Présenté par : Sous la
direction de :
Malick SANOKHO M. Boubou A. SY
Th~me:
La desertification des terres agrico(es et 6aisse des
rendements en milieu Sah~~ien: eacemp1e du phinomine de salinisation dans es
communautés rura(es de Latmingué et de Wdiaffate (Bassin
Arachidier du Siniga0
Université Gaston Berger de Saint
-louis
Section de Géographie/Laboratoire/EIDI
(Bassin Ar
Option : Ecosystèmes et
Environnement Formation doctorale Diplômes d'Etudes
Approfondies
Année académique 2008 - 2009
Au nom d'Allah, le miséricordieux, le tout
miséricordieux de par sa grâce, j'ai accompli ce travail et tant
d'autres dans ma vie.
Ce travail est le fruit d'une recherche subtile et minutieuse de
cinq mois au sein de la structure nationale de recherche, ISRA (Direction
Générale et annexes CNRF et UNIVAl).
Remerciements :
Je présente mes sincères remerciements à
tous ce qui m'ont aidé durant l'élaboration de ce travail, en
étant très disponibles et serviables durant nos entretiens.
+ Macoumba Diouf ex. Directeur Général de l'ISRA
+ Adrien Colly, responsable scientifique
+ Pape Noyene Diéye, responsable au BAME
+ Moussa Diop, agent à l'UNIVAL
+ Ouleye Anne, Stagiaire à l'U.I.G/isra
Je témoigne ma profonde gratitude à l'endroit de
:
M. B. Adioulma SY, mon Directeur de
mémoire, pour toute sa disponibilité.
M. Omar DIOP, le responsable de la formation
Doctorale LHS section Géographie, pour ses conseils
distingués.
> M. Amsatou Thiam, mon Directeur de stage
à ISRA
> Les agents de UNIVAL/ISRA, du CNRF.
> M. Moustapha NDIAYE de la CEPS/MEPN.
Remerciements et Reconnaissance :
Je ne saurai terminer ces lignes sans magnifier ma profonde et
chaleureuse reconnaissance à
- l'endroit des étudiants de ma promotion DEA-UGB 2008,
à Diaria, Madjiguéne Baro, Aissatou kane, Jules lô, Ousmane
Faye, etc.),
- l'endroit de mes ami(e)s et de ceux qui m'ont soutenu (Fatou
Lamane, Cheikh Elbou Diagne, Ouseynou Mané) durant tout le processus.
Je dédie ce travail de recherche à ma très
chère mère qui pour les prouesses accomplies aux fins de la
réussite de ses enfants.
Puis, de ce travail, je rends hommage à mon feu papa bien
aimé, pour les souvenirs de générosité et de
sagesse que je garde à jamais en lui.
Ensuite, à mon Oncle Boubacar SANOKHO, qui je ne saurai
jamais assez remercier pour ses conseils distingués.
Sans oublier, mes frères, mes soeurs, cousins et cousines
qui nous manifestent une affection sans égards.
A ma famille de Campement, de Kaolack, de Saint-Louis, de Dakar,
sans aucune distinction d'âge ni de sexe.
A mon oncle Ousmane Touré et à sa Femme, lesquels
je remercie profondément pour leur intérêt magnifié
à l'endroit de mes activités estudiantines.
Enfin, dédions ce travail à toutes les personnes de
prés ou de loin qui ont manifesté leur appui-conseil en vue de la
réalisation de cette modeste contribution dans la sphère
intellectuelle.
J'ose espérer que ce travail sera d'un grand apport pour
la communauté intellectuelle (chercheurs et étudiants) surtout
pour les populations concernées.
LISTE DES ACRONYMES
AEDD : Aménagement, Environnement et
Développement Durable
BAME : Bureau d'Analyses
Macroéconomique
CIRAD : Centre de Coopération
Internationale en recherche Agronomique pour le Développement
CILSS : Comité Inter-Etats de Lutte
contre la Sécheresse au Sahel
CNRA : Centre Nationale de Recherche
Agronomique
CR : Conseil Rural.
CNRF : Centre Nationale de Recherche
Forestière
CSE : le Centre de Suivi Ecologique
CORAF : Conseil Ouest et centre Africain pour la
Recherche et le Développement Agricoles.
CERAAS : Centre d'Etude Régional pour
l'Amélioration de l'Adaptation à la Sécheresse
CRZ de Kolda : Centre de Recherches
Zootechniques de Kolda
DEA : Diplôme d'études
approfondies
DG: Directeur Général ou Direction
Générale
FNRAA : Fonds National de Recherches Agricoles
et Agroalimentaires GOANA : la Grande Offensive pour
l'Alimentation en Abondance
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
ISRA : Institut Sénégalaise de
recherches agricoles
ITA : Institut de Technologie Alimentaire
IRHO: Institut de Recherches pour les Huiles et
les Oléagineux
IEMVT : Institut d'élevage et de
médecine vétérinaire des pays tropicaux NPA :
Nouvelle Politique Agricole au Sénégal
SAED : Société nationale
d'Aménagement et d'exploitation des terres du delta du fleuve
ORSTOM : Institut français de Recherche
pour le Développement en Coopération OMD : les
Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PSAOP : Programme des Services agricoles
d'Appui aux Organisations PAGERNA : Programme
Sénégalo-Allemand de Gestion des Ressources Naturelles
Progert : le Projet de gestion et de
restauration des terres dégradées du bassin arachidier
PLD : Plan Local de Développement.
PNAE : Plan National d'Action pour
l'Environnement.
PNLCD : Plan National de Lutte contre la
désertification.
PBA : Programme Sénégalo-allemand
de lutte contre la pauvreté en milieu rural dans Le Bassin
Arachidier.
UICN : Union Mondiale pour la Conservation de la
nature.
UGB : Université Gaston Berger de
Saint-louis
UNIVAL : unité d'information et de
valorisation
Sénégal et de la Falémé
Résumé du mémoire
La crise économique que connaît le
Sénégal depuis plusieurs décennies, a durement sévi
dans le monde rural qui en est l'une des principales victimes.
Les sécheresses fréquentes, l'avancée des
eaux salées dans le Sine-Saloum sur les espaces de cultures, le manque
d'intrants entre autres sont autant de facteurs qui ont contribué
à installer et à aggraver la crise en milieu paysan.
Elle est aujourd'hui, une évidence, partout au Sahel et
notamment dans le Bassin arachidier.
Notre recherche avait pour but d'analyser les manifestations de
la dégradation des terres, liée à la salinisation, dans
les communautés rurales de Latmingué et Ndiaffate. L'analyse
consiste à mesurer les effets de la dégradation ainsi que les
conséquences que celle-ci affecterait sur les conditions de vie des
paysans. Dans cette même dynamique, l'étude menée consiste
à appréhender les mesures appropriées mises en oeuvre par
les paysans et les acteurs en général face à l'ampleur de
ce phénomène bloquant la productivité agricole.
Les enquêtes ont été menées
auprès des services techniques agricoles et du développement du
rural, des projets d'appui, qui sont installés et travaillent sur ce
phénomène depuis plusieurs décennies (Ancar, GTZ etc.).
Les données glanées sont jointes aux analyses de
sédiments prélevés pour aboutir aux résultats
lesquels nous ont permis d'affirmer toutes les hypothèses émises
comme vraies.
Nous avons interrogé par questionnaire, un
échantillon indicatif de 100 paysans par zone d'études (les deux
CR), interviewé autres catégories de personnes : les OCB des
zones les plus affectées ; l'agent des services eaux et forets de la CR
de Latmingué, le conseil rural également à travers sa
commission environnement.
En ce qui concerne, l'appréciation des conditions
climatiques dans ces zones, telles qu'elles sont perçues par les
populations, les pluies de cette année sont bonnes. Selon elles, les
isohyètes en cours redonnent un espoir de reconstitution du couvert
végétal par conséquent éradique la
dégradation des terres causée par n'importe quel
phénomène à long terme.
Cependant, il reste que notre recherche soit partielle et ne
permet pas d'avoir des résultats détaillés statistiquement
sur toutes les communautés rurales étudiées par rapport
aux effets de la salinisation, car celle-ci n'est déroulée que
sur trois mois avec une phase de terrain d'une semaine. Dans la lutte contre la
dégradation en particulier la salinisation des sols, des
stratégies locales ont été mises en place :
Il s'agit pour les collectivités territoriales en question
de mettre en oeuvre des actions planifiées dans leur PLD respectif.
De se conformer aux textes et règlements en vigueur en
matière de protection de l'environnement et de reconstituer le couvert
végétal, condition préalable à l'éradication
de la dégradation des terres.
De mettre en application les recommandations formulées par
le CILSS, surtout celles qui concernent la mise en défens pour stopper
la coupe de bois et régner le couvert végétal.
Les services de l'état et les institutions doivent veiller
à l'application des textes et règlements mis à cet
effet.
Il faut trouver des palliatifs à la pauvreté
rurale, encourager les villageois à s'associer en OCB, les informer, les
sensibiliser et les motiver à combattre l'avancée des eaux
salées sur les terres fermes en lieu et place d'un exode rural dont le
constat est général. C'est d'eux et d'eux seuls que dépend
finalement une stratégie cohérente et réussie en
dépit de l'appui de l'état et des ONG. C'est la raison pour
laquelle la participation des populations dans les projets est devenue une
nécessité, si ce n'est pas une obligation.
Liste des tableaux et graphiques
Désignations
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Pages
|
Tableau 1 : Quelques valeurs de
|
P. 28
|
pentes affluées au bas Saloum
|
Tableau 2 :
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p. 30
|
Relevées
pluviométriques enregistrées, 2008
|
Graphique 1 : la proportion de la
|
p. 32
|
population connaissant la présence de la
salinisation des terres
|
Graphique 2 : l'ampleur du
|
p. 33
|
phénomène par zone
communautaire
|
Graphique 3 : les effets de la
|
p. 34
|
salinisation des terres
|
Graphique 4 : les conflits
|
p. 36
|
susceptibles
|
Graphique 5 : la proportion d'exode
rurale par CR.
|
P.37
|
Graphique 6 : les solutions
|
p. 40
|
techniques mises en place au niveau local
|
Liste des cartes
Désignation
|
Pages
|
N° 1: carte de situation des deux CR
étudiées
|
p. 21
|
N° 2 : Carte d'occupation des sols de La CR de
Latmingué
|
p. 23
|
N° 3 : Carte d'occupation des sols de la CR de
Ndiaffate :
|
p. 26
|
Table des matières :
> TITRES
> Table des matières
> Liste des abréviations
Sommaire
LISTE DES ACRONYMES - 4 -
Avant propos - 12 -
Introduction - 13 -
- 14 -
Chapitre I- La Problématique - 15 -
Chapitre 2- le Cadre Méthodologique - 19
-
2.1. La revue documentaire - 19 -
2.2. La phase de terrain - 21 -
U L'observation directe - 21 -
U Les enquêtes et entretiens informels -
21 -
U Prélèvement et l'analyse
d'échantillons de sols - 22 -
2.3. Les instruments de collecte des données
- 23 -
2.4. La détermination de l'échantillon
- 23 -
2.5. L'utilisation des instruments de collectes
- 24 -
2.6. Le traitement et l'analyse des données
- 24 -
2.7. Les limites de la recherche - 25 -
Chapitre 3- Analyse des concepts - 26 -
3.1. Description des Tannes - 26 -
3.2. La Salinisation - 27 -
3.3. La dégradation des terres - 28 -
3.4. La désertification au Sahel - 29
-
3.5. Le bassin arachidier - 30 -
Chapitre 4- le Cadre opératoire - 32 -
4.1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE - 32 -
Les Objectifs de recherche - 32 -
4.1.1. LES QUESTIONS DE RECHERCHE - 32 -
4.1.2 Les Hypothèses de recherche : - 33 -
Conclusion partielle (partie I) - 33 -
- 35 -
Chapitre I- Présentation des zones d'études
- 36 -
1.1. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE LATMINGUE
|
- 37 -
|
U Les caractéristiques physiques
|
- 37 -
|
U Le potentiel forestier
|
- 38 -
|
> La réserve naturelle de Koumbal
|
- 38 -
|
1.2. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE NDIAFFATE
|
- 40 -
|
> Potentialités et investissements
|
- 41 -
|
Chapitre 2- Analyse des Résultats
|
- 44 -
|
2.1. Aspects physio- pédologiques du sol
|
- 44 -
|
U L'évolution de la salinisation et de
l'acidification
|
- 44 -
|
U Evaluation des sédiments
|
- 46 -
|
2.2. Analyse pluviométrique
|
- 47 -
|
2.3. Aspect socio-économique du
phénomène
|
- 48 -
|
> Conflits sociaux
|
- 53 -
|
> Exode rural
|
- 54 -
|
2.4. Analyse des Stratégies de lutte contre la
salinisation
|
- 56 -
|
2.5. Techniques introduites par l'ISRA
|
- 56 -
|
2.5. Analyse de la stratégie locale
|
- 57 -
|
U Techniques de récupération et de
conservation des sols
|
- 57 -
|
> Analyse de la participation
|
- 59 -
|
CHAPITRE 3- Problèmes et perspectives de recherche
|
- 60 -
|
+ Cadre institutionnelle de lutte contre
dégradation des terres
|
- 60 -
|
+ Approche technique
|
- 61 -
|
+ Les ONG et les collectivités locales
|
- 62 -
|
+ Méthode participative
|
- 62 -
|
Conclusion partielle II
|
- 63 -
|
Conclusion
|
- 64 -
|
BIBLIOGRAPHIE
|
- 66 -
|
Questionnaire d'enquête ISRA
|
- 67 -
|
GUIDE D'ENTRETIEN
|
- 70 -
|
Avant propos
Depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des
années 80, l'espace sahélien est menacé par la
désertification des terres qui émane des rapports entre l'homme
et la nature.
Mis à part de ce facteur anthropique, la
désertification est aggravée par l'avancée des eaux
salées sur les terres fermes, lieux où les établissements
humains sont corrélés à des activités agricoles de
substance. Ce phénomène récent ne manque pas de
générer des effets néfastes sur les conditions de vie des
populations rurales traduits par la baisse substantielle des rendements
agricoles.
En effet, le bassin arachidier en particulier les zones
communautaires de Latmingué et de Ndiaffate situées dans la
partie sud du Sahel, face de cette situation tente de mettre en oeuvre des
moyens appropriés pour remédier à ces conditions de vie
devenues précaires.
Toutefois, les moyens techniques (modernes et traditionnels) mis
à cet effet sont inefficaces et parfois jugés dérisoires.
Il faut dire que le problème de ces milieux est profond et affecte
pratiquement tous les secteurs d'activités économiques.
Ce mémoire, on le verra, est optimiste pourvu qu'il puisse
orienter ou du moins contribuer à orienter les acteurs de
développement et les chercheurs dans l'effort de lutte contre
l'avancée des eaux salées par la reconstitution du couvert
végétal et l'augmentation des rendements agricoles.
Ces populations rencontrées dans les collectivités
locales étudiées, ont besoin d'être intégrées
dans la lutte contre la dégradation de leurs terres par le truchement du
conseil rural en partenariat avec les ONG et dans le tout le processus.
La mise au point de moyens technique et financier à la
mesure des besoins est inéluctable pour atteindre les objectifs
escomptés.
Introduction
L'économie du Sénégal est largement
tributaire du secteur agricole. Ce dernier absorbe à lui seul 70% de la
population active et participe jusqu'à 25% du PIB (Produit
Intérieur Brut). Nonobstant, cette importance de taille, ce secteur est
compromis ; ceci du fait de l'accentuation d'un certain nombre de contraintes
comme la baisse de la pluviométrie, la salinisation des terres et le
caractère extensif des exploitations.
Les techniques culturales comme l'amendement des sols sont
utilisées à un degré très faibles d'où
l'appauvrissement progressif des superficies exploitées. Dés
lors, pour prétendre à un accroissement de sa production, le
paysan sénégalais est souvent obligé de jouer sur
l'extension des surfaces agricoles.
Signalons entre autre que ce facteur terre n'est pas à
l'abri des problèmes. Il est surtout caractérisé par un
facteur menaçant qui est la dégradation des sols liée
à la remontée capillaire des eaux salées et dans de
secondes mesures à l'action anthropique.
Dans les zones comme la Casamance et le Sine Saloum, cette
dégradation se manifeste en grande partie à travers la
disparition du couvert végétal, l'augmentation de la superficie
des tannes. S'agissant de notre zone d'études en l'occurrence la
communauté rurale de Latmingué et de Ndiaffate, (cf.
carte n°1) les effets de la salinisation sont négatifs sur
le cadre de vie des populations avec des degrés variés en
fonction de la proximité avec les tannes ou l'intensité de
l'évaporation est forte. On peut citer entre autres, l'appauvrissement
des sols, la baisse des rendements agricoles et ses corollaires sur la
qualité de vie des paysans.
Pour mieux saisir les contraintes engendrées par les sels
et les stratégies locales mises en place, ce présent travail est
scindé en deux parties :
- La première partie consiste à mettre en
évidence les chapitres I, II, III et IV.
Il s'agit de traiter la problématique, la
méthodologie, le cadre conceptuel et le cadre opératoire.
- En dernier lieu, nous allons présenter les zones
d'étude et les résultats de notre
recherche. Nous terminons cette partie, sur la base des
résultats obtenus, en formulant des perspectives de recherches.
Chapitre I- La Problématique
La salinisation des tannes met en évidence une cause
principale d'ordre naturel (sécheresse) et une cause aggravante
directement liée à l'action anthropique. En zone aride, des
précipitations faibles et occasionnelles, induisent un drainage des eaux
nettement déficitaire pendant la plus grande partie de l'année :
les écoulements superficiels (bras de mer, marigots) ou hypodermiques
qui sont les lieux privilégiés de manifestations salines dans les
sols. L'importance de ces phénomènes dépend des apports
hydriques et du bilan évaporatoire imposé par le climat.
Le bilan évaporatoire ou différence entre
l'évaporation et les précipitations varie dans de larges mesures
depuis des valeurs inférieures à 300 mm jusqu'à des
valeurs supérieures à 1000 mm. Dans les zones désertiques
extrêmes arides, il est positif toute l'année avec des
épisodes pluvieux dont les effets sont rapidement effacés.
Des études menées au Sénégal entre
les années 1940 et 1970 dans les niveaux fluviomarins n'ont
révélé que l'existence des sols halomorphes
(Massibot et Al. 1946,
Charreau 1963, Maignieu 1965). Les sols
sulfatés acides ont été identifiés avec les
études menées par Beye (1972), et
Marius (1985).
Dans le Bassin arachidier (Sine Saloum), le
phénomène a eu comme conséquence l'hypersalure de la nappe
phréatique qui varie en fonction de la pente des écoulements,
mais surtout de la texture du sol qui subit les infiltrations capillaires.
La salinité des eaux de surface est presque deux
à trois fois plus élevée que celle de l'eau de mer qui
pénètre dans les estuaires avec une insuffisance du lessivage et
de la chasse d'eau salée et une forte évaporation. Mais les
relatives améliorations de la pluviométrie n'ont pas
été accompagnées d'une chute significative de la
salinité des eaux. Cette chute du niveau des nappes douces
superficielles a de graves conséquences sur la salure. En effet, les
eaux de surface et les nappes salées qui les bordent se sont
trouvées à l'échelle de la Sine Saloum à une
entité topographique supérieure à celle des nappes. La
remontée des nappes salées a induit une salure des sols des zones
basses atteignant souvent des teneurs supérieurs au seuil de
tolérance des espèces végétales halines. Les sols
du domaine des tannes du Sine Saloum se caractérisent par une grande
hétérogénéité due à
leur morphologie et à leurs propriétés physico-chimiques.
Leurs caractéristiques sont étroitement liées à la
topographie, au type de matériaux et à l'hydrologie en place.
Leur évolution pédogénètique actuelle est une
conséquence de la sévère sécheresse qui a
régné sur l'ensemble du Sénégal en particulier dans
la zone soudano-sahélienne. La sursalure, peu répandue avant les
années 1970, a vite atteint tous les sols depuis les terrasses jusqu'au
glacis de raccordement. Il ya migration verticale des sels par remontée
capillaire de la solution du sol ou de la nappe phréatique peu profonde,
sous l'action des phénomènes d'évaporation intense due aux
températures très élevées (25°c - 40°c)
et qui maintiennent pendant 8 à 9 mois un profil salin ascendant.
L'accumulation des livraisons salées transportées par les vers
favorise la dégradation des zones couvertes de
végétation.
A cause de ce processus, les sols restent sursalés
pendant presque toute l'année. Néanmoins, on observe pendant
l'hivernage, un dessalement des sols sableux des glacis de raccordement des
levées sableuses et des sols des hautes terrasses à topographie
plane grâce aux eaux de pluies. C'est le constant de tous les
problèmes liés à la salinisation qui a aboutit à la
mise en place de digue anti-sel ou de micro projets. Ces micro-projets ou
digues nécessitent un financement de plusieurs montants de franc qu'il
faut rentabiliser.
Aussi la mise en place de tels ouvrages doit entrainer
nécessairement un aménagement adéquat des vallées
voire un remembrement des terres. Mais au moment où l'Etat se
préoccupe de la politique de maitrise de l'eau pour lutter contre la
sécheresse et développer l'agriculture ( NPA, Plan REVA,
programme GOANA, etc.) dans le pays afin de parvenir à une
sécurité alimentaire, un débat avait opposé deux
courants de pensées des décideurs.
Les uns pensaient à la réalisation de
très grands ouvrages pour propulser le développement sur le plan
macro-économique en comptant sur la coopération régionale
et sous-régionale, tandis que d'autres optent pour la réalisation
de micro barrages nécessitant un moindre coût facilement
maitrisables par les populations à la base.
Concernant les zones où se situe notre cadre
d'étude en l'occurrence les Communautés rurales (CR) de
Latmingué et de Ndiaffate, des études précédentes
ont
révélées l'évolution du
phénomène de dégradation sous l'effet des eaux salines. En
2002, des études menées par la collectivité locale de
Latmingué dans le cadre du Plan Local de Développement (PLD) en
collaboration avec les stagiaires de l'Ecole Nationale d'économie
Appliquée (ENEA) et le PAGERNA, ont montré, que des
ménages subissent l'effet de la salinisation des terres par une baisse
de 10 à 15% de leur rendement habituel.
La proximité de celles-ci avec le bras de mer favorise
l'avancée des eaux salées vers les terres agricoles. Ce processus
renforcé par la surexploitation des terres constituent une contrainte
énorme pour les paysans et réduisent considérablement les
rendements agricoles et de façon progressive la dégradation des
conditions de vie.
La conjonction de ces contraintes entraine un exode de plus en
plus important des jeunes actifs vers les grandes villes. Ceci devient
problématique pour les autorités locales, les partenaires au
développement avec tous ses corollaires sur la productivité
agricole. C'est dans ce contexte que des microprojets pilotés par des
Organisations Non-Gouvernementales (ONG) ont pour objectif premier
d'améliorer le système de production par la mise en oeuvre de
pratiques fertilisant les terres. Il s'agit entre autres pour certaines zones
du Sine-Saloum, de reconstituer les mangroves susceptibles de freiner la
remontée saline dans les terres arables.
Aussi, certaines ONG avec les autorités locales se
fixent comme objectifs de réduire les déplacements des jeunes qui
sont la main d'oeuvre par le financement de quelques activités
génératrices de revenus. Dans la même dynamique des
activités de reboisement sont organisées afin de
régénérer le couvert végétal.
Toutefois, en dépit des efforts consentis dans le sens
de la lutte contre la progression saline pour une production agricole
conséquente, des difficultés persistent encore. Les effets de la
salinisation sont encore sentis par les populations traduisant par une
décroissance de la productivité.
La dynamique de dégradation dépasse largement les
capacités des services administratifs et de leurs moyens même
si ceux-ci sont sensiblement accrus ; les
campagnes de reboisement enregistrées dernièrement
dans la CR de Latmingué remontent en 2003, alors que les coupes de bois
sont quotidiennement constatées. Cependant une conscientisation du
problème a permis, dans certains villages, la mise en place d'une
stratégie locale de lutte par la mise en défens dont les impacts
gagnent peu de terrain. Par ailleurs, ce cortège de problèmes qui
émane de la dégradation des terres dans les zones en
étude, nécessite une analyse approfondie, en vue de lutter
efficacement contre ce phénomène.
Il convient à cet effet, pour une meilleure prise en
compte des préoccupations des populations de la localité
d'impliquer celles-ci dans les différentes phases du projet de
désalinisation entamé par l'Etat. Cette même raison qui
consiste à atteindre les objectifs de promotion agricole doit être
élargie dans les rapports entre les projets et programmes qui oeuvrent
dans ce sens.
Chapitre 2- le Cadre Méthodologique
Dans le cadre de cette présente étude, la
méthodologie adoptée s'articule autour de plusieurs étapes
: de la revue documentaire en passant par la phase de terrain jusqu'à
l'analyse et le traitement des données recueillies.
2.1. La revue documentaire
De nos jours, le débat portant sur la
problématique de la désertification en milieu sahélien
explique largement la richesse et la diversification de la documentation
relative à celle-ci. En effet, beaucoup d'univers de recherche ont
été explorés. Dans la plupart de ces univers, la
documentation (Rapports, Documents, Colloques, Etudes) relative à la
dégradation des terres au Sahel porte généralement sur les
facteurs, les effets et les stratégies adoptées par les pays
sahéliens soit dans le cadre du CILSS ou de la politique imposée
par la B.M (Banque Mondiale).
Parmi ces différents univers de recherche, on peut
citer le centre de lecture et la bibliothèque centrale de
l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, les
bibliothèques de l'Ecole Nationale d'Economie Appliquée (ENEA) et
de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD). L'Internet aussi a
été mis à contribution. Toujours dans la dynamique de
diversifier les sources de recherche, l'Unité de Valorisation (UNIVAL)
de l'Institut Sénégalais de Recherches Agronomiques (ISRA) a fait
l'objet d'une visite.
Il faut dire que de nombreux ouvrages ont été
écrits sur la désertification et la salinisation des terres au
Sahel.
Parmi ceux-ci : le sahel en lutte contre la
désertification : leçons d'expériences
Programme allemand/CILSS, 1989.
Dans cet ouvrage, une vingtaine d'expériences de lutte
contre la désertification au Sahel ont été recueillies.
L'objectif de l'ouvrage est de faire connaitre les acquis de la lutte contre la
désertification et de susciter des échanges entre les acteurs.
Puis, Marius (1985). Dans cet ouvrage sont
exposés les facteurs climatiques qui ont précédé
à la disparition du couvert végétal dans le bassin du
Saloum. Les conclusions tirées soulignent que la salinisation des
nappes s'est intensifiée depuis l'installation de
la sécheresse. Ce faisant le sens de l'écoulement a
été inversé pour passer des tannes vers le plateau.
Aussi le Mémoire de Sokhna M. «
Récupération et régénération des terres
salées par la mise en défens : l'expérience du PRECOBA
dans la C.R de Mbélla- cadio ». Département de Fatick, 1994
-1995.
C'est une étude qui porte sur l'analyse des techniques
améliorées mises au point par le PRECOBA pour atténuer
l'avancée des eaux salées dans le bassin versant du Sine-Saloum,
tout en recommandant la participation des paysans dans tout le processus de
lutte.
S'agissant de l'ouvrage de René Dumont : pour
l'Afrique, j'accuse, édition Plon, 1986, 482 pages ; on peut
ceux-ci.
Cet ouvrage est une véritable critique
développée à l'endroit des politiques imposées par
les puissances occidentales aux pays africains dans le cadre des options de
croissance économique. Selon l'auteur, la dégradation des
conditions écologiques au Sahel s'explique par l'adaptabilité des
politiques par rapport aux réalités du milieu. Pour cela, il
manifeste sa solidarité aux paysans lesquels sont les principales
victimes de l'échec de ces politiques.
Dans cette même dynamique, des ouvrages et rapports
émanant des institutions internationales ont été
consultés.
Retenons : Banque Mondiale, la désertification
dans les zones sahéliennes et soudaniennes de l'Afrique de l'Ouest,
Washington, 1985.
Ce rapport fait l'analyse des causes et des effets de la
désertification sur les conditions de vie des populations en Afrique de
l'Ouest. Toujours est-il que l'intervention de l'USAID dans la lutte contre la
désertification n'a été ignorée.
La liste des ouvrages ne peut être exhaustive mais
plutôt sélective.
Ainsi, force est de constater que tous les ouvrages
écrits relatifs aux effets et facteurs de la désertification
consultés ont traité le sujet presque dans sa
généralité en proposant des stratégies de lutte
contre les problèmes de désertification au Sahel.
Concernant les aspects de la salinisation, certains auteurs
l'ont qualifiés de catalyseur de la désertification ; autrement
dit disparition du couvert végétal et baisse des rendements.
Par ailleurs, la documentation a été
complétée par des enquêtes et entretiens auprès des
personnes cibles.
2.2. La phase de terrain
Vu sous l'angle de l'enquête par questionnaire ou
sondage d'opinions, la phase de terrain se procède par des
enquêtes et interviews auprès des populations cibles et des agents
du projet susceptibles de fournir des données aidant à
l'élaboration de ce travail.
u L'observation directe
Elle consiste, tout comme son nom l'indique, à observer
de visu les réalités du milieu étudié. Ce faisant,
de vastes espaces traduisant les tannes, où les sols affectés par
la salinité en dehors de tout usage agricole, ont retenu notre
attention.
Cette phase dans la recherche de données est
essentielle car permet un contact direct avec le milieu en vue de
s'imprégner des problèmes confrontés par les populations
elles-mêmes et relatifs à la salinité de leurs terres.
Il faut dire que c'est au moment du prélèvement
des échantillons d'eaux et de sels que l'observation avec la zone
d'étude s'est effectuée. Toujours est-il que cette phase est
déterminante dans la mesure où elle a permis, entre autres, de
voir des techniques (digues anti-sels) de lutte mises en place.
u Les enquêtes et entretiens informels
Cette étape est cruciale pour le recueil d'informations
aidant dans l'élaboration de notre travail de recherche. Pour se faire,
un entretien direct a été tenu auprès d'un agent du projet
PRODDEL (GTZ) basé à Kaolack, le PCR de Latmingué, les
secrétaires communautaires, deux présidents de la commission
environnementale, et (02) deux membres d'OCB, tous impliqués dans le
dispositif de lutte contre la désertification des terres par
l'avancée des eaux salées. Le PCR de Ndiaffate lors de notre
passage, malheureusement, n'était pas présent.
Par ailleurs, suivant la méthode non probabiliste
d'enquête, 100 personnes ont été soumises à un
questionnaire/ individu, en vue d'obtenir leurs opinions par rapport aux
questions posées. Cette technique constitue la
méthode raisonnée et se poursuit jusqu'à la satisfaction
des réponses fournies par l'enquêté.
Ces enquêtes et entretiens ont duré au total 10
jours. Seulement, il faut reconnaitre que les données glanées
nécessitent d'être complétées avec d'autres moyens
comme l'internet et les ouvrages généraux qui traitent du domaine
spécifique.
u Prélèvement et l'analyse
d'échantillons de sols
Durant notre passage sur les lieux, un
prélèvement de particules de sols et d'eaux a été
fait afin de déceler au laboratoire leurs composantes chimiques. A
partir du chef lieu de des deux CR (cf. le schéma de
l'itinéraire P.22) en direction des tanns, une
quantité d'une demi-cuillère de sols a été
prélevée à trois niveaux distancés de 400m environ.
Ces particules de sols sont mises en sachets différents en vue de mieux
appréhender, suite à l'analyse, le degré de
salinité par rapport à la pente observée. Les
échantillons sont analysés au labo de Bambey par un
spécialiste en pédologie dont les résultats nous sont
parvenus. Ceux-ci donnent une quantité d'ions acidités pour la
végétation et les sols.
Dans tous les niveaux prélevés, le Potentiel
d'Hydrogène (PH) décroit progressivement de 7 ; ce qui justifie
la présence d'une solution acide. Parmi les valeurs du PH, la plus
importante est de 5 et ce sont les sols situés au niveau des tannes.
Les valeurs obtenues par rapport à la
conductivité électrique montrent également un niveau
important de salinité du sol et des eaux (2.25 <Ce<5 ; sol salin)
et au niveau des tannes celle-ci est de 15ds/m et peuvent varier en fonction de
l'évaporation.
S'agissant de l'acidité des eaux, on s'est
référé aux résultats de l'étude menée
de Sokhna M. (1995) ; ceux-ci révèlent un taux
d'acidité élevé (6). Concernant les eaux de puits, il
suffit d'en gouter pour se rendre compte du caractère saumâtre de
celles-ci.
Tableau indicatif des valeurs de salinité
prélevées
|
Ce (ds/m)
|
PH (acidité)
|
V11
|
0,72
|
7,2
|
V2
|
2,20
|
6
|
V3
|
4,8
|
5,2
|
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
1 V1, V2 et V3 sont des valeurs de
prélèvement qui donnent lieu de la conductivité
électrique et du potentiel hydrogène suite à l'analyse au
labo.
hers gambie
Nerd
CR Ndiaffat CRLatmingue
P 1
P
~
P
~
Titre : Schema de la trajectoire des prelevements
dans le site
Commune KanlacA
P'
~
P' ~
P' 1
hers Niere du Rip
Tanns
Prelevement s
Leoende Localites
Pistes
Champs
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
La lecture, de ce schéma fait montre des
différents prélèvements effectués sur le site
d'études à savoir la CR de Latmingué et de Ndiaffate. Ce
travail permet sans doute de comparer les taux de salinité des
localités afin d'envisager des stratégies adoptées en
fonction de la zone.
2.3. Les instruments de collecte des
données
Concernant les instruments de collecte de données,
différents outils ont été utilisés pour la
recherche d'informations fiables à notre sujet d'étude. Il s'agit
de :
- le questionnaire d'enquête administré aux
bénéficiaires du projet.
- le guide d'entretien adressé aux Agents du projet GTZ et
Progert.2
- Des interviews semi structurés auprès des
services techniques.
2.4. La détermination de
l'échantillon
Un recensement, c'est-à-dire un décompte complet,
n'est pas toujours réalisable pour recueillir des données sur
l'ensemble de la population cible (paysans). Le groupe
2 Progert (projet de gestion des terres
dégradées et de conservation des sols) est un des projets
allemands de la GTZ basé au Sénégal.
est trop important et le temps insuffisant. Egalement, les
ressources et les fonds sont limités pour effectuer ce travail.
Au regard des avantages requis (fiabilité et
facilité à utiliser), notre méthode non probabiliste de
collecte des données est basée sur des techniques
d'enquêtes raisonnées évoquées
précédemment. Le choix est porté sur les populations
paysannes en raison de l'activité agricole dont les rendements subissent
les effets de la salinité des terres.
Ainsi 100 paysans ont été administrés par
des questionnaires d'enquête en vue de recueillir leurs opinions par
rapport à ce phénomène de salinité qui cause des
dommages à la productivité des terres agricoles.
Il faut dire que durant ce procédé nous n'avons
tenu compte ni de la localité d'origine, ni du sexe de
l'intéressé ; il suffit qu'il soit adulte et susceptible de nous
fournir des informations.
Pour ce faire, nous avons donc besoin de certains outils
statistiques pour déterminer la représentativité de nos
données et la fiabilité des informations
2.5. L'utiisation des instruments de
collectes
Suite à la définition des instruments de collecte
et à la constitution de notre échantillon, des personnes cibles
ont fait l'objet d'enquête par questionnaire.
En effet, l'enquête s'est procédée,
tantôt sur le mode de l'auto-administration que sur le mode face à
face.
Les guides d'entretien très souples et serviables ont
été établis et soumis à des personnes ressources
(membres d'OCB, agent du PRODDEL etc.), afin de compléter ou du moins
comparer les données relatives aux effets de la salinisation des sols
sur le niveau de vie des populations. Mais aussi, dans un sens donné
d'évaluer le degré de la dégradation du couvert
végétal.
2.6. Le traitement et l'analyse des
données
Après le procédé d'enquêtes par
questionnaire, les données recueillies sont traitées à
partir des logiciels spécifiques qui s'adaptent parfaitement à ce
genre de recherche. Il s'agit du SPSS, pour l'analyse statistique avec la
détermination de la distribution des fréquences des variables
qualifiants les indicateurs de recherche.
Puis, un croissement des résultats du traitement SPSS a
été effectué avec ceux des focus groupes conçus
pour les localités (personnes ressources, acteurs de
développement, relais communautaires) en vue d'une meilleure
qualification des résultats.
Concernant l'établissement des graphiques et tableaux, le
logiciel Excel a fait l'objet d'un usage fréquent, car il constitue un
outil de travail très pratique.
En plus de la confection des cartes de sols des deux CR, le
Centre de Suivi Ecologique de Dakar a été d'un apport important
pour l'obtention des données cartographiques relatives à la
localisation des zones étudiées. Le logiciel de Système
d'Information Géographique (SIG) a servi de matérialiser ces
données du milieu.
2.7. Les limites de la recherche
Cette présente étude, il faut le dire, est
emboîtée par le temps et les moyens financiers. La visite de
terrain a eu lieu au courant du mois d'octobre (10 jours seulement)
coïncidant avec la moisson (manque de temps pour les populations). En plus
la structure d'accueil n'a pas pris en charge les frais de déplacement ;
par conséquent, nous avons puisé sur nos ressources propres
lesquelles étaient limitées. Ce qui d'ailleurs a réduit
nos mouvements sur place.
Cependant, il faut signaler que le travail a pu être fait
dans un sens relativement facile puisque le terrain d'étude n'est pas
une zone totalement inconnue. Durant notre cursus, la CR de Latmingué a
fait l'objet d'une étude portant sur la gestion des ressources
ligneuses. Au chapitre des difficultés, il faut noter la
complexité de saisir les composantes chimiques des échantillons
de sol et de l'eau. C'est pourquoi, on a fait recours à un
spécialiste à Bambey ; et cela s'est passé après
moult contacts. Naturellement, toutes ces difficultés constituent des
éléments pouvant influer sur la qualité du document ;
néanmoins, force est de constater que le travail a pu être fait
grâce à une conjonction d'efforts. L'encadrement au niveau de la
structure n'a ménagé aucun effort pour la qualité de cette
recherche.
Chapitre 3- Analyse des concepts
Elle permet d'élucider les concepts clés non
seulement pour le lecteur averti mais aussi pour les correcteurs de ce travail
de recherche.
3.1. Description des Tannes
Les tannes sont la partie sous influence successive des
inondations et des retraits des eaux de la mer. Une concentration abondante de
cristaux de sels en surface est manifeste. Ce qui donne naissance à des
efflorescences blanches qui peuvent varier de l'évaporation.
La géomorphologie des Tannes du
Saloum
Les tannes du Sine Saloum constituent l'espace le plus complexe
du domaine fluviomarin sénégalais. Cela tient à la
diversité des unités géomorphologiques
héritées des différentes épisodes
morphogénétiques qui ont façonné le paysage au
quaternaire, à la variation du climat du nord au sud et à la
forte densité du réseau hydrographique. Ces tannes
diffèrent à ceux de la Gambie et de la Casamance par leur forme,
la nature
du substratum sédimentologique (plus sableux et par les
unités végétales plus étendues). « Au moment
de la première phase d'entaille qui est anté-geolienne, le climat
était devenu subaride. De grosses pluies espacées dans le temps,
engendraient après des écoulements brusques » Michel
P. page 56, Asequa mars 1970 in Thiam A.1985.
Puis le climat est devenu aride. C'est la phase Ogolienne, elle
correspond à la constitution des ergs orientés nord-est,
sud-ouest du sud de la Mauritanie jusqu'au Saloum, Michel P. page 28 Asequa
-juin 1970. Mais ce n'est que dans la seconde phase d'entaille qui est
post-ogolienne correspondant au pluvial (Michel P. page 28 Asequa- juin 1970)
que s'est constitué le réseau hydrographique du Sine et du
Saloum. Ce réseau a entaillé les plateaux cuirassés de
l'amont.
La période Nouakchottienne voit la mer
pénétrer dans la région du Sine Saloum jusqu'en amont de
Kaolack avec de plus de 3m de côte.
Le relèvement progressif du niveau de la mer s'est traduit
par une importante sédimentation marine. Durant la transgression marine,
il n'y a pas eu de colmatage. Il n'a commencé qu'au fur et à
mesure du retrait de la mer. Pendant la même période, il s'est
produit une sédimentation lagunaire avec des dépôts de
sable et de vase.
La dynamique actuelle est telle une forme dénudée
avec des efflorescences salines ; c'est la tanne nue.
3.2. La Salinisation
C'est un processus d'enrichissement d'un sol en sels solubles
qui aboutit à la formation d'un sol salin. La salinisation
entraîne un accroissement de la pression osmotique qui rend l'eau plus
difficilement mobilisable par les plantes. Ce phénomène dresse
une toxicité de certains ions pour les végétaux
(Cl-, Na+, etc.).
Au Sénégal, la salinisation est surtout
d'origine marine, ancienne ou actuelle, et se caractérise par des
inflations de la mer dans une nappe phréatique littorale qui est douce
au départ « bilan de la recherche agronomique et agroalimentaire au
Sénégal : 1964- 2004 ; ISRA, ITA, CIRAD ». Cet ouvrage va
plus loin, dit-il la salinisation marine ancienne est liée à la
dernière transgression marine, qui a laissé des surfaces d'eaux
piégées, qui sont devenues de véritables lagunes. Des
sédiments marins (sources de remontées salées) ont
également été déposés lors de cette
transgression. La présence de vases marines imprégnées de
salant marin le long de certaines côtes et estuaires (fleuve du Sine
Saloum, Casamance) donne naissance aux salés spéciaux
appelés sols sulfatés acides. Une salinisation secondaire
d'origine anthropique consiste à utiliser l'eau d'irrigation
chargée de sels sur des sols à mauvais drainage. Ce type est
assez fréquent au niveau des périmètres irrigués.
Dans ce cas, l'intensité du pouvoir évaporant est telle qu'il se
produit par moment des remontées capillaires entraînant les sels
vers les couches superficielles du sol.
Ce processus chimique et physique génère des
conséquences négatives sur les rendements agricoles de la
localité donnée. La salinisation, en effet, gène la
croissance des plantes et appauvrisse les sols en éléments
nutritifs. Les exploitants agricoles verront bientôt réduire leurs
revenus agricoles. Nous pouvons assister dans ce cas à des mouvements
d'exode de la population jeune en particulier, à la pauvreté
rurale à crescendo brève à une dégradation des
conditions de vie des populations concernées. Par ailleurs, les deux
communautés rurales qui font l'objet de cette présente recherche,
sont affectées par la remontée saline due à la
présence du bras de mer dont les fortes évaporations et la
sécheresse influencent ses effets.
3.3. La dégradation des terres
La dégradation des terres est généralement
définie comme une baisse temporaire ou permanente de la
productivité des terres. Elle peut résulter du changement
climatique ou de phénomènes naturels, mais il est plus
vraisemblable qu'elle dérive des activités humaines. La
dégradation peut être évaluée au moins en partie
à l'aide des nouvelles technologies, comme l'imagerie par satellite et
la capacité de calcul plus poussée des ordinateurs. Mais ceci ne
suffit pas, selon Louise Fresco, Sous-directrice
générale de la FAO pour l'agriculture. "Il est très
tentant de rester assis derrière un ordinateur, mais il est important de
constater exactement ce qui se passe sur le terrain", a déclaré
Mme Fresco en s'adressant aux Nations Unies et aux institutions de recherche
agricole. Aussi "Lorsque nous parlons de 'désertification', la menace ne
concerne pas bien entendu les terres qui sont déjà
désertiques", explique l'expert de la FAO, Freddy Nachtergaele. "Nous
entendons dégradation des terres productives mais fragiles qui
reçoivent 100 à
1 000 mm de précipitations annuelles et qu'une utilisation
non viable peut endommager ou anéantir." Certaines de ces terres peuvent
être cultivées. D'autres, comme les parcours ou la steppe, se
trouvent tout en bas de l'échelle des précipitations et servent
de pâturages aux moutons ou aux chameaux et d'abri à une part
importante de biodiversité végétale.
Le surpâturage ou la collecte excessive de bois de feu
peuvent entraîner la désertification, avant de laisser la place au
véritable désert. Dans les régions arides et semi-arides,
jusqu'à 25 pour cent des terres irriguées sont touchées
à différents degrés par le problème de la
salinisation. Ceci pourrait menacer 10 pour cent de la récolte
céréalière mondiale, quand plus de 800 millions de
personnes sont déjà victimes de la faim.
La lecture des analyses conceptuelles précédentes
montrent une relation étroite entre désertification et
dégradation des terres, ce qui amène Yves
Emsellem a parlé de processus évolutif d'une zone
donné, d'un terroir donné, transformant l'écologie ou la
vie était possible (...) Où les conditions d'existence humaines
sont de plus en plus précaires. Lorsque nous faisons
référence au cadre d'étude, les activités humaines
en l'occurrence les exploitations agricoles, peuvent être à
l'origine ou du moins précipiter la dégradation des terres dans
cette localité. Cependant dans une large mesure le
phénomène de la sursalure des terres est la cause principale. Il
faut y ajouter les facteurs
d'ensoleillement, de température, d'hygrométrie
.... Qui définissent le climat. Ce dernier est déterminé
par les précipitations qui au cours des dernières années
semblent indiquer une tendance sensible à la baisse.
Toutefois d'autres facteurs physiques peuvent intervenir mais
proprement dans ces zones étudiées, il faut dire que c'est dans
de moindre mesure.
3.4. La désertification au Sahel
A l'entame nous utilisons les propos de Michel Bonfils
dans « Halte à la désertification au
Sahel, 1987 » qui définit la désertification
comme la dégradation évolutive d'une zone donnée,
transformant une écologie où la vie était possible (....)
où les conditions d'existence de l'homme, de plus en plus
précaires, entraîneront dans une deuxième phase, une
régression de la population.
En effet, la désertification a une progression rapide au
Sahel certes, mais la conscience du phénomène de
désertification chez les populations est récente.
Elle se manifeste par plusieurs aspects avec ses corollaires sur
la production agricole lesquelles se font sentir les populations rurales au
premier plan.
Selon Michel Bonfils la désertification
n'est pas à assimiler avec l'avancée du désert. «
Elle est une détérioration par le dedans » ; implicitement
ce phénomène de dégradation émane des rapports de
l'homme qui existent avec l'environnement naturel en question.
Par ailleurs, il convient de reconnaître que le sahel
signifie étymologiquement
« rivage », et dérive du terme
arabe « sahil » par extension le mot appliqué
au Sahara va designer les bordures du Sahara et progressivement, il finit par
designer une zone géographique. Les études menées dans
cette zone par Michel Bonfils nous montrent une progression de
type géométrique de ce phénomène. A ce stade, on
enregistre l'exode de forces vives, entre autres impacts, d'où une
compromission des efforts de développement.
Toujours selon lui, la désertification se manifeste par
les indices suivants : v' Disparition du couvert végétal par
actions anthropiques.
v' Vulnérabilité du sol dénudé aux
vents violents, à la salinisation, etc.
Ce dernier facteur nous intéresse le plus car constitue la
pièce maîtresse de notre étude. Les eaux surchargées
de sels sous l'avancée de la mer par les vagues déversées
aux schorres, remontent par capillarité pour attaquer les
micro-organismes de la plante.
Celle-ci sous la pression d'éléments
surchargés de sels finira par disparaître et laisser la place
à de dunes de sables. Les conséquences que cela produit, sont
énormes. C'est bien ce qu'ont compris les chercheurs, les
décideurs politiques pour tenter de mettre au point des palliatifs
à ce phénomène.
Mais comment lutter contre la désertification ?
Évidemment lutter c'est prendre en compte tous les problèmes
dégradants et appauvrissant ; toutefois les propositions de cette
étude spécifique seront plus orientées à analyser
la dégradation sous l'angle de la salinisation des terres du Sine Saloum
en particulier dans les localités communautaires de Latmingué et
de Ndiaffate ou ce phénomène s'est manifesté de
façon nuisible à l'agriculture et au développement de la
végétation.
3.5. Le bassin arachidier
Le bassin arachidier est la zone rurale du Sénégal
la plus densément cultivée et la plus peuplée, avec une
population de 3 700 000 habitants représentant 45% de la population
totale du pays. Il s'étend sur plus de 220 km du Nord au Sud et plus de
200 km d'Est en Ouest, ce qui représente une superficie totale de plus
de 40 000 km2 où 21% de la superficie totale du pays. La région
du Sine-Saloum aussi bien que la collectivité territoriale de
Latmingué et celle de Ndiaffate sont parties intégrantes du
bassin arachidier. Aujourd'hui, le bassin arachidier est dans une phase de
dégradation avancée : On assiste à l'accroissement des
terres incultes, à la formation naturelle des dunes de sables puis
à la baisse du niveau hydrostatique et l'assèchement des puits
traditionnels. Enfin, il faut dire que la zone sahélienne est en proie
aux fréquentes tempêtes de sable dues à l'absence de
végétation susceptible de stopper les vents.
Ces différents éléments qui
caractérisent le Sahel expliquent en conséquence les difficiles
conditions de vie auxquelles les populations sont confrontées. La baisse
permanente des rendements agricoles, l'inefficacité des systèmes
de production en cours et le faible appui de l'Etat, entre autres, gênent
considérable le développement des exploitations agricoles. A cela
s'ajoute, pour certaines zones agricoles, la menace de la salure des terres ;
c'est le cas des zones en étude en l'occurrence le Sine-Saloum.
L'intérêt de la définition de ces concepts,
en réalité, traduit la richesse que constitue l'articulation des
données afin de permettre aux lecteurs de mieux comprendre le sujet de
la recherche. Aussi est-il que la pertinence et la qualité du travail
fournis y dépendent fortement.
Chapitre 4- le Cadre opératoire
Les questions de recherche Les hypothèses de recherche
4.1. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
Les Objectifs de recherche Objectif
Général
Contribuer à l'étude des effets de la salinisation
sur le plan économique et sur l'environnement.
Objectifs spécifiques
1 : Identifier des facteurs de la salinisation
des terres sur les productions agricoles dans le Bassin arachidier.
2 : Etudier les effets de la salinisation des
terres sur les conditions de vie des exploitants agricoles.
Explicitement les objectifs de cette présente étude
consisteront à connaitre les causes profondes du problème de
salinisation. Cependant, l'accent est mis plus sur l'analyse des effets de la
salinité des terres au plan écologique mais surtout sur le cadre
de vie des populations dont leur activité principale est liée
à l'agriculture.
Il faut dire aussi que dans le cadre global, les objectifs vont
aller dans le sens d'analyser la pertinence même des méthodes
techniques et pratiques de désalinisation, de préservation du
couvert végétal mis en oeuvre par les collectivités
locales en partenariat avec les projets en place (la GTZ et le PBA-Progert).
4.1.1. LES QUESTIONS DE RECHERCHE
Question générale :
Quels sont les facteurs de réduction des rendements
agricoles dans le bassin arachidier?
Questions spécifiques
1 : La dégradation des terres agricoles
(par salinisation) contribue-elle à une baisse des rendements agricoles
dans le bassin arachidier ?
2 : La baisse substantielle des revenus
agricoles est-elle favorable à un exode massif des jeunes ?
4.1.2 Les Hypothèses de recherche :
Hypothèse générale
La salinisation des terres (la dégradation des sols)
réduise les rendements agricoles et favorise la
détérioration des activités socio-économiques.
Hypothèses spécifiques
1 : la salinisation des terres explique une
baisse des rendements agricoles dans les collectivités locales
concernées.
2 : l'impact de la dégradation des terres
est défavorable aux activités socioéconomiques.
En définitive, par une simple supposition des faits ;
l'on considère que la salinisation des terres (avancée des eaux
salées) est à l'origine de la baisse des rendements et de la
dégradation du couvert de cette zone d'étude. Les
résultats obtenus, vont trancher sur la véracité des
hypothèses formulées au départ. Ces résultats entre
autre aident à la définition de projets concrets de lutte contre
le phénomène, pour les pouvoirs publics mais aussi pour les
décideurs économiques. D'ailleurs c'est dans ce sens que des
recommandations d'ordre techniques et stratégiques consistant à
intensifier la production agricole des localités respectivement
étudiées seront proposées de façon à
maintenir les populations jeunes qui se portent souvent candidats à
l'exode rural.
Conclusion partielle (partie I)
A la lumière de cette partie étudiée, la
problématique de ce sujet met en évidence un ensemble de
contraintes liées à la sursalure des terres. Celles-ci affectent
le cadre écologique et humain de manière négative. Pour
pallier cela, la collectivité locale a
besoin d'être impliqué dans les projets entrepris
par les autorités publics en collaboration avec des ONG (PBA-GTZ,
Progert) dans un sens de rendre plus efficace l'exécution des
actions.
Par ailleurs, l'élaboration d'une méthodologie
de travail a permis l'accès à des informations brutes grâce
à un procédé d'enquêtes questionnaires. Ces
données obtenues ont fait l'objet d'un traitement spécifique avec
des logiciels afin de mieux appréhender l'intensité du
phénomène de salinité des terres dans ces zones en
particulier.
Aussi, cette partie a vu l'élaboration d'hypothèses
de recherche et d'objectifs lesquels éléments ont
constitué la ligne de conduite de ce présent travail.
Chapitre I- Présentation des zones
d'études
La présentation de la carte de situation joue une
importance capitale car elle permet de mieux localiser les zones à
étudier par rapport à une échelle géographique plus
large comme ce fut la carte ci-dessus avec la région de Kaolack.
N° 1: carte de situation des deux CR
étudiées
Soure : CSE, oct 2008
Par une simple lecture, l'on se rend compte que les deux
Communautés rurales sont d'une position géographique presque
commune, à la limite à l'Ouest de la région administrative
de Kaolack ; zone par nature corrélée à des perturbations
pédologiques liées aux facteurs humains et physiques. La
particularité de cela, s'explique par la présence de fort taux
démographique mais aussi par la sécheresse qui favorise les
fortes évaporations.
1.1. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE LATMINGUE
Localisée dans l'arrondissement de Koumbal, sis au Nord
-Ouest de la commune de Kaolack, la Communauté Rurale de
Latmingué est composée de 82 villages étendus sur une
superficie de 328.75 km2. Sa population est estimée à
environ 25 213 habitants selon les données démographiques
enregistrées par le conseil rural en 2007.
Au Nord, nous avons le bras de mer du Saloum qui longe la
Communauté Rurale sur 24 km (source : Plan local de
développement 2002). Au Sud, elle est limitée par les
communautés rurales de Keur Baka et de Thiaré. A l'Est, nous
avons l'arrondissement de Mbirkelane, et enfin à l'Ouest, elle est
frontalière de l'arrondissement de Ndiendieng.
Par ailleurs, La carte communautaire de Latmingué est
déterminante pour la connaissance des villages qui composent cette
collectivité territoriale, mais elle est surtout d'un apport
conséquent pour l'identification du réseau hydrographique.
L'intérêt consiste donc à mieux comprendre les
difficultés confrontées par les autorités locales à
gérer à bien l'étendue de cette zone, mais aussi pour le
chercheur de situer les zones fortement affectées par les eaux
salées afin d'appesantir les interventions au niveau de celles-ci par de
stratégies efficaces et adaptées.
u Les caractéristiques physiques
Le relief est relativement plat dans son ensemble .Cependant, il
existe quelques poches de dépression localisées. Au Sud-ouest
(Koumbal), au centre (Latmingué, Paga etc..), à
l'extrémité Est (Keur yorodou et Thiacath Diery....).On constate
également des bas fonds. En ce concerne le climat ; il est de type
soudano-sahélien (chaud) avec l'alternance des deux saisons très
contrastées.
La saison sèche varie du mois de Novembre à Juin
sous l'influence de l'Alizé continental ou l'Harmattan, un vent qui est
un agent érosif très actif.
S'agissant de la saison humide, elle est longue de quatre (4)
mois juin à novembre), elle relève de l'installation de la
Mousson. Concernant la pluviométrie, les isohyètes varient de 400
à 800 mm avec une moyenne annuelle décennale de 660 mm et un
nombre de jours de pluies égales à 47
(source : relevées pluies CR
Latmingué, 2007). Cette moyenne cache des fluctuations avec une
variabilité inter annuelle importante.
u Le potentiel forestier
Le massif forestier de cette Communauté Rurale
s'étend sur 17% du terroir soit 55.88 km2. Il est
constitué d'une relative diversité d'espèces ligneuses qui
sont essentiellement formées par :
> La réserve naturelle de Koumbal
> les formations forestières du
littoral
> Les parcs agroforesteries
On peut les assimiler aux bois communautaires entretenus par des
groupes à la base. > Les mises en défens
Elles sont au nombre de 45 dont 31 officielles dans cette
Communauté Rurale. Ce sont des écosystèmes initiés
avec l'appui de certains partenaires au développement comme le Projet
d'Appui à la Gestion et à la Restauration des Ressources
Naturelles (PAGERNA).
A l'instar des autres CR, celle de Latmingué dispose
d'un potentiel forestier dont les ressources ligneuses jouent un rôle
important dans la satisfaction de la demande destinée à la
cuisine, au chauffage, à la pharmacopée traditionnelle mais
surtout l'acquisition de revenus substantiels pour certaines couches sociales
qui s'adonnent en plus des activités agricoles à l'exploitation
forestière.
Cependant sous l'effet de la pauvreté rurale et de la
désertification générée en partie par la
salinité des terres, le couvert végétal est menacé
de disparition.
Aujourd'hui, les résultats de l'analyse du secteur
forestier effectuée, soulèvent une déficience dans la
gestion des ressources forestières d'où le défi majeur
lancé dans le Plan d'Aménagement et de Gestion du Terroir (PAGT)
de la dite CR.
N° 2 : Carte d'occupation du sol de la CR de
Latmingué
Soure : CSE, oct 2008
Cette carte d'occupation des sols dans la CR de
Latmingué présente une distribution inégale des ressources
dans l'espace terroir. Au Sud, un grand espace fait l'objet d'activités
agricoles sous pluies où jalonnent les établissements humains.
Toutefois, la remarque évidente constitue la
séparation du terroir en deux grands espaces par le bras de mer. Au
Nord, les tannes occupent l'essentiel de l'espace avec une savane arbustive
à arborée distillée également au Sud.
Toujours est-il que l'avancée des tannes vers les espaces
de culture est néfaste pour le couvert végétal, justifiant
les rares réserves forestières.
1.2. LA ZONE COMMUNAUTAIRE DE NDIAFFATE
La communauté rurale de Ndiaffate se situe dans
l'arrondissement Ndiedieng, localisé dans le département de
Kaolack. Elle compte 74 établissements humains et couvre une superficie
de 209 km2, pour une population égale à 18 347
habitants environ en 2000 (Source : PLD Ndiaffate,
Septembre 2001) avec une densité moyenne de 88 hbts/km2.
Elle est limitée à l'Est par la Communauté rurale de
Latmingué, à l'Ouest par l'arrondissement de Djilor, au Sud par
les Communautés rurales de Ndiendieng et Keur Socé Palmarin, au
Nord par les communautés rurales de Thiomby, Dya et la commune de
Kaolack (Cf. carte de localisation). Elle est traversée dans sa partie
Nord par plusieurs bolongs issus du bras de mer « le Saloum ». Cette
CR se caractérise écologiquement par une dégradation
très avancée de ses ressources naturelles et du couvert
végétal ligneux en particulier.
Parmi les facteurs de la dégradation, il y a :
Les fortes pressions anthropiques sur les ressources.
La concurrence entre les différents usagers.
La salinisation progressive des terres, etc.
Aujourd'hui, la responsabilisation des collectivités
locales quant à la gestion des ressources naturelles, se traduit par
l'opportunité qui leur est offerte par les textes et lois en vigueur,
d'élaborer et de mettre en oeuvre, par une approche participative,
conjointement avec les services techniques, les ONG et les populations des
règles portant sur la gestion des ressources naturelles de leur
territoire. Autrement dit grâce aux transferts de compétences en
matière d'environnement et de gestion des ressources naturelles, les
communautés rurales peuvent être appuyées dans
l'élaboration et la mise en oeuvre d'un ensemble de règles
consensuelles pour réhabiliter, protéger et gérer les
ressources de leurs terroirs, de façon à produire durablement des
avantages écologiques, socio-économiques et culturels.
En effet, la gestion des ressources naturelles « communes
» est possible s'il existe des règles effectives qui
contrôlent l'accès et l'exploitation. Autrement dit, une
régulation de l'accès à ces ressources communes. Seulement
ces règles ne sont efficaces que s'il y a des mécanismes de
surveillance et des mesures réglementaires pour les transgressions. Les
mesures réglementaires doivent être effectives et graduelles. Des
mécanismes associant les ayants droit ou usagers, sont
nécessaires pour renégocier et modifier les
règles. Ceci est d'autant plus important que dans les
zones à aménager, il existe parfois des enjeux latents autour de
l'utilisation des ressources naturelles et sur lesquels il faut anticiper.
> Potentialités et investissements
Celle-ci (la CR de Ndiaffate) dispose d'énormes
potentialités en termes de ressources naturelles et humaines, cependant
l'avancée des eaux salées menace les exploitations agricoles,
bien plus importantes qu'au niveau de la communauté rurale de
Latmingué. Conscient de la nuisance de la salinité et de la
dégradation des terres, le conseil rural intègre le volet
protection de l'environnement dans son Plan Local Développement (PLD) de
2002.
Par ailleurs, dans le cadre de l'appui qu'elle réserve aux
plans locaux de développement (PLD) et la lutte contre la
pauvreté dans les zones rurales, la coopération allemande a
investi en l'espace de trois ans (2001-2004) plus de 225 millions de francs
dans la communauté rurale de Ndiaffate
Cet investissement s'inscrit dans le cadre d'un projet de
reboisement qui favorise la reconstitution de la mangrove en vue d'une
meilleure considération des préoccupations environnementales dans
les actions de développement communautaires. Ainsi, par le biais de son
conseil rural, ce projet pousse aujourd'hui un grand soulagement. Dans le
domaine de la gestion durable des ressources naturelles par une meilleure
intégration de la dimension spatiale et environnementale dans les plans
de développement, la communauté rurale de Ndiaffate lie une
coopération avec le GTZ.
Concernant la restauration des terres (le Projet de gestion et de
restauration des terres dégradées du bassin arachidier),
le Progert intervient, dans la mise en oeuvre de son
programme, dans cette communauté rurale par des actions de reboisement
et de sensibilisation. Le Programme bois de village 2005, initié depuis
2004, tente de répondre aux sollicitations des populations tout en
répondant aux exigences pédoclimatiques de la zone
d'intervention. La campagne a duré 3 mois (juillet - octobre) et a
intéressé une cinquantaine de villages. A cet effet,
une superficie de plus de 250 ha de terres a été
reboisée dans la Communauté rurale de Ndiaffate dans le cadre de
sa politique de restitution et de restauration du couvert
végétal.
Toutefois, ces divers efforts consentis en partenariat avec des
projets, n'ont pas empêché la sursalure des terres due à la
remontée par capillarité des eaux salées. Ce qui
par conséquent constitue un facteur bloquant
l'exploitation agricole et réduit les rendements des producteurs
annuellement.
Les études à mener sur le terrain dans cette
présente recherche consistent à mieux appréhender le
problème de la salinisation, à connaître les
stratégies locales en place et mieux à apporter une contribution
scientifique dans la lutte contre la sursalure des terres et des eaux
douces.
N° 3 : Carte d'occupation des sols de la CR de
Ndiaffate
Soure : CSE, oct 2008
La lecture de la carte n°3 des sols relative à cette
CR montre des potentialités énormes en termes de ressources
naturelles. Un vaste réseau hydrographique couvre tout
l'espace Nord avec la présence de mangroves et de
vallées humides en saison hivernage. Au centre et au Sud, la
légende révèle un espace partagé entre les zones de
cultures pluviales, les savanes (arborée et arbustive à
arborée) et les établissements humains. Il faut dire que les
tannes observées constituent la continuité de ceux
localisés dans la CR de Latmingué.
Dans tous les cas, la présence de la salinité des
terres gênent considérables le développement des
activités agricoles dans la CR.
Chapitre 2- Analyse des Résultats
Dans la présente étude, l'analyse des
résultats demeure une opération obligatoire en vue de confirmer
ou d'infirmer nos hypothèses émises au départ.
2.1. Aspects physio- pédologiques du
sol.
Cette partie porte sur deux aspects caractéristiques des
sols dans les zones en étude : D'abord, la salinisation et
l'acidité des sols, enfin l'évaluation des sédiments.
u L'évolution de la salinisation et de
l'acidification
Sur l'essentiel des parcelles affectées ou
présumées affecter par la salinité, des observations ont
été effectuées et 3 prélèvements de sols et
d'eaux opérés suivant la pente du fleuve en vue d'une analyse au
laboratoire (bilan ionique).
Les unités physio-pédologiques présentent
l'évolution de façon variée de la salinité et de
l'acidité. L'étude menée sur plusieurs années sur
les zones réellement affectées, fait montre d'une augmentation
progressive de tannes vives au dépens de tannes herbacées et
arbustifs « Sadio S. 1991 ». Ici (pour faire
allusion au bassin arachidier) des champs de cultures sont voués
à l'abandon ou à une baisse de leur rendement. Le régime
hydrologique a été complètement inversé avec un
écoulement des tannes vers les plateaux. Les chenaux de marées et
les affluents se transforment en saumures après l'hivernage ; «
Sokhna M., 1994-1995 ».
Dans certaines zones (Villages de la CR de Ndiaffate surtout), la
superficie des tannes a presque doublé en une décennie de l'avis
de la majorité des personnes enquêtées ; ce qui explique la
disparition du couvert végétal dans la partie Nord des CR
étudiées. Une étude menée dans la cadre du PRODDEL
(rapport GTZ 2004), considère les effets de la salinisation comme
facteur potentiel de dégradation et de déséquilibre
écologique.
Par ailleurs, la faiblesse des dénivellements contribue
à la dégradation très poussée des eaux du fleuve
Saloum et de ses affluents dont on compte un nombre assez important dans les
deux CR étudiées (Cf. cartes de localisation).
L'analyse du tableau n°1, fait montre du
niveau des pentes ainsi que de la longueur de quelques vallées et
affluents du fleuve Saloum.
Le constat général fait état de la faiblesse
des dénivellements, excepté le bassin de Senghor qui
présente une échelle relativement importante 6/1000.
De visu, le phénomène de salinité des terres
touche avec acuité les villages de la CR de Ndiaffate, réduisant
constamment les rendements agricoles qu'ils escomptaient pour une
autosuffisance alimentaire et par ricochet la masse paysanne qui embrasse le
chemin de l'exode a accru. A cet effet, dans le cadre du
Progert, les autorités de cette collectivité
locale comptent entreprendre des actions de lutte contre la dégradation
des terres marquée par une forte avancée de la langue
salée.
Tableau 1 : Quelques valeurs de pentes
affluées au bas Saloum
« Saloum »
Marigots
Bassin
Thikate-Diéri
Latmingué
Marigots
Senghor
Sokone
Nema
Tawa
Bil
Valeurs
Longueur km
40
26
20
36
26
16
15
7/10.000
5.5/1000
1.3/1000
1.6/1000
6/1000
3/1000
5/1000
Pente
Source: G. Diluce 1975, in Diop E.S 1978, in M.
Sokhna 1994
Globalement, les valeurs de pente observées (cf. tableau
1) sont faibles et réciproquement celles des apports d'eaux douces en
provenance des affluents amont du fleuve.
En conséquence, on assiste à l'aggravation du
phénomène de salinisation des cours d'eaux. La Cr de
Latmingué, ou sur 26 km est traversée par les eaux du Saloum et
se confronte à une disparition de certaines espèces telle que
l'Avicennia et l'apparition de tannes vifs. Depuis plus d'une décennie,
les populations (source : enquête mémoire)
constatent l'affaissement des eaux douces des nappes, et par endroit en raison
de l'infiltration biseau-salée, les eaux de puits sont devenues
progressivement saumâtres. S'agissant de la morpho dynamique des sols des
zones étudiées, il faut dire que le paysage anthropisé
révèle la conséquence de la présence ou de
l'intervention de l'homme qui a modifié les unités
pédologiques en place. La présence de l'homme dans
le bassin arachidier remonte à l'ère ogolienne ;
Michel P. Asequa mars 1970 in Thiam A.1985, on doit
intégrer le facteur anthropique pour expliquer la dynamique des sols.
Dans ces localités, la convergence autour des ressources naturelles a
accentué la dégradation de celles-ci et engendré souvent
des risques de conflits sociaux.
La texture du sol (de prédominance sableuse), a
favorisé l'érosion du vent sur la terre. L'action
conjuguée du vent, de la sécheresse, des fortes
évaporations hydriques et de l'homme a déstabilisé le
processus naturel et normal de régénération des
plantes.
On assiste aussi à la disparition progressive de la
diversité biologique dans cet écosystème. Selon certaines
personnes, depuis une décennie, les phacochères ont migré
vers les zones plus humides en profondeur des îles Saloum. Il faut noter
aussi, la menace que pèse sur les végétations de mangroves
est forte.
u Evaluation des sédiments
Concernant l'évaluation des sédiments, les
résultats obtenus à partir de la méthodologie d'analyse au
laboratoire, montrent qu'il est possible de mesurer la gravité du
phénomène dans la zone par la détermination du taux
d'acidité contenu dans le sédiment. En effet, cette
évaluation a permis d'obtenir des résultats variés en
fonction de la distance qui sépare le lieu de prélèvement
et les tannes. Ces variations traduisent un sol très acide ou le
Potentiel d'Hydrogène (PH) est < 4,5 et avec une conductivité
électrique importante (20 -50) au niveau des zones de tannes. S`agissant
des zones d'exploitation agricole, nous avons identifié une
conductivité électrique très faible et varie très
souvent en fonction de l'éloignement avec les tannes. Dans cette zone
est notée une faible acidité tendant vers le sol basique (PH=
7).
L'analyse des résultats recueillis fait montre qu'il
existe un rapport étroit entre la baisse des rendements agricoles et la
salinisation des terres. Au regard des valeurs de conductivité et
d'acidité (Ce = 50 et PH< 4,5), il est évident que le milieu
soit envahi par l'avancée de la mer salée.
Toutefois à quelques distances des établissements
humains, la manifestation du phénomène se limite au niveau des
eaux de puits et cela ne concernent pas tous les villages des
collectivités locales. Globalement, dans la CR de Latmingué, la
conductivité électrique qui résulte des analyses montre un
sol non salin, mais cela n'occulte en rien la présence notoire des
tannes et la manifestation de dégradation de terres.
Il faut noter que c'est dans la CR de Latmingué que
l'ampleur du phénomène de salinité des terres est moins
drastique par rapport à celle de Ndiaffate. Seulement, on constate
partout la dégradation des ressources naturelles et l'exploitation
excessive des sols viennent se joindre à ce facteur clés (la
baisse des rendements agricoles). Ce qui explique les manifestations de la
désertification avec l'apparition de nouvelles espèces
végétales tendant vers une pseudo steppe où domine le
genre Acacia associé à d'autres épineux comme Sourour
(acacia Seyal), le Jujube (zizyphus mauritiana).
2.2. Analyse pluviométrique
La dynamique saline a connu des proportions imputées aux
facteurs climatiques. La sécheresse qui a sévi dans les
années 1970 et 80 dans le bassin arachidier (Kaolack et Fatick en
particulier) a généré des impacts négatifs sur la
productivité des terres agricoles et favorisé la salinisation.
Par endroit au fil des années, une évolution
pluviométrique relativement positive est notoire ; toutefois, les fortes
évaporations en saison sèche (25- 40°c) ont
intensifié l'accumulation des sels contenus dans la nappe
phréatique (mémoire M. Sokhna, 1994- 95). Par ailleurs, il faut
reconnaître que les pluies enregistrées durant cette année
vont amoindrir les niveaux d'acidité espérés. Peut
être qu'il faut attendre la fin de la saison pluvieuse avec les forts
moments d'ensoleillement pour avoir des résultats plus pertinents et
adaptés aux réalités du milieu.
Tableau 2 : Relevées
pluviométriques enregistrées, 2008
Mois
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Septembre
|
Isohyète
776.67 mm
|
|
|
|
|
59,17
|
269,9 mm
|
254,8 mm
|
102,8 mm
|
Source : Conseil Rural de Latmingué,
2008
Le tableau n°2 montre une quantité
pluviométrique (isohyète) de 776,67 mm de 4mois de pluies. Une
quantité qui est assez suffisante pour assurer une bonne production
céréalière de plus si celle-ci est
accompagnée d'intrants. Selon, les enquêtes menées,
certaines populations affirment l'idée selon laquelle une
possibilité de régénération naturelle est
évidente si les quantités de pluies enregistrées demeurent
ainsi pour les années à venir. Concernant la salinité des
terres, les fortes évaporations favorables à ce
phénomène peuvent être dissipées avec les abondances
pluviométriques ; d'où leur importance non seulement pour la
désertification mais aussi pour la désalinisation.
Par ailleurs, au delà du simple constat des données
pluviométriques, il convient de retenir l'importance du facteur pluie
dans la reconstitution du couvert végétal en vue d'assurer
l'équilibre écologique favorable au développement des
activités socioéconomiques des localités directement
concernées mais aussi à une échelle plus large.
2.3. Aspect socio-économique du
phénomène
De façon générale, la salure des sols a
entraîné la disparition du couvert végétal dans
certaines parties des estuaires et du littoral nord du Saloum. Par une simple
observation des cartes de localisation, nous allons nous rendre compte de la
zone des tannes. Beaucoup d'espaces où jadis existaient les mangroves
dans la période ogolienne, Michel P. page 56, Asequa- mars 1970,
in Thiam A. 1985, sont aujourd'hui des chenaux de marées
transformés en saumures pendant la période sèche.
Les espaces agricoles réduites et les tannes, se
substituent en zone de cueillette de sels pendant la saison sèche. Aussi
bien dans la zone de Latmingué que dans celle de Ndiaffate, cette
activité est devenue une source pour les femmes et les jeunes de
revenus.
Par ailleurs, il est tout à fait certain que la zone
sahélienne, même sans aggravation du facteur salin sur le couvert
arboré, évoluerait aujourd'hui vers une situation de
désertification au regard de la pression démographique sur les
ressources naturelles. Avec la coupe du bois, les feux de brousse et la
surexploitation des terres agricoles, l'équilibre a rompu laissant en
place de grands espaces en phase de constitution de dunes de sables. Force est
de constater que les populations locales pour pallier à cette situation
désolante tentent de mettre au point des mesures traditionnelles de
lutte, en s'organisant en OCB.
Toutefois, pour mieux saisir de la synergie d'intégration
des populations dans la lutte, il convient d'analyser leur niveau de
connaissance de l'existence du phénomène de salinisation qui
demeure un facteur clé de désertification.
Graphique 1 : la proportion de la population selon
les CR connaissant la présence de la salinisation des terres
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Ndiaffate
88
12
Latmingué
70
30
non
oui
oui non
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Au regard des résultats du Graphique n°1, la
proportion de la population qui connaisse où du moins sent la
présence de la salinisation est très importante. Dans la
collectivité locale de Latmingué 70% des enquêtées
affirment avoir connu ou senti directement la manifestation du
phénomène de salinité des terres. Selon certaines d'entre
elles, le
phénomène s'identifie par l'existence de nouvelles
espèces halophytes et de touffes d'herbes constatés de visu au
niveau des tannes et dans la réserve forestière. Mais, c'est
surtout la transformation des eaux de puits en saumâtres qui illustre
bien leur opinion. Tandis que dans la CR de Ndiaffate, 88% des populations
connaissent ou sentent directement la présence saline sur les terres
agricoles contre une minorité de personnes qui représentent 12%
des effectifs.
La conclusion à tirer est la différence assez
notoire de la conscience du phénomène. La CR de Ndiaffate subisse
largement les effets de la salinité. Cela est dû à la
présence d'un vaste réseau hydrographique (affluents du Saloum et
bolongs) envahi par la remontée saline depuis plusieurs
décennies. Dans la CR de Latmingué, nous sommes dans la phase de
la manifestation du phénomène, tandis que dans celle de
Ndiaffate, celui-ci est plus visible et ses effets sont assez perceptibles.
La texture du sol selon A. Thiam chercheur au CNRF/ISRA importe
peu, mais seulement le degré de salinisation est désastreux dans
les sols sableux qu'argileux. La conscience du
phénomène de salinisation, de désertification et de sa
progression rapide est corroborée, selon les enquêtes
menées, au niveau des responsables, des populations aussi. D'ailleurs
avec le Progert, le reboisement de la mangrove (Cr de
Ndiaffate) et l'implantation de bois de village, sont entrain de s'incruster
dans la mentalité des populations bénéficiaires. En les
reconstituants, elles s'adonnent à des activités
génératrices de revenus lesquelles sont susceptibles
d'améliorer la qualité de leur vie et celle de l'environnement
naturel.
Mais, il faut dire que cette conscience est fragile et risque de
s'alanguir si une volonté politique déterminée ne la
soutient pas soigneusement et si les responsables du projet de reboisement
n'entreprennent pas sans tarder des applications à grande
échelle, rationnellement programmées.
Graphique 2 : proportion de l'ampleur du
phénomène par zone communautaire
40
20
60
50
30
10
0
52
0
20
41
27
27
1 0
7
25
CR Ndiaffate CR Latmingue
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
L'analyse de la dynamique saline des terres montre que 52% des
populations considèrent que la progression des eaux salées est
rapide sur les terres agricoles de la CR de Ndiaffate. Tandis que dans la CR de
Latmingué plus de la moitié des paysans enquêtés
supposent que l'ampleur du phénomène de salinité est
lente, ou relativement lente. Un nombre relatif de 7% ignore
complètement le phénomène, la raison qui
explique leur incapacité à se prononcer. Le
croisement de ces données avec celles engrangées dans la CR de
Ndiaffate, fait montre d'une différence de niveau d'évolution.
Cela s'explique par la présence de nombreuses formations de tannes qui
sont plus visibles et perceptibles à travers les affluents et
défluents du fleuve Saloum. Les accumulations de sels favorisées
par la sécheresse et les fortes évaporations des eaux surtout en
saison sèche, sont nuisibles à la productivité agricole.
La végétation (mangroves en particulier) censée
atténuer ses effets, est soumise à une forte pression anthropique
aboutissant ainsi à sa réduction.
D'ailleurs dans cette CR, plusieurs paysans ont dû abonner
leurs activités agricoles pour se muer dans d'autres métiers
comme l'artisanat et le petit commerce, s'ils ne militent pas en faveur de
l'exode. Il est évident qu'au regard des résultats portant sur
les effets sensibles de la salinité de constater une baisse plus
importante des rendements agricoles dans la CR de Ndiaffate. Une
réduction des rendements aurait sans doute un impact sur les
activités socio-économiques des populations, mais c'est surtout
la question de l'autosuffisance alimentaire qui est récurrente et
problématique.
Les possibilités d'accroître la production
n'existent pas actuellement ou du moins ne sont pas suffisamment
exploitées. La situation ainsi décrite montre comme facteur
limitant les eaux salées. Le taux de nuisance est lié en grande
partie à leur niveau de progression sur les terres agricoles.
Graphique 3 : les effets de la salinisation des
terres
40
35
30
25
20
15
10
5
0
les effets de la salinisation selon les
populations enquêtées
36
Fréquence Pour cent
20
9
35
36
20
9
35
baisse des rendements agricoles
diminution de la fertilité des terres
deboisement d'espaces forestiers
baisse de productivité des vallées
maraichéres
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
A l'analyse du Graphique n°3, 36% pensent comme effet
négatif direct de la salinité, la baisse des rendements
agricoles, et 35% attribuent la baisse de productivité des
vallées à ce facteur. Les 29% restant, sont d'opinions
partagées entre le déboisement d'espaces forestiers et la
diminution de la fertilité des terres de la Cr de Ndiaffate,
causés par la remontée des eaux salées. Ces
résultats glanés permettent de dire que les effets du
phénomène de dégradation causée par la
salinité sur l'environnement, sont divers et nuisibles à leur
régénération. La baisse des rendements agricoles produit
des conséquences énormes sur les conditions d'existence des
populations. Celles-ci ne disposant que l'unique revenu agricole du moins pour
subvenir à leurs besoins vitaux, subissent progressivement les effets de
la salinité.
Ces deux CR, de position géographique contiguë,
subissent les effets de la salinité, mais à des degrés
variés. Toutefois de façon générale, on constate
aujourd'hui que leurs ressources naturelles sont dégradées ou
menacées de dégradation. Ce processus de dégradation est
très avancé dans certaines zones agro pastorales où l'on
pratique l'agriculture et l'élevage extensifs. C'est le cas dans la zone
agro écologique du Bassin Arachidier, la zone de transition agro
pastorale qui couvrent les régions de Kaolack et Fatick, et dans
lesquelles plus de 70% de la population dépendent de l'agriculture et de
l'élevage, (source : GTZ 2002.)
Cette dégradation est souvent liée à une
surexploitation de ces ressources par l'homme (coupe abusive, extension de
terres cultivables, carbonisation...), à l'absence de gestion
concertée, aux effets climatiques (forte évaporation,
salinisation des terres) etc. Pour renverser cette tendance négative,
l'Etat sénégalais a entrepris ces dernières années,
une politique de gestion durable des ressources naturelles basée sur
l'approche participative. Dans le PNAE (Plan National d'Action pour
l'Environnement) et de façon spécifique le PNLCD (Plan National
de Lutte contre la désertification), les autorités
étatiques visent à réduire le taux de la pauvreté
et de tout facteur conduisant à la désertification des terres par
la mise en oeuvre de projets générateurs de revenus pour les
populations. A cet effet, les conflits qui dégénèrent
souvent de la rareté des ressources pourront se dissiper facilement.
> Conflits sociaux
La réduction des espaces cultivables (le cas de la Cr
de Ndiaffate) amène les paysans à déboiser de nouveaux
espaces jusqu'alors réservés naturellement pour le pâturage
et les besoins anthropiques.
Les activités de pèche ont fortement
régressé à cause de la disparition des poissons à
la suite de la salure des cours d'eaux dont les conductivités
électriques sont deux fois plus supérieures à celle de
l'eau de mer 4.6 ds/m (in Sokhna, 1995).
Comme autre conséquence probable, il faut évoquer
le problème de l'alimentation en eau potable. En effet, La plupart des
ressources en eau dans le bassin du Sine-Saloum sont affectées par la
salinité à cause du tarissement des nappes d'eaux douces et la
remontée du biseau salée.
Au regard des effets négatifs liés au processus de
salinisation sur les activités socioéconomiques, si des mesures
idoines ne seront pas prises il est évident que la destruction des
ressources et la baisse substantielle des rendements agricoles
connaîtront une progression rapide et désastreuse. Le manque
d'espace fertile amène les paysans à déboiser les zones de
pâturage ; ce qui ne sont pas sans conséquence. Parmi celles-ci,
nous notons de probables conflits. L'analyse de ce Graphique N°4,
révèle, la généralisation des conflits entre
agriculteurs et éleveurs.
Graphique 4 : les conflits
susceptibles
conflits susceptibles
ne sait pas 15%
non
oui
26%
59%
oui
non
ne sait pas
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Selon 59% des personnes enquêtées, les conflits
manifestes entre agriculteurs et éleveurs dans la localité de
Latmingué, sont dus à la rareté des ressources disponibles
et se tiennent pour origine la limitation des zones de parcours
d'élevage et les exploitations de plus en plus qui s'empiètent et
se confondent les unes dans les autres. Ce taux portant su les sources de
conflits entre agriculteurs et éleveurs est assez significatif et du
coup fait de l'urgence à laquelle il faut agir pour pallier à ce
problème de dégradation des terres et la réduction du
couvert végétal.
> Exode rural
En ce qui concerne, l'exode rural dans les zones
étudiées, le phénomène gagne de
l'ampleur depuis un certain temps selon les enquêtes
menées.
Il est une conséquence négative de la baisse des
rendements agricoles dont l'analyse du soubassement nous fait remonter au
niveau des effets de la salinisation.
Tableau 5 : proportion de l'exode
rurale selon les motifs par CR
60 50 40 30 20 10 0
|
54
|
54
|
|
36
|
|
|
|
|
36
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exode origin agricol
autres origines
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Latmingue Ndiaffate
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Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Partout dans le milieu rural au Sénégal, l'exode
des paysans ; filles comme garçons gagne de l'ampleur. L'illustration la
plus parfaite est le peuplement rapide de la capitale. Seulement, le
déplacement de ces hommes sont d'origines variées tant soit
peu.
Le graphique n°5 exhibe que, selon 36% des
enquêtés, les exodes de populations dans la CR de Latmingué
sont de sources agricoles contre 54% pour celle de Ndiaffate. S'agissant
d'autres sources liés à l'exode, la proportion est plus
importante selon 54% dans la CR de Latmingué, tandis qu'elle reste
faible à Ndiaffate pour 36%.
La baisse des rendements agricoles motivent certaines
personnes à quitter leur lieu de natif à la recherche de revenus
de subsistance, tandis que d'autres y partent pour satisfaire leur besoin en
services (éducation, santé, etc.).
Dans tous les cas, il faut comprendre que l'exode est un
phénomène qui ne laisse indifférent aucune
localité. Cela découle des conditions défavorables
observées dans le milieu rural au Sénégal. Les
candidats pour le départ sont animés par des sentiments
d'une vie meilleure et favorable à l'existence humaine ;
ce qu'ils espèrent trouver en villes ou en occident.
Les conséquences sont énormes : perte de
populations actives susceptibles de prendre en charge les exploitations
agricoles en vue de relever le défi de la pauvreté.
2.4. Analyse des Stratégies de lutte contre la
salinisation
Plusieurs stratégies ont été mises en oeuvre
et expérimentées par des centres de recherches, des OGN, etc.
dans le cadre de la politique nationale de lutte contre la
désertification des ressources naturelles et la remontée
saline.
2.5. Techniques introduites par l'ISRA
Depuis 1980, avec l'événement des vagues de
sécheresse, L'ISRA mène des recherches dans les régions de
Fatick et Kaolack en vue de dégager les aptitudes agricoles, sylvicoles
et pastorales dans les zones de tannes.
Les conclusions tirées de ces diagnostics sur le site de
Ngane (Kaolack) consistent à mettre en oeuvre des techniques à
savoir:
Plantations d'espèces adaptables à la
salinité et à la sécheresse.
- Melaleuca sp, Eucalyptus sp, Acacia holo, prosopis sp.
- D'autres méthodes pour barrer l'accumulation des sels
stratifiées comme suite : La confection de digues et diguettes, la
gestion des parcours de bétail, la régénération des
sols par des espèces fertilisantes.
A cela, il faut y ajouter les techniques mécaniques de
préparation du sol, les confections de drains et de billons à
l'intérieur des cuvettes dans un sens d'évacuer les eaux
chargées de sels.
Au regard de l'avancée des eaux salées sur les
terres agricoles, de la destruction des mangroves, ces techniques ont
manqué d'atteindre leur objectif de façon globale. Mais cela
n'occulte en rien leur efficacité pour le cas de Djilor avec la mise en
place d'une digue anti-sel et de Djiofior avec la plantation de mangrove qui a
fini par
s'incruster dans la conscience de ces populations, une
préoccupation environnementale.
2.5. Analyse de la stratégie locale
Les collectivités locales ainsi que les populations
victimes de ce fléau conjuguent leur effort dans la mise en oeuvre de
techniques concluantes susceptibles de stopper la progression du
phénomène.
Disposant de prérogatives juridiques et
réglementaires à conduire et à mettre en oeuvre des
actions concrètes de développement communautaires, les conseils
ruraux respectifs initiaient de concert avec les populations, des techniques
visant la promotion et la récupération des terres agricoles et la
régénération du couvert végétal.
Des solutions proposées qui suivent (cf. graphique 5) sont
analysées en fonction des opinions prononcées et de la pertinence
technique réellement escomptée.
u Techniques de récupération et de
conservation des sols
Des méthodes traditionnelles sont initiés dans la
CR de Ndiaffate en vue promouvoir la récupération des terres
salées.
Il s'agit de mettre sur pieds des techniques
d'aménagement hydroagricole. Celles-ci consistent à confectionner
des billons à l'intérieur des cuvettes avec une voie
d'entrée d'eau et de ruissellement en amont afin de piéger les
eaux de ruissellement et d'évacuer les eaux chargées de sel.
La seconde technique de récupération des sols
constitue l'épandage de déchets organiques. Une opération
qui vise à bonifier la terre de déchets dans un sens
d'améliorer la fertilité du sol. Après épandage des
matières, un labour des terres est recommandé en début de
saison des pluies. L'analyse de la technique de récupération des
terres mises en oeuvre dans cette CR, révèle des manquements
liés au coût élevé du projet, mais également
la faible capacité technique des acteurs locaux à
développer celle-ci, d'où la nécessité de faire
appel à des techniciens et des bailleurs pour financer le projet.
Graphique 5 : les perspectives de solutions selon
les populations
45
40 35 30
25 20 15
50
10
5 0
Mises en defens
44
Reboisement
les solutions mises en place
32
Amenagement des terres
10
8 6
Construction de digues ou diguettes
ne sait pas
Pour cent
Source : enquête mémoire, DEA/Malick
SANOKHO/UGB/ 2008.
Selon 44% des populations, il faut renforcer le processus de
mises en défens entamé par les collectivités locales
respectives, tandis que 32 % optent pour le processus de reboisement massif des
plantes abandonné depuis 2003 (cf. problématique), comme mesure
palliative à ce phénomène.
Les aménagements des vallées et des bas fonds (8%)
et la construction de digues ou diguettes (10%) sont des opinions soutenues par
une marge non négligeable de la population afin de stopper les
avancées des eaux salées.
Les techniques les plus utilisées au sein des CR,
consistent à la mise en place de cabions et le reboisement des
espèces résistantes à la sècheresse et à la
salinité (Acacia, jujubier, le soump, l'eucalyptus etc.)
Depuis l'entrée en vigueur de la loi 96-07 portant
transfert des compétences aux CR, aussi bien les ONG locales que les
autorités locales, la politique de mises en défens est
considérée comme la mesure idoine à ce problème.
Certes l'exécution des charges de mises en défens
engloutit des coûts parfois prohibitifs, mais il est fort affirmé
de leur efficacité à la régénération des
espèces végétales. Des voix s'élèvent et
affirment (même si ce n'est pas scientifiquement fondées) que dans
quelques décennies (20-30ans) si rien n'est fait pour pallier à
ce phénomène qui gangrène les paysans, le problème
allait gagner du terrain et il faut s'attendre à des conséquences
désastreuses compromettant toute possibilité de production
agricole dans la CR de Ndiaffate surtout et dans de moindre mesure les villages
de la CR de Latmingué en proximité avec les tannes.
Conscientes de leur situation de pauvreté et de la
dynamique de la dégradation des terres, les populations se mobilisent
pour coordonner leurs actions de lutte en collaboration avec les bailleurs et
les services d'appui-techniques de l'Etat en place. La lutte contre la
dégradation des terres ne peut être efficace en donnant des
résultats escomptés que si la participation des populations est
effective et élargie dans tous les aspects possibles :
matérielle, changements de comportements dans l'exploitation des terres,
acceptation et maitrise des nouvelles techniques, etc.
> Analyse de la participation
L'arrêt de la destruction de l'environnement et la
reconstitution du couvert végétal ne sauraient être
assurés par les seules mises en défens jugées prioritaires
ou nombreuses soient-elles. Un tel objectif, ne pourra être atteint que
par l'implication des populations dans tout le processus ; de la conception
jusqu'au suivi et à l'évaluation des actions de conservation et
de régénération de l'environnement.
Dans le cadre des actions de reboisement, l'implication des
populations est souvent avérée et structurée en OCB, mais
seulement le problème se situe autour du processus de la conception du
projet où les populations ignorent complètement les
différentes phases. C'est souvent ce qui pose toute la difficulté
d'appropriation des projets par celles-ci, car leur niveau d'implication reste
limité à la partie mécanique.
Dans toutes les CR étudiées, les populations
manifestent leur souhait à une implication plus large dans les prises de
décisions de tout projet les concernant.
CHAPITRE 3- Problèmes et perspectives de
recherche
La sursalure ou du moins la salure des sols, a
entraîné la disparition totale ou partielle de la mangrove dans la
CR de Ndiaffate en particulier. Dans le mémoire de M. Sokhna
1994-95, in Sadio 1991, 70% des forets d'Acacia Seyal, de combretum
glutinosum ont disparu ; en raison de la remontée saline au niveau de
tout le fleuve Sine-Saloum. Elle a affecté sérieusement les
systèmes de production et la productivité agricole. Ceci oblige
les paysans a déboisé de nouvelles zones qui jadis étaient
des réserves naturelles. Aussi, la salinisation croissante des nappes
phréatiques a réduit considérablement l'existence d'apport
d'eaux douces à partir de l'amont. Avec la sécheresse des
années précédentes (70-80), le processus de
dépôt des sels a cru davantage et se procède par apport ou
par dissolution au fil des années. Ce facteur limitant conjugué
avec l'action anthropique causent d'énormes problèmes aux
populations à savoir la dégradation des terres et la baisse des
rendements agricoles entre autres.
Au regard des effets négatifs liés au processus de
salinisation sur les exploitations agricoles en général, des
mesures méritent d'être prises pour stopper le
phénomène et atténuer les impacts sur le cadre
socio-économique des populations.
Certes depuis une décennie entière, les populations
locales ont tenté à leur manière mais de façons
dispersées, d'éradiquer le phénomène de
salinisation qui affecte leur environnement productif, mais ceci est sans
succès majeur.
Les actions de lutte contre la désertification en
général consistent à traiter au fond et de façon
durable les manifestations de la désertification. Il faut y ajouter
à ces actions des mesures réglementaires, de facilitation,
d'encouragement ou de découragement de certaines pratiques.
+ Cadre institutionnelle de lutte contre
dégradation des terres
Au niveau national, l'Etat sénégalais a
élaboré et/ou mis en oeuvre d'importants Programmes
environnementaux, parmi lesquels le volet environnement du NEPAD, le Programme
National d'Action pour l'Environnement (PNAE), le Programme National de Lutte
contre la Désertification (PNLCD), le Plan d'Action Forestier du
Sénégal(PAFS). La mise en oeuvre de tous ces programmes a
été facilitée par le
processus de décentralisation progressive qui a permis
l'existence d'un cadre juridique favorable à travers l'application de la
loi 96-07 du 22 mars 1996 portant transfert de compétences aux
régions, aux communes et aux communautés rurales. Au niveau
local, le décret N°96-1134 du 27 décembre 1996 portant
application de la loi 96-07 du 22 mars 1996 a permis de doter les
communautés rurales d'instruments pouvant leur permettre de promouvoir
des politiques de développement durable à partir notamment d'une
gestion et d'une exploitation rationnelle des ressources naturelles et de
l'environnement. C'est dans ce cadre que l'Etat sénégalais a
sollicité l'appui de partenaires extérieurs tels que la
Coopération Technique Allemande à travers le Programme Bassin
Arachidier (PBA) qui a pour mandat d'appuyer les collectivités locales
et les populations dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural.
Aussi un des axes de ce Programme est « d'appuyer les populations et les
élus à mettre en oeuvre une réglementation locale
consensuelle pour la gestion durable des ressources naturelles qui tienne
compte des dispositions des textes et lois en vigueur ».
+ Approche technique
Au regard de l'importance de l'agriculture dans le
développement d'une nation, la lutte contre toute menace (salinisation
en occurrence) doit être l'axe fondamentale.
> L'urgence est de stopper la réduction du couvert
végétal.
Il faut une régénération des peuplements et
plantation d'espèces halophytes tolérantes à la
salinité et à la sécheresse.
Les amendements des terres agricoles par l'usage intensif de
fumure organique
consistera à améliorer la fertilité du sol
en vue d'une auto-suffisante alimentaire.
> La politique de l'Etat consistera à définir
des axes stratégiques et d'orientations
méthodiques dans les interventions.
A travers ses services techniques régionaux et locaux,
l'Etat procède à la réalisation des diagnostics et des
études préalables.
Les centres de recherche publics ou privés harmonisent
leur position technique et financière d'intervention.
· Mettre en place des digues et diguettes anti-sel.
· Des aménagements hydroagricoles (AHA) sur les
terres agricoles menacées.
+ Les ONG et les collectivités locales
Les ONG et l'Etat qui viennent en appoint (technique et
financier) aux collectivités locales dans la lutte, consentent
d'énormes efforts dont les effets se font sentir vite par
l'atténuation des impacts du phénomène. Seulement le
problème dépasse très largement les interventions en cours
et se révèle plus profond que l'on en croyait. Pour une lutte
efficace du phénomène, on ne saurait isoler le
phénomène de la sécurité alimentaire en milieu
rural. L'approche globale, puis l'action intégrée des acteurs
prendra en compte très largement ce volet si pertinent dans la mesure
où il demeure incontournable.
Mais pour mieux cerner le problème, nous
procéderons tout naturellement à l'énumération
d'actions et mesures qui seront proposées afin d'éradiquer ou du
moins atténuer les effets sur le cadre de vie des populations.
Ces actions pourront bien servir de références dans
les autres pays, zones du Sahel qui menacent de désertification.
> Les actions destinées à assurer l'auto
suffisance alimentaire.
L'amélioration de cultures traditionnelles en sec.
Les cultures contre saison, intensives.
> S'agissant des actions ayant pour objectifs la protection
des sols, il faut retenir : Les mises en défens.
Les plantations d'espèce halophytes.
Les actions de conservation des eaux et du sol.
+ Méthode participative
Le facteur humain conditionne en grande partie la
réussite d'un projet donné. Nous présentons ici
l'importance de la participation des populations, non seulement par rapport aux
stratégies à mettre en oeuvre mais également dans le suivi
et l'évaluation des activités du projet de lutte contre la
dégradation des terres par les eaux salées.
Les collectivités locales en partenariat avec des ONG,
tentent de mettre en place une stratégie commune dans le cadre d'une
convention locale en vue d'une gestion participative des ressources
naturelles.
Il faut comprendre ou appréhender le caractère
vulnérable des terres mais aussi les impacts que la
désertification produit et qui sont nuisibles à
l'amélioration des conditions d'existence. La population analysait dans
ses mouvements (exode rural), dans sa structure (proportion de jeunes), dans
son dynamisme doit être motivée et impliquée dans tout le
processus. Au delà de cette considération, la participation de
la
population dans les projets à entreprendre est
nécessaire dans la mesure où la lutte contre la
dégradation, la récupération des tannes est une
tâche immense.
La menace de la salinisation des terres est sérieuse,
les sols à réhabiliter sont considérables, même en
zone agricole, ce qui justifie la détermination exceptionnelle à
entreprendre. Il reste en effet, à dégager les techniques et les
méthodes d'interventions des acteurs. Nous examinerons maintenant les
démarches pratiques de l'exécution des projets de
désalinisation et de lutte contre la dégradation des terres.
L'approche proposée dans cette intervention est
relative à une approche globalisante, du fait de la complexité du
problème et de la nécessité à apporter des
résultats escomptés améliorant les conditions d'existence
des bénéficiaires. Celle-ci s'inspire des recommandations
formulées par le CILSS, en marge d'un séminaire tenu à
Ouagadougou, novembre 1984.
u Participation des populations : elle se matérialise
par l'organisation de celles-ci en structures associatives de lutte contre la
dégradation des
terres. la conscientisation et la
formation des exploitants agricoles demeurent une condition irréversible
sur leur rôle et les effets néfastes produits sur le couvert
végétal.
u Approche multisectorielle qui vise simultanément la
production et l'environnement (le préserver et le réhabiliter).
Elle s'exerce donc dans le cadre d'un programme cohérent, progressif et
à long terme.
Tous autres projets ou programmes de
régénération et de préservation du couvert
végétal, de récupération des tannes aura comme
ligne de conduite cette approche globale. Toutefois, il faut noter que la
réhabilitation et la préservation de l'environnement et de son
potentiel productif demandent du temps et ont une rentabilité
financière lente, d'où la patience à observer pour le cas
spécifique de ces communautés en études.
Conclusion partielle II
Au terme de cette recherche, les deux CR étudiées
sont sous l'emprise du phénomène de la salinité des terres
dont les effets progressivement se sont révélés
néfastes sur l'ensemble des activités socio-économique ;
d'où l'exigence pour les autorités politiques et l'urgence pour
les populations à trouver des mesures techniquement efficaces.
CONCLUSION
La salinisation des terres qui représente le facteur
naturel de dégradation le plus constant dans les deux zones
étudiées, provoque une réduction des rendements agricoles
et de la biomasse des plantes vivaces. Ce facteur et ses conséquences
peuvent être étudiés au niveau des tannes et des mangroves
ou la végétation naturelle est soumise à une pression
saline qui croit quand la sécheresse est dure. Mais aussi au niveau des
eaux de puits devenues saumâtres en raison de l'avancée par
capillarité des sels. Les résultats obtenus montrent que les
surexploitations agricoles réduisent de moindre mesure la
fertilité des terres que la salinité des sols. Celle-ci affecte
le sol par remontée capillarité en rendant nocifs les
micro-organismes et les aliments qui sont favorables au développement
des plantes.
Les résultats sur l'aspect socio-économique,
liés aux effets de la baisse des rendements agricoles sur le cadre de
vie des populations, montrent une situation peu favorable.
Au moment ou l'Etat et les ONG de développement optent
pour une politique d'auto suffisance alimentaire face à une crise
alimentaire mondiale croissante, l'on constate une dégradation des
terres concomitante à une réduction de la productivité.
Les revenus agricoles s'affaissent devant le coût de la vie
devenu très élevé.
Les efforts ne manqueront pas pour pallier à cette
conjoncture, mais aussi pour atténuer les effets de la
salinité.
De nouvelles innovations techniques et méthodologiques
d'amélioration des rendements de la production sont en étude au
profit des producteurs.
Il s'agit de projets d'aménagement hydroagricole, des
mises en défens en vue de conserver la végétation et
d'atténuer le processus de dégradation des terres liée
à la salinité des terres.
La pertinence des solutions proposées dépend de
l'attitude à adopter par les acteurs concernés ainsi que de
l'implication des bénéficiaires afin d'envisager une
appropriation éventuelle des techniques et une responsabilisation plus
accentuée. Cependant, pour faciliter l'accès des producteurs aux
innovations, il faudra développer des initiatives décisives et
adaptées au contexte dans les mesures d'accompagnement. La mise à
disposition de moyens financiers est irréversible à la
réalisation des objectifs du développement participatif.
Dans le cadre de l'assimilation technique, le renforcement de
capacités des paysans est fondamentale afin d'espérer un avenir
somptueux pour les producteurs (paysans) et l'économie
sénégalaise en générale.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux et mémoires
1. Michel (P.), « Les bassins des fleuves
Sénégal et Gambie : Etude géomorphologique Tome
1, Chapitre II le milieu morpho climatique, Mémoires O.R.S.T.O.M,
n° 63, Paris 1973.
2. Jean Tricart, « le modèle des
régions sèches », 5e édition
société d'Edition d'Enseignement Supérieur Paris, 1969,
472 pages.
3. Stratégies régionale de lutte contre la
désertification, CILSS - janvier 1986.
4. Michel Bonfils « Halte à la
désertification au Sahel » éditions Karthala CTA,
1987.
5. Communauté Rurale de Latmingué «
Plan local de Développement », 2002.
6. Communauté Rurale de Ndiaffate « Plan
Local de Développement », Septembre 2001.
7. Béye G : une méthode simple de
dessalement des sols des tannes de Casamance. Le paillage. Agronomie
tropicale n° 28, 1973 pages 537 à 548.
8. Diop M : « salinité et possibilité
de valorisation des terres salées dans la région de
Fatick. Mémoire de fin d'études, ENCR - Bambey, 1988, 85
pages.
9. Cisse C : les terres du Sine Saloum :
stratégie de récupération : IREF, section
Kaolack 1992, 12 pages.
10. Diagne A. & Touré I. : la
fertilité des sols sahéliens ; problèmes
fondamentaux et actions prioritaires. CILSS - novembre 1991 - 192 pages.
11. Soleil: Restauration des sols dégradés
de 250 ha reboisés à Ndiaffate, Edition du Samedi 13
Septembre 2008.
12. Sokhna M. « récupération et
régénération des terres salées par la mise en
défens : l'expérience du PRECOBA dans la CR de Mbella
cadio. » département de Fatick, 1994-1995. Mémoire UFR,
Géo, UBG.
Sites Internet :
www.bameinfopol.info
www.isra.sn
Questionnaire d'enquête ISRA
QUESTIONNAIRE EN DIRECTION DES PAYSANS OU EXPLOITANTS
AGRICOLES
Date de l'enquête
Identification :
Prénom et Nom de l'enquêteur :
Prénom et Nom de l'enquêté:
A. Sexe : quel est votre sexe ?
1. Homme
2. Femme
B. Age : quel est votre âge ?
1. jeune
2. Adulte
3. Vieux
Manifestation du phénomène de
salinisation
A. connaissance. Avez-vous eu connaissance ou
senti la présence de la salinisation dans votre milieu ?
1. oui
2. Non .
B. Si Oui ; comment pouvez vous identifier le
phénomène ?
1. Réduction du couvert végétal
progressivement
2. Appauvrissement des sols
3. apparition de couches blanchâtres
4. Autres à préciser.
C. Comment pouvez-vous apprécier l'ampleur du
phénomène dans votre zone ? 1. rapide
2. lente .
3. relativement lente
4. autres à préciser
D. Depuis combien d'années avez-vous senti les
effets de la sur salure ? 1. 5 ans, 2. 10 ans, .
3. 15 ans, 4. 20 ans,
5. autres à préciser.
Par rapport aux conséquences
A. La salinisation a-t-elle créé des effets
négatifs sur la productivité des terres ?
1. Oui
2. Non
B. Si oui comment, pouvez-vous les justifier ?
1. baisse des rendements agricoles
2. diminution des espaces de production
3. déboisement de nouveaux espaces agricoles
4. autres à préciser
C. Par rapport au cadre de vie des populations selon vous quels
sont les effets sentis par celles-ci ?
1. Baisse des revenus agricoles .
2. dégradation des conditions de vie
3. exode rural en hausse .
4. autres à préciser
D. Comment pouvez-vous apprécier l'exode
rural par exemple ?
1. important départ par famille
2. peu de départ
3. faible départ
4. autres à préciser
E. selon vous l'exode rural est d'origine agricole ou autres ?
1. oui
2. non .
F. les exploitations de nouveaux espaces
agricoles ont-elles générées des conflits ?
1. Oui .
2. Non
G. si oui, quel type de conflits s'agissent-ils ?
1. conflits entre agriculteurs et pasteurs
2. conflits entre agriculteurs eux même
3. conflits entre éleveurs ou pasteurs eux même
4. autres à préciser. .
Relatives aux solutions en application
A. Quelle solution technique avez-vous mise en
place pour la lutte contre la salinisation de vos terres ?
1. Mises en défens
2. Reboisement
3. Aménagement des terres
4. Construction de digues ou diguettes
5. Autres à préciser
B. Selon vous les autorités
compétentes ont-elles fait quelques choses pour lutter
contre ce phénomène ?
1. Oui
2. Non
C. Si oui, quels sont les moyens employés
?
1. microprojet
2. Programme de lutte
3. Plan
4. autres à préciser
D. d'autres structures non étatiques
ont-ils intervenu dans la lutte contre la dégradation
des terres ?
1. Oui
2. Non .
E. Si Oui, quelles sont ces structures ?
1. Green-Sénégal
2. Le plan
3. World vision
4. Autres à préciser
F. quels sont leurs moyens d'intervention ?
1. activités génératrices de revenus
2. activités agricoles de contre saison
3. formation des paysans en pratique de lutte
contre la salinisation des terres
4. appui technique aux collectivités locales
5. appui financier
6. Autres à préciser
G. Comment pouvez-vous apprécier leur mode
d'intervention ?
1. satisfaisant .
2. peu satisfaisant
3. insatisfaisant .
H. justifier votre réponse ?
1. les moyens d'interventions sont inefficaces
2. sont faibles
3. sont dépassés
4. autres à préciser .
GUIDE D'ENTRETIEN
Adressé aux agents des eaux et forets, aux conseils
ruraux, aux relais
communautaires.
1. Quelles sont les manifestations de la salinisation dans cette
localité ?
2. Comment selon vous les populations subissent les effets de la
salure en rapport avec l'exploitation agricole ?
3. Y a t-il des solutions mises en place ? si oui lesquelles ?
(programme, projet, ONG etc.)
4. Quelles appréciations faites-vous des moyens de lutte
contre le phénomène ?
A. Satisfaisant
B. Peu satisfaisant
C. Insatisfaisant
5. Quelles perspectives préconisées en vue d'une
éradication définitive du problème ?
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