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La dette publique au Togo : une tentative d'identification des facteurs explicatifs

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par Nasser TALL BOUBACAR
Centre ouest africain de formation et d'études bancaires - Diplôme d'Etudes Supérieures Bancaires et Financières (DESBF) 2009
  

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INTRODUCTION GENERALE

Au cours des deux dernières décennies, le contexte économique de l'ensemble des pays pauvres très endettés (PPTE), en général et du Togo en particulier, a été marqué par un endettement sans précédent. La crise de la dette dans les pays en développement continue de faire la une des journaux à travers le monde. Elle est considérée comme étant l'un des facteurs retardant le développement économique des pays pauvres.

Le contexte économique international a joué un rôle prépondérant dans l'aggravation de la crise : fluctuation des taux de change, baisse du prix des matières premières et détérioration des termes de l'échange, hausse des taux d'intérêt et baisse des prêts assortis de conditions concessionnelles. En outre, cette crise est imputable aux politiques internes : mauvaise gestion de la dette publique, mauvaise allocation des ressources et absence de discipline financière rigoureuse.

Après la deuxième guerre mondiale, l'Europe s'est reconstruite grâce au «plan Marshall1». S'inspirant de cet exemple, dans la décennie de 1970, les pays se sont endettés pour faire face à un désir d'investissement intensif destiné à réaliser des taux de croissances fortes du PIB. Ceci dans l'espoir que la croissance économique amorcée crée les ressources nécessaires au remboursement des prêts contractés. Tel n'a pas été le cas car cela a plutôt conduit à un cercle d'endettement. Cette situation a été favorisée aussi bien par des facteurs internes (une mauvaise gestion de la dette et allocation des ressources, une absence de discipline financière rigoureuse) que par des facteurs externes (la fluctuation des taux de changes, la baisse des cours des matières premières, la détérioration des termes de l'échange, la dévaluation...). Cet environnement a conduit le pays à enregistrer des déficits insupportables et de faibles taux de croissance.

En 1981, la récession mondiale survint et le prix du pétrole diminua. Le 12 août 1982, le Mexique signifia à ses créanciers que sa banque centrale avait épuisé ses réserves et qu'elle ne pouvait plus honorer les paiements prévus sur la dette étrangère. Ensuite, après le Mexique, des pays comme l'Argentine et le Brésil ont suivi le pas. C'est le début de la crise de la dette. Les solutions de sortie de la crise sont : les prêts concertés, l'allègement de la dette, le rééchelonnement de la dette, les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) et le plan Brady. Les pays dont la dette était rééchelonnée empruntaient souvent au FMI et donnaient leur accord à des programmes de stabilisation inspirés par celui-ci.

Un an plus tôt, la mise en oeuvre au cours des années 80 des PAS s'est faite notamment avec l'appui de la Banque Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).

Au milieu des années 1990, les mécanismes d'allègement de la dette (le plan Brady2 et les menus d'options combinant réduction et refinancement de la dette), et l'ensemble des mesures visant à réduire les besoins d'emprunt n'étaient pas suffisants pour ramener l'endettement à un niveau tolérable. En 1996, les institutions de Bretton Woods (FMI et BM) ont lancé conjointement une initiative en faveur des PPTE afin de proposer une solution durable aux problèmes d'endettement des pays pauvres.

Le Togo n'a pas échappé à cette crise de l'endettement. Ainsi, au 31 décembre 1978, l'encours de sa dette extérieure s'élevait à 179 milliards de FCFA dont 22 milliards d'arriérés de remboursement. L'encours de la dette a évolué à la hausse malgré les remboursements effectués, les remises et annulations obtenues. Il est passé de 213,4 milliards en 1980 à 349,4 milliards de FCFA en 1993 soit un accroissement en valeur réelle de 61 % (Direction de la dette, 2008).

En 1994, suite à la dévaluation du FCFA intervenue en janvier, l'encours passa du simple

1 Le plan Marshall est un vaste programme d'aide financière proposé par les USA pour la reconstruction des pays alliés. Ce programme se traduit par un apport substantiel de capitaux sous forme de prêts à ces derniers.

2 Voir annexe 1

au double. Comparé aux recettes d'exportations, le service avant rééchelonnement donne un ratio de 44,2 % tandis que celui du service après rééchelonnement fait 27 % alors que le seuil toléré est de 20 %. Dans cette proportion, le service de la dette constitue une lourde charge pour l'économie togolaise.

A partir de 1984, d'importants efforts d'ajustement budgétaire, résultats des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) initiés par le FMI et la BM, ont permis de dégager des taux de croissance positifs atteignant 4,1 % en 1989. Aussi, de 1979 à 2008, le Togo a-t-il bénéficié de onze passages au Club de Paris3. L'encours de la dette publique du Togo est évalué à 1106,384 milliards de Francs CFA au 31 décembre 2008.

Malgré ses exportations, le pays va connaître une conjoncture économique et financière difficile. Au cours de la période 1994 à 2008, les ratios de la dette extérieure rapportée au PIB et de la dette publique au PIB sont passés respectivement de 116,38 % à 46,89 % et de 123,78 % à 79,19 %, dépassant ainsi les seuils tolérables (50%). Ceci s'explique par la naissance à côté de la dette extérieure, d'une dette intérieure grandissante depuis 1990 due à l'environnement socio-politique et économique.

Si l'on s'accorde sur le fait que la recherche d'une solution appropriée à la question de l'endettement passe nécessairement par la connaissance des facteurs qui l'influencent, il est alors digne d'intérêt de s'interroger sur les causes explicatives de l'endettement du Togo. Ceci suscite un certain nombre de questions: Comment évoluent la dette publique du Togo et ses principaux ratios ? Quelles sont les causes de l'accroissement de la dette publique au Togo ? Y a-t-il une meilleure stratégie pour gérer la dette de l'État ?

D'où l'intérêt du thème: «La dette publique au Togo : une tentative d'identification des facteurs explicatifs»

L'objectif général de cette recherche est d'identifier les facteurs explicatifs de l'évolution de la dette publique au Togo.

Plus spécifiquement, il s'agira de :

· décrire l'évolution de la dette publique du Togo ;

· analyser des causes de cette évolution ;

· identifier les facteurs explicatifs qui permettent de réduire ou d'encourager l'endettement public du Togo ;

· proposer des solutions pour une réduction de la dette publique.

Afin d'atteindre l'objectif de notre étude, nous partons de l'hypothèse qu'il existe une corrélation positive entre le ratio d'endettement et les indicateurs de performance économiques tels que le service de la dette extérieure, le ratio des importations/PIB et la croissance démographique.

Ainsi, ce mémoire comportera deux (02) parties. La première partie sera consacrée à l'endettement dans la littérature puis nous procèderons à l'état des lieux au Togo ; la seconde partie traitera des résultats d'analyses empiriques de l'endettement public extérieur, de l'estimation et de l'interprétation d'un modèle économétrique.

3 Source: Direction de la dette

PREMIERE PARTIE : L'ENDETTEMENT PUBLIC : DE LA LITTERATURE A
L'ETAT DES LIEUX AU TOGO

La première partie de notre recherche comporte deux chapitres. Le premier chapitre s'intéresse à l'aspect théorique de l'endettement. La deuxième partie est consacrée à l'analyse descriptive du niveau d'endettement public au Togo.

Le premier chapitre contient dans sa première section, la notion de dette publique ; dans sa deuxième section, les causes, les conséquences et les motifs de l'endettement public seront exposés. Le deuxième chapitre est relatif à l'analyse descriptive du niveau d'endettement du Togo. Ainsi la dette extérieure est examinée dans la première section et la deuxième section est relatif à l'analyse la dette intérieure.

CHAPITRE I : L'ENDETTEMENT PUBLIC ET SES EFFETS DANS LA LITTÉRATURE Section 1 : Notions de dette publique, de soutenabilité ou de viabilité de la dette A - Notions de dette et de soutenabilité de la dette

1 - Notions de dette

Par dette, on entend tout engagement représenté par un instrument financier ou tout autre équivalent juridique4.

La dette publique est la dette contractée par un Etat auprès de particuliers, des banques, des entreprises, des Etats. L'ensemble dette publique extérieure et dette publique intérieure constituent la dette publique.

La dette extérieure d'un Etat représente l'ensemble des emprunts contractés par les pouvoirs publics d'un pays auprès de créanciers (privés ou publics, bilatéraux ou multilatéraux) extérieurs et non résidents. Elle peut être publique ou privée, bilatérale ou multilatérale; elle peut être aussi commerciale.

La dette extérieure brute est égale au montant, à une date donnée, de l'encours des engagements courants effectifs non conditionnels qui comportent l'obligation pour le débiteur d'effectuer un ou plusieurs paiements pour rembourser le principal et /ou verser des intérêts à un ou plusieurs moments futurs et qui sont dus à des non-résidents par des résidents d'une économie5.

Selon la Banque Mondiale, la dette extérieure publique est toute dette remboursable en devises à des créanciers extérieurs dont l'échéance initiale ou prorogée dépasse un an et est soit contractée directement par un organisme public du pays emprunteur, soit garantie par l'Etat.

La dette intérieure d'un pays est l'ensemble des engagements contractés par l'Etat auprès d'acteurs résidents dans le pays et exprimés en monnaie locale.

L'expression ''dette intérieure publique" désigne les instruments de la dette émis par les pouvoirs publics (Gouvernement central, Autorités régionales et locales et entreprises publiques)6.

Le service de la dette est l'ensemble des paiements effectivement opérés en règlement d'une obligation notamment au titre du principal, des intérêts et des pénalités de retard.

En outre,le remboursement de la dette dépend des niveaux de taux d'intérêt et des taux de
change, puisqu'une partie importante de l'encours de la dette est libellée en dollars, et à

4 DEBLOCK C. et al, Dette extérieure des pays en développement : La renégociation sans fin, 2001, p.9.

5 FMI, Guide ses statistiques de la dette extérieure, 2003, p.20.

6 KAMARA Mame Pierre et N'DIAYE Pierre, Cours de gestion de la dette, COFEB, 2009

taux variables.

Les prêts concertés sont des prêts qui sont faits contre la volonté du prêteur.

L'encours de la dette est la partie d'un emprunt en cours qui a été effectivement versée.

Le stock de la dette fournit une mesure rapide utile de la charge future du service de la dette liée à la dette existante.

On entend par intérêt de la dette, la charge principale d'un prêt, calculée sur la partie décaissée et non remboursée de capital pour pénalité évidemment.

L`élément-don (ou élément de concessionnalité) est la composante "subvention" des prêts accordés par des organismes d'aide au développement. D'après la classification du FMI et de la Banque Mondiale, un prêt est dit concessionnel s'il est assorti d'un élément don d'au moins 35 %.

On entend par endettement public l'ensemble des concours demandés par un Gouvernement auprès des partenaires (bilatéraux, multilatéraux, institutions financières, marchés financiers, etc) pour financer les actions de développement qui n'ont pu être prises en charge par le budget national.

2- Notion de soutenabilité ou de viabilité de la dette

La dette extérieure d'un pays est viable ou soutenable à moyen et à long terme si ce pays est en mesure de s'acquitter de toutes ses obligations courantes et futures sur la dette extérieure sans recourir à un financement exceptionnel (FMI, 2001).

L'analyse de viabilité de la dette extérieure se fait à travers : la dette rapportée aux exportations, le ratio de la dette au PIB, le ratio de la VAN de la dette aux Recettes budgétaires et le ratio du service de la dette aux exportations.

Lorsque la dette s'accumule à un rythme plus rapide que la capacité à rembourser, impliquant qu'à un moment donné le pays ne pourra plus faire face au service de la dette7, le fardeau de la dette extérieure publique peut être qualifiée de non viable.

La soutenabilité de la dette c'est l'aptitude du pays débiteur à satisfaire entièrement à ses obligations extérieures actuelles et futures sans devoir recourir au rééchelonnement ou à l'accumulation d'arriérés.

D'après RAFFINOT (1998), si les conditions suivantes ne sont pas respectées, des difficultés à honorer la dette deviennent très probables :

- encours de la dette/PIB ; ce ratio doit être inférieur à 50 %. C'est un indicateur de liquidité ;

- le rapport (service de la dette/exportations de biens et services non facteurs de production) doit être inférieur à 20 % et

- le ratio (encours de la dette/exportations) doit être inférieur à 150 %. C'est un indicateur de solvabilité.

B- Les différentes conceptions sur l'endettement public

Les différents arguments théoriques de l'endettement seront regroupés en deux groupes de conceptions, puis seront présentés les mobiles de l'endettement.

7 Bureau de financement du développement, département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, considérations stratégiques en gestion de la dette publique pour le développement durable/ document d'orientations pour le dialogue multi-parties prenantes, Octobre 2004, p. 3.

1 - Les conceptions classique et keynésienne 1-1 La conception classique

Les classiques assimilent l'endettement à l'impôt futur et imputent à l'Etat une connotation négative. Selon Ricardo (1817)8, les citoyens voient dans l'emprunt un impôt différé dans le temps. Ils se comportent comme s'ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet emprunt, quelque soit le décalage intergénérationnel.

En d'autres termes, le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transfert ou d'investissement) financées par l'emprunt.

1-2 La conception keynésienne

Pour les keynésiens, l'endettement n'occasionne pas de charges ni pour les générations futures ni pour des générations actuelles du fait des investissements qu'il génère. Dans cette approche, l'endettement entraînant la relance de la demande provoque par l'effet accélérateur une hausse plus que proportionnelle de l'investissement, qui à son tour incite une hausse de la production.

Le déficit budgétaire, qui conduit par ses flux successifs à augmenter le stock de la dette, produit l'expansion du cycle économique par la demande et l'investissement autonome. Le déficit auquel correspond l'emprunt stimule la demande et permet d'alléger le coût de son remboursement. Cet argument reste plausible tant que le sous-emploi des ressources productives existent, selon la thèse keynésienne9.

2 - Les autres conceptions

2-1 Les approches alternatives à la théorie keynésienne

Pour les tenants de cette hypothèse10, si dans un pays l'on a deux partis qui sont potentiellement en position d'accéder fréquemment au pouvoir, ces partis ont des préférences différentes quant à la nature des dépenses publiques. Le parti au pouvoir peut décider d'augmenter aujourd'hui les dépenses publiques en s'endettant, satisfaisant son électorat, au mieux de se maintenir au pouvoir et au pire de ne pas faciliter la vie de son adversaire. Ainsi, il crée des conditions de manière à gêner ultérieurement son adversaire politique du point de vue de la gestion du budget, si ce dernier venait à conquérir le pouvoir. Il engage aujourd'hui des recettes fiscales futures et donc diminue les possibilités futures de dépense de son adversaire surtout si la dette venait a être importante.

2-2 La conception de l'école des anticipations rationnelles

Selon R. BARRO (1974), une politique de déficit budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet stimulant sur l'économie, dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des impôts destinée à rembourser l'emprunt en constituant une épargne d'un montant équivalent à l'endettement public (Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo)11. Ainsi, quelles que soient les modalités de financement des déficits, les effets à long terme sont équivalents. Cette proposition générale signifie donc la neutralité de la dette publique à long terme (multiplicateur fiscal et

8 David RICARDO, Principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817.

9 Cité par Léonce YAPO (2001)

10 Cité par Gervasio SEMEDO (2001)

11 Cité par Gervasio SEMEDO (2001)

budgétaire tendant vers zéro).

Selon Robert Lucas (1972), l'idée sur les anticipations rationnelles est que les agents sont capables de tirer parti de toute l'information disponible pour former leurs anticipations, de sorte qu'en moyenne stochastique, ils ne se trompent pas. Il soutien que les gens peuvent changer leur comportement quand la politique économique change.

SECTION 2 : CAUSES, CONSÉQUENCES ET MOTIFS DE L'ENDETTEMENT PUBLIC A- Causes de l'endettement public

La faiblesse de l'épargne nationale et l'importance des besoins de financement justifient bien souvent le recours au financement extérieur. Mais la dette apparaît parfois aussi comme la résultante d'un choix politique délibéré. L'endettement public peut provenir de causes exogènes ou endogènes.

1- Les causes exogènes

1-1 La détérioration des termes de l'échange

Suite au ralentissement économique à la fin des années 70 dans les pays industrialisés, les revenus des pays en développement déclinèrent non seulement parce que leur taux de croissance se ralentit mais aussi parce que les prix de leurs matières premières exportées diminuèrent par rapport aux prix de leurs exportations. Ce qui a conduit les pays en développement à recourir à l'emprunt extérieur pour combler ce déficit en ressources.

1-2 L'offre abondante de liquidités internationales

Avec le choc pétrolier de 1973-1974, les énormes surplus des pays exportateurs de pétrole résultant de la hausse des prix pétroliers devaient être «recyclés» pour financer les déficits courants du reste du monde. Les pays pétroliers plaçaient leurs fonds dans les pays développés et les banques commerciales de ceux-ci trouvaient profitables de les prêter à leur tour aux pays en développement. Le recours aux crédits accordés par les banques commerciales présentent deux avantages :

Premièrement : les crédits accordés par les banques commerciales ne lient pas le transfert des capitaux à la mise en place de politiques d'ajustement structurel.

Deuxièmement : la liberté d'affectation des fonds reçus. 1-3 Les conditions d'emprunt très favorables

Les conditions étaient telles que même si on ajoute une prime d'emprunt, les pays en développement étaient confrontés à des taux d'intérêt historiquement bas pour les emprunts extérieurs : cela les encouragea à emprunter à l'étranger.

2 - Les causes endogènes

Les déficits courants des pays en développement non pétroliers augmentèrent rapidement entre 1974 et 1978. Ces pays adoptèrent et poursuivirent des politiques expansionnistes : elles y encouragèrent les projets d'investissements ambitieux et y maintinrent des taux de croissance élevés. Ils développèrent ces mesures par des déficits considérables et persistants : ils empruntèrent fortement à l'étranger pour maintenir leurs dépenses au

dessus de leurs revenus. Parmi les causes internes du recours à l'endettement extérieur, après la corruption, il y a :

2-1 Les modèles de développement

Le choix d'un modèle de croissance tirée par l'extérieur pouvait conduire à un endettement croissant car celui-ci constituait l'une des conditions de sa fiabilité.

2-2 Déficit des balances des paiements

Le déficit permanent des balances des paiements des PVD a été financé en partie par l'endettement extérieur. Avec le temps, les intérêts payés par ces pays deviennent la cause essentielle des déficits structurels de leurs comptes courants. Ces pays sont alors entrés dans un cercle vicieux, en ce sens que l'endettement extérieur accroît le déficit du compte courant et partant la balance des paiements, alors que le déficit du compte courant demande davantage d'endettement extérieur.

2-3 Les investissements improductifs

Les emprunts ont servi à la construction d'infrastructures (routes, barrages etc.) dont la vocation n'est pas forcément de générer des ressources ; il y a aussi les éléphants blancs tels que la raffinerie, la sidérurgie etc. Les emprunts ont été parfois mobilisés non en fonction des exigences du développement national mais en fonction des besoins du pays prêteur. L'aide a ainsi servi à créer un débouché pour des produits du pays prêteur ou un marché pour ses entreprises (aide liée).

B- Les conséquences, motifs et efficacité de l'endettement public 1- Conséquences de l'endettement public

1-1 Conséquences économiques

1-1-1 Problèmes de finances publiques

Une dette importante s'accompagne généralement de coûts de financement plus élevés, qui se traduisent à leur tour par un service de la dette plus élevé.

Nonobstant les risques entourant les conditions économiques futures, l'importance du service de la dette limite la marge de manoeuvre du gouvernement. Il accapare une part importante des recettes budgétaires et limite ainsi le gouvernement dans ses choix de dépenses.

1-1-2 Problèmes macroéconomiques

Dans une petite économie ouverte les déficits publics et le service de la dette réduisent l'épargne publique, ce qui nécessite un recours accru à l'épargne étrangère ou aux investissements directs étrangers. Il en résulte une réduction de l'excédent commercial ou, symétriquement, une augmentation du déficit commercial. C'est pourquoi les économistes font souvent référence aux déficits public et commercial comme étant des « déficits jumeaux ». Les effets réels de la dette publique sont toutefois moins importants dans une petite économie ouverte que dans une grande économie ouverte ou dans une économie fermée, où la réduction de l'épargne publique entraîne une hausse du taux d'intérêt réel et une réduction des investissements privés (effet d'éviction), qui affecte à son tour la

croissance du stock de capital et, à terme, la production potentielle.

D'après l'équivalence ricardienne, l'endettement public s'accompagne d'une hausse de l'épargne privée qui compense la réduction de l'épargne publique, les ménages anticipant les hausses d'impôt futures et épargnant en conséquence. Tant l'équivalence ricardienne que la parité des taux d'intérêt en petite économie ouverte viennent limiter l'ampleur des impacts macroéconomiques réels de la dette publique.

1-1-3 Problèmes d'efficacité économique

Une dette publique élevée a pour conséquence un fardeau fiscal élevé. Ce fardeau fiscal élevé agit comme un frein et provoque le ralentissement de l'activité économique. Un autre effet est l'affaiblissement potentiel du rendement de l'assiette fiscale pour le gouvernement (évitement, évasion fiscale) et l'incertitude quant aux conditions fiscales futures et à l'étendue des services publics qui seront disponibles dans l'avenir. Cette incertitude peut affecter négativement la capacité de rétention et d'attraction de la main d'oeuvre et des capitaux.

1-1-4 Problèmes d'équité intergénérationelle

Lorsqu'il est utilisé de façon appropriée, l'endettement public comme mode de financement pour les investissements publics est un facteur d'équité. Il peut toutefois devenir un facteur d'iniquité lorsqu'il sert à reporter le fardeau de dépenses courantes sur les générations futures de contribuables12. L'endettement public a aussi des impacts distributifs potentiellement importants non seulement entre les générations mais également entre les membres d'une même génération (Osberg, 2004).

1-2 Conséquences sociales et politiques

La dette publique et les nombreux problèmes qu'elle peut entraîner sont susceptibles d'influencer le paysage politique. Par exemple, un problème qui peut se poser est l'écart entre les taxes payées par les individus et les services qu'ils reçoivent en retour. Lorsqu'il y a équilibre budgétaire, le service de la dette introduit un écart entre les taxes payées et les services publics reçus par les contribuables. Cet écart alimente, dans la population, l'impression que les contribuables « n'en ont pas pour leur argent »13. Par conséquent, la rentabilité de l'assiette fiscale peut s'en trouver affectée, de même que le soutien dont bénéficient les programmes gouvernementaux.

2- Motifs de l'endettement

2-1 Les motifs de l'endettement

Des emprunts contractés pour financer des investissements non profitables ou l'importation des biens de consommation, peuvent conduire à des dettes que les emprunteurs ne pourront rembourser (KRUGMAN, 1996). Plusieurs motifs peuvent justifier l'endettement.

2-1-1 Les motifs de l'emprunt extérieur

Dans la littérature, l'endettement est lié à un déséquilibre. Trois motifs probables peuvent amener un pays à s'endetter :

12 Rapport Bourbogne 2005RB-06 Septembre 2005 publié par la CIRANO, p. 20.

13 Idem

- pour financer un haut niveau d'investissement : un pays renfermant un potentiel d'investissement productif et qui n'a pas un niveau très suffisant d'épargne intérieure pour financer cet investissement peut s'endetter ;

- pour lisser les fluctuations de la consommation en cas de baisse de revenu : théoriquement un déficit du compte courant peut résulter des chocs exogènes négatifs tels qu'une dégradation des termes de l'échange, une récession ou une catastrophe naturelle. Ces chocs exogènes donnent lieu à une baisse du revenu. Ainsi, pour remédier à ces problèmes, un pays peut contracter une dette extérieure pour maintenir le niveau d'absorption ;

- se soustraire à un ajustement face aux déséquilibres intérieurs ou extérieurs : le déficit du compte courant insoutenable doit faire l'objet d'un ajustement par des changements des politiques économiques.

2-1-2 Les motifs de l'emprunt intérieur

L'emprunt intérieur répond à trois motifs essentiels :

- le financement du déficit budgétaire, les dépenses publiques de l'Etat étant supérieures aux recettes publiques ;

- la mise en oeuvre de la politique monétaire (opérations sur le marché libre : ventes ou achats de bons pour absorber ou réinjecter des liquidités) ;

- le développement du marché financier qui nécessite qu'une offre et une gamme constantes d'instruments financiers soient échangées.

3- Efficacité de la dette extérieure

Contrairement aux idées développées supra, certains économistes s'interrogent plutôt sur la capacité du financement extérieur à développer un pays (puisque si un pays s'endette, c'est nécessairement pour concrétiser ses projets de développement).

Particulièrement pour les radicaux, le financement extérieur ne peut être qu'appauvrissant pour l'économie réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une manifestation nouvelle de l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en développement dans un état de perpétuel asservissement.

Pour les libéraux, le financement extérieur est la manifestation de l'esprit de solidarité des pays dits développés qui mettent généreusement à la disposition des pays en développement des capitaux pouvant leur permettre de combler à la fois leur déficit d'épargne et de développement, et de les hisser ainsi sur la voie royale de la croissance économique et du développement.

CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DU NIVEAU DE L'ENDETTEMENT PUBLIC AU TOGO

SECTION 1 : STRUCTURE DE LA DETTE ET ETUDE DESCRIPTIVE DE LA DETTE EXTERIEURE DU TOGO

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci