Le genre de vie, quant à lui, est l'ensemble des
éléments qualitatifs qui ne peuvent être chiffrés en
argent mais qui influent beaucoup sur la satisfaction et la non-satisfaction
des besoins.
Quelles sont donc les incidences des fonds rapatriés par
les Burkinabé de l'étranger sur la consommation de leurs familles
restées au Burkina ?
Paragraphe II : Réalité des implications
sur la consommation
Les transferts de fonds qu'effectuent les Burkinabé de
l'étranger vont principalement à destination de la famille
restée au village. Dans bien des cas, l'émigré est
l'espoir de la famille. C'est à lui que revient la charge de pourvoir
aux besoins de consommation. Pour ce faire, il envoie des fonds destinés
à l'achat des biens de consommation alimentaire et vestimentaire,
à pourvoir aux besoins en santé, en scolarisation et même
à l'acquisition de logement décent.
Ces fonds vont également à l'achat d'animaux
comme les boeufs et les ânes et à l'acquisition de
matériels agricoles comme les charrues, les charrettes, etc. Ces
dépenses visent l'auto-prise en charge de la famille et son
indépendance financière vis-à-vis du seul migrant.
A la survenance d'événements sociaux importants
comme les mariages et fiançailles, les baptêmes, les
funérailles et autres rituels, il est aussi fait appel au migrant.
Il s'avère donc que le migrant assiste
financièrement sa famille d'origine. Ainsi, peut-on remarquer que les
familles ayant un fils (ou une fille) à l'étranger ont un niveau
de vie nettement au-dessus de celui des familles sans émigré et
même au-dessus de la moyenne du niveau de vie nationale. Les cas les plus
illustratifs sont les familles au Boulgou, en particulier à
Béguédo, à Niagho et à Ouanrégou. Dans ces
localités, les habitats construits en parpaing de ciment et souvent
à niveau, tranchent avec les modes de logement communs des villages du
Burkina. Aussi, les familles concernées sont-elles à l'abri du
besoin, du moins alimentaire, toute chose à mettre à l'actif des
Burkinabé d'Italie communément appelés « Italiens
» et subsidiairement de ceux du Gabon ou « Gabonais
».
L'assistance apportée par la diaspora burkinabé
à l'endroit des familles d'origine n'est pas sans susciter
l'appétit de plus en plus grandissant de la population locale pour
l'aventure. Comme un effet de mode, cette population, en l'occurrence sa frange
jeune, n'a plus d'yeux que pour l'aventure italienne. L'exemple de
réussite donné par les Burkinabé d'Italie attire des
individus de tout sexe et de quelque niveau intellectuel que ce soit, ce qui
explique en partie les risques que prennent les jeunes pour rejoindre l'Italie
au moyen d'embarcations de fortune qui, au désarroi de tous,
échouent souvent en mer causant des pertes en vies humaines.
L'expérience montre que ceux qui échouent sont les mêmes
qui repartent jusqu'à ce qu'ils réussissent ou meurent.
Les « injections monétaires » des migrants
à leurs familles d'origine en vue de l'élévation de leur
niveau de vie constituent un élément de leur contribution au
développement. L'implication des Burkinabé de l'étranger
dans le tissu économique peut aussi revêtir la forme de
création d'activités génératrices de revenus.
Section II : L'impact sur l'investissement
L'investissement peut être défini au sens large
comme une acquisition d'un capital en vue d'en percevoir ou d'en consommer le
revenu et au sens étroit comme l'acquisition de biens de production en
vue de l'exploitation d'une entreprise et de dégager un revenu ou une
augmentation de la capacité de production. Il est une fonction positive
du revenu et devrait en pure théorie être égal à
l'épargne (loi des débouchés de Jean-Baptiste SAY). Ainsi
l'investissement suppose l'accumulation et détermine la croissance
économique et donc le développement. Il ne peut y avoir
développement effectif sans un minimum d'investissement. « Au
plan macroéconomique l'investissement en tant que formateur du capital
fixe détermine profondément les structures et l'évolution
de la conjoncture. La répartition des activités sur le
territoire, la répartition entre investissements productifs et non
productifs, la répartition entre investissements de capacité et
investissements de substitution etc. conditionnent la nature du
développement, le climat social et la conjoncture
économique d'un pays. »48 On
peut distinguer l'investissement privé (paragraphe I) qui est le fait de
particuliers et l'investissement public (paragraphe II) qui fait partie des
dépenses publiques.
Paragraphe I : L'investissement dans le secteur
privé
Comme précédemment défini,
l'investissement peut concerner la création d'une entreprise. Les
Burkinabé de l'étranger n'agissent pas seulement sur la
consommation ; ils investissent au Burkina dans des entreprises de tailles
différentes : des grandes, des petites et moyennes entreprises et
industries (PME/PMI).
L'investissement dans des activités
génératrices de revenus se fait soit au compte du migrant
lui-même, soit au compte d'un membre de sa famille.
Les secteurs d'activités sont, entre autres, le
transport, l'hôtellerie et la restauration, l'immobilier, le
bâtiment et les travaux publics (BTP), les arts, la culture et la
communication, le petit commerce (boutiques, quincaillerie), la soudure, la
menuiserie, la gestion de stations-services...
Au titre des grandes entreprises tenues par des
émigrés burkinabé, on peut citer la société
Watam Kaizer concessionnaire de cycles et motocycles de Pathé OUEDRAOGO
résidant en Côte d'Ivoire, par ailleurs propriétaire de
nombreux immeubles et entreprises en Côte d'Ivoire et au Burkina. Son
exemple est loin d'être le seul. Il y a la société BTM de
Henriette KABORE, spécialisée dans le BTP et qui a
exécuté des ouvrages publics comme le siège de l'Office
National de l'Eau et de l'Assainissement (ONEA) à Ouagadougou et les
deux amphithéâtres de 1000 places de l'Université de
Ouagadougou.
En ce qui concerne les PME/PMI, on peut citer les compagnies
de transport STAF, CTI, TSR qui sont les propriétés
d'émigrés burkinabé de retour au pays ou résidant
encore à l'étranger.
48 Ahmed SILEM et Jean-Marie ALBERTINI, Lexique
d'économie, 7e édition, Dalloz, 2002, p.400
Un autre secteur prisé par les Burkinabé de
Côte d'Ivoire : les lieux de loisirs et autres débits de boisson.
Beaucoup de jeunes Burkinabé de Côte d'Ivoire exploitent leurs
expériences culturelles et investissent dans les espaces de loisir ou
deviennent des promoteurs de spectacles, des artistes évoluant dans la
musique urbaine ou des managers d'artistes.
On note aussi que bon nombre de Burkinabé de
l'étranger investissent dans l'immobilier. Ceux-ci construisent des
immeubles, soit à des fins d'utilisation personnelle, soit à des
fins commerciales. On peut citer le cas des cours communes ou
`'celibaterium» et autres villas en location à Ouagadougou tenues
majoritairement par les Burkinabé d'Italie.
On peut donc retenir que les Burkinabé de
l'étranger, en même temps qu'ils envoient des fonds au Burkina, y
exercent des activités diverses et contribuent fortement à
l'essor économique de leur pays d'origine. Ils accompagnent aussi les
efforts de l'Etat à travers des gestes communautaires.
Paragraphe II : L'investissement dans le secteur
public
Il faut rappeler que l'indicateur composite
d'évaluation du développement c'està-dire l'Indice de
développement humain durable (IDH) calculé par le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD) depuis 1990, combine à
la fois le PIB (produit intérieur brut) réel par tête en
PPA (parité des pouvoirs d'achat), le niveau de scolarisation de la
population adulte et l'espérance de vie à la naissance. Ainsi, en
intervenant dans l'appareil productif national à travers la
création d'entreprise, les Burkinabé de la diaspora contribuent
à la croissance économique en élevant le PIB.
Un autre axe d'intervention des Burkinabé de
l'étranger est l'appui à l'Etat dans les secteurs sociaux et dans
le domaine des infrastructures, ce qui a pour effet d'améliorer le taux
de scolarisation et l'espérance de vie.
L'appui à l'Etat dans les secteurs sociaux prend la
forme de construction d'infrastructures sociales comme les centres de
santé et de promotion sociale (CSPS), les maternités et les
écoles, collèges et lycées. Il se manifeste
également par les dons d'équipement en
matériels médicaux, d'ambulances, de kits sanitaires et de
médicaments dans le domaine de la santé. Dans le domaine de
l'éducation, l'appui en équipement consiste en des dons
d'ordinateurs, de tables-bancs et de fournitures scolaires.
Les différents appuis sont effectués par les fils
de la localité individuellement ou organisés en association ou
avec le soutien de réseaux d'amis.
Dans cet ordre d'idées, on cite la construction du centre
de santé, du lycée et du commissariat de police de
Béguédo dans la province du Boulgou.
Toujours dans la région du Centre-Est, il est revenu
que la construction du tronçon Tenkodogo-Garango (45 km) est l'oeuvre de
fils de cette région résidant en Italie.
La liste de ces appuis à l'Etat dans les secteurs de sa
compétence n'est pas exhaustive.
On peut néanmoins retenir que la contribution de la
diaspora au développement est effective et perceptible sur la
consommation et l'investissement. Si cette contribution améliore le
vécu quotidien des populations, elle a aussi un impact sur le
développement du pays, notamment par le multiplicateur de
l'investissement. Pour les économistes, l'augmentation initiale d'une
grandeur économique peut produire en fin de période une
augmentation plus importante de la même grandeur ou de la variable
qu'elle détermine. On parle d'effet multiplicateur. Ainsi,
l'augmentation de l'investissement (multiplicateur de l'investissement)
détermine une augmentation plus importante du revenu national. C'est
pour cette raison qu'il sied d'encourager l'investissement.
Conclusion
Les Burkinabé de l'étranger contribuent ainsi
par l'épargne rapatriée et employée à des fins
diverses au développement de leur pays d'origine et subsidiairement
à l'équilibre du marché du travail. D'autres facteurs
marginaux comme la transmission de la technologie sont à mettre
également à l'actif des
Burkinabé de l'étranger du fait de la formation
et de l'expérience dont ils bénéficient dans les pays
d'accueil. Si tout ce capital revenait au Burkina, on pourrait espérer
qu'il impulse le développement.
Dans tous les cas, le brassage avec d'autres peuples constitue
une valeur ajoutée en ce sens qu'il fait naître des idées
nouvelles qui confrontent celles en cours de sorte à faciliter
l'évolution des mentalités. C'est dans ce sens que l'on attribue,
à tort ou à raison, les manifestations sociales qui, du reste,
sont l'expression de la démocratie, aux « diaspo
».
Si l'on envisageait le retour définitif des 9 234 919
Burkinabé de l'étranger (voir annexe 1), le Burkina Faso devrait
accueillir sur son sol désormais une population de près de 24
millions de personnes (le RGPH 2006 fait état d'une population
résidente burkinabé de 14 017 262 habitants). Une question se
pose cependant : faut-il aider la diaspora à s'épanouir dans le
pays d'accueil ou bien l'encourager à réussir son retour ? Il va
sans dire que si retour il y a, les besoins en infrastructures
socio-économiques seront doublés. Dans l'hypothèse qu'il
ne peut y avoir (subitement) ce scénario et que chacun pourrait
préparer avec sérénité son retour, la diaspora
pourrait être encouragée à s'insérer davantage dans
le tissu économique burkinabé.
Tout en reconnaissant que la diaspora contribue effectivement
au développement du Burkina Faso, on retient néanmoins que cette
contribution n'est pas à la hauteur des attentes. Par ailleurs, les
différents acteurs à savoir les Burkinabé de
l'étranger pris individuellement et collectivement ainsi que l'Etat
à travers ses administrations centrales et déconcentrées
(les ambassades et consulats) se doivent de travailler en synergie en vue
d'améliorer l'apport des Burkinabé de l'étranger au
développement du Burkina Faso.
En s'appuyant sur le lien national ou la fibre patriotique, on
pourra mobiliser les Burkinabé de l'étranger autour de l'objectif
du développement. Autrement dit, en travaillant à amener les
Burkinabé de l'étranger à cultiver beaucoup plus d'amour
pour leur pays d'origine, on les amènerait à prendre une part
active au développement du Burkina Faso.
CONCLUSION GENERALE
Afin d'appréhender le rattachement des Burkinabé
de l'étranger à leur pays d'origine et leur apport au
développement du Burkina Faso, il est apparu nécessaire
d'analyser tout d'abord les causes de l'émigration burkinabé
depuis la colonie de Haute-Volta. Deux raisons se dégagent
principalement :
- les causes historiques liées au fait colonial et
à la mise en place de politiques néocoloniales après les
indépendances ;
- les causes économiques liées à la
recherche du bien-être financier et matériel.
Une troisième cause mérite aussi d'être
évoquée : les raisons psycho-sociales de l'aventure.
Au vu de ces motivations pour l'émigration, une
question se pose : les Burkinabé de l'étranger sont-ils
rattachés à leur pays d'origine ? C'est l'objet de la
première partie de cette étude.
Deux hypothèses se dégagent :
- il existe un rattachement des Burkinabé de
l'étranger à leur pays d'origine ;
- à l'opposé, on note une absence de rattachement
chez d'autres.
~ Les cas de rattachement
Au vu de critères objectifs, il a été
démontré que des Burkinabé de l'étranger sont
rattachés à leur pays d'origine et par voie de conséquence
forment une diaspora entendue comme une « communauté
d'expatriés qui préservent une identité commune,
qui ont gardé des références et des pratiques
renvoyant à leur pays d'origine malgré la dispersion et qui sont
en relation collective ». La relation collective se traduit par
l'existence d'associations de Burkinabé de l'étranger. Il a
été démontré que les références et
les pratiques se traduisent par un rattachement aussi bien affectif pour autant
qu'il se manifeste par l'usage courant ou non de la langue, la consommation de
mets d'origine
burkinabé et apparentés, l'habillement, la
famille, etc. que matériel. Dans ce dernier cas, le rattachement se
manifeste par des retours périodiques ou non au Burkina, la possession
d'éléments physiques comme des terrains, immeubles, fermes et des
intérêts économiques comme des activités
génératrices de revenus, etc. Le rattachement peut, en plus du
comportement, être justifié par la nationalité.
~ Les cas de non rattachement
Il ressort que des supposés Burkinabé ont du mal
à justifier leur appartenance à la société
burkinabé, problème d'identification lié soit à
l'assimilation à la population d'accueil, soit à l'absence de
documents administratifs. Il est apparu des cas où des individus
n'entretiennent de lien ni avec le Burkina Faso, ni avec la communauté
burkinabé étrangère alors que la législation du
pays d'accueil ne les reconnaît pas comme nationaux. Ce n'est qu'à
la survenance d'événement malheureux que les
intéressés reconnaissent leurs origines. Il convient alors
d'inviter les pouvoirs publics à travailler à amener tous les
Burkinabé de la diaspora à s'intéresser au Burkina Faso
par des motivations diverses.
L'une des preuves d'attachement que les Burkinabé de la
diaspora portent à l'égard du Burkina, c'est leur contribution au
développement. La deuxième partie de cette étude pose
comme hypothèse que les Burkinabé de l'étranger apportent
substantiellement à l'économie burkinabé à travers
notamment le rapatriement de leur épargne. Cet aspect a
été cerné en étudiant l'incidence de
l'épargne rapatriée sur des agrégats
macroéconomiques assez significatifs comme la consommation finale
privée et l'investissement. On retient que les Burkinabé de
l'étranger, en même temps qu'ils contribuent à
élever le niveau de vie des ménages par leur assistance
financière en particulier pendant la période de soudure,
s'impliquent dans la production nationale par la création et la gestion
d'entreprises de tailles variées et soutiennent l'action de l'Etat par
la construction d'infrastructures socio-économiques et des dons
divers.
Cependant, à la confrontation avec d'autres indicateurs,
on relève que l'apport des Burkinabé de l'étranger au
développement n'est pas optimal et peut donc
être amélioré. Comparé en effet
avec leur effectif, on note qu'un Burkinabé de l'étranger
contribue moins au PIB du Burkina qu'un résident et que l'épargne
qu'il rapatrie est inférieure à celle qu'un étranger
résidant au Burkina renvoie à son pays d'origine. Par rapport
à l'apport d'autres diasporas, on note la faiblesse de celui de la
diaspora burkinabé à l'économie nationale. On en conclut
donc que cette contribution est en deçà de l'optimum. La question
est de savoir ce qu'il faut faire.
La réponse à cette question n'est pas si simple
mais pourrait se résumer à ceci : raffermir ou renforcer le
rattachement des Burkinabé de l'étranger à leur pays
d'origine c'est améliorer leur apport au développement. Cela
interpelle les pouvoirs publics à s'intéresser autant aux
Burkinabé de l'étranger qu'aux Burkinabé de
l'intérieur, ce qui peut se traduire par un accroissement de
l'encadrement juridico-politique et institutionnel des ressortissants
burkinabé résidant à l'étranger et de leur suivi.
Il faudrait aussi élaborer une politique claire de gestion de
l'émigration.
~ Le renforcement de l'encadrement et du suivi des
Burkinabé de l'étranger
Les Burkinabé de la diaspora accusent à tort ou
à raison les autorités burkinabé de les ignorer au profit
d'intérêts politiques en nouant et en promouvant des relations
amicales avec des pays qui leur sont hostiles (Côte d'Ivoire, Libye...).
Ainsi, après les meurtres, les expulsions (très souvent abusives)
et la spoliation de Burkinabé de la Côte d'Ivoire, de la Libye, du
Gabon, de la Guinée Equatoriale, etc., force est de constater que l'Etat
burkinabé n'a à ce jour déposé aucune plainte en
vue de la protection des intérêts de ses ressortissants, ce qui
fait dire à plus d'un que l'Etat ne s'intéresse aux
Burkinabé de l'étranger que quand il s'agit de leur demander de
soutenir le développement du Burkina en accroissant leurs
investissements. En effet, l'Etat ne laisse percevoir aucun signe qu'il les
défendrait à chaque occasion et en tout temps. Cette attitude de
«prédateur» n'est pas sans susciter la
méfiance des Burkinabé de la diaspora qui préfèrent
agir là où se trouvent leurs intérêts.
Les autorités pourraient agir plus politiquement en
envisageant la création d'un ministère des Burkinabé de
l'étranger qui se chargerait des questions y afférentes mais
aussi des questions de migration internationale. Près d'une dizaine de
millions de Burkinabé résidant hors des frontières
nationales, le jeu en vaut la chandelle. Ce ministère aura plus de
moyens d'action et de poids politique que le CSBE. Il s'attaquera aux questions
telles que :
- la protection et la défense des droits des
Burkinabé victimes de violence à l'étranger comme c'est le
cas en Côte d'Ivoire;
- le vote des Burkinabé de l'étranger ;
- la réinsertion des Burkinabé rapatriés
;
- le projet MIDA (Migration et développement en
Afrique),
- etc.
Les accords internationaux que le Burkina a signés
(annexe 2) ou pourrait signer avec d'autres Etats en matière
d'encadrement des Burkinabé de l'étranger seraient plus efficaces
s'ils s'accompagnaient de suivi régulier. Le ministère pourrait
jouer un rôle dans ce sens.
Le ministère en charge des Burkinabé de
l'étranger pourra aussi travailler à améliorer les
processus de rapatriement de l'épargne et sa canalisation vers des
investissements productifs. Déjà, le projet MIDA est une
initiative à soutenir. Exécuté en partenariat entre
l'Organisation Internationale des Migrations (OIM) et le Burkina, c'est un
projet qui vise à mettre en rapport l'expertise et le savoir-faire de la
diaspora avec les besoins de formation, d'apprentissage et d'investissements
identifiés au niveau national.
Le ministère en charge des Burkinabé de
l'étranger pourrait également jouer un rôle
d'assistance-conseil et de guide pour les candidats éventuels à
l'émigration.
~ La gestion de l'émigration
L'une des questions les plus récurrentes est de savoir
si l'émigration constitue un facteur ou un frein pour le
développement national, ce qui pose en même temps l'urgente
nécessité pour le Burkina de se doter d'une politique nationale
migratoire aux orientations claires. L'important est de maximiser les effets
positifs de la migration et d'en atténuer les effets négatifs.
Pour ce faire, il est nécessaire que le pays dispose de statistiques
assez précises sur les flux migratoires avant d'envisager une gestion de
ces effectifs. D'aucuns proposent la création d'un observatoire national
des migrations.
La politique migratoire, tout comme toute politique publique,
se doit d'être objective et non complaisantes. En clair, elle pourrait
proposer la mise en place de conditions de rétention de la population
sur le territoire national et donner des informations plus ou moins
précises sur les pays d'émigration.
Il conviendrait mieux de chercher à retenir la
population au Burkina par la mise en place de conditions favorables à la
prospérité et à la promotion de la jeunesse. Et comme le
dit Nazi KABORE dans son ouvrage Comment devenir riche,
même s'il est difficile de prospérer au Burkina du fait de
l'austérité de la nature, cela n'est pas impossible en
témoignent les expatriés qui sont venus y faire fortune. Le
Burkina étant un pays pauvre, tout est à construire et donc
l'entrepreneuriat est à privilégier et à accompagner mieux
que la création d'emplois. Seulement l'entrepreneuriat ne s'enseigne
pas, il s'accompagne à travers un environnement viable et
prospère. Par ailleurs, un peuple bien éduqué est un
peuple qui peut se prendre en charge, un peuple entreprenant et donc
auto-suffisant. Mais si le peuple manque d'éducation de qualité
alors que les conditions (exogènes) de son épanouissement sont
créées, on attirera des investisseurs étrangers qui
assujettiront à terme la population résidente. Dans ce cas, on
privilégie la politique d'emploi à la politique
d'entrepreneuriat, d'où l'intérêt pour les pouvoirs publics
d'envisager la gestion de l'émigration doublement sous le moyen et le
long terme.
Les retombées de l'émigration ne doivent pas
éblouir le décideur public de sorte à lui faire perdre
de vue les problèmes que celle-ci pose. De plus, si les
conditions permettent l'émigration massive des jeunes,
il y aura fuite des cerveaux et le développement sera de plus en plus
compromis. C'est pourquoi il faut non seulement mettre l'accent sur la
formation et la spécialisation, mais aussi instituer un système
de valorisation de la main-d'oeuvre qualifiée.
En résumé, il convient à la fois d'encadrer
les populations déjà émigrées et de
décourager les candidats éventuels à
l'émigration.
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
- COULIBALY Sidiki, Migrations internationales et
développement : le
cas de la Haute-Volta, Ouagadougou, INSD,
1982, 47 pages ; - 2006, 553 pages ;
- GUILLIEN Raymond, VINCENT Jean, Lexique des termes
juridiques, 11è édition, Paris, Dalloz, 1998, 567
pages ;
- SILEM Ahmed, ALBERTINI Jean-Marie, Lexique
d'économie, 7è édition, Paris, Dalloz,
2002, 681 pages ;
- SMOUTS Marie Claude, BATTISTELLA Dario, VENNESSON
Pascal, Dictionnaire des relations internationales,
2ème édition, Paris, Dalloz.
II. THESE ET MEMOIRES
- COULIBALY Sidiki, Les migrations voltaïques :
les origines, les motifs et les perceptions des politiques,
Université de Montréal, thèse de doctorat, 1978, 370 pages
;
- BITIE Yaya, Diaspora burkinabé et
mécanismes de transferts monétaires pour un développement
national, mémoire de fin de cycle, IDRI, 2007, 79 pages
;
- DABIRE Der Laurent, La problématique de la
gestion de l'émigration internationale des
Burkinabé, mémoire de fin de cycle, ENAM, 2005,
98 pages ;
- MEDAH Manignan Roxane Adams, L'intégration
des étrangers naturalisés au Burkina Faso, mémoire de fin
de cycle, ENAM, 2005, 58 pages.
III. REVUES ET PUBLICATIONS ADMINISTRATIVES ET
D'INSTITUTIONS
- BLION Reynald, « Les Burkinabé de Côte
d'Ivoire entre «intégration» et circulation migratoire »,
Mondes en développement, 1995, Tome 23,
numéro 91, pp. 81-93 ;
- BLION Reynald, « De la Côte d'Ivoire à
l'Italie. Pratiques migratoires des Burkinabé et logiques d'états
», Sudi Emigrazione/Etudes migratoires, 1996,
XXXIII, n.121, pp. 46-69 ;
- BOUGOUMA Jérôme, « Migration : contraintes
et perspectives » in Forum national sur les migrations : quelle
politique de migration pour le Burkina Faso au 21è siècle
?, Ouagadougou, Ministère de l'Intégration
Régionale, 2001, pp. 1-15 ;
- Commission Mondiale sur les Migrations Internationales,
Les migrations dans un monde interconnecté : nouvelles
perspectives d'action, rapport sur les migrations
internationales, Genève, SROKunding, 2005, 97 pages ;
- CSBE, IIIè Assemblée générale du
Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger : contribution de
la diaspora burkinabé au développement et au rayonnement
international du Burkina Faso, document de travail, Ouagadougou, CSBE, 2008,
108 pages ;
- CSBE, IIIè Assemblée générale du
Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger : contribution de
la diaspora burkinabé au développement et au rayonnement
international du Burkina Faso, document final, Ouagadougou, CSBE, 2009, 46
pages ;
- CSBE, Annuaire des structures associatives du Burkina
Faso à l'étranger, 2008 ;
- DABIRE Bonayi, Bilan global des migrations au Burkina
Faso : panorama rétrospectif et tendances actuelles,
rapport final du symposium national sur les migrations, SP/CONAPO, 2005, 41
pages ;
- DIASSO Z. Clarisse, OUEDRAOGO Suzanne, Etudes
préliminaires sur les migrations et les transferts d'argent des migrants
burkinabé, Ouagadougou, Centre d'Innovation
Financières, 2005, 71 pages ;
- INSD, Recensement général de la
population et de l'habitat 2006, principaux tableaux
statistiques, Ouagadougou, INSD, 2008, 192 pages ;
- OUEDRAOGO Mathieu, RIPAMA Toubou, Recensement
général de la population et de l'habitat 2006, Analyse des
résultats : Etat et structure de la population,
Ouagadougou, INSD, 2008, 76 pages ;
- PODA Nata, « Migration et développement au
Burkina Faso » in Forum national sur les migrations : quelle
politique de migration pour le
Burkina Faso au 21è siècle
?, Ouagadougou, Ministère de
l'Intégration Régionale, 2001, pp. 1-19 ;
- SAGNON Daouda Marius, « L'état de la migration
burkinabé » in Forum national sur les migrations : quelle
politique de migration pour le Burkina Faso au 21è siècle
?, Ouagadougou, Ministère de l'Intégration
Régionale, 2001, pp. 1-18.
- SP/CONAPO, Les conventions et les législations
migratoires dans la sous région ouest-africaine : le droit et les
pratiques, rapport Symposium sur les migrations, Ouagadougou,
SP/CONAPO, 2006, 44 pages ;
- SP/CONAPO, Migrations internationales,
intégration sous régionale et économie
extra-territoriale, rapport final Symposium sur les migrations
au Burkina Faso, Ouagadougou, SP/CONAPO, 2006, 30 pages ;
- SP/CONAPO, Actes des travaux du symposium national
sur les migrations au Burkina Faso, Ouagadougou, SP/CONAPO,
2006, 105 pages ;
- SP/CONAPO, Etude dans le secteur de la population :
migrations internationales et transferts de fonds, rapport
sectoriel, Ouagadougou, SP/CONAPO, 1995, 45 pages ;
IV. COMMUNICATIONS
- ILBOUDO K. Ernest, Migrations internationales et
développement du Burkina Faso, Symposium national sur
les migrations au Burkina Faso, Ouagadougou, SP/CONAPO, 14-16 juillet 2006.
- KONATE Désiré, La migration
burkinabé : ses origines, son importance et sa contribution au
développement économique du pays, réunion
inter-régionale sur la participation des migrants au
développement de leur pays d'origine, Dakar, OIM, 9-13 octobre 2000 ;
- SAWADOGO Ram Christophe, communication sur
l'intégration de l'émigration au processus de
développement au Burkina Faso, Assemblée
générale du CSBE, rapport final, Ouagadougou, Ministère
des Affaires étrangères et de la Coopération
Régionale, 8-10 décembre 1998;
V. TEXTES JURIDIQUES
- La Convention relative aux conditions d'engagement et d'emploi
des travailleurs voltaïques en Côte d'Ivoire du 9 mars 1960 ;
- La Convention d'établissement et de circulation des
personnes entre la Haute-Volta et le Mali du 30 septembre 1969 ;
- La Convention entre le gouvernement de la République
de Haute-Volta et le gouvernement de la République du Gabon relative
à la coopération technique en matière de main d'oeuvre du
13 août 1973 ;
- La Convention de sécurité sociale entre le
Burkina Faso et la République du Mali du 14 novembre 1992 ;
- L'Accord entre le gouvernement du Burkina Faso et le
gouvernement
de la République française relatif à la
gestion concertée des flux
migratoires et au développement solitaire du 10 janvier
2009.
- la Convention de Vienne de 1961 sur les relations
diplomatiques ; - La Convention de Vienne de 1963 sur les
relations consulaires ;
- Décret n°93-132/PRES/PM/REX du 7 mai 1993 portant
création du
Conseil Supérieur des Burkinabé de l'Etranger ;
- Décret n°95-243/PRES/MAET du 30 juin 1995 portant
organisation et
fonctionnement du Conseil Supérieur des Burkinabé
de l'Etranger ;
- Décret 2007-308/PRES/PM/MAECR du 24 mai 2007 portant
attributions du Conseil Supérieur des Burkinabé
de l'Etranger.
VI. PRESSE
- L'Observateur Paalga, n°7249 du 29 octobre 2008 ;
- Journal officiel de la République de Haute Volta du 8
août 1974.
VII. SITES INTERNET
-
www.oim.org
-
www.mondissimo.fr
-
http://fr.wikipedia.org/wiki/diaspora
-
www.burkinadiaspora.bf
TABLE DE MATIERES
AVERTISSEMENT I
DEDICACE II
REMERCIEMENTS III
LISTE DES ABREVIATIONS IV
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION GENERALE 2
PARTIE I : LE RATTACHEMENT DES BURKINABE DE L'ETRANGER
A LEUR
PAYS D'ORIGINE 10
CHAPITRE I : Les cas de rattachement
11
Section I : Les expressions courantes d'affectivité
11
Paragraphe I : L'usage des langues nationales et le mode
vestimentaire 12
Paragraphe II : Les plats alimentaires 14
Section II : Les retours périodiques au pays et la vie
associative 17
Paragraphe I : Les retours périodiques au pays 17
Paragraphe II : La vie associative 18
CHAPITRE II : Les cas de non-rattachement
22
Section I : L'assimilation 22
Paragraphe I : Le concept d'assimilation 22
Paragraphe II : Un phénomène constatable dans les
communautés
burkinabé à l'étranger 23
Section II : L'apatridie et l'abandon de la
nationalité 25
Paragraphe I : Le désintérêt pour la
nationalité burkinabé 25
Paragraphe II : Les difficultés dans l'obtention des
preuves de la nationalité27 PARTIE II : L'APPORT DES BURKINABE
DE L'ETRANGER AU
DEVELOPPEMENT DU BURKINA 31
CHAPITRE I : Le rapatriement de l'épargne par
les Burkinabé de l'étranger32 Section I : Le
rapatriement de l'épargne 33
Paragraphe I : Les canaux de rapatriement de l'épargne
33
Paragraphe II : L'évolution de l'épargne dans le
temps 35
Section II : Analyse comparée de l'épargne
rapatriée 37
Paragraphe I : comparaison épargne reçue/autres
agrégats économiques38
Paragraphe II : Une épargne par tête peu signifiante
39
CHAPITRE II : Les implications de l'épargne
rapatriée 43
Section I : Les implications sur la consommation 43
Paragraphe I : Notion de consommation 43
Paragraphe II : Réalité des implications sur la
consommation 44
Section II : L'impact sur l'investissement 45
Paragraphe I : L'investissement dans le secteur privé
46
Paragraphe II : L'investissement dans le secteur public 47
CONCLUSION GENERALE 50
BIBLIOGRAPHIE 56
ANNEXES i
ANNEXE 1 : Nombre approximatif des Burkinabé de
l'étranger iANNEXE 2 : Les traités, conventions et
accords auxquels le Burkina Faso est
partie en matière de migrations iiANNEXE 3
: Comparaison de l'évolution des valeurs de l'épargne
rapatriée avec le
produit intérieur brut (PIB) au prix courant, les
exportations dont celles du coton et
le déficit de la balance commerciale en milliards de
franc CFA. iv
ANNEXE 4 : Fiche d'enquête v
ANNEXES
ANNEXE 1 : Nombre approximatif des Burkinabé
de
l'étranger
PAYS
|
EFFECTIF
|
OBSERVATION
|
Côte d'Ivoire
|
3 427 856
|
Recensement de 1998 (RCI)
|
Autriche
|
100
|
La majorité a acquis la nationalité autrichienne
|
Taiwan
|
16
|
Recensement de juin 2006 ; tous étudiants
|
Sénégal
|
400.000
|
|
Mauritanie
|
200
|
|
Gambie
|
100
|
|
Etats-Unis
|
444
|
En réalité ces chiffres peuvent être triples
au regard de certains indices
|
Mali
|
1.000.000
|
|
Niger
|
400.000
|
|
Ghana
|
3.000.000
|
Absence de statistiques fiables et de chiffres réels
|
Bénin
|
500.000
|
Absence de statistiques fiables et de chiffres réels
|
Togo
|
500.000
|
Absence de statistiques fiables et de chiffres réels
|
France
|
4.500
|
Environ
|
Japon
|
15
|
Connu
|
Maroc
|
300
|
Environ
|
Algérie
|
167
|
|
Allemagne
|
700
|
Environ
|
Cuba
|
21
|
|
Libye
|
500
|
Approximatif
|
Total
|
9.234.919
|
Conclusion personnelle
|
Source : Conseil Supérieur
des Burkinabé de l'Etranger (CSBE), 2008.
ANNEXE 2 : Les traités, conventions et accords
auxquels le Burkina Faso est partie en matière de
migrations.
1. Les conventions internationales
- La déclaration universelle des droits de l'homme du 10
décembre 1948 ;
- La convention internationale sur la protection des droits
de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille adoptée
en 1990, entrée en vigueur le 1er juillet 2003,
ratifiée par le Burkina Faso le 26 novembre 2003 ;
- Les instruments de l'OIT :
> La convention n°97 et la recommandation n°86 de
19 49 sur les
travailleurs migrants, ratifiées par le Burkina Faso en
1961 ;
> La Convention n°143 et la recommandation n°151 de
1975 sur les
travailleurs migrants, ratifiées par le Burkina Faso en
1977 ;
> La déclaration de l'OIT relative aux principes et
droits
fondamentaux au travail adoptée en 1998.
- L'Accord de partenariat entre les membres du groupe des
Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP) et l'Union
européenne, signé le 23 juin 2000, ratifié par le Burkina
le 6 mai 2002 et entré en vigueur le 1er avril 2003.
2. Les accords régionaux
- L'Acte constitutif de l'Union africaine du 11 juillet 2001,
le Traité d'Abuja de 1991 instituant la Communauté
économique africaine (CEA), la Charte africaine des droits de l'homme et
des peuples de 1981 ont tous été ratifiés par le Burkina
Faso dans le cadre de l'intégration africaine.
- Le traité relatif à l'Organisation pour
l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), signé le 17
octobre 1993 ;
- Le Traité de la Conférence interafricaine de la
prévoyance sociale (CIPRES) signé le 21 septembre 1993.
3. Les accords sous régionaux
- Le Traité de Lagos du 28 mai 1975
(révisé en 1993) portant création de la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ;
- Le Traité de Dakar du 10 janvier 1994 portant
création de l'Union Economique et monétaire Ouest Africaine
(UEMOA).
4. Les accords bilatéraux
- La Convention relative aux conditions d'engagement et
d'emploi des travailleurs voltaïques en Côte d'Ivoire du 9 mars 1960
entre la Haute-Volta et la Côte d'Ivoire ;
- La Convention d'établissement et de circulation des
personnes entre la Haute-Volta et le Mali du 30 septembre 1969 ;
- La Convention entre le gouvernement de la République
de Haute-Volta et le gouvernement de la République du Gabon relative
à la coopération technique en matière de main d'oeuvre du
13 août 1973 ;
- La Convention de sécurité sociale entre le
Burkina Faso et la République du Mali du 14 novembre 1992 ;
- L'Accord entre le gouvernement du Burkina Faso et le
gouvernement de la République française relatif à la
gestion concertée des flux migratoires et au développement
solitaire du 10 janvier 2009.
ANNEXE 3 : Comparaison de l'évolution des valeurs
de l'épargne rapatriée avec le produit intérieur brut
(PIB) au prix courant, les exportations dont celles du coton et le
déficit de la balance commerciale en milliards de franc CFA.
ANNEE
|
EPARGNE RECUE
|
EXPORTATIONS TOTALES
|
DONT COTON
|
%1
|
PIB
|
%2
|
DEFICIT DE LA BALANCE COMMERCIALE
|
%3
|
COTON/PIB
|
1990
|
38
|
76,4
|
23,4
|
162,39%
|
844,375
|
4,50%
|
71,30
|
53,30%
|
2,77%
|
1991
|
31,9
|
75,9
|
29,3
|
108,87%
|
884,418
|
3,61%
|
62,50
|
51,04%
|
3,31%
|
1992
|
34,1
|
62,8
|
25
|
136,40%
|
888,489
|
3,84%
|
58,70
|
58,09%
|
2,81%
|
1993
|
33,2
|
64
|
22,2
|
149,55%
|
905,989
|
3,66%
|
68,80
|
48,26%
|
2,45%
|
1994
|
44,6
|
119,7
|
32,8
|
135,98%
|
1052,2742
|
4,24%
|
71,50
|
62,38%
|
3,12%
|
1995
|
47
|
137,6
|
47,9
|
98,12%
|
1187,7327
|
3,96%
|
104,70
|
44,89%
|
4,03%
|
1996
|
56,4
|
119
|
49,6
|
113,71%
|
1323,1562
|
4,26%
|
168,80
|
33,41%
|
3,75%
|
1997
|
51,1
|
133,6
|
74,4
|
68,68%
|
1428,6295
|
3,58%
|
164,10
|
31,14%
|
5,21%
|
1998
|
54,4
|
190,4
|
120,9
|
45,00%
|
1654,7572
|
3,29%
|
183,80
|
29,60%
|
7,31%
|
1999
|
50,3
|
156,2
|
83,6
|
60,17%
|
1836,037
|
2,74%
|
201,20
|
25,00%
|
4,55%
|
2000
|
44,5
|
146,4
|
72,2
|
61,63%
|
1863,3
|
2,39%
|
222,20
|
20,03%
|
3,87%
|
2001
|
32
|
163,3
|
96
|
33,33%
|
2046,308
|
1,56%
|
210,00
|
15,24%
|
4,69%
|
2002
|
36,6
|
170,8
|
97,4
|
37,58%
|
2256,7214
|
1,62%
|
210,90
|
17,35%
|
4,32%
|
2003
|
26,5
|
186,3
|
119,9
|
22,10%
|
2513,0897
|
1,05%
|
212,00
|
12,50%
|
4,77%
|
2004
|
21,1
|
257,2
|
163,2
|
12,93%
|
2656,1891
|
0,79%
|
240,70
|
8,77%
|
6,14%
|
2005
|
26,1
|
246,5
|
148,3
|
17,60%
|
2862,1375
|
0,91%
|
294,10
|
8,87%
|
5,18%
|
2006
|
31,7
|
307,6
|
200,6
|
15,80%
|
3017,5103
|
1,05%
|
254,40
|
12,46%
|
6,65%
|
2007
|
35,6
|
296,1
|
163,9
|
21,72%
|
3238,1855
|
1,10%
|
289,00
|
12,32%
|
5,06%
|
2008
|
38,1
|
287,4
|
102,7
|
37,10%
|
3646,8653
|
1,04%
|
321,30
|
11,86%
|
2,82%
|
Moyenne
|
38,5894737
|
168,2736842
|
88,068421
|
70,46%
|
1900,3245
|
2,59%
|
179,4736842
|
29,29%
|
4,36%
|
Source : Produit par l'auteur
à base des données du Ministère de l'Economie et des
Finances (DGEP/DPAM)
1 Epargne reçue sur coton
2 Epargne reçue sur PIB
3 Epargne reçue sur déficit de la
balance commerciale
ANNEXE 4 : Fiche d'enquête
I IDENTIFICATION
1) Nom Prénom
2) Age Sexe
3) Avez-vous la nationalité burkinabé ?
sinon pourquoi
4) Statut matrimonial52
5) Profession
6) Lieu de résidence
7) Durée de la résidence
II. RATTACHEMENT AVEC LE BURKINA FASO
1) Avez-vous gardé le contact avec votre famille et vos
amis au Burkina ?
Quel type
2) Avez-vous déjà reçu un de vos proches
dans votre pays d'accueil ? (précisez la durée si oui)
3) Vous sentez vous Burkinabé et fier de l'être
dans votre pays d'accueil ?
4) Si oui comment exprimez vous votre identité
nationale53 ?
5) Arrivez vous a envoyer de l'argent au pays ? (précisez
le montant cumulé si oui)
6) Quelles sont vos autres réalisations au Burkina ?
7) Vous rendez vous de temps en temps au pays pour des vacances
? (précisez le temps passé si oui)
8) Qu'en est-il de vos enfants résident ?
9) Adhérez vous a une association de Burkinabé ?
Laquelle ou lesquelles?
10) Fréquentez-vous d'autres Burkinabé ?
comment ?
11) Avez-vous la nationalité du pays d'accueil ou comptez
vous en prendre ?
pourquoi ?
12) Quelles difficultés rencontrez-vous dans le pays
d'accueil ?
52 Si marié, précisez la
nationalité de votre conjoint
53 Pratiques culturelles, mode vestimentaire...
13) Quels sont vos rapports avec l'Etat
burkinabé54 ?
14) Avez-vous l'intention de rentrer définitivement au
Burkina un
jour ?
Si oui quand ?
Sinon pourquoi ?
15) Qu'avez-vous à dire à l'endroit des
autorités burkinabé ?
MERCI DE VOTRE DISPONIBILITE
N.B. : cette fiche s'adresse uniquement aux
Burkinabé de l'étranger dans le cadre d'une étude. Elle
est purement académique et n'a donc aucune valeur politique ou
administrative. Merci de votre compréhension.
54 Ambassade, consulat, ministère des Affaires
étrangères et de la Coopération régionale
|