Sommaire
SOMMAIRE
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Introduction 1
Section 1. Les théories explicatives de la
décision d'externalisation 2
§ 1. La théorie des coûts de
transaction 3
§ 2. La théorie institutionnelle
3
§ 3. La théorie des ressources et des
connaissances 4
§ 4. La théorie de la contingence
5
Section 2. Eléments méthodologiques
6
Section 3. Les cas 7
§ 1.Cas1 : Reprise de la fonction d'un franchiseur
qui tenait la comptabilité de ses 7
franchisés
§ 2. Cas2 : Externalisation de la production
comptable 8
§ 3. Cas3 : Reprise du dossier d'un confrère
8
Section 4. Discussion 11
§ 1. Les faits caractéristiques de
l'externalisation 11
§ 2. Les déterminants de l'externalisation
12
§ 3. Le pouvoir explicatif des différentes
théories 12
Conclusion 14
~~~~~~~~~~~~~~~~~ ~~ ~~ ~~~~~~~~ ~~~~~~~~~ ~~ ~~~~~~~~~~ ~
~~~~~~~~~~ ~~ ~~~~~~~~ ~~~~~~~~~~~
Introduction
L'externalisation de la fonction comptable et
financière est une démarche fréquemment
évoquée (par les prestataires de services) mais rarement mise en
oeuvre. L'objectif de ce travail est double : définir cette pratique
qui, dans le cas de la fonction comptable et financière, est
fréquemment confondue avec la sous-traitance et identifier les facteurs
explicatifs de cette décision.
L'externalisation et la création de centres de services
partagés (CSP) sont des évolutions organisationnelles
éprouvées pour de nombreuses fonctions. Cependant elles
apparaissent comme de innovations pour la fonction comptable (Tort, 2003 ;
Gigot-Gaillard, 1995). Ce mouvement s'inscrit dans le contexte plus
général de l'émergence des NFO (nouvelles formes
d'organisation) qui se traduit, entre autres, par le développement des
organisations en réseau (Desreumaux, 1996)1.
L'externalisation et la création de centre de services
partagés consistent à recentrer l'exercice de la fonction
comptable, soit en la confiant à un prestataire externe, soit en la
réalisant en « interne », au sein d'une filiale
spécialisée alors appelée CSP. Cette similitude des
processus permet d'identifier des causes et des objectifs communs à de
telles réorganisations. Le constat de départ tient dans
l'inefficience du service voire, dans les cas les plus graves, dans son
incapacité à répondre aux attentes des directions
générales (inefficacité). Notre réflexion sera
toutefois limitée à la seule externalisation.
Dans un premier temps, après avoir tenté de
définir l'externalisation, nous présenterons les principales
théories expliquant le choix de cette forme d'organisation. Dans un
second temps, quatre études de cas fourniront des informations plus
complètes sur cette pratique et sur les motivations de cette
décision.
1 Compte tenu de l'intensité de la relation liant les deux
organisations, il n'est pas choquant de considérer le prestataire de
services comme une unité du réseau de l'organisation qui
externalise tout ou partie de son service comptable
L'externalisation de la fonction comptable et
financière: Définition et facteurs explicatifs
Section 1. Les théories explicatives de la
décision d'externalisation
Le choix d'une organisation particulière doit permettre
de répondre à la question suivante : quel est l'agencement
structurel qui permet de contribuer au mieux à la stratégie de
l'entreprise en termes de maîtrise des coûts, de
flexibilité, d'aide à la décision, de qualité
informationnelle et de production de connaissances ? Au-delà des
agencements intra-organisationnels, l'entreprise est face à un choix
binaire, celui de faire (en interne) ou celui de faire faire notamment au
travers de l'externalisation.
Généralement, pour justifier le choix de
réaliser en interne ou d'externaliser une activité ou une
fonction les théories de la contingence et des coûts de
transaction sont souvent évoquées. Toutefois, dès lors que
nous nous fixons comme objectif d'analyser le contenu de l'externalisation
(l'élaboration du contrat, sa mise en oeuvre, la gestion de la relation)
ces théories ne sont plus suffisantes. Pour positionner
l'externalisation dans un cadre théorique il faut revenir à sa
définition (Lacity et Hirschheim, 1993) : « l'externalisation peut
etre conçue comme l'achat d'un bien ou d'un service qui était
auparavant fourni en interne. Elle représente un transfert significatif
d'actifs, de beaux et de personnel à un vendeur qui est responsable des
pertes et profits ». Cette définition nous permet de distinguer
l'externalisation d'un certain nombre de pratiques et d'élargir le cadre
théorique d'explication du phénomène.
L'externalisation se distingue de la sous-traitance dans la
mesure où il s'agit de confier à un prestataire une
activité ou une fonction qui était réalisée en
interne. Cette précision a deux implications. Il ne peut pas y avoir
externalisation d'un processus ou d'une production qui jusqu'alors
n'était pas réalisé en interne. En cas d'externalisation,
il y a eu des investissements préalables qui devront etre
redéployés auprès du prestataire externe.
Ce redéploiement n'est pas une cession pure et simple,
il s'agit d'un transfert ce qui induit une relation étroite entre
l'entreprise procédant à l'externalisation et le prestataire
externe. Ce transfert s'oppose à un désinvestissement par cession
d'actifs et licenciement du personnel dans la mesure où
l'externalisation porte sur des activités nécessaires au
fonctionnement de l'entreprise qui feront l'objet d'une relation contractuelle
prévoyant notamment les conditions de sortie de la relation,
c'est-à-dire la réinternalisation de l'activité ou le
changement de prestataire.
L'externalisation en tant que forme particulière de
coopération interorganisationnelle2 comprend deux aspects :
d'une part la ré-allocation des ressources existantes qui peut notamment
etre expliquée par l'analyse des coûts de transaction et d'autre
part la mise en place de la relation contractuelle et la production de savoirs
et de savoir-faire qui nécessitent de recourir à d'autres cadres
théoriques. Ainsi les théories le plus fréquemment
mobilisées pour expliquer la décision d'externaliser sont elles
la théorie des coûts de transaction et la théorie des
ressources (Poppo et Zenger, 1998 ; Barthélémy 2004). Toutefois,
des théories aussi différentes que la théorie
institutionnelle et la théorie de la contingence apportent un regard
complémentaire sur la phase de décision, d'autres cadres pouvant
etre mobilisés pour comprendre d'autres phases du processus, telle la
théorie de l'agence pour la formalisation de la relation au moyen du
contrat.
2
Selon Koening (1996), les coopérations inter
organisationnelles correspondent à des démarches
stratégiques destinées à
coordonner les actions d'organisations juridiquement
autonomes.
§ 1. La théorie des coûts de
transaction
La théorie des coûts de transaction (TCT) permet
d'expliquer le choix du recours à l'externalisation au travers du
renversement de l'analyse de l'optimisation organisationnelle par le recours
à l'intégration verticale (la désintégration
verticale). La forme organisationnelle optimale pour réaliser une
transaction doit permettre de minimiser les coûts de production et de
transaction.
Il existe trois dimensions fondamentales caractérisant
une transaction et déterminant la forme organisationnelle optimale :
l'incertitude, la fréquence des échanges et le degré
d'investissements spécifiques nécessaires à la
réalisation de la transaction. Ces trois caractéristiques
influenceront le comportement organisationnel des agents économiques et
influeront sur les coûts de transaction. En matière
d'externalisation : l'incertitude est reliée à la
dépendance du client par rapport à son prestataire. L'incertitude
peut aussi s'analyser par la dépendance ex-post et le hasard moral : en
externalisant, le client s'expose à une perte de contrôle ; la
fréquence est à relier à la
répétitivité des tâches et à leur
degré de complexité. Plus les tâches sont
répétitives et peu complexes plus elles peuvent s'inscrire dans
le cadre d'une externalisation ; la spécificité des actifs
(matériels et immatériels) est la dimension la plus importante
relative à la décision du choix de la structure de gouvernance.
Elle détermine la possibilité ou non de redéployer l'actif
dans d'autres contextes économiques, sans altération de la valeur
de production (Williamson, 1985) et donc de le transférer à un
autre agent économique qui prendra en charge la réalisation de la
transaction. En réalité, la solution adoptée n'est pas
toujours rationnelle, c'est-à-dire qu'elle n'est pas
nécessairement basée sur le critère d'efficience. Elle est
aussi influencée par des logiques institutionnelles, notamment pour les
activités réglementées telle que la comptabilité.
« Les institutions de la gouvernance (firme, marché, hybrides,
bureaucratie) sont encastrées dans l'environnement institutionnel »
(Williamson, 1992).
Néanmoins, la vision de l'environnement institutionnel
de la TCT semble restreinte car elle ne prend pas en compte les
éléments sociologiques et cognitifs. La théorie
institutionnelle propose une vision complémentaire de la décision
d'externalisation.
§ 2. La théorie institutionnelle
Meyer et Rowan (1977) analysent les impacts des environnements
institutionnels sur les organisations Les arguments de DiMaggio et Powell
(1983) permettent une compréhension plus approfondie de
l'externalisation de la fonction comptable. Il s'agirait d'un moyen d'atteindre
une certaine légitimité, de se conformer aux règles. Les
auteurs identifient trois types d'isomorphismes qui ne sont pas toujours
faciles à dissocier :
- isomorphisme coercitif : les textes législatifs et
réglementaires qui régissent l'activité comptable (ex :
l'ordre des experts comptables) ;
-isomorphisme normatif : lié à la formation
professionnelle, l'activité professionnelle ou les réseaux
professionnels (ex : les syndicats professionnels) ;
- isomorphisme mimétique : induit des réponses
standard aux incertitudes. Quand l'environnement est incertain et les objectifs
sont ambigus, l'organisation a tendance à imiter le modèle des
autres organisations qu'elle perçoit comme réussies.
S'inscrivant dans le même courant de pensée,
Roberts et Greenwood (1997) analysent l'environnement institutionnel en
distinguant deux sortes de contraintes :
- les contraintes « pré-conscientes » : ce sont
les facteurs que les acteurs ne perçoivent pas parce qu'ils leurs
semblent évidents. Par exemple : des règles sociales ou des
guides de conduite...
- les contraintes « post-conscientes » : dans ce
cas, les acteurs sont conscients de la nécessité de changement et
des facteurs qui conditionnent leur solution. Cependant, les pressions
environnementales empêchent tout changement. Par exemple, on parlera de
contrainte « post- consciente » si une organisation ne fait pas le
choix de l'externalisation du fait de l'absence de références
alors qu'il s'agit de la solution la plus efficiente.
Le processus du choix de l'externalisation de la fonction
comptable dans le cadre d'analyse de Roberts et Greenwood (1997) appelé
« efficience contrainte » peut être schématisé
ainsi :
La compétition fondée sur l'efficience conduit
l'organisation à dresser un diagnostic de sa situation actuelle.
Ensuite, les solutions sont identifiées et évaluées afin
de choisir la plus efficiente. Le critère de l'efficience est
présent à toutes les étapes, mais la nouveauté de
la vision de Roberts et Greenwood (1997) est d'introduire l'environnement
institutionnel. En effet, tout au long du processus, le choix organisationnel
est influencé par des multiples contraintes : contraintes cognitives,
« pré-conscientes » et « post-conscientes ».
La théorie des coûts de transaction a
constitué un cadre théorique largement utilisé dans
l'analyse de l'externalisation et ce quelle que soit la fonction
analysée. Toutefois, comme cette théorie est attachée
à l'analyse du phénomène de l'intégration verticale
qui est une forme organisationnelle d'optimisation des coûts de
transaction, elle présente quelques limites notamment dans son apport
quant à la rédaction des contrats qui vont permettre de recourir
au marché tout en limitant les coûts d'agence ainsi que dans son
absence d'approche de la gestion du transfert initial et de la gestion future
des ressources et des compétences de l'entreprise vers le prestataire
avec comme contrainte de permettre une éventuelle
réintégration.
Outre la théorie des coûts de transaction
l'approche ressources est le cadre théorique le plus fréquemment
mobilisé pour expliquer la décision d'externaliser (Poppo et
Zenger, 1998 ; Barthélémy 2004).
§ 3. La théorie des ressources et des
connaissances
La théorie des ressources et des connaissances permet
d'expliquer le recours à l'externalisation comme un moyen d'optimiser
l'utilisation de ses ressources pour son coeur de métier et de recourir
à la complémentarité de l'offre des prestataires externes,
dès lors que celle-ci est jugée plus performante que la
prestation réalisée en interne. De plus, la problématique
de la gestion des compétences est au coeur de la problématique
des entreprises dès lors que l'on s'interroge sur la gestion de la
réintégration de la fonction externalisée.
L'approche fondée sur les ressources et les
compétences conçoit l'entreprise comme une collection de
ressources productives (Penrose, 1959) dont l'objectif est de créer et
d'allouer ces ressources mais également de valoriser des rentes
(Quélin, 1997). L'entreprise n'est pas un outil d'optimisation
organisationnelle opposé au marché mais un outil de
création de ressources. Les ressources bien que définies de
différentes façon peuvent etre selon Barney (1991)
considérées comme « tous les actifs, capacités,
processus organisationnels, attributs de la firme, informations, savoir...,
contrôlés par une firme qui lui permettent de concevoir et de
mettre en oeuvre des stratégies susceptibles d'accroître son
efficacité et son efficience. »
Quant aux compétences, il s'agit d'ensemble de
ressources individuelles et collectives qui permettent de réaliser une
activité composée de routines organisationnelles ou de processus.
Ces compétences seront stratégiques lorsqu'elles sont a la base
d'un avantage concurrentiel et quelles sont durables, non transparentes,
difficilement transférables et réplicables.
Dans le cadre de l'externalisation qui consiste a
transférer a un tiers une activité réalisée en
interne en transférant a la fois les actifs physiques et humains, la
notion de transfert et de gestion des ressources et des compétences est
au coeur de la relation entre les deux parties au contrat.
C'est pourquoi, cette théorie est utile a
différents niveaux pour éclairer le phénomène de
l'externalisation : elle peut permettre de justifier l'externalisation au
travers du transfert a un prestataire de compétences jugées non
stratégiques (n'ayant pas les qualités évoquées
précédemment) afin de recentrer l'utilisation de ses ressources
sur les compétences jugées stratégiques ; elle peut
éclairer la prise en compte de la nécessiter de développer
de nouvelles compétences dites stratégiques celles qui permettent
de gérer la relation avec le prestataire du fait de
l'incomplétude des contrats notamment la création de ressources
et de compétences nécessaires a la réintégration
des fonctions.
La « théorie » de l'apprentissage
organisationnel vise a construire « une organisation qui est habile a
créer, a acquérir et a transférer des connaissances ainsi
qu'a modifier son comportement de manière a refléter leurs
nouvelles connaissances et leurs réflexions stratégiques »
(Garvin, 1993).
Dans un contexte turbulent et incertain, cela permet a
l'organisation de se transformer au moins aussi rapidement, voire plus vite que
l'environnement par anticipation. Cette théorie constitue un cadre
d'analyse de l'externalisation de la fonction comptable en étudiant le
processus d'apprentissage de l'entreprise lors de la mise en place de
l'externalisation et lors du déroulement de la prestation. Une analyse
similaire peut etre développée du côté du
prestataire.
§ 4. La théorie de la contingence
La théorie de la contingence fournit un cadre d'analyse
au recours a l'externalisation, dans le cas de la fonction comptable et
financière. En effet, ce courant théorique n'a, a notre
connaissance, jamais été mobilisé pour expliquer la
décision d'externalisation.
Les théoriciens de la contingence, selon Desreumaux
(1997, p.3165) « [renvoient] a une sorte de processus impersonnel qui se
reflète dans les actions des individus, mais qui est
séparé en grande partie de leurs intentions. Le principe
explicatif de référence devient ici celui du déterminisme
contextuel ; le contexte impose un tel degré de contrainte sur les
individus créant ou modifiant la structure d'une organisation qu'ils ne
peuvent qu'adapter cette structure en conséquence ». Ainsi, il
apparaîtra que l'externalisation de la fonction comptable est
associée a des structures organisationnelles singulières.
Chaque courant théorique propose une approche
complémentaire de l'externalisation :
Courant théorique
|
Approche contenu (pourquoi doit- on externaliser
?)
|
Approche processus (comment mettre en place et gérer la
décision d'externalisation ?)
|
Décision d'externaliser
|
Etablissement du contrat
|
Organisation de l'externalisation
|
Gestion de la relation
|
Gestion de la fin du contrat
|
Théorie de la contingence
|
X
|
|
|
|
|
Théorie des coûts de transaction
|
X
|
|
|
|
|
Théorie institutionnelle
|
X
|
|
|
|
|
Théorie des ressources et des
compétences
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Tableau 1 : Synthèse des domaines d'explication des
différents courants théoriques Section 2.
Eléments méthodologiques
Contrairement à ce que pourraient laisser penser les
nombreuses publications consacrées à l'externalisation de la
fonction comptable, il s'agit d'une pratique encore assez rare (Tondeur et de
La Villarmois, 2003), donc mal définie.
L'étude de cas que nous allons présenter dans le
cadre de ce travail est celle présentée par HUYNH Thi Ngoc
Vân dans le cadre de sa mémoire présenté en 2004
pour l'obtention du DEA en stratégie et management des organisations
à l'Institut d'Administration des Entreprises de Lille.
Cette étude a pour objet l'analyse des critères
qui conduisent à l'externalisation de la fonction comptable. Les
principaux dossiers d'un prestataire de services leader sur le marché de
l'externalisation de la comptabilité ont été passés
en revue. Le domaine externalisé étudié, la
comptabilité, est une activité réglementée qui, si
elle n'est pas internalisée par l'entreprise, nécessite de
recourir à un prestataire inscrit au tableau de l'ordre des
expertscomptables. Le prestataire est donc une société
d'expertise comptable qui a présenté ses différents
dossiers sous couvert du respect du secret professionnel. Le temps moyen
d'analyse d'un dossier était évalué à une
journée, certaines des réunions se déroulant avec un
associé d'autres avec deux associés responsables de
l'activité externalisation.
Pour structurer son entretien et la présentation des
cas HUYNH a retenu les six phases proposées par Anderson (1995) :
initiation, adoption, adaptation, acceptation, routinisation et assimilation.
Pendant la phase d'initiation (1), les besoins internes et les pressions
compétitives incitent au changement et à la recherche de
nouvelles solutions. L'adoption (2) recouvre la sélection d'une solution
et la décision d'investir des ressources pour faciliter le changement.
L'adaptation (3) permet de faire face aux imprévus et de surmonter les
limites de la proposition initiale. L'acceptation (4) est le niveau minimum
d'utilisation et de maintenance de la méthode pour que la méthode
« survive ». Le remplacement complet des anciennes méthodes
constitue la phase de routinisation (5). Il y a assimilation (6) lorsque la
méthode est utilisée, souvent de manière inattendue, pour
améliorer la performance et lorsqu'elle est parfaitement
intégrée aux autres systèmes. Ces six phases
dépassent largement la question de l'adoption mais elles permettent une
meilleure appréhension de la situation. Les quatre cas décrits
ont été choisis par le prestataire parce qu'ils sont
représentatifs de son métier.
Section 3. Les cas
§ 1.Cas1 : Reprise de la fonction d'un franchiseur
qui tenait la comptabilité de ses franchisés
Le premier cas est celui d'une entreprise du secteur de la
distribution. La situation est en réalité plus complexe parce
qu'il s'agit d'une fédération d'indépendants dans lesquels
le groupe détient une participation de 26%. La fonction comptable
était centralisée au sein d'une entité rattachée
à la direction financière du groupe qui réalisait la
prestation comptable pour des entités juridiquement autonomes dans
lesquelles le groupe ne détenait qu'une participation minoritaire. Cette
situation représentait un exercice illégal de la profession
d'expert comptable dans la mesure où il ne s'agissait pas d'une forme de
centre de services partagés (une entité autonome de prestation
comptable). En effet, l'entité de la direction financière ne
travaillait pas pour des sociétés détenues par le groupe
mais pour des indépendants. Face aux plaintes déposées
auprès de l'ordre des experts-comptables, la décision
d'externaliser la fonction comptable auprès d'une société
d'expertise comptable (inscrite à l'ordre) a été prise.
Cette décision s'est traduite par le transfert de 80
personnes de l'entité du groupe vers le cabinet ayant obtenu le contrat
d'externalisation. Toutefois, en pratique, au-delà du changement de
convention collective les salariés ont connu peu de changement apparent
car même les locaux ont été repris. Dans ces conditions, la
mise en place de l'externalisation ne représente pas une
évolution significative. La véritable évolution fut
culturelle avec la mise en place des normes professionnelles et l'adoption
concomitante de méthodes de travail propres aux cabinets d'expertise
comptable (notamment le suivi de chacune des comptabilités des
indépendants par l'instauration d'un dossier de travail
normalisé). Cette externalisation a eu pour conséquence
première d'améliorer la qualité de la prestation comptable
fournit aux indépendants.
Toutefois, cette relation tripartite entre un groupe, des
indépendants et le prestataire de services est très
particulière au regard des pratiques courantes d'externalisation. En
effet, l'indépendant est le client du prestataire qui est prescrit,
recommandé, par le groupe pour lequel il devra réaliser un
reporting comptable alors qu'il est lié par le secret professionnel
à son client, l'indépendant. Pour respecter la déontologie
professionnelle, le prestataire demande à ce que le secret professionnel
soit levé vis-à-vis du groupe pour qu'il puisse lui transmettre
directement le reporting. Moins de 5% des indépendants refusent cette
levée du secret professionnel. Par ailleurs, c'est le groupe qui assure
le choix du prestataire et assure la négociation de la grille
d'honoraires (en fonction du niveau d'activité) qui est ensuite
appliquée aux indépendants.
Compte tenu de l'environnement un peu particulier, il n'y a
pas de comité de pilotage. Par contre la qualité de la prestation
est évaluée au moyen d'une enquête par questionnaire faite
par le groupe auprès de ses franchisés. Une partie du
questionnaire est consacrée à la prestation comptable.
Toutefois, le prestataire n'a pas accès à cette
information. Par contre, chaque mois, une réunion se déroule avec
les responsables du groupe pour évoquer les projets
d'investissements.
§ 2.Cas2 : Externalisation de la production
comptable
Il s'agit d'une chaîne d'hôtels dans laquelle
traditionnellement il y avait un comptable sur chaque site. Cette forme
d'organisation décentralisée de la comptabilité n'est plus
tenable avec les nouveaux formats d'hôtellerie dits économiques.
Avec l'arrivée d'un nouveau directeur financier, toute l'organisation a
été remise à plat. Deux solutions étaient
envisageables, soit l'internalisation totale avec une centralisation en
région et au siège de la tenue comptable, soit une prestation
plus globale confiée à un prestataire sur un
périmètre étendu à tous les sites. Finalement
l'option de l'externalisation a été choisie.
Le prestataire qui a été retenu était
connu des dirigeants de l'entreprise car il les avait accompagnés dans
le développement du groupe en réalisant une partie des montages
financiers pour une partie des sites.
L'externalisation, malgré le nombre élevé
d'hôtels concernés, n'a pas entraîné une reprise
importante de personnel. Seulement trois personnes ont été
transférées à cause du changement de site induit. Le
cabinet a développé deux formes d'organisation pour
réaliser la prestation. Sur un site, une organisation par métier
a été adoptée (clients et trésorerie pour une
équipe et fournisseurs pour l'autre) contre un fonctionnement par
dossier pour l'autre site (des collaborateurs qui gèrent
l'intégralité des dossiers). La première forme
d'organisation permet une formation plus rapide mais est démotivante
pour les personnels. La seconde forme bénéficie des forces et
faiblesses inverses : elle permet également d'envisager une
évolution professionnelle au sein du cabinet.
Pour assurer le suivi de la prestation un comité de
pilotage très lourd a été mis en place. Il s'agit d'une
réunion mensuelle avec pour le groupe le directeur comptable, le
directeur financier, s'il est disponible, deux adjoints du directeur comptable,
un opérationnel (directeur régional du réseau), un
représentant de l'audit interne et pour le prestataire le directeur de
mission et deux chefs de mission. Des invités extérieurs peuvent
titre prévus en fonction de la thématique de la réunion
tels que le responsable des systèmes d'information ou le responsable des
achats, le prestataire informatique... Les modalités d'évolution
de la prestation n'avaient pas été prévues par le contrat.
Suite au changement d'ERP du client, les modalités de tenue de la
comptabilité fournisseurs ont été profondément
modifiées ce qui a conduit à une augmentation significative de la
charge de travail pour le prestataire. Le surcroît de travail
consécutif à l'adoption du nouvel ERP a fait l'objet d'une
facturation complémentaire. Ce surcroît devenant récurrent,
les honoraires ont été renégociés. C'est le bon
climat d'échange régnant au sein du comité de pilotage qui
a permis cette renégociation.
§ 3.Cas3 : Reprise du dossier d'un
confrère
Le troisième cas est un distributeur de taille plus
modeste (quelques dizaines de points de vente) dont le modèle de
développement est basé sur l'ouverture de magasins situés
en centre ville ou en galerie commerciale. Il s'agit d'un cas particulier
d'externalisation car, dès le démarrage de l'entreprise, les
dirigeants avaient fait le choix de confier la comptabilité à un
prestataire externe afin de ne garder qu'un directeur financier assurant
également la fonction de contrôleur de gestion. Au départ,
il s'agissait d'une sous-traitance classique réalisée par un
expert comptable. Toutefois, le champ de mission dépassait celui de la
simple tenue de comptabilité puisque celle-ci était
élargie à la production d'outils de pilotage.
La prestation fournie initialement n'ayant pas
été jugée satisfaisante par le client, celui-ci a
décidé de recourir à un autre prestataire qui devait
s'engager à suivre la croissance de son client, c'est-à-dire
mettre les moyens humains et matériels à disposition de
l'entreprise selon son rythme de croissance.
La mise à disposition d'outils de pilotage se traduit
pour le client par une liaison directe avec les infrastructures informatiques
du prestataire pour assurer la consultation de l'ensemble de l'information
comptable et de gestion, le prestataire étant propriétaire des
moyens informatiques installés chez le client.
Le suivi de la prestation est assuré par un
comité de pilotage qui se réunit trimestriellement. La
particularité de ce dossier d'externalisation tient dans le
périmètre de la prestation externalisée qui est
très large : fournir, en plus de la prestation comptable, les outils de
gestion. La distinction avec une tenue de comptabilité
traditionnellement réalisée par un expert comptable est la taille
du dossier mais surtout un paramétrage fait en collaboration avec le
client et non pas seulement par le cabinet d'expertise comptable pour
répondre à ses seules contraintes.
§ 4.Cas4 : Reprise du dossier d'un prestataire
exerçant illégalement la profession d'expert
comptable
Le dernier cas est celui d'une SEM (Société
d'Economie Mixte) qui exploite des parkings et réalise des
aménagements urbains. La Caisse des Dépôts et Consignation
proposait aux SEM, l'intermédiaire d'une filiale (la SCET), la
réalisation de prestations comptables au mépris du par monopole
des experts comptables. Cette situation était de moins ne moins tenable
l'Etat se désengageant progressivement de ces structures ; une solution
alternative devait titre trouvée.
La culture comptable, voire la culture de l'organisation,
étant une culture d'externalisation, auprès d'un expert comptable
était donc la seule solution pour répondre aux attentes de cette
SEM. Le choix des prestataires dans un environnement public s'est bien entendu
fait au moyen d'un appel d'offres. Le premier appel d'offres reprenait les
modalités de la prestation qui était réalisée par
la SCET, c'est-à-dire la tenue de la comptabilité mais aussi la
mise à disposition d'un directeur et la gestion des moyens de paiement.
Le prestataire a recherché des solutions avec des banquiers travaillant
habituellement avec les collectivités territoriales. Aucune solution
conforme aux normes professionnelles n'a été trouvée.
Compte tenu de cette formulation, aucune réponse à l'appel
d'offres n'a été obtenue. Des contacts ont été pris
avec les responsables de la SEM afin qu'un nouvel appel d'offres conforme aux
normes professionnelles des experts comptables soit lancé. Une fois le
contrat obtenu, des difficultés majeures sont apparues en particulier
pour ce qui est de la transmission d'information entre l'ancien et le nouveau
prestataire (obtention des balances). Les normes professionnelles doivent
permettre d'éviter ces difficultés mais l'ancien prestataire
n'étant pas une société d'expertise comptable, il n'y
était pas soumis. Compte tenu des spécificités du secteur
(public), un effort important de prise de connaissance du dossier par le
prestataire a été réalisé. L'application
informatique de la SEM est utilisée par le prestataire. Sur 20 postes, 2
sont chez le prestataire. Après un démarrage difficile, la
satisfaction du client s'est traduite par l'attribution de la tenue de la
comptabilité d'une filiale au cabinet prestataire.
|
Cas 1
|
Cas 2
|
Cas 3
|
Cas 4
|
Secteur
|
Distribution
|
Hôtellerie
|
Distribution
|
Aménagement urbain
|
Effectif du client
|
+10.000
|
+10.000
|
120
|
40
|
Périmètre de l'externalisation
|
Partiel d'autres prestataires interviennent sur d'autres zones
géographiques
|
Partiel d'autres prestataires interviennent sur d'autres zones
géographiques
|
Total
|
Total
|
Fonctions
externalisées analysées
|
Comptabilité - reporting
|
Comptabilité- reporting
|
Comptabilité- reporting-outil de pilotage
|
Comptabilité
|
Effectifs dédiés
|
53 etp
|
50 etp
|
2 ,35 etp
|
1 ,5 etp
|
Difficultés ordinaires de l'ancien
« prestataire » du client
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Oui
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Non
|
Non
|
Oui
|
Transferts
(caractéristique essentielle
de l'externalisation)
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80 personnes (suite à un changement de sites quelques
années après l'initiation du contrat, il ya eu de nombreux
départs)
|
3 personnes transférées (problème de
changement de site)
|
Différence
avec un dossier d'expertise classique : Paramétrage du
dossier
pour répondre aux attentes du client, mise en place de
liaisons (avec la banque) et effectif dédié .Différence
aussi avec la durée du contrat
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Application informatique
|
Système d'information utilisé
|
Celui du client
|
Celui du client
|
Celui du prestataire
|
Celui du client
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Initiation
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Appel d'offres
|
Appel d'offres
|
Appel d'offres
|
Appel d'offres
|
Contrat
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3 ans tacite reconduction
|
3 ans reconductibles par période de 3 années
|
3 ans reconductibles par période de 2 années
|
3 ans normalement renouvellement par appel d'offre
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Intérêts du cas
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Relation tripartite
|
Deux méthodes de gestion (orientation fonction et
orientation dossiers)
A aussi accompagné le développement
|
Accompagne ment d'une société en développeme
nt
Comparaison avec les méthodes de travail d'autres
cabinets
|
Le cas des SEM avec historiquement des prestations
proposées par la CDC
|
Tableau 2 : Synthèse des cas
Section 4. Discussion
Les contributions de ces cas se répartissent en trois
domaines : la caractérisation de l'externalisation, les
déterminants de la décision d'externalisation et
l'évaluation du pouvoir explicatif des différents courants
théoriques. Ces trois domaines seront approfondis successivement.
§ 1.Les faits caractéristiques de
l'externalisation
Dans le domaine de la fonction comptable et financière,
il existe une confusion entre externalisation et soustraitance, de nombreux
prestataires étant persuadés de réaliser des
opérations d'externalisation alors qu'il s'agit de sous-traitance. Les
cas observés apportent un éclairage intéressant :
|
Cas 1
|
Cas 2
|
Cas 3
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Cas 4
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Effectifs dédiés
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53 etp
|
50 etp
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2,35 etp
|
1 ,5 etp
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Transferts
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80 personnes (suite à un changement de site quelques
années après l'initiation du contrat, il y a eu de nombreux
départs)
|
3 personnes
transférées (problème de changement de
site)
|
Reprise du contrat d'externalisation auprès d'un autre
prestataire
|
Reprise du contrat d'externalisation auprès d'un autre
prestataire
|
Système d'information utilisé
|
Celui du client
|
Celui du client
|
Celui du prestataire, mais le dossier est paramétré
en fonction des attentes du client
|
Celui du client
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Initiation
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Appel d'offres
|
Appel d'offres
|
Appel d'offres
|
Appel d'offre
|
Contrat
|
3 ans tacite reconduction
|
3 ans reconductibles par période de 3
années
|
3 ans reconductibles par période de 2
années
|
3 ans normalement renouvellement par appel d'offres
|
Tableau 3 : Les faits caractéristiques d'une relation
d'externalisation
Les principaux faits caractéristiques de
l'externalisation sont l'existence d'un effectif dédié, des
transferts de personnels lors de l'engagement de la relation, l'utilisation du
système d'information du client, la consultation des prestataires par le
lancement d'un appel d'offres et une durée de contrat plus longue (ici 3
ans).
Dans les relations de sous-traitance, la durée du
contrat sera généralement d'un an (avec tacite reconduction), le
système d'information utilisé sera le plus souvent celui du
prestataire. Il y aura éventuellement des effectifs dédiés
et une consultation des prestataires par appel d'offres. Par contre, il n'y
aura jamais de transferts. Les transferts représentent donc le
véritable facteur discriminant de la relation d'externalisation ; les
autres facteurs ne sont que des présomptions. Au premier abord, pour les
cas 3 et 4, il est délicat de parler de relation d'externalisation. Il
s'agit éventuellement, à l'origine, d'une relation d'impartition.
Toutefois, à partir du moment où le contrat est repris par un
autre prestataire, ce qui est le cas ici, il n'existe plus de différence
entre impartition et externalisation. Entre d'autres termes qu'il s'agisse au
départ d'une relation d'externalisation ou d'impartition, cela ne
présente aucune différence pour le prestataire qui reprend le
contrat. C'est la raison pour laquelle les deux cas sont
considérés comme des externalisations. L'absence de transfert
s'explique par la faible taille de l'opération : pour l'ancien
prestataire, il est aisé de réaffecter les personnels sur
d'autres contrats.
§ 2.Les déterminants de
l'externalisation
L'analyse de ces quatre cas fait apparaître deux
facteurs clefs pour expliquer la décision d'externalisation : des
structures organisationnelles particulières (succursalisme et plus
précisément des distributeurs et une chaîne
hôtelière) et des contraintes réglementaires (le monopole
de la tenue de comptabilité des experts comptables).
|
Cas 1
|
Cas 2
|
Cas 3
|
Cas 4
|
Secteur
|
Distribution
|
Hôtellerie
|
Distribution
|
Aménagement urbain
|
Difficultés ordinales de l'ancien
prestataire » du
client
|
Oui
|
Non
|
Non
|
Oui
|
Tableau 4 : Facteurs explicatifs de la décision
d'externalisation
Ce tableau illustre la principale contribution des
observations empiriques réalisées avec la mise en évidence
de facteurs explicatifs jamais évoqués dans la
littérature. Le facteur institutionnel (les contraintes ordinales) est
propre à la fonction étudiée. Le poids de la structure
organisationnelle est tout aussi déterminant (cas 1, 2 et 3). La
structure organisationnelle du client, assimilable à une bureaucratie
à clones (Mintzberg, 1981), nécessite la mise en place d'un
service comptable centralisé qui peut aussi bien être interne
qu'externalisé. Le pouvoir explicatif des autres théories ne doit
toutefois pas être négligé.
§ 3.Le pouvoir explicatif des différentes
théories
Le pouvoir explicatif des différentes théories
évoquées supra (Section1.) sera discuté. Les principales
contributions théoriques à la connaissance de la décision
d'externalisation de la fonction comptable mises en évidences au moyen
des cas seront évoquées en premier (approches institutionnelles
et contingentes).
Enfin, les confirmations apportées par les cas seront
présentées (approches ressources et TCT).
L'approche institutionnelle apporte différentes
explications du phénomène. La première qui apparaît
nettement dans les observations réalisées est que le choix de
l'externalisation de la fonction comptable est fait pour mettre fin à un
exercice illégal de la profession d'expert comptable. Une institution,
l'Ordre, veille au respect des normes de cette profession
réglementée. Les autres explications peuvent être
synthétisées en respectant la dichotomie contraintes
pré/post-conscientes introduite par Roberts et Greenwood
(1997)3. Pour ce qui est des contraintes pré-conscientes, le
directeur comptable ou le directeur financier avisé se doit aujourd'hui
d'évaluer l'intérêt de l'externalisation de sa fonction ;
l'externalisation fait maintenant partie des solutions à envisager.
3
Ces autres explications n'ont pas fait l'objet d'observations
directes.
Nous pouvons toutefois relever que les très nombreuses
publications relatives à l'externalisation conduisent les responsables
opérationnels à envisager cette solution.
Les références demandées au prestataire
ou le mimétisme qui consiste à adopter la même organisation
que des firmes concurrentes représentent d'autres illustrations de la
levée de contraintes pré-conscientes face au choix de
l'externalisation. Parmi les contraintes post-conscientes on pourra
évoquer le frein que représente le transfert de personnels
consécutifs au choix de l'externalisation.
Le pouvoir explicatif de la théorie de la contingence
se traduit par le fait que l'externalisation est choisie par des organisations
ayant, pour la plupart, une structure bien particulière. Il s'agit
d'organisations pour lesquelles le service comptable doit impérativement
être centralisé, telles les bureaucraties à clones
évoquées supra.
L'approche ressources se traduit par le recours à des
compétences qui ne sont pas disponibles en interne, des
spécialistes de la comptabilité. Le cas 1 est à ce titre
très instructif. Dans le tableau 2, nous remarquons que 80 personnes ont
été transférées alors qu'aujourd'hui l'effectif
dédié n'est plus que de 53. Cette réduction d'effectif
doit aussi être associée à une augmentation du nombre de
dossiers (ouvertures de points de vente) et à une amélioration de
la qualité de la prestation (réduction des délais par
exemple). Cela illustre les gains liés à la sollicitation de
spécialistes de la comptabilité, des experts comptables. Le
discours ambiant du recentrage sur le coeur de métier peut être
associé à ce courant théorique ; cette contrainte est dans
certains cas devenue tellement forte que l'on peut considérer qu'elle a
été institutionnalisée.
La contribution de la théorie des coûts de
transaction est triple.
Tout d'abord, la recherche de l'efficience est un
paramètre déterminant du choix de l'externalisation4.
Ensuite, les opérations comptables externalisées sont les moins
complexes ; ce sont les opérations de production. Les opérations
plus complexes sont toujours réalisées en interne, par la
direction financière. La troisième contribution concerne la
spécificité des actifs. Ce facteur devrait être un frein
à l'externalisation ; ce n'est pas le cas, compte tenu de la clause de
réversibilité insérée dans tous les contrats
d'externalisation.
Si le client a réalisé des investissements
particuliers, il pourra les transférer à son prestataire.
Quant au prestataire, en cas de rupture de contrat, il
transférera à son client les moyens nécessaires à
la réalisation de la prestation comptable.
4 Il s'agit d'un point commun avec l'approche ressources. Les
faits décrits supra illustrent les gains d'efficience consécutifs
au choix de l'externalisation.
Conclusion
L'objectif poursuivi était double : définir plus
précisément la pratique de l'externalisation de la fonction
comptable et identifier les déterminants du choix de cette forme
d'organisation. Le pouvoir explicatif des cadres théoriques
généralement mobilisés a aussi été mis
à l'épreuve.
Les cas étudiés fournissent des illustrations de
la démarche d'externalisation d'une fonction profondément
encastrée dans les processus organisationnels. Les modalités de
transferts des personnels ou de transfert des contrats ont été
décrites. Les principaux facteurs explicatifs de la décision
d'externalisation identifiés sont les contraintes institutionnelles
(exercice illégal de la profession d'expert comptable) et la structure
organisationnelle.
Les organisations qui externalisent leur comptabilité
sont le plus souvent, selon la terminologie de Mintzberg (1981), des
bureaucraties à clones. Pour ce qui est des facteurs explicatifs de la
décision d'externalisation, les analyses de la théorie des
coûts de transaction et de la RBV ne sont pas remises en cause.
Toutefois, les contributions des approches institutionnelles
et contingentes apparaissent indiscutables, éléments qui
n'apparaissent jamais dans la littérature consacrée à
l'externalisation. L'apport du cadre théorique de Roberts et Greenwood
(1997) est incontestable.
Deux points doivent conduire à nuancer ces conclusions.
Elles sont tout d'abord propres à la fonction comptable, dont l'exercice
est réglementé. Ensuite, ces conclusions sont issues de
l'observation de seulement quatre cas qui, de plus, appartiennent au
portefeuille de clients d'un même cabinet d'expertise comptable.
Les voies de recherche principales consistent en l'exploitation
des informations collectées pour décrire les autres phases de
l'externalisation.
Des problématiques à approfondir pourraient
être la formalisation de la relation dans le contrat, l'analyse des
processus externalisés et leurs implications sur les modes de
fonctionnement du client (gestion des moyens de paiement par exemple), les
mécanismes de coordination de la relation ou encore la mise en oeuvre de
la clause de réversibilité.
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