BANQUE CENTRALE DES ETATS DE L'AFRIQUE DE
L'OUEST
(BCEAO)
CENTRE OUEST-AFRICAIN DE FORMATION ET D'ETUDES
BANCAIRES
(COFEB)
Mémoire pour l'obtention du
Diplôme
d'Etudes Supérieures Bancaires et Financières
(DESBF)
CYCLE LONG-ENCADREMENT SUPERIEUR -
31ème Promotion
T HEME :
La dette publique au Togo : une tentative
d'identification des facteurs explicatifs
Réalisé par :
M. Nasser TALL
BOUBACAR
Sous la direction du :
Professeur Nadédjo
BIGOU-LARE
Agrégé en Sciences de Gestion
Doyen de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)
Année académique 2008 - 2009
DEDICACE
A mon père, feu Youssouf Boubacar
TALL,
A ma mère, Arifatou BOUKARI,
et
à mes frères :
Boubacar Fayçal
TALL,
Boubacar Tidjani TALL,
Boubacar Djamilata TALL.
REMERCIEMENTS
Avant d'entamer ce mémoire, nous exprimons notre gratitude
envers :
· Monsieur Baba Kokoga BAKPENA, Directeur
des Finances pour ses conseils et sa disponibilité constante ;
· Monsieur Assou APEZOUKE, Directeur
Adjoint des Finances, pour sa disponibilité ;
· Professeur Nadédjo BIGOU-LARE,
Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de
l'Université de Lomé pour avoir accepté diriger ce travail
avec promptitude. Ses orientations nous ont été très
bénéfiques ;
· Monsieur Ayira KOREM, Assistant
du Professeur, dont l'encadrement a facilité notre tâche
;
· Messieurs les Directeurs et le personnel de la Direction
de la Formation du COFEB ;
· Tous les chefs de services qui nous ont
réservé un peu de leur temps, qu'ils reçoivent
l'expression de notre profonde gratitude ;
· Docteur Ryssalatou AYEVA épouse
DIAWARA, pour toutes ses contributions ;
· Monsieur Boundjou SAMA, pour son
assistance et ses encouragements ;
· Docteur Kossi SAMA, pour ses conseils et
ses encouragements ;
· Madame Rose Alewa GNOFAME pour ses
conseils et ses encouragements ;
· Mademoiselle Abidé BEKETI pour sa
patience et ses encouragements ;
· Mademoiselle Aningam AYASSOR pour sa
contribution ;
· Aux familles TALL et
THIAM pour nous avoir assisté tout au long de cette
année ;
· Messieurs Aboudou Raouf TCHABI-DJOGOU et
Tchalaye ZATO pour leurs encouragements et leur concours
à la réalisation de ce travail ;
· Enfin, nous disons merci à tous ceux qui ne sont
ici citées mais qui, de près ou de loin nous ont apporté
leur assistance ;
· A vous tous, nous dirons encore MERCI ! MERCI ! MERCI
!
Résumé
Ce mémoire se propose d'identifier les facteurs
explicatifs de l'endettement du Togo. Cette analyse sera faite à l'aide
de la méthode des moindres carrés ordinaires avec des
données couvrant la période 1980-2008 (soit 29 ans).
Le traitement de ce modèle a donné des
résultats dans l'ensemble satisfaisants les hypothèses de la
recherche.
En effet, les importations rapportées au produit
intérieur brut, la dévaluation du franc CFA, et le taux de change
du franc CFA se trouvent être les facteurs explicatifs du niveau
d'endettement du pays et qui sont validés par le modèle
estimé.
Fort de ces résultats il a été
recommandé aux autorités publiques de rechercher des prêts
assortis de forte concessionnalité, un effort d'amélioration du
taux de
croissance, un assainissement des finances publiques en vue
de l'amélioration de la balance fiscale et une bonne gestion de la
dette.
SIGLES ET ABREVIATIONS UTILISES
ADF
|
: Augmented Dickey -Fuller
|
BM
|
: Banque Mondiale
|
FMI
|
: Fonds Monétaire International
|
MCE
|
: Modèle à Correction d'Erreur
|
MCO
|
: Moindres carrés ordinaires
|
PAS
|
: Programmes d'Ajustements Structurels
|
PIB
|
: Produit Intérieur Brut
|
PPTE
|
: Pays Pauvres Très Endettés
|
PVD
|
: Pays en Voie de Développement
|
UE
|
: Union Européenne
|
TABLE DES MATIERES
Dédicace 2
Remerciements 3
Résume 4
Liste des sigles et abréviations 5
Table des matières 6
INTRODUCTION GENERALE 10
PREMIERE PARTIE : L'ENDETTEMENT
PUBLIC : DE LA LITTERATURE A L'ETAT DES
LIEUX AU TOGO 12
CHAPITRE I : L'ENDETTEMENT PUBLIC ET SES EFFETS DANS LA
LITTÉRATURE 12
SECTION1 : Notions de dette publique, de
soutenabilité ou de viabilité de la dette
A - Notions de dette et de soutenabilité de la dette 12
1 - Notions de dette 12
2 - Notion de soutenabilité ou de viabilité de la
dette 13
B- Les différentes conceptions sur l'endettement public
13
1 - Les conceptions classique et keynésienne 14
1-1 La conception classique 14
1-2 La conception keynésienne 14
2 - Les autres conceptions
2-1 Les approches alternatives à la théorie
keynésienne 14
2-2 La conception de l'école des anticipations
rationnelles 14
SECTION 2 : CAUSES, CONSÉQUENCES ET MOTIFS DE
L'ENDETTEMENT
PUBLIC 15
A- Causes de l'endettement public 15
1- Les causes exogènes 15
1-1 La détérioration des termes de
l'échange 15
1-2 L'offre abondante de liquidités internationales
15
1-3 Les conditions d'emprunt très favorables 15
2 - Les causes endogènes 15
2-1 Les modèles de développement 16
2-2 Déficit des balances des paiements 16
2-3 Les investissements improductifs 16
B- Les conséquences, motifs et efficacité de
l'endettement public 16
1- Conséquences de l'endettement public 16
1-1 Conséquences économiques 16
1-1-1 Problèmes de finances publiques 16
1-1-2 Problèmes macroéconomiques 16
1-1-3 Problèmes d'efficacité économique
17
1-1-4 Problèmes d'équité
intergénérationelle 17
1-2 Conséquences sociales et politiques 17
2- Motifs de l'endettement 17
2-1 Les motifs de l'endettement 17
2-1-1 Les motifs de l'emprunt extérieur 17
2-1-2 Les motifs de l'emprunt intérieur 18
3- Efficacité de la dette extérieure 18
CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DU NIVEAU DE
L'ENDETTEMENT PUBLIC AU TOGO 19
SECTION 1 : STRUCTURE DE LA DETTE ET ETUDE DESCRIPTIVE DE
LA DETTE EXTERIEURE DU TOGO 19
A- Structure de la dette publique, structure de la dette
extérieure et son évolution 19
1- Structure de la dette publique 19
2- Structure et évolution de la dette extérieure
19
2-1- Structure de la dette extérieure publique 19
2-2 Evolution de la dette extérieure du Togo entre
1980 et 2008 19
B- Evolution de quelques indicateurs du poids de la dette
extérieure de 1980 à
2008 19
1- Evolution de l'encours de la dette extérieure/PIB
20
2- Evolution du ratio service de la dette
extérieure/exportations 20
3- Evolution du ratio dette extérieure/exportations 20
4- Evolution du service de la dette extérieure sur le PIB
20
5- Evolution du degré d'ouverture 20
6- Evolution des importations par rapport au PIB 20
SECTION 2 : La dette intérieure 20
A- STRUCTURE ET EVOLUTION DE LA DETTE INTERIEURE 20
1- Structure de la dette intérieure publique 20
2- Evolution comparée de la dette intérieure
togolaise et du déficit budgétaire entre 1990 et 2008 22
B- Evolution de quelques ratios de la dette intérieure et
causes de l'endettement intérieur 22
1- Evolution de quelques ratios de la dette intérieure
23
1-1 Tendance du ratio dette intérieure/PIB 23
1-2 Tendance du ratio dette intérieure/Recettes 23
2- CAUSES DE L'ENDETTEMENT INTERIEUR 23
2-1 Causes structurelles 23
2-2 Causes conjoncturelles 24
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA DETTE 25
CHAPITRE 1 : ANALYSES EMPIRIQUES ET ECONOMETRIQUE 25
SECTION 1 : RESULTATS D'ANALYSES EMPIRIQUES ET
SPECIFICATION DU
MODELE 25
A- RESULTATS D'ANALYSES EMPIRIQUES 25
B- Spécification du modèle et étude des
séries 27
1- Spécification du modèle 27
1-1 Les variables du modèle 27
1-2 Forme mathématique du modèle 28
1-3 Estimation de la fonction d'endettement extérieure
du
Togo 28
1-4 Source des données de l'étude 28
2- Etude des séries 28
2-1 Etude de la stationnarité des séries 29
2-2 Test de cointégration de Johansen 29
2-3 Choix de la technique 29
SECTION 2 : Estimation et validation du modèle
30
A- Estimation du modèle 30
B- Validation du modèle 31
1- Validité statistique 31
1-1 Interprétation du coefficient de détermination
31
1-2 Test de significativité 31
1-2-1 Test de Fisher 31
1-2-2 Test de student 31
2- Validité économétrique 31
2-1 Test de multicolinéarité 31
2-2 Test d'homoscédasticité des erreurs 31
2-2-1 Test de White 31
2-2-2 Test ARCH 32
2-3 Test de corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey
32
2-4 Test de spécification de Ramsey 32
2-5 Test de Jarque-Bera 32
2-6 Analyse de la stabilité du modèle 33
2-6-1 Test Cusum 33
2-6-1 Test Cusum carré 33
2-7 Evaluation du pouvoir prédictif du modèle 33
CHAPITRE 2 : INTERPRÉTATIONS DES RÉSULTATS
ET RECOMMANDATIONS DE
POLITIQUES ÉCONOMIQUES 34
SECTION 1 : Interprétations des résultats
34
A- Résultats de l'estimation et interprétation du
coefficient de correction
d'erreur 34
1- Résultats de l'estimation 34
2- Interprétation du coefficient de correction d'erreur
35
B- Interprétation des élasticités 35
1- Interprétation des élasticités ou
semi-élasticités de long terme 35
2- Interprétation des élasticités de court
terme 36
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES
ÉCONOMIQUES 37
A- Cadre de l'endettement 37
B- Cadre du développement économique 38
CONCLUSION GENERALE 39
BIBLIOGRAPHIE 40
ANNEXES
INTRODUCTION GENERALE
Au cours des deux dernières décennies, le
contexte économique de l'ensemble des pays pauvres très
endettés (PPTE), en général et du Togo en particulier, a
été marqué par un endettement sans
précédent. La crise de la dette dans les pays en
développement continue de faire la une des journaux à travers le
monde. Elle est considérée comme étant l'un des facteurs
retardant le développement économique des pays pauvres.
Le contexte économique international a joué un
rôle prépondérant dans l'aggravation de la crise :
fluctuation des taux de change, baisse du prix des matières
premières et détérioration des termes de l'échange,
hausse des taux d'intérêt et baisse des prêts assortis de
conditions concessionnelles. En outre, cette crise est imputable aux politiques
internes : mauvaise gestion de la dette publique, mauvaise allocation des
ressources et absence de discipline financière rigoureuse.
Après la deuxième guerre mondiale, l'Europe
s'est reconstruite grâce au «plan Marshall1».
S'inspirant de cet exemple, dans la décennie de 1970, les pays se sont
endettés pour faire face à un désir d'investissement
intensif destiné à réaliser des taux de croissances fortes
du PIB. Ceci dans l'espoir que la croissance économique amorcée
crée les ressources nécessaires au remboursement des prêts
contractés. Tel n'a pas été le cas car cela a plutôt
conduit à un cercle d'endettement. Cette situation a été
favorisée aussi bien par des facteurs internes (une mauvaise gestion de
la dette et allocation des ressources, une absence de discipline
financière rigoureuse) que par des facteurs externes (la fluctuation des
taux de changes, la baisse des cours des matières premières, la
détérioration des termes de l'échange, la
dévaluation...). Cet environnement a conduit le pays à
enregistrer des déficits insupportables et de faibles taux de
croissance.
En 1981, la récession mondiale survint et le prix du
pétrole diminua. Le 12 août 1982, le Mexique signifia à ses
créanciers que sa banque centrale avait épuisé ses
réserves et qu'elle ne pouvait plus honorer les paiements prévus
sur la dette étrangère. Ensuite, après le Mexique, des
pays comme l'Argentine et le Brésil ont suivi le pas. C'est le
début de la crise de la dette. Les solutions de sortie de la crise sont
: les prêts concertés, l'allègement de la dette, le
rééchelonnement de la dette, les Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) et le plan Brady. Les pays dont la dette était
rééchelonnée empruntaient souvent au FMI et donnaient leur
accord à des programmes de stabilisation inspirés par
celui-ci.
Un an plus tôt, la mise en oeuvre au cours des
années 80 des PAS s'est faite notamment avec l'appui de la Banque
Mondiale (BM) et du Fonds Monétaire International (FMI).
Au milieu des années 1990, les mécanismes
d'allègement de la dette (le plan Brady2 et les menus
d'options combinant réduction et refinancement de la dette), et
l'ensemble des mesures visant à réduire les besoins d'emprunt
n'étaient pas suffisants pour ramener l'endettement à un niveau
tolérable. En 1996, les institutions de Bretton Woods (FMI et BM) ont
lancé conjointement une initiative en faveur des PPTE afin de proposer
une solution durable aux problèmes d'endettement des pays pauvres.
Le Togo n'a pas échappé à cette crise de
l'endettement. Ainsi, au 31 décembre 1978, l'encours de sa dette
extérieure s'élevait à 179 milliards de FCFA dont 22
milliards d'arriérés de remboursement. L'encours de la dette a
évolué à la hausse malgré les remboursements
effectués, les remises et annulations obtenues. Il est passé de
213,4 milliards en 1980 à 349,4 milliards de FCFA en 1993 soit un
accroissement en valeur réelle de 61 % (Direction de la dette, 2008).
En 1994, suite à la dévaluation du FCFA
intervenue en janvier, l'encours passa du simple
1 Le plan Marshall est un vaste programme d'aide
financière proposé par les USA pour la reconstruction des pays
alliés. Ce programme se traduit par un apport substantiel de capitaux
sous forme de prêts à ces derniers.
2 Voir annexe 1
au double. Comparé aux recettes d'exportations, le
service avant rééchelonnement donne un ratio de 44,2 % tandis que
celui du service après rééchelonnement fait 27 % alors que
le seuil toléré est de 20 %. Dans cette proportion, le service de
la dette constitue une lourde charge pour l'économie togolaise.
A partir de 1984, d'importants efforts d'ajustement
budgétaire, résultats des Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS) initiés par le FMI et la BM, ont permis de dégager des taux
de croissance positifs atteignant 4,1 % en 1989. Aussi, de 1979 à 2008,
le Togo a-t-il bénéficié de onze passages au Club de
Paris3. L'encours de la dette publique du Togo est
évalué à 1106,384 milliards de Francs CFA au 31
décembre 2008.
Malgré ses exportations, le pays va connaître une
conjoncture économique et financière difficile. Au cours de la
période 1994 à 2008, les ratios de la dette extérieure
rapportée au PIB et de la dette publique au PIB sont passés
respectivement de 116,38 % à 46,89 % et de 123,78 % à 79,19 %,
dépassant ainsi les seuils tolérables (50%). Ceci s'explique par
la naissance à côté de la dette extérieure, d'une
dette intérieure grandissante depuis 1990 due à l'environnement
socio-politique et économique.
Si l'on s'accorde sur le fait que la recherche d'une solution
appropriée à la question de l'endettement passe
nécessairement par la connaissance des facteurs qui l'influencent, il
est alors digne d'intérêt de s'interroger sur les causes
explicatives de l'endettement du Togo. Ceci suscite un certain nombre de
questions: Comment évoluent la dette publique du Togo et ses principaux
ratios ? Quelles sont les causes de l'accroissement de la dette publique au
Togo ? Y a-t-il une meilleure stratégie pour gérer la dette de
l'État ?
D'où l'intérêt du thème:
«La dette publique au Togo : une tentative d'identification des
facteurs explicatifs»
L'objectif général de cette recherche est
d'identifier les facteurs explicatifs de l'évolution de la dette
publique au Togo.
Plus spécifiquement, il s'agira de :
· décrire l'évolution de la dette publique du
Togo ;
· analyser des causes de cette évolution ;
· identifier les facteurs explicatifs qui permettent de
réduire ou d'encourager l'endettement public du Togo ;
· proposer des solutions pour une réduction de la
dette publique.
Afin d'atteindre l'objectif de notre étude, nous
partons de l'hypothèse qu'il existe une corrélation positive
entre le ratio d'endettement et les indicateurs de performance
économiques tels que le service de la dette extérieure, le ratio
des importations/PIB et la croissance démographique.
Ainsi, ce mémoire comportera deux (02) parties. La
première partie sera consacrée à l'endettement dans la
littérature puis nous procèderons à l'état des
lieux au Togo ; la seconde partie traitera des résultats d'analyses
empiriques de l'endettement public extérieur, de l'estimation et de
l'interprétation d'un modèle économétrique.
3 Source: Direction de la dette
PREMIERE PARTIE : L'ENDETTEMENT PUBLIC : DE LA
LITTERATURE A
L'ETAT DES LIEUX AU TOGO
La première partie de notre recherche comporte deux
chapitres. Le premier chapitre s'intéresse à l'aspect
théorique de l'endettement. La deuxième partie est
consacrée à l'analyse descriptive du niveau d'endettement public
au Togo.
Le premier chapitre contient dans sa première section,
la notion de dette publique ; dans sa deuxième section, les causes, les
conséquences et les motifs de l'endettement public seront
exposés. Le deuxième chapitre est relatif à l'analyse
descriptive du niveau d'endettement du Togo. Ainsi la dette extérieure
est examinée dans la première section et la deuxième
section est relatif à l'analyse la dette intérieure.
CHAPITRE I : L'ENDETTEMENT PUBLIC ET SES EFFETS
DANS LA LITTÉRATURE Section 1 : Notions de dette publique, de
soutenabilité ou de viabilité de la dette A - Notions de dette et
de soutenabilité de la dette
1 - Notions de dette
Par dette, on entend tout engagement
représenté par un instrument financier ou tout autre
équivalent juridique4.
La dette publique est la dette
contractée par un Etat auprès de particuliers, des banques, des
entreprises, des Etats. L'ensemble dette publique extérieure et dette
publique intérieure constituent la dette publique.
La dette extérieure d'un Etat
représente l'ensemble des emprunts contractés par les pouvoirs
publics d'un pays auprès de créanciers (privés ou publics,
bilatéraux ou multilatéraux) extérieurs et non
résidents. Elle peut être publique ou privée,
bilatérale ou multilatérale; elle peut être aussi
commerciale.
La dette extérieure brute est
égale au montant, à une date donnée, de l'encours des
engagements courants effectifs non conditionnels qui comportent l'obligation
pour le débiteur d'effectuer un ou plusieurs paiements pour rembourser
le principal et /ou verser des intérêts à un ou plusieurs
moments futurs et qui sont dus à des non-résidents par des
résidents d'une économie5.
Selon la Banque Mondiale, la dette extérieure
publique est toute dette remboursable en devises à des
créanciers extérieurs dont l'échéance initiale ou
prorogée dépasse un an et est soit contractée directement
par un organisme public du pays emprunteur, soit garantie par l'Etat.
La dette intérieure d'un pays est
l'ensemble des engagements contractés par l'Etat auprès d'acteurs
résidents dans le pays et exprimés en monnaie locale.
L'expression ''dette intérieure
publique" désigne les instruments de la dette émis par
les pouvoirs publics (Gouvernement central, Autorités régionales
et locales et entreprises publiques)6.
Le service de la dette est l'ensemble des
paiements effectivement opérés en règlement d'une
obligation notamment au titre du principal, des intérêts et des
pénalités de retard.
En outre,le remboursement de la dette dépend des niveaux
de taux d'intérêt et des taux de
change, puisqu'une partie
importante de l'encours de la dette est libellée en dollars, et
à
4 DEBLOCK C. et al, Dette extérieure des pays en
développement : La renégociation sans fin, 2001, p.9.
5 FMI, Guide ses statistiques de la dette extérieure,
2003, p.20.
6 KAMARA Mame Pierre et N'DIAYE Pierre, Cours de gestion de la
dette, COFEB, 2009
taux variables.
Les prêts concertés sont des
prêts qui sont faits contre la volonté du prêteur.
L'encours de la dette est la partie d'un emprunt
en cours qui a été effectivement versée.
Le stock de la dette fournit une mesure rapide
utile de la charge future du service de la dette liée à la dette
existante.
On entend par intérêt de la
dette, la charge principale d'un prêt, calculée
sur la partie décaissée et non remboursée de capital pour
pénalité évidemment.
L`élément-don (ou
élément de concessionnalité) est la composante
"subvention" des prêts accordés par des organismes d'aide au
développement. D'après la classification du FMI et de la Banque
Mondiale, un prêt est dit concessionnel s'il est assorti d'un
élément don d'au moins 35 %.
On entend par endettement public l'ensemble
des concours demandés par un Gouvernement auprès des partenaires
(bilatéraux, multilatéraux, institutions financières,
marchés financiers, etc) pour financer les actions de
développement qui n'ont pu être prises en charge par le budget
national.
2- Notion de soutenabilité ou de viabilité
de la dette
La dette extérieure d'un pays est viable ou soutenable
à moyen et à long terme si ce pays est en mesure de s'acquitter
de toutes ses obligations courantes et futures sur la dette extérieure
sans recourir à un financement exceptionnel (FMI, 2001).
L'analyse de viabilité de la dette extérieure se
fait à travers : la dette rapportée aux exportations, le ratio de
la dette au PIB, le ratio de la VAN de la dette aux Recettes budgétaires
et le ratio du service de la dette aux exportations.
Lorsque la dette s'accumule à un rythme plus rapide que
la capacité à rembourser, impliquant qu'à un moment
donné le pays ne pourra plus faire face au service de la
dette7, le fardeau de la dette extérieure publique peut
être qualifiée de non viable.
La soutenabilité de la dette c'est l'aptitude du pays
débiteur à satisfaire entièrement à ses obligations
extérieures actuelles et futures sans devoir recourir au
rééchelonnement ou à l'accumulation
d'arriérés.
D'après RAFFINOT (1998), si les conditions suivantes ne
sont pas respectées, des difficultés à honorer la dette
deviennent très probables :
- encours de la dette/PIB ; ce ratio doit être
inférieur à 50 %. C'est un indicateur de liquidité ;
- le rapport (service de la dette/exportations de biens et
services non facteurs de production) doit être inférieur à
20 % et
- le ratio (encours de la dette/exportations) doit être
inférieur à 150 %. C'est un indicateur de solvabilité.
B- Les différentes conceptions sur l'endettement
public
Les différents arguments théoriques de
l'endettement seront regroupés en deux groupes de conceptions, puis
seront présentés les mobiles de l'endettement.
7 Bureau de financement du développement,
département des affaires économiques et sociales des Nations
Unies, considérations stratégiques en gestion de la dette
publique pour le développement durable/ document d'orientations pour le
dialogue multi-parties prenantes, Octobre 2004, p. 3.
1 - Les conceptions classique et keynésienne 1-1
La conception classique
Les classiques assimilent l'endettement à l'impôt
futur et imputent à l'Etat une connotation négative. Selon
Ricardo (1817)8, les citoyens voient dans l'emprunt un impôt
différé dans le temps. Ils se comportent comme s'ils sont
contraints de payer un impôt ultérieurement pour rembourser cet
emprunt, quelque soit le décalage intergénérationnel.
En d'autres termes, le comportement des agents
économiques est guidé par une anticipation à la hausse des
impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la
nature ou la qualité des dépenses (dépenses de transfert
ou d'investissement) financées par l'emprunt.
1-2 La conception keynésienne
Pour les keynésiens, l'endettement n'occasionne pas de
charges ni pour les générations futures ni pour des
générations actuelles du fait des investissements qu'il
génère. Dans cette approche, l'endettement entraînant la
relance de la demande provoque par l'effet accélérateur une
hausse plus que proportionnelle de l'investissement, qui à son tour
incite une hausse de la production.
Le déficit budgétaire, qui conduit par ses flux
successifs à augmenter le stock de la dette, produit l'expansion du
cycle économique par la demande et l'investissement autonome. Le
déficit auquel correspond l'emprunt stimule la demande et permet
d'alléger le coût de son remboursement. Cet argument reste
plausible tant que le sous-emploi des ressources productives existent, selon la
thèse keynésienne9.
2 - Les autres conceptions
2-1 Les approches alternatives à la théorie
keynésienne
Pour les tenants de cette hypothèse10, si
dans un pays l'on a deux partis qui sont potentiellement en position
d'accéder fréquemment au pouvoir, ces partis ont des
préférences différentes quant à la nature des
dépenses publiques. Le parti au pouvoir peut décider d'augmenter
aujourd'hui les dépenses publiques en s'endettant, satisfaisant son
électorat, au mieux de se maintenir au pouvoir et au pire de ne pas
faciliter la vie de son adversaire. Ainsi, il crée des conditions de
manière à gêner ultérieurement son adversaire
politique du point de vue de la gestion du budget, si ce dernier venait
à conquérir le pouvoir. Il engage aujourd'hui des recettes
fiscales futures et donc diminue les possibilités futures de
dépense de son adversaire surtout si la dette venait a être
importante.
2-2 La conception de l'école des anticipations
rationnelles
Selon R. BARRO (1974), une politique de déficit
budgétaire financée par l'emprunt reste sans effet stimulant sur
l'économie, dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de
l'illusion fiscale. Ces agents anticipent alors une hausse des impôts
destinée à rembourser l'emprunt en constituant une épargne
d'un montant équivalent à l'endettement public
(Théorème d'équivalence ou de Barro-Ricardo)11.
Ainsi, quelles que soient les modalités de financement des
déficits, les effets à long terme sont équivalents. Cette
proposition générale signifie donc la neutralité de la
dette publique à long terme (multiplicateur fiscal et
8 David RICARDO, Principes de l'économie politique et de
l'impôt, 1817.
9 Cité par Léonce YAPO (2001)
10 Cité par Gervasio SEMEDO (2001)
11 Cité par Gervasio SEMEDO (2001)
budgétaire tendant vers zéro).
Selon Robert Lucas (1972), l'idée sur les anticipations
rationnelles est que les agents sont capables de tirer parti de toute
l'information disponible pour former leurs anticipations, de sorte qu'en
moyenne stochastique, ils ne se trompent pas. Il soutien que les gens peuvent
changer leur comportement quand la politique économique change.
SECTION 2 : CAUSES, CONSÉQUENCES ET MOTIFS
DE L'ENDETTEMENT PUBLIC A- Causes de l'endettement public
La faiblesse de l'épargne nationale et l'importance des
besoins de financement justifient bien souvent le recours au financement
extérieur. Mais la dette apparaît parfois aussi comme la
résultante d'un choix politique délibéré.
L'endettement public peut provenir de causes exogènes ou
endogènes.
1- Les causes exogènes
1-1 La détérioration des termes de
l'échange
Suite au ralentissement économique à la fin des
années 70 dans les pays industrialisés, les revenus des pays en
développement déclinèrent non seulement parce que leur
taux de croissance se ralentit mais aussi parce que les prix de leurs
matières premières exportées diminuèrent par
rapport aux prix de leurs exportations. Ce qui a conduit les pays en
développement à recourir à l'emprunt extérieur pour
combler ce déficit en ressources.
1-2 L'offre abondante de liquidités
internationales
Avec le choc pétrolier de 1973-1974, les énormes
surplus des pays exportateurs de pétrole résultant de la hausse
des prix pétroliers devaient être «recyclés» pour
financer les déficits courants du reste du monde. Les pays
pétroliers plaçaient leurs fonds dans les pays
développés et les banques commerciales de ceux-ci trouvaient
profitables de les prêter à leur tour aux pays en
développement. Le recours aux crédits accordés par les
banques commerciales présentent deux avantages :
Premièrement : les crédits
accordés par les banques commerciales ne lient pas le transfert des
capitaux à la mise en place de politiques d'ajustement structurel.
Deuxièmement : la liberté
d'affectation des fonds reçus. 1-3 Les conditions d'emprunt
très favorables
Les conditions étaient telles que même si on
ajoute une prime d'emprunt, les pays en développement étaient
confrontés à des taux d'intérêt historiquement bas
pour les emprunts extérieurs : cela les encouragea à emprunter
à l'étranger.
2 - Les causes endogènes
Les déficits courants des pays en développement
non pétroliers augmentèrent rapidement entre 1974 et 1978. Ces
pays adoptèrent et poursuivirent des politiques expansionnistes : elles
y encouragèrent les projets d'investissements ambitieux et y maintinrent
des taux de croissance élevés. Ils développèrent
ces mesures par des déficits considérables et persistants : ils
empruntèrent fortement à l'étranger pour maintenir leurs
dépenses au
dessus de leurs revenus. Parmi les causes internes du recours
à l'endettement extérieur, après la corruption, il y a
:
2-1 Les modèles de
développement
Le choix d'un modèle de croissance tirée par
l'extérieur pouvait conduire à un endettement croissant car
celui-ci constituait l'une des conditions de sa fiabilité.
2-2 Déficit des balances des paiements
Le déficit permanent des balances des paiements des PVD
a été financé en partie par l'endettement
extérieur. Avec le temps, les intérêts payés par ces
pays deviennent la cause essentielle des déficits structurels de leurs
comptes courants. Ces pays sont alors entrés dans un cercle vicieux, en
ce sens que l'endettement extérieur accroît le déficit du
compte courant et partant la balance des paiements, alors que le déficit
du compte courant demande davantage d'endettement extérieur.
2-3 Les investissements improductifs
Les emprunts ont servi à la construction
d'infrastructures (routes, barrages etc.) dont la vocation n'est pas
forcément de générer des ressources ; il y a aussi les
éléphants blancs tels que la raffinerie, la sidérurgie
etc. Les emprunts ont été parfois mobilisés non en
fonction des exigences du développement national mais en fonction des
besoins du pays prêteur. L'aide a ainsi servi à créer un
débouché pour des produits du pays prêteur ou un
marché pour ses entreprises (aide liée).
B- Les conséquences, motifs et efficacité
de l'endettement public 1- Conséquences de l'endettement
public
1-1 Conséquences économiques
1-1-1 Problèmes de finances publiques
Une dette importante s'accompagne généralement de
coûts de financement plus élevés, qui se traduisent
à leur tour par un service de la dette plus élevé.
Nonobstant les risques entourant les conditions
économiques futures, l'importance du service de la dette limite la marge
de manoeuvre du gouvernement. Il accapare une part importante des recettes
budgétaires et limite ainsi le gouvernement dans ses choix de
dépenses.
1-1-2 Problèmes
macroéconomiques
Dans une petite économie ouverte les déficits
publics et le service de la dette réduisent l'épargne publique,
ce qui nécessite un recours accru à l'épargne
étrangère ou aux investissements directs étrangers. Il en
résulte une réduction de l'excédent commercial ou,
symétriquement, une augmentation du déficit commercial. C'est
pourquoi les économistes font souvent référence aux
déficits public et commercial comme étant des «
déficits jumeaux ». Les effets réels de la dette publique
sont toutefois moins importants dans une petite économie ouverte que
dans une grande économie ouverte ou dans une économie
fermée, où la réduction de l'épargne publique
entraîne une hausse du taux d'intérêt réel et une
réduction des investissements privés (effet d'éviction),
qui affecte à son tour la
croissance du stock de capital et, à terme, la production
potentielle.
D'après l'équivalence ricardienne, l'endettement
public s'accompagne d'une hausse de l'épargne privée qui compense
la réduction de l'épargne publique, les ménages anticipant
les hausses d'impôt futures et épargnant en conséquence.
Tant l'équivalence ricardienne que la parité des taux
d'intérêt en petite économie ouverte viennent limiter
l'ampleur des impacts macroéconomiques réels de la dette
publique.
1-1-3 Problèmes d'efficacité
économique
Une dette publique élevée a pour
conséquence un fardeau fiscal élevé. Ce fardeau fiscal
élevé agit comme un frein et provoque le ralentissement de
l'activité économique. Un autre effet est l'affaiblissement
potentiel du rendement de l'assiette fiscale pour le gouvernement
(évitement, évasion fiscale) et l'incertitude quant aux
conditions fiscales futures et à l'étendue des services publics
qui seront disponibles dans l'avenir. Cette incertitude peut affecter
négativement la capacité de rétention et d'attraction de
la main d'oeuvre et des capitaux.
1-1-4 Problèmes d'équité
intergénérationelle
Lorsqu'il est utilisé de façon
appropriée, l'endettement public comme mode de financement pour les
investissements publics est un facteur d'équité. Il peut
toutefois devenir un facteur d'iniquité lorsqu'il sert à reporter
le fardeau de dépenses courantes sur les générations
futures de contribuables12. L'endettement public a aussi des impacts
distributifs potentiellement importants non seulement entre les
générations mais également entre les membres d'une
même génération (Osberg, 2004).
1-2 Conséquences sociales et
politiques
La dette publique et les nombreux problèmes qu'elle
peut entraîner sont susceptibles d'influencer le paysage politique. Par
exemple, un problème qui peut se poser est l'écart entre les
taxes payées par les individus et les services qu'ils reçoivent
en retour. Lorsqu'il y a équilibre budgétaire, le service de la
dette introduit un écart entre les taxes payées et les services
publics reçus par les contribuables. Cet écart alimente, dans la
population, l'impression que les contribuables « n'en ont pas pour leur
argent »13. Par conséquent, la rentabilité de
l'assiette fiscale peut s'en trouver affectée, de même que le
soutien dont bénéficient les programmes gouvernementaux.
2- Motifs de l'endettement
2-1 Les motifs de l'endettement
Des emprunts contractés pour financer des
investissements non profitables ou l'importation des biens de consommation,
peuvent conduire à des dettes que les emprunteurs ne pourront rembourser
(KRUGMAN, 1996). Plusieurs motifs peuvent justifier l'endettement.
2-1-1 Les motifs de l'emprunt
extérieur
Dans la littérature, l'endettement est lié à
un déséquilibre. Trois motifs probables peuvent amener un pays
à s'endetter :
12 Rapport Bourbogne 2005RB-06 Septembre 2005 publié par
la CIRANO, p. 20.
13 Idem
- pour financer un haut niveau d'investissement : un pays
renfermant un potentiel d'investissement productif et qui n'a pas un niveau
très suffisant d'épargne intérieure pour financer cet
investissement peut s'endetter ;
- pour lisser les fluctuations de la consommation en cas de
baisse de revenu : théoriquement un déficit du compte courant
peut résulter des chocs exogènes négatifs tels qu'une
dégradation des termes de l'échange, une récession ou une
catastrophe naturelle. Ces chocs exogènes donnent lieu à une
baisse du revenu. Ainsi, pour remédier à ces problèmes, un
pays peut contracter une dette extérieure pour maintenir le niveau
d'absorption ;
- se soustraire à un ajustement face aux
déséquilibres intérieurs ou extérieurs : le
déficit du compte courant insoutenable doit faire l'objet d'un
ajustement par des changements des politiques économiques.
2-1-2 Les motifs de l'emprunt
intérieur
L'emprunt intérieur répond à trois motifs
essentiels :
- le financement du déficit budgétaire, les
dépenses publiques de l'Etat étant supérieures aux
recettes publiques ;
- la mise en oeuvre de la politique monétaire
(opérations sur le marché libre : ventes ou achats de bons pour
absorber ou réinjecter des liquidités) ;
- le développement du marché financier qui
nécessite qu'une offre et une gamme constantes d'instruments financiers
soient échangées.
3- Efficacité de la dette
extérieure
Contrairement aux idées développées
supra, certains économistes s'interrogent plutôt sur la
capacité du financement extérieur à développer un
pays (puisque si un pays s'endette, c'est nécessairement pour
concrétiser ses projets de développement).
Particulièrement pour les radicaux, le financement
extérieur ne peut être qu'appauvrissant pour l'économie
réceptrice puisqu'il n'est rien d'autre qu'une manifestation nouvelle de
l'impérialisme au stade suprême du capitalisme en
développement dans un état de perpétuel asservissement.
Pour les libéraux, le financement extérieur est
la manifestation de l'esprit de solidarité des pays dits
développés qui mettent généreusement à la
disposition des pays en développement des capitaux pouvant leur
permettre de combler à la fois leur déficit d'épargne et
de développement, et de les hisser ainsi sur la voie royale de la
croissance économique et du développement.
CHAPITRE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DU NIVEAU DE
L'ENDETTEMENT PUBLIC AU TOGO
SECTION 1 : STRUCTURE DE LA DETTE ET ETUDE
DESCRIPTIVE DE LA DETTE EXTERIEURE DU TOGO
A- Structure de la dette publique, structure de la dette
extérieure et son évolution
1- Structure de la dette publique
La dette publique togolaise se répartie en dette
intérieure (35,84 %) et en dette extérieure (64,05 %) au 31
décembre 2008. Ces chiffres sont explicités dans le tableau
ci-après:
Tableau n°1 : Répartition de la dette publique
du Togo au 31/12/2008
CREANCIERS
|
MONTANT (en Francs CFA)
|
POURCENTAGE
|
|
DETTE INTERIEURE
|
|
396,507,600,000
|
35,84
|
%
|
DETTE EXTERIEURE
|
|
709,876,453,787
|
64,16
|
%
|
TOTAL
|
1
|
106 384 053 787
|
100,00
|
%
|
Source : Direction de la Dette Publique
2- Structure et évolution de la dette
extérieure 2-1- Structure de la dette extérieure
publique
La dette extérieure du Togo est essentiellement
à long terme. Elle provient pour l'essentiel des prêts d'aide
publique au développement et des prêts d'ajustement structurel;
puis, accessoirement d'origine privée (dette commerciale). La dette
extérieure du Togo se répartie en dette multilatérale, en
dette bilatérale Club de Paris, en dette bilatérale non Club de
Paris et d'une dette privée due à des banques privées.
2-2 Evolution de la dette extérieure du Togo entre
1980 et 2008
Sur cette période, la dette extérieure togolaise a
évoluée en deux étapes : Graphique n°1 :
Evolution de la dette extérieure totale entre 1980 et 2008
Evolution de la dette extérieure totale entre
1980 et 2008
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
année
milliards de FCFA
Source : Auteur à partir des données de la
Direction de la Dette Publique
- la première période va de 1980 à
1993
L'encours de la dette a évolué à la
hausse malgré les remboursements effectués, les remises et
annulations obtenues. Il a passé de 213,4 en 1980 à 349.4
milliards de FCFA en 1993 soit un accroissement en valeur réelle de 61
%. Cet accroissement est le résultat des effets conjugués de
trois facteurs qui sont :
1 - La capitalisation des intérêts dans le cadre des
accords de consolidation.
2 - Les nouveaux engagements de l'Etat.
3 - Les variations de taux de change de quelques devises fortes
comme le dollar, la livre sterling, le franc suisse, etc.
- la deuxième période va de 1994 à
2008
En 1994, suite à la dévaluation du franc CFA
intervenue en janvier, l'encours passa du simple au double puisque l'encours
est libellé en devises étrangères pour presque la
totalité des prêts. Au 1er janvier 1994, l'encours était de
349.4 milliards de F CFA et au 31 Décembre 1994 il se chiffrait à
707.5 milliards de F CFA.
De 1995 à 2008, la hausse de la dette a
été irrégulière et s'explique par la rupture de la
coopération internationale avec certains bailleurs de fonds. Il se
trouve néanmoins atténué par les efforts de remboursement
consentis par le gouvernement, les annulations obtenues auprès des pays
membres du Club de Paris et les remises substantielles qui lui ont
été consenties par des pays amis. Au 31 décembre 2008,
l'encours de la dette extérieure du Togo s'élevait à
environ 709,88 milliards de F CFA.
B- Evolution de quelques indicateurs du poids de la dette
extérieure de 1980 à 2008
1- Evolution de l'encours de la dette
extérieure/PIB
L'approche par ce ratio montre que plus de 100 % du PIB
était nécessaire pour rembourser l'encours de la dette si
celui-ci devenait exigible en 2000. Le graphique n°1 à l'annexe 1
montre que le ratio d'autonomie financière a été
supérieur à 50 % (seuil critique) sur la période de 1980
à 2008. On en déduit que le niveau d'endettement extérieur
est très élevé car au delà des 50 %.
Néanmoins, à partir de 2001, ce ratio a enregistré une
baisse progressive. Cette amélioration serait due à la
dépréciation du dollar par rapport à l'euro.
2- Evolution du ratio service de la dette
extérieure/exportations
L'évolution de ce ratio (graphique 2, annexe 1) fait
apparaître une évolution en dents de scie. On peut déduire
aussi un phénomène cyclique. Son amélioration avec le
temps s'expliquerait par la dépréciation des devises dans
lesquelles sont libellées les crédits accordés au Togo.
Avant 1997, ce ratio était supérieur au seuil
critique de 20 %. Ensuite, la tendance s'est renversée. Ainsi, le
fardeau du service de la dette n'a pas entraîné une
réduction des possibilités de consommation et d'investissement
productif de la nation depuis 1997.
3- Evolution du ratio dette
extérieure/exportations
Le ratio dette extérieure/exportations est resté
presque toujours supérieur au seuil de tolérance de 200 %
(graphique n°3, annexe 2). L'analyse graphique de ce ratio, permet de
remarquer que son poids sur l'économie nationale a été
presque toujours lourd. En dessous du seuil de tolérance avant 1985, ce
ratio a évolué et a atteint son plus haut
niveau à près de 500 % en 1993. Ce ratio a une
tendance baissière. Depuis 2004, ce ratio est en-dessous du seuil
critique.
4- Evolution du service de la dette extérieure
sur le PIB
Le graphique n°4 à l'annexe 2 montre la courbe
représentative du service de la dette sur le PIB. Il
révèle une bonne tenue de notre capacité de remboursement
de 2000 à 2006. Ceci peut s'expliquer par l'accroissement du PIB sur la
période. Au vu de ce graphique, il s'avère que le paiement du
service de la dette au Togo n'a pas considérablement aggravé la
situation déjà précaire de l'économie et de la
population. Le ratio est très faible entre 2000 et 2006. Il ne s'est
donc pas accaparer de la grande part des recettes publiques.
5- Evolution du degré d'ouverture
Le degré d'ouverture se calcule par la formule
suivante : [(exportations + importations)/PIB]. L'observation de sa tendance
(graphique n°5, annexe 2) entre 1980 et 2008 laisse apparaître une
tendance baissière. Cette tendance témoigne des
difficultés du pays a acquérir des devises qui lui permettent de
faciliter le remboursement des charges de la dette. Le degré d'ouverture
le plus élevé a été atteint en 1982 et le plus bas
a été observé en 1993. Depuis l'année 2006, la
tendance est à nouveau baissière. Comme raisons, on peut
évoquer entre autres, la hausse des prix des produits pétroliers,
les inondations et leurs conséquences (rupture des ponts, flambée
des prix des produits alimentaires).
6- Evolution des importations par rapport au
PIB
Le graphique n°6 à l'annexe 3 montre que la sortie
de devises par rapport à la base des ressources a une tendance
baissière. Entre 1980 et 2008, une moyenne de 50,4 % du PIB a
été affectée aux importations. Etant donné que les
importations détériorent la balance commerciale avec une
diminution importante du ratio des réserves sur importations, le revenu
national devrait s'en trouver diminuer par le jeu de l'effet multiplicateur du
commerce extérieur ; ceci a pour conséquence une augmentation de
l'endettement extérieur pour leur financement.
SECTION 2 : La dette intérieure
Jusqu'en 1989, la dette intérieure du Togo était
d'un faible montant. Cet endettement était en partie dûe à
des problèmes d'ordre techniques et administratifs et non à des
tensions de trésorerie. Mais depuis 1990, à la suite des troubles
socio-politiques caractérisés par la paralysie des
activités économiques et la raréfaction des ressources,
les arriérés de paiement ont augmenté. Ils sont
passés de 1,32 milliards de F CFA en 1990 à environ 396,508
milliards de francs CFA au 31 décembre 2008.
A- STRUCTURE ET EVOLUTION DE LA DETTE INTERIEURE 1-
Structure de la dette intérieure publique
Au 31 décembre 2008, le stock de la dette
intérieure du Togo représentait 32,29 % du PIB. Elle était
composée d'une dette commerciale (18,40 %) due aux créanciers
privés et aux entreprises publiques, d'une dette financière
(52,33 %) qui est l'ensemble des concours financiers accordés à
l'Etat par des banques et des entreprises publiques ainsi que de l'emprunt
obligataire, d'une dette sociale (23,10 %) constituée des cotisations
sociales dues à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et
à la Caisse de Retraite du Togo et enfin, des
engagements et risques (6,16 %) essentiellement dus à la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest et aux déposants de
fonds auprès du Trésor Public du Togo.
Graphique n°2 : Structure de la dette
intérieure du Togo au 31/12/2008
Engagements
et risques
6%
Dette sociale
22%
Structure de la dette intérieure du Togo en
2008
Dette
commerciale
18%
Dette
financière
54%
Source : Auteur à partir des données de la
Direction de la Dette Publique
2- Evolution comparée de la dette
intérieure togolaise et du déficit budgétaire entre 1990
et 2008
La dette intérieure a évolué à la
hausse et le déficit budgétaire a été permanent
entre 1990 et 2007.
Graphique n°3 : Evolution comparée de la
dette intérieure et du déficit budgétaire entre 1990 et
2008
Evolution comparée de la dette
intérieure et du déficit budgétaire entre 1990 et
2008
Déficit budgétaire
Dette intérieure publique
année
500
400
300
200
100
0
-100
m illiards de FCFA
Source : Auteur à partir des données de la
Direction de la Dette Publique
Cette évolution en sens inverse traduit le lien
étroit entre le déficit budgétaire et la dette. Les deux
agrégats ont évolué en dents de scie.
Les causes de l'augmentation massive de la dette
intérieure sont principalement la baisse des cours des matières
premières (café, cacao, coton, phosphates), la guerre du Golfe,
le faible niveau de recettes fiscales, les prix pratiqués par les
fournisseurs, la suspension de la coopération avec l'Union
Européenne (UE) et l'accumulation des arriérés.
La dette intérieure constitue ainsi un véritable
obstacle à la relance de la croissance.
B- Evolution de quelques ratios de la dette
intérieure et causes de l'endettement intérieur
1- Evolution de quelques ratios de la dette
intérieure 1-1 Tendance du ratio dette intérieure/PIB
La dette intérieure rapportée au PIB (graphique
n°7, annexe 3) entre 1998 et 2008 était supérieure à
25 % du PIB. Sa tendance était haussière jusqu'en 2000 où
elle a connu son plus fort taux qui est de 32,38 % du PIB. En fin 2008, elle
valait 32,29 % du PIB de l'année. Le poids de l'endettement
intérieur n'est pas à un bon niveau parce que la dette
intérieure vaut près du tiers du PIB.
1-2 Tendance du ratio dette
intérieure/Recettes
L'analyse de la courbe représentative du ratio de la
dette intérieure sur recettes révèle que la dette
intérieure est supérieure aux recettes (graphique n°8,
annexe 3). Ceci traduit les difficultés de l'Etat dans le recouvrement
des impôts et taxes ; aussi, ceci explique-t-il la mauvaise gestion dans
certaines sociétés d'Etat. Il faudrait aussi considérer
les désagréments causés par la crise
énergétique et la rupture des relations financières
décidée par les partenaires du Togo pendant une quinzaine
d'années.
2- CAUSES DE L'ENDETTEMENT INTERIEUR
Les causes sont aussi bien structurelles que conjoncturelles.
2-1 Causes structurelles
La cause essentielle de l'endettement intérieur est le
financement du déficit budgétaire. Pendant longtemps, les
dépenses de l'Etat n'ont pas été couvertes par les
recettes fiscales et non fiscales. Le déficit budgétaire s'est
creusé au début des années 90 à cause de la
détérioration des termes de l'échange. Le Togo n'a pas
réussi à réduire son déficit budgétaire
malgré les accords de rééchelonnement de la dette
extérieure. L'Etat à eu recours à l'endettement
intérieure pour financer le déséquilibre de ses finances
publiques.
Le déficit budgétaire s'explique entre autres par
:
- la hausse des taux d'intérêt mondiaux ;
- les efforts des pouvoirs publics pour accélérer
le développement et l'industrialisation par des activités
économiques aux dépens du secteur privé ;
- les détournements de deniers publics par certains
fonctionnaires ; - les fausses certifications du service fait ;
- les subventions importantes accordées à des
entreprises d'Etat ;
- les particuliers ayant bénéficié des
crédits dans le cadre de la politique d'autosuffisance alimentaire sont
devenus insolvables ;
- la mauvaise gestion dans certaines sociétés
d'Etat a conduit à la hausse des dépenses publiques en fonction
des besoins de ces sociétés ;
- la crise énergétique ;
- le dépassement du plafond au titre des avances
statutaires de la BCEAO (20% des recettes fiscales de l'année
précédente). Les avances statutaires sont passées de
trois milliards de F CFA à la fin de l'année 1993
à six milliards de F CFA en juillet 1994 et
- les dépenses militaires dans la logique de
préserver l'intégrité du territoire et d'assurer la paix
aux citoyens.
2-2 Causes conjoncturelles
En ce qui concerne les causes conjoncturelles, ce sont les
perturbations socio-politiques de l'année 1993 qui ont contribué
à creuser davantage le déficit budgétaire.
En effet la longue grève générale
lancée le 16 novembre 1992 a paralysé les activités
économiques du pays. Cette grève a privé le gouvernement
et le secteur privé des ressources. Ensuite, les
évènements socio-politiques de 1994 ont entraîné la
rupture des relations financières avec l'UE, privant le pays de l'aide
extérieure pendant une quinzaine d'années. La dévaluation
du F CFA aussi a aggravée la situation du pays. La dette
extérieure a été simplement multipliée par deux.
Cette situation a réduit la capacité de l'Etat à emprunter
à l'étranger. Ces causes ont été traduites par une
explosion de la dette intérieure. Ainsi, pour financer les besoins du
pays, les autorités se sont tournées vers le financement
intérieur par emprunts.
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE ECONOMETRIQUE DE LA
DETTE
La deuxième partie de notre étude comporte deux
chapitres. Le premier chapitre s'intéresse aux résultats des
études empiriques sur l'endettement. Le deuxième chapitre est
consacré à l'étude économétrique de
l'endettement extérieur du Togo.
Ce dernier chapitre contient deux sections. La première
concerne l'étude économétrique de l'endettement du Togo
qui sera faite à partir des données macroéconomiques du
Togo. La deuxième section est réservée aux
interprétations et aux suggestions.
CHAPITRE 1 : ANALYSES EMPIRIQUES ET ECONOMETRIQUE.
SECTION 1 : RESULTATS D'ANALYSES EMPIRIQUES ET
SPECIFICATION DU MODELE
A- RESULTATS D'ANALYSES EMPIRIQUES
Les travaux de Barry et de Portes (1986) se sont
intéressés à l'identification des déterminants du
stock de la dette d'une trentaine de pays à un moment donné de
leur économie. Ils ont abouti à la conclusion selon laquelle
l'endettement excessif et le défaut de paiement tendent à
réduire le taux de croissance réelle et la
crédibilité de l'Etat.
Ojo (1989) dans '' Debt capacity model of Sub-saharan African
''montre par une approche économétrique que le rapport de
l'encours de la dette/PIB d'une trentaine de pays africains durant la
période de 1976 à 1984 est déterminé par : la
variation des exportations (X), le rapport des importations/PIB, la population
(Pop) et le taux de croissance du PIB (Y). Il conclut que le rapport de
l'encours de la dette/PIB est lié négativement à la
variation des exportations, au taux de croissance du PIB et positivement au
rapport des importations/PIB, et à la croissance de la population
(Pop).
AJAYI (1991), analyse l'impact des facteurs extérieurs
et intérieurs de l'endettement du Nigeria. En effet, il choisit comme
déterminants du ratio dette/ exportations, les variables suivantes : les
termes de l'échange, le taux de croissance du revenu des pays
industrialisés, le taux d'intérêt réel, le ratio
déficit budgétaire/PIB et le trend. Il affirme qu'on doit
s'attendre à ce qu'une aggravation des déficits
budgétaires accroisse le ratio dette/exportations. Les résultats
de l'estimation de son modèle confirment cet état de fait.
N'Diaye (1993), montre que l'endettement du
Sénégal s'explique positivement par le stock de dette
antérieure et négativement par le niveau de déficit de la
balance courante. Aussi, l'appréciation du taux de change moyen CFA/US
diminue le service de la dette. Considérant la quasi-inexistence de
réserves au Sénégal, l'équation essaie d'expliquer
les mouvements monétaires composés du compte d'opération,
du tirage sur le FMI et de la contribution des banques primaires au financement
de la balance des paiements. Il trouve que malgré la faiblesse du
coefficient de corrélation, cette explication des mouvements
monétaires par le compte courant et les investissements directs nets
peut être retenue. Au regard de ce résultat et de
l'évolution de l'encours de la dette en rapport avec le compte courant,
il est difficile de justifier le niveau d'endettement du Sénégal
par la recherche d'un équilibre des grandeurs macroéconomiques.
C'est dire que le Sénégal ne s'endette ni pour équilibrer
sa balance courante ni pour accroître ses investissements, car le
modèle montre que l'impact du stock de dette sur ces derniers est
très faible. Il estime en outre que l'explication des mouvements
monétaires (compte d'opération) par le solde de la balance des
paiements courants et les investissements nets directs, n'est pas satisfaisante
du point de vue des résultats statistiques.
Rougier (1994) a trouvé des résultats
contrastés au sein des pays africains. D'après ses analyses
économétriques, l'encours de la dette rapporté au PIB
exerce un effet dépressif sur la croissance en Côte d'Ivoire, au
Mali et au Tchad sur la période 1970 - 1991. En revanche, l'effet est
positif pour le Niger, Madagascar et le Kenya.
Cohen (1996) montre empiriquement que la dette a pesé
sur la croissance dans les pays en développement. Cependant, l'impact de
l'endettement sur la réduction de la croissance est négligeable
pour le Burkina Faso, le Kenya, l'île Maurice, le Rwanda, l'Afrique du
Sud, le Zaïre, le Zimbabwe et le Mali. Dans deux autres cas, l'impact de
la dette sur la croissance est même positif (Ghana et Tanzanie).
Coulibaly et al. (2001) dans une étude
réalisée sur l'endettement du Mali ont montré que les
indicateurs statistiques tel que le taux d'intérêt, le financement
des importations, surtout de biens de consommation courante et le processus
cumulatif de l'endettement ont un effet positif sur le niveau d'endettement du
Mali.
RAFFINOT et VENET (2001) ont noté à travers un
panel de 21 pays d'Afrique subsaharienne pour la période 1978 - 1997
qu'il n'y a pas de causalité significative entre l'ouverture commerciale
et la dette. Ils ont conclu que ces résultats ne devraient pas
être généralisables du fait de la spécificité
des économies de cette partie de l'Afrique (exportations essentiellement
constituées des produits de bases et leur quasi-impossibilité
d'emprunter auprès des bailleurs de fonds internationaux
privés).
YAPO (2002), dans une étude, trouve que pour la
Côte d'Ivoire, sur la période 1975 -1999, le rapport
importations/PIB n'est pas significatif. En outre, il montre que l'encours de
la dette de la Côte d'Ivoire est influencé positivement par la
détérioration des termes de l'échange et trouve que le
déficit primaire n'est pas significatif.
AGBERE (2006) a trouvé qu'au Togo, le ratio
d'endettement est affecté positivement par le taux de croissance de la
population et le ratio du service de la dette rapporté aux exportations,
négativement par le taux de croissance du PIB réel.
D'après son étude, le ratio balance fiscale rapportée au
PIB n'a pas eu d'impact significatif.
Les études effectuées sur un panel de pays
telles que les études de Eichengreen et de Portes (1986), de Elbadawi et
al. (1996), de Patillo et al. ( 2004) et de Clemens et al. (2003), ont toutes
constaté que l'endettement excessif a un effet négatif sur le
taux de croissance.
En prenant appui sur la revue de la littérature et les
tests ou les validations empiriques faites par les différentes
études au sujet des déterminants de l'endettement public
extérieur, nous pouvons émettre les hypothèses H1 et H2
suivantes pour répondre à la préoccupation de ce
mémoire qui est une tentative d'identification des facteurs explicatifs
de l'endettement public au Togo :
H1 : le service de la dette rapporté
aux exportations, le ratio des importations rapportées au PIB, le taux
de change, et la population expliquent positivement le niveau d'endettement
H2 : la dévaluation du F CFA, la rupture
de la coopération et le PIB par tête expliquent
négativement le niveau d'endettement.
B- Spécification du modèle et étude
des séries
Procédons à la spécification d'un
modèle, à son estimation et à sa validation. 1-
Spécification du modèle
La spécification d'un modèle
économétrique consiste à traduire sous forme
mathématique la théorie ou les phénomènes
économiques examinés. La spécification suppose
l'identification des variables et la détermination de la forme de
l'équation qui les relie.
1-1 Les variables du modèle
Au regard de la théorie économique et des
études empiriques, les variables retenues pour cette étude sont
:
· variable dépendante ou variable expliquée
:
le poids de l'endettement extérieur du Togo sera
approximé par le ratio de l'encours de la dette en fin de période
en pourcentage du PIB (DTPIB).
· variables indépendantes ou variables explicatives
susceptibles d'agir de façon positive ou négative sur
l'endettement extérieur du Togo :
Les importations rapportées au PIB
(MPIB), reflètent le ratio des importations par rapport
à la capacité de création de revenu de l'économie
dans son ensemble. Elles expriment aussi le niveau de sorties de devises par
rapport à la base des ressources. Le signe attendu est positif. OJO
(1989) et YAPO (2002) ont abouti aux mêmes résultats.
Le rapport entre le service de la dette et les exportations
(DSEX) traduit le niveau du service de la dette par rapport au
volume de recettes en devises dont dispose toute l'économie. Le signe
attendu est positif. AJAYI (1991) et YAPO (2002) ont abouti aux mêmes
résultats.
Le taux de croissance démographique
(POP). La pression démographique tend à
encourager l'endettement. Le signe attendu est positif. OJO (1989) et YAPO
(2002) sont arrivés aux mêmes conclusions.
Soit (PIBH), le PIB par habitant. La
croissance démographique représente une variable importante dans
les motifs d'endettement. La pression démographique tend à
encourager l'endettement. En effet, le taux de croissance démographique
réduit la richesse de la nation (PIB par tête). Le signe attendu
est négatif.
(TCH), le taux de change CFA/Dollar (taux de
change du F CFA par rapport au Dollar). Si le F CFA
s'apprécie, la dette extérieure totale convertie en dollar
diminue. Rappelons que la dette extérieure du Togo est contractée
dans plusieurs devises. Le signe attendu est positif. KRUGMAN (1988) et N'DIAYE
(1993) ont abouti aux mêmes résultats.
La variable muette (DUM93) permettra
d'apprécier l'effet de la suspension de la coopération avec les
principaux partenaires au développement du Togo. Elle prend la valeur
zéro (0) avant 1993 et 1 après. Le signe attendu est
négatif.
Et la variable muette (DUM94) qui permettra
de capter l'effet de la dévaluation du franc CFA par rapport au franc
français. Elle prend la valeur zéro (0) avant 1994 et 1
après. Le signe attendu est positif.
1-2 Formes mathématiques du
modèle
Notre modèle empirique s'inspire de celui de Ojo (1989)
par l'introduction d'autres variables. Supposons Y les variables explicatives
pour la variable dépendante DTPIB.
La variable PIBH a été exprimée en
logarithme népérien afin d'éviter les problèmes
liés aux effets de grandeur et de faciliter les
interprétations.
La forme de notre modèle dynamique s'écrit comme
suit :
D(LDTPIB)t = C1*LDTPIB(t-1) + C2*D(LTCH)t + C3*LTCH(t-1) +
C4*D(LMPIB)t + C5*LMPIB(t-1) +C6*D(LPOP)t + C7*LPOP(t-1) C8*D(LPIBH)t +
C9*LPIBH(t-1) + C10*D(LDSEX)t + C11*LDSEX(t-1) + C12*DUM93 + C13*DUM94 + C0 +
Ut
D(.) est l'opérateur de différence première
défini par D(Xt) = Xt - Xt-1 Le coefficient C0 représente la
constante du modèle
Le coefficient C1 est le coefficient de correction d'erreur (
force de rappel vers l'équilibre). Les coefficients C2, C4, C6, C8, C10
représentent la dynamique de court terme.
Les coefficients C1 C3, C5, C7, C9 et C11 caractérisent
l'équilibre de long terme. Les élasticités de court terme
sont : C2, C4, C6, C8 et C10
Les élasticités de long terme sont : - C3/C1, -
C5/C1, - C7/C1, - C9/C1 et - C11/C1. Ut est le terme d'erreur.
1-3 Estimation de la fonction d'endettement
extérieure du Togo.
La présente étude fait essentiellement recours aux
outils statistiques et économétriques pour la vérification
des hypothèses formulées. A ce effet, le
logiciel EVIEWS5 sera utilisé.
Nous allons procéder aux études de la
stationnarité et éventuellement de la cointégration des
variables du modèle. Nous estimerons ensuite par la méthode des
moindres carrés ordinaires les paramètres du modèle.
1-4 Source des données de
l'étude
Les données utilisées dans cette étude
sont des données annuelles issues de la base de données de la
Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de la Direction de
la Dette Publique (DDP), de la Direction de l'Economie (DE) et de la Direction
Générale de la Statistique et de la Comptabilité Nationale
(DGSCN). Ce sont des séries chronologiques qui couvrent la
période de 1980 à 2008 (soit 29 observations). La qualité
et la fiabilité des résultats des estimations reposent sur celles
des données. Certaines variables seront mesurées par des
approximations en vue de pallier l'indisponibilité des données et
de ramener les grandeurs au même niveau que la variable
dépendante.
2- Etude des séries
L'étude de la stationnarité des variables, au
besoin leur ordre d'intégration, est faite dans le but de garantir des
estimations fiables.
2-1 Etude de la stationnarité des
séries
Les propriétés des séries temporelles de ces
données seront déterminées par le test ADF (Augmented
Dickey-Fuller). Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : le processus est non stationnaire (présence de racine
unitaire),
H2 : le processus est stationnaire (absence de racine
unitaire).
La règle de décision consiste à comparer la
statistique du test ADF (ADF test statistic) à la valeur critique
(Critical Value). Si la valeur ADF est inférieure à la valeur
critique, alors on accepte l'hypothèse de stationnarité de la
série.
Les tests de stationnarité ADF révèle que
les variables LDTPIB, LDSEX, LMPIB, LTCH, LPOP, et LPIBH sont stationnaires en
différence première (tableau 1, annexe 6).
Etant donné que toutes les séries ne sont pas
stationnaires, il existe donc une éventuelle cointégration entre
les variables intégrées du même ordre.
2-2 Test de cointégration de Johansen
Une série macroéconomique stationnaire peut
être le résultat d'une combinaison de variables non stationnaires,
d'où l'importance de l'analyse de la coïntégration. Puisque
toutes les variables ne sont pas intégrées du même ordre,
il existe une éventuelle coïntégration. Faisons le test de
cointégration de Johansen (tableau n°2, annexe 6 et 7).
Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : Non cointégration (rang de cointégration vaut
zéro)
H2 : cointégration (rang de cointégration
supérieur ou égal à 1) LR : Likelihood Ratio (Ratio de
vraisemblance)
CV : Critical Value (Valeur critique).
On accepte l'hypothèse de coïntégration si
LR est supérieur à CV. Ceci veut dire que si le rang de
coïntégration est supérieur ou égal à un, on
accepte l'hypothèse de coïntégration. On rejette
l'hypothèse de cointégration dans le cas contraire.
Le rang de cointégration est 2, on accepte donc
l'hypothèse de cointégration entre les variables de ce
modèle au seuil de 5%.
2-3 Choix de la technique
L'existence d'une relation de cointégration entre les
variables donne la possibilité d'estimer un modèle à
correction d'erreur (MCE). Le MCE sert à déterminer la dynamique
de court et de long terme entre les variables.
Nous allons effectuer l'estimation du modèle à
correction d'erreur à la Hendry (estimation en une étape) par la
méthode des moindres carrés ordinaires (MCO).
SECTION 2 : Estimation et validation du
modèle A- Estimation du modèle
Nous retenons l'estimation du modèle à correction
d'erreur à la Hendry suivant (estimation en une étape) :
D(LDTPIB)t = C1*LDTPIB(t-1) + C2*D(LTCH)t + C3*LTCH(t-1) +
C4*D(LMPIB)t + C5*LMPIB(t-1) +C6*D(LPOP)t + C7*LPOP(t-1) C8*D(LPIBH)t +
C9*LPIBH(t-1) + C10*D(LDSEX)t + C11*LDSEX(t-1) + C12*DUM93 + C13*DUM94 + C0 +
Ut
Lors de l'estimation, la variable muette DUM93 ont
été retirée pour non significativité. Les
résultats de l'estimation du MCE sont donnés dans le tableau
ci-dessous :
Dependent Variable: D(LDTPIB)
Method: Least Squares
Date: 11/12/09 Time: 08:28
Sample (adjusted): 1981 2008
Included observations: 28 after adjustments
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
LDTPIB(-1)
|
- 0.978852
|
0.197330 - 4.960490
|
0.0002
|
D(LTCH)
|
0.558390
|
0.118836 4.698839
|
0.0003
|
LTCH(-1)
|
0.554834
|
0.150469 3.687379
|
0.0022
|
LMPIB(-1)
|
0.177077
|
0.073918 2.395604
|
0.0301
|
D(LMPIB)
|
0.297150
|
0.079564 3.734712
|
0.0020
|
D(LPOP)
|
- 1.019847
|
0.439043 - 2.322887
|
0.0347
|
LPOP(-1)
|
- 1.549542
|
0.251331 - 6.165357
|
0.0000
|
D(LPIBH)
|
- 0.780145
|
0.166637 - 4.681709
|
0.0003
|
LPIBH(-1)
|
- 0.591862
|
0.134018 - 4.416280
|
0.0005
|
D(LDSEX)
|
0.146342
|
0.031735 4.611330
|
0.0003
|
LDSEX(-1)
|
- 0.037082
|
0.024915 - 1.488334
|
0.1574
|
DUM94
|
0.686178
|
0.104388 6.573314
|
0.0000
|
C
|
9.373836
|
1.778812 5.269717
|
0.0001
|
R-squared
|
0.938316
|
Mean dependent var
|
- 0.022853
|
Adjusted R-squared
|
0.888968
|
S.D. dependent var
|
0.143416
|
S.E. of regression
|
0.047788
|
Akaike info criterion
|
- 2.939651
|
Sum squared resid
|
0.034256
|
Schwarz criterion
|
- 2.321128
|
Log likelihood
|
54.15512
|
F-statistic
|
19.01445
|
Durbin-Watson stat
|
2.035061
|
Prob(F-statistic)
|
0.000001
|
Le coefficient associé à la force de rappel est
négatif ( - 0,978852) et significativement différent de
zéro. Il existe donc bien un mécanisme à correction
d'erreur. Le MCE est donc valable.
Nous pouvons alors effectuer tous les tests classiques sur ce
modèle. Ensuite si sa validité prédictive s'avère
bonne, l'on pourra l'utiliser éventuellement à des fins de
prévisions.
B- Validation du modèle
Afin de valider les résultats, nous allons procéder
à l'analyse des validités statistique et
économétrique du modèle puis tester le pouvoir
prédictif du modèle.
1- Validité statistique 1-1 Interprétation
du coefficient de détermination
Le coefficient de détermination R2 égal
à 0,938316. Ceci signifie que 93,8316 % des fluctuations de
l'endettement public extérieur du Togo sont expliquées par le
modèle.
1-2 Test de significativité
1-2-1 Test de Fisher (significativité
globale du modèle)
Le modèle est globalement significatif car la valeur
associée à la Probabilité de Fisher (f-statistic =
0,000001) est inférieur à 0,05. Les variables explicatives dans
ce modèle ont globalement un effet significatif sur l'endettement du
pays.
1-2-2 Test de student (test de
significativité individuelle des coefficients )
Les coefficients des variables du modèle sont
réellement significatifs sauf celui de la variable LDSEX à long
terme.
Au vue de ce qui précède, la validité
statistique du modèle est acceptée.
2- Validité
économétrique
2-1 Test de multicolinéarité
Ce test consiste à comparer le coefficient de
détermination du modèle estimé au coefficient de
corrélation simple des variables explicatives prises deux à deux.
La matrice de corrélation simple des variables explicatives (voir
tableau 3 annexe 7) montre que tous les coefficients de corrélation
entre les variables réellement explicatives du modèle sont
inférieurs à R2. Donc les variables du modèle
retenu ne sont pas colinéaires.
2-2 Test d'homoscédasticité des
erreurs
2-2-1 Test de White
Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : modèle homoscédastique
H2 : modèle hétéroscédastique
Le modèle est homoscédastique si les deux
probabilités sont toutes supérieures à 5 %.
Les valeurs des probabilités étant toutes
supérieures à 5 % (tableau n°4, annexe 7) dans le cas
présent, les erreurs du modèle sont homoscédastiques ;
2-2-2 Test ARCH
Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : erreurs homoscédastiques
H2 : erreurs hétéroscédastiques
Les erreurs du modèle sont homoscédastiques si les
probabilités sont supérieures à 5 %.
Dans le cas présent, les deux probabilités sont
supérieures à 5 %. Les erreurs du modèle sont
homoscédastiques (tableau n°5, annexe 7) ;
2-3 Test de corrélation des erreurs de
Breusch-Godfrey Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : erreurs non corrélées
H2: erreurs corrélées
On accepte H0 si les probabilités sont toutes
supérieures à 5 %.
Les deux probabilités étant supérieures
à 5 % (tableau n°6, annexe 8), les erreurs du MCE sont non
corrélées. Les estimations obtenues par les MCO sont
optimales.
2-4 Test de spécification de Ramsey
Le MCE comporte des variables décalées, au lieu du
test de Durbin-Watson, c'est plutôt celui de Ramsey qui nous permettra de
savoir si le modèle est bien spécifié ou pas.
Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : le modèle est bien spécifié
H2 : le modèle est mal spécifié
On accepte H0 si les probabilités sont supérieures
à 5 %.
Les valeurs des deux probabilités sont supérieures
à 5 % (tableau n°7, annexe 8), on accepte H0, le modèle est
bien spécifié.
2-5 Test de Jarque-Bera
L'hypothèse de normalité des termes d'erreur joue
un rôle essentiel car elle va préciser la distribution statistique
des estimateurs. Les hypothèses du test de normalité sont :
Le test d'hypothèse est le suivant :
H1 : les variables suivent une loi normale N(m, ó)
H2 : les variables ne suivent pas une loi normale N(m,
ó)
Au seuil de 5 %, on accepte l'hypothèse de
normalité dès que la valeur de Probability est supérieure
à 0,05.
La valeur de Probability est 0,606636 donc supérieure
à 0,05 (graphique n°9, annexe 4). Les erreurs du modèle
à correction d'erreur suivent donc une loi normale.
Au regard de ce qui précède, le modèle
peut être validé sur le plan économétrique.
2-6 Analyse de la stabilité du
modèle
2-6-1 Test Cusum de stabilité ( Brown, Durbin,
Ewans )
Ce test CUSUM permet de détecter les instabilités
structurelles .
Dans le cas présent, la courbe ne sort pas du corridor
(graphique n°10, annexe 4). Alors, les coefficients du modèle sont
stables. Le MCE estimé est donc structurellement stable.
2-6-2 Test Cusum carré
Ce test permet de détecter les instabilités
ponctuelles.
Dans le cas présent, la courbe ne sort pas du corridor
(graphique n°11, annexe 5) ; les coefficients du modèle sont
stables. On en déduit que le MCE est ponctuellement stable.
2-7 Evaluation du pouvoir prédictif du
modèle
D'après le critère de Theil, si U vaut zéro,
les prévisions sont parfaites.
Si U égale à 1, la méthode de
prévision examinée est bonne. On doit avoir 0 = U = 1
Le résultat de l'évaluation du pouvoir
prédictif du modèle (graphique n°12, annexe 5) montre que
:
MAPE = 0,570525 % (MAPE = Erreur Absolue Moyenne en Pourcentage)
et Critère U de THEIL = 0,003937 (proche de zéro) (voir le
graphique n°12, annexe 7) Ce modèle à correction d'erreur
peut être utilisé à des fins de prévision.
Conclusion
Les différents tests nous permettent de conclure
à la bonne spécification du modèle, sa validité et
son pouvoir prédictif. Passons maintenant à
l'interprétation.
CHAPITRE 2 : INTERPRÉTATIONS DES
RÉSULTATS ET RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES
ÉCONOMIQUES
Cette partie est consacrée à l'explication des
résultats obtenus afin de pouvoir tirer les enseignements de
l'endettement du Togo et de faire des suggestions à l'endroit des
acteurs de la dette.
Le schéma d'endettement du Togo semble être bien
expliqué par le modèle proposé avec un degré de
confiance 95 %.
Nous tenterons de faire ressortir dans cette partie, les
interprétations des résultats du modèle, les implications
de politiques économiques qui découlent des analyses des courbes
précédentes plus haut et celles qui découleront des
interprétations du modèle puis suivront les recommandations.
SECTION 1 : Interprétations des
résultats
A- Résultats de l'estimation et
interprétation du coefficient de correction d'erreur 1- Résultats
de l'estimation
Les résultats de l'estimation du modèle (MCE) sont
donnés dans le tableau après : Résumé de
l'estimation et calcul des élasticités :
Dependent Variable: D(LDTPIB) Method: Least
Squares
|
Variable
|
Coefficient
|
Elasticités
|
|
Prob.
|
|
|
Court terme
|
Long terme
|
|
LDTPIB(-1)
|
- 0.978852
|
|
|
0.0002
|
D(LTCH)
|
0.558390
|
0.558390***
|
|
0.0003
|
LTCH(-1)
|
0.554834
|
|
0.5668***
|
0.0022
|
LMPIB(-1)
|
0.177077
|
|
0.1809**
|
0.0301
|
D(LMPIB)
|
0.297150
|
0.297150***
|
|
0.0020
|
D(LPOP)
|
- 1.019847
|
-1.019847**
|
|
0.0347
|
LPOP(-1)
|
- 1.549542
|
|
- 1.5830***
|
0.0000
|
D(LPIBH)
|
- 0.780145
|
-0.780145***
|
|
0.0003
|
LPIBH(-1)
|
- 0.591862
|
|
- 0.6046***
|
0.0005
|
D(LDSEX)
|
0.146342
|
0.146342***
|
|
0.0003
|
LDSEX(-1)
|
- 0.037082
|
|
|
0.1574
|
DUM94
|
0.686178***
|
|
|
0.0000
|
C
|
9.373836
|
|
|
0.0001
|
R-squared 0.938316
|
n 29
|
Durbin-Watson stat 2.035061
|
Prob(F-statistic) 0.000001
|
*** (**)indique que le seuil de significativité est de 1%
(5 %).
Source : Auteur à partir des résultats
obtenus sur Eviews5
L'équation estimée est donc :
D(LDTPIB) = -0.979*LDTPIB(-1) + 0.558*D(LTCH) +
0.555*LTCH(-1) + 0.177*LMPIB(-1)
(-4.96) (4.69) (3.69) (2.40)
+ 0.297*D(LMPIB) - 1.019*D(LPOP) - 1.549*LPOP(-1) -
0.780*D(LPIBH)
(3.73) (-2.32) (-6.17) (-4.68)
- 0.592*LPIBH(-1) + 0.146*D(LDSEX) - 0.037*LDSEX(-1)
+ 0.686*DUM94 + 9.374
(-4.42) (4.61) (-1.49) (6.57) (5.26)
|
( ) représente le t statistique
2- Interprétation du coefficient de correction
d'erreur
Le coefficient associé à la force de rappel est
négatif (- 0,978852) et significativement différent de
zéro au seuil statistique de 5 %. Sa probabilité égale
à 0,0002 est inférieur à 0,05. Il existe donc un
mécanisme à correction d'erreur.
A long terme, les déséquilibres entre le ratio
d'endettement, le taux de change du CFA exprimé en dollar, le PIB par
tête, la population, les importations rapportées au PIB et le
ratio service de la dette sur exportations se compensent de sorte que leurs
séries ont des évolutions similaires.
Le coefficient - 0,978852 traduit la vitesse à laquelle
le déséquilibre entre les niveaux désiré et
effectif de l'endettement est résorbé dans l'année qui
suit le choc. Ce qui signifie que l'on arrive à ajuster 97,8852 % du
déséquilibre entre les niveaux désiré et effectif
de l'endettement extérieur du Togo.
Ainsi les chocs sur l'endettement extérieur du Togo se
corrigent-ils à 97,8852 % par l'effet «feed-back ». En
d'autres termes, un choc constaté au cours d'une année est
entièrement résorbé au bout d'un an et un mois (1/0,978852
= 1,0216049 années).
B- Interprétation des élasticités
1- Interprétation des élasticités ou
semi-élasticités de long terme
Les résultats montrent que seules les variables : taux
de change, le PIB par tête et la dévaluation sont
déterminants dans l'explication de l'endettement du Togo. Il ressort les
observations suivantes :
|
le taux de change est corrélé positivement
à l'endettement du Togo. La dette extérieure du Togo est en
devises étrangères. Le taux de change influence significativement
la dette extérieure du pays.
L'élasticité de l'endettement de long terme par
rapport au taux de change (CFA/US) LTCH est 0,5668. A long terme, une
appréciation de 10 % du taux de change moyen CFA/US entraîne,
toute chose égale par ailleurs, une diminution de 5,668 % de la dette
extérieure rapportée au PIB.
Ainsi, la dépréciation du dollar face au F CFA
serait souhaitable pour réduire le niveau d'endettement. Ainsi,
l'appréciation du taux de change moyen CFA/US diminue le service de la
dette. Au plan empirique, N'Diaye (1993) a aboutit à la même
conclusion dans une modélisation de l'endettement au
Sénégal.
|
L'élasticité du ratio importations sur PIB est
de 0,1809. En d'autres termes une réduction des importations de 10%
entraînerait une réduction du niveau de la dette de 1,809% dans le
long terme. Ce résultat indique que toute politique de réduction
de la dette intégrant une réduction des importations serait
efficace.
Dans le long terme, un accroissement de 10 % de la population
entraîne une réduction du niveau de l'endettement de 15,830 %.
Ceci peut s'expliquer par la rupture de la coopération avec l'UE. En
effet au cours de cette période, le Togo n'a pas
bénéficié de nouveaux prêts de ses partenaires de
l'UE.
L'élasticité de long terme de l'endettement par
rapport au PIB par tête est - 0,6046. Le PIB par tête (PIBH) est
corrélé négativement à l'endettement du Togo. A
long terme, si le PIB par habitant augmente de 10%, alors, la dette
extérieure par rapport au PIB va connaître toute chose
égale par ailleurs, une baisse de 6,046 %. Une forte croissance du PIB
serait donc souhaitable afin de réduire significativement le niveau
d'endettement du pays.
La pression démographique tend à encourager
l'endettement d'un pays. L'Etat est obligé de contracter des prêts
pour renforcer ses capacités financières à investir dans
les secteurs tels que l'éducation, la santé, les transports dans
le but de préserver la paix sociale car une population de plus en plus
jeune est exigeante.
Néanmoins, la plupart des études ont
montré qu'il n'y a pas d'impact entre la croissance démographique
et celle économique. Barro (1990) a souligné le caractère
exogène de la variable population dans les modèles de croissance
intégrés aux modèles de soutenabilité de la dette.
Ceci se justifie par l'absence de relation significative entre accumulation et
croissance démographique ;
La variable muette DUM94 qui permet de capter l'effet
lié à la dévaluation du Franc CFA par rapport au Franc
Français a un coefficient positif (0,686178). La dévaluation
influence significativement la dette extérieure du Togo au seuil de 5 %.
Ce résultat signifie que la dévaluation du FCFA a renchéri
la dette extérieure du pays. Rappelons que la dette extérieure du
Togo est contractée en devises étrangères.
2- Interprétation des élasticités de
court terme
L'élasticité de court terme de la dette
rapportée au PIB par rapport au taux de change est 0.558390. Ainsi,
à court terme, si le Franc CFA se déprécie par rapport au
Dollar US de 10 %, alors la dette extérieure totale
évaluée en dollar US rapportée au PIB augmentera de
5,58390 %.
Une réduction des importations de 1% entraîne une
diminution du niveau d'endettement de 0,297150% dans le court terme. En
d'autres termes une réduction des importations de 10% entraînerait
une réduction du niveau de la dette de 2,972% dans le court terme. Ce
résultat indique que toute politique de réduction de la dette
intégrant une réduction des importations serait efficace.
Dans le court terme, un accroissement de 10 % de la population
entraîne une réduction du niveau de l'endettement de 10,19847 %.
Ceci peut s'expliquer par la rupture de la coopération avec l'UE qui a
fait que le Togo n'a pas bénéficié de nouveaux
prêts.
A court terme, une augmentation du PIB par tête de 10 %
va provoquer une baisse du niveau de la dette du Togo de 7,80145 %. Le niveau
du PIB par habitant est négativement corrélé à
l'endettement du Togo. La pression démographique tend à
encourager l'endettement de l'Etat pour financer ses charges en matière
d'éducation, de santé et autre, ou bien pour faire face à
des catastrophes naturelles (incendies, inondations, tremblement de terre). Par
contre, une croissance économique assez élevée
réduit les opportunités d'endettement c'est à dire que les
performances macroéconomiques ont tendance à limiter, dans une
certaine proportion, les contraintes liées aux besoins en capitaux
extérieurs.
SECTION 2 : RECOMMANDATIONS DE POLITIQUES
ÉCONOMIQUES
L'analyse des résultats de notre modèle
démontre que la dette n'a pas favorisé le décollage
économique du Togo. Néanmoins, la dette extérieure n'est
pas le seul obstacle au développement économique du pays. Le
défi de l'amélioration des conditions de vie de sa population
reste donc entier. C'est pourquoi, les recommandations de politiques
économiques formulées ci-après ont pour objectifs, de
créer non seulement un environnement propice afin de stimuler la
croissance mais aussi et surtout de jeter les bases d'un endettement
tolérable et de permettre à la dette de jouer un rôle
efficace dans le financement du développement économique. Il
s'agit entre autres de :
A- Cadre de l'endettement
1- en termes de stratégie de gestion de la
dette
Donner la priorité aux financements hautement
concessionnels. Une gestion saine et efficace permettrait de réduire au
minimum l'exposition du pays au risque. Cela aidera à la restructuration
de la dette en vue de la ramener à un niveau soutenable. La gestion doit
surtout prendre en compte l'utilisation de la dette. Les autorités
devraient donc orienter les emprunts vers les investissements productifs et
sociaux. Aussi, il serait judicieux de faire appel aux instruments de
marché en vue de renforcer l'approfondissement du marché
financier. A cet égard, une bonne programmation des émissions de
bons et d'obligations du Trésor14 contribuerait à
renforcer l'efficience des marchés financiers ;
2- en matière de choix des
créanciers
Il serait souhaitable de privilégier l'endettement
auprès des pays asiatiques, (la Chine, Inde, Japon et les pays arabes)
pour un transfert de technologie et des prêts plus que concessionnels.
14 Bons du Trésor : Titres à court terme
émis par le Gouvernement, généralement vendus à
décote au lieu de rapporter des intérêts, avec une
échéance d'un an au moins.
Obligations : instruments à moyen et long terme
émis au pair et avec intérêts payables annuellement ou
semestriellement par les Autorités centrales, régionales ou
locales.
Le choix d'un pays comme la Chine est motivé par le
fait que les chinois ont pour habitude de réaliser eux mêmes les
projets ou ouvrages qu'ils financent. Rappelons que les accords avec les
chinois sont souvent non liés et leurs réalisations coûtent
moins chères. Aussi, il serait impérieux que le gouvernement
négocie avant la signature d'un accord de prêt, un transfert de
connaissances et de technologies.
B- Cadre du développement économique
1- dans le domaine de la croissance
économique
La croissance économique est la condition
première d'une politique de réduction du fardeau de la dette. La
santé financière du gouvernement togolais serait
considérablement améliorée par une hausse de la croissance
du PIB. Une bonne action politique pourrait encourager l'investissement en
créant un environnement favorable. Au niveau des stratégies et
actions à mettre en oeuvre pour stimuler la croissance économique
du pays :
la mise en oeuvre des politiques macroéconomiques et
structurelles intégrant les politiques commerciales, fiscales et
sectorielles contribuent à un environnement stable à
l'activité économique. Ces reformes économiques
influencent davantage les incitations à investir. Il est reconnu que les
pays qui entreprennent de bonnes politiques macroéconomiques et ayant
des structures économiques favorables au fonctionnement du marché
peuvent connaître une croissance économique relativement souple et
stable.
La croissance du Produit intérieur brut (PIB) par
habitant est une façon de mesurer la performance économique d'un
pays. Ce ratio intègre la dimension démographique et
représente le « gain net » de croissance : son augmentation se
traduit par une amélioration du niveau de vie. Le Togo peut mieux faire,
notamment en assainissant le climat des affaires. Ce qui permettrait
d'augmenter les investissements privés et donc la croissance du PIB.
2- dans le domaine commerciale
encourager la production céréalière afin
de réduire les importations qui se sont révélées
à travers la présente étude comme étant l'un des
facteurs déterminants de l'endettement du pays. Pour y parvenir, l'Etat
doit améliorer la productivité agricole par la mise en place des
techniques d'exploitation de pointe, des projets d'irrigation à petite
échelle et réduire les impôts sur les producteurs afin que
la main-d'oeuvre bénéficie de l'amélioration des termes de
l'échange.
La recettes d'exportations de biens et services devraient
constituer le facteur le plus efficace de l'accroissement de la capacité
du pays à honorer ses obligations et à payer ses dettes. Afin de
promouvoir les exportations des produits de base, la production doit satisfaire
la demande locale et être en mesure de fournir des disponibilités
d'exportation suffisantes.
Comme tout travail scientifique notre étude pourrait
comporter une limite. En effet les données ne sont pas issues d'une
même source, ce qui peut introduire des biais dans l'analyse et donc dans
les recommandations portant sur ces analyses.
CONCLUSION GENERALE
L'objectif général est d'identifier les facteurs
explicatifs de l'évolution de la dette publique du Togo. Nos
études ont révélées la fragilité de
l'économie togolaise et des problèmes d'endettement liés
à la faible capacité de remboursement et à l'accumulation
de la dette. A travers une étude économétrique avec un
modèle à correction d'erreur, nous avons abouti aux conclusions
suivantes :
le taux de change est l'un des facteurs explicatifs de
l'endettement du Togo ;
la dévaluation du Franc CFA en 1994 a
été un événement majeur ayant agi sur la dette
publique du pays ; les importations du pays se sont
révélés aussi déterminants dans l'endettement
public du pays.
L'analyse descriptive fait constater que le pays profite peu
de son ouverture commerciale. La dette du Togo est à 60 % une dette
extérieure.
Suite aux résultats de notre étude, nous pouvons
affirmer que le niveau d'endettement du pays n'est qu'une question des finances
publiques, de gestion de la dette et de mauvaises orientations de politiques
économiques. Par conséquent, un effort pour améliorer le
taux de croissance du PIB serait une solution. Enfin la substitution de
certains produits en vue de diminuer les importations est indispensable pour la
réduction de la dette. Tous ces efforts doivent être suivi d'un
assainissement des finances publiques en vue d'une amélioration de la
balance fiscale.
Avec les atouts dont dispose le Togo, une gestion saine et
efficace, un renforcement des capacités institutionnelles permettraient
au pays de se rapprocher dans les prochaines années de la piste de
décollage économique.
Le gouvernement du Togo doit se doter d'une politique
rationnelle, claire et sans ambiguïté en matière
d'endettement public. La réduction de la dette exigera du temps et
surtout une cohérence temporelle que seul un consensus large au sein de
la population permettra de réaliser. La dette extérieure n'est
pas le seul obstacle au développement économique du pays. Devant
l'évolution démographique à venir, le défi de
l'amélioration des conditions de vie de la population reste tout
entier.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
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Approach to Budget Deficits » The Journal of Economic Perspectives,
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« cours de gestion de la dette », cofeb, dakar
Sites Internet
http://www.persee.fr,
consulté le 20 aout 2009 à 18h 20mn
http://www.imfstatistics.org,
consulté le 15 septembre 2009 à 15h
ANNEXES
ANNEXE 1 Le Plan Brady
La persistance du problème de l'endettement amena les
Etats-Unis à proposer en mars 1989 une nouvelle initiative : le plan
Brady.
Le plan Brady incitait les banques centrales à
coopérer avec les pays débiteurs de manière à
diversifier les formes de soutien financier à la fois pour
réduire le montant et le service de la dette et pour accorder de
nouveaux prêts. Le plan incitait le FMI et la BM à fournir des
fonds afin de réduire le montant de la dette ou sa charge. Ce plan
pressait le FMI de ne plus retarder ses interventions jusqu'à ce que les
banques se soient mises d'accord sur leur engagements de prêts.
Mais, le plan Brady ne précisait pas ses recommandations
devaient être mises à exécution. Il énonçait
cependant un message clair : les institutions officielles devraient promouvoir
une réduction de dettes par des négociations de marché
c'est-à-dire par des transactions opérées «
volontairement » sur les marchés.
Graphique 1 : Evolution de
l'encours de la dette extérieure/PIB
dette ext./PIB en %
140
120
100
40
80
60
20
0
Evolution de la dette extérieure/PIB en
pourcentage de 1980 à 2008
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
Graphique 2 : Evolution du
ratio service de la dette extérieure/exportations
service de la
dette/X en %
100
40
60
20
90
80
70
50
30
10
0
Evolution du ratio Service de la dette
extérieure/Exportations de 1980 à 2008
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
ANNEXE 2
Graphique 3 : Evolution du ratio dette
extérieure/exportations
Evolution du ratio Dette extérieure sur
exportations entre 1980 et 2008
Dette ext./X en %
année
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
GRAPHIQUE 4 : Evolution du
ratio service de la dette extérieure /PIB
service de la
dette/PIB en %
30
25
20
15
10
5
0
Evolution du service de la dette extérieure
rapportée au PIB entre 1980 et 2008
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
GRAPHIQUE 5 : Evolution du
degré d'ouverture
(X+M)/PIB en %
120
100
40
60
20
80
0
Evolution du degré d'ouverture de
l'économie entre 1980 et 2008
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
ANNEXE 3
Graphique 6 : Evolution des importations
rapportées au PIB
Evolution des importations rapportées au PIB de
1980 à 2008
M / PIB en %
70 60 50 40 30 20 10 0
|
|
année
|
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
Graphique 7 : Evolution de la dette
intérieure en pourcentage du PIB
Evolution de la Dette intérieure en pourcentage
du PIB entre 1990 et 2008
Dette intérieure/PIB
en %
35
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
Graphique 8 : Evolution de la dette
intérieure en pourcentage des recettes
dette int./PIB
en %
300
250
200
150
100
50
0
Evolution du ratio Dette intérieure/Recettes
entre 1990 et 2005
année
Source : Auteur utilisant Excel à partir des
données de base
ANNEXE 4
Graphique 9 : Test de normalité de
Jarque et Bera
Source : Auteur utilisant Eviews5
Graphique n°10 : Test
Cusum de stabilité ( Brown, Durbin, Ewans )
Source : Auteur utilisant Eviews5
ANNEXE 5
Graphique n°11 : Test
Cusum carré
Source : Auteur utilisant Eviews5
Graphique n°12 :
Critère de prévisions
Source : Auteur utilisant Eviews5
ANNEXE 6
Tableau 1 :
Résumé des différents tests de
stationnarité
Variables
|
Niveau
|
Différence première
|
Conclusion
|
ADF
|
CV
|
ADF
|
CF
|
LDTPIB
|
- 0.71
|
2.97
|
- 3.34**
|
2.97**
|
I(1)
|
LDSEX
|
- 1.68
|
- 2.97
|
- 6.04**
|
- 2.99**
|
I(1)
|
LTCH
|
- 2.18
|
- 2.97
|
- 2.54**
|
- 2.98**
|
I(1)
|
LMPIB
|
- 1.99
|
- 2.97
|
- 5.66**
|
- 2.98**
|
I(1)
|
LPOP
|
- 0.63
|
- 2.97
|
- 6.02**
|
- 2.98**
|
I(1)
|
LPIBH
|
- 0.96
|
- 2.97
|
- 4.56**
|
- 2.98**
|
I(1)
|
Source : Construit à partir des
résultats des différents tests sur Eviews5
** valeur critique à 5%
Tableau n°2 : Test de
cointégration de Johansen Test de cointégration
de Johansen
Date: 11/12/09 Time: 08:19
|
|
Sample (adjusted): 1982 2008
|
|
Included observations: 27 after adjustments
|
|
Trend assumption: No deterministic trend
|
|
Series: LDTPIB LTCH LPOP LPIBH LMPIB LDSEX
|
|
Lags interval (in first differences): 1 to 1
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)
|
|
Hypothesized Trace 0.05
|
|
No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value
|
Prob.**
|
None * 0.838901 126.3884 83.93712
|
0.0000
|
At most 1 * 0.759764 77.09341 60.06141
|
0.0010
|
At most 2 0.540278 38.58778 40.17493
|
0.0716
|
At most 3 0.360295 17.60519 24.27596
|
0.2741
|
At most 4 0.184623 5.543003 12.32090
|
0.4939
|
At most 5 0.001191 0.032189 4.129906
|
0.8834
|
Trace test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level
|
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
1 Cointegrating Equation(s):
|
Log likelihood
|
160.3161
|
|
|
Normalized cointegrating coefficients (standard error in
parentheses)
|
|
LDTPIB
|
LTCH
|
LPOP
|
LPIBH
|
LMPIB
|
LDSEX
|
1.000000
|
-6.300514
|
10.23363
|
2.617887
|
-4.744883
|
2.892603
|
|
(1.73324)
|
(2.43220)
|
(0.96770)
|
(1.17350)
|
(0.47461)
|
Source : Auteur utilisant Eviews5
ANNEXE 7
Tableau 2 (suite) : Test de Johansen
(Résultat de l'option summary)
Date: 11/12/09 Time: 08:18
Sample: 1980 2008 Included observations: 27
Series: LDTPIB LTCH LPOP LPIBH LMPIB LDSEX Lags
interval: 1 to 1
Selected (0.05 level*) Number of Cointegrating Relations by
Model
|
Data Trend:
|
None
|
None
|
Linear
|
Linear
|
Quadratic
|
Test Type
|
No Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
Intercept
|
|
No Trend
|
No Trend
|
No Trend
|
Trend
|
Trend
|
Trace
|
2
|
3
|
3
|
3
|
3
|
Max-Eig
|
2
|
3
|
2
|
2
|
2
|
Source : Auteur utilisant Eviews5
Tableau 3 : Tableau de la matrice de
corrélation entre les variables
|
LDTPIB
|
LTCH
|
LMPIB
|
LPOP
|
LPIBH
|
LDSEX
|
LDTPIB
|
1.000000
|
0.250367
|
- 0.598625
|
- 0.429674
|
- 0.257571
|
0.503845
|
LTCH
|
0.250367
|
1.000000
|
0.149305
|
0.696823
|
0.808096
|
- 0.367532
|
LMPIB
|
- 0.598625
|
0.149305
|
1.000000
|
0.657350
|
0.449462
|
- 0.498915
|
LPOP
|
- 0.429674
|
0.696823
|
0.657350
|
1.000000
|
0.903146
|
- 0.632752
|
LPIBH
|
- 0.257571
|
0.808096
|
0.449462
|
0.903146
|
1.000000
|
- 0.600025
|
LDSEX
|
0.503845
|
- 0.367532
|
- 0.498915
|
- 0.632752
|
- 0.600025
|
1.000000
|
Source : Auteur utilisant Eviews5
Tableau n°4 : Test de
White
White Heteroskedasticity Test :
F-statistic 2.017654 Probability 0.260941
Obs*R-squared 25.77804 Probability 0.311456
Source : Auteur utilisant Eviews5
Tableau n°5 : Test
ARCH
ARCH Test :
F-statistic 0.513979 Probability 0.677090
Obs*R-squared 1.710075 Probability 0.634696
Source : Auteur utilisant Eviews5
ANNEXE 8
Tableau n°6 : Test de
corrélation des erreurs de Breusch-Godfrey
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test :
F-statistic 0.316764 Probability 0.733970
Obs*R-squared 1.301113 Probability 0.521755
Source : Auteur utilisant Eviews5
Tableau n°7 : Test de
spécification de Ramsey
White Heteroskedasticity Test:
F-statistic 2.017654 Probability 0.260941
Obs*R-squared 25.77804 Probability 0.311456
Source : Auteur utilisant Eviews5
Tableau n°8 : Estimation du modèle
à correction d'erreur
Dependent Variable: D(LDTPIB)
Method: Least Squares
Date: 11/12/09 Time: 08:28
Sample (adjusted): 1981 2008
Included observations: 28 after adjustments
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error t-Statistic
|
Prob.
|
LDTPIB(-1)
|
-0.978852
|
0.197330 -4.960490
|
0.0002
|
D(LTCH)
|
0.558390
|
0.118836 4.698839
|
0.0003
|
LTCH(-1)
|
0.554834
|
0.150469 3.687379
|
0.0022
|
LMPIB(-1)
|
0.177077
|
0.073918 2.395604
|
0.0301
|
D(LMPIB)
|
0.297150
|
0.079564 3.734712
|
0.0020
|
D(LPOP)
|
-1.019847
|
0.439043 -2.322887
|
0.0347
|
LPOP(-1)
|
-1.549542
|
0.251331 -6.165357
|
0.0000
|
D(LPIBH)
|
-0.780145
|
0.166637 -4.681709
|
0.0003
|
LPIBH(-1)
|
-0.591862
|
0.134018 -4.416280
|
0.0005
|
D(LDSEX)
|
0.146342
|
0.031735 4.611330
|
0.0003
|
LDSEX(-1)
|
-0.037082
|
0.024915 -1.488334
|
0.1574
|
DUM94
|
0.686178
|
0.104388 6.573314
|
0.0000
|
C
|
9.373836
|
1.778812 5.269717
|
0.0001
|
R-squared
|
0.938316
|
Mean dependent var
|
-0.022853
|
Adjusted R-squared
|
0.888968
|
S.D. dependent var
|
0.143416
|
S.E. of regression
|
0.047788
|
Akaike info criterion
|
-2.939651
|
Sum squared resid
|
0.034256
|
Schwarz criterion
|
-2.321128
|
Log likelihood
|
54.15512
|
F-statistic
|
19.01445
|
Durbin-Watson stat
|
2.035061
|
Prob(F-statistic)
|
0.000001
|
Source : Auteur utilisant Eviews5