Les taux débiteurs à Madagascar sont
particulièrement élevés, ce qui ne manque pas de
décourager les entreprises puisque les charges financières vont
grever le résultat. Des taux débiteurs élevés
peuvent donc être considérés comme un effet négatif
qui vient entacher la rentabilité des entreprises.
Si on considère, par exemple, les trois premiers mois
de l'année 20055 , on remarque que le taux de base est dans
la fourchette de 8,83 à 18,00% et que sur le marché bancaire, que
ce soient pour les crédits à court, moyen ou long terme, le
minima est de 12,03%. Donc une majoration de plus de 4 points, ce qui est
excessif. Ceci traduit une évaluation et une appréciation du
risque différentes selon qu'on se place au niveau de la Banque Centrale
et au niveau des banques de dépôt.
Cet écart de plus de 4 points sape les efforts de la
Banque Centrale pour la relance de l'économie. En effet,
théoriquement, c'est une majoration de 2 points qui est admise et
jugée en mesure de traduire de façon fidèle la politique
de la Banque Centrale.
Selon le type de crédit, on se rend compte que ceux
à court terme sont ceux qui ont le maxima le plus élevé
(12,03-24,00%), et les crédits à long terme le plus bas
(12,03-15,70%). Cela trouve son explication dans le fait que, malgré le
fait que les crédits à court terme soient de faible importance
par rapport à ceux à long terme et que le risque soit moins grand
car la durée est
5 Banque Centrale de Madagascar, Bulletin d'Information et
de Statistiques, page 32.
moins longue, mais puisque les banques n'exigent pas souvent
de garantie pour ce type de crédit, un supplément de taux est
destiné à rémunérer quand même le risque
pris.
Alors que, pour les crédits à long terme
où les garanties exigées par les banques (hypothèques,
nantissements ou cautions de personnes physiques ou morales) sont très
élevées et varient de 100 à 300% des crédits
accordés6, le risque étant déjà
rémunéré, le taux revient ainsi donc à un niveau
moins élevé.
Tout ceci nous permet de comprendre les raisons pour
lesquelles les crédits sont concentrés sur les grandes
entreprises. En effet, « les micro entreprises n'ont pratiquement pas
accès au système bancaire » et « l'accès des PME
aux banques extérieures et aux institutions étrangères est
difficile à cause des garanties, taux et conditions dissuasifs
»7.
Enfin, ces taux débiteurs élevés
contrastent avec des taux créditeurs très faibles. Il est
étonnant que ces taux, même pour une période de plus de 2
ans, ne rémunèrent seulement qu'à 7,58%8. La
faiblesse des taux d'intérêt de placement est un frein à
l'évolution de l'épargne. « Madagascar ne peut cependant pas
envisager de croissance à long terme durable sans la participation
active de la majorité que représentent les petits agents
économiques qui disposeraient en milieu rural d'une épargne
substantielle ne pouvant pas pour diverses raisons être captée par
le système financier. Celle-ci s'oriente en effet vers les actifs
réels de préférence aux actifs financiers
»9.