Le Programme de Formation en Gestion de Politique
Economique (GPE) de l'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce rapport.
Ces opinions doivent être considérées comme propre à
leur auteur.
ERRATA
·
Sigles et abréviations : par ordre alphabétique, DGCP et
DSCRP se situent après COMILOG.
· Page
22, II, deuxième ligne : lire Incremental
· Page
35, II.4 : lire du Gabon
· Page
37, avant dernière ligne : lire ensuite
EXPOSE
Bonjour messieurs les membres du jury et merci de nous
avoir accordé la parole. Nous tenons d'abord à nous excuser pour
notre mauvaise voix due à la grippe depuis quelques jours. Cela
étant, notre étude porte sur les effets de la dette
extérieure sur la croissance : nous nous intéressons au cas
spécifique du Gabon.
L'environnement économique des pays à faible
revenu en général et le Gabon en particulier, fut marqué
par une crise de la dette extérieure élevée qui de nos
jours, continue à demeurer un obstacle majeur pour atteindre les
Objectifs du Développement pour le Millénaire (ODM).
Cette crise de la dette extérieure élevée
reste encore dans les débats des hommes politiques et de l'opinion
publique à travers le monde comme étant l'un des principaux
facteurs contribuant à restreindre ou limiter la croissance des PED. La
croissance économique se définit comme étant une
augmentation soutenue, pendant une période prolongée, de la
quantité des biens et services que produit une économie.
L'économie peut embrasser le champ d'une nation, ou d'une autre
unité géographique, politique et sociale, telle qu'une
région, une ville ou un groupe de population ; elle peut comprendre
un groupe de nations ou le monde entier. Quant à la dette
extérieure, elle est constituée de l'ensemble des engagements
pris envers d'autres Etats ou Institutions financières
étrangères. Ainsi, notre préoccupation dans cette
étude consiste à répondre à la question
suivante :
Quel est l'impact de la dette extérieure du Gabon
sur les résultats économiques ?
Notre objectif général est
d'évaluer les effets de la dette extérieure sur les performances
économiques du Gabon. De manière spécifique nous cherchons
à vérifier l'existence de la relation entre la dette
extérieure et la croissance, d'une part, et à analyser la
manifestation de l'effet d'éviction dans l'économie gabonaise,
d'autre part. Pour ce faire nous retenons 3 hypothèses :d'abord la
dette extérieure du Gabon a une relation non linéaire avec le
taux de croissance du PIB, ensuite le paiement futur du service de la dette, en
augmentant la probabilité d'un accroissement de la pression fiscale
future, décourage l'investissement domestique et étranger et
enfin le service très important de la dette extérieure, en
évinçant les ressources destinées à
l'investissement public moteur de la croissance, constitue un frein à
l'activité économique. Notre approche méthodologique
consiste à analyser l'efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées à l'aide des
indicateurs de liquidité et de solvabilité. L'examen du ratio
service de la dette sur PIB réel nous permet d'analyser l'effet
d'éviction. L'analyse de la soutenabilité nous conduit à
envisager trois scénarios de soutenabilité. La revue de la
littérature relative à certaines études théoriques
et empiriques nous permet de retenir l'existence d'une relation non
linéaire entre la dette et la croissance. En effet, Hansen (2001), par
exemple analyse l'impact de l'interaction entre l'aide au développement
et la dette extérieure sur la croissance de 54 pays en
développement en mettant en évidence l'existence d'une courbe de
Laffer de l'aide. D'après lui, cet impact négatif de la dette
serait assez important dans les pays dépendant fortement de l'aide
extérieure et c'est le cas du Gabon.
Après avoir déterminé l'importance de
l'endettement extérieur, avec des niveaux très
élevés au cours de la période allant de 1995
à 2005 et les facteurs explicatifs liés essentiellement à
l'étroitesse de l'assiette fiscale, à la mauvaise gouvernance
à la détérioration des TDM et à la
dévaluation du FCA en janvier 1994, nous sommes donc parvenus aux
résultats suivants :
1°) La dette a un effet favorable sur la croissance. Sur
ce point, nous sommes de l'avis de JP FOUDA OWOUNDI. La dette est
nécessaire pour la croissance. En effet, il fait observer dans la revue
de l'IRIS « repenser Bretton Woods, réponses
africaines » qu'aucun des pays aujourd'hui considérés
comme « riches » ne s'est développé sans capitaux.
C'est ainsi que la dette extérieure du Gabon a servi à financer
les infrastructures à hauteur de plus de 48 % notamment la route et la
construction du Chemin de fer (Transgabonais) considéré comme un
investissement public important. La dette a ainsi soutenu l'activité et
favorisé un certain niveau de croissance (transport de grumes
manganèse...).
2°) Le deuxième résultat important est
l'effet défavorable de la dette extérieure sur la croissance du
Gabon. Pour cela nous avons examiné l'allocation (affectation ou
utilisation) des FINEX. Il ressort que la santé représente 9%,
l'éducation 0,5% et l'agriculture 1,7%. Or, l'on sait que l'affectation
accrue de la dette dans les domaines des infrastructures, de la valorisation
des ressources humaines par les dépenses de santé et
d'éducation et d'amélioration des services publics lorsqu'elles
sont bien conçues et affectées de façon rationnelle,
peuvent augmenter la productivité, créer les externalités
positives du secteur privé et favoriser la croissance.
Cet effet défavorable sur les résultats
économiques est également perçu à travers l'analyse
de l'efficacité des investissements financés par les ressources
empruntées. Pour étudier cette efficacité, nous utilisons
le coefficient marginal du capital, désigné en anglais par
Incremental Capital Output Ratio (ICOR). Il mesure le rapport
entre l'investissement et l'augmentation de la production qui en
résulte, sur une même période. Un ICOR négatif ou
plus élevé reflète l'utilisation improductive ou
inefficace des ressources. Cela suggère donc une faible
productivité des investissements et un gaspillage des ressources. Par
contre, un ICOR faible suggère une productivité
élevée, une utilisation plus efficace du capital, puisqu'il faut
investir moins pour obtenir une production supplémentaire
équivalente. L'évolution de ce ratio entre 1990 et 2002
révèle une utilisation inefficace des ressources affectées
à la réalisation des investissements publics. Sans compter que
les prêts ont financé des projets qui ne sont jamais
arrivés à terme. L'Etat s'est endetté pour réaliser
des infrastructures économiques et sociales dont la rentabilité
sociale n'est pas avérée et ces investissements ne
génèrent pas des recettes publiques en tant que telles.
Par ailleurs, on observe un effet d'éviction de la
dette. Il se manifeste à travers le ratio investissement sur PIB
réel (moins de 14%) qui se situe en deçà du ratio du
service de la dette (40%). Une augmentation du ratio du service de la dette sur
PIB réel entraîne une diminution de l'épargne privée
et publique et par conséquent de l'investissement public qui est le
moteur de la croissance. (complémentarité et
substituabilité)
Au regard de tous ces effets défavorables de la dette
extérieure sur la croissance il nous a paru primordial d'analyser la
soutenabilité de cette dette. L'analyse est faite à travers trois
scénarios: le scénario DSCRP, le scénario OMD et le
scénario tendanciel. Il ressort que la dette extérieure du Gabon
est soutenable et pour renforcer la soutenabilité à LT nous
formulons des recommandations de politique économique aux
autorités gabonaises. Les actions à mener dans le cadre de cette
politique devraient être axées sur 1°) les facteurs de
l'endettement, 2°) la facilitation du service de la
dette, 3°) et avant dernière action, la conversion des
créances et enfin, la réforme du système de gestion de la
dette publique avec la création d'une Agence de Gestion de la Dette
Publique (AGDP) qui fonctionnerait selon des modalités bien
précise et dans un cadre juridique et institutionnel bien
défini.
Voilà, Messieurs les membres du jury les points
saillants de notre étude et surtout les conclusions auxquelles nous
sommes arrivés. Comme toute oeuvre humaine, ce travail comporte
certainement des imperfections. C'est pourquoi nous sommes disposés
à recevoir vos importantes remarques et questions afin de
l'améliorer. Nous vous remercions !!
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