Réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés et construction de la paix: analyses des approches organisationnelles( Télécharger le fichier original )par Justin SHERIA NFUNDIKO Université Officielle de Bukavu - Licence 2009 |
B. Activités1' Paix et réconciliation, droits humains et lutte contre les violences ; " Sensibiliser les communautés sur le DDR à travers les théâtres, i' Plaidoyer et lobbying auprès des autorités locales et nationales sur les droits des enfants et le phénomène enfant soldat ; " Identification et vérification des enfants sortis des forces et groupes armés ; i' Appui logistique à la 10région militaire pour la démobilisation ; 1' Reunification et mediation familiale ; 1' Appui scolaire i' Formation professionnelle pendant 6mois en quatre filières (soudure, ajustage, menuiserie, coupe et couture et mécanique auto).
Au niveau local les partenaires de LAV sont les initiatives locales de développement dans les villages, les confessions religieuses, la coordination pour la protection de l'enfance sud Kivu, les services étatiques, l' UEPN DDR, la commission de lutte contre les violences sexuelles de l`OCHA, les médias, la 10ème région militaire. Au niveau international LAV collabore avec NORVEGIAN CHURCH AID, La Afrika leve/ NORVEGE, OPDE Burundi, centre ETHEMBONI Afrique du sud, FPFK / Kenya et Rwarri/ Kayonza. APPROCHE DE LA REINSERTION DE LAV LAISSER L'AFRIQUE VIVRE ne dispose pas d'un centre de transit et d'orientation pour les enfants sortis des forces et groupes armés. De ce fait il collabore avec d'autres organisations comme le BVES et jadis avec la CONADER devenue UEPN DDR qui en dispose ainsi d'autres organisations qui s'occupent de la réinsertion des enfants ex soldats en province du sud Kivu. Après identification d'un enfant comme étant sorti des forces et groupes armés, LAV inscrit l'enfant dans son centre de formation en métier. LAV organise des centres de formation en métier pour enfants sortis des forces et groupes armés. Ces centres organisent les filières suivantes : la coupe et couture, la soudure et ajustage, la mécanique auto et la menuiserie. Les enfants inscrits dans ces différents centres de formation en métiers suivent des enseignements de la filière de leur choix pendant une période de six à huit mois ces enseignements sont théoriques et pratiques. Un brevet sanctionne la fin de la formation . LAV procède par la remise des kits de réinsertion aux enfants formés, ces kits sont constitués des outils de travail de la filière de formation suivie. Il paie une garantie locative de six mois pour ses lauréats. L'installation de la propre unité de production des ces enfants est précédée par l'apprentissage sous forme stage dans un atelier pour un approfondissement des connaissances apprises pendant les séances de formation et l'acquisition des notions en gestion. Dans cette approche de LAV, les enfants une fois formés sont regroupés en équipe de travail de 5, 6 voire même 10 personnes dans un atelier. Les ambitions et aspirations différentes des membres d'une même équipe sont autant de problèmes auxquels cette stratégie se trouve confrontée. Tableau n° 3 Effectifs d'enfants formés par LAV
SOURCE : archive de LAV Nous constatons que le LAV a déjà organisé des formations dans quatre filières de métiers qui sont la coupe et couture, la mécanique auto, la soudure et ajustage et la menuiserie pour un total de 715 enfants formés à qui le kit de réinsertion composé du matériel du métier pour lequel l'enfant a été formé, a été remis. L'effectif des garcons ayant déjà bénéficié des actions de LAV reste élevé 605 enfants soit environ 84% d'enfants réinsérés contre 110 filles soient 16% de la participation féminine aux actions de réinsertion de LAV. I.3.4. LE RESEAU COMMUNAUTAIRE DE PROTECTION DE L'ENFANCE DE NYANGEZI Cette structure a été mise en place par l'organisation internationale SAVE THE CHILDRE pour suivre les problèmes de protection de l'enfance en groupement de Karongo à Nyangezi. A ce titre, elle a eu la charge d'exécuter les activités relatives à la réinsertion des enfants sortis des forces et groupes armés dans cette contrée. Le Réseau Communautaire de protection de l'Enfance est une approche tendant à approprier la communauté locale du processus de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes et le pérenniser dans le milieu. Les Réseaux Communautaires de protection de l'enfance sont implantés à Bukavu, à Nyangezi, Walungu, Kavumu et Bunyakiri, tous ces réseaux procèdent par la même approche. Le choix du Réseau communautaire de Nyangezi comme milieu d'étude a été dicté par le fait que le milieu est facilement accessible et proche de la ville de Bukavu. Il a été crée en 2001, et est constitué des personnes mandatées par leur différentes base représentant diverses couches de la population de la contrée. Cette structure poursuit comme objectif, De respecter et de faire respecter les droits des enfants dans la communauté. Il est à ce titre régit par un règlement d'ordre intérieur pour son fonctionnement. Il comprend les organes suivants : une assemblée générale et un comité d'animation constitué d'un animateur, d'un animateur adjoint, d'un secrétaire, de deux trésoriers, et deux chargés de relation publique. C'est une organisation de 25 membres tous représentants différentes couches de la communauté comme l'Etat, les associations sans but lucratif, les églises... ils sont tous bénévoles. Ils ont la charge d'exécuter les activités suivantes :
APPROCHE DE LA REINSERTION DU RECOPE Elle a consisté à la négociation directe pour obtenir la sortie de l'enfant des forces combattantes. Après cette sortie, l'enfant est conduit au centre de transit de SAVE THE CHILDREN à Bukavu. Là, il va bénéficier des soins psycho sociaux permettant de maîtriser les traumatismes de la présence dans les forces combattantes. Après une période de trois mois au plus centre de transit et d'orientation, l'enfant est réinséré dans son milieu suivant le type de réinsertion choisi. Ainsi les types de réinsertion organisés par le RECOPE Nyangezi sont les suivants o la réinsertion sociale qui consiste à placer l'enfant dans sa famille, et passer régulièrement dans cette famille pour suivre le niveau d'acceptation de l'enfant dans sa famille, voir si l'enfant a des difficultés ou pas. la médiation familiale intervient en cas des problèmes entre l'enfant les membres de la communauté dans laquelle l'enfant est réinséré. o La réinsertion économique ou professionnelle : elle n'intervient que si la réinsertion sociale a réussi. Elle consistait pour le RECOPE à inscrire les enfants du milieu réinséré dans diverses filières d'apprentissages des métiers en tenant compte des opportunités et du milieu. Les formations suivies en coupe couture, menuiserie, maçonnerie, en maroquinerie, en petit commerce, et en élevage. Après cette période de formation ne dépassant pas six mois, les kits de réinsertion sont distribués aux enfants pour leur permettre d'entreprendre des activités économiques du secteur dans lequel, ils ont été formés. Comme dans toutes les organisations ces enfants ont été regroupés en équipe de travail, ce qui n'a pas favorisé la bonne marche du travail. Des enfants trouvés dans la briqueterie à Nyangezi nous ont affirmé qu'ils auraient vendu leur kit de réinsertion seulement quatre jours après leur réinsertion et se sont répartis l'argent car ne parvenaient pas à s'entendre en équipe. o La réinsertion scolaire a été organisée pour les enfants qui avaient interrompus les études pour le recrutement.. Le RECOPE a soutenu ces enfants durant deux ans et un protocole avait été signé entre la communauté et les gestionnaires des écoles pendant cette période pour que les enfants inscrits soient pris en charge en contre partie du kit pédagogique rémis à l'école. A coté d'un enfant soldat réinséré dans une école, le RECOPE associait un enfant vulnérable du milieu pour résoudre le problème d'acceptation de l'enfant dans le milieu et ne pas violer le principe de la non discrimination tel que prôné par la convention relative aux droits de l'enfant. Tableau n°4Enfants réinsérés par le RECOPE par filière de réinsertion
Source : données du RECOPE 140 120 100 40 20 80 60 0 Série1 Il ressort de ce tableau et de l'interprétation du graphique que pour le RECOPE Nyangezi, 30 enfants sortis des forces et des groupes armés ont été réinsérés dans la vie civile et ont été formés en coupe et couture, 22 ont été formés en maçonnerie, 28 en petit commerce, la réintégration scolaire a été faite pour 6 enfants ex soldats, 8 enfants ex soldats ont été formés dans la maroquinerie et enfin 21 enfants ont été réinserés en élevage. CHAPITRE DEUXIEME : ACTIONS DES ORGANISATIONS DE LA REINSERTION DES ENFANTS EX-SOLDATS Ce chapitre est constitué de deux sections, la première section porte sur les interventions des organisations de la réinsertion en faveur des enfants sortis des forces et des groupes armés, ces interventions sont focalisées autour des trois actions principales qui sont l'assistance psycho sociale, la formation en métiers ainsi que la réintégration scolaire des enfants ex combattants. La deuxième section quant à elle analyse la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des groupes armés telle qu'organisée en milieu rural (NYANGEZI) et en milieu urbain (BUKAVU). SECTION PREMIERE : INTERVENTIONS DES ORGANISATIONS EN FAVEUR DES ENFANTS EX COMBATTANTS Cette section sera consacrée à l'analyse des actions que mènent les organisations qui s'occupent de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés. Ce sont les actions dont bénéficient ces enfants. Ces activités sont l'assistance psycho sociale, les différentes formations en métiers ainsi que la réintégration scolaire pour les enfants. 1. Assistance psycho sociale De retour des forces et groupes armés, les enfants ont besoin d'un soutien psychologique et social pour briser les liens avec la vie militaire et les préparer à reprendre la vie en famille et dans la communauté. L'assistance psycho sociale est appelée également soins psychosociaux. Ils constituent un élément clé permettant aux enfants de comprendre et sentir l'injustice de leur mal utilisation et de recommencer leur vie sans se sentir coupables de ce qu'ils ont vécu dans l'armée. De l'autre côté, ils doivent comprendre que les actes qu'ils ont commis sont inadmissibles dans la société où ils doivent continuer à vivre. La tâche des organisations locales est énorme et les enjeux gigantesques puisque les conséquences psycho sociales d'une participation d'enfants, tant active que passive, aux hostilités sont catastrophiques : agressivité accrue, absence d'éducation et d'apprentissage des mécanismes sociaux, les relations sociales endommagées, problèmes de l'identité, handicaps physiques, maladies sexuellement transmissibles, détresse spirituelle, stigmatisation, rejet par la famille ou la collectivité et tableau des perspectives d'avenir peint d'éléments négatifs. Ces éléments et tant d'autres montrent la nécessité d'une activité de prise en charge psycho sociale des enfants sortis des forces et groupes armés. Cette activité se déroule dans toutes les séances dont bénéficient les enfants sortis des forces et groupes armés et dépendent d'un acteur à l'autre. 100% de nos enquêtés, responsables d'organisations de la réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés affirment intégrer dans leurs activités en faveur de ces derniers, des séances de prise en charge psycho sociale. La méthodologie des soins psycho sociaux ou assistance psycho sociale en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés dépend d'une organisation à une autre. Le BVES, dispose d'un centre de transit et d'orientation C.T.O., dispense des enseignements psycho sociaux aux enfants ex-soldats pendant les trois mois que les enfants passent au centre de transit. Pour le BVES, cette activité consiste en une série d'entretien et d'écoute des enfants sortis des forces et groupes armés actuellement enregistrés au CTO en provenance des groupes armés. L'entretien est dirigé par un encadreur social, suivi d'une sensibilisation thématique en petits groupes de 12 enfants pour chaque encadreur social. Ces activités tournent autour des thèmes spécifiques comme l'intériorisation des normes régissant les enfants sortis forces et groupes armés au centre de transit et d'orientation, la lutte contre la toxicomane, la propreté, la vie future ainsi que les conséquences de la guerre. D'autres activités sont organisées pour accompagner psycho socialement les ESFGA. Il s'agit des séances de detraumatisation des séquelles de la participation dans les forces combattantes. Ce sont les contes, les promenades dans les rues, les danses et le sport (football). Ces activités récréatives sont toujours encadrées par des animateurs sociaux dans le but d'éviter le débordement. Les activités créatives consistent à aider l'enfant, à l'accompagner à réfléchir intensément dans le but de parvenir avec son propre raisonnement à dégager et conceptualiser un projet individuel de vie. Ces activités s'effectuent au moyen des différents dessins qui illustrent les situations (maisons, véhicules, activités de commerce, ...). La communication directe se fait sous forme d'interview pour amener l'enfant à s'exprimer d'abord dans le petit groupe au sein du CTO et ensuite qu'il reste ouvert dans la communauté en ce sens que l'enfant renfermé sur lui-même ne peut pas être de traumatisé immédiatement. L'alphabétisation ou remise à niveau compte tenu du fait que beaucoup d'enfants ne savent ni lire ni écrire. Les activités de ce genre sont organisées en leur faveur. Il s'agit des notions d'opérations fondamentales (addition, soustraction, multiplication, division), de l'écriture et lecture des lettres de l'alphabet pour le premier niveau et d'éducation aux droits des enfants, aux devoirs des enfants envers leurs parents, conjugaison du verbe Etre et avoir pour le deuxième niveau. Pour la CELPA, l'approche est tellement différente compte tenu du fait qu'elle ne dispose pas d'un centre de transit et d'orientation. Les séances des soins psycho sociaux sont organisées dans les communautés oüvivent les enfants. La CELPA fait référence à l'UNICEF ou bien à une ONG spécialisée en matière des soins psycho sociaux comme WAR CHILD au profit des enfants à sa charge. Les soins psycho sociaux seront effectués par des agents engagés et des volontaires de la CELPA formés dans des telles techniques par les spécialistes. Ces volontaires sont tous surtout pasteurs, enseignants, des responsables des femmes et des jeunes, des membres des CARSEL et d'autres personnes influentes dans la communauté. Certains ont une formation et une expérience en pédagogie ou bien en cure d'âme basée sur des principes bibliques colorés par la culture du milieu. En effet, la CELPA dispose de tout un réseau de personnes qui ont des connaissances et des expériences de conseiller et d'aider les gens qui souffrent et ont besoin d'une aide pour retrouver la paix du coeur. Grâce au partenariat avec War Child hollande, la CELPA a organisée un séminaire de formation des formateurs. Ce séminaire avait comme objectif de : - Identifier les principales causes qui sont à l'origine de traumatisme chez les enfants ayant participé aux conflits ou ayant été victimes. - Avoir une idée sur le traumatisme et l'approche psycho sociale dans le but de faire comprendre aux enfants, à la société et tout le monde que les enfants ne sont pas responsables de ce qui est arrivé. Ils ont été impliqués par force et ils restent enfants valables dans la société. - Utiliser les techniques de bonne communication pour une meilleure réinsertion. - Appliquer les stratégies d'intervention au cas où les traumatismes sont en groupes, en famille ou seuls. Les thèmes suivants ont été abordés : - Introduction au processus de DDR ; - Traumatisme et approche psycho sociale ; - Que faire en cas de traumatisme d'un enfant et quelles stratégies faut-il utiliser ? - Protection de l'enfant et les facteurs de son développement ; - Communication avec les enfants ; - Les maladies sexuellement transmissibles ; - Evénements difficiles dans le développement de l'enfant ; - Stratégie d'intervention ; - Stress et trauma. Les personnes formées lors de cet atelier, ont eu la charge de mener les séances de soins psycho sociaux dans les différents sites ou lieu d'intervention de la CELPA au bénéfice des enfants ex-soldats. L'approche de la CELPA met l'accent sur l'influence et la connaissance des leaders religieux dans le processus de detraumatisation. Pour ce qui est du LAV, ne disposant pas de structure transitoire pour accueillir les enfants sortis des forces et groupes armés, collabore avec les autres qui en disposent comme le BVES. Il organise des formations dans différents métiers ; la prise en charge psycho sociale s'effectue la matin pendant la prière matinale avant les séances de formation et cela pendant six mois. Un ex-enfant soldat trouvé au centre LAV nous affirme ce qui suit : « pendant la séance de prière, je parvient à me souvenir de tous les dégâts que j'avais commis quand j'étais dans les forces et groupes armés, de toutes personnes innocentes que j'avais tué, des femmes et filles violées, ... après je demande au modérateur de m'aider à prier pour que pareil événement ne se reproduise plus un jour... » Il est donc vital d'intégrer dans ce processus des populations civiles promptes à victimiser les anciens enfants soldats et à les considérer comme des « contaminés ». Cet ostracisme peut être combattu si des programmes de réconciliation sont lancés ou l'on fait appel aux guérisseurs traditionnels et à leurs rituels de purification43. Dans un entretien avec un enfant au centre de transit et d'orientation du BVES, il nous a relaté ce qui suit : « après mon enrôlement dans le groupe armé, j'ai été envoyé au camp de formation ... près de Kavumu et de là, j'ai été muté dans la plaine 43 Entretien avec Serge MURHULA ce 24 mai 2009 au centre LAV après la prière. de la Ruzizi où j'ai d'abord échappé aux épidémies diverses comme le choléra, la fièvre typhoïde et d'autres maladies de mains sales qui ont emporté plusieurs de mes camarades avec qui j'ai été enrôlé . Ce qui a développé en moi un esprit tendant à la vengeance. De ce fait pour manger, il fallait harceler les paisibles citoyens, leur ravir tout ce qu'ils avaient. J'ai été arrêté à maintes reprises par mes supérieurs et dans les prisons, tout était permis. Je me souviens avoir violé cinq femmes à la prison de Lubarika ; bref, dans l'armée, j'ai tout fait, tuer des civils innocents, fumer le chanvre, boire des boissons alcoolisées, je me sens poursuivit par le sang des personnes innocentes que j'ai abattu, violé...44 » Les organisations doivent intégrer dans ces activités, des séances d'indentification des besoins, connaître les vrais besoins des enfants et y apporter des solutions appropriées. Il est impérieux que ces organisations prennent en compte l'expérience des enfants avant, pendant et après le recrutement, leur âge (par souci de comprendre le niveau d'atteinte d'un traumatisme), leur milieu familial, le niveau d'éducation. Les enfants se trouvant dans des forces et groupes armés sont séparés de leur famille et communauté depuis très longtemps. Pour eux, la démobilisation a constitué une période d'incertitude, voire d'angoisse. Ils laissent derrière eux ce qu'ils n'avaient jamais connu dans leur vie antérieure : une certaine indépendance, une mesure de pouvoir et un sentiment d'appartenance. L'assistance psycho sociale en faveur des enfants sortis des forces et groupes armés devrait tenir compte de la situation où les enfants retournent, dans la mesure où, certains étaient déjà attachés par des liens conjugaux. Pour cette catégorie, il faut des solutions particulières permettant une prise en charge de la famille différente de celle de l'armée. D'autres enfants ont subi des sévices sexuels. Pour ces derniers, l'adaptation sera particulièrement difficile en ce sens que le fardeau qu'ils ont à porter est considérable : les tabous autour des agressions sexuelles à l'encontre des garçons qui sont encor plus puissants que ceux concernant les filles. Les réactions des enfants à ces expériences sont les souvenirs persistants des sinistres événements, les pleurs, les troubles du sommeil, les cauchemars,les problèmes psycho somatiques, l'agressivité, 44 Entretien du 8 mai avec Marius dit BRAVO au centre de transit CTO, BVES le repli sur soi, la méfiance face aux offres d'aide, les inquiétudes à former des biens affectifs. Les organisations doivent songer à intégrer dans leurs approches le retour à l'attitude de normalité et tenir compte des problèmes particuliers qui nécessitent des solutions particulières. Les séances de couseling individuelle peuvent être renforcées mais aussi y adjoindre des spécialistes des sciences de l'homme. Il est également important d'intégrer dans ce processus la participation à des cérémonies traditionnelles de guérison, qui peuvent être organisées par les organisations dans le but de réconcilier les enfants avec les membres de la communauté pour annihiler le sentiment de réticence qui peut élire domicile dans l'un ou l'autre camp (enfants sortis de l'armée et membres de ma communauté). Les organisations doivent tenir compte de la reconversion des mentalités des enfants sortis des forces et groupes armés et inculquer les valeurs civiques et patriotiques, le respect du bien d'autrui. 2. Formations en métiers Les enfants sortis des forces et groupes armés bénéficient des formations en métiers pour être réinsérés à la vie ainsi qu'aux activités civiles. Ces organisations procèdent des diverses manières pour capaciter ces ex-enfants soldats en métiers. Certaines organisent directement ces formations (cas du LAV), d'autres recourent à des expertises extérieures pour ce faire. Après ces formations, les enfants entre en possession des kits de réinsertion leur permettant de se mettre au travail et d'entreprendre des activités génératrices de revenu. Les formations dispensées aux ex-ESFGA sont la soudure et ajustage, la coupe et couture, la mécanique auto, la menuiserie, la cordonnerie, l'agriculture et l'élevage, le petit commerce, les arts plastiques, ... Tableau n° 5: Répartition des enquêtés (ESFGA) par formation après démobilisation.
25 20 15 10 5 0 % Soudure et ajustage Mécanique auto Coupe et couture Agriculture et élevage Menuiserie Petit commerce Maçonnerie Cordonnerie Intégration scolaire Arts plastiques Source : Données de l'enquête de terrain 2009. Il ressort de ce tableau que 25% constitués de nos enquêtés enfants soldats ont opté pour la soudure et ajustage. Cette activité est en émergence dans la ville de Bukavu et ses environs compte tenu du nombre croissant des chantiers des maisons en matériaux durables ; ces maisons exigent nécessairement des portes, des fenêtres, des garde-fou ; bref des oeuvres de la soudure et ajustage ; l'on retrouve sur certaines avenues des ateliers des construction des portes et fenêtres et au bord du lac ,le chantier naval avec la construction des bateaux localement, ont permis à la soudure et ajustage d'être un métier non négligeable sur la scène du marché de travail à Bukavu. (8,3% de nos enquêtés enfants soldats ont opté pour la mécanique auto), 21,6% de nos enquêtés enfants sortis des forces combattantes ont opté pour la formation en métiers, cela compte tenu de l'importance de cette activité (construction des meubles, et d'autres objets d'arts, ...), 11,6% ont opté pour l'agriculture et l'élevage. Cette formation a été organisée pour les enfants sortis des forces et groupes armés réinsérés en milieu rural (Nyangezi) selon les données de terrain à notre possession ; dans la mesure où l'agriculture et l'élevage constituent une des caractéristiques du milieu rural (ruralité) ; 13,3% d'enfants interviewés nous ont déclarés avoir opté pour la réintégration scolaire dans la mesure où ils se sentent encore apte à poursuivre avec les études et du fait qu'ils n'avaient pas encore dépassé l'âge. Cette catégorie concerne les enfants qui n'avaient pas passé beaucoup de temps dans l'armée et qui sentaient encore le goût de continuer avec les études ; 6,6% ont opté pour la coupe et couture, filière en grande partie convoitée par les filles. Le petit commerce a intéressé 3,3% des enfants interviewés, la maçonnerie avec 3,3% également. Pour la cordonnerie, 5% de nos enquêtés nous ont déclaré avoir opté pour ce métier et 1,6%nous a déclaré avoir opté pour les arts plastiques (la transformation des peaux des bêtes en ceintures, portes monnaies, tambours). Cette activité a également concerné seulement le milieu rural. Toutes les autres formations sont à cheval entre le milieu urbain et le milieu rural. A .Facteurs présidant au choix des métiers. Pour les organisations chargées de la réinsertion sociale des enfants associés aux forces et groupes armés que nous avons contactés, plusieurs facteurs sont à la base de l'orientation dans telle ou telle autre filière de réinsertion sociale. Ces facteurs sont énumérés, de façon non exhaustive, de la manière suivante : le niveau d'étude des enfants, les opportunités que présentent le milieu où l'enfant sera réinséré, choix ou désir personnel de l'enfant, âge de réinsertion de l'enfant, l'intérêt du métier ainsi que la recherche de l'autonomisation des enfants réinsérés.
Certains enfants ont intégré les forces et
groupes armés avec un niveau d'étude combattantes. A ces enfants, l'orientation scolaire en terme de système éducatif formel est déjà écartée. Ils ne peuvent être réinsérés que dans les métiers professionnels. Pour d'autres n'ayant pas fait beaucoup de temps dans l'armée et qui se sentent encore aptes à intégrer le système éducatif formel, ils avaient une possibilité de réintégrer le secteur scolaire. Cette orientation concerne également les enfants qui ont franchi la 4ème année des humanités. Certaines organisations nous ont confirmé qu'à ces enfants, la réintégration du système éducatif a été le premier choix qu'ils ont opéré.
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