Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray( Télécharger le fichier original )par Rania Kassir Universite Libanaise - DEA 2008 |
Chapitre III : Contre-institution : l'université populaire :« Où réédifierons-nous le Jardin d'Epicure. »120(*) Ce propos montre un Nietzsche ayant la nostalgie d'un Jardin d'Epicure, c'est-à-dire d'une communauté philosophique construite sur l'amitié et dans laquelle les adhérents s'engagent à construire leur existence comme une oeuvre d'art.121(*) A la requête de son Maître qui n'a pas réussi à réaliser son rêve, Michel Onfray fabrique un Jardin d'Epicure en plein 21ème siècle qui propose de mettre la philosophie à sa place, celle de la vie. Pour ce faire, il démissionne de l'Education nationale en 2002, après vingt ans d'enseignement dans un lycée technique, et crée dans la même année son université populaire à Caen. Celle-ci est considérée comme une communauté philosophique122(*) car il y a une communauté entre les treize participants au cours 123(*) et le public, avant, pendant et après le cours. Pour les membres de cette communauté « la culture y est vécue comme un auxiliaire de la construction de soi [philosopher sa vie], non comme une occasion de signature sociale »124(*). Au yeux d'Onfray, seule l'université populaire de Caen peut retrouver la voie de la « philosophie vivante ». Elle est le lieu, l'endroit ou plutôt « le laboratoire de la philosophie vivante » Dans cet esprit, notre enquête vise à répondre à trois questions essentielles qui nous permettent de mettre en exergue la manière dont l'U.P. tisse des liens étroits entre la vie et la philosophie : Ces questions sont les suivantes : Qui enseigne la philosophie ? Qui a droit à la philosophie ? Quelle différence entre élargir et avachir ? A. Qui enseigne la philosophie ?Au départ se trouve « une vie mutilée 125(*)» et aliénée par le social. Cette vie appelle à devenir « une vie philosophique ». Autrement dit, l'élève, l'étudiant doit transfigurer et opérer un changement dans sa vie. C'est ce qu'on appelle la « conversion ». « En philosophie (...), la conversion [est] une opération mentale par laquelle on quitte un état d'existence - la vie mutilée - pour un autre état auquel on aspire - la vie philosophique. »126(*) Mais peut-on dire que la conversion s'opère d'elle-même ou elle a besoin d'un tiers ? Michel Onfray remarque qu'entre un sujet aliéné et un sujet transfiguré se dresse un Maître, un sage ou un philosophe au vrai sens du terme. Bien que naturelle, l'attitude philosophique a besoin d'un stimulateur pour voir le jour. Au cas inverse, elle s'anéantit.127(*) Il est remarquable ici que le social chez Onfray ne se dresse pas, d'une manière catégorique, contre l'humain. Son « athéisme social » ne s'en prend pas à la société qui vise l'émancipation individuelle.128(*) Etant admis, il est question dans ce premier temps de s'interroger sur les caractéristiques du Maître authentique, ce sauveur qui lui incombe de restituer la liaison entre la vie et la philosophie.
A.1 Le Maître socratique : Le Maître, à l'encontre du « fonctionnaire de la philosophie » qui reproduit le système social, est celui qui choque, perturbe et sème volontairement le désordre. Il vient électriser tous ceux qui l'entendent, surtout les passifs, les indolents. Michel Onfray voit que le Maître est un « enseignant socratique » qui prend à l'instar de Socrate, le Taon et la Torpille comme animaux emblématiques. Le Taon « joue, gène et pique, il stimule, agace et énerve, il excite les attelages fatigués, il suscite les meilleurs en vue de leur propre dépassement, il dynamise les éléments de bonne race pour qu'ils se surpassent ». Et la Torpille « engourdit quiconque porte la main vers elle et la touche.»129(*) Ceci veut dire que là où les philosophes ou maîtres officiels s'enferment et enferment les auditeurs dans la passivité et l'inertie intellectuelle, le Maître force ses disciples à raisonner et à questionner le quotidien pour s'arracher au sommeil dogmatique. En un mot, le Maître est une figure d'exception « dans le concert des épuisés et des fatigués ». Néanmoins, le Maître lui-même n'annonce jamais sa maîtrise, mais celle-ci se montre à travers son public. Alors dans une époque où l'Université, l'Etat, le Prince et l'Eglise légitiment le Maître en le recrutant, Onfray pose que la preuve du Maître c'est son public, ses auditeurs. Dans d'autres termes, c'est la métamorphose du disciple ou l'action déterminante qu'exercera le Maître sur sa vie qui fonde la maîtrise. Onfray nous relate qu'au moment où Bergson enseignait au Collège de France, un large public s'y presse, on s'installe parfois sur les fenêtres, on couvre sa chaire de fleurs, au point que le philosophe disait : « Je ne suis tout de même pas une danseuse . »130(*) A.2 Le Maître nietzschéen : En revanche, cette confiance accordée au Maître n'induit pas le disciple à idôlatrer son maître. Pour ne prendre qu'un exemple, l'Eglise nous contraint à l'imitation servile du Christ. Chacun est astreint à se livrer au jeûne, à la mortification, à la continence sexuelle et autres actes qui vouent un culte à la pulsion de mort. « L'imitation dont les Chrétiens vantent les mérites jusqu'à l'abus place la barre trop haut, elle interdit la création d'un trajet propre et condamne à la duplication. Agir comme le Christ (..) implique d'aller au devant d'une névrose collective monstrueuse car indexée sur la pulsion de mort et la haine de la vie. »131(*) Contrairement au Christ, le Maître chez Onfray est celui qui aime l'autorité mais n'est pas autoritaire. Il lui rébute alors de devoir commander, gouverner, tonner, pester et vouloir pour les autres. Au yeux d'Onfray, la grandeur du Maître se mesure dans l'usage qu'il se fait du pouvoir : « sur le principe de la ruse de la raison hégélienne (...), il affirme en niant, il exerce la puissance en la refusant. D'où sa méfiance à l'endroit d'un magnétisme dont les mauvais font un mauvais usage. »132(*) En posant la question : Comment peut-on se réclamer aujourd'hui de Nietzsche ? Onfray répondait : il faut être nietzschéen comme Nietzsche - le rebelle - l'a voulu : en ennemi de tous les pouvoirs. Il est à rappeler que Nietzsche professait dans Ainsi parlait Zarathoustra qu' « on rémunère mal un maître si l'on reste toujours l'élève ».(Cf. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Gallimard, 1971, De la prodigue vertu, &3, p.103) Et dans le gai Savoir, il nous faisait cette déclaration « il m'était odieux de suivre autant que de guider. ». Enfin, on ne peut oublier cette phrase inscrite au dessus de la porte de Nietzsche et qui ouvre son ouvrage le gai Savoir. « J'habite ma propre maison. N'ai jamais imité personnne. Et me suis moqué de tout maître. Qui ne s'est pas moqué de soi. » (Nietzsche, Le gai savoir, Gallimard, 1950, p.5) Mais la question qui se pose : Peut-on être onfrayen en professant une foi en la religion, le libéralisme et autres points contestés par Onfray ? Et Onfray répond : « j'ai plutôt envie d'une pensée qui fasse plaisir à des gens qui me disent : Je pense autrement mon existence : je vis autrement ma vie : je vois les choses autrement... »133(*) A ce titre, chacun peut construire son existence en fonction de sa propre vie, de son caractère et de son expérience personnelle. Mais, pouvons-nous nous passer du Maître ? Onfray ajoute qu'être un disciple de son Maître, c'est avant tout, pour reprendre l'expression de Nietzsche, « oser être soi-même ». Cela signifie que si la religion nuit à notre liberté, elle doit être condamnée. « Du Maître, on gardera les enseignements majeurs : excellence de l'autonomie, perfection de l'indépendance, magnificence de la liberté, supériorité de la subjectivité, absoluité de la singularité. (...) Là réside la vérité de l'enseignement du Maître. Les moyens, les voies d'accès, les techniques, les cheminements se déduisent, s'inventent, se créent en fonction des tempéraments et des caractères. »134(*) En résumé, le Maître est celui qui fournit la carte et la boussole et le disciple est celui qui trace son chemin car, comme disait Onfray, on ne peut « habiter l'architecture d'un autre » comme on ne vit pas et on ne meurt pas à sa place.135(*) A.3 Le Maître nominaliste : Cet aller-retour entre un Maître qui cartographie et un Disciple qui construit sa propre vie s'effectue par le truchement du Verbe.136(*) Michel Onfray reprend ici le problème qui a préoccupé Montaigne : De quelle manière échapper au solipsisme et prendre place dans le monde ? Réponse de Montaigne : en être de langage. Alors, l'existence, la vie se saisit exclusivement avec la parole. Mais en bons nominalistes137(*), Onfray et Montaigne savent que le culte du Verbe nous arrache à nouveau à l'existence puisque ce culte, cher aux idealistes, ne permet pas au Verbe de se concrétiser. Dès lors, le Verbe, tout comme l'autorité, n'a de valeur qu'en se niant. « Moins, le Verbe se manifeste, plus il pèse, plus, il agit ».138(*) Onfray préfère les sentences, les maximes, les aphorismes, les petits mots aux phrases enchevêtrées et aux mots abondants. Il voit que de petits mots prononcés par le Maître comme « Ôte-toi de mon soleil » (Diogène) « Connaîs-toi toi-même » (Socrate), « la mort n'est pas à craindre » (Epicure) font un très bon effet sur l'auditoire. Mais la question qui appelle une solution : pourquoi les idéalistes font-ils un grand effort quand deux ou trois mots suffisent à les classer parmi les Maîtres ? Pour lui, les « philosophes de profession » n'ont pas intérêt à être clairs et précis. Parce que au moment où ils se dessaisissent des mots obscurs qui les rangent parmi les philosophes profonds et d'élite, « ils se retrouveraient tout bonnement nus » : derrière cet édifice des concepts de la profession (transcendantal, noumène, substance, intelligible...) aucune pratique existentielle ne se laisse remarquer.139(*) A ce titre, Onfray dit dans La lueur des orages désirés : « Les faux maîtres parlent pour ne rien dire, du moins ils usent du langage comme d'un moyen de lancer de la poudre aux yeux, de créer du faux-semblant et de l'apparence de profondeur là où triomphent le brouillard et la confusion.»140(*). Pour ces « faux maîtres » la sophistique est une nécessite et qu'on ne peut pas s'y échapper sous peine d'être chassé du panthéon philosophique.141(*) Par contre, le sage n'a rien à perdre : son succès n'est pas dû au Verbe. A ses yeux, les mots ne sont pas une fin en soi, ne sont pas considérés comme le but et la finalité de tout travail philosophique. Mais ils sont plutôt un point de départ, un moyen mis au service d'une conception du monde. Ils véhiculent un contenu précis et servent à communiquer des informations aux disciples.142(*) Pour appuyer ces idées, Michel Onfray recourt aux deux sortes de maîtres : le premier fait partie des maîtres nominalistes, revendiqués par Onfray : c'est Epicure, et le second est un faux maître : c'est Sartre. « la transfiguration en poème de la doctrine d'Epicure par Lucrèce : De la nature des choses, expose en plusieurs milliers de vers les doctrines de son maître sur la physique, la cosmogonie, la météorologie, l'éthique, la géographie, l'histoire, la linguistique, et tous les domaines possibles et imaginables qui constituent un système. Imagine-t-on Sartre, vingt siècles plus tard, procédant de même avec la phénoménologie allemande, puis écrivant L'Etre et le Néant en alexandrins ? Non. Et pourquoi, sinon à cause du parti pris d'écrire de la philosophie pour philosophes de profession, et aucunement pour ceux qu'intéressait une pratique existentielle. »143(*) A.4 Le Maître engagé : Néanmoins, le Verbe qui véhicule un contenu mais ne se fait pas chair, ne se pratique pas dans la réalité, reste pour autant théorique et théorétique. La preuve même du Maître selon Onfray c'est sa vie, son engagement réel. A ce titre, Onfray affirme qu'à l'Antiquité, la « vie quotidienne » et la « vie philosophique » ne font qu'une seule et même chose. Pour savoir à quel courant appartient un tel philosophe, il suffit d'observer ses gestes, son vêtement, sa barbe, son allure, son régime alimentaire... autant dire, sa vie tout court.144(*) A l'époque par exemple, on distinguait le cynique d'après son manteau. Celui-ci doublé d'une pièce d'étoffe peut servir pour le froid (déplié) comme pour le chaud (plié). Ce qui est à retenir dans cet exemple, c'est que le philosophe qui défend en théorie l'individualité solaire et radieuse contre le grégarisme, vient récuser dans sa vie quotidienne la mode, l'ornement et l'uniformité de son époque. Dès lors le manteau, loin de toute fin esthétique, est réduit à sa fonction essentielle : protéger de la température basse ou élevée.145(*) Onfray ajoute que le Maître ou le sage ne connaît pas de repos, de moments faibles, ou de moments forts. Il est vingt-quatre heures sur vingt-quatre engagé dans le travail philosophique.146(*) En parlant d'Epicure le Maître, Onfray a écrit : « On imagine mal Epicure épicurien entre neuf heures et midi, reprenant après le déjeuner, puis s'arrêtant passé dix-huit heures... Pour quoi faire avant ? Entre deux ? Après ? (...) Epicure incarnant sa doctrine pendant les heures de bureau et vivant le contraire, autre chose, une fois sorti de ses obligations au Jardin ? Non, c'est tout le temps, dans le général et dans le particulier, dans l'absolu des grandes idées et des doctrines, mais également dans le relatif anecdotique - façon de vivre, d'être, de manger, de dormir, de s'habiller, façon aussi d'être philosophe quand il semble ne pas faire de philosophie. Sacerdoce, donc. »147(*) Face à cette génération de Maîtres authentiques se dresse celle des « faux maîtres » qui ne se soucient guère de l'application de leur pensée. De là, ceux qui rétorquent à Onfray que la parole des idéalistes véhicule une pensée bien déterminée, Onfray répond à son tour que quand on échappe au verbiage on refuse pour autant de s'engager : séparation de la philosophie (théorie) et de la vie ( pratique). A ce propos, Onfray parle des « Lumières pâles »148(*) : Kant, Rousseau, Montesquieu, Diderot, Voltaire qui tiennent à séparer entre l'usage privé et l'usage public des idées. Elles ont pour devise générale : « On peut se rebeller autant qu'on veut en théorie, mais il faut consentir à l'ordre du monde. »149(*) Pour eux, la liberté de pensée, la critique du clergé, de l'Eglise catholique, de la religion est « une affaire de salons mondains ou de cours d'université » car dans leur vie quotidienne, ils se soumettent à la monarchie ; copie de Dieu sur terre. Selon Onfray, Heidegger est également une figure du « philosophe mutilé », puisque dans ses cours, ses séminaires, ses conférences à l'université et ses écrits, il enseigne le contraire de ce qu'il pratique dans sa vie. Heidegger, précisément s'est attaché à aborder la question de l'Etre. Sa philosophie montre que l'histoire de la philosophie occidentale repose sur un oubli de l'Etre et par suite elle tend vers le nihilisme. Mais une fois son prêche fini, il vient cotiser le Parti national-socialiste. Heidegger était alors un membre du parti nazi.150(*) Bref, le Maître est celui qui est apte à joindre le geste à la parole. Le cas inverse, il ne saurait être un Maître, car comment peut-il incliner son disciple à s'engager dans la vie si lui-même échoue dans l'application de ses propres idées ? Dans cet esprit, Onfray déclare dans un entretien : « J'essaie dans ma vie quotidienne, mais aussi dans ma vie publique, de pratiquer mes idées. »151(*) En somme, les quatre qualités que Michel Onfray juge essentielles pour constituer un Maître sont les suivantes : être socratique, nietzschéen, nominaliste et engagé. S'il manque une de ces caractéristiques, il cesse d'être un philosophe existentiel ou un sage pour devenir un « fonctionnaire de la discipline ». Abordons-nous maintenant la deuxième question. * 120 F.NIETZSCHE, Lettre à Peter Gast, 26 mars 1879 in Ibid., p.11 * 121 Cf. La communauté philosophique, op.cit., p.21 * 122 D'où le titre de son ouvrage La communauté philosophique. * 123 Ces treize participants enseignent les matières suivantes : contre-histoire de la philosophie (Onfray), jazz et économie, l'érotisme littéraire féminin au 20ème siècle, histoire, bioéthique, littérature contemporaine, psychanalyse, philosophie des sciences, histoire de l'art contemporain, cinéma, idées politiques, philosophie pour enfants, découvrir des personnalités. * 124 Propos recueillis par Jérôme Crozat. Site : www.fen.fr/modules.php?name=News&file=article&sid=188 * 125 La vie mutilée, comme l'a définie Michel Onfray, est une « vie brute qu'aucune construction ni aucun projet n'informent.» (Traité d'athéologie, op.cit, p.25). L'école qui tue la question empêche forcément la construction. De leur côté, les philosophes idéalistes, comme on verra plus tard, qui sollicitent un monde idéal se rangent du côté de l'institution scolaire dans le refus de l'édification personnelle. * 126 La communauté philosophique, op.cit., p.34 * 127 Ibid., p.34 ; p.35 * 128 Ibid., p.22 ; p.35 * 129 La lueur des orages désirés, op.cit., p.187. * 130 Cf. La communauté philosophique, op.cit, p.33 ; p.41 ; p.42. Michel Onfray nous rapporte à son tour que sa philosophie influence bel et bien un bon nombre d'écouteurs. Voir l'entretien qui s'est déroulé avec Onfray sur le site suivant : http://www.fen.fr/modules.php?name=News&file=article&sid=188, op.cit * 131 La lueur des orages désirés, op.cit., p.194 * 132 Ibid., p.191 ; p.192 * 133 Interview de Michel Onfray intitulé Pour un libertinage politique: site :www.regards.fr/article/?id=117&q=author:86 * 134 La Lueur des orages désirés, op.cit, p.194 ; p.195 * 135 Cf. La communauté philosophique, op.cit., p.101 et Antimanuel de philosophie, op.cit., p.20 * 136 Cf. La lueur des orages désirés, op.cit, p.192 * 137 Le nominalisme défendu par Michel Onfray nous évoque nécessairement celui de Guillaume d'Occam, bien que notre philosophe n'en fasse aucune allusion dans son oeuvre. Guillaume d'Occam (1285-1349) a été considéré comme la figure la plus éminente de l'école nominaliste. On l'appele le « véritable initiateur » du nominalisme et le « monarque ou porte-étentard » des nominaux. (Cf., Emile BREHIER, Histoire de la philosophie- Antiquité et Moyen Age- , tome 1, Paris, P.U.F, 1997, p.640) Guillaume d'Occam établit une distinction entre « la connaisance intutive » et « la connaissance abstractive ». La première peut-être sensible ou intellectuelle suivant qu'elle se papporte aux choses sensibles ou aux intelligibles expérimentés en nous (joie, tistesse, actes de volonté, etc.). Cette connaissance avec ces deux volets est, de l'avis d'Occam, la seule connaissance certaine et vraie puisqu'le est la seule qui atteigne le réel ; et determine les qualités qui lui sont inhérentes. Quant à la connaissance abstractive, celle-ci porte essentiellement sur les universaux et les entités métaphysiques.Or, remarque Occam, cette connaissance est fausse, absurde et impensable pour la simple raison que l'universel, au lieu d'expliquer le singulier, ne fait que doubler les êtres individuels. (Cf. Jean-Jacques CHEVALIER, Histoire de la pensée - La pensée chrétienne - Des origines à la fin du XVI e siècle, tome II, Paris , Flammarion, 1956, p.190 ; p.191) De ce constat découle le fameux pincipe, dit du « rasoir d'Occam », selon lequel « il ne faut pas multiplier les entités sans nécessité » (Ibid., p.488). Ceci veut dire qu'il est superflu de recouir à des explications compliquées, solllicitant des principes hors du champ de l'expérience, quand des explications simples, provenant de l'exprience, sont plus aptes à rendre compte des objets qui se manifestent à nos sens. Ce principe d' « économie ou de parcimomie de la pensée » est formulé de diverses façons : « La pluralité (des notions) ne devrait pas être posée sans ncessité ». « C'est en vain que l'on fait avec plusieurs ce que l'on fait avec un petit nombre ». « Lorsqu'une explication simple suffit à expliquer une situation donnée, il est inutile de chercher une explication compliquée. » (Voir le rasoir d'Occam, le rasoir qui « coupe tout ce qui dépasse » sur le site suivant : atheisme.free.fr/Religions/Rasoir_occam.htm. * 138 La lueur des orages désirés, p.192 * 139 Cf. La communauté philosophique, op.cit, p.105 * 140 Ibid., p192 ; p.193 * 141 En prenant position contre les «faux maîtres», Onfray agit à l'imitation de Nietzsche. Ce dernier a pris le parti de se dérober des voies traditionnelles des concepts métaphysiques et des abstractions vides pour se pencher sur les images poétiques et les innombrables métaphores à même de traduire la réalité. Dans Crépuscule des idoles, il avoue sa sympathie pour Salluste et Horace et confesse que son sens du style s'est éveillé à leur contact. De ce fait, il reproche à Platon sa négligence des formes du style. Cet idéaliste sera donc jugé par Nietzsche comme le premier décadent du style.( Cf. Nietzsche, Crépuscule des idoles, Gallimard, 1974, Ce que je dois aux Anciens, § 2, pp.144-147) * 142 Cf. La communauté philosophique, op.cit., p.106 ; * 143 Ibid., p.107 * 144 Ibid., p.35 ; p.36 ; p.104 * 145 Cf.Cynismes, op.cit., p.36. * 146 Cf. La communauté philosophique, op.cit., p.103 * 147 Idem * 148 Nous revenons sur ces Lumières dans la deuxième partie. * 149 Les ultras des Lumières, op.cit., p.27 * 150 Cf. La communauté philosophique, op.cit., p.103 ; p.104 * 151 L'entretien :www.libertaire.free/MOnfray01.html ,op.cit Pour l'effet produit sur les disciples, Cf. Suite à la communauté philosophique, Galilée, 2006, p.37 ; p.38 |
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