INTRODUCTION GENERALE
1. Contexte
Durant les deux décennies précédentes,
l'environnement économique des pays à faible revenu,
particulièrement le Gabon, fut marqué par une crise de la dette
extérieure élevée qui de nos jours, continue à
demeurer un obstacle majeur pour atteindre les Objectifs du
Développement pour le Millénaire (ODM).
Aussi, cette crise de la dette
extérieure élevée reste encore dans les débats des
hommes politiques et de l'opinion publique à travers le monde comme
étant l'un des principaux facteurs contribuant à restreindre ou
limiter le développement économique des pays pauvres ; vu
que la plupart d'entre eux ont contracté des emprunts excessivement
élevés au cours des décennies passées, souvent avec
des taux d'intérêt sous des conditions
privilégiées.
En effet, ces pays ont bénéficié des
prêts très élevés combinés parfois avec des
faveurs qui en principe, pouvaient permettre leur développement en
accroissant les investissements pour accélérer une croissance
durable.
En revanche, il s'est fait constater au début des
années 80 que les ratios d'endettement atteignaient des niveaux
insoutenables à telle enseigne que le remboursement de la dette devenait
pratiquement impossible.
Ainsi, bien que les remboursements de la
valeur actualisée nette (VAN) sur les obligations ne soient
virtuellement pas possibles, ceux-ci pourraient sévèrement
contraindre les performances économiques des pays endettés.
Surtout que les ressources transférées au titre du service de la
dette atteignent des proportions élevées par rapport aux
capacités de financement et aux besoins de financement de ces pays.
Cependant, vers la fin des années 90, la campagne
« Pour l'an 2000, annulons la dette » ayant connu
un succès avec la plus grande pétition jamais
réalisée auparavant (24 millions de signatures ont
été recueillies) a permis d'obtenir des mesures
d'allégement des dettes par les principaux bailleurs des fonds.
Il s'avère que le niveau insoutenable de la dette
extérieure, et c'est le cas du Gabon, est le symptôme d'un
problème beaucoup plus important à savoir la faiblesse de la
croissance économique.
La croissance économique se définit comme
étant une augmentation soutenue, pendant une période
prolongée, de la quantité des biens et services que produit une
économie. L'économie peut embrasser le champ d'une nation, ou
d'une autre unité géographique, politique et sociale, telle
qu'une région, une ville ou un groupe de population ; elle peut
comprendre un groupe de nations ou le monde entier.
La dette extérieure, quant à elle,
représente l'ensemble de la dette politique et commerciale. La dette
politique étant constituée des concours des institutions
monétaires internationales et avances consenties par les Etats
étrangers. Alors que la dette commerciale concerne les engagements
contractés par un Etat auprès des banques
étrangères commerciales.
De ce fait, les préoccupations de notre étude
consistent à répondre à la question suivante :
Quel est l'impact de la dette extérieure du Gabon
sur les résultats économiques ?
Nous allons délimiter notre analyse de 1980 à
2005, période au cours de laquelle a surgi le problème de la
dette au Gabon.
2. Objectifs
L'objectif général est d'évaluer les effets de la dette
extérieure sur les performances économiques du Gabon.
Les objectifs spécifiques sont :
- vérifier l'existence de la relation entre la dette extérieure
et la croissance ;
- analyser la manifestation de l'effet d'éviction dans l'économie
gabonaise.
3. Hypothèses
Nous retenons essentiellement les hypothèses
suivantes:
- la dette extérieure du Gabon a une relation non
linéaire avec le taux de croissance du PIB ;
- le paiement futur du service de la dette, en augmentant la
probabilité d'un accroissement de la pression fiscale future,
décourage l'investissement domestique et étranger (debt
overhang) ;
- le service très important de la dette
extérieure, en évinçant les ressources destinées
à l'investissement public moteur de la croissance, constitue un frein
à l'activité économique.
4 Approche et Méthodologie
Nous allons analyser l'efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées à l'aide des
indicateurs de liquidité et de solvabilité.
L'examen du ratio service de la dette sur PIB réel nous
permettra d'analyser l'effet d'éviction.
L'analyse de la soutenabilité nous conduira à
envisager trois scénarios de soutenabilité en utilisant les
projections de la dette extérieure effectuées par le Fonds
Monétaire International, dans la revue de Mai 2005 (notamment, le
Rapport corrigé des services du FMI sur les économies nationales
n°05/149)
5. Revue de la littérature
Il existe des articles et des documents de travail assez
nombreux sur la dette et la croissance.
Dans le rapport de l'OCDE « étude
1983 », il est mis en exergue l'évolution
générale de la situation de l'endettement des pays en
développement au cours des années 60, 70, et 80. Il
énumère trois éléments qui se sont conjugués
pour donner naissance aux problèmes de la dette, à
savoir :
- Les grandes mutations de l'environnement économique
mondiale au cours de la période 79-83 imputables notamment à la
priorité accordée par les pays riches aux objectifs de
stabilisation et de croissance à moyen et long termes occasionnant une
accentuation de la récession et une forte désinflation ;
- Les emprunts excessifs contractés auprès du
secteur bancaire par certains pays en développement à la suite du
second choc pétrolier ;
- Enfin, l'adoption des stratégies économiques
inapplicables durablement.
Ce rapport relève également que les pays
à faible revenu sont dans une situation insoutenable du fait de la
fragilité de leurs économies.
Hansen (2001), quant à lui,
tient compte des spécificités de financement des pays pauvres en
analysant l'impact de l'interaction entre l'aide au développement et la
dette extérieure sur la croissance de 54 pays en développement en
mettant en évidence l'existence d'une courbe de Laffer de l'aide.
D'après lui, cet impact négatif de la dette serait assez
important dans les pays dépendant fortement de l'aide
extérieure.
Yapo (2001) trouve dans une
étude empirique que le taux de croissance du PIB évolue dans le
sens contraire de l'endettement en Côte d'ivoire. Donc, un taux de
croissance économique assez élevé réduit les
opportunités d'endettement. Sa conclusion est que les performances
macro-économiques ont tendance à limiter les contraintes
liées aux besoins en capitaux extérieurs.
Patillo, Ricci et Poirson (2002)
étudient le fait qu'aurait le doublement de la dette sur la
croissance et ont trouvé une réduction du PIB per capita pour
plus de la moitié des points de pourcentage.
En prenant comme base l'endettement extérieur moyen des
PPTE en 2000 (300% des exportations et 80% du PIB), ils étudient l'effet
qu'aurait une réduction de la dette de moitié des PPTE et
trouvent une augmentation du taux de croissance du PIB par tête d'un
point de pourcentage.
Clements et al (2003) estiment
un modèle de croissance retenant l'hypothèse du fardeau virtuel
de la dette, et arrivent à conclure qu'une diminution de 6 points de
pourcentage du PIB du service de la dette va accroître l'investissement
de 0,75 à 1 point du PIB et la croissance de 2 points de pourcentage.
Enfin, ils concluent que si la moitié du service de la
dette est annulée sans hausse du déficit budgétaire, la
croissance augmentera dans quelques PPTE par 0,5 point de pourcentage par an.
En plus, ils confirment cette thèse de la courbe de Laffer de la dette
car ils trouvent qu'au-delà de 50% de la dette en valeur nominale sur le
PIB et 20-25% en valeur actualisée, la dette va rendre la croissance
négative.
Idlemounden et Raffinot (2005)
pensent que la dette extérieure constitue un fardeau pour une
économie. Le paiement du service de la dette tend à
évincer les dépenses publiques menant à une baisse de
l'investissement global et son poids futur décrit par l'encours
influerait sur les incitations des agents économiques privés via
l'accroissement de la pression fiscale. Ensuite, cet effet selon les auteurs,
ne va se manifester qu'à partir d'un certain niveau justifiant ainsi
l'annulation partielle de la dette lorsque ce seuil est dépassé.
Touna Mama (Repenser Bretton Woods) rappelle que
la dette n'est pas un problème nouveau. Elle devient toutefois un
problème crucial lorsqu'elle n'a aucune contrepartie en termes de
production ou de développement. L'aide publique internationale, qui ne
cesse de décroître, réduit les marges de manoeuvre des
réformes possibles et la capacité des États à
pouvoir un jour rembourser leur dette.
De plus, Jean-Pierre Fouda Owoundi fait observer
qu'aucun des pays aujourd'hui considérés comme « riches
» ne s'est développé sans capitaux. Parallèlement, la
réforme du système monétaire international en 1971 et
l'instauration de régimes de change flexibles a augmenté les
mouvements de capitaux, particulièrement défavorables aux pays
les plus pauvres car ils amplifient la volatilité des taux de change des
monnaies, les sorties de capitaux et, par conséquent, la
détérioration des termes de l'échange entre les pays les
plus riches et les plus pauvres.
Ainsi, la lecture de ces différentes études
théoriques et empiriques sur l'impact négatif de la dette
extérieure sur la croissance des PED nous permet de retenir l'existence
d'une relation non linéaire entre la dette et la croissance.
C'est pourquoi notre travail s'articule en deux
parties :
Dans la première partie consacrée à
l'importance de la dette extérieure du Gabon, nous allons
présenter au premier chapitre l'évolution et la structure de la
dette extérieure. Au deuxième chapitre nous aborderons les
facteurs explicatifs de cette dette.
Dans la deuxième partie relative à l'impact
de la dette extérieure sur la croissance économique du
Gabon et perspectives, nous examinerons d'abord les scénarios de
soutenabilité de la dette extérieure au chapitre 3. Nous
exposerons par la suite, au chapitre 4, les perspectives de la dette
extérieure du Gabon en termes de l'analyse de soutenabilité et
de solvabilité.
|
|
PREMIERE PARTIE :
IMPORTANCE DE LA DETTE EXTERIEURE DU GABON
|
Cette partie permet d'observer le niveau élevé
de la dette extérieure du Gabon à travers son évolution et
sa structure (chapitre 1). Il sera alors nécessaire de présenter
les facteurs explicatifs de cette dette (Chapitre2).
CHAPITRE1 : EVOLUTION ET STRUCTURE DE LA DETTE
EXTERIEURE
|
La dette extérieure du Gabon est composée de la
dette multilatérale, de la dette bilatérale et d'une infime
partie de la dette bancaire.
Le graphique 1 ci-dessous retrace l'évolution de
son encours entre 1995 et 2005.
Graphique 1 : Evolution de l'encours dette
extérieure 1995-2005
La composition de la dette extérieure en 2005
révèle un partage inégal entre la dette bilatérale
(88%), la dette multilatérale (11%) et la dette bancaire (a 1%) ainsi
que le montre le graphique 2 ci-dessous.
Graphique 2: Structure de la dette extérieure en
2005
En janvier 1994 avec la dévaluation des francs CFA, le
stock de la dette publique atteint 2110,7 milliards de franc CFA, soit un taux
de croissance de 126,4% par rapport a l'année
précédente.
I. Dette extérieure bilatérale
Les principaux créanciers bilatéraux du Gabon de
2001 à 2005 sont : la France (56,16%) ; l'Espagne (29,8%); l'Autriche
(12,5%) et la Chine (1,5%). Le graphique 3 et le tableau 1
révèlent que la France reste le créancier
privilégié du Gabon.
Graphique 3: Principaux créanciers
bilatéraux du Gabon
Tableau 1 : Dette bilatérale par principaux
créanciers
Années
|
2 001
|
2 002
|
2 003
|
2 004
|
2005
|
Total
|
Dette bilatérale (en
milliards de fca)
|
7 699
|
14 871
|
6 775
|
14 135
|
3 151
|
46 631
|
France
Espagne
Autriche
Chine
|
0
1 580
5 840
279
|
9 768
4 983
0
120
|
6 474
0
0
301
|
6 793
7 342
0
0
|
3 151
0
0
0
|
26 186
13 905
5 840
700
|
Source : DGCP
II. La dette extérieure
multilatérale
La dette multilatérale représente la dette
envers les organisations internationales telles que le FMI, La Banque Mondiale,
la BAD. Les principaux créanciers de 2001 à 2005 sont : la BAD
(85,15%), BIRD (3,57%), la BEI (10,81%) et la BID (0,49%) comme l'atteste le
graphique 4 ci-dessous.
Graphique 4 : Principaux créanciers
multilatéraux en 2005
L'encours de la dette multilatérale ne
représente en moyenne, entre 1995 et 2005, que 12,9% de l'encours total
extérieur de la dette. Il a atteint un montant record en 1999 (357,0
milliards de francs CFA). Grâce à l'accord de confirmation en 2004
entre le Gabon et le FMI, il n'a cessé de baisser depuis lors. Il
était respectivement de 214,0 milliards de francs CFA et 199,0 milliards
FCFA en 2004 et 2005.
Tableau 2 : Dette multilatérale (Service et
encours) de 1995 à 2005 (en milliards de francs CFA)
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
2004 2005
|
Service 38,8 37,4 40,1 49,2 49,4 57,7 88,7 51,8
49,0 46,3 42,1
|
Principal 15,5 15,5 17,1 23,5 23,7 30,7 51,2 31,8 31,8
31,4 30,2
|
Intérêt 23,3 21,9 23,0 25,7 25,7 27,1 37,5
20,0 17,2 14,8 11,9
|
Encours 293,2 306,3 333,2 321,8 357,0 336,4 308,5
276,2 210,6 214,0 199,0
|
Source : DGCP
En s'intéressant à l'évolution des
arriérés, l'on constate que leur accumulation résulte du
fait que l'Etat n'a pas pu honorer à échéance ses
engagements au titre du service de la dette. Ainsi, le règlement total
de la dette a atteint presque 375 milliards de FCFA en 2001 et les
arriérés ont atteint leur point culminant en 2003 ainsi que le
montre le graphique 5 ci-après.
Ce graphique révèle également que, le
Gabon fait globalement des efforts pour le règlement des
arriérés de sa dette.
Graphique 5 : Règlements et
arriérés de la dette bilatérale de 1995 à 2005 en
milliards de francs CFA
Face à certaines difficultés de
trésorerie, le Gabon a dû en effet réaménager sa
dette, créant ainsi une accumulation des arriérés.
Celle-ci a donné lieu au gel de la coopération avec certains
partenaires extérieurs. Ce gel s'est traduit instantanément par
des décisions de suspension de décaissements de fonds provoquant
ainsi des interruptions des projets en cours.
A titre d'illustration, dans le Rapport dévaluation du
3ème prêt d'ajustement structurel de la BAD, les accumulations
d'arriérés au titre de la dette extérieure et
intérieure représentent respectivement 14% et 9% du PIB en 1998
et 2002.
CHAPITRE 2 : FACTEURS EXPLICATIFS DE LA DETTE
EXTERIEURE DU GABON
|
En plus des facteurs explicatifs internes de la dette
extérieure, le caractère extraverti de l'économie
gabonaise conduit également à rechercher les causes externes de
cette dette. Le phénomène d'endettement extérieur apparait
au Gabon au lendemain de son indépendance du fait de la
nécessité de financer le développement.
Il s'est accéléré au cours de la
décennie 70. Le poids de la dette extérieure gabonaise s'explique
donc par les facteurs endogènes et exogènes.
I. Facteurs endogènes
Les principaux facteurs endogènes de la dette gabonaise
sont l'étroitesse de l'assiette fiscale et la gouvernance.
I. 1. Etroitesse de l'assiette fiscale
Le financement de la dette par l'impôt est limité
au Gabon à cause notamment de l'étroitesse de l'assiette fiscale.
En effet, ainsi que le montre le tableau 3 suivant, la part de
la fiscalité dans le PIB est insignifiante.
Tableau 3 : part des recettes fiscales dans le PIB*
(en milliards de F cfa)
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Recettes pétrolières
Recettes hors pétrole
PIB (au prix du marché)
|
609
480,9
3437, 3
|
570,2
480
3519
|
600
513
3792,1
|
608,9
535,3
3890,69
|
Part des recettes pétrolières/PIB (%)
Part des recettes hors pétrole/ PIB (%)
Total Recettes/PIB (%)
|
17,72
13,99
31,71
|
16,2
13,64
29,64
|
15,82
13,54
29,36
|
15,65
13,76
29,41
|
Source : Ministère de l'Economie,
des Finances, du Budget et de la Privatisation
* Il ne s'agit pas de la pression fiscale, mais bien de la part
des recettes fiscales dans le PIB.
Le tableau 3 révèle que les recettes fiscales ne
représentent globalement que moins du tiers du Produit Intérieur
brut (PIB).
En 2002, elles représentent 31,71%. Cette proportion a
diminué légèrement l'année suivante (29,8 %)
jusqu'à atteindre 29,3 % en 2004 et 2005.
La part des recettes fiscales non pétrolières
est encore plus faible. Elle n'atteint même pas 14 % du PIB pendant la
période 2002 - 2005. Une telle situation n'est pas de nature à
favoriser un financement suffisant de tous les besoins qu'éprouve
l'économie gabonaise.
Mieux encore, on peut comprendre pourquoi les autorités
budgétaires ne comptent pas uniquement sur ce moyen de financement pour
couvrir leurs dépenses publiques. En fait, depuis son
indépendance, l'économie gabonaise n'est pas dotée de
structures de production adéquates et d'un dynamisme tourné vers
les affaires et la technique. Elle est très peu diversifiée et
fondée essentiellement sur l'exploitation des matières
premières (le pétrole, le bois et quelques minerais). C'est donc
encore une économie de rente.
De ce point de vue, sa base productive n'est pas importante.
Elle ne fournit pas suffisamment des produits à forte valeur
ajoutée, gage de ressources budgétaires suffisantes pour le
financement du développement économique.
Par ailleurs, l'essoufflement de la production
pétrolière induit une baisse des revenus fiscaux. Ce qui met en
relief les problèmes auxquels l'administration fiscale est
confrontée. Les autorités gabonaises sont alors contraintes, pour
faire face aux multiples besoins qu'elles éprouvent pour soutenir la
croissance, de recourir aux ressources extrabudgétaires comme moyen
alternatif.
En l'absence d'un financement des déficits par
l'impôt, il est possible d'utiliser les avances de la Banque Centrale.
C'est le financement par la création monétaire. Or, cette source
de financement semble limitée au sein de la CEMAC par les
critères de convergence institués par l'Union Economique et
Monétaire (UEM).
Dans ces conditions, l'endettement est la solution
envisageable. L'autre facteur explicatif de la dette au Gabon est la mauvaise
gouvernance.
I. 2. Mauvaise gouvernance
I. 2. 1. Allocation inefficiente des ressources
budgétaires
La dette extérieure gabonaise n'est pas le
résultat d'un effort structuré pour la croissance et la
préparation de l'avenir ces 25 dernières années. L'effort
en matière de promotion de la santé et de l'éducation
reste encore timide et les investissements publics demeurent faibles comme le
montre le tableau 4 ci-dessous.
Tableau 4: Recettes budgétaires et
investissements publics (en milliards de FCFA)
Tableau 4 : Recettes budgétaires et
investissements publics (en milliards de F cfa)
Années
|
Recettes budgétaires (1)
|
Investissements publics (2)
|
(2/1)%
|
1995
|
730,6
|
136
|
18,6
|
1996
|
755,1
|
147,9
|
19,6
|
1997
|
1030,1
|
349,6
|
33,9
|
1998
|
912,2
|
362,8
|
39,8
|
1999
|
789,7
|
118,9
|
15,1
|
2000
|
1207,6
|
105,1
|
8,7
|
2001
|
1173,6
|
163,6
|
13,9
|
2002
|
1018,2
|
136,6
|
13,4
|
2003
|
1051,3
|
130,7
|
12,4
|
2004
|
1006,8
|
160
|
15,9
|
Total
|
9674,2
|
1811,2
|
18,7
|
Source : Gouvernement du Gabon. -Lois des
Finances de 1994 à 2004
On peut alors dire que la dette n'a pas financé un
effort structuré en faveur des dépenses les plus utiles à
la croissance et à la préparation de l'avenir.
En effet, une grande partie de l'augmentation de la dette a
été utilisée pour financer les dépenses courantes
de l'Etat. Elle a également permis de maintenir certaines
dépenses dont l'efficacité affichée n'est pas
avérée.
L'investissement public représente 18,7% des recettes
budgétaires au cours de la période 1995-2004. En fait, la part du
budget allouée aux investissements est relativement faible et varie de
8,7% à 39,8%. L'année 2000 a été une année
particulièrement indicative car le niveau des investissements publics a
été dérisoire par rapport au montant des recettes
dégagées (soit 8,7% des 1 207 milliards FCFA encaissés).
En revanche, les investissements publics ont été importants en
1997 et 1998 où ils ont représenté respectivement 33,9% et
39,8%.
Les lourdeurs et les incohérences de l'appareil
administratif gabonais sont une première explication de l'allocation peu
efficiente des ressources. L'organisation de cet appareil administratif est en
effet la source d'incitations permanentes à la dépense publique
et aux coûts injustifiés. Les procédures budgétaires
et financières, ne permettent pas encore de s'attaquer à ce
problème de manière définitivement satisfaisante. Elles
aboutissent trop souvent à financer les dépenses sans en examiner
la légitimité des objectifs et la pertinence des instruments
utilisés. En effet, depuis plus de vingt cinq ans, les cours du
pétrole n'ont cessé de fluctuer. On aurait pu penser que
l'incapacité du Gabon à jeter les bases de son
développement humain durable tient essentiellement au manque des
capitaux. Or, après les hausses successives des prix du baril de
pétrole, le Gabon a bénéficié des flux de capitaux
importants. Et pourtant, cette masse des capitaux, loin d'avoir impulsé
un véritable dynamisme économique, a en réalité
accru la dépendance de l'économie à l'égard d'une
seule ressource, le pétrole. Cette situation a provoqué un
profond déclin de l'agriculture, attisant ainsi l'exode rural. Toute
chose qui accroît la pauvreté et entretient l'endettement.
I. 2. 2. Suivi insatisfaisant des finances
publiques
L'on peut également apprécier la situation des
finances publiques du Gabon à partir du budget de l'Etat et du volume de
la dette publique. A cet égard, le Document « Profil pays du
Gabon - Janvier 2006 » indique que le budget de l'Etat pour
l'année 2005 a été fixé à 1 184,2 milliards
de FCFA, soit une hausse de 6,39 % par rapport au budget 2004 qui était
établi à 1113 milliards de FCFA et qui était
également en progression de 6,2 % par rapport au budget 2003.
Les grandes masses de dépenses du budget de l'Etat
sont: le service de la dette publique (44,2 % en 2005), les dépenses de
fonctionnement (41,6% en 2005) et les dépenses d'investissement (14,2%
en 2005). Le budget d'investissement représente une proportion
très faible des allocations budgétaires, et ce depuis plusieurs
années. Le budget de l'Etat est essentiellement financé par les
ressources propres de l'Etat (97% en 2005 et près de 70% en 2004).
La contribution du pétrole dans ces ressources propres
étant en moyenne de l'ordre de 50% pour les années 2004 et 2005.
Ce qui confirme la forte dépendance du pays vis-à-vis du
pétrole.
Le solde primaire quant à lui a connu une baisse : -
34,43 % en 2001 et - 34,71 % en 2002 avant de se relever en 2003 et 2004,
respectivement de 48,45 % et de 8,61 %.
Le solde budgétaire base engagement a également
connu un fléchissement de - 26,62 % en 2002, avant de se relever en 2003
et 2004 (11,66% et 9,56).
Quant au solde budgétaire base caisse, il a connu sur
la même période une baisse en 2001 (-73,50%) et 2004 (-44,16%).
Rapporté au PIB, le solde primaire s'est sensiblement
amélioré en 2003 et 2004, il est passé de 7,89 % en 2002
à 11,44 % en 2003 et 11,53 % en 2004. Il en est de même pour le
solde base engagement rapporté au PIB, qui est passé de 3,51 % en
2002 à 7,43 % en 2003 pour atteindre 7,55 % en 2004.
Cependant, le solde base caisse rapporté au PIB a
chuté en 2004, après s'être légèrement accru
en 2002 et 2003. D'une manière générale, l'examen
minutieux de la situation financière du Gabon est
révélateur d'une situation préoccupante qui a conduit les
autorités à solliciter le concours du Fonds Monétaire
International (FMI), à cause notamment de :
- la diminution tendancielle des recettes budgétaires
du fait de la tendance baissière de la production
pétrolière ;
- l'accroissement sensible des dépenses, principalement
les charges d'intérêts et accessoires au titre du paiement de la
dette extérieure.
Concernant le deuxième point, il apparaît que le
déficit budgétaire a été accentué par le
niveau élevé des taux d'intérêt réels,
à cause précisément du paiement des intérêts
de la dette.
A cet égard, un certain nombre d'études faites
sur les finances publiques gabonaises (notamment celle du FMI en 1994) ont
révélé une relation forte entre le déficit
budgétaire et la dette publique, parce que l'excès des
dépenses sur les recettes a souvent été financé par
un accroissement de l'encours de la dette. L'endettement constitue ainsi depuis
quelques années l'un des problèmes majeurs de l'économie
gabonaise, bien que l'amélioration des recettes budgétaires ait
permis à l'Etat d'honorer ses engagements vis-à-vis des
créanciers (extérieurs et intérieurs) à hauteur de
306,3 milliards de francs CFA en 2004 contre 305,9 milliards en 2003. Les
règlements sur la dette extérieure ont augmenté de 2,9 %
entre 2003 et 2004 tandis que ceux de la dette intérieure ont
diminué de 6,8 % sur la période.
Tableau 5 : Evolution du stock de la dette
Comme l'indiquent le tableau 5 ci-dessus et le graphique
ci-après, la dette totale du Gabon est en baisse depuis 2003 (-9,66 % en
2003 et -5,84 % en 2004), en raison de la tendance à la baisse
amorcée depuis 2001 par la dette extérieure, qui
représente plus de 90 % de la dette totale. Le ratio dette totale/PIB
s'est sensiblement amélioré par rapport aux périodes
précédentes, puisqu'il se situe depuis 2003 en dessous du seuil
acceptable par la CEMAC dans le cadre de la surveillance multilatérale
(70 %) et même en dessous du seuil acceptable au sein de l'Union
Européenne (60 %), alors qu'il était supérieur à 73
% au cours des années 90.
Graphique 6
Selon une analyse du FMI sur la soutenabilité de la
dette, ce ratio qui représente 43 % en 2005, devrait diminuer
jusqu'à 32,7 % en 2008, et à 16,6 % en 2013. Ce qui rendrait la
dette publique du Gabon soutenable.
Toutefois, malgré l'effort de désendettement
entrepris par l'Etat, qui s'est traduit en 2004 par une réduction de 5,8
% du stock de la dette publique, l'encours de la dette publique demeure encore
élevé. Il en est de même du service de la dette qui
représente en 2005 environ 44% du budget de l'Etat.
II. Facteurs exogènes
Les facteurs explicatifs exogènes de la dette gabonaise
sont principalement la détérioration des termes de
l'échange due aux fluctuations défavorables des cours des
principales matières premières et la dévaluation du franc
CFA.
II. 1. Détérioration des termes de
l'échange
La concentration de l'économie gabonaise sur
l'exploitation des matières premières (pétrole, mine,
etc.) rend cette économie tributaire des fluctuations du prix de ces
dernières. Une des causes de l'endettement du Gabon réside dans
la détérioration des termes de l'échange.
En effet, les prix des principaux produits d'exportation
subissent des variations importantes suite au mouvement des prix mondiaux. Ces
prix sont déterminés au niveau mondial par des bourses de
matières premières de Londres et de Chicago. Ils reflètent
l'offre et la demande globale. Malheureusement, le Gabon établit ses
plans de développement en se fondant généralement sur des
prévisions basées sur le comportement des exportations des
matières premières. Or, ces prévisions peuvent
s'avérer, et très souvent le cas, caduques à la suite d'un
effondrement des cours. Il s'en suit un accroissement des déficits
financés par l'endettement.
II. 2. Dévaluation du franc CFA
La dévaluation du franc CFA a été
déterminante pour l'aggravation de l'endettement extérieur du
Gabon. En effet, l'encours de ladite dette est passé de 932,5 milliards
Francs CFA en 1993 à 2110,7 milliards Francs CFA en 1994 soit une
augmentation de 55,8%. Cette augmentation est accentuée en vertu de la
clause de parité qui fait subir au pays débiteur la charge de la
baisse.
Afin d'atténuer les effets de la dévaluation et
dans le cadre d'un nouveau programme d'ajustement conclu avec le FMI, un
réaménagement de dette est accordé au Gabon le 15 avril
1994 par le Club de Paris. Dans ce cadre, la France devrait faire un geste non
négligeable, en annulant un montant de dette de 166,5 milliards de
francs CFA. Les années suivantes (1995, 2000, et 2004) dans le cadre de
programmes pluriannuels ou de stand-by, le Gabon devrait voir sa dette
réaménagée. En 1998, le non-respect des engagements
relatifs au procès verbal agréé du Club de Paris de 1995
devrait entraîner une déconsolidation d'une partie de l'assiette
rééchelonnée (Echéance 1998).
Outre l'impact de la dévaluation du franc CFA, ces
différents rééchelonnements ont pour effet
d'accroître l'encours de la dette.
Toutefois, le respect rigoureux des engagements
vis-à-vis des créanciers membres du Club de Paris à partir
de 2000 réduira progressivement l'encours de la dette après 2002.
Celui-ci passe alors de 2374,6 milliards de francs CFA en 2002 à 2075
milliards de francs CFA en 2003 et à 2064,2 milliards de francs CFA en
2004.
DEUXIEME PARTIE:
IMPACT DE LA DETTE EXTERIEURE SUR LA CROISSANCE
ECONOMIQUE DU GABON ET PERSPECTIVES
|
Cette partie évalue les effets de l'endettement
extérieur du Gabon sur les résultats économiques (chapitre
3). Elle présente également les perspectives de cet endettement
en termes de soutenabilité et de solvabilité (chapitre4).
CHAPITRE 3 : EFFETS DE LA DETTE EXTERIEURE SUR
LES PERFORMANCES ECONOMIQUES
|
Pour évaluer les effets de l'endettement
extérieur sur l'économie gabonaise, il est important d'aborder
des approches en terme d'affectation et d'utilisation des ressources
empruntées. Ces approches permettent de savoir si la dette
extérieure est orientée vers les projets rentables ou non.
L'analyse de l'efficacité des investissements
financés par les emprunts extérieurs permet d'observer un effet
d'éviction sur l'épargne et l'investissement.
I. Allocation des financements extérieurs
(FINEX) et analyse des indicateurs d'endettement
I. 1. Allocation des FINEX
Entre 2001 et 2005, la situation des financements
extérieurs a évolué positivement en accordant toujours la
priorité aux infrastructures de base (Equipements et construction,
routes, ...).
Les tirages sur financements extérieurs (FINEX) ont
atteint 109,2 milliards de francs CFA. Cet apport de ressources qui concerne
aussi bien des prêts -projets que les crédits- fournisseurs
témoigne de l'important déficit des engagements extérieurs
nets de l'Etat au regard de la masse importante des remboursements de dette
effectués chaque année.
Au regard du tableau 6, sur la période indiquée
(2001-2005), la dette bilatérale a d'abord servi à financer les
infrastructures à hauteur de plus de 48 % (la route et le Transgabonais,
notamment).
On comprend alors au regard de ces affectations, le niveau
actuel de certains indicateurs de développement du pays. La santé
représente 9% du total contrairement à l'éducation (0,5%)
et l'agriculture (1,7%). En dehors des secteurs mentionnés, le
financement extérieur va aussi à d'autres secteurs à
concurrence de 38,6%.
Une plus grande importance est accordée au secteur des
infrastructures de base où 53,1 milliards de FCFA (soit 48,6% des
ressources mobilisées sur la période) ont été
alloués. Les routes ont consommé 4,1 milliards de francs CFA,
soit 77,2% du secteur et 37,6% du total. Tandis que les travaux d'aviation
civile et la Défense nationale ont bénéficié
respectivement de 6,2% et 4,0%. Les finances extérieures allouées
à la défense sont liées à la construction de
l'hôpital militaire de Melen.
Tableau 6 : Financement extérieur par secteur
de 2001 à 2005 en pourcentage
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Ensemble
|
Secteur productif
Agriculture
Economie forestière
Privatisations
Economie
Secteur Socio-Educatifs
Education Nationale
Santé
Secteur des infrastructures de base
Equipements &constructions
Assemblée Nationale
SENAT
Routes
Transport et aviation civile
Défense Nationale
télécommunication
Autres Secteurs
PAS
Total
|
15,7
0,0
15,7
0,0
0,0
31,5
0,0
31,5
52,8
0,0
2,8
0,0
2,8
0,0
47,2
0,0
0,0
0,0
100,0
|
1,3
0,0
0,0
1,3
0,0
37,9
0,0
37,9
60,9
0,0
0,0
0,7
59,1
0,0
0,0
1,1
0,0
0,0
100,0
|
6,9
6,6
0,0
0,0
0 ,3
2,9
0,5
1,4
90,2
0,0
0,0
2,0
43,4
44,1
0,0
0,8
0,0
0,0
100,0
|
0,5
0,4
0,0
0,1
0,0
0,6
0,6
0,0
29,1
0,0
0,0
0,0
29,1
0,0
0,0
0,0
69,8
69,8
100,0
|
8,3
8,3
0,0
0,0
0,0
2,1
0,0
2,1
89,6
0,0
0,0
0,0
89,6
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,0
|
3,3
1,7
1,3
0,3
0,0
9,5
0,5
9,0
48,6
0,0
0,2
0,4
37,6
6,2
4,0
0,3
38 ,6
38,6
100,0
|
Source : DGCP
Le financement des programmes d'ajustement structurel (PAS)
absorbe lui aussi une part importante (38,6%) alors que le financement des
secteurs socio-éducatif et de production ne représente que
respectivement 9,5% et 3,3%.
La prédominance du secteur des infrastructures,
notamment la route qui représente 48,6 % de l'ensemble, témoigne
de la volonté du Gouvernement de développer le socle de
l'activité de production.
En revanche, l'importance des FINEX au titre des PAS,
assimilable à une aide budgétaire directe, équivaut
à un recours au financement extérieur à des fins de
consommation publique. En outre, la faiblesse constatée dans les
secteurs socio-éducatifs et de production ne rassure pas quant à
la perspective de la réalisation des OMD qui exige entre autre de :
- faire participer l'extérieur à la dynamisation du
secteur productif;
- orienter la contribution des financements extérieurs aux
secteurs sociaux relevant des OMD.
La quasi-totalité des tirages sur FINEX ont
été faits sur deux devises principales, à savoir le dollar
et l'euro qui, avec respectivement 48 et 44 %, ces deux monnaies comptent pour
92% des devises pour les nouveaux emprunts.
En dépit du poids presque équivalent de ces deux
monnaies, cette répartition contribue néanmoins à
renforcer l'homogénéité de la composition en devises du
portefeuille de la dette gabonaise.
I.2. Analyse des indicateurs d'endettement
Quels que soient les indicateurs considérés,
leur analyse permet de conclure à une aggravation de la charge
d'endettement du Gabon.
En effet, pour apprécier la charge de la dette d'un
pays, on utilise généralement un certain nombre de ratios
notamment le ratio service de la dette sur les recettes d'exportation
(dette/recettes d'exportation). Ce ratio permet de déterminer
l'importance des recettes d'exportation nécessaires pour assurer le
remboursement du principal et des intérêts. L'intérêt
principal de cet indicateur est qu'il constitue un indice de rigidité de
la balance des paiements d'un pays en courte période. Plus ce ratio est
élève, plus l'ajustement est nécessaire pour compenser
l'évolution défavorable. Le seuil de 20% est
considéré comme fatidique et traduit une situation
potentiellement dangereuse. Etant donné qu'il s'agit simplement d'un
ratio de liquidité, sa valeur à elle seule ne permet pas
d'apprécier le poids de la charge de la dette pour l'emprunteur. Il
devient utile de lui adjoindre d'autres ratios.
Les données statistiques du tableau 7 ci-dessous
permettent d'observer de façon générale que les
indicateurs de liquidité de la dette extérieure atteignent des
seuils intolérables de 1995 à 2005.
Tableau 7: Indicateurs de liquidité
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Service de la dette extérieure (en % PIB)
Service de la dette extérieure (en % PIB hors
pétrole)
Service de la dette extérieure en % (Exportation)
Service de la dette extérieure (en % des recettes
budgétaires)
|
12,7
20,8
23,0
42,9
|
10,5
18,7
17,9
40,4
|
6,3
10,7
11,0
19,0
|
10,3
14,1
24,1
29,8
|
11,0
17,3
20,5
39,9
|
9,4
17,7
14,3
28,0
|
15,1
25,2
27,1
44,4
|
10,5
17,4
19,2
35,5
|
8,8
14,8
16,4
29,5
|
6,0
10,5
12,1
22,3
|
Source : PNUD
Rapport thématique sur l'analyse de la dette,
rédigé dans le cadre du processus de production du RNDH du
Gabon
Le ratio service de la dette extérieure rapporté
aux recettes budgétaires est globalement au-dessus de la normale (15 %).
Le tableau 7 renseigne que la situation de la dette
extérieure du Gabon peut être qualifiée de catastrophique
comme en 2001 avec les ratios Service de la dette extérieure/recettes
d'exportation et Service de la dette extérieure/recettes
budgétaires représentant respectivement 27,1% et 44,4%.
Ces difficultés d'assurer le service de la dette
extérieure sont plus marquées en 1995, 1998, et 2001. Le ratio
Service de la dette extérieure / recettes d'exportation est de 23,0% en
1995, 24,1% en 1998, et 27,1% en 2001.
Les indicateurs de solvabilité viennent confirmer cette
situation.
Tableau 8 : Indicateurs de
solvabilité
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Encours de la dette extérieure (en % PIB)
.....................
|
78,0
|
67,4
|
65,3
|
75,4
|
72,4
|
55,5
|
61,3
|
61,0
|
54,2
|
48,8
|
Encours de la dette extérieure (en % PIB
pétrole)...............
|
199,0
|
153,6
|
159,3
|
279,2
|
198,2
|
117,6
|
152,2
|
153,7
|
133,5
|
111 ,8
|
Encours de la dette extérieure (en % PIB hors
pétrole).............................
|
128,2
|
120,2
|
110,7
|
103,2
|
114,2
|
105,1
|
102,6
|
101,0
|
91,2
|
86,7
|
Encours de la dette extérieure (en % des
exportations).........
|
141,7
|
115,2
|
114,7
|
177,1
|
135,5
|
84,7
|
110,3
|
111,6
|
100,7
|
99,8
|
Investissement publics/ Encours de la dette extérieure.
|
7,0
|
7,5
|
17,2
|
18,2
|
5,7
|
5,3
|
7,7
|
6,3
|
6,9
|
8,6
|
Encours de la dette extérieure (en % Recette
budgétaire)......
|
264,2
|
260,2
|
197,1
|
218,5
|
263,4
|
165,8
|
180,4
|
205,8
|
181,5
|
184,0
|
Source : DGCP
Ainsi, on observe des proportions très
élevées des ratios encours de la dette extérieure sur
recettes budgétaires, encours de la dette extérieure sur
exportations etc. Toutefois le ratio encours de la dette extérieure en
pourcentage du PIB nous renseigne que malgré cette situation, les
critères de convergence et de surveillance multilatérale au sein
de la CEMAC sont respectés depuis 2000.
L'encours dette extérieure/PIB dépasse le seuil
d'intolérance de 50 % durant la période de 1995 à 2004 et
connaît des niveaux élevés se situant au-dessus de 70 %
pour les années 1995, 1996, 1997 et 1998 cette situation est imputable
à la dévaluation du franc CFA par rapport au franc
français. L'ampleur de ce ratio démontre que la
productivité moyenne des investissements financés sur fonds
d'emprunt extérieur est inférieure au taux d'intérêt
des prêts contractés. Dans ces conditions, tout porte à
croire que le processus d'endettement du Gabon conduit paradoxalement à
la réduction du revenu national réel. Cette assertion
n'enlève en rien le rôle de la dette dans le processus de la
croissance, mais indique tout simplement qu'il n'existe pas de liaisons fixes
entre la croissance du Produit Intérieur Brut et de l'investissement.
Les ratios d'endettement, bien que régulièrement
en baisse depuis les négociations avec les organismes
multilatéraux, révèlent que le poids de la dette reste
encore élevé. Ce fardeau continuera d'être un handicap
sérieux aux efforts déployés par le Gouvernement pour
promouvoir le développement économique en général
et pour lutter contre la pauvreté en particulier.
L'examen de tous les indicateurs passés en revue
débouche sur la conclusion d'une aggravation de la charge d'endettement
au Gabon. Il convient donc de voir si les investissements
réalisés par la dette extérieure ont été
profitables ou utilisés avec efficacité.
II ; Efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées
Pour étudier cette efficacité, nous utilisons le
coefficient marginal du capital, désigné en anglais par
Incrémental Capital Output Ratio (ICOR). Il mesure le
rapport entre l'investissement et l'augmentation de la production qui en
résulte, sur une même période.
Nous définissons l'ICOR ici par le rapport
ICOR=ÄK /ÄY =?I /
ÄY,
avec K qui désigne le stock de capital,
Y, le revenu,
I, l'investissement,
ÄK et ÄY indiquant respectivement
les accroissements du capital technique et du revenu entre deux
périodes.
Un ICOR négatif ou plus élevé
reflète l'utilisation improductive ou inefficace des ressources. Cela
suggère donc une faible productivité des investissements et un
gaspillage des ressources.
Par contre, un ICOR faible suggère une
productivité élevée, une utilisation plus efficace du
capital, puisqu'il faut investir moins pour obtenir une production
supplémentaire équivalente.
Ne disposant pas des statistiques sur les investissements
publics financés sur financements extérieurs, nous utilisons le
total des investissements publics rapporté à l'accroissement du
Produit Intérieur Brut (PIB).
L'observation du tableau 9 révèle une
utilisation inefficace des ressources affectées à la
réalisation des investissements publics, partant de l'affectation des
ressources empruntées aussi bien à l'extérieur qu'à
l'intérieur du pays.
Tableau 9: Evolution de l'ICOR de 1990 à
2002
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
PIB
|
1477,4
|
1524,2
|
1480,3
|
1530,8
|
2326,8
|
2475,2
|
2912,8
|
3109,1
|
2645
|
2871
|
3606,3
|
3454,1
|
3438,6
|
Investissements publics (I)
|
68,4
|
79,8
|
83,3
|
138,3
|
135,5
|
136
|
147,9
|
349,6
|
362,8
|
118,9
|
105,1
|
163,6
|
131,8
|
I / PIB
|
6,4
|
25,2
|
-28,92
|
40,5
|
2,6
|
21,3
|
8,4
|
51,9
|
-24,3
|
13,9
|
4,1
|
-38,8
|
-293,7
|
Source : - Ministère de l'Economie et des
Finances et nos calculs
Sans compter que les prêts ont financé des
projets qui ne sont jamais arrivés à terme. L'Etat s'est
endetté pour réaliser des infrastructures économiques et
sociales dont la rentabilité sociale n'est pas avérée,
d'une part, et ces investissements ne génèrent pas des recettes
publiques en tant que telles, d'autre part. Par ailleurs, l'inefficacité
de l'emploi de la dette se traduit également par des taux d'absorption
de nouveaux financements peu élevés et par la faible part
réservée aux projets dans l'encours total de la dette. En 1985 et
en 1999, les rejets représentaient en moyenne respectivement 37,7% et
42,8%.
Or, l'affectation accrue de la dette dans les domaines des
infrastructures, de la valorisation des ressources humaines par les
dépenses de santé et d'éducation et d'amélioration
des services publics lorsqu'elles sont bien conçues et affectées
de façon rationnelle, peuvent augmenter la productivité,
créer les externalités positives du secteur privé et
favoriser la croissance.
II.1. Effet d'éviction
Le ratio investissement sur PIB réel se situe en
deçà du niveau de celui du service de la dette. Cela peut vouloir
dire que lorsque le service de la dette diminue comme entre 1995 et 1997,
l'investissement public a tendance à augmenter. Et une augmentation du
ratio du service de la dette sur PIB réel entraîne une diminution
de l'investissement public, traduisant de fait un effet
d'éviction.
De façon générale, les dépenses
d'investissement public dépassent rarement 14% du PIB. En effet, elles
varient entre 2,9% et 13,7% du PIB alors que les achats de biens et services
sont plus élevés entre 1995 et 2004 (variant de 5,5% à
19,4%).
Les variations des dépenses d'investissement les plus
importantes sont observées en 1997 et 1998 où leur part dans le
PIB est plus élevée, soit respectivement 11,2% et 13,7%. Dans les
années 1995 et 1996, les investissements publics représentaient
respectivement 5,5% et 5,1% du PIB. De même, les dépenses
courantes couvrent 16% à 20% des recettes en termes de PIB sur la
période 1995- 2004. Elles sont de loin supérieures aux
dépenses d'investissement. Les dépenses hors
intérêts représentent en moyenne les trois quarts de
l'ensemble des dépenses consenties sur la période 1995-2004.
Elles couvrent une part non négligeable dans le PIB, oscillant entre
15,9 % et 40,8 %.
Les traitements et salaires qui expliquent en partie le niveau
des dépenses de fonctionnement couvrent en moyenne 6% du PIB. Ce faible
niveau de dépenses de fonctionnement répond au souci des
institutions de Bretton Woods qui est de restructurer le budget de l'Etat et
d'assainir les dépenses publiques.
Dans le même temps, le remboursement du service de la
dette est faible puisque le gouvernement gabonais ne s'acquitte que d'un peu
plus de la moitié de ce service. Entre 1995 et 1997, le gouvernement
règle sa dette intérieure et extérieure à
concurrence d'environ 34 % malgré l'accroissement des recettes
effectives (36,4 %) passant de 755,1 milliards FCFA en 1995 à 1030,1
milliards de FCFA en 1997.
Après l'année 2000, les recettes
budgétaires s'améliorent, mais le règlement effectif du
service de la dette décroît. D'où une accumulation des
arrières créant ainsi un effet d'éviction.
L'économie gabonaise semble également traduire
un effet de levier. En effet, on constate que les recettes
supplémentaires dues au mouvement des cours mondiaux ont augmenté
et que l'endettement extérieur s'est accru. Cela favorise alors des
dépenses considérables qui ne sont pas souvent essentielles pour
le développement social.
La dette extérieure n'est pas neutre, elle occasionne
un effet d'éviction sur l'épargne
publique et privée et par conséquent sur
l'investissement public, moteur de la croissance.
II. 2. Complémentarité et
substituabilité
La dette extérieure influence l'activité
économique gabonaise à travers deux phases : la phase de la
complémentarité et celle de la substituabilité.
S'agissant de la complémentarité, la
dette a favorisé la croissance. Elle a servi notamment à la
construction du chemin de fer considéré comme un investissement
public important (période 1974-1985). La dette a ainsi soutenu
l'activité et favorisé un certain niveau de croissance. En effet,
dans cette première phase, pour permettre à l'Etat de
réaliser les investissements publics importants, la dette a
complété les ressources financières de l'Etat. C'est ainsi
que le Gabon s'est engagé dans un cycle de déficit public
financé principalement par la dette. Il s'agissait surtout de soulager
la contrainte budgétaire des administrations publiques.
Mais les autorités publiques gabonaises semblent avoir
perdu de vue le fait que s'il est possible de financer à court terme un
écart entre les dépenses et les recettes par émission de
la dette, les emprunts contractés doivent pouvoir être
remboursés par des surplus futurs. On peut alors évoquer la
soutenabilité de la dette si l'apparition de
ces surplus ne nécessite aucun changement important dans
l'évolution des recettes ou des dépenses. Cette situation n'a pas
été garantie au Gabon puisque la dette est devenue petit à
petit une charge occasionnant un effet d'éviction.
On en arrive ainsi à la deuxième phase qui est
celle de la substituabilité. Cette thèse de la
substituabilité développée par Haavelmo (1963), montre
ainsi que l'aide extérieure contribue généralement
à la baisse de l'épargne intérieure.
D'après cette théorie, l'éviction de
l'épargne domestique résulte du fait que les capitaux
importés ne sont pas nécessairement investis. Une bonne partie,
souvent la plus importante, est généralement affectée aux
dépenses courantes (traitements des fonctionnaires, fournitures de
bureau, etc.). Dans ces conditions, la dette extérieure peut permettre
de relâcher la contrainte budgétaire et ce faisant, inciter l'Etat
à adopter une politique peu rigoureuse en matière des finances
publiques.
Cette hypothèse de substituabilité a
été raffinée par Rahman (1968) et Griffin (1991).
D'après ces derniers, la modification des structures, provoquée
par les ressources extérieures, explique l'absence de
complémentarité dans la deuxième phase. Il se pose alors
un problème d'affectation des ressources importées.
Les approches en termes d'affectation partagent
l'hypothèse selon laquelle si le financement extérieur est mal
utilisé, son impact sur la croissance du pays bénéficiaire
peut être négatif.
Il est donc primordial d'envisager, dans le chapitre qui suit,
l'étude de la soutenabilité de l'endettement extérieur du
Gabon.
CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES DE LA DETTE PUBLIQUE DU
GABON EN TERMES DE L'ANALYSE DE SOUTENABILITE ET DE SOLVABILITE
|
Les crises financières internationales de la fin des
années 90 ont mis en évidence l'importance d'établir des
scénarios de soutenabilité de dette qui sont un
élément essentiel pour déceler à temps la
vulnérabilité extérieure d'un pays.
Les développements précédents indiquent
que le Gabon peut assurer le service de sa dette extérieure sans trop de
difficulté. Les passages plusieurs fois devant le Club de Paris lui
permettent de réaménager ses dettes. Toutefois, les
rééchelonnements deviennent naturellement des obligations pour
l'avenir. Dans ces conditions, on peut s'interroger sur la possibilité
d'une amélioration de la situation telle que le Gabon puisse assurer le
service de la dette prévu par les projections et garantir en même
temps l'amélioration des indicateurs de base?
Ainsi, dans le cadre de cette analyse et pour
l'élaboration des scénarios de soutenabilite, nous utilisons,
d'une part, les projections de la dette publique effectuées par le Fonds
Monétaire International, dans la revue de Mai 2005 (notamment, le
Rapport corrigé des services du FMI sur les économies nationales
n°05/149), suivant trois scénarios et, d'autre part, le rapport des
simulations réalisées dans le DSCRP sur l'endettement public
gabonais.
I. Scénarios de soutenabilité de la dette
extérieure du Gabon
Trois scénarios sont retenus ici: le scénario
DSCRP, le scénario OMD et le scénario tendanciel.
I. 1. Scénario DSCRP
Il adopte le PIB nominal, les recettes courantes et les
exportations telles que projeté dans le DSCRP avec les mêmes
hypothèses.
Ces hypothèses de croissance sectorielle se
présentent comme suit :
· Agriculture : 4 % chaque année sur la
période de référence, sur la base d'une relance de la
production des cultures d'exportation (café, cacao, caoutchouc, noix de
palme) et d'un développement des petites structures de production
maraichère ;
· Mines : la très probable mise en exploitation
des gisements de fer de BELINGA devrait avoir un effet d'entraînement
dans l'activité de la branche. Associé au dynamisme actuel de
l'activité de la COMILOG, ceci pourrait conduire à une croissance
soutenue de 5 % l'an ;
· ?Bois: l'hypothèse d'un marché plus
favorable et l'amélioration probable du réseau routier devrait
donner une croissance de l'ordre de 7 % sur la période ;
· Industries Agroalimentaires : ce secteur doit pouvoir
bénéficier des mesures inhérentes en faveur de la
transformation des produits de la pêche et de la relance de
l'activité d'Agrogabon, ce qui pourrait faire espérer une
croissance de 9 %;
· ?Industrie du bois : cette branche dégage un
potentiel tel qu'elle donne depuis près de trois ans des taux de
croissance à deux chiffres, de l'ordre de 13 % ;
· BTP : si les mesures prévues en terme
d'infrastructures se réalisent, ce secteur devrait pouvoir largement en
bénéficier et réaliser une croissance de 10,5 % sur la
période ;
· ?Énergie : les performances actuelles de la SEEG
et les perspectives d'élargissement de son marché pourraient
conduire à un taux de l'ordre de 8 %;
· ?Raffinage: le taux de croissance enregistré
dans un passé récent est de l'ordre de 5 % ;
· Autres industries: secteur en expansion qui devrait
pouvoir maintenir et/ou améliorer les performances des années
précédentes (8 %) ;
· Transport et télécommunications : secteur
en expansion dont on peut espérer une croissance de 9 % ;
· Services : c'est un secteur qui apparait comme le
véritable substitut du secteur pétrolier et qui permet
d'envisager des perspectives positives (11%) ;
· ?Commerce : ce secteur pourrait bénéficier
de la croissance soutenue de la consommation et de la bonne tenue des autres
secteurs (7%) ;
· Services non marchands : les mesures sociales qui
pourraient être prises dans le cadre du DSCRP permettent d'envisager sur
la période cible une croissance de l'ordre de 3 %.
I. 2. Scénario OMD
Il s'agit d'un scénario optimiste prévoyant une
croissance forte et soutenue de l'ordre de 7% en moyenne annuelle, qui
proviendrait à la fois :
· du secteur tertiaire, substitut du secteur
pétrolier en tant que moteur de la croissance, sur la base d'une
évolution moyenne de 12% l'an ;
· ?du secteur secondaire, dont le potentiel de
développement encore intact devrait permettre une croissance minimale
annuelle moyenne de 8 % ;
· ?du secteur primaire (3 % l'an), dans une moindre
mesure grâce au dynamisme de l'activité minière et
forestière, d'une inflation modérée de l'ordre de 2 %
l'an.
I. 3. Scénario tendanciel
Il correspond à l'évolution de la situation
actuelle sans mesures correctives, autrement dit découlant d'une absence
totale de politiques à même de modifier la tendance actuelle de
l'économie.
Il repose sur la stabilisation de la production
pétrolière et les faibles performances du secteur hors
pétrole. L'inflation reste stabilisée en deçà des
critères de convergence de la CEMAC.
Il s'agit plus précisément de:
- maintenir des taux de croissance de l'ordre de 1% sur la
période de projection;
- stabiliser la croissance du secteur pétrole;
- limiter les exportations et les importations a leur niveau
traditionnel par rapport au PIB.
II. 4. Résultats
Les résultats fournissent les indicateurs de
solvabilité selon l'encours, le service de la dette ainsi que l'encours
du PIB, tels que présentés dans les tableaux et graphique qui
suivent.
Suivant le premier de ces tableaux (tableau 10), la
solvabilité du Gabon s'améliore quelque soit le scénario
considéré.
Toutefois, on peut se rendre compte que la solvabilité
se rétablit plus efficacement et rapidement avec le scénario OMD
qu'avec les scénarios DSCRP et tendanciel.
En effet, le scénario OMD amène le ratio encours
de la dette/PIB à descendre à 4,9% à l'horizon 2015,
niveau plus bas que les scénarios DSCRP et tendanciel ou ce ratio se
situe respectivement à 5,9% et 8,5%.
De même, le ratio encours de la dette/recettes baisse
plus vite à l'horizon 2015 grâce au scénario OMD (15,5%)
qu'aux scénarios DSCRP (17,8 %) et tendanciel (25%).
Tableau 10: l'encours de la dette
Ratios
|
Encours totale/PIB
|
Encours totale/export.
|
Encours totale/recettes
|
Scénarii
|
S1
DSCRP
|
S2
OMD
|
S3
Tendanciel
|
S1
DSCRP
|
S2
OMD
|
S3
Tendanciel
|
S1
DSCRP
|
S2
OMD
|
S3
Tendanciel
|
2003
2004
2005
2006
|
56,0
49,6
43,0
40,1
|
56,0
49,6
43,0
40,1
|
56,0
49,6
43,0
40,1
|
103,3
82,2
68,3
67,1
|
103,3
82,2
68,3
67,1
|
103,3
82,2
68,3
67,1
|
187,7
170,4
142,0
133,6
|
187,7
170,4
142,0
133,6
|
187,7
170,4
142,0
133,6
|
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
|
31,1
25,4
20 ,1
16,1
12,9
11,2
9,1
7,3
5,9
|
29,6
23,6
18,2
14,5
11,4
9,7
7,8
6,2
4,9
|
32,7
27,5
22,6
18,9
15,7
14,2
12,0
10,1
8,5
|
43,4
34,8
27,1
21,2
16,4
14,1
11,3
9,0
7,2
|
53,0
43,1
34,1
27,1
20,9
17,6
14,0
11,1
8,8
|
41,2
33,9
26,8
21,7
17,4
15,1
12,1
9,5
7,6
|
97,3
79,1
62,4
50,0
39,8
34,5
27,9
22,2
17,8
|
94,8
75,3
58,2
46,0
36,1
30,9
24,7
19,5
15,5
|
103,6
86,7
70,7
58,6
48,4
43,4
36,4
30,2
25,0
|
Source : Extrait du DSCRP et nos calculs
Ce résultat ne doit pas paraître surprenant dans
la mesure où le scénario OMD est toujours très optimiste
puisqu'il est fondé sur une hypothèse de 7% de croissance. Il en
est ainsi dans le graphique 7 suivant.
Graphique 7: Evolution de l'encours de la dette sur le
PIB
Mais le tableau 11 ci-dessous, qui concerne le ratio du
service de la dette, montre plutôt que c'est le scénario DSCRP qui
devient plus optimiste à l'horizon 2015 (1,6 %) que les deux autres
même si la différence est très insignifiante pour ce qui
concerne le ratio service total dette/exportations. Mais, le scénario
OMD est plus efficace avec le ratio service total dette/recettes avec 3,4%
contre 3,9% et 5,4% respectivement pour les scénarios DSCRP et
tendanciel.
Tableau 11 : Ratio du service de la dette
Année
|
Service total dette/exportations
|
Service total dette/recettes
|
Scénarii
|
S1
DSCRP
|
S2
OMD
|
S3
Tendanciel
|
S1
DSCRP
|
S2
OMD
|
S3
Tendanciel
|
2003
2004
2005
2006
|
16,7
15,1
12,4
13,3
|
16,7
15,1
12,4
13,3
|
16,7
15,1
12,4
13,3
|
30,4
31,3
25,9
26,5
|
30,4
31,3
25,9
26,5
|
30,4
31,3
25,9
26,5
|
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
|
9,6
9,4
8,7
5,3
5,0
4,4
2,0
1,7
1,6
|
11,8
11,6
11,0
6,7
6,3
5,5
2,5
2,1
1,9
|
9,2
9,1
8,6
5,4
5,2
4,7
2,2
1,8
1,7
|
21,6
21,3
20,1
12,4
12,0
10,7
5,0
4,2
3,9
|
21,0
20,2
18,7
11,1
10,9
9,6
4,4
3,7
3,4
|
23,0
23,3
22,8
14,5
14,6
13,5
6,5
5,7
5,4
|
Source : Extrait du DSCRP
Une politique budgétaire est soutenable si elle assure
à terme la solvabilité de l'Etat, c'est-à-dire si elle
garantit que la dette ne croîtra pas dans des proportions excessives
(telles que l'Etat ne puisse plus assurer son remboursement).
Cette définition admet donc des
déséquilibres importants du solde budgétaire, mais
à condition qu'ils ne soient pas systématiques ou qu'ils soient
alors compensés par des excédents futurs suffisants. Lorsqu'une
politique budgétaire n'est pas soutenable, elle apparaît alors
comme un signal, auprès des prêteurs potentiels, selon lequel
l'Etat ne sera pas apte à rembourser sa dette jusqu'au bout.
Plusieurs études considèrent habituellement que
la dette est soutenable lorsque son ratio par rapport au PIB ou aux
exportations tend vers une limite finie.
Dans les modèles théoriques, on considère
en général que ce critère est suffisant: le fait que les
ratios d'endettement ne connaissent pas de tendance explosive suffirait
à assurer la possibilité de continuer à s'endetter
(Moisseron et Raffinot, 1999). Dans ce cas, les créanciers ont
l'assurance que le pays aura des ressources pour leur rembourser, et que cela
suffit pour que les créanciers continuent à prêter.
Du côté du gouvernement débiteur,
l'incitation à rembourser sa dette n'est pas abordée dans ce
travail. On considère donc implicitement que la pénalité
qui menace un gouvernement en cas de non remboursement (l'arrêt des
prêts par exemple) est supérieure au bénéfice
associé à une telle décision (dégager des
ressources budgétaires), si bien que le pays continue à
rembourser ses créanciers et ceux-ci continuent à prêter.
La question est donc de savoir jusqu'à quelle limite
les créanciers peuvent-ils continuer à prêter ?
On considère qu'ils continuent à prêter
lorsque le ratio d'endettement retenu est maintenu en dessous d'un certain
seuil, c'est-à-dire lorsque la dette est soutenable. Dans le cas
contraire, l'endettement est considéré comme insoutenable, et
sachant cela, les créanciers cesseront de prêter.
Graphique 8 : Evolution des ratios de
l'endettement du Gabon
Deux critères de soutenabilité retiennent alors
notre attention : celui de la valeur actualisée nette sur exportations
(ou VAND/X) et celui du service de la dette sur recettes budgétaires (ou
SD/RB).
Le niveau et l'évolution de ces ratios vont
dépendre de plusieurs éléments au premier titre desquels:
la progression de la croissance et des exportations et donc celle des recettes
budgétaires, l'évolution de la pression fiscale, le degré
de concessionnalité des nouvelles dettes.
Toutefois, nous présentons différents ratios
utilisés pour l'analyse de la soutenabilité de la dette dans le
tableau 12 ci-après.
Tableau 12 : Critères de classification
utilisés par la Banque mondiale (en pourcentage)
|
Dette
PIB
|
Dette
Exportations
|
Service
Exportations
|
Intérêts
Exportations
|
Lourdement endettés
|
50
|
275
|
20 à 25
|
20
|
Modérément endetté
|
30 à 50
|
165 à 275
|
18 à 30
|
12 à 20
|
Peu ou pas endetté
|
30
|
19 165
|
18
|
12
|
Source : - Rapport thématique
provisoire sur l'analyse de la dette, rédigé dans le cadre du
processus de production du RNDH du Gabon
Les engagements au titre de la dette extérieure
étant assortis d'une obligation de paiements ultérieurs. Ils
peuvent créer des situations qui rendent une économie
vulnérable et conduisent à des problèmes
d'insolvabilité et de liquidité.
De plus, l'expérience montre que la
vulnérabilité extérieure peut avoir des
répercussions économiques généralisées, et
pas seulement sur l'économie initialement touchée. D'où la
nécessité de quantifier et de suivre l'endettement
extérieur.
Dans une perspective nationale, la solvabilité
peut être définie comme la capacité d'un pays à
acquitter ses obligations de manière continue.
Il est relativement facile, mais peu utile, de définir
la capacité de paiement théorique d'un pays : en théorie,
si l'on suppose que la dette peut être reconduite (renouvelée)
à l'échéance, les pays sont solvables si la valeur
actualisée des paiements d'intérêts nets ne dépasse
pas la valeur actualisée d'autres entrées au titre des
transactions courantes (principalement des recettes d'exportation) nettes des
importations.
L'analyse de la viabilité de la dette extérieure
est généralement effectuée dans le contexte de
scénarios à moyen terme. Ces scénarios sont des
évaluations chiffrées qui prennent en compte les anticipations
concernant le comportement des variables économiques et d'autres
facteurs pour déterminer les conditions dans lesquelles la dette et
d'autres indicateurs se stabiliseraient à des niveaux raisonnables.
Un avantage des scénarios à moyen terme est que
l'emprunt y est considéré dans le cadre macroéconomique
global. Toutefois, ce type d'approche peut être très sensible aux
projections relatives à des variables telles que la croissance
économique, les taux d'intérêt et de change et,
particulièrement, au comportement des flux de capitaux qui peuvent
être sujets à de brusques retournements.
Une gamme de scénarios différents peut
être élaborée en conséquence. Aussi, des tests ou
essais sous contrainte (des scénarios retenant l'hypothèse d'un
changement majeur d'une ou de plusieurs variables) peuvent-ils être
utiles pour analyser les principaux risques découlant de fluctuations de
ces variables dont l'importance est décrite au niveau du solde des
transactions courantes qui suivent.
Le solde des transactions courantes est important du fait que,
si les déficits persistent, la position extérieure du pays peut
devenir intolérable (ce que reflète une augmentation de la dette
extérieure rapportée au PIB). Autrement dit, le financement des
déficits des transactions courantes persistant à des niveaux
élevés par l'émission d'instruments de dette conduira
à un alourdissement de la charge de la dette qui peut compromettre la
solvabilité et créer une situation de vulnérabilité
extérieure du point de vue de la liquidité en raison de la
nécessité de rembourser d'importants montants de la dette.
Pour ce qui est précisément du Gabon, une
récente analyse de la soutenabilité de la dette publique du pays
insiste sur la nécessité de maintenir la discipline
budgétaire même en présence d'une production et de prix
à la hausse ; et la nécessité de maintenir une croissance
régulière dans le secteur non pétrolier et de convertir
cette croissance en recettes fiscales non pétrolières plus
élevées.
La taille et la structure de la dette du Gabon
reflètent le coût des emprunts antérieurs mais
représentent également un important manque à gagner fiscal
non pétrolier. Le scénario de base de cette analyse fait
l'hypothèse que les profits inespérés tirés du
pétrole servent à réduire la dette publique et à
accroître les avoirs du Fonds pour les générations futures.
Ce scénario révèle une baisse progressive du ratio dette
extérieure/PIB.
L'analyse montre qu'entre 2005 et 2008, la dette
extérieure en proportion du PIB diminuera de 16,5 points de pourcentage
à 23% du PIB.
Après 2008, le scénario de base projette une
diminution plus marquée du ratio dette extérieure / PIB,
traduisant ainsi :
- la bonne santé des recettes
pétrolières,
- la croissance régulière de la production non
pétrolière,
- un remboursement de la dette supérieur aux nouveaux
emprunts,
- et la poursuite de la discipline fiscale.
Ce scénario montre virtuellement que la totalité
de la dette intérieure impayée, y compris l'encours d'instances
au trésor ainsi que celui existant avec la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC), peut être apurée d'ici 2010. La dette
extérieure pourrait être totalement apurée d'ici 2015.
Toutefois, malgré ce résultat encourageant, des
tests de sensibilité montrent que la soutenabilité de la dette
extérieure du Gabon demeure fortement tributaire des chocs
extérieurs, de la croissance de la production non
pétrolière, des changements dans la production et le prix du
pétrole ainsi que du degré de la discipline fiscale.
En somme, malgré ses proportions considérables
et ses effets néfastes de son remboursement à la fois sur
l'activité économique et le développement humain, la dette
extérieure gabonaise peut être soutenable à long terme en
cas de faible dépendance vis-à-vis du pétrole et de forte
discipline fiscale et budgétaire.
Il importe donc d'examiner les différentes options pour
une gestion et une négociation efficaces de cette dette.
II. Options pour une gestion et une négociation
efficaces de la dette extérieure au Gabon
(RECOMMANDATIONS)
L'analyse de la situation d'endettement a montré que
nonobstant les traitements traditionnels qu'a bénéficié le
Gabon en terme d'allégement de la dette, celle-ci constitue un poids
dans l'économie nationale.
En effet, la configuration actuelle de la dette occupe une
place importante dans les dépenses du gouvernement au point qu'elle est
devenue un « fardeau ».
La dette soulève ainsi plusieurs problèmes.
D'abord, le problème d'équité
intergénérationnelle, ensuite le problème de la croissance
économique. Celui-ci est indiscutablement la condition première
d'une politique de réduction du fardeau de la dette. En effet, seule une
économie dynamique et en croissance peut permettre au Gabon de soutenir
son niveau élevé d'endettement.
Les actions à mener devraient donc être
axées sur les facteurs de l'endettement, la facilitation du service de
la dette, la conversion des créances et la réforme du
système de gestion de la dette publique.
II. 1. Actions sur les facteurs de
l'endettement
Les propositions que nous faisons ici s'inscrivent dans une
approche globale de développement économique qui prend en compte
la politique économique, les institutions, les facteurs exogènes
et la gestion interne de la dette.
Ces différents éléments jouent un
rôle important pour créer un environnement favorable à un
endettement tolérable sur le long terme. S'il faut réduire la
dette, l'objectif ne peut être de la ramener à zéro:
l'endettement est utile pour financer les dépenses à fort
potentiel dont les bénéfices s'étendent sur plusieurs
générations. Il faut rechercher un niveau raisonnable
d'endettement compatible avec la capacité de remboursement futur de
l'Etat, surtout lorsqu'on sait que la principale source de revenus de l'Etat,
le pétrole décroît d'environ 6% par an et risque de prendre
fin en 2033 en dehors de toute nouvelle découverte majeure.
II.2. Faciliter le service de la
dette
Il ne s'agit pas ici de réduire le stock effectif de la
dette, mais plutôt de réduire directement le montant annuel des
paiements de service qui incombent au Gabon.
Pour y parvenir, l'on peut recourir à plusieurs
techniques : réduire les taux d'intérêt, plafonner les
paiements au titre du service de la dette, rembourser en monnaie locale et
effectuer les paiements anticipés.
II. 2. 1. Réduire les taux
d'intérêt
Dans le cadre d'un accord de réaménagement ou de
restructuration de la dette, le taux d'intérêt peut être
fixé à un niveau flottant à quelques points. La
différence entre le taux effectivement versé et le
« vrai » taux peut être soit ajoutée aux
arriérés, soit capitalisée (ajoutée au stock de la
dette comme s'il s'agissait d'un prêt), soit enfin remise purement et
simplement.
II. 2. 2. Plafonner les paiements au titre du service de
la dette
Plutôt que d'agir sur le taux d'intérêt, il
s'agit de plafonner le montant des paiements de service à un certain
pourcentage des paiements d'exportation. La différence entre le montant
échu et le montant effectivement versé peut être
traitée selon les mêmes options que dans le cas de la
réduction des taux d'intérêt.
II. 2. 3. Rembourser en monnaie locale
Les recettes ingénieuses de change des pays
débiteurs peuvent être conservées à d'autres fins
(investissements ou importations de première nécessité) si
le pays peut rembourser soit en monnaie locale, soit en nature.
Certains créanciers ont réinvesti ces
remboursements en monnaie locale dans le développement, les secours ou
dans des projets de conservation à l'intérieur du pays
débiteur. Ceci permet d'obtenir dans leurs pays d'origine l'abattement
d'impôt.
II. 2. 4. Effectuer les paiements
anticipés
Il s'agit pour le Gabon, en tant que pays exportateur du
pétrole, d'utiliser les surplus de recettes pétrolières
issues des hausses successives et inattendues des prix du pétrole, pour
les paiements anticipés de sa dette extérieure. De tels paiements
réduiront considérablement le stock de la dette du pays et le
poids du service annuel de la dette.
II. 3. Conversion des créances
Il est établi que le poids de la dette publique
gabonaise a des effets défavorables sur le fonctionnement et l'entretien
des infrastructures et des services publics sociaux. En effet, la dette
extérieure excessive générée par un usage peu
efficace des ressources à la fin des années 70, joue un
rôle considérable pour décourager l'investissement
domestique ou étranger, raréfier l'épargne locale
disponible pour le développement des entreprises et aggraver
considérablement les problèmes de pauvreté.
Une possibilité, pour y remédier est de
convertir cette dette en aide au financement des projets d'investissement
à caractère social. Cette opération consiste en la cession
de la dette par le créancier à un investisseur qui, en retour,
vend la dette au pays débiteur en échange de parts dans une
entreprise locale ou en échange de monnaie locale utilisée pour
des projets dans le pays concerné.
Cette opération pourrait permettre au Gabon d'utiliser
le montant des fonds convertis en financement des projets sociaux. L'objectif
principal étant de mener, au travers de cette conversion de dettes, une
lutte efficace contre la pauvreté, grâce à un accroissement
des dépenses publiques à caractère social
(éducation, santé, notamment) en compensation de la diminution ou
du retardement du paiement de la dette extérieure.
II. 4. Réforme du système de gestion de la
dette publique du Gabon
Le service de la dette publique du Gabon est
géré par un service spécifique de la DGCP (Direction
Générale de la Comptabilité Publique) du Ministère
de l'Economie et des Finances, à l'aide du progiciel SIGAV mis en place
en 2000 avec l'appui de la CNUCED.
Les échéances annuelles de cette dette sont
payées selon la procédure exceptionnelle de paiement sans
ordonnancement préalable, puis régularisées par ordonnance
de paiement. Cependant, la dette inscrite dans les comptes du Trésor
public ne coïncide pas exactement avec le montant qu'en connaît la
DGCP. En pratique, il n'existe pas de suivi exhaustif des tirages de
prêts. Cette insuffisance d'informations financières et comptables
est liée à l'absence d'intégration des opérations
sur financements extérieurs.
Pour pallier à cette insuffisance et bien d'autres
limites structurelles, la réforme du système de gestion de la
dette publique s'avère nécessaire. Cette réforme pourrait
reposer sur la création d'une Agence de Gestion de la Dette Publique
(AGDP) qui fonctionnerait selon des modalités bien précises et ce
dans un cadre juridique et institutionnel bien défini.
Les besoins de financement du Gabon et son niveau
d'endettement sont en constante croissance. En réponse à cette
augmentation de la dette, l'Etat se doit d'entreprendre un effort de
modernisation de la gestion de sa dette. L'enjeu en est double :
- assurer la couverture des besoins financiers de l'Etat
gabonais en toute circonstance, dans un contexte où le financement
monétaire du déficit budgétaire est limité par les
critères de convergence de la CEMAC ;
- limiter autant que possible les charges induites par une
telle dette en améliorant le niveau relatif de son coût de
financement.
La croissance de la dette et l'effort pour en améliorer
sa gestion apparaissent ainsi indissociables.
Aussi, l'effort de modernisation de la gestion de la dette de
l'Etat peut-il se traduire par la création d'une Agence de gestion.
Cette structure, si elle est dotée de moyens renforcés, peut
être organisée de façon spécifique, au sein de
l'administration du Trésor pour mieux répondre aux missions et au
contexte de l'action d'un émetteur souverain.
Cette modernisation doit aller de paire avec une forte
innovation en matière de principes, mettant en relief les constances de
l'action publique dans le domaine de la gestion de la dette.
La première des missions de l'Agence est de veiller
à ce que l'Etat puisse honorer ses engagements financiers en toute
circonstance, objectif qui doit être atteint au meilleur coût.
Toutefois, il est important de connaître les modalités de
fonctionnement de la structure et d'indiquer les conditions de son
efficacité.
Au terme de cette étude, il ressort que le Gabon agit
généralement comme un « Etat Providence ». Il
compense les chocs extérieurs en s'endettant pour maintenir le niveau de
vie des agents intérieurs. Et comme ces agents ne sont pas
forcément bien informés, ils maintiennent dans tous les cas leur
niveau de consommation. Ce qui accroît davantage l'endettement
extérieur. Mais dans ces conditions, une politique de relance de
l'économie par les déficits budgétaires successifs risque
finalement de maintenir le Gabon dans un cercle vicieux d'endettement
excessif.
En réalité, la dette extérieure gabonaise
est un frein pour son développement et les causes sont liées
à la structure de son économie et à la culture de sa
population. Le Gabon est un pays à économie d'endettement
évoluant dans un contexte de répression financière. Les
pays créanciers, organismes multilatéraux et ONG reconnaissent
les potentialités économiques du Gabon d'où sa position de
« pays à revenu intermédiaire de la tranche
supérieure ».
Les problèmes de finances publiques sont
étroitement liés à la question de gouvernance. Chaque fois
qu'un problème ancien ou nouveau se présente, le pays a toujours
répondu par une dépense supplémentaire, sans remettre en
cause la routine des dépenses engagées précédemment
sur des sujets antérieurs. La « culture de la
dépense » est ainsi substituée à la recherche
d'une efficacité en profondeur et à la fixation d'objectifs en
termes d'utilité pour les citoyens et pour l'économie. Ce
faisant, le Gabon a peu à peu accumulé les déficits
publics. Il s'est endetté dans des conditions qui restreignent ses
marges de manoeuvre pour la régulation conjoncturelle et qui
hypothèquent son avenir à moyen terme.
Poursuivre sur cette tendance conduirait à une
paralysie durable de l'action publique et mettrait à rude épreuve
les ambitions de croissance dans les années qui viennent.
En effet, l'analyse des indicateurs de liquidité et de
solvabilité révèle que la situation de la dette
extérieure est catastrophique. Ces indicateurs atteignent des seuils
intolérables de 1995 à 2005. Le ratio « service de la
dette extérieure rapporté aux recettes
budgétaires » est au-dessus de la normale (15%).
L'évolution des ratios du service de la dette sur PIB réel et de
l'investissement sur PIB réel traduit l'effet négatif de la dette
extérieure sur l'économie gabonaise. Elle occasionne un effet
d'éviction sur l'épargne publique et privée et par
conséquent sur l'investissement public, moteur de la croissance.
Par ailleurs, la dette extérieure du Gabon influence
l'activité économique à travers deux phases. D'abord, la
phase de complémentarité au cours de laquelle la dette
extérieure a favorisé la croissance lorsqu'elle a servi à
la construction du chemin de fer considéré comme un
investissement public important. Ensuite, la phase de substituabilité
durant laquelle l'éviction de l'épargne domestique
apparaît. Elle résulte du fait que les capitaux importés ne
sont pas nécessairement investis. Une bonne partie, souvent la plus
importante, est généralement affectée aux dépenses
courantes (traitements des fonctionnaires, fournitures de bureau, etc.). Dans
ces conditions, la dette extérieure incite l'Etat à adopter une
politique moins rigoureuse en matière des finances publiques.
Mais l'analyse de la soutenabilité et de la
solvabilité établit, à l'aide des scénarios DSCRP,
OMD et tendanciel, que le Gabon peut assurer le service de sa dette
extérieure sans trop de difficulté. Les passages plusieurs fois
devant le Club de Paris lui permettent de réaménager sa dette
extérieure. Toutefois, l'évolution future de cette dette va
dépendre des prêts dont les accords sont signés et bien
souvent des premiers tirages effectués, d'une part, et des nouveaux
prêts qui sont consentis, d'autre part.
Parallèlement à cette démarche, les
autorités gabonaises devraient suivre d'autres recommandations
fondées sur l'application d'une gestion prudente de la dette publique.
Celle-ci implique :
- d'améliorer le suivi de la dette publique ;
- de coordonner étroitement la gestion de la dette avec
les politiques budgétaire et monétaire ;
- de fournir aux gestionnaires de la dette un montant
clair ;
- d'adopter une politique efficace de divulgation de
l'information et de recruter, pour les structures de gestion de la dette, des
agents techniquement qualifiés, qui connaissent bien les marchés
financiers et la politique publique et qui soient capables en particulier
d'effectuer des analyses du degré d'endettement tolérable, de
manière à fournir aux pouvoirs publics des avis
éclairés.
Le renforcement de la résistance face aux chocs
exogènes exige notamment la consolidation d'un bon niveau de
réserves de change, la diversification des exportations à long
terme et la réduction des rigidités budgétaires.
1- Anne Joseph, 1999 « endettement et
contre-choc pétrolier : le cas du Cameroun » In
dette et pauvreté, sous la direction de jean Yves Moisseron et Marc
Raffinot, Economique 1999, pp. 165-188.
2- Banque Mondiale (1998), Rapport sur le
développement dans le monde 2000/01 :
combattre la pauvreté, Editions Eska, Paris
3-BERNARD & COLI (1996), Dictionnaire
économique et financier, 2ème édition du
Seuil, Paris
4- Biao B. et al 1999, Endettement extérieur et
développement humain au Cameroun, Service oecuménique la
paix, Presses de l'UCAC, Collection « Economie et Conflit »
chapitre 18.
5. BOOTE A & THUGGE K(1999), Allègement de la
dette des pays à faible revenu :
l'initiative PPTE, FMI, Washingtpon
6- Bourguinat (H), 1997 Finance internationale, Paris PUF,
Thémis, troisième édition, chapitre 18
7 Cahier de l'Université Catholique d'Afrique Centrale
N° 5, la dette des pays du Sud.
8- CHAVAGNEUX (2001), La lutte contre la
pauvreté ; les enjeux politiques d'un
slogan, Politique africaine, n°82,
juin
9. CONTE B (2003), les origines de la
crise de la dette extérieure, Université de Bordeaux,
10. DETTE & DEVELOPPEMENT (2002) :
La dette des pays du sud et le
financement du développement, ISSN, Paris
11. DE VRIES (1988), Gestion de la dette
extérieure, Bulletin du FMI, Washington, Vol 14 n°2
12. GANIASSE, E (1994), Economie de
l'endettement international : théorie et
politiques, PUF, Paris
13. KRUGMAN (1989), Financing vs forgiving a debt
overhang, NBER, Working paper, n°2586
14- Ministère des Affaires Etrangères (France)
(2005) , Afrique au sud du Sahara, Mobiliser
des ressources fiscales pour le développement, une étude
menée conjointement par le CERDI et une équipe d'experts
douaniers et fiscaux de l'ADETEF et du ministère des Finances sous la
direction de Chambas en 2004, Paris
15- Pôle-Dette (BEAC) : - Bulletin d'information,
d'études et de liaison,
numéros 2 ; 11 ;14 et 15
-Rapport d'activité 2005 et 2006
Sites Internet :
- Banque Mondiale : www. Worldbank.org
- Club de Paris : www. Clubdeparis.org
- Ministère de l'Economie, des Finances, du Budget et de
la Privatisation :
www.finances.gouv.ga
Dédicace
Remerciements
Sigles et abréviations
Sommaire
Résumé
INTRODUCTION
GENERALE.............................................................1
Première partie: Importance de la dette
extérieure du Gabon..................... ...5
Chapitre 1 : Evolution et structure de la dette
extérieure...........................6
I. Dette extérieure
bilatérale..................................................................7
II. Dette extérieure
multilatérale.........................................................
..7
Chapitre 2 : Facteurs explicatifs de la dette
extérieure du Gabon...............10
I. Facteurs
endogènes........................................................................10
II. Facteurs
exogènes........................................................................15
Deuxième partie: Impact de la dette
extérieure su la croissance économique du Gabon et
perspectives..........................................................................17
Chapitre 3 : Effets de l'endettement
extérieur sur les résultats économiques.18
I. Allocation des financements extérieurs
(FINEX) et analyse des indicateurs
d'endettement.................................................................................18
II. Efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées...........22
Chapitre4: Perspectives de la dette extérieure
du Gabon en termes de soutenabilité et de
solvabilité.............................................................26
I. Scénarios de soutenabilité de
l'endettement extérieur du Gabon....................26
II. Options pour une gestion et une négociation
efficaces de la dette extérieure du Gabon
(RECOMMANDATIONS).......................................................33
CONCLUSION GENERALE
...............................................................37
Bibliographie
Annexes
INTRODUCTION
GENERALE.............................................................1
Première partie: Importance de la dette
extérieure du Gabon..................... ...5
Chapitre 1 : Evolution et structure de la dette
extérieure..................... ..6
I. Dette extérieure
bilatérale..........................................
.....................7
II. Dette extérieure
multilatérale.........................................................
..7
Chapitre 2 : Facteurs explicatifs de la dette
extérieure du Gabon...............10
I. Facteurs
endogènes........................................................................10
I.1 Etroitesse de l'assiette
fiscale..........................................................10
I.2 Mauvaise
gouvernance..................................................................11
I.2.1. Allocation inefficiente des ressources
budgétaires................................11
I.2.2. Suivi insatisfaisant des finances
publiques........................................13
II. Facteurs
exogènes........................................................................15
II.1 Détérioration des termes de
l'échange...............................................15
II.2 Dévaluation du franc
CFA............................................................16
Deuxième partie: Impact de la dette
extérieure su la croissance économique du Gabon et
perspectives..........................................................................17
Chapitre 3 : Effets de l'endettement
extérieur sur les résultats économiques.18
I. Allocation des financements extérieurs
(FINEX) et analyse des indicateurs
d'endettement.................................................................................18
I.1 Allocation des
FINEX..................................................................18
I.2 Analyse des indicateurs
d'endettement...............................................20
II. Efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées...........22
II.1 Effet
d'éviction..........................................................................23
II.2 Complémentarité et
substituabilité....................................................24
Chapitre4: Perspectives de la dette extérieure
du Gabon en termes de soutenabilité et de
solvabilité.............................................................26
I. Scénarios de soutenabilité de
l'endettement extérieur du Gabon....................26
I.1 Scénario
DSCRP.........................................................................26
I.2 Scénario
OMD...........................................................................27
I.3 Scénario
tendanciel.......................................................................27
I.4
Résultats...................................................................................28
II. Options pour une gestion et une négociation
efficaces de la dette extérieure du Gabon
(RECOMMANDATIONS).......................................................33
II.1 Actions sur les facteurs de
l'endettement............................................33
II.2 Faciliter le service de la
dette.........................................................34
II.2.1 Réduire les taux
d'intérêt............................................................34
II.2.2 Plafonner les paiements au titre du service de
la dette...........................34
II.2.3 Rembourser en monnaie
locale.....................................................34
II.2.4 Effectuer les paiements
anticipés...................................................34
II.3 Conversion des
créances...............................................................34
II.4 Réforme du système de gestion de la
dette publique..............................35
CONCLUSION GENERALE
...............................................................37
Bibliographie
Annexes
A toi mon Dieu le Tout Puissant, pour la grâce
que tu m'accordes et les multiples bénédictions.
A toi ma chère mère MINDZIE ODZAME Marie,
pour ton amour indéfectible.
A toi mon fils MINKO NDO Daniel Gaillard, pour ton
attachement.
A toi mon épouse NKENE ESSONO Edwige, pour ton
désir constant à te débattre pour t'assurer que tu
participes à notre devenir commun.
Je dédie ce travail
L'auteur adresse ses sincères remerciements aux
personnes morales et physiques ci-après :
1. L'ACBF pour le soutien financier de cette
formation ;
2. Le Professeur Roger TSAFACK NANFOSSO, Directeur du
Programme de Formation en Gestion de la Politique Economique (GPE) à
l'Université de Yaoundé II pour la bonne marche du
Programme ;
3. Le corps enseignant et personnels de l'Université de
Yaoundé II pour la matérialisation de la formation.
4. Les amis et collègues de la promotion ;
5. Tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de cette oeuvre.
Il me vient de remercier personnellement Monsieur et
Madame OGANDAGA (Libreville-Gabon) pour tous les contacts avant notre
sélection au GPE et notre arrivée à Yaoundé.
BAD : Banque Africaine de
Développement
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BEI : Banque Européenne
d'Investissement
BICIG : Banque International pour le
Commerce et l'Industrie du Gabon
BGD : Banque Gabonaise de
Développement
BGFI : Banque Gabonaise et Française
Internationale
BID : Banque d'Investissement et de
Développement
BIRD : Banque Internationale pour la
Reconstruction et le Développement
CEMAC : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique Centrale
COMILOG : Compagnie Minière de
L'Ogooué
FMI : Fonds Monétaire International
IPPTE : Initiative pour Pays Pauvres
Très Endettés
PIB : Produit Intérieur Brut
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
PVD : Pays en Voie de
Développement
PIB : produit Intérieur brut.
ODM : Objectifs de Développement
pour le Millénaire
PNB : Produit National Brut.
REB : rapport d'Endettement Brut
SEEG : Société d'Energie et
d'Eau du Gabon
UGB : Union Gabonaise des Banques
Cette étude analyse l'impact de la dette
extérieure sur les résultats économiques (croissance) du
Gabon.
Après avoir déterminé l'importance
de l'endettement extérieur, avec des niveaux très
élevés au cours de la période allant de 1995 à
2005, elle présente les facteurs explicatifs de cette dette. Ces
facteurs sont endogènes et exogènes.
L'évaluation des effets des ressources
empruntées sur l'économie gabonaise montre un recours au
financement extérieur à des fins de consommation publique et
plutôt une faible affectation dans les secteurs sociaux et de production.
Cette situation ne rassure pas quant à la perspective de la
réalisation des ODM.
Par ailleurs, l'étude fait ressortir, à
travers l'efficacité des investissements financés par les
ressources empruntées, que l'Etat s'est endetté pour
réaliser des infrastructures économiques et sociales dont la
rentabilité n'est pas avérée.
Par conséquent, la dette extérieure est
devenue une charge dans la mesure où les emprunts contractés ne
sont pas remboursés par des surplus futurs. Il se crée alors une
accumulation des arriérés occasionnant un effet d'éviction
sur l'épargne publique et privée et donc sur l'investissement,
moteur de la croissance.
L'examen des indicateurs d'endettement (Service de la
dette extérieur/recettes d'exportation et Service de la dette
extérieure/recettes budgétaires), bien que
régulièrement en baisse depuis les négociations avec les
organismes multilatéraux, révèle que le niveau de la dette
extérieure reste encore élevé.
Il convient donc de mettre en oeuvre une véritable
politique de réduction du fardeau de la dette. Les actions à
mener dans le cadre de cette politique devraient être axées sur
les facteurs de l'endettement, la facilitation du service de
la dette, la conversion des créances et la réforme du
système de gestion de la dette publique.
ABSTRACT
This study examines the impact of external debt on
economic performance (growth) of Gabon. After determining the importance of
external debt, with very high levels during the period 1995 to 2005, it
presents the factors underlying the debt. These factors are endogenous and
exogenous. The evaluation of the effects of resources borrowed on the
Gabonese economy shows a point of external financing for public consumption and
rather low trust in the social sectors and production. This situation does not
reassured about the prospects of achieving the MDGs. In addition, the study
reveals, through the efficiency of investments financed by resources borrowed,
that the State was indebted to achieve economic and social infrastructures
whose profitability has not been proven. Therefore, foreign debt has become
a burden to the extent that the loans are not repaid by future surpluses. It
then creates an accumulation of arrears causing crowding out on public and
private savings and therefore investment, engine of growth. The review of
indicators of debt (external debt service / export earnings and external debt
service / revenues), although steadily declining since the negotiations with
multilateral agencies, shows that the level of debt external remains high.
It is therefore necessary to implement a policy of reducing the debt
burden. The action in the framework of this policy should focus on the factors
of debt, facilitation of debt service, conversion of debts and the reform of
public debt management.
Le Programme de Formation en Gestion de Politique
Economique (GPE) de l'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans ce rapport.
Ces opinions doivent être considérées comme propre à
leur auteur.
ERRATA
·
Sigles et abréviations : par ordre alphabétique, DGCP et
DSCRP se situent après COMILOG.
· Page
22, II, deuxième ligne : lire Incremental
· Page
35, II.4 : lire du Gabon
· Page
37, avant dernière ligne : lire ensuite
EXPOSE
Bonjour messieurs les membres du jury et merci de nous
avoir accordé la parole. Nous tenons d'abord à nous excuser pour
notre mauvaise voix due à la grippe depuis quelques jours. Cela
étant, notre étude porte sur les effets de la dette
extérieure sur la croissance : nous nous intéressons au cas
spécifique du Gabon.
L'environnement économique des pays à faible
revenu en général et le Gabon en particulier, fut marqué
par une crise de la dette extérieure élevée qui de nos
jours, continue à demeurer un obstacle majeur pour atteindre les
Objectifs du Développement pour le Millénaire (ODM).
Cette crise de la dette extérieure élevée
reste encore dans les débats des hommes politiques et de l'opinion
publique à travers le monde comme étant l'un des principaux
facteurs contribuant à restreindre ou limiter la croissance des PED. La
croissance économique se définit comme étant une
augmentation soutenue, pendant une période prolongée, de la
quantité des biens et services que produit une économie.
L'économie peut embrasser le champ d'une nation, ou d'une autre
unité géographique, politique et sociale, telle qu'une
région, une ville ou un groupe de population ; elle peut comprendre
un groupe de nations ou le monde entier. Quant à la dette
extérieure, elle est constituée de l'ensemble des engagements
pris envers d'autres Etats ou Institutions financières
étrangères. Ainsi, notre préoccupation dans cette
étude consiste à répondre à la question
suivante :
Quel est l'impact de la dette extérieure du Gabon
sur les résultats économiques ?
Notre objectif général est
d'évaluer les effets de la dette extérieure sur les performances
économiques du Gabon. De manière spécifique nous cherchons
à vérifier l'existence de la relation entre la dette
extérieure et la croissance, d'une part, et à analyser la
manifestation de l'effet d'éviction dans l'économie gabonaise,
d'autre part. Pour ce faire nous retenons 3 hypothèses :d'abord la
dette extérieure du Gabon a une relation non linéaire avec le
taux de croissance du PIB, ensuite le paiement futur du service de la dette, en
augmentant la probabilité d'un accroissement de la pression fiscale
future, décourage l'investissement domestique et étranger et
enfin le service très important de la dette extérieure, en
évinçant les ressources destinées à
l'investissement public moteur de la croissance, constitue un frein à
l'activité économique. Notre approche méthodologique
consiste à analyser l'efficacité des investissements
financés par les ressources empruntées à l'aide des
indicateurs de liquidité et de solvabilité. L'examen du ratio
service de la dette sur PIB réel nous permet d'analyser l'effet
d'éviction. L'analyse de la soutenabilité nous conduit à
envisager trois scénarios de soutenabilité. La revue de la
littérature relative à certaines études théoriques
et empiriques nous permet de retenir l'existence d'une relation non
linéaire entre la dette et la croissance. En effet, Hansen (2001), par
exemple analyse l'impact de l'interaction entre l'aide au développement
et la dette extérieure sur la croissance de 54 pays en
développement en mettant en évidence l'existence d'une courbe de
Laffer de l'aide. D'après lui, cet impact négatif de la dette
serait assez important dans les pays dépendant fortement de l'aide
extérieure et c'est le cas du Gabon.
Après avoir déterminé l'importance de
l'endettement extérieur, avec des niveaux très
élevés au cours de la période allant de 1995
à 2005 et les facteurs explicatifs liés essentiellement à
l'étroitesse de l'assiette fiscale, à la mauvaise gouvernance
à la détérioration des TDM et à la
dévaluation du FCA en janvier 1994, nous sommes donc parvenus aux
résultats suivants :
1°) La dette a un effet favorable sur la croissance. Sur
ce point, nous sommes de l'avis de JP FOUDA OWOUNDI. La dette est
nécessaire pour la croissance. En effet, il fait observer dans la revue
de l'IRIS « repenser Bretton Woods, réponses
africaines » qu'aucun des pays aujourd'hui considérés
comme « riches » ne s'est développé sans capitaux.
C'est ainsi que la dette extérieure du Gabon a servi à financer
les infrastructures à hauteur de plus de 48 % notamment la route et la
construction du Chemin de fer (Transgabonais) considéré comme un
investissement public important. La dette a ainsi soutenu l'activité et
favorisé un certain niveau de croissance (transport de grumes
manganèse...).
2°) Le deuxième résultat important est
l'effet défavorable de la dette extérieure sur la croissance du
Gabon. Pour cela nous avons examiné l'allocation (affectation ou
utilisation) des FINEX. Il ressort que la santé représente 9%,
l'éducation 0,5% et l'agriculture 1,7%. Or, l'on sait que l'affectation
accrue de la dette dans les domaines des infrastructures, de la valorisation
des ressources humaines par les dépenses de santé et
d'éducation et d'amélioration des services publics lorsqu'elles
sont bien conçues et affectées de façon rationnelle,
peuvent augmenter la productivité, créer les externalités
positives du secteur privé et favoriser la croissance.
Cet effet défavorable sur les résultats
économiques est également perçu à travers l'analyse
de l'efficacité des investissements financés par les ressources
empruntées. Pour étudier cette efficacité, nous utilisons
le coefficient marginal du capital, désigné en anglais par
Incremental Capital Output Ratio (ICOR). Il mesure le rapport
entre l'investissement et l'augmentation de la production qui en
résulte, sur une même période. Un ICOR négatif ou
plus élevé reflète l'utilisation improductive ou
inefficace des ressources. Cela suggère donc une faible
productivité des investissements et un gaspillage des ressources. Par
contre, un ICOR faible suggère une productivité
élevée, une utilisation plus efficace du capital, puisqu'il faut
investir moins pour obtenir une production supplémentaire
équivalente. L'évolution de ce ratio entre 1990 et 2002
révèle une utilisation inefficace des ressources affectées
à la réalisation des investissements publics. Sans compter que
les prêts ont financé des projets qui ne sont jamais
arrivés à terme. L'Etat s'est endetté pour réaliser
des infrastructures économiques et sociales dont la rentabilité
sociale n'est pas avérée et ces investissements ne
génèrent pas des recettes publiques en tant que telles.
Par ailleurs, on observe un effet d'éviction de la
dette. Il se manifeste à travers le ratio investissement sur PIB
réel (moins de 14%) qui se situe en deçà du ratio du
service de la dette (40%). Une augmentation du ratio du service de la dette sur
PIB réel entraîne une diminution de l'épargne privée
et publique et par conséquent de l'investissement public qui est le
moteur de la croissance. (complémentarité et
substituabilité)
Au regard de tous ces effets défavorables de la dette
extérieure sur la croissance il nous a paru primordial d'analyser la
soutenabilité de cette dette. L'analyse est faite à travers trois
scénarios: le scénario DSCRP, le scénario OMD et le
scénario tendanciel. Il ressort que la dette extérieure du Gabon
est soutenable et pour renforcer la soutenabilité à LT nous
formulons des recommandations de politique économique aux
autorités gabonaises. Les actions à mener dans le cadre de cette
politique devraient être axées sur 1°) les facteurs de
l'endettement, 2°) la facilitation du service de la
dette, 3°) et avant dernière action, la conversion des
créances et enfin, la réforme du système de gestion de la
dette publique avec la création d'une Agence de Gestion de la Dette
Publique (AGDP) qui fonctionnerait selon des modalités bien
précise et dans un cadre juridique et institutionnel bien
défini.
Voilà, Messieurs les membres du jury les points
saillants de notre étude et surtout les conclusions auxquelles nous
sommes arrivés. Comme toute oeuvre humaine, ce travail comporte
certainement des imperfections. C'est pourquoi nous sommes disposés
à recevoir vos importantes remarques et questions afin de
l'améliorer. Nous vous remercions !!
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