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Contre histoire de la philosophie / le laboratoire de la philosophie vivante chez Michel Onfray

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par Rania Kassir
Universite Libanaise - DEA 2008
  

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Introduction générale :

Quand la côte d'Adam1(*) invente la philosophie :

Au moment où l'athéisme constitue la bête noire d'un bon nombre des philosophes arabes, on voit, en revanche des philosophes occidentaux, surtout français, qui ouvrent la porte à une élaboration vigoureuse d'une pensée athée.

Tout le monde s'accorde que l'athéisme est au centre des débats des Occidentaux et que des figures incontournables de la philosophie contemporaine ont largement contribué à créer l'atmosphère intellectuelle dans laquelle la pensée athée s'est épanouie. Nous citons à titre d'exemple : Michel Foucault, Jacques Derrida, Alain Tête, Albert Camus, André Comte-Sponville, Marcel Conche, etc.

Nous nous limitons dans notre approche à trois noms : Derrida, Conche et Sponville.

Derrida s'applique à « déconstruire » le discours métaphysique et théologique. Il voit que dans ce discours règne le « logocentrisme » qui est étroitement lié au « phonocentrisme » ou ce qu'on appelle le privilège de la voix. A ce compte, Derrida adresse des reproches sévères aux métaphysiciens (comme Platon, Rousseau, De Saussure et Lévi-Strauss...) qui, en privilégiant la voix, favorisent l'intérieur, la conscience, le moi et jettent l'extérieur, l'écriture, la matière, le signifiant.2(*) Derrida résume ce mépris de la matière chez les métaphysiciens dans l'expression suivante :  « l'histoire de la métaphysique est le vouloir s'entendre-parler-absolu » 3(*). En d'autres, Derrida considère que le discours métaphysique est un discours déphasé, qui ne tient pas compte de l'interlocuteur.

De même, Marcel Conche a rejeté toute explication théologique du monde et a trouvé que les philosophes qui s'y livrent (comme Descartes, Kant et Hegel) ne sont pas des philosophes authentiques car leur raison n'applique pas pleinement sa fonction et dépend d'autre chose, de la foi et de la croyance monothéiste qui régissent leur société. Pour lui, la philosophie est l'oeuvre de la raison humaine. Or, cette dernière ne peut rencontrer Dieu. Dans cette perspective, la vraie philosophie est celle qui cherche une spiritualité sans Dieu.4(*) Cette ignorance totale de Dieu chez Marcel Conche est résumée dans le passage suivant : «  j'hésite cependant à me dire athée, car le mot « Dieu » a peu à peu perdu, pour moi toute signification, il me paraît sans objet, et je ne crois pas qu'il ait lieu de nier ce qui n'est rien » (Marcel Conche / Le destin de solitude5(*)).

Dans le même ordre d'idées, André comte-Sponville développe une « fidélité sans foi », une « sagesse sans sainteté », une « spiritualité sans Dieu ». Pour lui, Dieu est mort et cet Etre transcendant ne lui a jamais rien dit. Il écrit dans A-t-on encore besoin d'une religion (2003)? : « Avez-vous besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que la générosité vaut mieux que l'égoïsme, que le courage vaut mieux que la lâcheté, que la douceur et la compassion valent mieux que la violence et la cruauté, que l'amour vaut mieux que la haine ? »6(*). En revanche, si Sponville veut une sagesse sans Dieu, il ne reste pas moins qu'il chérisse la morale judéo-chrétienne. Celle-ci est, pour lui, une pensée immanente et non une révélation transcendante, puisque, comme comme tout autre morale, Elle prône une échelle des valeurs profonde. 7(*)

Dans la même mouvance, Michel Onfray, philosophe contemporain, apporte sa contribution à ce divorce entre la philosophie et Dieu. Mais son athéisme s'avère plus radical et plus intransigeant que les auteurs déjà mentionnés. Onfray a pris le parti de couper tout lien, fût-ce minime, qui nous attache au religieux. Une alternative se pose alors : ou bien Dieu, ou bien la philosophie.

Toutefois, si Onfray est athée, c'est parce qu'il développe un grand intérêt pour la vie ici-bas. « Voici à mes yeux, ce qui doit être posé au dessus de tout : la vie. »8(*), nous dit le philosophe, dans son livre, Politique du rebelle. Son athéisme n'est donc pas une fin en soi et il ne se disjoint aucunement de la volonté de vivre et de survivre.

Pourtant, si Onfray s'attache à éliminer l'idée de Dieu et à restituer la vie, il n'a jamais oublié que la « première femme », Eve, l'a devancé dans ce crime sauveur.

C'est ainsi, pour aborder la philosophie d'Onfray, il nous faut évoquer le commencement de l'éveil religieux : la Genèse.9(*)

Pour expliquer ceci, Onfray avance deux interprétations de la Genèse.

Dans la première, il est question de l'interprétation chrétienne de ce récit et dans la deuxième, il s'agit de la propre interprétation de Michel Onfray. Ces deux interprétations donnent à voir que l'oeuvre de Michel Onfray repose, dès son aube, sur deux orientations et deux logiques contradictoires.

Partons de la première dfinition. Onfray trouve que les trois monothéistes coupent le temps de la façon suivante : Le passé (le paradis céleste), le présent (la vie ici-bas) et le futur (la vie post mortem).

Pour ce qui est du passé, ceci est considéré comme l'âge d'or. Rien n'y manquait ni les fruits, ni les animaux, ni le miel, ni le lait, ni le vin qui coulaient à flots.10(*)

Dans ce paradis céleste - ou l'Eden comme on l'appelle - le bonheur atteint alors son paroxysme. D'ailleurs, rappelle Onfray, l'étymologie hébraïque d'Eden signifie plaisirs et délices.11(*)

Bien que ce paradis soit céleste, il était localisé dans un lieu géographique précis. Michel Onfray écrit, non sans ironie, que « les géographes l'ont situé entre le tigre et l'Euphrate, entre le Gange et le Nil. Certains pensent que ces lieux sont l'actuel Irak et que le paradis est une ancienne propriété de Saddam Hussein. »12(*)

Récapitulons, dans le paradis céleste, on n'y souffre pas et on n'y meurt pas.13(*)

Or le tournant décisif est pris avec Eve. Cette pécheresse vint enfreindre la loi divine pour lui préférer la voix du serpent ou du diable.14(*) Elle mangea du fruit défendu et recevait sa punition : la chute ou la naissance de la vie ici-bas.15(*)

Du passé paradisiaque, on passe alors au présent déchu.16(*)

Ceci dit, la vie ici-bas loin d'être un bienfait, elle s'avère, aux yeux des monothéismes, comme synonyme de supplice, de damnation et de châtiment. Le judaïsme et le christianisme s'emploient à établir la différence entre cette vie et le paradis céleste : souffrance contre jouissance et mortalité contre éternité : « Le jour où tu en mangeras [de l'arbre défendu], tu mourras. » (2, 17). Cette équivalence entre vie et châtiment dans la Genèse, nous la lisons également dans le Coran : «  Vous aurez la terre pour séjour et son usage pour un temps » (Sourate II, 36).

Néanmoins pour se débarrasser de cette vie - qui commence par la faute d'Eve et qui se résout dans le malheur et s'achève dans la mort -, les trois religions incitent l'homme à accepter, voire à chérir la souffrance comme si l'homme ne souffre pas assez. Résultat : on se propose de mourir avant l'appel de la mort, on précipite notre départ et on avance notre heure.17(*)

Dans cet acte étrange, se lit la finalité de toutes les religions monothéistes : gagner son passeport pour l'au-delà.

Du présent on passe maintenant au futur.

Si la mort ou « la vie qui prend fin » a été le « cadeau » que Dieu nous a offert, il reste que le croyant peut triompher à la mort en chérissant la souffrance et la mort de son vivant. Autant dire, en éprouvant le remords et en luttant pour expier sa faute. Dans le futur, l'âme qui est immortelle vient gagner son salut et retrouver le paradis perdu.18(*)

En somme, pour les trois monothéismes, l'essentiel se déroule  avant la vie et après la vie. Celle-ci n'étant qu'un sinistre passage qui pouvait ne pas être si la première femme aurait consenti au commandement de Dieu.

Néant - vie - néant, c'est là une triade prônée par Michel Onfray pour tenir la place de la triade précédente ; paradis céleste - vie passagère - vie après la mort.

Pour Michel Onfray, en effet, « le futur ne se conjure pas, le passé ne se rachète pas, seul le présent se vit, dans l'instant. »19(*)

Au lieu du passé, Michel Onfray parle du mouvement des atomes dans le vide qui de leurs combinaisons naissent tous les éléments du réel.

De même au lieu du futur, Michel Onfray parle de la décomposition des combinaisons et de la préservation des atomes.

Pour ce qui est du présent, Michel Onfray déclare qu'il est le seul à mériter notre attention et ce qui est le plus important, c'est qu'il nous invite à le vivre en calquant l'acte d'Eve.

Rejetant les passages de la Genèse qui traitent du paradis et du salut, Michel Onfray porte attention en particulier à l'épisode de la faute originelle commise par Eve, car il y trouve les germes d'une philosophie existentielle.

Ce philosophe athée, qui ne croit pas aux Livres Saints, va, par conséquent, privilégier ce qui va contre ces Livres (Eve) dans ces Livres.

Alors comment la philosophie, la vraie philosophie a pris naissance avec Eve ?

Michel Onfray trouve que l'acte d'Eve loin d'être blâmable, tel qu'il est dépeint par les monothéismes, est fort de conséquences utiles, à savoir : le refus de l'obéissance à Dieu et le désir de la connaissance ; ce sont là deux qualités requises pour tout philosophe authentique. Expliquons-nous :

- Premièrement, Eve en récusant le diktat de Dieu, a fait preuve d'une autonomie et d'une indépendance sans égal. Avec elle, le fait de se déterminer librement et sans contrainte extérieure devient une vérité inébranlable. Refuser Dieu c'est aussi élire le Diable symbolisé par le serpent. Mais ceci loin d'être une contrainte extérieure, voulait, au contraire, montrer à quiconque le choisit qu'il est la voix de la révolte et de la rébellion. Dans cette perspective, Onfray signale que : « le serpent est aussi l'animal qui, en se mordant la queue, réalise le cercle, la finitude, le retour sur soi, la complétude. Figure géométrique de la perfection et de l'autosuffisance. »20(*). En un mot, grâce à ce premier point ; le refus de l'obéissance, Eve nous montre que la vraie philosophie n'est pas sujette à une fin extérieure, sinon elle cesse d'être philosophie pour devenir religion.

- On doit à Eve, outre la révolte contre Dieu, la soif de la science. Michel Onfray nous montre qu'en mangeant du fruit défendu, on se donne également la connaissance et la science. Toutefois, remarque Onfray, le prix de cette intelligence c'est indiscutablement la perte du bonheur. Onfray se rallie ici à la position des monothéistes selon laquelle Eve est la cause du malheur dans l'ici-bas. Mais ils se démarquent d'eux dans l'interprétation du mot « cause ».

Comme nous avons déjà vu plus haut, Eve est la cause du malheur, signifie, chez les monothéistes, que c'est Eve qui est responsable du malheur, comme si le bonheur était quelque chose de réel et que le malheur pouvait ne pas être.21(*)

Or, selon Onfray, le fait qu'Eve soit la cause du malheur, signifie qu'Eve a créé la conscience, laquelle nous permet de voir ce qui est. Autrement dit, le malheur n'est pas la création d'Eve, mais il est là depuis longtemps, il est inhérent à la vie. Et c'est la première femme qui nous aidera à percevoir cette vérité. Savoir, c'est donc prendre connaissance que dans ce monde règne : le triomphe du temps, de la souffrance et de l'entropie.22(*) De même savoir, c'est s'apercevoir qu'il n'y a que cette vie et que le bonheur était une illusion plus qu'une réalité.

A ce titre, Onfray se demande comment savoir qu'on est malheureux s'il nous manque la faculté de discernement par excellence : la conscience ? Dans cette perspective, il écrit : « l'innocence vraie [synonyme d'ignorance] n'est pas douloureuse puisque manque à l'innocent la conscience qui lui permettrait de connaître son état, d'abord, et d'en souffrir ensuite. Selon ces principes, le véritable innocent est interdit de bonheur pour la raison que l'imbécillité lui tient fonds de commerce. »23(*)

Là surgit la question fondamentale : pourquoi accroître nos connaissances si le prix à payer sera notre malheur ? L'inscience, l'innocence ne servent-ils plus nos intérêts en nous plongeant dans une félicité éternelle ?

Là-dessus, Michel Onfray répond que « le savoir, c'est donc la douleur dans un premier temps. »24(*). Et «  S'il faut choisir, autant prendre l'intelligence, fut-ce au prix d'un bonheur perdu, car elle seule peut permettre de le retrouver. Sinon elle n'est pas intelligence... »25(*). Ces deux passages sont d'une importance capitale, puisqu'ils nous permettent de savoir que l'intelligence n'est pas un substitut au bonheur mais elle peut elle-même conduire au bonheur.

Dès lors, on doit oeuvrer à ce que la deuxième étape (bonheur) soit une suite nécessaire à la première (savoir).

Ajoutons que ce bonheur requis est le vrai bonheur car, au dire d'Onfray, seul le présent, hic et nunc, importe en matière de bonheur.26(*)

En somme, pour Onfray le vrai philosophe est celui qui, à l'instar d'Eve, se révolte premièrement contre l'autorité divine (athéisme). Il s'aperçoit deuxièmement qu'il n'y a que cette vie et que le bonheur est réalisable ici-bas, malgré l'obscurité qui domine (hédonisme). Eve aux yeux d'Onfray est l'antidote d'Adam, puisque ce dernier a choisi l'obéissance à Dieu et l'imbécillité : « Adam, l'imbécile, se satisfait absolument d'obéir et se soumettre. »27(*)

La Genèse, avec ses deux interprétations, constitue une bonne introduction à l'oeuvre d'Onfray, puisqu'elle nous aidera à dégager le thème, la thèse et la problématique de ce mémoire.

Commençons par le thème ou le titre du mémoire.

Le but que s'est fixé Onfray est de dresser une contre histoire de la philosophie. C'est le sujet central qui est abordé de façon récurrente dans ses différentes oeuvres. Et c'est également le thème que nous avons choisi pour notre mémoire.

Mais avant de s'interroger sur ce qui a poussé Onfray à établir cette contre-histoire, ce qui nous aidera à trouver la thèse défendue, il est utile d'examiner ce que Onfray entend par « histoire de la philosophie » et de se demander s'il y a une ou plusieurs histoires de la philosophie.

Depuis longtemps, on sait que plusieurs courants ont préoccupé les philosophes : le matérialisme, le spiritualisme, le criticisme, l'agnosticisme, l'idéalisme, la phénoménologie, etc.

Loin d'aborder cette idée, Onfray enseigne avec insistance qu'une seule histoire de la philosophie a dominé de tout temps. Il constate que « l'idéalisme, la philosophie des vainqueurs depuis le triomphe officiel du christianisme devenu pensée d'Etat (...) passe traditionnellement par la seule et unique philosophie digne de ce nom. »28(*)

Les représentants de cette philosophie dominante sont légion :

Les idéalistes de l'Antiquité29(*), ceux du Moyen-Âge30(*), ceux du 17ème siècle appelé Grand Siècle31(*), les idéalistes du 18ème siècle appelé siècle des Lumières32(*) et enfin le fascisme de renard, le fascisme de lion et le nihilisme européen qui dominent le 21ème siècle.

Après avoir énonc le thème de notre mémoire en montrant qu'il s'agit dans la contre-histoire de la philosophie de s'opposer à la philosophie idéaliste, il nous faut à présent examiner la thèse, c'est-à-dire montrer pour quelle raison on doit s'opposer à cette catégorie de philosophie.

Pour ce faire, il est intéressant de constater que la philosophie idéaliste qui a imposé sa suprématie dans l'histoire de la philosophie, a oeuvré en faveur du rejet de « la philosophie vivante ».

Deux remarques s'imposent d'emblée avant de définir ce qu'on entend par « philosophie vivante » :

- Dans la première, nous montrons que les conseils d'Eve demeurent sans portée sur les idéalistes alors que les philosophes qui s'opposent à ces derniers sont, au contraire, ceux qui emboîtent le pas à Eve. Ces philosophes sont appellés par Onfray les philosophes existentiels ou alternatifs (alternatifs puisque opposées à l'historiographie dominante).

- La deuxième remarque tient à montrer que ces philosophes alternatifs doivent être exhumés par Onfray. Ce dernier n'est donc pas seulement un philosophe mais il est également un historien de la philosophie ou plutôt un contre historien de la philosophie. Parmi les philosophies dont il importe d'exhumer, Onfray fait allusion aux sagesses antiques33(*), au christianisme hédoniste34(*), aux libertins baroques35(*) et aux ultras des Lumières36(*).

Revenons à la définition. La philosophie vivante ou la philosophie existentielle est celle qui part de cette existence pour donner des solutions à ses problèmes. Ces philosophes alternatifs qui calquent le pas d'Eve ne voient que le réel et ce réel leur paraît en premier lieu obscur. Onfray écrit à ce sujet : « la sagesse du philosophe suppose une algodicée, une sapience connue par le corps douloureux et qu'il veut libérer de cet état. Je ne crois pas d'autre fonction à la pratique de la philosophie depuis. »37(*)

Cette philosophie vivante ou existentielle est baptisée par Onfray du nom de l'hédonisme. Comme son étymologie l'indique, l'hédonisme est tout simplement la recherche du plaisir sous toutes ses formes.38(*) « l'hédoniste dira Oui à la vie, à la jubilation, à la jouissance, au plaisir, au bonheur (...) Puis il dira Non à la peine, à la douleur (...)»39(*)

Michel Onfray a d'ailleurs indiqué dans La puissance d'exister que l'hédonisme est cette vision du monde, cette pensée totalisante qu'il s'emploie à développer dans ses recherches.40(*) A ce titre, nous avions l'intention de nommer la thèse ou le sous-titre de notre mémoire  l'hédonisme , mais comme ceci a été pris dans l'historiographie dominante au sens parfaitement trivial du terme, nous avons opté pour une autre appelation : philosophie vivante, qui n'est qu'une expression synonyme de l'hédonisme.

Pour éviter toute confusion sur son système philosophique (l'hédonisme), Michel Onfray se hâte de distinguer l'hédonisme de l'avoir et l'hédonisme de l'être.

Le premier est celui qui occupe les lieux de nos jours. Cet hédonisme appelé encore « hédonisme consumériste » se déploie dans les plaisirs de l'avoir, à savoir : le plaisir à accumuler des richesses, à consommer, à acheter et le désir de l'honneur et des puissances sociales..

Michel Onfray s'en prend violemment à cet hédonisme41(*). La forme d'hédonisme qui retiendra surtout son attention est celle qui cherche les plaisirs de l'être : le plaisir de se penser, de se construire, de s'affirmer et de se créer une « vie philosophique ».42(*)

Si la philosophie vivante est synonyme d'hédonisme, il reste que cette philosophie n'est possible qu'à travers l'athéisme, qu'à travers cet acte d'Eve qui se rebelle à Dieu. Comme on vient de signaler plus haut, si Michel Onfray se fait le chantre de l'athéisme c'est parce qu'il voit dans cette ligne de pensée la seule voie ou le seul moyen qui préserve la vie ici-bas.

Ceci est indiscutablement repérable dans les extraits suivants :

« L'athéisme est la condition de possibilité de l'hédonisme. »43(*)

« L'athéisme réconcilie avec la terre, l'autre nom de la vie. »44(*)

Il est indéniable que dans l'historiographie alternative, il y en a un bon nombre de philosophes qui ne sont pas athées. Mais il reste qu'ils posent un Dieu indifférent au monde. L'indifférence ou l'inexistence de Dieu incarnent tous deux le triomphe de la liberté et de l'indépendance de l'homme. Onfray signale alors que  : « l'hédonisme implique un réel totalement dépourvu de sacré. »45(*)

Bref, les deux mots d'ordre de cette philosophie vivante restent : l'hédonisme et le refus de Dieu. Ces deux mots prêtent main forte pour rendre cette vie plus habitable et plus désirable.

Après avoir expliqué ce qu'est la philosophie vivante, on a répondu au premier volet de notre thèse, il nous reste à examiner le deuxième volet, afin de comprendre pour quelles raisons les philosophes idéalistes ne sont pas des amateurs de la philosophie vivante. Michel Onfray nous fait comprendre dans La puissance d'exister qu'il y a deux sortes de philosophes : celui qui part de sa vie et essaye de la transfigurer : le philosophe existentiel déjà cité. Et celui « dont le récit semble ne laisser aucune place à la confidence autobiographique, au détail emprunté à une expérience personnelle. »46(*) Ce philosophe est nommé par Onfray l'idéaliste ou le héraut c'est-à-dire celui qui « évite sa propre personne pour mieux laisser croire qu'il agit en médium, inspiré d'une pensée venue d'ailleurs. »47(*)

Le philosophe idéaliste est alors celui qui lui répugne de questionner cette vie - synonyme de saleté, d'impureté -. Et, en refusant de voir le réel, en s'installant dans sa côte d'ivoire, il s'empêche de donner des solutions concrètes au problèmes concrets. Le philosophe idéaliste tombe dans l'anti-hédonisme et la fuite dans l'autre monde récusés par Eve.

Toutefois deux questions se font jour à ce propos :

La soumission à Dieu et la croyance au monde d'en-haut ne peuvent-ils pas transfigurer ma vie ? Donner un sens à la vie est-il l'apanage de ceux qui se révoltent contre Dieu et ne voient que l'immanence ?

Michel Onfray répond par la négative à la première question et par l'affirmative à la seconde.

A ses yeux, en appliquant les préceptes d'en haut à l'ici-bas, on se prive de résoudre les problèmes de l'existence, car tout d'abord ce que veut Dieu et tous ceux qui vont avec, c'est l'amoindrissement de soi, l'humilité, le renoncement à soi pour la simple raison que le triomphe à la souffrance nous prive du salut dans l'au-delà.48(*) Onfray fait la remarque suivante : « la colère contre l'état des choses (...) voilà aux yeux des moralisateurs qui montre trop l'homme soucieux de son expansion et d'un empire sur soi puis sur le monde. Aussi faut-il condamner, associer ces puissances à la faute, au péché. Soyez tempérants, pratiquez l'humilité (...). »49(*)

De plus, en appliquant les préceptes d'en haut à l'ici-bas, on peut parfois se livrer à un verbiage nébuleux et inutile pour l'instauration d'un bien vivre.50(*) Michel Onfray dit haut et clair: « la philosophie est moins art de créer des concepts que la proposition d'une perspective sur le réel. »51(*)

Bref, en répondant aux deux questions posées, Onfray prouve que la philosophie idéaliste et dominante qui recourt à Dieu ou à un monde au-dessus de ce monde se prive de l'hédonisme ou de la jubilation dans l'affirmation. C'est pour ces raisons que Onfray va dresser une contre histoire de la philosophe

Le thème et la thèse une fois expliqués, il nous reste à dégager la problématique de notre mémoire. Celle-ci est facilement repérable puisqu'elle tient aux analyses précédentes.

En analysant l'épisode de la faute originelle chez Eve et en expliquant ce qu'on entend par philosophie vivante, Onfray nous prépare à la question suivante : Comment peut-on mener cette existence qui se situe entre deux néants ?

Cette problématique essentielle - qui donne un prix particulier à la vie ici-bas - s'avère un grand défi aux religions monothéistes et aux philosophes idéalistes puisqu'elles nous invitent à leur poser des questions qui restent sans réponses : Comment peut-on philosopher notre vie si notre vie est chassée de notre philosophie ? Cette philosophie transcendante me concerne-t-elle en tant que vivant ? De même, cette vie pourrait-elle être appelée vie philosophique ?

Afin de résoudre la première problématique, et afin de montrer que les trois dernières questions restent sans issue, il nous faut à présent dresser l'esquisse des résultats tirés des trois parties de notre mémoire.

Dans la première partie intitulée « contre-pédagogie. Principes pour la pédagogie libertaire », nous tâchons de montrer qu'avant de réaliser la sculpture de soi, avant de bâtir une philosophie hédoniste, il nous faut tout d'abord ranimer le naturel philosophique chez l'homme, c'est-à-dire le questionnement des trois dimensions de la vie (soi, autrui, monde).

Cette capacité à interroger la vie a été bannie par une mauvaise pédagogie basée sur l'obéissance, le dressage, les lieux communs et les idées déjà fixées.

Néanmoins, l'université populaire fondée par Onfray va donner à chacun les chances d'interroger sa propre vie. Cette université est dès lors appelée « le laboratoire de la philosophie vivante ».

Avec cette pédagogie libertaire, on pose donc la première pierre de l'édifice de la philosophie vivante, mais cette forme d'enseignement a besoin d'un fond précis : c'est l'historiographie alternative.

Michel Onfray écrit à propos de cette historiographie: « mon maître52(*) me mit un jour au courant d'une entreprise (...) qui consistait à produire des volumes sur les rapports entre vie et philosophie de l'Antiquité jusqu'à nos jours. »53(*)

Dans cette partie, nous parlons essentiellement des philosophes alternatifs de l'Antiquité jusqu'au 18ème siècle qui peuvent servir de repère à quiconque voulait sculpter sa vie.

Cette partie commence par l'application des deux mouvements (questionner la vie et transfigurer la vie) à trois philosophes que Onfray a analysés à part.

Voici deux exemples : Descartes tout d'abord va questionner sa vie et particulièrement son corps. Il le trouve chétif. Pour dépasser cet état, il met au point sa philosophie du « plaisir de ne pas souffrir » qui comporte deux choses : ne pas souffrir de l'absence du plaisir (contre le platonisme ) ou de son excès. Par conséquent, afin de survivre, Epicure s'est démarqué de la morale platonicienne qui ajoute de la souffrance à la souffrance naturelle.

Etre avec Dieu (ici le platonisme) peut n'apporter aucune solution à la souffrance mais il pouvait également être lui-même source de souffrance.

Un autre exemple, le curé Meslier qui part, à l'instar d'Epicure, de sa vie prend conscience de sa culpabilité envers les gens qui les a prêchés. Cette culpabilité s'est enracinée grâce à l'Eglise qui poursuit tout ce qui prêche contre son enseignement (première étape). Mais pour résoudre cette souffrance qui ne dépend pas du naturel, mais des ministres de Dieu, Meslier met au point sa philosophie qui serait une véritable catharsis (deuxième étape).

Dans ce premier chapitre de la deuxième partie, nous avons mis en évidence les deux mouvements philosophiques en prenant des exemples précis. Dans les chapitres suivants, nous nous penchons essentiellement au deuxième mouvement puisqu'il s'avère impossible de remonter à l'origine de la philosophie de chacun.

Toutefois, il est remarquable qu'en ce deuxième mouvement, le premier mouvement est implicitement présent puisque si ces philosophes n'avaient pas questionner leurs époques (celle-ci étant une des dimensions du réel), ils n'auraient pas pu établir leurs philosophies.

A ce compte, nous poursuivons dans ce deuxième mouvement les deux objectifs déjà établis : comment la philosophie alternative qui s'oppose à Dieu est hédoniste ? Et comment la philosophie idéaliste qui va avec Dieu est ascétique ?

Dans cette deuxième partie, nous avons posé la deuxième pierre de l'édifice de la philosophie existentielle, mais pour compléter le chantier, il nous faut examiner la troisième partie intitulée « Petite histoire de la sculpture de soi : l'athéisme athée ».

Il est question ici de la propre philosophie de Michel Onfray. Sans pédagogie libertaire pas d'historiographie alternative et sans cette dernière pas de sculpture de soi chez Michel Onfray, car il est lui-même le disciple de ces sculpteurs de soi. Toutefois, comme le répète Onfray, le vrai disciple est celui qui n'est pas esclave mais s'attache à appliquer les acquis du maître à sa propre expérience.

Michel Onfray va questionner tout d'abord sa vie et particulièrement son époque. Cette époque se caractérise par une guerre religieuse qui menace le monde tout entier et par le nihilisme européen.

Dans le premier cas, les trois monothéismes sont eux-mêmes source de souffrance et, en plus, ils ne font rien pour résoudre cette souffrance car, il ne font que jeter de l'huile sur le feu. Dans le deuxième cas, l'Europe nihiliste, qui prolonge l'agonie de Dieu au lieu d'être franchement athée, abouti à son tour à une impasse.

En prenant conscience de cette vie, Onfray voulait passer à la philosophie qui lui apprend à survivre. Cette philosophie baptisée du nom « l'athéisme athée » va tout d'abord dévoiler le discours religieux et fasciste qui se cache derrière la politique de l'Occident et celle de l'Orient. Nous trouvons ici une déconstruction équitable des trois monothéismes. Le résultat attendu : le mal et l'existence de Dieu font bon ménage.

Dans un second lieu, Onfray va sortir de cette guerre qui divise le monde en deux pour se consacrer longuement à l'Occident et principalement l'Europe (surtout la France). Nous trouvons ici une décortication minutieuse de l'épistémè judéo-chrétienne dans tous les domaines de la société européenne. Cette décortication prend la forme d'une comparaison à la manière de celle dressée dans la deuxième partie entre la philosophie alternative et la philosophie idéaliste..

Du côté du nihilisme, nous trouvons alors :

Une éthique fondée sur la haine de soi et l'amour du prochain. Une morale sexuelle bâtie sur la virginité absolue ou le couple fusionnel. Une bioéthique vouant un culte au corps souffrant. Une philosophie récusant la philosophie du goût. Une esthétique chérissant le Beau en soi. Et enfin une politique fondée sur le culte du travail et la liberté.

En revanche, du côté de l' « athéisme athée » nous lisons une « éthique élective », une « érotique solaire », une « bioéthique prométhéenne », une « gastronomie », une « esthétique cynique » et une « politique libertaire. »

Ces analyses ont toutes montrées que dans sa propre philosophie, Michel Onfray a de même poursuivi les deux visées de tout philosophe alternatif : la révolte contre Dieu et l'hédonisme.

Dans les pages qui viennent, nous cherchons une lecture directe et sans intermédiaire de la philosophie de Michel Onfray. Cette lecture sera une vue d'ensemble de l'oeuvre de Michel Onfray, de cette « philosophie vivante » que le philosophe essaye de développer.

La partie analytique sera suivie d'une partie critique dans laquelle il est question d'une réflexion sur certains points analysés par Onfray.

Première partie :

Contre-pédagogie : Principes pour la pédagogie libertaire

Introduction :

Pour défricher notre sujet, il nous faut s'arrêter, en premier lieu, sur les problèmes pédagogiques. Dans ce cadre, nous soutenons une réflexion critique sur la pédagogie régnante et nous érigeons en même temps une nouvelle pédagogie.

Tourtefois, il est intérressant d'indiquer qu'avec cette première partie, on n'entre pas effectivement dans le coeur du débat puisque notre réflexion ici porte essentiellement sur la forme et ne concerne pas le fond.

En revanche, il n'en reste pas moins que la « pédagogie libertaire » forgée par Onfray sert d'amorce à une ultérieure sculpture de soi54(*) et que la pédagogie contestée par lui est une pierre d'achoppement et un obstacle à tout projet d'esthétisation de son existence. Ceci dit, cette première partie - bien qu'elle se rapporte à la forme - vient enclencher le processus de changement qui prévaut dans l'oeuvre de Michel Onfray.

Dans cette partie, nous lisons sa revendication quelque peu paradoxale : « Deviens ce que tu es »55(*).

Mais là nous nous demandons : Comment pouvons-nous devenir ce que nous sommes ? Est-ce possible de désirer un présent qui est déjà effectif ? Et puis : le devenir peut-il être autre chose que la pure et simple répétition de ce qui est ?

Afin de résoudre ce qui semble paradoxal, nous examinerons, dans un premier chapitre ce qu'est l'existence humaine, ce qu'est chacun de nous (un enfant philosophe). Nous nous pencherons dans le second chapitre sur l'oubli de l'existence humaine et le triomphe de l'état d'asservissement, de dépendance et d'aliénation. Ces deux chapitres servirons de prolégomènes à la question du retour de l'enfance que nous explorons ses traits dans le troisième chapitre : Contre-institution : l'Université populaire (U.P.)

Tournons-nous maintenant vers la question de l'être, de l'existence ou de la vie humaine.

* 1 Eve

* 2 ÑÇÌÚ ÓÇÑÉ ßæãÇä - ÑæÌí áÇÈæÑÊ ? ?II? C?? ????E ?C? I??IC - E???? C??íÊÇíÒíÞÇ æ ÇÓÊÍÖÇÑ ÇáËÑ (ÊÑ. ÇÏÑíÓ ßËíÑ - ÚÒ ÇáÏíä ÇáÎØÇÈí) ÇÑíÞíÇ ÇáÔÑÞ ÇáÏÇÑ ÇáÈíÖÇÁ 1991 Õ.5-19

* 3 Jacques DERRIDA, La voix et le phénomène, Presses Universitaires de France, 1967, p.115.

* 4 Voir l'entretien avec Conche sur le site suivant :

philomag.com/article, entretien, marcel-conche-la-mort-ne-peut-m-enlever-ma-vie,56.php

* 5 Voir le dictionnaire des citations sur le site suivant : atheisme.free.fr

* 6 Voir le dictionnaire de citations sur le site déjà cité : atheisme.free.fr.

* 7 Voir l'interview avec Sponville sur le site suivant :

evene.fr/.../interview-andre-comte-sponville-esprit-atheisme-613.php

* 8 Michel ONFRAY, Politique du rebelle- Traité de résistance et d'insoumission- , Paris, Grasset &Fasquelle, Livre de poche, 1997, p.48.

* 9 Pour le Coran, voir ( sourate II, 29-36) Et pour la Torah et la Bible chrétienne voir Genèse II et III.

* 10 Cf. Michel ONFRAY, La lueur des orages désirés - Journal hédoniste IV, Grasset & Fasquelle, 2007, p.14 ; p.15

* 11 Cf. Michel ONFRAY, Le désir d'être un volcan - Journal hédoniste I, Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 1996, p.276.

* 12 Idem

* 13 Ibid., p.277

* 14 Ibid., p.278

* 15 Il est notable que Michel Onfray est un philosophe nietzschéen puisqu'il avoue que cette Figure éminente l'accompagne depuis l'âge de quinze ans et que Ainsi parlait Zarathoustra est son livre de chevet. ( Cf. l'introduction à son ouvrage sur Nietzshe La Sagesse tragique et son entretien sur le site suivant :

www.lexpress.fr/styles/questions-style/michel-onfray-486613.html.) La pensée de Nietzsche est, à l'avis de notre philosophe contemporain, plus que jamais d'actualité.

D'ailleurs, il ne faut pas oublier que Nietzsche lui-même avait écrit: «  Moi non plus, je ne suis pas encore à l'ordre du jour : il en est qui naissent posthumes. » ( Nietzsche, Ecce Homo, Gallimard, 1974, Pourquoi j'écris de si bons livres, § 1, p.61).

Ceci dit, nous allons, au fil des pages, mettre en exergue la façon dont la pensée de Nietzsche a nourri celle de Onfray.

Commençons alors par le premier point de ressemblance.

L'interprétation du commencement de la Bible comme l'histoire de la colère de Dieu contre Eve a été surtout esquissée par Nietzsche dans L'Antéchrist. Ce dernier a montré que pour le christianisme, c'est Eve qui a poussé l'homme à manger de l'arbre de la connaissance et c'est elle qui a créé la science, rivale historique de Dieu.

Par ce mauvais acte, Eve sera donc à l'origine du péché originel et du mal qui régit notre monde car l'impératif moral « Tu ne connaîtra point » ne doit pas être violé.

(Cf. Nietzsche, L'Antéchrist, Union générale d'éditions, 1967, § 48-49, pp.78-81)

* 16 Le désir d'être un volcan, op.cit., p.91

* 17 Cf. La lueur des orages désirés, op.cit., p.15. Et Le désir d'être un volcan, op.cit., p.281 ; p.282

* 18 Cf. La lueur des orages désirés, op.cit., p.14.

* 19 Ibid., p.15

* 20 Michel ONFRAY, L'Art de jouir - Pour un matérialisme hédoniste - , Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 1991, p.220.

* 21 Cf. Michel ONFRAY, Traité d'athéologie - Physique de la métaphysique -, Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 2005, p.15

* 22 Cf. Le désir d'être un volcan, op.cit., p.280. Et Les vertus de la foudre - Journal hédoniste II, Grasset, 1998, p.450

* 23 Cf. Le désir d'être un volcan, op.cit., p.280.

* 24 Idem

* 25 Idem

* 26 Ibid., p.282 ; p. 283

* 27 Traité d'athélogie, op.cit., p.142

* 28 Michel ONFRAY, Les Sagesses antiques, Contre histoire de la philosophie, t.1, Grasset, 2006, p.18 ; p.19

* 29 Le socrate platonisé, Platon, Hippias, Protagoras, Sénèque, Epictète...L'étude de Michel Onfray s'est limitée au platonisme.

* 30 Paul de Tarse ou saint Paul, Tertullien, Origène, Porphyre, Constantin, saint Augustin, saint Thomas d'Aquin...

* 31 Descartes, François de Sales, Blaise Pascal, Bossuet, Garasse, Leibniz, Malebranche, Berkeley, Fénelon...

* 32 Volataire, Kant, Rousseau, Hegel...

* 33 Les Sagesses antiques : (VIe av.J.-C - IIe apr.J.-C) regroupent : Leucippe, Démocrite, Hipparque, Anaxarque, Antiphon, Aristippe, Diogène, Philèbe, Eudoxe, Prodicos, Epicure, Philodème de Gadara, Lucrèce et Diogène D'Oenanda.

* 34 Le christianisme hédoniste (IIe siècle - XVIe siècle) est composé des gnostiques licencieux : Simon, Basilide, Valentin, Carpocrate, Epiphane, Cerinthe, Marc, Nicolas. Et des frères et soeurs du Libre-Esprit, Amaury de Bène, Cornelisz d'Anvers, Bentivenga de Gubbio, Walter de Hollande, Jean de Brno, Heilwige de Bratislava, Willem Van Hildervissem, Eloi de Pruynstich. Et du christianisme épicurien : Lorenzo Valla, Marsile Ficin, Erasme, Michel de Montaigne et Marie de Gournay.

* 35 Les libertins baroques et le spinozisme (XVIIe siècle) regroupent : Pierre Charron, La Mothe Le Vayer, Charles de Saint-Evremond, Pierre Gassendi, Cyrano de Bergerac, Baruch de Spinoza.

* 36 Les ultras des Lumières (XIIIe siècle) comportent : Jean Meslier, La Mettrie, Maupertius, Helvetius, d'Holbach, Sade

* 37 Les vertus de la foudre, op.cit., p.440

* 38 Ibid., p.450

* 39 L'Art de jouir, op.cit., p.211

* 40 Cf. La puissance d'exister, op.cit., p.83.

* 41 Ce refus de l'hédonisme consumériste chez Michel Onfray a été manifeste dans le prologue de son ouvrage La Raison goumande où il vient d'avouer qu'il préfère une fraise dans le jardin de son père à Yquem.

* 42 Voir l'interview de Michel Onfray sur le site suivant :

evene.fr/.../interview-onfray-atheologie-puissance-exister-558.php. Et :

ÒäÇÒ ÍãíÏ.":" ÇáíáÓæ ãíÔÇá æäÑí: áÇ ÊÄÌá ãÊÚÉ Çáíæã Çáì ÛÏ":. ÇáÌÒÇÆÑ äíæÒÚÏÏ125 Õ22 

* 43 L'Art de jouir, op.cit., p.233

* 44 Traité d'athéologie, op.cit., p.23

* 45 Les ultras des Lumières, op.cit., p.210

* 46 La puissance d'exister, op.cit., p.65

* 47 Idem

* 48 Cf. Les ultras des lumières, op.cit., p.39 ; p.69

* 49 Les vertus de la foudre, op.cit., p.69.

* 50 Cf. Michel ONFRAY, Cynismes - Portrait du philosophe en chien - , Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 1990, p.12

* 51 Les vertus de la foudre, op.cit., p.81.

* 52 Le maître de Onfray s'appelle Lucien Jerphagon qui est un célèbre philosophe et historien français.

* 53 Cynismes, op.cit., p.17

* 54 C'est dans la deuxième et la troisième partie que nous examinerons des figures éminentes de sculpture de soi.

* 55 La paternité de cette maxime «Deviens ce que tu es» remonte à Nietzsche qui vient affirmer, en premier lieu, que personne ne décide de sa maladie, sa santé, ses parents, son environnement, etc., mais que ces choses lui ont été imposées d'une façon inéluctable. Ce qu'il est chacun de nous dépend alors pour la plus grande partie de la nécessité.

Toutefois, ajoute Nietzsche, seul l'authentique philosophe peut vouloir ce qui lui advient, peut user de sa liberté pour consentir à son destin. Cette liberté quelque peu contradictoire pousse le philosophe à construire «la philosophie de sa personne», la philosophie qui remonte au Corps et ne s'échappe pas dans un endroit où l'on vit reclus et retiré du monde. La conséquence qui découle de cette « philosophie de sa personne» de ce « Deviens ce que tu es» est le fait de donner un sens à sa vie, de la transfigurer et de ne pas mourir de son vivant. (Cf., Michel ONFRAY, Physiologie de Georges Palante - Pour un nietzschéisme de gauche, Paris, Grasset & Fasquelle, Livre de poche, 2002, pp.9-25)

Cette production d'une vie philosophique ou transfigurée est un thème récurrent dans l'oeuvre de Michel Onfray et notre philosophe contemporain le répète à plusieurs endroits.

Toutefois, Onfray vient donner ici un tout autre sens à la maxime citée. =

= « Deviens ce que tu es» sinterprète comme une incitation à devenir des enfants philosophes. Or cette première étape sert à déblayer le terrain à toute sculpture ultérieure de notre existence.

Voyons pour l'instant comment se déroule la pédagogie de Onfray à partir de cette maxime «Deviens ce que tu es.»

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