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La désertification des terres agricoles et baisse des rendements en milieu sahélien: exemple du phénomene de salinisation dans les communautés rurales de Latmingué et de Ndiaffate (bassin arachidire du Sénégal)

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par Sanokho Malick
Université Gaston Berger de Saint-louis - DEA 2007
  

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Présenté par : Sous la direction de :

Malick SANOKHO M. Boubou A. SY

Th~me:

La desertification des terres agrico(es et 6aisse des rendements en milieu Sah~~ien: eacemp1e du phinomine de salinisation dans es communautés rura(es de Latmingué et de Wdiaffate (Bassin Arachidier du Siniga0

Université Gaston Berger de Saint -louis

Section de Géographie/Laboratoire/EIDI

(Bassin Ar

Option : Ecosystèmes et Environnement
Formation doctorale
Diplômes d'Etudes Approfondies

Année académique 2008 - 2009

Au nom d'Allah, le miséricordieux, le tout miséricordieux de par sa grâce, j'ai accompli ce travail et tant d'autres dans ma vie.

Ce travail est le fruit d'une recherche subtile et minutieuse de cinq mois au sein de la structure nationale de recherche, ISRA (Direction Générale et annexes CNRF et UNIVAl).

Remerciements :

Je présente mes sincères remerciements à tous ce qui m'ont aidé durant l'élaboration de ce travail, en étant très disponibles et serviables durant nos entretiens.

+ Macoumba Diouf ex. Directeur Général de l'ISRA

+ Adrien Colly, responsable scientifique

+ Pape Noyene Diéye, responsable au BAME

+ Moussa Diop, agent à l'UNIVAL

+ Ouleye Anne, Stagiaire à l'U.I.G/isra

Je témoigne ma profonde gratitude à l'endroit de :

M. B. Adioulma SY, mon Directeur de mémoire, pour toute sa disponibilité.

M. Omar DIOP, le responsable de la formation Doctorale LHS section Géographie, pour ses conseils distingués.

> M. Amsatou Thiam, mon Directeur de stage à ISRA

> Les agents de UNIVAL/ISRA, du CNRF.

> M. Moustapha NDIAYE de la CEPS/MEPN.

Remerciements et Reconnaissance :

Je ne saurai terminer ces lignes sans magnifier ma profonde et chaleureuse reconnaissance à

- l'endroit des étudiants de ma promotion DEA-UGB 2008, à Diaria, Madjiguéne Baro, Aissatou kane, Jules lô, Ousmane Faye, etc.),

- l'endroit de mes ami(e)s et de ceux qui m'ont soutenu (Fatou Lamane, Cheikh Elbou Diagne, Ouseynou Mané) durant tout le processus.

Je dédie ce travail de recherche à ma très chère mère qui pour les prouesses accomplies aux fins de la réussite de ses enfants.

Puis, de ce travail, je rends hommage à mon feu papa bien aimé, pour les souvenirs de générosité et de sagesse que je garde à jamais en lui.

Ensuite, à mon Oncle Boubacar SANOKHO, qui je ne saurai jamais assez remercier pour ses conseils distingués.

Sans oublier, mes frères, mes soeurs, cousins et cousines qui nous manifestent une affection sans égards.

A ma famille de Campement, de Kaolack, de Saint-Louis, de Dakar, sans aucune distinction d'âge ni de sexe.

A mon oncle Ousmane Touré et à sa Femme, lesquels je remercie profondément pour leur intérêt magnifié à l'endroit de mes activités estudiantines.

Enfin, dédions ce travail à toutes les personnes de prés ou de loin qui ont manifesté leur appui-conseil en vue de la réalisation de cette modeste contribution dans la sphère intellectuelle.

J'ose espérer que ce travail sera d'un grand apport pour la communauté intellectuelle (chercheurs et étudiants) surtout pour les populations concernées.

LISTE DES ACRONYMES

AEDD : Aménagement, Environnement et Développement Durable

BAME : Bureau d'Analyses Macroéconomique

CIRAD : Centre de Coopération Internationale en recherche Agronomique pour le Développement

CILSS : Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel

CNRA : Centre Nationale de Recherche Agronomique

CR : Conseil Rural.

CNRF : Centre Nationale de Recherche Forestière

CSE : le Centre de Suivi Ecologique

CORAF : Conseil Ouest et centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles.

CERAAS : Centre d'Etude Régional pour l'Amélioration de l'Adaptation à la Sécheresse

CRZ de Kolda : Centre de Recherches Zootechniques de Kolda

DEA : Diplôme d'études approfondies

DG: Directeur Général ou Direction Générale

FNRAA : Fonds National de Recherches Agricoles et Agroalimentaires GOANA : la Grande Offensive pour l'Alimentation en Abondance

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

ISRA : Institut Sénégalaise de recherches agricoles

ITA : Institut de Technologie Alimentaire

IRHO: Institut de Recherches pour les Huiles et les Oléagineux

IEMVT : Institut d'élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux NPA : Nouvelle Politique Agricole au Sénégal

SAED : Société nationale d'Aménagement et d'exploitation des terres du delta du fleuve

ORSTOM : Institut français de Recherche pour le Développement en Coopération OMD : les Objectifs du Millénaire pour le Développement

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PSAOP : Programme des Services agricoles d'Appui aux Organisations PAGERNA : Programme Sénégalo-Allemand de Gestion des Ressources Naturelles

Progert : le Projet de gestion et de restauration des terres dégradées du bassin arachidier

PLD : Plan Local de Développement.

PNAE : Plan National d'Action pour l'Environnement.

PNLCD : Plan National de Lutte contre la désertification.

PBA : Programme Sénégalo-allemand de lutte contre la pauvreté en milieu rural dans Le Bassin Arachidier.

UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la nature.

UGB : Université Gaston Berger de Saint-louis

UNIVAL : unité d'information et de valorisation

Sénégal et de la Falémé

Résumé du mémoire

La crise économique que connaît le Sénégal depuis plusieurs décennies, a durement sévi dans le monde rural qui en est l'une des principales victimes.

Les sécheresses fréquentes, l'avancée des eaux salées dans le Sine-Saloum sur les espaces de cultures, le manque d'intrants entre autres sont autant de facteurs qui ont contribué à installer et à aggraver la crise en milieu paysan.

Elle est aujourd'hui, une évidence, partout au Sahel et notamment dans le Bassin arachidier.

Notre recherche avait pour but d'analyser les manifestations de la dégradation des terres, liée à la salinisation, dans les communautés rurales de Latmingué et Ndiaffate. L'analyse consiste à mesurer les effets de la dégradation ainsi que les conséquences que celle-ci affecterait sur les conditions de vie des paysans. Dans cette même dynamique, l'étude menée consiste à appréhender les mesures appropriées mises en oeuvre par les paysans et les acteurs en général face à l'ampleur de ce phénomène bloquant la productivité agricole.

Les enquêtes ont été menées auprès des services techniques agricoles et du développement du rural, des projets d'appui, qui sont installés et travaillent sur ce phénomène depuis plusieurs décennies (Ancar, GTZ etc.).

Les données glanées sont jointes aux analyses de sédiments prélevés pour aboutir aux résultats lesquels nous ont permis d'affirmer toutes les hypothèses émises comme vraies.

Nous avons interrogé par questionnaire, un échantillon indicatif de 100 paysans par zone d'études (les deux CR), interviewé autres catégories de personnes : les OCB des zones les plus affectées ; l'agent des services eaux et forets de la CR de Latmingué, le conseil rural également à travers sa commission environnement.

En ce qui concerne, l'appréciation des conditions climatiques dans ces zones, telles qu'elles sont perçues par les populations, les pluies de cette année sont bonnes. Selon elles, les isohyètes en cours redonnent un espoir de reconstitution du couvert végétal par conséquent éradique la dégradation des terres causée par n'importe quel phénomène à long terme.

Cependant, il reste que notre recherche soit partielle et ne permet pas d'avoir des résultats détaillés statistiquement sur toutes les communautés rurales étudiées par rapport aux effets de la salinisation, car celle-ci n'est déroulée que sur trois mois avec une phase de terrain d'une semaine. Dans la lutte contre la dégradation en particulier la salinisation des sols, des stratégies locales ont été mises en place :

Il s'agit pour les collectivités territoriales en question de mettre en oeuvre des actions planifiées dans leur PLD respectif.

De se conformer aux textes et règlements en vigueur en matière de protection de l'environnement et de reconstituer le couvert végétal, condition préalable à l'éradication de la dégradation des terres.

De mettre en application les recommandations formulées par le CILSS, surtout celles qui concernent la mise en défens pour stopper la coupe de bois et régner le couvert végétal.

Les services de l'état et les institutions doivent veiller à l'application des textes et règlements mis à cet effet.

Il faut trouver des palliatifs à la pauvreté rurale, encourager les villageois à s'associer en OCB, les informer, les sensibiliser et les motiver à combattre l'avancée des eaux salées sur les terres fermes en lieu et place d'un exode rural dont le constat est général. C'est d'eux et d'eux seuls que dépend finalement une stratégie cohérente et réussie en dépit de l'appui de l'état et des ONG. C'est la raison pour laquelle la participation des populations dans les projets est devenue une nécessité, si ce n'est pas une obligation.

Liste des tableaux et graphiques

Désignations

Pages

Tableau 1 : Quelques valeurs de

P. 28

pentes affluées au bas Saloum

Tableau 2 :

p. 30

Relevées pluviométriques
enregistrées, 2008

Graphique 1 : la proportion de la

p. 32

population connaissant la présence de la salinisation des terres

Graphique 2 : l'ampleur du

p. 33

phénomène par zone communautaire

Graphique 3 : les effets de la

p. 34

salinisation des terres

Graphique 4 : les conflits

p. 36

susceptibles

Graphique 5 : la proportion d'exode rurale par CR.

P.37

Graphique 6 : les solutions

p. 40

techniques mises en place au niveau local

Liste des cartes

Désignation

Pages

N° 1: carte de situation des deux CR étudiées

p. 21

N° 2 : Carte d'occupation des sols de
La CR de Latmingué

p. 23

N° 3 : Carte d'occupation des sols de
la CR de Ndiaffate :

p. 26

Table des matières :

> TITRES

> Table des matières

> Liste des abréviations

Sommaire

LISTE DES ACRONYMES - 4 -

Avant propos - 12 -

Introduction - 13 -

- 14 -

Chapitre I- La Problématique - 15 -

Chapitre 2- le Cadre Méthodologique - 19 -

2.1. La revue documentaire - 19 -

2.2. La phase de terrain - 21 -

U L'observation directe - 21 -

U Les enquêtes et entretiens informels - 21 -

U Prélèvement et l'analyse d'échantillons de sols - 22 -

2.3. Les instruments de collecte des données - 23 -

2.4. La détermination de l'échantillon - 23 -

2.5. L'utilisation des instruments de collectes - 24 -

2.6. Le traitement et l'analyse des données - 24 -

2.7. Les limites de la recherche - 25 -

Chapitre 3- Analyse des concepts - 26 -

3.1. Description des Tannes - 26 -

3.2. La Salinisation - 27 -

3.3. La dégradation des terres - 28 -

3.4. La désertification au Sahel - 29 -

3.5. Le bassin arachidier - 30 -

Chapitre 4- le Cadre opératoire - 32 -

4.1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE - 32 -

Les Objectifs de recherche - 32 -

4.1.1. LES QUESTIONS DE RECHERCHE - 32 -

4.1.2 Les Hypothèses de recherche : - 33 -

Conclusion partielle (partie I) - 33 -

- 35 -

Chapitre I- Présentation des zones d'études - 36 -

1.1. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE LATMINGUE

- 37 -

U Les caractéristiques physiques

- 37 -

U Le potentiel forestier

- 38 -

> La réserve naturelle de Koumbal

- 38 -

1.2. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE NDIAFFATE

- 40 -

> Potentialités et investissements

- 41 -

Chapitre 2- Analyse des Résultats

- 44 -

2.1. Aspects physio- pédologiques du sol

- 44 -

U L'évolution de la salinisation et de l'acidification

- 44 -

U Evaluation des sédiments

- 46 -

2.2. Analyse pluviométrique

- 47 -

2.3. Aspect socio-économique du phénomène

- 48 -

> Conflits sociaux

- 53 -

> Exode rural

- 54 -

2.4. Analyse des Stratégies de lutte contre la salinisation

- 56 -

2.5. Techniques introduites par l'ISRA

- 56 -

2.5. Analyse de la stratégie locale

- 57 -

U Techniques de récupération et de conservation des sols

- 57 -

> Analyse de la participation

- 59 -

CHAPITRE 3- Problèmes et perspectives de recherche

- 60 -

+ Cadre institutionnelle de lutte contre dégradation des terres

- 60 -

+ Approche technique

- 61 -

+ Les ONG et les collectivités locales

- 62 -

+ Méthode participative

- 62 -

Conclusion partielle II

- 63 -

Conclusion

- 64 -

BIBLIOGRAPHIE

- 66 -

Questionnaire d'enquête ISRA

- 67 -

GUIDE D'ENTRETIEN

- 70 -

Avant propos

Depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 80, l'espace sahélien est menacé par la désertification des terres qui émane des rapports entre l'homme et la nature.

Mis à part de ce facteur anthropique, la désertification est aggravée par l'avancée des eaux salées sur les terres fermes, lieux où les établissements humains sont corrélés à des activités agricoles de substance. Ce phénomène récent ne manque pas de générer des effets néfastes sur les conditions de vie des populations rurales traduits par la baisse substantielle des rendements agricoles.

En effet, le bassin arachidier en particulier les zones communautaires de Latmingué et de Ndiaffate situées dans la partie sud du Sahel, face de cette situation tente de mettre en oeuvre des moyens appropriés pour remédier à ces conditions de vie devenues précaires.

Toutefois, les moyens techniques (modernes et traditionnels) mis à cet effet sont inefficaces et parfois jugés dérisoires. Il faut dire que le problème de ces milieux est profond et affecte pratiquement tous les secteurs d'activités économiques.

Ce mémoire, on le verra, est optimiste pourvu qu'il puisse orienter ou du moins contribuer à orienter les acteurs de développement et les chercheurs dans l'effort de lutte contre l'avancée des eaux salées par la reconstitution du couvert végétal et l'augmentation des rendements agricoles.

Ces populations rencontrées dans les collectivités locales étudiées, ont besoin d'être intégrées dans la lutte contre la dégradation de leurs terres par le truchement du conseil rural en partenariat avec les ONG et dans le tout le processus.

La mise au point de moyens technique et financier à la mesure des besoins est inéluctable pour atteindre les objectifs escomptés.

Introduction

L'économie du Sénégal est largement tributaire du secteur agricole. Ce dernier absorbe à lui seul 70% de la population active et participe jusqu'à 25% du PIB (Produit Intérieur Brut). Nonobstant, cette importance de taille, ce secteur est compromis ; ceci du fait de l'accentuation d'un certain nombre de contraintes comme la baisse de la pluviométrie, la salinisation des terres et le caractère extensif des exploitations.

Les techniques culturales comme l'amendement des sols sont utilisées à un degré très faibles d'où l'appauvrissement progressif des superficies exploitées. Dés lors, pour prétendre à un accroissement de sa production, le paysan sénégalais est souvent obligé de jouer sur l'extension des surfaces agricoles.

Signalons entre autre que ce facteur terre n'est pas à l'abri des problèmes. Il est surtout caractérisé par un facteur menaçant qui est la dégradation des sols liée à la remontée capillaire des eaux salées et dans de secondes mesures à l'action anthropique.

Dans les zones comme la Casamance et le Sine Saloum, cette dégradation se manifeste en grande partie à travers la disparition du couvert végétal, l'augmentation de la superficie des tannes. S'agissant de notre zone d'études en l'occurrence la communauté rurale de Latmingué et de Ndiaffate, (cf. carte n°1) les effets de la salinisation sont négatifs sur le cadre de vie des populations avec des degrés variés en fonction de la proximité avec les tannes ou l'intensité de l'évaporation est forte. On peut citer entre autres, l'appauvrissement des sols, la baisse des rendements agricoles et ses corollaires sur la qualité de vie des paysans.

Pour mieux saisir les contraintes engendrées par les sels et les stratégies locales mises en place, ce présent travail est scindé en deux parties :

- La première partie consiste à mettre en évidence les chapitres I, II, III et IV.

Il s'agit de traiter la problématique, la méthodologie, le cadre conceptuel et le cadre opératoire.

- En dernier lieu, nous allons présenter les zones d'étude et les résultats de notre

recherche. Nous terminons cette partie, sur la base des résultats obtenus, en formulant des perspectives de recherches.

Chapitre I- La Problématique

La salinisation des tannes met en évidence une cause principale d'ordre naturel (sécheresse) et une cause aggravante directement liée à l'action anthropique. En zone aride, des précipitations faibles et occasionnelles, induisent un drainage des eaux nettement déficitaire pendant la plus grande partie de l'année : les écoulements superficiels (bras de mer, marigots) ou hypodermiques qui sont les lieux privilégiés de manifestations salines dans les sols. L'importance de ces phénomènes dépend des apports hydriques et du bilan évaporatoire imposé par le climat.

Le bilan évaporatoire ou différence entre l'évaporation et les précipitations varie dans de larges mesures depuis des valeurs inférieures à 300 mm jusqu'à des valeurs supérieures à 1000 mm. Dans les zones désertiques extrêmes arides, il est positif toute l'année avec des épisodes pluvieux dont les effets sont rapidement effacés.

Des études menées au Sénégal entre les années 1940 et 1970 dans les niveaux fluviomarins n'ont révélé que l'existence des sols halomorphes (Massibot et Al. 1946, Charreau 1963, Maignieu 1965). Les sols sulfatés acides ont été identifiés avec les études menées par Beye (1972), et Marius (1985).

Dans le Bassin arachidier (Sine Saloum), le phénomène a eu comme conséquence l'hypersalure de la nappe phréatique qui varie en fonction de la pente des écoulements, mais surtout de la texture du sol qui subit les infiltrations capillaires.

La salinité des eaux de surface est presque deux à trois fois plus élevée que celle de l'eau de mer qui pénètre dans les estuaires avec une insuffisance du lessivage et de la chasse d'eau salée et une forte évaporation. Mais les relatives améliorations de la pluviométrie n'ont pas été accompagnées d'une chute significative de la salinité des eaux. Cette chute du niveau des nappes douces superficielles a de graves conséquences sur la salure. En effet, les eaux de surface et les nappes salées qui les bordent se sont trouvées à l'échelle de la Sine Saloum à une entité topographique supérieure à celle des nappes. La remontée des nappes salées a induit une salure des sols des zones basses atteignant souvent des teneurs supérieurs au seuil de tolérance des espèces végétales halines. Les sols du domaine des tannes du Sine Saloum se caractérisent par une grande

hétérogénéité due à leur morphologie et à leurs propriétés physico-chimiques. Leurs caractéristiques sont étroitement liées à la topographie, au type de matériaux et à l'hydrologie en place. Leur évolution pédogénètique actuelle est une conséquence de la sévère sécheresse qui a régné sur l'ensemble du Sénégal en particulier dans la zone soudano-sahélienne. La sursalure, peu répandue avant les années 1970, a vite atteint tous les sols depuis les terrasses jusqu'au glacis de raccordement. Il ya migration verticale des sels par remontée capillaire de la solution du sol ou de la nappe phréatique peu profonde, sous l'action des phénomènes d'évaporation intense due aux températures très élevées (25°c - 40°c) et qui maintiennent pendant 8 à 9 mois un profil salin ascendant. L'accumulation des livraisons salées transportées par les vers favorise la dégradation des zones couvertes de végétation.

A cause de ce processus, les sols restent sursalés pendant presque toute l'année. Néanmoins, on observe pendant l'hivernage, un dessalement des sols sableux des glacis de raccordement des levées sableuses et des sols des hautes terrasses à topographie plane grâce aux eaux de pluies. C'est le constant de tous les problèmes liés à la salinisation qui a aboutit à la mise en place de digue anti-sel ou de micro projets. Ces micro-projets ou digues nécessitent un financement de plusieurs montants de franc qu'il faut rentabiliser.

Aussi la mise en place de tels ouvrages doit entrainer nécessairement un aménagement adéquat des vallées voire un remembrement des terres. Mais au moment où l'Etat se préoccupe de la politique de maitrise de l'eau pour lutter contre la sécheresse et développer l'agriculture ( NPA, Plan REVA, programme GOANA, etc.) dans le pays afin de parvenir à une sécurité alimentaire, un débat avait opposé deux courants de pensées des décideurs.

Les uns pensaient à la réalisation de très grands ouvrages pour propulser le développement sur le plan macro-économique en comptant sur la coopération régionale et sous-régionale, tandis que d'autres optent pour la réalisation de micro barrages nécessitant un moindre coût facilement maitrisables par les populations à la base.

Concernant les zones où se situe notre cadre d'étude en l'occurrence les
Communautés rurales (CR) de Latmingué et de Ndiaffate, des études précédentes ont

révélées l'évolution du phénomène de dégradation sous l'effet des eaux salines. En 2002, des études menées par la collectivité locale de Latmingué dans le cadre du Plan Local de Développement (PLD) en collaboration avec les stagiaires de l'Ecole Nationale d'économie Appliquée (ENEA) et le PAGERNA, ont montré, que des ménages subissent l'effet de la salinisation des terres par une baisse de 10 à 15% de leur rendement habituel.

La proximité de celles-ci avec le bras de mer favorise l'avancée des eaux salées vers les terres agricoles. Ce processus renforcé par la surexploitation des terres constituent une contrainte énorme pour les paysans et réduisent considérablement les rendements agricoles et de façon progressive la dégradation des conditions de vie.

La conjonction de ces contraintes entraine un exode de plus en plus important des jeunes actifs vers les grandes villes. Ceci devient problématique pour les autorités locales, les partenaires au développement avec tous ses corollaires sur la productivité agricole. C'est dans ce contexte que des microprojets pilotés par des Organisations Non-Gouvernementales (ONG) ont pour objectif premier d'améliorer le système de production par la mise en oeuvre de pratiques fertilisant les terres. Il s'agit entre autres pour certaines zones du Sine-Saloum, de reconstituer les mangroves susceptibles de freiner la remontée saline dans les terres arables.

Aussi, certaines ONG avec les autorités locales se fixent comme objectifs de réduire les déplacements des jeunes qui sont la main d'oeuvre par le financement de quelques activités génératrices de revenus. Dans la même dynamique des activités de reboisement sont organisées afin de régénérer le couvert végétal.

Toutefois, en dépit des efforts consentis dans le sens de la lutte contre la progression saline pour une production agricole conséquente, des difficultés persistent encore. Les effets de la salinisation sont encore sentis par les populations traduisant par une décroissance de la productivité.

La dynamique de dégradation dépasse largement les capacités des services
administratifs et de leurs moyens même si ceux-ci sont sensiblement accrus ; les

campagnes de reboisement enregistrées dernièrement dans la CR de Latmingué remontent en 2003, alors que les coupes de bois sont quotidiennement constatées. Cependant une conscientisation du problème a permis, dans certains villages, la mise en place d'une stratégie locale de lutte par la mise en défens dont les impacts gagnent peu de terrain. Par ailleurs, ce cortège de problèmes qui émane de la dégradation des terres dans les zones en étude, nécessite une analyse approfondie, en vue de lutter efficacement contre ce phénomène.

Il convient à cet effet, pour une meilleure prise en compte des préoccupations des populations de la localité d'impliquer celles-ci dans les différentes phases du projet de désalinisation entamé par l'Etat. Cette même raison qui consiste à atteindre les objectifs de promotion agricole doit être élargie dans les rapports entre les projets et programmes qui oeuvrent dans ce sens.

Chapitre 2- le Cadre Méthodologique

Dans le cadre de cette présente étude, la méthodologie adoptée s'articule autour de plusieurs étapes : de la revue documentaire en passant par la phase de terrain jusqu'à l'analyse et le traitement des données recueillies.

2.1. La revue documentaire

De nos jours, le débat portant sur la problématique de la désertification en milieu sahélien explique largement la richesse et la diversification de la documentation relative à celle-ci. En effet, beaucoup d'univers de recherche ont été explorés. Dans la plupart de ces univers, la documentation (Rapports, Documents, Colloques, Etudes) relative à la dégradation des terres au Sahel porte généralement sur les facteurs, les effets et les stratégies adoptées par les pays sahéliens soit dans le cadre du CILSS ou de la politique imposée par la B.M (Banque Mondiale).

Parmi ces différents univers de recherche, on peut citer le centre de lecture et la bibliothèque centrale de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, les bibliothèques de l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) et de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD). L'Internet aussi a été mis à contribution. Toujours dans la dynamique de diversifier les sources de recherche, l'Unité de Valorisation (UNIVAL) de l'Institut Sénégalais de Recherches Agronomiques (ISRA) a fait l'objet d'une visite.

Il faut dire que de nombreux ouvrages ont été écrits sur la désertification et la salinisation des terres au Sahel.

Parmi ceux-ci : le sahel en lutte contre la désertification : leçons d'expériences Programme allemand/CILSS, 1989.

Dans cet ouvrage, une vingtaine d'expériences de lutte contre la désertification au Sahel ont été recueillies. L'objectif de l'ouvrage est de faire connaitre les acquis de la lutte contre la désertification et de susciter des échanges entre les acteurs.

Puis, Marius (1985). Dans cet ouvrage sont exposés les facteurs climatiques qui ont
précédé à la disparition du couvert végétal dans le bassin du Saloum. Les conclusions
tirées soulignent que la salinisation des nappes s'est intensifiée depuis l'installation de

la sécheresse. Ce faisant le sens de l'écoulement a été inversé pour passer des tannes vers le plateau.

Aussi le Mémoire de Sokhna M. « Récupération et régénération des terres salées par la mise en défens : l'expérience du PRECOBA dans la C.R de Mbélla- cadio ». Département de Fatick, 1994 -1995.

C'est une étude qui porte sur l'analyse des techniques améliorées mises au point par le PRECOBA pour atténuer l'avancée des eaux salées dans le bassin versant du Sine-Saloum, tout en recommandant la participation des paysans dans tout le processus de lutte.

S'agissant de l'ouvrage de René Dumont : pour l'Afrique, j'accuse, édition Plon, 1986, 482 pages ; on peut ceux-ci.

Cet ouvrage est une véritable critique développée à l'endroit des politiques imposées par les puissances occidentales aux pays africains dans le cadre des options de croissance économique. Selon l'auteur, la dégradation des conditions écologiques au Sahel s'explique par l'adaptabilité des politiques par rapport aux réalités du milieu. Pour cela, il manifeste sa solidarité aux paysans lesquels sont les principales victimes de l'échec de ces politiques.

Dans cette même dynamique, des ouvrages et rapports émanant des institutions internationales ont été consultés.

Retenons : Banque Mondiale, la désertification dans les zones sahéliennes et soudaniennes de l'Afrique de l'Ouest, Washington, 1985.

Ce rapport fait l'analyse des causes et des effets de la désertification sur les conditions de vie des populations en Afrique de l'Ouest. Toujours est-il que l'intervention de l'USAID dans la lutte contre la désertification n'a été ignorée.

La liste des ouvrages ne peut être exhaustive mais plutôt sélective.

Ainsi, force est de constater que tous les ouvrages écrits relatifs aux effets et facteurs de la désertification consultés ont traité le sujet presque dans sa généralité en proposant des stratégies de lutte contre les problèmes de désertification au Sahel.

Concernant les aspects de la salinisation, certains auteurs l'ont qualifiés de catalyseur de la désertification ; autrement dit disparition du couvert végétal et baisse des rendements.

Par ailleurs, la documentation a été complétée par des enquêtes et entretiens auprès des personnes cibles.

2.2. La phase de terrain

Vu sous l'angle de l'enquête par questionnaire ou sondage d'opinions, la phase de terrain se procède par des enquêtes et interviews auprès des populations cibles et des agents du projet susceptibles de fournir des données aidant à l'élaboration de ce travail.

u L'observation directe

Elle consiste, tout comme son nom l'indique, à observer de visu les réalités du milieu étudié. Ce faisant, de vastes espaces traduisant les tannes, où les sols affectés par la salinité en dehors de tout usage agricole, ont retenu notre attention.

Cette phase dans la recherche de données est essentielle car permet un contact direct avec le milieu en vue de s'imprégner des problèmes confrontés par les populations elles-mêmes et relatifs à la salinité de leurs terres.

Il faut dire que c'est au moment du prélèvement des échantillons d'eaux et de sels que l'observation avec la zone d'étude s'est effectuée. Toujours est-il que cette phase est déterminante dans la mesure où elle a permis, entre autres, de voir des techniques (digues anti-sels) de lutte mises en place.

u Les enquêtes et entretiens informels

Cette étape est cruciale pour le recueil d'informations aidant dans l'élaboration de notre travail de recherche. Pour se faire, un entretien direct a été tenu auprès d'un agent du projet PRODDEL (GTZ) basé à Kaolack, le PCR de Latmingué, les secrétaires communautaires, deux présidents de la commission environnementale, et (02) deux membres d'OCB, tous impliqués dans le dispositif de lutte contre la désertification des terres par l'avancée des eaux salées. Le PCR de Ndiaffate lors de notre passage, malheureusement, n'était pas présent.

Par ailleurs, suivant la méthode non probabiliste d'enquête, 100 personnes ont été
soumises à un questionnaire/ individu, en vue d'obtenir leurs opinions par rapport aux

questions posées. Cette technique constitue la méthode raisonnée et se poursuit jusqu'à la satisfaction des réponses fournies par l'enquêté.

Ces enquêtes et entretiens ont duré au total 10 jours. Seulement, il faut reconnaitre que les données glanées nécessitent d'être complétées avec d'autres moyens comme l'internet et les ouvrages généraux qui traitent du domaine spécifique.

u Prélèvement et l'analyse d'échantillons de sols

Durant notre passage sur les lieux, un prélèvement de particules de sols et d'eaux a été fait afin de déceler au laboratoire leurs composantes chimiques. A partir du chef lieu de des deux CR (cf. le schéma de l'itinéraire P.22) en direction des tanns, une quantité d'une demi-cuillère de sols a été prélevée à trois niveaux distancés de 400m environ. Ces particules de sols sont mises en sachets différents en vue de mieux appréhender, suite à l'analyse, le degré de salinité par rapport à la pente observée. Les échantillons sont analysés au labo de Bambey par un spécialiste en pédologie dont les résultats nous sont parvenus. Ceux-ci donnent une quantité d'ions acidités pour la végétation et les sols.

Dans tous les niveaux prélevés, le Potentiel d'Hydrogène (PH) décroit progressivement de 7 ; ce qui justifie la présence d'une solution acide. Parmi les valeurs du PH, la plus importante est de 5 et ce sont les sols situés au niveau des tannes.

Les valeurs obtenues par rapport à la conductivité électrique montrent également un niveau important de salinité du sol et des eaux (2.25 <Ce<5 ; sol salin) et au niveau des tannes celle-ci est de 15ds/m et peuvent varier en fonction de l'évaporation.

S'agissant de l'acidité des eaux, on s'est référé aux résultats de l'étude menée de Sokhna M. (1995) ; ceux-ci révèlent un taux d'acidité élevé (6). Concernant les eaux de puits, il suffit d'en gouter pour se rendre compte du caractère saumâtre de celles-ci.

Tableau indicatif des valeurs de salinité prélevées

 

Ce (ds/m)

PH (acidité)

V11

0,72

7,2

V2

2,20

6

V3

4,8

5,2

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

1 V1, V2 et V3 sont des valeurs de prélèvement qui donnent lieu de la conductivité électrique et du potentiel hydrogène suite à l'analyse au labo.

hers gambie

Nerd

CR Ndiaffat CRLatmingue

P 1

P

~

P

~

Titre : Schema de la trajectoire des prelevements dans le site

Commune KanlacA

P'

~

P' ~

P' 1

hers Niere du Rip

Tanns

Prelevement s

Leoende Localites

Pistes

Champs

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

La lecture, de ce schéma fait montre des différents prélèvements effectués sur le site d'études à savoir la CR de Latmingué et de Ndiaffate. Ce travail permet sans doute de comparer les taux de salinité des localités afin d'envisager des stratégies adoptées en fonction de la zone.

2.3. Les instruments de collecte des données

Concernant les instruments de collecte de données, différents outils ont été utilisés pour la recherche d'informations fiables à notre sujet d'étude. Il s'agit de :

- le questionnaire d'enquête administré aux bénéficiaires du projet.

- le guide d'entretien adressé aux Agents du projet GTZ et Progert.2

- Des interviews semi structurés auprès des services techniques.

2.4. La détermination de l'échantillon

Un recensement, c'est-à-dire un décompte complet, n'est pas toujours réalisable pour recueillir des données sur l'ensemble de la population cible (paysans). Le groupe

2 Progert (projet de gestion des terres dégradées et de conservation des sols) est un des projets allemands de la GTZ basé au Sénégal.

est trop important et le temps insuffisant. Egalement, les ressources et les fonds sont limités pour effectuer ce travail.

Au regard des avantages requis (fiabilité et facilité à utiliser), notre méthode non probabiliste de collecte des données est basée sur des techniques d'enquêtes raisonnées évoquées précédemment. Le choix est porté sur les populations paysannes en raison de l'activité agricole dont les rendements subissent les effets de la salinité des terres.

Ainsi 100 paysans ont été administrés par des questionnaires d'enquête en vue de recueillir leurs opinions par rapport à ce phénomène de salinité qui cause des dommages à la productivité des terres agricoles.

Il faut dire que durant ce procédé nous n'avons tenu compte ni de la localité d'origine, ni du sexe de l'intéressé ; il suffit qu'il soit adulte et susceptible de nous fournir des informations.

Pour ce faire, nous avons donc besoin de certains outils statistiques pour déterminer la représentativité de nos données et la fiabilité des informations

2.5. L'utiisation des instruments de collectes

Suite à la définition des instruments de collecte et à la constitution de notre échantillon, des personnes cibles ont fait l'objet d'enquête par questionnaire.

En effet, l'enquête s'est procédée, tantôt sur le mode de l'auto-administration que sur le mode face à face.

Les guides d'entretien très souples et serviables ont été établis et soumis à des personnes ressources (membres d'OCB, agent du PRODDEL etc.), afin de compléter ou du moins comparer les données relatives aux effets de la salinisation des sols sur le niveau de vie des populations. Mais aussi, dans un sens donné d'évaluer le degré de la dégradation du couvert végétal.

2.6. Le traitement et l'analyse des données

Après le procédé d'enquêtes par questionnaire, les données recueillies sont traitées à partir des logiciels spécifiques qui s'adaptent parfaitement à ce genre de recherche. Il s'agit du SPSS, pour l'analyse statistique avec la détermination de la distribution des fréquences des variables qualifiants les indicateurs de recherche.

Puis, un croissement des résultats du traitement SPSS a été effectué avec ceux des focus groupes conçus pour les localités (personnes ressources, acteurs de développement, relais communautaires) en vue d'une meilleure qualification des résultats.

Concernant l'établissement des graphiques et tableaux, le logiciel Excel a fait l'objet d'un usage fréquent, car il constitue un outil de travail très pratique.

En plus de la confection des cartes de sols des deux CR, le Centre de Suivi Ecologique de Dakar a été d'un apport important pour l'obtention des données cartographiques relatives à la localisation des zones étudiées. Le logiciel de Système d'Information Géographique (SIG) a servi de matérialiser ces données du milieu.

2.7. Les limites de la recherche

Cette présente étude, il faut le dire, est emboîtée par le temps et les moyens financiers. La visite de terrain a eu lieu au courant du mois d'octobre (10 jours seulement) coïncidant avec la moisson (manque de temps pour les populations). En plus la structure d'accueil n'a pas pris en charge les frais de déplacement ; par conséquent, nous avons puisé sur nos ressources propres lesquelles étaient limitées. Ce qui d'ailleurs a réduit nos mouvements sur place.

Cependant, il faut signaler que le travail a pu être fait dans un sens relativement facile puisque le terrain d'étude n'est pas une zone totalement inconnue. Durant notre cursus, la CR de Latmingué a fait l'objet d'une étude portant sur la gestion des ressources ligneuses. Au chapitre des difficultés, il faut noter la complexité de saisir les composantes chimiques des échantillons de sol et de l'eau. C'est pourquoi, on a fait recours à un spécialiste à Bambey ; et cela s'est passé après moult contacts. Naturellement, toutes ces difficultés constituent des éléments pouvant influer sur la qualité du document ; néanmoins, force est de constater que le travail a pu être fait grâce à une conjonction d'efforts. L'encadrement au niveau de la structure n'a ménagé aucun effort pour la qualité de cette recherche.

Chapitre 3- Analyse des concepts

Elle permet d'élucider les concepts clés non seulement pour le lecteur averti mais aussi pour les correcteurs de ce travail de recherche.

3.1. Description des Tannes

Les tannes sont la partie sous influence successive des inondations et des retraits des eaux de la mer. Une concentration abondante de cristaux de sels en surface est manifeste. Ce qui donne naissance à des efflorescences blanches qui peuvent varier de l'évaporation.

La géomorphologie des Tannes du Saloum

Les tannes du Sine Saloum constituent l'espace le plus complexe du domaine fluviomarin sénégalais. Cela tient à la diversité des unités géomorphologiques héritées des différentes épisodes morphogénétiques qui ont façonné le paysage au quaternaire, à la variation du climat du nord au sud et à la forte densité du réseau hydrographique. Ces tannes diffèrent à ceux de la Gambie et de la Casamance par leur forme, la nature

du substratum sédimentologique (plus sableux et par les unités végétales plus étendues). « Au moment de la première phase d'entaille qui est anté-geolienne, le climat était devenu subaride. De grosses pluies espacées dans le temps, engendraient après des écoulements brusques » Michel P. page 56, Asequa mars 1970 in Thiam A.1985.

Puis le climat est devenu aride. C'est la phase Ogolienne, elle correspond à la constitution des ergs orientés nord-est, sud-ouest du sud de la Mauritanie jusqu'au Saloum, Michel P. page 28 Asequa -juin 1970. Mais ce n'est que dans la seconde phase d'entaille qui est post-ogolienne correspondant au pluvial (Michel P. page 28 Asequa- juin 1970) que s'est constitué le réseau hydrographique du Sine et du Saloum. Ce réseau a entaillé les plateaux cuirassés de l'amont.

La période Nouakchottienne voit la mer pénétrer dans la région du Sine Saloum jusqu'en amont de Kaolack avec de plus de 3m de côte.

Le relèvement progressif du niveau de la mer s'est traduit par une importante sédimentation marine. Durant la transgression marine, il n'y a pas eu de colmatage. Il n'a commencé qu'au fur et à mesure du retrait de la mer. Pendant la même période, il s'est produit une sédimentation lagunaire avec des dépôts de sable et de vase.

La dynamique actuelle est telle une forme dénudée avec des efflorescences salines ; c'est la tanne nue.

3.2. La Salinisation

C'est un processus d'enrichissement d'un sol en sels solubles qui aboutit à la formation d'un sol salin. La salinisation entraîne un accroissement de la pression osmotique qui rend l'eau plus difficilement mobilisable par les plantes. Ce phénomène dresse une toxicité de certains ions pour les végétaux (Cl-, Na+, etc.).

Au Sénégal, la salinisation est surtout d'origine marine, ancienne ou actuelle, et se caractérise par des inflations de la mer dans une nappe phréatique littorale qui est douce au départ « bilan de la recherche agronomique et agroalimentaire au Sénégal : 1964- 2004 ; ISRA, ITA, CIRAD ». Cet ouvrage va plus loin, dit-il la salinisation marine ancienne est liée à la dernière transgression marine, qui a laissé des surfaces d'eaux piégées, qui sont devenues de véritables lagunes. Des sédiments marins (sources de remontées salées) ont également été déposés lors de cette transgression. La présence de vases marines imprégnées de salant marin le long de certaines côtes et estuaires (fleuve du Sine Saloum, Casamance) donne naissance aux salés spéciaux appelés sols sulfatés acides. Une salinisation secondaire d'origine anthropique consiste à utiliser l'eau d'irrigation chargée de sels sur des sols à mauvais drainage. Ce type est assez fréquent au niveau des périmètres irrigués. Dans ce cas, l'intensité du pouvoir évaporant est telle qu'il se produit par moment des remontées capillaires entraînant les sels vers les couches superficielles du sol.

Ce processus chimique et physique génère des conséquences négatives sur les rendements agricoles de la localité donnée. La salinisation, en effet, gène la croissance des plantes et appauvrisse les sols en éléments nutritifs. Les exploitants agricoles verront bientôt réduire leurs revenus agricoles. Nous pouvons assister dans ce cas à des mouvements d'exode de la population jeune en particulier, à la pauvreté rurale à crescendo brève à une dégradation des conditions de vie des populations concernées. Par ailleurs, les deux communautés rurales qui font l'objet de cette présente recherche, sont affectées par la remontée saline due à la présence du bras de mer dont les fortes évaporations et la sécheresse influencent ses effets.

3.3. La dégradation des terres

La dégradation des terres est généralement définie comme une baisse temporaire ou permanente de la productivité des terres. Elle peut résulter du changement climatique ou de phénomènes naturels, mais il est plus vraisemblable qu'elle dérive des activités humaines. La dégradation peut être évaluée au moins en partie à l'aide des nouvelles technologies, comme l'imagerie par satellite et la capacité de calcul plus poussée des ordinateurs. Mais ceci ne suffit pas, selon Louise Fresco, Sous-directrice générale de la FAO pour l'agriculture. "Il est très tentant de rester assis derrière un ordinateur, mais il est important de constater exactement ce qui se passe sur le terrain", a déclaré Mme Fresco en s'adressant aux Nations Unies et aux institutions de recherche agricole. Aussi "Lorsque nous parlons de 'désertification', la menace ne concerne pas bien entendu les terres qui sont déjà désertiques", explique l'expert de la FAO, Freddy Nachtergaele. "Nous entendons dégradation des terres productives mais fragiles qui reçoivent 100 à

1 000 mm de précipitations annuelles et qu'une utilisation non viable peut endommager ou anéantir." Certaines de ces terres peuvent être cultivées. D'autres, comme les parcours ou la steppe, se trouvent tout en bas de l'échelle des précipitations et servent de pâturages aux moutons ou aux chameaux et d'abri à une part importante de biodiversité végétale.

Le surpâturage ou la collecte excessive de bois de feu peuvent entraîner la désertification, avant de laisser la place au véritable désert. Dans les régions arides et semi-arides, jusqu'à 25 pour cent des terres irriguées sont touchées à différents degrés par le problème de la salinisation. Ceci pourrait menacer 10 pour cent de la récolte céréalière mondiale, quand plus de 800 millions de personnes sont déjà victimes de la faim.

La lecture des analyses conceptuelles précédentes montrent une relation étroite entre désertification et dégradation des terres, ce qui amène Yves Emsellem a parlé de processus évolutif d'une zone donné, d'un terroir donné, transformant l'écologie ou la vie était possible (...) Où les conditions d'existence humaines sont de plus en plus précaires. Lorsque nous faisons référence au cadre d'étude, les activités humaines en l'occurrence les exploitations agricoles, peuvent être à l'origine ou du moins précipiter la dégradation des terres dans cette localité. Cependant dans une large mesure le phénomène de la sursalure des terres est la cause principale. Il faut y ajouter les facteurs

d'ensoleillement, de température, d'hygrométrie .... Qui définissent le climat. Ce dernier est déterminé par les précipitations qui au cours des dernières années semblent indiquer une tendance sensible à la baisse.

Toutefois d'autres facteurs physiques peuvent intervenir mais proprement dans ces zones étudiées, il faut dire que c'est dans de moindre mesure.

3.4. La désertification au Sahel

A l'entame nous utilisons les propos de Michel Bonfils dans « Halte à la désertification au Sahel, 1987 » qui définit la désertification comme la dégradation évolutive d'une zone donnée, transformant une écologie où la vie était possible (....) où les conditions d'existence de l'homme, de plus en plus précaires, entraîneront dans une deuxième phase, une régression de la population.

En effet, la désertification a une progression rapide au Sahel certes, mais la conscience du phénomène de désertification chez les populations est récente.

Elle se manifeste par plusieurs aspects avec ses corollaires sur la production agricole lesquelles se font sentir les populations rurales au premier plan.

Selon Michel Bonfils la désertification n'est pas à assimiler avec l'avancée du désert. « Elle est une détérioration par le dedans » ; implicitement ce phénomène de dégradation émane des rapports de l'homme qui existent avec l'environnement naturel en question.

Par ailleurs, il convient de reconnaître que le sahel signifie étymologiquement

« rivage », et dérive du terme arabe « sahil » par extension le mot appliqué au Sahara va designer les bordures du Sahara et progressivement, il finit par designer une zone géographique. Les études menées dans cette zone par Michel Bonfils nous montrent une progression de type géométrique de ce phénomène. A ce stade, on enregistre l'exode de forces vives, entre autres impacts, d'où une compromission des efforts de développement.

Toujours selon lui, la désertification se manifeste par les indices suivants : v' Disparition du couvert végétal par actions anthropiques.

v' Vulnérabilité du sol dénudé aux vents violents, à la salinisation, etc.

Ce dernier facteur nous intéresse le plus car constitue la pièce maîtresse de notre étude. Les eaux surchargées de sels sous l'avancée de la mer par les vagues déversées aux schorres, remontent par capillarité pour attaquer les micro-organismes de la plante.

Celle-ci sous la pression d'éléments surchargés de sels finira par disparaître et laisser la place à de dunes de sables. Les conséquences que cela produit, sont énormes. C'est bien ce qu'ont compris les chercheurs, les décideurs politiques pour tenter de mettre au point des palliatifs à ce phénomène.

Mais comment lutter contre la désertification ? Évidemment lutter c'est prendre en compte tous les problèmes dégradants et appauvrissant ; toutefois les propositions de cette étude spécifique seront plus orientées à analyser la dégradation sous l'angle de la salinisation des terres du Sine Saloum en particulier dans les localités communautaires de Latmingué et de Ndiaffate ou ce phénomène s'est manifesté de façon nuisible à l'agriculture et au développement de la végétation.

3.5. Le bassin arachidier

Le bassin arachidier est la zone rurale du Sénégal la plus densément cultivée et la plus peuplée, avec une population de 3 700 000 habitants représentant 45% de la population totale du pays. Il s'étend sur plus de 220 km du Nord au Sud et plus de 200 km d'Est en Ouest, ce qui représente une superficie totale de plus de 40 000 km2 où 21% de la superficie totale du pays. La région du Sine-Saloum aussi bien que la collectivité territoriale de Latmingué et celle de Ndiaffate sont parties intégrantes du bassin arachidier. Aujourd'hui, le bassin arachidier est dans une phase de dégradation avancée : On assiste à l'accroissement des terres incultes, à la formation naturelle des dunes de sables puis à la baisse du niveau hydrostatique et l'assèchement des puits traditionnels. Enfin, il faut dire que la zone sahélienne est en proie aux fréquentes tempêtes de sable dues à l'absence de végétation susceptible de stopper les vents.

Ces différents éléments qui caractérisent le Sahel expliquent en conséquence les difficiles conditions de vie auxquelles les populations sont confrontées. La baisse permanente des rendements agricoles, l'inefficacité des systèmes de production en cours et le faible appui de l'Etat, entre autres, gênent considérable le développement des exploitations agricoles. A cela s'ajoute, pour certaines zones agricoles, la menace de la salure des terres ; c'est le cas des zones en étude en l'occurrence le Sine-Saloum.

L'intérêt de la définition de ces concepts, en réalité, traduit la richesse que constitue l'articulation des données afin de permettre aux lecteurs de mieux comprendre le sujet de la recherche. Aussi est-il que la pertinence et la qualité du travail fournis y dépendent fortement.

Chapitre 4- le Cadre opératoire

Les questions de recherche Les hypothèses de recherche

4.1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

Les Objectifs de recherche
Objectif Général

Contribuer à l'étude des effets de la salinisation sur le plan économique et sur l'environnement.

Objectifs spécifiques

1 : Identifier des facteurs de la salinisation des terres sur les productions agricoles dans le Bassin arachidier.

2 : Etudier les effets de la salinisation des terres sur les conditions de vie des exploitants agricoles.

Explicitement les objectifs de cette présente étude consisteront à connaitre les causes profondes du problème de salinisation. Cependant, l'accent est mis plus sur l'analyse des effets de la salinité des terres au plan écologique mais surtout sur le cadre de vie des populations dont leur activité principale est liée à l'agriculture.

Il faut dire aussi que dans le cadre global, les objectifs vont aller dans le sens d'analyser la pertinence même des méthodes techniques et pratiques de désalinisation, de préservation du couvert végétal mis en oeuvre par les collectivités locales en partenariat avec les projets en place (la GTZ et le PBA-Progert).

4.1.1. LES QUESTIONS DE RECHERCHE

Question générale :

Quels sont les facteurs de réduction des rendements agricoles dans le bassin arachidier?

Questions spécifiques

1 : La dégradation des terres agricoles (par salinisation) contribue-elle à une baisse des rendements agricoles dans le bassin arachidier ?

2 : La baisse substantielle des revenus agricoles est-elle favorable à un exode massif des jeunes ?

4.1.2 Les Hypothèses de recherche : Hypothèse générale

La salinisation des terres (la dégradation des sols) réduise les rendements agricoles et favorise la détérioration des activités socio-économiques.

Hypothèses spécifiques

1 : la salinisation des terres explique une baisse des rendements agricoles dans les collectivités locales concernées.

2 : l'impact de la dégradation des terres est défavorable aux activités socioéconomiques.

En définitive, par une simple supposition des faits ; l'on considère que la salinisation des terres (avancée des eaux salées) est à l'origine de la baisse des rendements et de la dégradation du couvert de cette zone d'étude. Les résultats obtenus, vont trancher sur la véracité des hypothèses formulées au départ. Ces résultats entre autre aident à la définition de projets concrets de lutte contre le phénomène, pour les pouvoirs publics mais aussi pour les décideurs économiques. D'ailleurs c'est dans ce sens que des recommandations d'ordre techniques et stratégiques consistant à intensifier la production agricole des localités respectivement étudiées seront proposées de façon à maintenir les populations jeunes qui se portent souvent candidats à l'exode rural.

Conclusion partielle (partie I)

A la lumière de cette partie étudiée, la problématique de ce sujet met en évidence un
ensemble de contraintes liées à la sursalure des terres. Celles-ci affectent le cadre
écologique et humain de manière négative. Pour pallier cela, la collectivité locale a

besoin d'être impliqué dans les projets entrepris par les autorités publics en collaboration avec des ONG (PBA-GTZ, Progert) dans un sens de rendre plus efficace l'exécution des actions.

Par ailleurs, l'élaboration d'une méthodologie de travail a permis l'accès à des informations brutes grâce à un procédé d'enquêtes questionnaires. Ces données obtenues ont fait l'objet d'un traitement spécifique avec des logiciels afin de mieux appréhender l'intensité du phénomène de salinité des terres dans ces zones en particulier.

Aussi, cette partie a vu l'élaboration d'hypothèses de recherche et d'objectifs lesquels éléments ont constitué la ligne de conduite de ce présent travail.

Chapitre I- Présentation des zones d'études

La présentation de la carte de situation joue une importance capitale car elle permet de mieux localiser les zones à étudier par rapport à une échelle géographique plus large comme ce fut la carte ci-dessus avec la région de Kaolack.

N° 1: carte de situation des deux CR étudiées

Soure : CSE, oct 2008

Par une simple lecture, l'on se rend compte que les deux Communautés rurales sont d'une position géographique presque commune, à la limite à l'Ouest de la région administrative de Kaolack ; zone par nature corrélée à des perturbations pédologiques liées aux facteurs humains et physiques. La particularité de cela, s'explique par la présence de fort taux démographique mais aussi par la sécheresse qui favorise les fortes évaporations.

1.1. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE LATMINGUE

Localisée dans l'arrondissement de Koumbal, sis au Nord -Ouest de la commune de Kaolack, la Communauté Rurale de Latmingué est composée de 82 villages étendus sur une superficie de 328.75 km2. Sa population est estimée à environ 25 213 habitants selon les données démographiques enregistrées par le conseil rural en 2007.

Au Nord, nous avons le bras de mer du Saloum qui longe la Communauté Rurale sur 24 km (source : Plan local de développement 2002). Au Sud, elle est limitée par les communautés rurales de Keur Baka et de Thiaré. A l'Est, nous avons l'arrondissement de Mbirkelane, et enfin à l'Ouest, elle est frontalière de l'arrondissement de Ndiendieng.

Par ailleurs, La carte communautaire de Latmingué est déterminante pour la connaissance des villages qui composent cette collectivité territoriale, mais elle est surtout d'un apport conséquent pour l'identification du réseau hydrographique. L'intérêt consiste donc à mieux comprendre les difficultés confrontées par les autorités locales à gérer à bien l'étendue de cette zone, mais aussi pour le chercheur de situer les zones fortement affectées par les eaux salées afin d'appesantir les interventions au niveau de celles-ci par de stratégies efficaces et adaptées.

u Les caractéristiques physiques

Le relief est relativement plat dans son ensemble .Cependant, il existe quelques poches de dépression localisées. Au Sud-ouest (Koumbal), au centre (Latmingué, Paga etc..), à l'extrémité Est (Keur yorodou et Thiacath Diery....).On constate également des bas fonds. En ce concerne le climat ; il est de type soudano-sahélien (chaud) avec l'alternance des deux saisons très contrastées.

La saison sèche varie du mois de Novembre à Juin sous l'influence de l'Alizé continental ou l'Harmattan, un vent qui est un agent érosif très actif.

S'agissant de la saison humide, elle est longue de quatre (4) mois juin à novembre), elle relève de l'installation de la Mousson. Concernant la pluviométrie, les isohyètes varient de 400 à 800 mm avec une moyenne annuelle décennale de 660 mm et un nombre de jours de pluies égales à 47 (source : relevées pluies CR Latmingué, 2007). Cette moyenne cache des fluctuations avec une variabilité inter annuelle importante.

u Le potentiel forestier

Le massif forestier de cette Communauté Rurale s'étend sur 17% du terroir soit 55.88 km2. Il est constitué d'une relative diversité d'espèces ligneuses qui sont essentiellement formées par :

> La réserve naturelle de Koumbal

> les formations forestières du littoral

> Les parcs agroforesteries

On peut les assimiler aux bois communautaires entretenus par des groupes à la base. > Les mises en défens

Elles sont au nombre de 45 dont 31 officielles dans cette Communauté Rurale. Ce sont des écosystèmes initiés avec l'appui de certains partenaires au développement comme le Projet d'Appui à la Gestion et à la Restauration des Ressources Naturelles (PAGERNA).

A l'instar des autres CR, celle de Latmingué dispose d'un potentiel forestier dont les ressources ligneuses jouent un rôle important dans la satisfaction de la demande destinée à la cuisine, au chauffage, à la pharmacopée traditionnelle mais surtout l'acquisition de revenus substantiels pour certaines couches sociales qui s'adonnent en plus des activités agricoles à l'exploitation forestière.

Cependant sous l'effet de la pauvreté rurale et de la désertification générée en partie par la salinité des terres, le couvert végétal est menacé de disparition.

Aujourd'hui, les résultats de l'analyse du secteur forestier effectuée, soulèvent une déficience dans la gestion des ressources forestières d'où le défi majeur lancé dans le Plan d'Aménagement et de Gestion du Terroir (PAGT) de la dite CR.

N° 2 : Carte d'occupation du sol de la CR de Latmingué

Soure : CSE, oct 2008

Cette carte d'occupation des sols dans la CR de Latmingué présente une distribution inégale des ressources dans l'espace terroir. Au Sud, un grand espace fait l'objet d'activités agricoles sous pluies où jalonnent les établissements humains.

Toutefois, la remarque évidente constitue la séparation du terroir en deux grands espaces par le bras de mer. Au Nord, les tannes occupent l'essentiel de l'espace avec une savane arbustive à arborée distillée également au Sud.

Toujours est-il que l'avancée des tannes vers les espaces de culture est néfaste pour le couvert végétal, justifiant les rares réserves forestières.

1.2. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE NDIAFFATE

La communauté rurale de Ndiaffate se situe dans l'arrondissement Ndiedieng, localisé dans le département de Kaolack. Elle compte 74 établissements humains et couvre une superficie de 209 km2, pour une population égale à 18 347 habitants environ en 2000 (Source : PLD Ndiaffate, Septembre 2001) avec une densité moyenne de 88 hbts/km2. Elle est limitée à l'Est par la Communauté rurale de Latmingué, à l'Ouest par l'arrondissement de Djilor, au Sud par les Communautés rurales de Ndiendieng et Keur Socé Palmarin, au Nord par les communautés rurales de Thiomby, Dya et la commune de Kaolack (Cf. carte de localisation). Elle est traversée dans sa partie Nord par plusieurs bolongs issus du bras de mer « le Saloum ». Cette CR se caractérise écologiquement par une dégradation très avancée de ses ressources naturelles et du couvert végétal ligneux en particulier.

Parmi les facteurs de la dégradation, il y a :

Les fortes pressions anthropiques sur les ressources.

La concurrence entre les différents usagers.

La salinisation progressive des terres, etc.

Aujourd'hui, la responsabilisation des collectivités locales quant à la gestion des ressources naturelles, se traduit par l'opportunité qui leur est offerte par les textes et lois en vigueur, d'élaborer et de mettre en oeuvre, par une approche participative, conjointement avec les services techniques, les ONG et les populations des règles portant sur la gestion des ressources naturelles de leur territoire. Autrement dit grâce aux transferts de compétences en matière d'environnement et de gestion des ressources naturelles, les communautés rurales peuvent être appuyées dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'un ensemble de règles consensuelles pour réhabiliter, protéger et gérer les ressources de leurs terroirs, de façon à produire durablement des avantages écologiques, socio-économiques et culturels.

En effet, la gestion des ressources naturelles « communes » est possible s'il existe des règles effectives qui contrôlent l'accès et l'exploitation. Autrement dit, une régulation de l'accès à ces ressources communes. Seulement ces règles ne sont efficaces que s'il y a des mécanismes de surveillance et des mesures réglementaires pour les transgressions. Les mesures réglementaires doivent être effectives et graduelles. Des mécanismes associant les ayants droit ou usagers, sont nécessaires pour renégocier et modifier les

règles. Ceci est d'autant plus important que dans les zones à aménager, il existe parfois des enjeux latents autour de l'utilisation des ressources naturelles et sur lesquels il faut anticiper.

> Potentialités et investissements

Celle-ci (la CR de Ndiaffate) dispose d'énormes potentialités en termes de ressources naturelles et humaines, cependant l'avancée des eaux salées menace les exploitations agricoles, bien plus importantes qu'au niveau de la communauté rurale de Latmingué. Conscient de la nuisance de la salinité et de la dégradation des terres, le conseil rural intègre le volet protection de l'environnement dans son Plan Local Développement (PLD) de 2002.

Par ailleurs, dans le cadre de l'appui qu'elle réserve aux plans locaux de développement (PLD) et la lutte contre la pauvreté dans les zones rurales, la coopération allemande a investi en l'espace de trois ans (2001-2004) plus de 225 millions de francs dans la communauté rurale de Ndiaffate

Cet investissement s'inscrit dans le cadre d'un projet de reboisement qui favorise la reconstitution de la mangrove en vue d'une meilleure considération des préoccupations environnementales dans les actions de développement communautaires. Ainsi, par le biais de son conseil rural, ce projet pousse aujourd'hui un grand soulagement. Dans le domaine de la gestion durable des ressources naturelles par une meilleure intégration de la dimension spatiale et environnementale dans les plans de développement, la communauté rurale de Ndiaffate lie une coopération avec le GTZ.

Concernant la restauration des terres (le Projet de gestion et de restauration des terres dégradées du bassin arachidier), le Progert intervient, dans la mise en oeuvre de son programme, dans cette communauté rurale par des actions de reboisement et de sensibilisation. Le Programme bois de village 2005, initié depuis 2004, tente de répondre aux sollicitations des populations tout en répondant aux exigences pédoclimatiques de la zone d'intervention. La campagne a duré 3 mois (juillet - octobre) et a intéressé une cinquantaine de villages. A cet effet, une superficie de plus de 250 ha de terres a été reboisée dans la Communauté rurale de Ndiaffate dans le cadre de sa politique de restitution et de restauration du couvert végétal.

Toutefois, ces divers efforts consentis en partenariat avec des projets, n'ont pas empêché la sursalure des terres due à la remontée par capillarité des eaux salées. Ce qui

par conséquent constitue un facteur bloquant l'exploitation agricole et réduit les rendements des producteurs annuellement.

Les études à mener sur le terrain dans cette présente recherche consistent à mieux appréhender le problème de la salinisation, à connaître les stratégies locales en place et mieux à apporter une contribution scientifique dans la lutte contre la sursalure des terres et des eaux douces.

N° 3 : Carte d'occupation des sols de la CR de Ndiaffate

Soure : CSE, oct 2008

La lecture de la carte n°3 des sols relative à cette CR montre des potentialités énormes en termes de ressources naturelles. Un vaste réseau hydrographique couvre tout

l'espace Nord avec la présence de mangroves et de vallées humides en saison hivernage. Au centre et au Sud, la légende révèle un espace partagé entre les zones de cultures pluviales, les savanes (arborée et arbustive à arborée) et les établissements humains. Il faut dire que les tannes observées constituent la continuité de ceux localisés dans la CR de Latmingué.

Dans tous les cas, la présence de la salinité des terres gênent considérables le développement des activités agricoles dans la CR.

Chapitre 2- Analyse des Résultats

Dans la présente étude, l'analyse des résultats demeure une opération obligatoire en vue de confirmer ou d'infirmer nos hypothèses émises au départ.

2.1. Aspects physio- pédologiques du sol.

Cette partie porte sur deux aspects caractéristiques des sols dans les zones en étude : D'abord, la salinisation et l'acidité des sols, enfin l'évaluation des sédiments.

u L'évolution de la salinisation et de l'acidification

Sur l'essentiel des parcelles affectées ou présumées affecter par la salinité, des observations ont été effectuées et 3 prélèvements de sols et d'eaux opérés suivant la pente du fleuve en vue d'une analyse au laboratoire (bilan ionique).

Les unités physio-pédologiques présentent l'évolution de façon variée de la salinité et de l'acidité. L'étude menée sur plusieurs années sur les zones réellement affectées, fait montre d'une augmentation progressive de tannes vives au dépens de tannes herbacées et arbustifs « Sadio S. 1991 ». Ici (pour faire allusion au bassin arachidier) des champs de cultures sont voués à l'abandon ou à une baisse de leur rendement. Le régime hydrologique a été complètement inversé avec un écoulement des tannes vers les plateaux. Les chenaux de marées et les affluents se transforment en saumures après l'hivernage ; « Sokhna M., 1994-1995 ».

Dans certaines zones (Villages de la CR de Ndiaffate surtout), la superficie des tannes a presque doublé en une décennie de l'avis de la majorité des personnes enquêtées ; ce qui explique la disparition du couvert végétal dans la partie Nord des CR étudiées. Une étude menée dans la cadre du PRODDEL (rapport GTZ 2004), considère les effets de la salinisation comme facteur potentiel de dégradation et de déséquilibre écologique.

Par ailleurs, la faiblesse des dénivellements contribue à la dégradation très poussée des eaux du fleuve Saloum et de ses affluents dont on compte un nombre assez important dans les deux CR étudiées (Cf. cartes de localisation).

L'analyse du tableau n°1, fait montre du niveau des pentes ainsi que de la longueur de quelques vallées et affluents du fleuve Saloum.

Le constat général fait état de la faiblesse des dénivellements, excepté le bassin de Senghor qui présente une échelle relativement importante 6/1000.

De visu, le phénomène de salinité des terres touche avec acuité les villages de la CR de Ndiaffate, réduisant constamment les rendements agricoles qu'ils escomptaient pour une autosuffisance alimentaire et par ricochet la masse paysanne qui embrasse le chemin de l'exode a accru. A cet effet, dans le cadre du Progert, les autorités de cette collectivité locale comptent entreprendre des actions de lutte contre la dégradation des terres marquée par une forte avancée de la langue salée.

Tableau 1 : Quelques valeurs de pentes affluées au bas Saloum

« Saloum »

Marigots

Bassin

Thikate-Diéri

Latmingué

Marigots

Senghor

Sokone

Nema

Tawa

Bil

Valeurs

Longueur km

40

26

20

36

26

16

15

7/10.000

5.5/1000

1.3/1000

1.6/1000

6/1000

3/1000

5/1000

Pente

Source: G. Diluce 1975, in Diop E.S 1978, in M. Sokhna 1994

Globalement, les valeurs de pente observées (cf. tableau 1) sont faibles et réciproquement celles des apports d'eaux douces en provenance des affluents amont du fleuve.

En conséquence, on assiste à l'aggravation du phénomène de salinisation des cours d'eaux. La Cr de Latmingué, ou sur 26 km est traversée par les eaux du Saloum et se confronte à une disparition de certaines espèces telle que l'Avicennia et l'apparition de tannes vifs. Depuis plus d'une décennie, les populations (source : enquête mémoire) constatent l'affaissement des eaux douces des nappes, et par endroit en raison de l'infiltration biseau-salée, les eaux de puits sont devenues progressivement saumâtres. S'agissant de la morpho dynamique des sols des zones étudiées, il faut dire que le paysage anthropisé révèle la conséquence de la présence ou de l'intervention de l'homme qui a modifié les unités pédologiques en place. La présence de l'homme dans

le bassin arachidier remonte à l'ère ogolienne ; Michel P. Asequa mars 1970 in Thiam A.1985, on doit intégrer le facteur anthropique pour expliquer la dynamique des sols. Dans ces localités, la convergence autour des ressources naturelles a accentué la dégradation de celles-ci et engendré souvent des risques de conflits sociaux.

La texture du sol (de prédominance sableuse), a favorisé l'érosion du vent sur la terre. L'action conjuguée du vent, de la sécheresse, des fortes évaporations hydriques et de l'homme a déstabilisé le processus naturel et normal de régénération des plantes.

On assiste aussi à la disparition progressive de la diversité biologique dans cet écosystème. Selon certaines personnes, depuis une décennie, les phacochères ont migré vers les zones plus humides en profondeur des îles Saloum. Il faut noter aussi, la menace que pèse sur les végétations de mangroves est forte.

u Evaluation des sédiments

Concernant l'évaluation des sédiments, les résultats obtenus à partir de la méthodologie d'analyse au laboratoire, montrent qu'il est possible de mesurer la gravité du phénomène dans la zone par la détermination du taux d'acidité contenu dans le sédiment. En effet, cette évaluation a permis d'obtenir des résultats variés en fonction de la distance qui sépare le lieu de prélèvement et les tannes. Ces variations traduisent un sol très acide ou le Potentiel d'Hydrogène (PH) est < 4,5 et avec une conductivité électrique importante (20 -50) au niveau des zones de tannes. S`agissant des zones d'exploitation agricole, nous avons identifié une conductivité électrique très faible et varie très souvent en fonction de l'éloignement avec les tannes. Dans cette zone est notée une faible acidité tendant vers le sol basique (PH= 7).

L'analyse des résultats recueillis fait montre qu'il existe un rapport étroit entre la baisse des rendements agricoles et la salinisation des terres. Au regard des valeurs de conductivité et d'acidité (Ce = 50 et PH< 4,5), il est évident que le milieu soit envahi par l'avancée de la mer salée.

Toutefois à quelques distances des établissements humains, la manifestation du phénomène se limite au niveau des eaux de puits et cela ne concernent pas tous les villages des collectivités locales. Globalement, dans la CR de Latmingué, la conductivité électrique qui résulte des analyses montre un sol non salin, mais cela n'occulte en rien la présence notoire des tannes et la manifestation de dégradation de terres.

Il faut noter que c'est dans la CR de Latmingué que l'ampleur du phénomène de salinité des terres est moins drastique par rapport à celle de Ndiaffate. Seulement, on constate partout la dégradation des ressources naturelles et l'exploitation excessive des sols viennent se joindre à ce facteur clés (la baisse des rendements agricoles). Ce qui explique les manifestations de la désertification avec l'apparition de nouvelles espèces végétales tendant vers une pseudo steppe où domine le genre Acacia associé à d'autres épineux comme Sourour (acacia Seyal), le Jujube (zizyphus mauritiana).

2.2. Analyse pluviométrique

La dynamique saline a connu des proportions imputées aux facteurs climatiques. La sécheresse qui a sévi dans les années 1970 et 80 dans le bassin arachidier (Kaolack et Fatick en particulier) a généré des impacts négatifs sur la productivité des terres agricoles et favorisé la salinisation.

Par endroit au fil des années, une évolution pluviométrique relativement positive est notoire ; toutefois, les fortes évaporations en saison sèche (25- 40°c) ont intensifié l'accumulation des sels contenus dans la nappe phréatique (mémoire M. Sokhna, 1994- 95). Par ailleurs, il faut reconnaître que les pluies enregistrées durant cette année vont amoindrir les niveaux d'acidité espérés. Peut être qu'il faut attendre la fin de la saison pluvieuse avec les forts moments d'ensoleillement pour avoir des résultats plus pertinents et adaptés aux réalités du milieu.

Tableau 2 : Relevées pluviométriques enregistrées, 2008

Mois

Juin

Juillet

Août

Septembre

Isohyète

776.67 mm

 
 
 
 

59,17

269,9 mm

254,8 mm

102,8 mm

Source : Conseil Rural de Latmingué, 2008

Le tableau n°2 montre une quantité pluviométrique (isohyète) de 776,67 mm de 4mois de pluies. Une quantité qui est assez suffisante pour assurer une bonne production

céréalière de plus si celle-ci est accompagnée d'intrants. Selon, les enquêtes menées, certaines populations affirment l'idée selon laquelle une possibilité de régénération naturelle est évidente si les quantités de pluies enregistrées demeurent ainsi pour les années à venir. Concernant la salinité des terres, les fortes évaporations favorables à ce phénomène peuvent être dissipées avec les abondances pluviométriques ; d'où leur importance non seulement pour la désertification mais aussi pour la désalinisation.

Par ailleurs, au delà du simple constat des données pluviométriques, il convient de retenir l'importance du facteur pluie dans la reconstitution du couvert végétal en vue d'assurer l'équilibre écologique favorable au développement des activités socioéconomiques des localités directement concernées mais aussi à une échelle plus large.

2.3. Aspect socio-économique du phénomène

De façon générale, la salure des sols a entraîné la disparition du couvert végétal dans certaines parties des estuaires et du littoral nord du Saloum. Par une simple observation des cartes de localisation, nous allons nous rendre compte de la zone des tannes. Beaucoup d'espaces où jadis existaient les mangroves dans la période ogolienne, Michel P. page 56, Asequa- mars 1970, in Thiam A. 1985, sont aujourd'hui des chenaux de marées transformés en saumures pendant la période sèche.

Les espaces agricoles réduites et les tannes, se substituent en zone de cueillette de sels pendant la saison sèche. Aussi bien dans la zone de Latmingué que dans celle de Ndiaffate, cette activité est devenue une source pour les femmes et les jeunes de revenus.

Par ailleurs, il est tout à fait certain que la zone sahélienne, même sans aggravation du facteur salin sur le couvert arboré, évoluerait aujourd'hui vers une situation de désertification au regard de la pression démographique sur les ressources naturelles. Avec la coupe du bois, les feux de brousse et la surexploitation des terres agricoles, l'équilibre a rompu laissant en place de grands espaces en phase de constitution de dunes de sables. Force est de constater que les populations locales pour pallier à cette situation désolante tentent de mettre au point des mesures traditionnelles de lutte, en s'organisant en OCB.

Toutefois, pour mieux saisir de la synergie d'intégration des populations dans la lutte, il convient d'analyser leur niveau de connaissance de l'existence du phénomène de salinisation qui demeure un facteur clé de désertification.

Graphique 1 : la proportion de la population selon les CR connaissant la présence de la salinisation des terres

90

80

70

60

50

40

30

20

10

0

Ndiaffate

88

12

Latmingué

70

30

non

oui

oui non

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

Au regard des résultats du Graphique n°1, la proportion de la population qui connaisse où du moins sent la présence de la salinisation est très importante. Dans la collectivité locale de Latmingué 70% des enquêtées affirment avoir connu ou senti directement la manifestation du phénomène de salinité des terres. Selon certaines d'entre elles, le

phénomène s'identifie par l'existence de nouvelles espèces halophytes et de touffes d'herbes constatés de visu au niveau des tannes et dans la réserve forestière. Mais, c'est surtout la transformation des eaux de puits en saumâtres qui illustre bien leur opinion. Tandis que dans la CR de Ndiaffate, 88% des populations connaissent ou sentent directement la présence saline sur les terres agricoles contre une minorité de personnes qui représentent 12% des effectifs.

La conclusion à tirer est la différence assez notoire de la conscience du phénomène. La CR de Ndiaffate subisse largement les effets de la salinité. Cela est dû à la présence d'un vaste réseau hydrographique (affluents du Saloum et bolongs) envahi par la remontée saline depuis plusieurs décennies. Dans la CR de Latmingué, nous sommes dans la phase de la manifestation du phénomène, tandis que dans celle de Ndiaffate, celui-ci est plus visible et ses effets sont assez perceptibles.

La texture du sol selon A. Thiam chercheur au CNRF/ISRA importe peu, mais seulement le degré de salinisation est désastreux dans les sols sableux qu'argileux. La conscience du phénomène de salinisation, de désertification et de sa progression rapide est corroborée, selon les enquêtes menées, au niveau des responsables, des populations aussi. D'ailleurs avec le Progert, le reboisement de la mangrove (Cr de Ndiaffate) et l'implantation de bois de village, sont entrain de s'incruster dans la mentalité des populations bénéficiaires. En les reconstituants, elles s'adonnent à des activités génératrices de revenus lesquelles sont susceptibles d'améliorer la qualité de leur vie et celle de l'environnement naturel.

Mais, il faut dire que cette conscience est fragile et risque de s'alanguir si une volonté politique déterminée ne la soutient pas soigneusement et si les responsables du projet de reboisement n'entreprennent pas sans tarder des applications à grande échelle, rationnellement programmées.

Graphique 2 : proportion de l'ampleur du phénomène par zone communautaire

40

20

60

50

30

10

0

52

0

20

41

27

27

1 0

7

25

CR Ndiaffate CR Latmingue

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

L'analyse de la dynamique saline des terres montre que 52% des populations considèrent que la progression des eaux salées est rapide sur les terres agricoles de la CR de Ndiaffate. Tandis que dans la CR de Latmingué plus de la moitié des paysans enquêtés supposent que l'ampleur du phénomène de salinité est lente, ou relativement lente. Un nombre relatif de 7% ignore complètement le phénomène, la raison qui

explique leur incapacité à se prononcer. Le croisement de ces données avec celles engrangées dans la CR de Ndiaffate, fait montre d'une différence de niveau d'évolution. Cela s'explique par la présence de nombreuses formations de tannes qui sont plus visibles et perceptibles à travers les affluents et défluents du fleuve Saloum. Les accumulations de sels favorisées par la sécheresse et les fortes évaporations des eaux surtout en saison sèche, sont nuisibles à la productivité agricole. La végétation (mangroves en particulier) censée atténuer ses effets, est soumise à une forte pression anthropique aboutissant ainsi à sa réduction.

D'ailleurs dans cette CR, plusieurs paysans ont dû abonner leurs activités agricoles pour se muer dans d'autres métiers comme l'artisanat et le petit commerce, s'ils ne militent pas en faveur de l'exode. Il est évident qu'au regard des résultats portant sur les effets sensibles de la salinité de constater une baisse plus importante des rendements agricoles dans la CR de Ndiaffate. Une réduction des rendements aurait sans doute un impact sur les activités socio-économiques des populations, mais c'est surtout la question de l'autosuffisance alimentaire qui est récurrente et problématique.

Les possibilités d'accroître la production n'existent pas actuellement ou du moins ne sont pas suffisamment exploitées. La situation ainsi décrite montre comme facteur limitant les eaux salées. Le taux de nuisance est lié en grande partie à leur niveau de progression sur les terres agricoles.

Graphique 3 : les effets de la salinisation des terres

40

35

30

25

20

15

10

5

0

les effets de la salinisation selon les populations
enquêtées

36

Fréquence Pour cent

20

9

35

36

20

9

35

baisse des rendements agricoles

diminution de la fertilité des terres

deboisement d'espaces forestiers

baisse de productivité des vallées maraichéres

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

A l'analyse du Graphique n°3, 36% pensent comme effet négatif direct de la salinité, la baisse des rendements agricoles, et 35% attribuent la baisse de productivité des vallées à ce facteur. Les 29% restant, sont d'opinions partagées entre le déboisement d'espaces forestiers et la diminution de la fertilité des terres de la Cr de Ndiaffate, causés par la remontée des eaux salées. Ces résultats glanés permettent de dire que les effets du phénomène de dégradation causée par la salinité sur l'environnement, sont divers et nuisibles à leur régénération. La baisse des rendements agricoles produit des conséquences énormes sur les conditions d'existence des populations. Celles-ci ne disposant que l'unique revenu agricole du moins pour subvenir à leurs besoins vitaux, subissent progressivement les effets de la salinité.

Ces deux CR, de position géographique contiguë, subissent les effets de la salinité, mais à des degrés variés. Toutefois de façon générale, on constate aujourd'hui que leurs ressources naturelles sont dégradées ou menacées de dégradation. Ce processus de dégradation est très avancé dans certaines zones agro pastorales où l'on pratique l'agriculture et l'élevage extensifs. C'est le cas dans la zone agro écologique du Bassin Arachidier, la zone de transition agro pastorale qui couvrent les régions de Kaolack et Fatick, et dans lesquelles plus de 70% de la population dépendent de l'agriculture et de l'élevage, (source : GTZ 2002.)

Cette dégradation est souvent liée à une surexploitation de ces ressources par l'homme (coupe abusive, extension de terres cultivables, carbonisation...), à l'absence de gestion concertée, aux effets climatiques (forte évaporation, salinisation des terres) etc. Pour renverser cette tendance négative, l'Etat sénégalais a entrepris ces dernières années, une politique de gestion durable des ressources naturelles basée sur l'approche participative. Dans le PNAE (Plan National d'Action pour l'Environnement) et de façon spécifique le PNLCD (Plan National de Lutte contre la désertification), les autorités étatiques visent à réduire le taux de la pauvreté et de tout facteur conduisant à la désertification des terres par la mise en oeuvre de projets générateurs de revenus pour les populations. A cet effet, les conflits qui dégénèrent souvent de la rareté des ressources pourront se dissiper facilement.

> Conflits sociaux

La réduction des espaces cultivables (le cas de la Cr de Ndiaffate) amène les paysans à déboiser de nouveaux espaces jusqu'alors réservés naturellement pour le pâturage et les besoins anthropiques.

Les activités de pèche ont fortement régressé à cause de la disparition des poissons à la suite de la salure des cours d'eaux dont les conductivités électriques sont deux fois plus supérieures à celle de l'eau de mer 4.6 ds/m (in Sokhna, 1995).

Comme autre conséquence probable, il faut évoquer le problème de l'alimentation en eau potable. En effet, La plupart des ressources en eau dans le bassin du Sine-Saloum sont affectées par la salinité à cause du tarissement des nappes d'eaux douces et la remontée du biseau salée.

Au regard des effets négatifs liés au processus de salinisation sur les activités socioéconomiques, si des mesures idoines ne seront pas prises il est évident que la destruction des ressources et la baisse substantielle des rendements agricoles connaîtront une progression rapide et désastreuse. Le manque d'espace fertile amène les paysans à déboiser les zones de pâturage ; ce qui ne sont pas sans conséquence. Parmi celles-ci, nous notons de probables conflits. L'analyse de ce Graphique N°4, révèle, la généralisation des conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Graphique 4 : les conflits susceptibles

conflits susceptibles

ne sait pas
15%

non

oui

26%

59%

oui

non

ne sait pas

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

Selon 59% des personnes enquêtées, les conflits manifestes entre agriculteurs et éleveurs dans la localité de Latmingué, sont dus à la rareté des ressources disponibles et se tiennent pour origine la limitation des zones de parcours d'élevage et les exploitations de plus en plus qui s'empiètent et se confondent les unes dans les autres. Ce taux portant su les sources de conflits entre agriculteurs et éleveurs est assez significatif et du coup fait de l'urgence à laquelle il faut agir pour pallier à ce problème de dégradation des terres et la réduction du couvert végétal.

> Exode rural

En ce qui concerne, l'exode rural dans les zones étudiées, le phénomène gagne de

l'ampleur depuis un certain temps selon les enquêtes menées.

Il est une conséquence négative de la baisse des rendements agricoles dont l'analyse du soubassement nous fait remonter au niveau des effets de la salinisation.

Tableau 5 : proportion de l'exode rurale selon les motifs par CR

60 50 40 30 20 10 0

54

54

 

36

 
 
 
 

36

 

exode origin agricol

autres origines

 
 
 
 
 
 

Latmingue Ndiaffate

 

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

Partout dans le milieu rural au Sénégal, l'exode des paysans ; filles comme garçons gagne de l'ampleur. L'illustration la plus parfaite est le peuplement rapide de la capitale. Seulement, le déplacement de ces hommes sont d'origines variées tant soit peu.

Le graphique n°5 exhibe que, selon 36% des enquêtés, les exodes de populations dans la CR de Latmingué sont de sources agricoles contre 54% pour celle de Ndiaffate. S'agissant d'autres sources liés à l'exode, la proportion est plus importante selon 54% dans la CR de Latmingué, tandis qu'elle reste faible à Ndiaffate pour 36%.

La baisse des rendements agricoles motivent certaines personnes à quitter leur lieu de natif à la recherche de revenus de subsistance, tandis que d'autres y partent pour satisfaire leur besoin en services (éducation, santé, etc.).

Dans tous les cas, il faut comprendre que l'exode est un phénomène qui ne laisse
indifférent aucune localité. Cela découle des conditions défavorables observées dans le
milieu rural au Sénégal. Les candidats pour le départ sont animés par des sentiments

d'une vie meilleure et favorable à l'existence humaine ; ce qu'ils espèrent trouver en villes ou en occident.

Les conséquences sont énormes : perte de populations actives susceptibles de prendre en charge les exploitations agricoles en vue de relever le défi de la pauvreté.

2.4. Analyse des Stratégies de lutte contre la salinisation

Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre et expérimentées par des centres de recherches, des OGN, etc. dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la désertification des ressources naturelles et la remontée saline.

2.5. Techniques introduites par l'ISRA

Depuis 1980, avec l'événement des vagues de sécheresse, L'ISRA mène des recherches dans les régions de Fatick et Kaolack en vue de dégager les aptitudes agricoles, sylvicoles et pastorales dans les zones de tannes.

Les conclusions tirées de ces diagnostics sur le site de Ngane (Kaolack) consistent à mettre en oeuvre des techniques à savoir:

Plantations d'espèces adaptables à la salinité et à la sécheresse.

- Melaleuca sp, Eucalyptus sp, Acacia holo, prosopis sp.

- D'autres méthodes pour barrer l'accumulation des sels stratifiées comme suite : La confection de digues et diguettes, la gestion des parcours de bétail, la régénération des sols par des espèces fertilisantes.

A cela, il faut y ajouter les techniques mécaniques de préparation du sol, les confections de drains et de billons à l'intérieur des cuvettes dans un sens d'évacuer les eaux chargées de sels.

Au regard de l'avancée des eaux salées sur les terres agricoles, de la destruction des mangroves, ces techniques ont manqué d'atteindre leur objectif de façon globale. Mais cela n'occulte en rien leur efficacité pour le cas de Djilor avec la mise en place d'une digue anti-sel et de Djiofior avec la plantation de mangrove qui a fini par

s'incruster dans la conscience de ces populations, une préoccupation environnementale.

2.5. Analyse de la stratégie locale

Les collectivités locales ainsi que les populations victimes de ce fléau conjuguent leur effort dans la mise en oeuvre de techniques concluantes susceptibles de stopper la progression du phénomène.

Disposant de prérogatives juridiques et réglementaires à conduire et à mettre en oeuvre des actions concrètes de développement communautaires, les conseils ruraux respectifs initiaient de concert avec les populations, des techniques visant la promotion et la récupération des terres agricoles et la régénération du couvert végétal.

Des solutions proposées qui suivent (cf. graphique 5) sont analysées en fonction des opinions prononcées et de la pertinence technique réellement escomptée.

u Techniques de récupération et de conservation des sols

Des méthodes traditionnelles sont initiés dans la CR de Ndiaffate en vue promouvoir la récupération des terres salées.

Il s'agit de mettre sur pieds des techniques d'aménagement hydroagricole. Celles-ci consistent à confectionner des billons à l'intérieur des cuvettes avec une voie d'entrée d'eau et de ruissellement en amont afin de piéger les eaux de ruissellement et d'évacuer les eaux chargées de sel.

La seconde technique de récupération des sols constitue l'épandage de déchets organiques. Une opération qui vise à bonifier la terre de déchets dans un sens d'améliorer la fertilité du sol. Après épandage des matières, un labour des terres est recommandé en début de saison des pluies. L'analyse de la technique de récupération des terres mises en oeuvre dans cette CR, révèle des manquements liés au coût élevé du projet, mais également la faible capacité technique des acteurs locaux à développer celle-ci, d'où la nécessité de faire appel à des techniciens et des bailleurs pour financer le projet.

Graphique 5 : les perspectives de solutions selon les populations

45

40
35
30

25
20
15

50

10

5
0

Mises en
defens

44

Reboisement

les solutions mises en place

32

Amenagement
des terres

10

8 6

Construction
de digues ou
diguettes

ne sait pas

Pour cent

Source : enquête mémoire, DEA/Malick SANOKHO/UGB/ 2008.

Selon 44% des populations, il faut renforcer le processus de mises en défens entamé par les collectivités locales respectives, tandis que 32 % optent pour le processus de reboisement massif des plantes abandonné depuis 2003 (cf. problématique), comme mesure palliative à ce phénomène.

Les aménagements des vallées et des bas fonds (8%) et la construction de digues ou diguettes (10%) sont des opinions soutenues par une marge non négligeable de la population afin de stopper les avancées des eaux salées.

Les techniques les plus utilisées au sein des CR, consistent à la mise en place de cabions et le reboisement des espèces résistantes à la sècheresse et à la salinité (Acacia, jujubier, le soump, l'eucalyptus etc.)

Depuis l'entrée en vigueur de la loi 96-07 portant transfert des compétences aux CR, aussi bien les ONG locales que les autorités locales, la politique de mises en défens est considérée comme la mesure idoine à ce problème.

Certes l'exécution des charges de mises en défens engloutit des coûts parfois prohibitifs, mais il est fort affirmé de leur efficacité à la régénération des espèces végétales. Des voix s'élèvent et affirment (même si ce n'est pas scientifiquement fondées) que dans quelques décennies (20-30ans) si rien n'est fait pour pallier à ce phénomène qui gangrène les paysans, le problème allait gagner du terrain et il faut s'attendre à des conséquences désastreuses compromettant toute possibilité de production agricole dans la CR de Ndiaffate surtout et dans de moindre mesure les villages de la CR de Latmingué en proximité avec les tannes.

Conscientes de leur situation de pauvreté et de la dynamique de la dégradation des terres, les populations se mobilisent pour coordonner leurs actions de lutte en collaboration avec les bailleurs et les services d'appui-techniques de l'Etat en place. La lutte contre la dégradation des terres ne peut être efficace en donnant des résultats escomptés que si la participation des populations est effective et élargie dans tous les aspects possibles : matérielle, changements de comportements dans l'exploitation des terres, acceptation et maitrise des nouvelles techniques, etc.

> Analyse de la participation

L'arrêt de la destruction de l'environnement et la reconstitution du couvert végétal ne sauraient être assurés par les seules mises en défens jugées prioritaires ou nombreuses soient-elles. Un tel objectif, ne pourra être atteint que par l'implication des populations dans tout le processus ; de la conception jusqu'au suivi et à l'évaluation des actions de conservation et de régénération de l'environnement.

Dans le cadre des actions de reboisement, l'implication des populations est souvent avérée et structurée en OCB, mais seulement le problème se situe autour du processus de la conception du projet où les populations ignorent complètement les différentes phases. C'est souvent ce qui pose toute la difficulté d'appropriation des projets par celles-ci, car leur niveau d'implication reste limité à la partie mécanique.

Dans toutes les CR étudiées, les populations manifestent leur souhait à une implication plus large dans les prises de décisions de tout projet les concernant.

CHAPITRE 3- Problèmes et perspectives de recherche

La sursalure ou du moins la salure des sols, a entraîné la disparition totale ou partielle de la mangrove dans la CR de Ndiaffate en particulier. Dans le mémoire de M. Sokhna 1994-95, in Sadio 1991, 70% des forets d'Acacia Seyal, de combretum glutinosum ont disparu ; en raison de la remontée saline au niveau de tout le fleuve Sine-Saloum. Elle a affecté sérieusement les systèmes de production et la productivité agricole. Ceci oblige les paysans a déboisé de nouvelles zones qui jadis étaient des réserves naturelles. Aussi, la salinisation croissante des nappes phréatiques a réduit considérablement l'existence d'apport d'eaux douces à partir de l'amont. Avec la sécheresse des années précédentes (70-80), le processus de dépôt des sels a cru davantage et se procède par apport ou par dissolution au fil des années. Ce facteur limitant conjugué avec l'action anthropique causent d'énormes problèmes aux populations à savoir la dégradation des terres et la baisse des rendements agricoles entre autres.

Au regard des effets négatifs liés au processus de salinisation sur les exploitations agricoles en général, des mesures méritent d'être prises pour stopper le phénomène et atténuer les impacts sur le cadre socio-économique des populations.

Certes depuis une décennie entière, les populations locales ont tenté à leur manière mais de façons dispersées, d'éradiquer le phénomène de salinisation qui affecte leur environnement productif, mais ceci est sans succès majeur.

Les actions de lutte contre la désertification en général consistent à traiter au fond et de façon durable les manifestations de la désertification. Il faut y ajouter à ces actions des mesures réglementaires, de facilitation, d'encouragement ou de découragement de certaines pratiques.

+ Cadre institutionnelle de lutte contre dégradation des terres

Au niveau national, l'Etat sénégalais a élaboré et/ou mis en oeuvre d'importants Programmes environnementaux, parmi lesquels le volet environnement du NEPAD, le Programme National d'Action pour l'Environnement (PNAE), le Programme National de Lutte contre la Désertification (PNLCD), le Plan d'Action Forestier du Sénégal(PAFS). La mise en oeuvre de tous ces programmes a été facilitée par le

processus de décentralisation progressive qui a permis l'existence d'un cadre juridique favorable à travers l'application de la loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales. Au niveau local, le décret N°96-1134 du 27 décembre 1996 portant application de la loi 96-07 du 22 mars 1996 a permis de doter les communautés rurales d'instruments pouvant leur permettre de promouvoir des politiques de développement durable à partir notamment d'une gestion et d'une exploitation rationnelle des ressources naturelles et de l'environnement. C'est dans ce cadre que l'Etat sénégalais a sollicité l'appui de partenaires extérieurs tels que la Coopération Technique Allemande à travers le Programme Bassin Arachidier (PBA) qui a pour mandat d'appuyer les collectivités locales et les populations dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural. Aussi un des axes de ce Programme est « d'appuyer les populations et les élus à mettre en oeuvre une réglementation locale consensuelle pour la gestion durable des ressources naturelles qui tienne compte des dispositions des textes et lois en vigueur ».

+ Approche technique

Au regard de l'importance de l'agriculture dans le développement d'une nation, la lutte contre toute menace (salinisation en occurrence) doit être l'axe fondamentale.

> L'urgence est de stopper la réduction du couvert végétal.

Il faut une régénération des peuplements et plantation d'espèces halophytes tolérantes à la salinité et à la sécheresse.

Les amendements des terres agricoles par l'usage intensif de fumure organique

consistera à améliorer la fertilité du sol en vue d'une auto-suffisante alimentaire.

> La politique de l'Etat consistera à définir des axes stratégiques et d'orientations

méthodiques dans les interventions.

A travers ses services techniques régionaux et locaux, l'Etat procède à la réalisation des diagnostics et des études préalables.

Les centres de recherche publics ou privés harmonisent leur position technique et financière d'intervention.

· Mettre en place des digues et diguettes anti-sel.

· Des aménagements hydroagricoles (AHA) sur les terres agricoles menacées.

+ Les ONG et les collectivités locales

Les ONG et l'Etat qui viennent en appoint (technique et financier) aux collectivités locales dans la lutte, consentent d'énormes efforts dont les effets se font sentir vite par l'atténuation des impacts du phénomène. Seulement le problème dépasse très largement les interventions en cours et se révèle plus profond que l'on en croyait. Pour une lutte efficace du phénomène, on ne saurait isoler le phénomène de la sécurité alimentaire en milieu rural. L'approche globale, puis l'action intégrée des acteurs prendra en compte très largement ce volet si pertinent dans la mesure où il demeure incontournable.

Mais pour mieux cerner le problème, nous procéderons tout naturellement à l'énumération d'actions et mesures qui seront proposées afin d'éradiquer ou du moins atténuer les effets sur le cadre de vie des populations.

Ces actions pourront bien servir de références dans les autres pays, zones du Sahel qui menacent de désertification.

> Les actions destinées à assurer l'auto suffisance alimentaire.

L'amélioration de cultures traditionnelles en sec.

Les cultures contre saison, intensives.

> S'agissant des actions ayant pour objectifs la protection des sols, il faut retenir : Les mises en défens.

Les plantations d'espèce halophytes.

Les actions de conservation des eaux et du sol.

+ Méthode participative

Le facteur humain conditionne en grande partie la réussite d'un projet donné. Nous présentons ici l'importance de la participation des populations, non seulement par rapport aux stratégies à mettre en oeuvre mais également dans le suivi et l'évaluation des activités du projet de lutte contre la dégradation des terres par les eaux salées.

Les collectivités locales en partenariat avec des ONG, tentent de mettre en place une stratégie commune dans le cadre d'une convention locale en vue d'une gestion participative des ressources naturelles.

Il faut comprendre ou appréhender le caractère vulnérable des terres mais aussi les impacts que la désertification produit et qui sont nuisibles à l'amélioration des conditions d'existence. La population analysait dans ses mouvements (exode rural), dans sa structure (proportion de jeunes), dans son dynamisme doit être motivée et impliquée dans tout le processus. Au delà de cette considération, la participation de la

population dans les projets à entreprendre est nécessaire dans la mesure où la lutte contre la dégradation, la récupération des tannes est une tâche immense.

La menace de la salinisation des terres est sérieuse, les sols à réhabiliter sont considérables, même en zone agricole, ce qui justifie la détermination exceptionnelle à entreprendre. Il reste en effet, à dégager les techniques et les méthodes d'interventions des acteurs. Nous examinerons maintenant les démarches pratiques de l'exécution des projets de désalinisation et de lutte contre la dégradation des terres.

L'approche proposée dans cette intervention est relative à une approche globalisante, du fait de la complexité du problème et de la nécessité à apporter des résultats escomptés améliorant les conditions d'existence des bénéficiaires. Celle-ci s'inspire des recommandations formulées par le CILSS, en marge d'un séminaire tenu à Ouagadougou, novembre 1984.

u Participation des populations : elle se matérialise par l'organisation de celles-ci en structures associatives de lutte contre la dégradation des terres. la conscientisation et la formation des exploitants agricoles demeurent une condition irréversible sur leur rôle et les effets néfastes produits sur le couvert végétal.

u Approche multisectorielle qui vise simultanément la production et l'environnement (le préserver et le réhabiliter). Elle s'exerce donc dans le cadre d'un programme cohérent, progressif et à long terme.

Tous autres projets ou programmes de régénération et de préservation du couvert végétal, de récupération des tannes aura comme ligne de conduite cette approche globale. Toutefois, il faut noter que la réhabilitation et la préservation de l'environnement et de son potentiel productif demandent du temps et ont une rentabilité financière lente, d'où la patience à observer pour le cas spécifique de ces communautés en études.

Conclusion partielle II

Au terme de cette recherche, les deux CR étudiées sont sous l'emprise du phénomène de la salinité des terres dont les effets progressivement se sont révélés néfastes sur l'ensemble des activités socio-économique ; d'où l'exigence pour les autorités politiques et l'urgence pour les populations à trouver des mesures techniquement efficaces.

CONCLUSION

La salinisation des terres qui représente le facteur naturel de dégradation le plus constant dans les deux zones étudiées, provoque une réduction des rendements agricoles et de la biomasse des plantes vivaces. Ce facteur et ses conséquences peuvent être étudiés au niveau des tannes et des mangroves ou la végétation naturelle est soumise à une pression saline qui croit quand la sécheresse est dure. Mais aussi au niveau des eaux de puits devenues saumâtres en raison de l'avancée par capillarité des sels. Les résultats obtenus montrent que les surexploitations agricoles réduisent de moindre mesure la fertilité des terres que la salinité des sols. Celle-ci affecte le sol par remontée capillarité en rendant nocifs les micro-organismes et les aliments qui sont favorables au développement des plantes.

Les résultats sur l'aspect socio-économique, liés aux effets de la baisse des rendements agricoles sur le cadre de vie des populations, montrent une situation peu favorable.

Au moment ou l'Etat et les ONG de développement optent pour une politique d'auto suffisance alimentaire face à une crise alimentaire mondiale croissante, l'on constate une dégradation des terres concomitante à une réduction de la productivité.

Les revenus agricoles s'affaissent devant le coût de la vie devenu très élevé.

Les efforts ne manqueront pas pour pallier à cette conjoncture, mais aussi pour atténuer les effets de la salinité.

De nouvelles innovations techniques et méthodologiques d'amélioration des rendements de la production sont en étude au profit des producteurs.

Il s'agit de projets d'aménagement hydroagricole, des mises en défens en vue de conserver la végétation et d'atténuer le processus de dégradation des terres liée à la salinité des terres.

La pertinence des solutions proposées dépend de l'attitude à adopter par les acteurs concernés ainsi que de l'implication des bénéficiaires afin d'envisager une appropriation éventuelle des techniques et une responsabilisation plus accentuée. Cependant, pour faciliter l'accès des producteurs aux innovations, il faudra développer des initiatives décisives et adaptées au contexte dans les mesures d'accompagnement. La mise à disposition de moyens financiers est irréversible à la réalisation des objectifs du développement participatif.

Dans le cadre de l'assimilation technique, le renforcement de capacités des paysans est fondamentale afin d'espérer un avenir somptueux pour les producteurs (paysans) et l'économie sénégalaise en générale.

BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages généraux et mémoires

1. Michel (P.), « Les bassins des fleuves Sénégal et Gambie : Etude géomorphologique Tome 1, Chapitre II le milieu morpho climatique, Mémoires O.R.S.T.O.M, n° 63, Paris 1973.

2. Jean Tricart, « le modèle des régions sèches », 5e édition société d'Edition d'Enseignement Supérieur Paris, 1969, 472 pages.

3. Stratégies régionale de lutte contre la désertification, CILSS - janvier 1986.

4. Michel Bonfils « Halte à la désertification au Sahel » éditions Karthala CTA, 1987.

5. Communauté Rurale de Latmingué « Plan local de Développement », 2002.

6. Communauté Rurale de Ndiaffate « Plan Local de Développement », Septembre 2001.

7. Béye G : une méthode simple de dessalement des sols des tannes de Casamance. Le paillage. Agronomie tropicale n° 28, 1973 pages 537 à 548.

8. Diop M : « salinité et possibilité de valorisation des terres salées dans la région de Fatick. Mémoire de fin d'études, ENCR - Bambey, 1988, 85 pages.

9. Cisse C : les terres du Sine Saloum : stratégie de récupération : IREF, section Kaolack 1992, 12 pages.

10. Diagne A. & Touré I. : la fertilité des sols sahéliens ; problèmes fondamentaux et actions prioritaires. CILSS - novembre 1991 - 192 pages.

11. Soleil: Restauration des sols dégradés de 250 ha reboisés à Ndiaffate, Edition du Samedi 13 Septembre 2008.

12. Sokhna M. « récupération et régénération des terres salées par la mise en défens : l'expérience du PRECOBA dans la CR de Mbella cadio. » département de Fatick, 1994-1995. Mémoire UFR, Géo, UBG.

Sites Internet :

www.bameinfopol.info www.isra.sn

Questionnaire d'enquête ISRA

QUESTIONNAIRE EN DIRECTION DES PAYSANS OU EXPLOITANTS AGRICOLES

Date de l'enquête

Identification :

Prénom et Nom de l'enquêteur :

Prénom et Nom de l'enquêté:

A. Sexe : quel est votre sexe ?

1. Homme

2. Femme

B. Age : quel est votre âge ?

1. jeune

2. Adulte

3. Vieux

Manifestation du phénomène de salinisation

A. connaissance. Avez-vous eu connaissance ou senti la présence de la salinisation dans votre milieu ?

1. oui

2. Non .

B. Si Oui ; comment pouvez vous identifier le phénomène ?

1. Réduction du couvert végétal progressivement

2. Appauvrissement des sols

3. apparition de couches blanchâtres

4. Autres à préciser.

C. Comment pouvez-vous apprécier l'ampleur du phénomène dans votre zone ? 1. rapide

2. lente .

3. relativement lente

4. autres à préciser

D. Depuis combien d'années avez-vous senti les effets de la sur salure ?
1. 5 ans, 2. 10 ans, .

3. 15 ans, 4. 20 ans,

5. autres à préciser.

Par rapport aux conséquences

A. La salinisation a-t-elle créé des effets négatifs sur la productivité des terres ?

1. Oui

2. Non

B. Si oui comment, pouvez-vous les justifier ?

1. baisse des rendements agricoles

2. diminution des espaces de production

3. déboisement de nouveaux espaces agricoles

4. autres à préciser

C. Par rapport au cadre de vie des populations selon vous quels sont les effets sentis par celles-ci ?

1. Baisse des revenus agricoles .

2. dégradation des conditions de vie

3. exode rural en hausse .

4. autres à préciser

D. Comment pouvez-vous apprécier l'exode rural par exemple ?

1. important départ par famille

2. peu de départ

3. faible départ

4. autres à préciser

E. selon vous l'exode rural est d'origine agricole ou autres ?

1. oui

2. non .

F. les exploitations de nouveaux espaces agricoles ont-elles générées des conflits ?

1. Oui .

2. Non

G. si oui, quel type de conflits s'agissent-ils ?

1. conflits entre agriculteurs et pasteurs

2. conflits entre agriculteurs eux même

3. conflits entre éleveurs ou pasteurs eux même

4. autres à préciser. .

Relatives aux solutions en application

A. Quelle solution technique avez-vous mise en place pour la lutte contre la salinisation de vos terres ?

1. Mises en défens

2. Reboisement

3. Aménagement des terres

4. Construction de digues ou diguettes

5. Autres à préciser

B. Selon vous les autorités compétentes ont-elles fait quelques choses pour lutter contre ce phénomène ?

1. Oui

2. Non

C. Si oui, quels sont les moyens employés ?

1. microprojet

2. Programme de lutte

3. Plan

4. autres à préciser

D. d'autres structures non étatiques ont-ils intervenu dans la lutte contre la dégradation des terres ?

1. Oui

2. Non .

E. Si Oui, quelles sont ces structures ?

1. Green-Sénégal

2. Le plan

3. World vision

4. Autres à préciser

F. quels sont leurs moyens d'intervention ?

1. activités génératrices de revenus

2. activités agricoles de contre saison

3. formation des paysans en pratique de lutte contre la salinisation des terres

4. appui technique aux collectivités locales

5. appui financier

6. Autres à préciser

G. Comment pouvez-vous apprécier leur mode d'intervention ?

1. satisfaisant .

2. peu satisfaisant

3. insatisfaisant .

H. justifier votre réponse ?

1. les moyens d'interventions sont inefficaces

2. sont faibles

3. sont dépassés

4. autres à préciser .

GUIDE D'ENTRETIEN

Adressé aux agents des eaux et forets, aux conseils ruraux, aux relais

communautaires.

1. Quelles sont les manifestations de la salinisation dans cette localité ?

2. Comment selon vous les populations subissent les effets de la salure en rapport avec l'exploitation agricole ?

3. Y a t-il des solutions mises en place ? si oui lesquelles ? (programme, projet, ONG etc.)

4. Quelles appréciations faites-vous des moyens de lutte contre le phénomène ?

A. Satisfaisant

B. Peu satisfaisant

C. Insatisfaisant

5. Quelles perspectives préconisées en vue d'une éradication définitive du problème ?






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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld