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Cohabitation population fang/CNPN, WCS dans la conservation de l'environnement au Gabon : Analyse du cas du Parc National des Monts de Cristal( Télécharger le fichier original )par Aimée Prisca MEKEMEZA ENGO Université Omar Bongo - Maîtrise 2007 |
Source : Ces résultats sont de nos enquêtes, avril 2007 Ce tableau présente l'effectif de la population (Gabonais et étrangers) par village d'enquête. Le constant qu'on peut faire est que, sur une population de 611 personnes recensées à travers huit villages représentatifs de notre zone d'étude, les étrangers font un effectif de 95 personnes, soit 15,55%. En effet, les Gabonais représentent la population majoritaire de cette région. Ils font un effectif de 516 personnes, soit 84,45%. Comme nous l'avons signalé plus haut, ces étrangers sont dans la zone pour une durée très brève. Ils sont là pour des raisons d'ordre économiques. Après, leurs activités, regagnent d'autres régions et sont automatiquement remplacés par d'autres. Toujours dans le souci de rendre lisible notre travail, il importe de mentionner que notre étude ne porte pas sur toute la population gabonaise. Nous étudions uniquement la population originaire de la région des Monts de Cristal. Ce choix réside dans le fait que cette dernière est installée dans la région et malgré des mutations rencontrées, elle reste attachée à sa culture et à sa forêt. Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise
Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007 Ce tableau présente l'effectif de la population gabonaise vivant aux environs du Parc par village enquêtés. Ce recensement est le produit de notre travail personnel. En effet, ces données nous ont été produites par les chefs de villages. A travers elles, on s'aperçoit effectivement que la région des Monts de Cristal est dominée par les Fang de Medouneu, Kango et Cocobeach. Ces derniers sont dans la zone depuis des générations et sont fortement liés au massif forestier des Monts de Cristal. Notre étude porte sur les Fang, particulièrement les Fang de Kango (Mekè) et de Medouneu (Okak), bien que le Parc des Monts de Cristal s'étendant dans d'autres régions du pays. C'est le cas de Cocobeach, Ndjolé, Mitzic, etc. Tableau 8 : Recensement des populations Fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté
Source : Aimée Prisca Mekemeza Engo, avril 2007 Ce tableau met en exergue les effectifs et les pourcentages de la population fang par village d'enquête. Pour aboutir à ces résultats, nous avons procédé à un recensement personnel village par village. Ce recensement s'est fait pendant une semaine du mois d'avril (du 1 au 8 précisément dans huit villages des provinces de l'Estuaire (Kango) et du Woleu-Ntem (Medouneu). Ces résultats ne sont pas exhaustifs. Le constat que nous pouvons faire est que, les autochtones, malgré la proximité des villes, continuent à habiter dans leurs villages respectifs. Que ce soit en grande vacance ou en année scolaire, les villages sont toujours inondés de monde. Pour ces derniers, le village est la source de tout. Ils ajoutent qu'ils aiment leurs villages parce que la forêt leur fournit tous les outils nécessaires pour leur survie. Cela montre à suffisance l'attachement de cette population à sa culture. 2. Origines de la population de la zone d'étudeNotre étude ne porte pas sur la migration des Fang, mais il nous paraît nécessaire d'en faire une présentation sommaire de l'origine des Fang de cette région. Lorsqu'on parle de la zone d'origine des Fang, deux hypothèses s'opposent de nos jours : celle d'une origine très lointain (non-forestière) d'une part et au contraire, celle d'une origine proche, par rapport à leur habitat actuel. La première hypothèse (celle d'une origine très lointaine), a été formulée par plusieurs chercheurs mais nous retenons l'attention du Père Trille (1912 : 35), cité par Pither Medjo Mvé. Le Père Trilles situe l'origine des Fang au Nord-est de l'Afrique, et préci sément dans le Bahr-el-Ghazal (région du Haut-Nil au Soudan). Il résume cette origine en ces mots : « Les Fang sont un des chaînons qui relient les races du Nil et de la Lybie ». L'hypothèse d'une idée très proche des Fang est d'abord de l'ethnologue Laburthe-Tolra (1981 : 41), cité par Pither Medjo. Cet auteur situe l'origine de ce peuple à l'est du Cameroun et fait ensuite l'hypothèse d'une coprésence dans la région de Minlaba (Sud du Nyong) de Bassa, Maka, et du groupe fang autour de 1850. A la suite de cet anthropologue, nous avons l'hypothèse de l'archéologue Clist. En effet Clist, cité par Pither Medjo (1991 : 52), pense que l'origine des Fang est à rechercher soit au Nigeria, soit dans la région interlacustre (Grand Lacs). Le linguiste Piter Medjo Mvé (1997 : 469), dira que les Fang reviennent de région des sources du Ntem et de l'Ivindo, suivant deux courants : Le courant septentrional et le courant oriental. Le premier courant aurait amené les Fang du Woleu-Ntem et de la Guinée-Equatoriale. Le deuxième entraînerait ceux du Sud (Moyen-Ogooué, Estuaire, Ogooué-Ivindo, Ogooué-Maritime). On pourrait dire que c'est dans ces deux courants que s'inscrit notre population d'enquête. Cela se confirme dans le récit ci-après. Entretien 5 : ONDO ESSONO Emile, 87 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'origine des Fang de Medouneu et de Kango. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 11h 33 mn, dans son corps garde.
Ce récit ne relate pas l'histoire « complète » de la migration fang. Il nous aide plus ou moins à mieux situer non seulement le foyer d'origine du groupe fang mais aussi de notre population d'enquête. La pertinence de ce récit réside dans le fait qu'il remonte l'histoire des Fang à la genèse, c'est à dire la destruction de la « tour de Babel ». il ressort de ce récit que les Fang reviennent de loin avant qu'ils ne se dispersent dans leurs habitats actuels. D'après ce récit, on pourrait dire que les Fang de Medouneu et de Kango reviennent de la Guinée-équatoriale, où ils ont laissé leurs familles. Les Fang reviennent de très loin. Ils ont eu une longue migration. Cette dernière s'est sûrement étalée sur plusieurs jours de marche. En dehors de la marche, nous avons aussi l'abattage du Moabi, qui a été un obstacle pour ce peuple. Car cet exercice recommande une force redoutable. Ces derniers ont marché pendant longtemps dans la forêt équatoriale à la recherche des terres avant d'atteindre leurs foyers actuels. Pour nous résumer, la migration fang a été très pénible et a des origines très lointaines. Les Fang qui occupent les régions côtières du Gabon proviennent essentiellement des sources de la Mbé et du Como. D'après du Chaillu (1882 : 75-77), cité par Pither Medjo « les Fang étaient présents dans la zone des Monts de Cristal depuis les années 1855 ». Dans cette province, ils occupent les districts de Kango et de Cocobeach. Ainsi, au Gabon, on retrouve les Fang dans le Nord et dans le sud. La zone nord comprend essentiellement le Woleu-Ntem. Tandis que le sud est représenté par l'Estuaire, le Moyen-Ogooué, l'Ogooué-Ivindo, l'Ogooué Maritime, disait Piter Medjo Mve ( 1997 : 336 ). Les parlers fang, diffèrent selon que nous soyons dans une ou l'autre région où on parle fang. Ces différents seraient l'une des conséquences de la destruction de la tour de Babel. Entretien 6 : OBIANG ONDO Michel, 82 ans, ethnie fang, Village Avang, clan guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur les parler fang. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 13h55 mn, dans le salon du chef de village.
A travers ce récit, on comprend effectivement que la multiplicité du parler fang ne date pas d'aujourd'hui. Elle est très ancienne, voire même de l'époque de la migration de ce peuple. En effet, si il existe plusieurs dialectes fang, c'est tout simplement par ce que l'homme fang s'est installé dans des zones différentes des autres. Cependant, cela ne pose pas de problème au niveau de la compréhension. Tous les Fang se communiquent et se comprennent. Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays
Source : Voltz cité par Pither Medjo Mvé (199 : 336). Ce tableau présente la répartition des parlers fang au Gabon. En effet, les Fang sont présents dans cinq provinces du Pays. Le constat que nous faisons est que le fang est considéré comme langue maternelle dans cinq provinces du Gabon. Parmi ces parlers, on observe que certains sont en usage dans plusieurs régions du Pays, c'est le cas du Mekè et de l'atsi. Notre étude porte essentiellement sur les parlers fang de Medouneu et de Kango. 2.1. Organisation sociale Les sociétés de la forêt en générale et celle des Fang qui nous préoccupe en particulier, sont des sociétés lignagères (mvog). Le lignage reste l'unité fondamentale de toute l'organisation sociale. Le village fang (dza'a) est organisé autour du lignage et du clan, qui sont des valeurs morales et aussi autour des valeurs socio-politiques dont les sages faisant office d'autorité. Le lignage joue un rôle essentiel dans les règles du mariage et de solidarité sociale. C'est à travers ce dernier que s'organise la vie politique, économique et religieuse. Ainsi, Laburthe Tolra (1981 : 25), définit le lignage comme « l'ensemble des descendants de l'homme ou de la femme fondatrice ». Le clan (ayons) et le lignage sont des critères de reconnaissance et d'identification des individus à l'intérieur d'une tribu. Le clan est un cadre de référence social par excellence dans cette société. Il désigne un groupe d'hommes revendiquant une parenté ou un ancêtre commun. Le lignage comme le clan repose sur « la parenté par consanguinité », disait Maurice Fouda Ongodo (2004 : 55) et chacun au sein de ce groupe en a la maîtrise de sa généalogie. C'est à l'intérieur du lignage que se trouve le système d'éducation. On apprend aux jeunes gens leur généalogie, les manières de faire et d'être. On leur enseigne sur les règles du mariage, sur le respect de la nature et du surnaturel. Au sein de cette société, les relations entre les individus sont d'ordre fraternelles. Les Fang sont patrilinéaires et la filiation se fait de père en fils. 2.2. L'organisation culturelle La société fang avait un patrimoine culturel très riche. Ce patrimoine embrassait un terrain très vaste et la pérennisation de cette culture se faisait oralement. Ainsi, on comptait les légendes, récits, rites ésotériques et exotérique, des instruments de musiques. Ce folklore a été détruit par le christianisme. Ces données coutumières étaient consenties par le groupe, car les biens en appartenaient à tout le groupe clanique ou lignager. Aujourd'hui, plusieurs ont disparu. On ne trouve plus que : « le Mvet, certains instruments comme le mbeign, ngom, nkul, andzan, bikparga. Comme danse, nous avons le medzan, mekom, mbatwa, ômias ; ozila, mengane, nlup et l'élone. Ils ont des jeux, le songo », Julien Nizele (2007). Ce peuple respecte beaucoup leurs moeurs. 2.3. L'organisation religieuse Les Fang ont été très rapidement convertis à la religion chrétienne. Mais bien avant cette conversion, ils avaient leurs cultes, parmi lesquels, « ngi, sô, mevung, biéri et melan », Jérôme Mba Bitome (2006). Ce sont ces sociétés qui assuraient la cohésion sociale du groupe. Les Fang croyaient que les ancêtres défunts jouaient un rôle d'intermédiaire entre Dieu et les hommes. Ces intermédiaires s'appelaient les « minkuk ». On les retrouve encore au sein de cette société. Mais, ils sont devenus des propriétés privées de certaines personnes, qui les utilisent pour des mauvaises pratiques. Ces derniers étaient invoqués lors des manifestations importantes. Ils croyaient et croient toujours à un Dieu unique et omniprésent qu'ils appellent Zame ye Mebeghe, terme que la religion chrétienne a conservé. Pour eux, Zame ye Mebeghe est celui qui soutient le globe terrestre, qui est le siège de la sagesse, le père tout puissant et le créateur des Hommes. De nos jours, la majorité de ces sociétés ont disparu. Cependant, la société fang reste très croyante. On y trouve le « Bwiti » et sa cosmologie présente le monde sous trois instances en nécessaire interaction : Le macrocosme (le monde de Dieu), le mésocosme (le monde des vivants) et enfin, le microcosme (le monde des ancêtres défunts) », affirmait Jérôme Mba Bitome (2006). 2.4. L'organisation économique Comme par le passé, l'économie agricole de la population riveraine aux Monts de Cristal est fondée essentiellement sur l'agriculture vivrière. C'est une agriculture pratiquée sur la base des techniques traditionnelles et donc soumise à un type de régime qui serait communautaire. En dehors de l'agriculture, ces populations font également la chasse. La chasse occupe une grande partie des hommes actifs et représente parfois l'activité principale de certains individus. Nous avons également la pêche. C'est une activité mixte, associant les hommes et les femmes. Nous ne saurions oublier de dire que ces Hommes sont des grands ramasseur-cueilleurs. Ils ramassent et cueillent des fruits et plantes diversifiés. Ils sont aussi des scieurs, des artisans, vanniers. « Ces activités sont pratiquées aux alentours des villages et en forêt et elles sont très saisonnières » avait dit Louis Mari Afan (2007). 2.5. L'organisation politique Dans cette société, le pouvoir est exercé par les sages parmi lesquels, un seul porte parole. Le village est une société sans pouvoir centralisé, sans spécialisation du pouvoir politique. Un chef doit être « éloquent, courageux, il doit avoir le don oratoire et généreux ». Ces caractéristiques sont très importantes pour prétendre au leadership. La société fang valorise l'homme qui est capable de réunir en lui toutes ces diverses qualités et d'influencer suffisamment les autres chefs pour les orienter vers les objectifs communs. On devient chef lorsque l'équité et l'efficacité de son pouvoir d'exécution sont reconnues dans la zone d'influence. Ici, le pouvoir est au service de ceux sur qui, il exerce. Il s'agit d'un pouvoir « altéro-centré », disait Mba Ndeng Ludovic (2006 : 97), où il y a recherche d'un échange équilibré. Le chef règle toutes sortes de conflits à caractère social. Ceci grâce aux pouvoirs mystiques que lui lèguent les ancêtres lors de l'initiation antérieure à son intronisation. Le chef est également le courroie de transmission du pouvoir central au niveau du village. Au sein de cette société, le corps de garde occupe une place de choix, c'est « le centre de décision et le fondement de conseil des anciens », d'après Georges Balandier (1982 : 137). C'est dans le corps de garde que l'autorité du chef s'exprime. 2.6. Gestion foncière La terre est repartie sur plusieurs espaces. Nous avons ainsi, un espace social, géographique, agricole, cultural et culturel. L'espace social comprend le village, les campements de pêche (mvan minyop), les campements de chasse (mvan nsom), de cueillette et les stations de cultures vivrières. L'espace géographique englobe les forêts, les rivières, les fleuves, les ruisseaux, les étangs, les lieux destinés à la pêche, chasse, artisanat, vannerie, agriculture et cueillette. L'espace agricole est composé de terres destinées à la culture. Il s'agit des forêts primaires et secondaires. L'espace cultural est constitué des terres cultivées et celles qui sont en activité. Il est question des nouvelles plantations (tsii) et des jachères (bikoroge). L'espace culturel couvre toutes les terres réservées aux cultes. Cependant, « la société fang ne dispose plus de sa variété de rites », disait Ondo Essono Emile (2007). Mais elle reconnaît toujours le caractère sacré de la forêt. Cet espace est réservé aux pratiques ayant de près ou de loin, quelques rapports avec les cultes. On note toutefois, les nécropoles, les cimetières, les rivières et tous les autres lieux frappés d'interdits ou devenus sacrés à la suite d'un événement insigne, à caractère supranaturel accompli par un ancêtre historique en vertu de la puissance obédientielle et au bénéfice à jamais de sa descendance. Au sein de cette société, la terre fait l'objet d'une propriété collective notamment pour les terres lignagères. Par rapport à cela, Martin Alihanga (1998 : 123) dira : « La terre appartient à une grande famille dont beaucoup de membres sont morts, quelques-uns sont vivants, et dont le plus grand nombre est encore à naître ». La collectivité peut être un village ou une famille. Les membres de ce groupe sont libres de l'exploiter. Tous les espaces sont partagés. Les terres à usage agricole appartiennent collectivement au lignage. Chaque famille ne jouissant que de droits d'unsufruit sur les cultures. Les eaux sont partagées entre les lignages. Le droit à un espace revient au premier occupant. Ces endroits se transmettent par héritage, de père en fils, d'une mère à sa fille ou à sa belle-fille et ils sont cessibles. C'est le chef du village qui contrôle l'usage des terres, des forêts et des eaux, grâce à des contacts réguliers avec les esprits surnaturels. La violation à ces principes obéit à des sanctions. Chapitre 4 : Les fondements socio-économiques de la société fang1. Conception de la forêtForêt « mère nourricière »Depuis des millénaires, la population rurale dépend de son milieu naturel, pour subvenir à ses besoins. Entretien 7 : ASSONG NDOUTOUME Micheline, 45ans, ethnie fang, village Misome, clan yéguin, lignage Ndong Evo'o, mariée, 2 enfants, agriculteur, département Como-Kango, sur la conception traditionnelle des forêts des Monts de Cristal. L'entretien a eu lieu le 4 avril 2006, dans son salon, à 9h45mn.
L'informatrice, dans son commentaire ressort l'aspect positif de leur forêt. En effet, la forêt occupe une place de choix au sein de cette communauté. Elle comble l'homme de ses besoins alimentaire, vestimentaire, pharmacologique, monétaire et dans le domaine de la construction. La forêt offre une grande variété d'aliments aux Hommes. Ces aliments sont extrêmement importants pour maintenir l'équilibre nutritionnel dans les régimes alimentaires traditionnels. Ils comprennent des feuilles, des gousses comestibles, des fruits, des racines, des noix, du miel, des champignons et du gibier. En dehors de l'alimentation, beaucoup parmi ces plantes comestibles servent de médicaments. L'homme puise dans les ressources de son environnement pour satisfaire le premier de ses besoins « se nourrir ». C'est la grande disponibilité des ressources naturelles qui va favoriser les activités de production essentiellement extrativistes. Notre accent est mis sur l'agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette, la coupe du bois, l'orpaillage et l'artisanat traditionnel. 1.1.1. L'agriculture L'agriculture itinérante sur brûlis est la principale attraction de la population riveraine aux Monts de Cristal. C'est une agriculture vivrière pratiquée sur la base des techniques traditionnelles et donc soumise à un type de régime collectif et quelque fois individuelle. Elle est soumise aux aléas de la nature parmi lesquels, précipitation, soleil, situation du relief, la nature des sols et de la couverture végétale. Pour la population, le site idéal est une terrasse plate, bien drainée et non inondable, couverte d'une forêt primaire et dépourvue néanmoins de gros arbres dont l'abattage représenterait un investissement important en travail. Ces facteurs sont déterminants dans le choix de l'essart et des cultigènes à planter. L'agriculture impose dans un premier temps, le choix du site. Ce choix obéit au delà des aspects purement naturels à des pratiques sociales. C'est un exercice féminin. Le choix se fait dans les terres du village et des familles. Entretien 8 : ENGOUANG MINKO Nicolas, 47 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Osan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé , sur la gestion des forêts traditionnelle des forêts. L'entretien a eu lieu dans son salon, à 14h40mn. Notre entretien s'est passé dans son salon, le 6 avril 2007, à 9h30mn. L'entretien n'était pas facile d'autant plus la maîtrise de la langue nous faisait défaut. Il nous a pris 45mn.
Ce récit nous donne une idée de la répartition des forêts dans la société riveraine aux Monts de Cristal. Les forêts sont gérées par familles, et cela de génération en génération. Au sein de la famille, la forêt est conçue comme un héritage et se transmet de père en fils et d'une femme à sa belle fille ou à sa fille. Cependant par rapport aux autres activités, la chasse n'est pas très contraignante. Les hommes font la chasse dans toutes les parties de forêts destinées à la chasse dans le lignage. Cette activité s'inscrit dans un finage. La fertilité du sol est une donnée fondamentale dans le choix de l'essart. Cette population fait ses plantations deux fois dans l'année. D'abord pendant la grande saison sèche (juin, juillet et août), et ensuite pendant la petite saison sèche (décembre, janvier et février). Elle les fait aux alentours du village, parce qu'elle craint les éléphants (Loxodonta africana cycliotis) et les buffles ((Syncerus caffer). Ces animaux font du tort aux plantations. La dimension d'un essart est condition de la capacité de la force de travail de la femme, de sa progéniture, des contraintes écologiques et des difficultés posées par ces animaux. Habituellement ce sont de petites plantations. Elles font environ 3000 à 5000 m2 de surface d'après l'IGAD (institut Gabonais d'Appui au Développement). Après le choix du site, les hommes vont défricher l'essart qui a été choisi pour la semence. Le défrichage est un travail difficile et à risque, d'autant plus qu'il demande beaucoup d'efforts physiques. C'est pendant le mois de juin qu'il se fait pour la plantation de la grande saison sèche (afup oyone), et en décembre pour la plantation de la petite saison sèche (afuf esep). Elle se fait au moyen d'une machette et consiste à couper tous les buissons, arbustes du sous-bois, et les débris de taillis étant laissés sur place. Deux semaines après, ces derniers vont abattre les arbres qu'ils n'ont pas pu couper, par rapport à leur diamètre et à leur hauteur. Habituellement, ce sont de gros arbres. Ils préfèrent les abattre lorsque le site à cultiver est aéré, cela les épargne des éventuels accidents. Cette étape se fait en juillet pour la plantation de la grande saison sèche et en janvier pour la plantation de la petite saison sèche. L'abattage est compliqué, de par la grosseur des arbres. Ils le font à la machette, hache et à la tronçonneuse. L'utilisation de la tronçonneuse consiste à économiser du temps, l'énergie et à alléger l'abattage. Ils abattent tous les arbres excepté les arbres fruitiers et ceux qui ont un intérêt pharmacologique et symbolique. Tableau 10 : Les essences épargnées lors de l'abattage
Source: Nos informateurs, mars 2007. Ce tableau n'est pas représentatif de toutes les essences protégées. Ces essences sont épargnées pour des raisons diverses. Ces raisons sont à la fois pharmacologique, nutritionnel et pour la construction. Du point de vue pharmacologique, elles ne sont pas utilisées dans le même traitement. D'autres, en dehors de ces aspects, revêt aussi un caractère symbolique, c'est le cas du palmier. Cette essence protège les femmes contre des éventuelles intempéries. Il est également utilisé dans des cérémonies. A la suite de l'abattage, vient le brûlage. Ce dernier se fait au mois d'août pour la première plantation et en février pour la petite plantation. Il se fait au fur et à mesure que l'herbe brûle. Il est contraignant pour les femmes. Les hommes le font s'ils le veulent. Elles se servent des allumettes (mesis) et du roseau (nke) pour faire ce travail. Pour chaque plantation, le nettoyage se fait un jour après le brûlage. Le principe consiste à regrouper les troncs d'arbres qui n'ont pas brûlé et les brûlés de nouveau. Pour ces derniers, le feu leur permet de gagner en temps. Après l'essartage, les femmes plantent. La semence se fait un jour après le nettoyage, généralement fin août pour la première plantation et fin février pour la deuxième plantation. Il se fait avec la machette (mpwara) et la houe (ebak). Ce sont des champs à diverses cultures. Tableau 11 : Les cultigènes plantées par les femmes dans leurs plantations
Source : Nos informateurs, avril 2007 Ce tableau présente les cultigènes que renferme la société fang, mais cette liste n'est pas exhaustive. Nous n'avons noté que celles qui sont consommées habituellement. A travers cet inventaire alimentaire, on se rend compte que ces Hommes n'ont pas perdu leurs anciennes habitudes. Malgré le contact des cultures, ils ont su conserver leur alimentation de base et continuent à assurer sa transmission. Elles sont utilisées à des fins différentes. Certaines servent de condiment, d'autres de complément, et le reste comme aliments de base. Après les semences, les femmes vont de temps en temps voir l'état des plantations. Elles vont sarcler de temps en temps dans leurs plantations. Cette activité est indispensable d'autant plus qu'il supprime les voraces compétiteurs des plantes cultivées et met ces dernières dans la propriété. Le sarclage se fait à la machette. Une fois ce travail fait, les femmes font la récolte. La collecte se fait en fonction de la maturité des plantes et cela à des périodes différentes. Ainsi, elles récoltent d'abord l'arachide, le mais, les légumes, etc. A la suite de ces aliments, on a les ignames, le manioc, le concombre, la banane plantain, la canne à sucre, etc. ces aliments sont consommés évidement par saison et sont associés à la viande et aux poissons. L'agriculture a un but alimentaire et lucratif. Entretien 9 : ESSENG ESSENG ESSONO Céline, 61 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, 6 enfants, département, Como-Kango, canton Mbé, sur le but de l'activité agricole. Notre enquête s'est passée le 5 avril 2006, à Misome dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 9h15mn. Notre entretien a duré 48 mn.
Il ressort dans ce récit que l'agriculture n'est pas uniquement destinée à l'alimentation. Les villageois vendent évidemment le surplus de leur production pour s'alimenter en produits de première nécessité tels que le lait, les allumettes, le sel, le sucre, le pétrole. Cet argent leur sert également dans l'achat des médicaments. Ce surplus se vend en bordure des routes ou sur commande. Les femmes ne se rendent pas en ville à cause du mauvais état de la route. Il arrive parfois que les commerçantes s'y rendent dans la région pour se procurer du manioc, de la banane, des mandarines et des pamplemousses. La commande varie de 5000 à 15 000fr par femme. Tableau 12 : Prix de quelques cultigènes sur le marché
Source : Nos informateurs, avril 2007. A travers ce tableau, on constate que les populations indépendamment de consommer leurs produits, ces dernières les vendent aussi, cependant à des prix différents. Ainsi, on s'aperçoit qu'il y a des produits qui coûtent plus chers que d'autres, c'est le cas du sac d'arachide. La différence s'explique par le fait que l'arachide est un aliment de base pour ces populations et il est difficile que les femmes en fassent une production suffisante. La production moyenne est de trois sacs par femmes. Certaines femmes sont obligées d'en acheter pour en avoir suffisamment, surtout pour les femmes qui ont un nombre élevé d'enfants. 1.1.2. La chasse L'activité cynégétique n'est pas en reste dans la société riveraine aux Monts de Cristal. Elle joue un rôle non négligeable dans cette société et est essentiellement masculine. Généralement, elle occupe les hommes valides et se fait en groupe ou individuellement. Les hommes chassent aux alentours du village et quelque fois en forêt, surtout lors des cérémonies, cela leur permet de faire une chasse quantitative. Ils chassent la nuit comme le jour. La chasse se pratique toute l'année, mais le moment propice est la saison des pluies, parce que les hommes estiment qu'en ce moment, les animaux circulent librement, le feuillage et le sol sont humides, par conséquent, les chasseurs font la chasse librement sans pourtant se faire entendre par les animaux. Cependant, en saison sèche, le moindre craquement des feuilles fait fuir les animaux. Pendant cette saison, ils chassent partout mais le meilleur endroit, c'est aux bords des cours d'eau. A cet endroit, ils ont la facilité de tuer les animaux qui viennent s'abreuver. Entretien 10 : NGUEMA Antoine, 65 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, lignage Mba Efak, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'organisation de la chasse. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 13h45mn. Notre entretien a duré 55 mn.
Ce récit fait état du type de chasse exercée par cette population. En effet, les hommes font la chasse au fusil. Ils posent également des pièges. Ces derniers chassent la nuit comme le jour. L'inconvénient ici est que ces hommes chassent sans avoir obtenu au préalable une autorisation administrative. Ce qui cause toutefois l'arrestation de ces derniers par le Ministère des Eaux et Forêts. Non seulement, ils ne disposent pas de permis de chasse mais ils pratiquent une chasse abusive des espèces animales. Ils font pour la plupart, une chasse clandestine. C'est cela qui entraîne généralement la saisie de leur gibier. L'administration en charge de la protection et de la conservation de l'environnement et des espèces animales doit y remédier. Ces hommes se servent de l' « arme passive » (piège) et de «l'arme active» (fusil) (Philippe Descola, 1989 : 283). Diagram me 1 : Répartition des chasseurs des villages enquêtés par techniques de chasse Source : CNPN, 2006 Ce digramme présente les pourcentages de chasseur par technique utilisée. En effet, le constat que nous pouvons faire est que, dans cette société, les hommes chassent à la fois au fusil et aux pièges. Il existe seulement peu qui font uniquement la chasse au fusil ou aux pièges. Cela s'explique par le fait que d'une part, il y a des animaux qui meurent à la fois aux fusils et aux pièges et des animaux qui meurent seulement au fusil ou qui se font prendre aux pièges d'autre part. Ce diagramme témoigne du manque d'habilité des hommes à un type de chasse spéciale. Pour combler ce déficit, les hommes sont obligés d'associer les deux techniques de chasse. Le fusil à cartouche est considéré comme plus rapide, fiable et productif. La chasse au fusil (miyeng misala) se fait en pleine forêt, à des dizaines de kilomètres, de longues et pénibles heures de marche. Elle se pratique sur des espaces qui sont communs à l'ensemble de la communauté. Comme matériel, nous avons, le fusil (nge'e) « calibre 12 et calibre 458 », panier (nkuen), couteau de chasse (nzok bam) ou machette (nkpware), les cartouches (mekong). Chaque objet a un rôle à jouer dans la chasse. Les pièges ne sont pas en reste. Leur pratique est toutefois non négligeable. Les hommes s'en servent pour exterminer les rongeurs qui commettent des déprédations dans les plantations. Comme matériel utilisé, nous avons le câble (ntchip), le peru (mèè), le panier (mpwè'è), la machette (nkpware) ou le couteau de chasse (nzok bam). Ils piègent dans les zones périphériques de l'habitat des animaux attirés par les cultures, notamment à l'endroit de leur sente habituel. L'animal meurt par strangulation. Dans cette société, les hommes chassent toute sorte d'animaux. Mais le produit diffère selon qu'il s'agit du piège ou du fusil. Tableau 13 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal
Source : Nos informateurs, mars 2007 Ce tableau ne représente pas tous les animaux qui sont chassés par les hommes de cette région. Les hommes font la chasse au gros et aux petits gibiers. La proportion de la chasse au gros gibier n'est pas très importante. Le plus souvent, les hommes abattent les éléphants avec l'accord du personnel du Ministère de l'Economie Forestière. L'éléphant est abattu lorsque ce dernier fait du tort aux populations. La richesse de cet animal (les poiles, l'ivoire) revient aux eaux et forêt, les villageois se départagent le gibier et quelque fois, ils vendent le surplus. L'abattage de l'éléphant n'est pas à la portée de tous. Par conséquent, il est abattu par des spécialistes. Cet animal est tué au fusil, à l'aide du calibre 458. Les animaux de la famille des Potamocherus porcus sont les plus prisés. A la suite de cette famille, nous avons la famille des Bovidae, la famille des Cercopithecidae. Les autres familles sont moins chassées à cause de leur rareté et du fait de la prise de conscience de la préservation de certaines espèces pour les générations futures par les hommes. Ces derniers respectent la loi. Tous ces animaux ne sont pas consommés, pour plusieurs raisons. Ces hommes entretiennent des liens étroits avec beaucoup d'animaux. Certaines espèces sont considérées comme leur « Totem »3(*) et bénéficient d'une protection absolue. Par conséquent, la prise d'un de ces animaux est suivie d'une libération et d'une vente. D'autres animaux ne sont pas consommés à cause de leur constitution. Ceux-ci sont surtout interdits aux femmes enceintes et aux jeunes filles. Seuls les hommes et les femmes âgées ont la possibilité de les manger. Ce type d'interdit est très ancien. Tableau 14 : Les animaux dont la consommation est interdite dans les villages enquêtés
Source : Nos informateurs, Avril, 2007 A partir de ce tableau, nous pouvons lire les rapports qui existent entre les Hommes et certains animaux. Ces animaux sont protégés, et d'autres sont formellement interdits aux femmes enceintes pour éviter d'éventuelles déformations de l'enfant à naître. Le mandrill est considéré comme « totem » pour le lignage « Ossan Mbot Zam » du village Avang. A l'inverse, le céphalophe du Gabon et le Pogonias sont considérés comme des animaux dangereux. Ils entraînent des malformations chez le nouveau-né ou les crises d'épilepsie. Ici, on peut constater que les populations sont soucieuses de leur santé. Le Potto de bosman est mangé par les seuls hommes. Cet animal est très sollicité par la population, à cause de sa symbolique. Il est surtout utilisé pour unir et renforcer les mariages. Son prix sur le marché n'est pas à la portée de toutes les bourses. Tableau 15 : les destinations symboliques de ces animaux
Source : Nos informateurs, avril, 2007 Les animaux chassés sont destinés à la subsistance. Mais de temps en temps, pour subvenir à certains besoins primaires tels que se soigner, acheter les produits de lavage, envoyer les enfants à l'école etc., les villageois sont parfois emmenés à vendre certaines de leurs prises. Cette vente se fait moins en utilisant des véhicules pour se déplacer qu'en exposant le surplus de leur prise en bordure de route, en espérant qu'un éventuel visiteur ou un passant pourra l'acheter. Photo 3: Exposition d'un hocheur destiné à la vente, en fang « avem », nom scientifique « cercopithecus nictitans » Source : CNPN, 2004 Sur cette photographie, nous voyons un animal mis à la vente. Nous apercevons au premier plan, un hocheur sur un fût. A l'arrière plan, on peut apercevoir les bois enfoncés dans le sol. Cette image renseigne sur la destiné du produit de chasse. En effet, comme nous l'avons signalé plus haut, le produit de chasse n'est pas seulement consommable mais aussi commercialisé. Ils se rendent le plus souvent vers les villes de Kango, Ntoum, et Libreville. C'est une activité très rentable. Le prix du gibier varie selon la grosseur et la saveur de l'espèce, voire le statut social de l'acheteur. Tableau 16 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal
Source: Nos informateurs, avril 2007 Ces animaux sont vendus en entier pour les petits gibiers et par gigot pour les gros gibiers. Ces prix sont acceptés sans trop de difficultés. La majorité de la population de Libreville et ses environs s'alimente de plus en plus en viande de brousse. Ce qui, toutefois, encourage « le braconnage », et par conséquent la disparition de certains animaux. Il est difficile de vendre le gros gibier en entier d'autant plus qu'il coûte cher. Les prix du gibier varie selon le lieu (ville ou village). Le prix du village est plus abordable, alors qu'en ville, le chasseur cherche à récupérer les dépenses qu'il a effectuées pendant le déplacement du gibier. 1.1.3. La pêche Les Fang font aussi la pêche. Leurs techniques de capture sont adaptées à un type spécifique de cours d'eau et à la population de poissons qu'il abrite. Pour ce faire, ils peuvent choisir parmi un arsenal très diversifié : pêche à la ligne (nyop), à la nasse « mesame » ( pour les femmes), « avwot » ( pour les hommes ) , à l'hameçon (binga). Ces techniques changent avec les saisons (en fonction des hautes et des basses eaux) et concernent des espèces variées (poissons et crustacé). La pêche est une activité mixte. Elle se fait individuellement (à la ligne) et collectivement (au filet, nivrée). Ces activités sont saisonnières. Elles suivent les variations de la pluviométrie. Contrairement à la chasse, l'agriculture, la pêche ne retient pas l'attention d'un grand nombre de personnes. Entretien 11 : NZE NDONG Christian, 26 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur les difficultés liées à la pêche. Notre enquête s'est passée le 12 avril 2006, dans son corps de garde. Il était 19h23mn. Notre entretien a duré 40 mn.
A travers ce récit, on peut dire que la pêche est moins pratiquée dans la région des Monts de Cristal. Ceci est dû au mauvais état des sites. Pour la plupart, ils sont inondés toute l'année. Ce qui amène les hommes à négliger cette activité au profit de la chasse par exemple etc. Ces inondations sont provoquées par les barrages de Tchimbélé-Kinguélé alors que l'humidité dure toute l'année. Patrice Christy dit à propos : « Dans l'extrême Nord du paysage, la différence entre la saison sèche et la saison de pluies sont confondues ou semblable » (2003 : 16). La pêche se pratique de façon moyenne toute l'année avec des périodes vastes pendant la grande saison sèche. Les camps de pêche sont rigoureusement attribués. Les hommes font la pêche aux alentours des rivières, surtout à proximité des villages. Comme matériel de pêche, nous avons la nasse (tân), la ligne (nyop), le filet (aya, avwat) qu'on accompagne avec la machette (nkpware), la torche (élame), panier (npwèn), verres de terre (nsong), le manioc cuit (mbo'o) mélangé à l'huile de palme (mbwan melen) et les crevettes (minwas). Ces hommes pêchent la nuit (alu) comme le jour (omos). Tableau 17 : les espèces halieutiques de la pêche
Source : Inspection des pêches et de l'aquaculture de l'Estuaire, juin 2007 (pour les noms scientifiques et les noms commerciales). Les noms en fang sont de nos enquêtes personnelles. Ce tableau présente les espèces halieutiques que les populations pêchent dans cette région. Ce travail a été fait lors de notre enquête de terrain. La liste n'est pas exhaustive. Ces ressources halieutiques sont prises dans les rivières des Monts de Cristal. Ces poissons sont pris aussi bien de nuit comme de jour par les femmes ou les hommes. La pêche à la nivrée (miok) est moins pratiquée à cause de l'inondation permanente des espaces de pêche. Les populations pêchent toute sorte de poissons. Mais tous ces poissons ne sont pas consommés, pour des raisons de santé. C'es le cas du poisson courant (megnein). Celui-ci est strictement interdit aux femmes enceintes. Il a un effet secondaire sur l'enfant prêt à venir au monde. Ce poisson est également utilisé dans les traitements de la stérilité féminine. Le poisson est avant tout un produit de consommation. Cependant, le surplus est vendu à des prix plus ou moins acceptables. Tableau 18 : Les prix des espèces halieutiques au kilogramme
Source : Nos informateurs, avril 2007 Les espèces halieutiques présentées dans ce tableau sont vendues à des prix différents et selon leur valeur et leur taille. Les poissons de grande taille ont leur prix. Ceux de grande valeur en ont les siens. Cependant, on observe une grande différence au niveau du prix du tilapia et des autres espèces. Le prix de ce poisson reflète sa qualité. Ce poisson est beaucoup sollicité sur le marché. 1.1.4. Le sciage de bois Le sciage du bois est une source d'énergie, une activité très importante. La forêt des Monts de Cristal offre une bonne base et de bonnes possibilités de développement pour une industrie du bois diversifiée. Elle recouvre un vaste champ de bois cotés sur les plans national et international, et qui intéressent les populations actives. Tableau 19 : Les essences de bois utilisés lors du sciage
Source : Nos informateurs, avril 2007 Cette liste n'est pas exhaustive. Ces arbres sont ceux qui sont généralement utilisés lors de l'exploitation forestière. Leur choix réside au niveau de leur valeur. Certains ont plus de valeur que d'autre. C'est le cas de l'Okoumé. Cet arbre est le plus utilisé non seulement parce qu'on le retrouve facilement dans les forêts Gabonaise, mais aussi parce qu'il est facilement transportable. Ce qui n'est pas le cas avec les autres essences qualifiées « bois durs ». Le sciage respecte les valeurs de la société fang, de ce fait, elle ne prend pas en compte tous les arbres. Il y a des arbres qui ne peuvent pas être scier à cause de leur symbolique, nombreux interviennent dans la thérapie des villageois. Tableau 20: Les arbres épargnés dans le sciage et leurs destinations symboliques
Source : Nos informateurs, avril 2007 Cette liste n'est pas complète, il existe d'autres arbres qui ont évidemment une efficacité symbolique. Les arbres qui figurent dans ce tableau interviennent dans la médecine traditionnelle et celle des villages environnant le Parc en particulier. Cela évite aux populations de se rendre régulièrement dans les centres hospitaliers les plus proches. L'efficacité symbolique de ces arbres émane des populations elles même, d'autant plus qu'elles leur accorde une importance et cela depuis de générations. Par ailleurs, il nous convient alors de dire que les populations riveraines au Parc ont non seulement un attachement alimentaire mais aussi symbolique avec leur forêt. Le sciage de bois consiste à abattre et à débiter les arbres en lattes et en chevrons destinés à la vente, à la construction des maisons. Il présente de nombreuses autres possibilités : la fabrication des tabourets, de chaises, de pilons et mortiers, des masques, statuettes, tam-tam et autres objets décoratifs. C'est une activité dont le rôle économique, voire social, est loin d'être négligeable. Tableau 21 : Prix des planches sur le marché de la région des Monts de Cristal
Source : Nos informateurs, avril 2007 Ce tableau confirme en effet que le sciage est une activité rentable. Apres l'activité, les scieurs vendent les planches, chevrons et lattes à leurs clients. La vente se fait sur place et par m3. Les scieurs font habituellement la vente en gros, la vente en détail revient à cet effet à leurs clients qui, vont revendre ce produit dans leurs quincailleries. Le prix du m3 de planches, chevrons, lattes varie selon qu'il s'agisse de l'okoumé ou du bois dur. Les dimensions des planches, chevrons, lattes vont de 2 à 6m de long. La vente en détail tient compte de ces dimensions. Le sciage est une activité masculine qui exige d'énormes efforts physiques. Il se fait en forêt. Il peut également se pratiquer dans les champs. Lors de la période du débroussage ou de l'abattage, les hommes épargnent les arbres dont le diamètre peut interresser les acheteurs. Ce diamètre oscille entre 60 à 80 cm. Le sciage est fait par des autochtones ou par des étrangers qui travaillent dans les sociétés SEEF (Société Equatoriale d'Exploitation Forestière), NGB (Négoce des Bois du Gabon), BSG (bois et scieries du Gabon), etc. Cette activité se fait avec ou sans autorisation de l'administration forestière. L'extraction clandestine du bois se fait sous couverture d'une autorisation du chef coutumier. C'est une activité à l'aval d'une filière importante d'où plusieurs familles de la région tirent des revenus. Entretien 12 : OBIANG ESSONO Edouard, 30 ans, ethnie fang , village Song, clan Oyèk, lignage, Envone Zome, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur l'heure du sciage. Notre enquête s'est passée le 3 avril 2006, dans sa salle à manger. Il était 15h10mn. Notre entretien a duré 57 mn.
Nous retenons de ce récit que le sciage de bois se fait en toute saisons. Il se fait toute l'année. C'est une activité masculine très pénible. Il renferme beaucoup de risques. Il se fait très tôt le matin parce que, à pareille heure, les hommes sont encore très valides. Comme outils, ils se servent de la tronçonneuse, de la scie, d'un ruban, d'un réglet, du pied à coulisse, du compas, du papier abrasif silex, des ciseaux à bois, des bédanes, des rabots, du bauchoir, de l'huile d'ébrasions et du vernis. Ici, les outils rustiques ont cédé la place aux outils modernes. Ces derniers permettent de quantifier et de qualifier la production tout en gagnant du temps. Chaque outil joue un rôle bien déterminé dans la coupe du bois. Les produits issus du sciage sont transportés par vagues successives au village où ils sont déposés au bord de la route, jusqu'à ce que le tout soit stocké et conduit en ville, où ils sont vendus. Cette opération a l'avantage d'être plus rapide et moins pénible. 1.1.5. La cueillette La cueillette bien qu'étant une activité secondaire, la société fang a découvert et utilise d'innombrables espèces de plantes aux feuilles comestibles. Les feuilles enrichissent le régime alimentaire, réduisant ainsi diverses carences. Elles jouent un rôle dans le bien-être des populations et fournissent à l'unité familiale un complément nutritionnel, un ensemble de plantes médicinales d'usage courant, et l'essentiel des matériaux nécessaires à l'habitat. Elles procurent également un appoint alimentaire non négligeable. C'est une activité mixte. Elle est exercée par les hommes, les femmes et les enfants. Les hommes ne sont pas très contraints dans cette activité. Ils sont surtout sollicités lorsqu'il faut grimper sur un arbre. Cette activité s'exerce pendant la saison sèche et la petite saison de pluies. Entretien 13 : MBANG NDONG Adélaïde, 70 ans, ethnie fang, village Andok-Foula, clan Opoé, lignage Avomo Mam , célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur la période de cueillette. Notre enquête s'est passée le 8 avril 2006, à sa terrasse. Il était 11h05mn. L'entretien a duré 55 mn.
Ce récit nous amène à dire que dans la région des Monts de Cristal, les produits de cueillette varient selon les saisons. Les fruits sont généralement consommés en petite saison sèche, les végétaux et le manguier sauvage, pendant la grande saison sèche. Cette rotation est respectée chaque année. Cependant certains arbres fruitiers ne produisent pas chaque année, c'est le cas du manguier sauvage. La cueillette se fait au village et en forêt. Les plantes sont misent en valeur dans les jardins des cases et dans les plantations. La cueillette se fait à la grimpée, au jet de pierres, par l'abattage des branches d'arbres et avec un crochet. Dans cette région, il existe une profusion de fruits et de plantes qui offrent d'énormes possibilités locales de développement commercial. Ces fruits sont très riches en vitamines. Ce sont des compléments aux autres aliments. Ces derniers sont utilisés dans maintes préparations et recettes. Ils sont très appréciés par la population et sont considérés comme des friandises agréables. Tableau 22 : Les produits de la cueillette
Source : Ministère des eaux et forêts pour les noms scientifiques, mai 2007 et nos informateurs pour les noms en fang avril 2007. Ce tableau présente certaines des espèces de plantes et les fruits consommés par la population fang. Cette dernière connaît certaines de ces plantes depuis des siècles et leurs connaissances sont transmises de génération en génération. Ces plantes et fruits ne sont pas la propriété d'un individu. On peut cependant les trouver plantées dans des vergers privés. On peut également les trouver dans des terres communautaires. Dans ce cas de figure, ils appartiennent à tout le monde. Il existe une multitude de champignons parmi lesquels vio'o akok (Lactarius sp), vio'o bab (Amanite loosu), vio'o étok (Auricularia auricula), vio'o mbone (Lycoperdon) , vio'o bisesa (Agaricus arwensis), vio'o nkom (favalus). Toutes ces espèces sont très appréciées par les populations et les utilisent dans des préparations différentes. Ces fruits et plantes alimentent quelque peu le circuit monétaire dans la mesure où, ils sont commercialisés. La vente se fait dans les villages et centres urbains les plus proches. Tableau 23 : Prix du produit de la cueillette sur le marché
Source : Ministère des eaux et forêts pour les noms scientifiques, mai 2007 et nos enquêtes personnelles pour les noms en fang, avril 2007. Ce tableau présente les prix du produit de la cueillette dans les villages et les centres commerciaux les plus proches de la région des Monts de Cristal. Ce produit n'est pas seulement destiné à l'alimentation, les hommes et les femmes vendent le surplus pour résoudre les problèmes d'ordre hygiénique, sanitaire etc. Ces prix sont appréciés de tous. 1.1.6 L'exploitation minière artisanale L'exploitation minière existe dans toutes les régions du Gabon. La population riveraine au Parc National des Monts de Cristal n'est pas restée à l'écart. Les orpailleurs sont pour la plupart des clandestins, étrangers ou des gabonais d'autres régions du pays, qui se sont installés dans la région pour pratiquer cette activité. Ces derniers sont encadrés et exploités par des patrons orpailleurs. L'orpaillage peut se définir comme l'exploitation artisanale des alluvions aurifères ou, la recherche de l'or dans les rivières. C'est une activité mixte. Elle intéresse à la fois les hommes et les femmes. Elle se fait en groupe et demande beaucoup d'efforts physiques. C'est une activité nocturne. Les orpailleurs préfèrent la nuit parce qu'ils craignent se faire arrêtés par les autorités. Généralement, ils n'ont pas de permis d'exploitation, pour la plupart. L'orpaillage est très complexe. Il ne suffit pas d'aller dans une rivière, creuser au hasard et orpailler. D'après nos informateurs, le principe consiste d'abord à prospecter les lieux. Cela est nécessaire, parce que l'or ne se trouve pas dans tous les coins d'une forêt. Ce gravier se trouve en concentration à quelques endroits seulement, qui dépendent du courant de la rivière au moment des crues. Habituellement, les prospections se font dans les petites anses et ils sont certains d'en trouver dans les endroits où les graviers contiennent des galets de minerais de fer. Lorsqu'ils trouvent le filon, ils sont convaincus de récolter une dizaine de paillettes en moyenne par batée. Cette étape demande plusieurs heures de travail. L'or se trouve aussi bien au fond du cours d'eau que sur les berges en hauteur. Les paillettes d'or ne se déplacent qu'en cas de fortes crues. Donc, elles se déposent souvent sur un niveau supérieur de l'eau en période normale (saison de pluies). Mais le moment propice relatif à cette activité, c'est la saison sèche. Entretien 14 : MBE ELLA Michel, 46 ans, ethnie fang, village Nkann, clan Efak, lignage Mbela, veuf, département haut-como, canton Mbé, sur les étapes de l'orpaillage. Notre enquête s'est passée le 13 avril 2007 à 17h, dans son corps de garde. Notre entretien a duré 45 mn. Malgré son état de santé, il a accepté de nous recevoir.
D'après ce récit, le travail de l'or est très pénible et incertain. Il demande une certaine force physique et beaucoup de patience, d'autant plus qu'on n'est jamais sûr de trouver l'or lors de la première tentative. Cependant, il est bénéfique lorsque le site est productif. Comme outils, ils se servent d'une batée, d'un seau, d'un « sluide »4(*) et d'une pelle. La pelle sert à écarter les cailloux. Le seau contient le sable lavé. La batée permet de séparer les paillettes d'or du sable. Elle sert aussi à analyser la teneur en or du gravier et à extraire l'or déconcentré obtenu à partir des moquettes posés sur une rampe de lavage ou dans une sablière. Les compétitions de lavage d'or ont lieu dans la dextérité du maniement de cette batée. Seul restent au fond les éléments lourds : le fer, la magnétique et les éventuelles paillettes d'or. Ce tri des paillettes se fait manuellement disaient nos informateurs. Tout ce matériel est fondamental à cette activité. Ils ont pour rôle de piéger seulement les paillettes, en laissant s'échapper le sable et le gravier chassés par l'énergie hydraulique. L'orpaillage vise un but commercial. Après cette étape, l'or est vendu clandestinement bien que cela soit interdit par le Ministère des Mines. Les marchants ambulants sillonnent les rivières et les villages pour acheter aux ramasseurs leur recette journalière. Ce produit est également vendu clandestinement auprès des bijoutiers des villes de Kango, Ntoum, et Libreville. Le prix du gramme est discutable sur place. Habituellement, le prix moyen est 5000 F, le gramme. En ville, les orpailleurs vont déposer la production au Ministère des Mines. Ce cas de figure concerne surtout les orpailleurs qui ont un permis minier et les sociétés d'exploitation minière, d'autant plus qu'ils font cette activité d'une manière légale. Il revient à ce Ministère de fixer le prix du gramme de l'or. Ce prix est évalué à 7000 francs cfa. En effet, la commercialisation de l'or permet aux orpailleurs de satisfaire leurs besoins et d'améliorer leurs conditions de vie. Sur le plan national, il favorise le développement de l'économie. 1.1.7. L'artisanat et la vannerie La vie de l'homme en zone rurale est étroitement liée à celle de la plante. Celle-ci lui procure : alimentation, habillement, parures, remèdes, armes, outils, mobiliers et ustensiles. De tous les végétaux, l'arbre représente la plante par excellence. Son bois est pour ainsi dire la matière première universelle des arts et métiers, des paysans. On comprend pourquoi dans l'artisanat et la vannerie (ololong), l'usage du bois occupe une place privilégiée. Pour les essenc es, ces derniers utilisent non seulement le bois de menuiserie, charpente, mais aussi des espèces négligées par les grandes exploitations. L'artisanat et la vannerie sont des activités masculines. Elles demandent beaucoup d'énergie. Elles se font au village, précisément au corps de garde, dans les cuisines et dans la cour. L'outillage de la sculpture est très simple : hache (ovone). La hache sert à grossir le bois. En dehors de cet instrument, ils se servent aussi de l'herminette, du grattoir, de la lame de fer. Pour le ponçage du bois, ils se servent des feuilles à râper, le couteau. Pour traiter le bois sculpté, ils utilisent le vernis. La matière première est tirée directement de la forêt. Les plantes utilisées sont presque toujours sauvages. - L'ébène (Diospyros spp) est l'un des matériaux privilégiés de la sculpture. Il englobe une gamme d'espèces répandues dont la caractéristique commune est que le bois est dur, avec un aubier blanc et le coeur brun foncé qui devient de plus en plus noir au fur et à mesure que l'arbre devient plus sec. - L'émien (Alstonia spp) est un arbre dont l'écorce et la sève donnent une espèce de quinine. Son bois, blanc et léger, est excellent pour la sculpture. Les autres espèces les plus employées sont pratiquement les mêmes que l'on retrouve dans la grande industrie du bois. Tous les bois de la forêt ne sont pas utilisés dans la sculpture. - Le bambou raphia dont les feuilles servent pour la toiture est également utilisé. - Le rotin n'est pas en reste. Il fournit le fil. Ce dernier donne une écorce aussi bien que faible. Les paysans l'appellent nlong, communément désigné sous le nom de liane. Le produit de la vannerie et de l'artisanat est très diversifié. Ils fournissent une grande partie du mobilier traditionnel. Tableau 24 : Les objets de l'artisanat et de la vannerie
Source : Nos informateurs, avril 2007 Ce tableau présente les objets issus de l'artisanat et de la vannerie. Cette liste n'est pas complète. Nous nous sommes limitée à ces derniers pour illustrer le savoir-faire des villageois. Ces derniers sont spécialistes dans l'activité artistique. Le produit de l'artisanat et de la vannerie est commercialisé. Les vanniers et les artisans exposent leurs produits en bordure des routes, dans leurs villages. Ceci, dans le but de résoudre leurs déficits, l'achat du pétrole, du savon, allumette, etc. Entretien 15 : NNANG Nfan Louis Mari , 56 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé, sur le but de la vannerie et de l'artisanat. Notre enquête s'est passée le 1 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans salon. Il était 9h00mn. Notre entretien a duré 43 mn.
Ce récit nous fait savoir que le vannier ou l'artisan produit plusieurs objets. Ces objets sont à la portée de toutes les bourses. Le fabricant ne cherche pas à trop gagner. Ce qui l'importe, c'est faire valoir ses capacités artistiques. 1-2 Forêt protectrice Au-delà de sa valeur nutritionnelle, la forêt des Monts de Cristal revêt aussi une valeur symbolique et religieuse. C'est une source importante de l'imaginaire. Elle est le milieu phénoménal ambiant où les populations locales puisent des signifiants et des signifiés, lisent des signes. Elle reflète une vision faite d'ordre, d'harmonie et de rythmes. D'après les autochtones, cette forêt est un endroit vénéré et réservé à l'expression de leur culture. Elle se situe toujours au centre de la vie culturelle et sociale. Entretien 16 : Ndong Mbang Mathurin, 59 ans, ethnie fang, village Mbé-Akélayong, clan Ntun, lignage Membe, marié, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt protectrice. Notre enquête s'est passée le 6 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa boutique. Il était 14h40mn. Notre entretien a duré 55 mn.
Ce récit ressort le caractère protecteur de la forêt. La forêt a toujour été une protection pour ces Hommes. Elle a toujours été une mère pour eux. Bien qu'ils soient dépossédés de leurs rites aujourd'hui, la forêt a été et reste un encadreur pour ces dernières. Les populations ont toujours su garder leurs relations avec la forêt et les ont transmises de génération en génération. De nombreux tabous et normes contribuent à son respect. C'est un lieu de sépulture de leurs ancêtres. Ces derniers ajoutent que : « leurs forêts abritent des esprits des ancêtres et les dieux protecteurs du village, à qui des cultes traditionnels sont régulièrement adressés ». la forêt est aussi le siège du tribunal coutumier, le lieu des rites initiatiques, des sociétés secrètes, d'intronisation et d'inhumation des chefs traditionnels. C'est le moyen de communication des villageois avec l'au-delà, c'est à dire les ancêtres, lesquels constituent le lien qui permet de rentrer en contact avec les éléments de la nature, donnant ainsi un sens à leur existence. C'est une base spirituelle. Cette population a développé des techniques qu'elle inculque aux enfants depuis l'âge de 6 ans. On lui apprend les noms des plantes et des arbres. Il saisit alors l'importance de la forêt. La prise de conscience de ce fait est renforcée à travers les rites initiatiques. La connaissance de la forêt implique l'apprentissage du courage, de l'endurance, de manière à ce que l'individu soit apte à éviter les pièges tendus par la nature au cours de ces pérégrinations dans les bois. Cet apprentissage se fait par l'administration villageoise. D'après Bouroubou Bourobou Henri-Paul : « Ce sont les milieux dont les mythes font appel aux génies de la nature ou encore, ce sont les sanctuaires des dieux et des ancêtres qui ont été établis par les populations. Leur accès demeurant le plus souvent interdit » (1998 : 185). Cette forêt n'est pas à la portée de tous. Ces milieux sont fermés. Ils appartiennent seulement à leur communauté. Ces écosystèmes sont des résidences d'agents spirituels. Ils servent à préserver des espèces individuelles des plantes et d'animaux. Ils sont également des rappels utiles et visibles aux populations de la précieuse valeur de la flore et de la faune locale. Ces écosystèmes sont également des synonymes de fontaines grâce aux sources d'eaux qui sont souvent présentées dans ces milieux. Habituellement, elle est gérée par un chef de clan qui dicte la conduite à tenir. Elle est gérée selon les règles régies par leur tradition. Le respect des interdits et des lois se fonde sur la crainte de la colère des dieux véhiculée à travers les mythes. D'après cette population, ce sont les dieux qui se chargent des punitions. Dans la forêt, il y a des arbres et des animaux sacrés. Il est tabou de les chasser d'autant plus que certains sont considérés comme totems. La personne qui venait en freindre à ces principes se livre à des sanctions. 1.3. L'impact des activités traditionnelles dans la forêt des Monts de Cristal Les sols et les forêts ont une mémoire. Ils se remettent difficilement des agressions que l'homme leur inflige. Une bonne prévention vise à éviter les dégâts dus à la déforestation et à l'érosion. A ce propos, le chef de la section Sol et Biologie générale de l'Office Fédéral de l'environnement des forêts et du paysage de Suisse (2002) cité dans Wikipédia, dira que : « Il faut des millénaires à la nature pour former un sol fertile, quelques temps peuvent suffire à le détruire ». Les sols, les forêts, les rivières ayant subi de graves atteintes mettent souvent des décennies à s'en remettre. Le labour en lui même n'est pas destructif, c'est la technique utilisée par les hommes qui est destructive. L'agriculture peut détruire les espèces pérennes, même si celles-ci disposent de racines profondes. Mais pour ce qui concerne l'agriculture traditionnelle, elle ne détruit pas d'autant plus qu'elle ne dessouche pas. Ce qui peut aggraver la situation, c'est lorsque que l'exploitation ne se limite pas à labourer pour répondre à des besoins en culture vivrière mais, intensifie la pratique des cultures en vue d'une rentabilité immédiate. Un autre aspect est que, compte tenu de la baisse du rendement, les hommes vont toujours rechercher des sols fertiles assurant un profit permanent, au détriment de l'équilibre environnemental. Aussi, la tendance des exploitants agricoles à laisser les terres à faible rendement expose celles-ci à « l'érosion »5(*) provoquée par les eaux de pluies et le vent, entraînant aussi une désertification accrue du milieu lorsque le temps de jachère n'est pas respecté. Le sciage de bois, l'artisanat et la vannerie sont très dangereux pour la forêt. Ces derniers détruisent le couvert forestier et réduisent ainsi, l'effet de serre. Photo 4: Un site en pleine exploitation forestière Cette image présente un site après exploitation forestière. Derrière, on aperçoit deux voitures, deux hommes qui sont en pleine discussion et des troncs d'arbres et plus près, nous avons un engin. Cette image prouve en effet que la forêt des Monts de Cristal n'est pas seulement exploitée pas les villageois mais aussi par les sociétés forestières (l'Etat). Les marqueurs écologiques sont très destructifs et on des retombées négatives sur l'espèce humaine, la flore et la faune. Les scieurs et les artisans détruisent les arbustes. Le gibier qui se faisait prendre facilement s'éloigne, devenant méfiant. On observe également la perturbation des rythmes des pratiques traditionnelles ayant un lien étroit avec la forêt primaire. La cueillette n'est pas destructive en elle-même, ce sont les techniques utilisées qui causent des dommages à la forêt. C'est le cas de la coupe des branches et du jet des pierres, du bois. Ces techniques consistent à détruire l'arbre, à faire tomber des fruits qui ne sont pas encore murs et à déposséder l'arbre de ses feuilles. Il existe plusieurs catégories de nuisances liées à l'activité aurifère en milieux forestiers, quant elles sont faites sans application de la réglementation. Les impacts de cette activité sont classés par leur importance sur le milieu naturel et sur les hommes. Premièrement, après l'activité, les criques et les fleuves sont saturés par les rejets de boue, ce qui entraîne la souffrance de la flore aquatique et son dépérissement. Les poissons ont les branchies colmatées, et un goût impropre à la consommation. En dehors de ça, la recherche aurifère consiste à creuser les surfaces sur plusieurs mètres en profondeur, et à laisser les sites sans réaménagement. Photo 5: Un site après l'exploitation minière A l'arrière plan de cette image, on aperçoit les arbustes, plus près, nous avons un sol nu, dépouillé de sa végétation. Cette image montre dans quel état reste la forêt après l'exploitation minière. L'exploitation minière est très destructive en ce sens qu'elle laisse la forêt à un stade dégradé. Pour sa régénération, il faut un temps considérable. La chasse constitue le mode de gestion raisonnée et durable par excellence, alors qu'elle permet non seulement la conservation du biotope, du gibier et de la faune en général, mais également l'exploitation de la ressource qu'est le gibier. Cependant le braconnage constitue une menace fondamentale pour la faune des Monts de Cristal. Les hommes font la chasse quantitative pour un but monétaire. Ce qui entraîne toutefois la disparition de certaines espèces, c'est le cas des « Athérures » par exemple. Photo 6 : Trois porcs-épics pris par braconnage Sur cette image, nous voyons trois porcs-épics dans une cache des « braconniers ». A droite, nous avons un sac de couleur blanche dans lequel les « braconniers » emballent leur butin. Cette photo est une preuve d'un braconnage important dans la région des Monts de Cristal. Le braconnage est une menace fondamentale dans ce massif forestier. Les hommes viennent des régions les plus proches pour faire la chasse irrationnelle. La pèche également n'est pas très destructive. Ceci s'explique par la diversité de ces techniques. Seule la technique à la nasse qui est destructive. Car, elle consiste à attraper plusieurs poissons de petite taille. Ce qui toutefois interrompt leur croissance et cela entraîne la destruction de l'écosystème marin. 2. Méthodes de conservation des ressources forestières2.1. « Forêt sacrée » Comme dans tout groupe organisé, la population riveraine aux Monts de Cristal a développé ses représentations. C'est à dire une manière d'interpréter et de penser la réalité. Cette manière d'interpréter l'environnement induit des comportements spécifiques. Par rapport à cela, Sabine Rabourdin dira que: « Nombre de populations autochtones vivent dans un milieu naturel relativement intact, ils ont mis en place des pratiques complexes pour réglementer l'occupation des sols et sont très attachés à leur terre. Ces derniers ont une manière de gérer la nature qui favorise sa préservation » (2005 : 23). Entretien 17 : AVOME OBIANG Marthe, 60 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, ligange Mba Zam, veuve, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt sacrée. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa cuisine. Il était 8h10mn. Notre entretien a duré 50 mn.
A travers ce récit, on constate effectivement que la société fang connaît bien le concept de forêt sacrée (afan éki)). Cette dernière existe depuis longtemps et est conservée par les interdits. Les villageois ne la fréquentent pas régulièrement, seulement lors des grandes cérémonies. La création des forêts sacrées se fait par la délimitation d'une portion de forêt naturelle. Ce sont les hommes principalement qui sont chargés des délimitations des forêts. Ils peuvent éventuellement être accompagnés des femmes. C'est un travail qui se fait avec des prospections au préalable. Le principe consiste à aller en forêt et choisir un site qui répond à certains critères parmi lesquels l'accès difficile, le calme, la présence d'odeurs naturelles, les températures moyennes, pourvoyeuse de feuilles, des arbres, des animaux et du poison. D'après Henri Paul Bourobou : « C'est un lieu où il ne fait pas chaud, il n'y a pas de vent, presque pas de lumière, où il fait nuit même le jour, où il n'y a pas de bruit de voiture, ou les cris d'oiseaux et d'insectes sont perceptibles, l'eau est fraîche, la diversité biologique est impressionnante » (2005 : 185). Pour être suffisamment claire, c'est un lieu calme où tout est géré au mieux. Dans cette société, les forêts sacrées ont pour but de protéger et conserver non seulement la vie des humains mais aussi la diversité biologique de ces forêts. Kialo Paulin dira à propos : « La forêt n'est pas leur ennemi, mais leur compagne. Si elle l'agresse, il s'agit d'une agression amicale. Leur vie en dépendent quotidiennement (...) ce qui explique tous les égards qu'elle portent à l'endroit des forêts » (1998 : 159). A travers la notion de « forêt sacrée », comme mode de préservation et de conservation, on se rend bien compte que les savoirs autochtones ont une maîtrise parfaite de leur environnement Sabine Rabourdin ajoute que « si l'on veut préserver son environnement, il est nécessaire de bien le connaître » (2005 : 60). La gestion des forêts sacrées se fait grâce à des législations. L'exploitation y est formellement interdite. A cet effet, Pither Medjo Mvé ( 1994 : 78 ) dira que : « la violation implique la notion de souillure chez le fautif et tout le groupe ». Elles sont gérées par un chef qui dicte la conduite à tenir. L'exploitation est assurée par les membres du clan. Ces derniers peuvent prélever un certain nombre de produit de cueillette entrant dans l'alimentation, la pharmacologie et la construction. Il existe éventuellement des zones tampons. Ces zones sont réservées exclusivement aux responsables du clan. On peut aussi signaler des zones ouvertes au clan. 2.2. La jachère Le terme « jachère » sous-entend anciennes forêts secondaires (ekorogo). C'est « une technique passive » de restauration du sol qui préfigure un éventuel retour à l'exploitation. Elle permet la reconstitution de la forêt ou du couvert forestier. Cette population distingue en général plusieurs types de jachère, à vocations différentes, selon le degré de régénération de la végétation. La durée de la jachère varie selon les ressources et du type de plantes cultivées. Ainsi, nous avons les jachères moyenne et longue. La durée moyenne d'une jachère oscille entre 5 et 15 ans. Entretien 18 : OBONE ELLOH Marie-France, 49 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, département Haut-Como, canton Mbé, sur la durée de la jachère. Notre enquête s'est passée le 10 avril 2006 à 10h30 mn. Cet entretien a eu lieu dans Son salon et a duré 58 mn.
Ce récit nous fait savoir que la société fang connaît bien le concept de jachère. Elle pratique la jachère après toute activité. Cela permet au site de se reconstituer. Elle ne revient sur les lieux qu'après une certaine période, cela dépend de l'importance du site. Cependant, pour ce qui est du site agricole, ce dernier est toujours fréquenté, même en période de jachère. La jachère consiste en une rotation des terres, des rivières, des forêts destinées à l'exploitation. Pendant que certains sont mis en exploitation, d'autres sont mis en repos. Ce repos n'est absolument pas définitif. Il est temporaire. D'après nos informateurs, lorsque le champ a fini d'être exploité, deux à trois ans après sa mise en culture, plusieurs scénarios sont possibles. Le premier consiste à laisser la forêt reprendre complètement des lieux. Après une période d'abandon de plus de cinq ans, la forêt secondaire pourra être remise en culture suivant la même que celle employée en forêt primaire. Ceci est valable pour le reste des activités. Il y a repos parce qu'un site n'est plus digne d'intérêt. Les arbres persistants, notamment ceux laissés en place lors du défrichement, demeurent la propriété du premier défricheur et de ses descendants. Ce dernier pourra toujours revendiquer le contrôle et exercer toute sortes d'activités sur ce sol. Ce droit est reconnu par la coutume. Par rapport à cela, Suzanne Jean dira : « la jachère n'est pas totalement abandonnée, le manioc, la banane produisent continuellement ce qui permet de venir prélever dans le champ au fur et à mesure, des besoins » (1975 : 50), cité par Alain Boussougou. Les populations vont également cueillir des plantes rudéales servant de légumes et de condiments. De plus, on y chasse activement. La jachère permet aux animaux de se multiplier à nouveau. Pour la pêche également. Elle permet aux ressources halieutique de se multipliés. A propos, Jean-Emile Mbot (1998 : 128) dira que : « La jachère est un mode de gestion parcimonieux ». Une bonne rotation est essentielle au maintien de la reconstitution des espaces agricole, de chasse, pêche, cueillette, et d'exploitation forestière. Elle consiste à nourrir les ressources naturelles et c'est en cela qu'elle favorise une meilleure conservation. Troisième partie :
Les modes modernes de vieChapitre 5 : L'histoire du WCS et du CNPN-Gabon1. Naissance du CNPN et du WCS-Gabon1.1. Le CNPN Le Conseil National des Parcs Nationaux (CNPN) basé à Libreville, précisément sur le boulevard du bord de mer, a été créé par l'ordonnance n°6 du 22 août 2002 portant modification de certaines dispositions de la loi n° 16/2001 du 31 décembre 2001 d'après le code forestier en République Gabonaise. Le CNPN est un conseil interministériel regroupant des représentants de la Présidence de la République, des services du Premier Ministre et de huit Ministères. Cet organe est sous la tutelle d'un secrétaire permanent. Il se charge de la gestion du réseau des aires protégées du Gabon. 1.2. La WCS La WCS est un organisme américain. Il est né à New-York en 1895. Cet organisme est présent dans soixante pays à travers le monde. En Afrique, elle est active depuis les années 1920, lorsque Williams Hornaday (premier président de la WCS) avait initié un projet pour la sauvegarde du Rhinocéros blanc en Afrique du Sud. En Afrique centrale, elle a travaillé pour la première fois en 1959 quand George Schallersz a débuté ses études pionnières sur les gorilles de montagne au Congo. Son programme s'est ensuite étendu vers d'autres pays tels : la République Centrafricaine, le Cameroun, le Gabon etc. Aujourd'hui, la Wildlife Conservation Society est active dans vingt pays d'Afrique. Au Gabon, la WCS a commencé à travailler en 1985 à l'occasion de la mise en oeuvre d'un recensement des éléphants à l'échelle nationale. En partenariat avec le CIRMF (Centre International de Recherche Médicales de Franceville) et l'IRET, ses activités initiales étaient focalisées sur la documentation et la compréhension de la biodiversité du Gabon. En 2001, elle signa une convention avec le gouvernement Gabonais pour la mise en oeuvre d'un programme d'appui à long terme aux efforts du pays dans le domaine de la gestion de son réseau des aires protégées et de l'exploitation durable de ses ressources naturelles que ces aires protégées recouvrent. 2. Les Activités du CNPN et de la WCS-Gabon 2.1. Les activités du CNPN-Gabon Comme la plupart des institutions mises en place dans le monde, le CNPN a pour mission principale de superviser la mise en oeuvre du Réseau de Parcs Nationaux : En assurant la cohésion des interventions des différentes administrations au sein des treize Parcs Nationaux, notamment : - La création et l'implantaion des Parcs Nationaux sur le plan géographique ; - Le contrôle de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes ; - Le contrôle des normes d'exploitation du tourisme dans les Parcs ; - - Le respect des normes nationales en matière d'aménagement du territoire ; - La planification des investissements ; - Les normes et protocoles de recherche ; - La fiscalité et la gestion des ressources ; - Les procédures d'entrée et de sortie du territoire ; - Le respect de l'intégrité territoriale ; - L'exploitation des ressources minières ; - La problématique des Parcs transfrontaliers ; - Veiller à la mise en place d'une politique standard dans l'ensemble du réseau des aires protégées, notamment en matière de formation, d'équipement, de sécurité, de recherche et de consommation. On constate à travers cet inventaire des travaux que le rôle du CNPN ne se limite pas seulement à la mise en place et à la surveillance des Parcs Nationaux, ce dernier a aussi d'autres tâches. Il veille sur l'exploitation rationnelle des zones protégées tout en contrôlant les entrées et les sorties qui s'effectuent dans le massif forestier des Monts de Cristal. Son rôle de financeur de stage aux jeunes étudiants et chercheurs n'en reste pas à l'écart. La réalisation de ces activités n'est possible qu'en association avec le Ministère en charge de l'Environnement et de la protection de la nature, le Ministère en charge du tourisme, le Ministère en charge de l'aménagement du territoire, le Ministère en charge du plan, le Ministère en charge de la recherche scientifique, le Ministère en charge des Finances, le Ministère de l'intérieur et le Ministère de la Défense Nationale. En dehors de ces missions principales au sein des Parcs Nationaux, le CNPN et en particulier le conservateur du Parc National exerce depuis la mise en place du Parc National des Monts de Cristal des activités parallèles. Ces activités se concentrent ou envisagent se concentrer principalement autour de quatre thèmes : - Susciter l'intérêt des communautés riveraines au Parc National des Monts de Cristal à la création du dit Parc. Cela s'est passé dans la plupart des villages tels : Andok-Foula, Mveng-Ayong, Mela, Akoga, Mbei-Akéléyong, Edoum, Nkinen, Nkome-Mbei, Efoulan, et à Medouneu centre. Ces sites se situent principalement sur le secteur Mbé du Parc National des Monts de Cristal. Le travail prenait en compte les enfants, les parents et les responsables de la base pédagogique de Medouneu. Le travail a porté d'abord sur les campagnes de sensibilisation des communautés (il fallait encourager les adultes à apprendre les pratiques culturelles aux jeunes, intensifier la sensibilisation dans tous les villages riverains au Parc) ; - Le développement d'un système de gestion et de protection du Parc. Cela a consisté à la délimitation du Parc, à des patrouilles de reconnaissances, à la collaboration avec la SOGADEMIN (Société Minière Lonmin), à la collaboration avec des exploitants forestiers et avec la SEEG (Société d'eau et d'énergie gabonaise) ; - La réalisation des études socio-économiques et biologiques dans et autour du Parc. Il s'agissait ici de réaliser des inventaires de la faune, de la flore et les pressions humaines sur cet écosystème (les différents animaux qu'on peut retrouver dans ce site et l'impact des populations sur ces derniers), réaliser une étude socio-économique dans les ménages villageois autour du Parc ( recueillir les informations sur les caractéristiques et la dynamique des populations, le statut nutritionnel de ces derniers, les principaux problèmes de santé qu'elles rencontrent, la gestion foncière des terres, les règles coutumières d'accès aux ressources, le système agricole et les activités de prélèvement en forêt, les associations villageoises ou des projets communautaires, le système de résolution des conflits et les cultures traditionnelles) ; Outre ces données, il y a également eu une étude sur la chasse dans le secteur Sam/Medouneu et Lalara/Ndjolé ( il s'agissait de voir l'intensité de la chasse commerciale ou semi-commerciale, les différents acteurs de la chasse commerciale et de la viande de brousse, la dynamique spatiale de la chasse le long de la route Sam-medouneu, l'utilisation des routes ou des rivières soumises à la chasse, les espèces et les quantités d'animaux chassés ou commercialisés, les principaux marchés de la viande de brousse et leur dynamique interne, les menaces qui pèsent sur les espèces charismatiques et les indications sur leur abondance, les opportunités pour les actions de conservation et de surveillance dans le secteur) ; - La collaboration transfrontalière entre les dirigeants du Parc National des Monts de Cristal et du Parc National Mont Alèn (Il a été question pour le Gabon et la Guinée-Equatoriale de trouver les aspects techniques et pratiques de gestion transfrontalière; d'où la mise au point d'une technique d'aménagement et de gestion participative. D'ores et avant, les préfets de Kango et de Cocobeach, de Medouneu et d'Akournam entretiennent de bons contacts, ces derniers ont initié un protocole d'entente entre autorités Guinéennes et Gabonaises pour des opérations de patrouille et de lutte anti-braconnage le long de la frontière. L'écotourisme n'existe pas encore dans le Parc National des Monts de Cristal. Ce pour plusieurs raisons : le Parc est encore en phase d'initiation, le Parc manque de financement adéquat à l'avancée des travaux. 2.2. Les activités de la WCS-Gabon Le champ d'action de la WCS dans le Parc National des Monts de Cristal recouvre une superficie de 5.000 kilomètre carrés. Cette partie se situe du côté de Cocobeach précisément à l'embouchure du Como suivant le cours d'eau jusqu'à Medouneu. A la différence du CNPN, la WCS se charge particulièrement de l'appui technique dans les projets de conservation. Ainsi, elle met l'accent principalement sur : - Les Recrutements ; - La formation et équipement d'un groupe de techniciens nécessaires pour contrôler un Parc National (gardes, aides des équipes de surveillance écologiques et socio-économiques, guides de touristes etc.), avec la tutelle d'un surveillant principal ; - Les études scientifiques comme base pour les actions de conservation ; - Le développement des méthodes de recensement et suivi de la faune et de la flore ; - La formation aux méthodes de terrain ; - L'appui aux ONG locales ; - L'amélioration et le soutien des populations riveraines au Parc des Monts de Cristal, à travers des projets de petite taille (les projets agricoles et des projets relatives à l'activité éducative, et la promotion de médias tels : les articles écrits dans les journaux, transmissions par radio, télévision documentaire). - L'application de la Recherche à la conservation surtout à travers des inventaires de terrain qui ont contribué à la conception du Réseau National des Parcs Nationaux pour la mise en oeuvre du réseau au niveau central et dans les Parcs de l' Ivindo, Loango, Lopé, Mayoumba, Monts Birougou, Monts de Cristal, Plateaux Batéké, et Waka. - Les opérations de campagne de sensibilisation contre la chasse illégale dans et autour du Parc ; - Le soutien des missions anti-pochantes avec des autorités du gouvernement (le Ministère des eaux et forêts et des Parcs Nationaux) ; - La collaboration avec les communautés locales pour les aider à contrôler leurs propres territoires traditionnels de chasse contre des incursions par des étrangers. - L'assistance technique, la planification, et la gestion de ce Parc et la délimitation ; - Les actions dans les programmes de santé de la faune ; - Enfin, elle s'occupe du Programme de gestion de Bushmeat (viande de brousse). Au regard de ces activités, la WCS intervient dans l'appui technique au sein du projet de conservation mise en place dans le Parc des Monts de Cristal. Cette dernière travaille plus sur le terrain. Ainsi, elle se charge de la formation des techniciens pour la surveillance du Parc. Elle est également un appui aux études scientifiques et aux ONG locale. C'est le cas de l'OIPDEF (Organisation Internationale pour la Protection de l'Environnement et des Forêts. Cette ONG verte envisage non seulement la planification et un développement de l'écotourisme dans le Parc mais aussi la création d'un réseau des sanctuaires de biodiversité comme compliment à ce Parc et également le développement des industries capables de soutenir la sylviculture et de la pêche dans la région. Ces activités peuvent se confirmer à travers le récit suivant : Entretien 19 : HAN Hoverman, 45 ans, ex-directeur du Projet Parc National Monts de Cristal-Gabon, sur les activités de la WCS-Gabon « Notre activité principale consiste en la mise en place du Parc National des Monts de Cristal. En dehors de cette activité, nous collaborons avec les différents acteurs qui interviennent dans ce site : les villageois, les exploitants forestiers, miniers, la SEEG, pour promouvoir l'utilisation durable de ce paysage. Nous menons aussi des actions de renforcement des capacités des employés et des institutions avec lesquelles nous travaillons. Nous facilitons les stages et les recherches aux étudiants et aux chercheurs nationaux et internationaux, collectons des fonds et recherchons des bailleurs et des partenaires nécessaires à la réalisation de nos projet ». A travers ce récit, on se rend bien compte que le domaine d'intervention de la WCS est très large. Elle ne se limite pas seulement à la mise en place du Parc des Monts de Cristal, elle organise également son travail de manière à ce que tout soit en ordre au sein de cet espace protége. Cependant le comble est qu'elle ne peut pas aboutir facilement à son objectif (le tourisme communautaire) d'autant plus que ne disposant pas de bailleurs ou des partenaires capables de financer les travaux afin d'avancer dans sa logique de conservation. Cette ONGe a déjà visité tous les villages riverains au Parc. C'est en cela qu'elle a pu identifié les problèmes relatifs à la faune et à la flore des Monts de Cristal et inventorié les mammifères, les arbres et les plantes de cette forêt. La WCS vise spécialement la préservation de la nature notamment, la conservation de la flore et la faune des Monts de Cristal. Cependant pour parvenir à cet objectif, elle aborde un certain nombre de questions relatives à la conservation de la nature tels la commercialisation, l'usage des ressources naturelles. Sa méthode se base sur l'information et est soutenue par des principes théoriques de la conservation. Le travail de la WCS n'est pas figé. Elle met l'accent à la fois sur la science et sur les programmes de préservation. Elle oriente ses recherches aussi bien sur les écosystèmes intacts que sur ceux qui ont été sérieusement altérés par l'utilisation humaine. Leurs analyses s'étendent à long et à court terme. Les programmes de la WCS sont basés sur le terrain. Certains observateurs de leurs programmes parlent de «l'organisation des bottes boueuses». Le terrain lui permet d'identifier les problèmes réels du monde de la préservation afin de connaître comment régénèrent les problèmes relatifs à la conservation. L'observation directe et le travail sur le terrain lui permettent de bâtir des systèmes de conservation qui abordent des situations réelles dans le monde et éclaire ses discussions d'ordre théorique et analytique. C'est un élément absolument essentiel pour son succès car il recouvre non seulement l'aspect biologique des animaux ou de la forêt dans laquelle elle travaille mais également le contexte socio-économique, c'est à dire la façon dont les gens expriment leurs positions et utilisent les ressources, ainsi que les différentes forces économiques pertinentes. Ces données varient sensiblement d'un lieu à un autre, et doivent être prises en compte pour faire des progrès dans la préservation. Cette approche part de la base vers le sommet et à plusieurs niveaux. La majeure partie de son travail est empirique, même s'il est basé sur la connaissance de la préservation, du développement et des théories écologiques et biologiques. Bien que prétendant son attention sur tous les sites d'une forêt, cette dernière se concentre surtout et habituellement sur les zones qui sont plus riches sur le plan biologique. Au sein de ces espaces, elle met son accent sur leur entretien et leur amélioration. Les stratégies et les activités de la WCS veulent améliorer la connaissance des systèmes biologiques, écologiques et/ou socio-économiques pertinents aux problèmes de la préservation, c'est à dire l'identification des lieux qui sont importants, les espèces qui sont en voie d'extinction, les menaces liées à la nature ou aux zones sauvages, les effets des systèmes d'utilisation de ressources, ou les positions et les valeurs des populations. A travers cela, elle peut avoir des informations qui mettront en place des stratégies de conservation efficace. Chapitre 6 : La politique de conservation des écosystèmes forestiers des Monts de Cristal Conception de la forêt« Objet de relations internationales » et Usine de Production « d'argent »Les forêts sont devenues un enjeu écologique majeur pour la société internationale, au même titre que la couche d'ozone ou le réchauffement climatique. A ce titre, elles sont présentes dans l'ordre du jour des grandes conférences environnementales et mondiales telles que Rio (1992) ; Kyoto (1997) et Johannesburg (2002). Ces évènements ont influencé radicalement la perception et les pratiques forestières au nord comme au sud, au point d'entraîner des modifications sensibles dans les législations nationales. La forêt est rentrée à part entière dans le débat international, alors qu'elle ne concernait jusqu'alors que le département forestier de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). C'est ce dernier qui se bornait à centraliser et à rediffuser l'information mondiale sur le sujet. Dès le début des années 1990, l'ONU (Organisation des Nations Unies) s'est dotée de commissions spécialisées telles que IPF (Groupe Inter-gouvernemental sur les forêts, 1997) ; IFF (Forum Inter-gouvernemental sur les forêts, 1997-2000) ; et l'UNFF (Forum des Nations Unies sur les forêts, 2000). Ceci s'est réalisé à la suite de la conférence des Nations Unies qui s'était tenue à Rio, sur l'Environnement et le Développement durable. Des organisations spécialisées telles que la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement), l'ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel), et la Banque Mondiale (BM) ont désormais des commissions forestières. L'Union Européenne ( UE) n'a pas échappé à cet engouement et le Parlement Européen a publié au milieu de la décennie une étude exhaustive, l'Europe et la forêt. Elle a également élaboré une politique d'aide à la défense contre les incendies de forêts et un dispositif de surveillance sur la santé des forêts. Les ONG de protection de la nature associée en permanence à l'action des organes Onusiens, ont favorisé à la fin des années 1980, l'émergence de la notion de « Développement durable ». Ce concept a pris de la consistance en puisant une grande partie de ses définitions dans les grandes conventions environnementales signées à la suite du Sommet de la terre de 1992 et en faisant appel à des méthodes de régulation extérieure au droit international, comme la certification. Indépendamment de la triple fonctionnalité des forêts, c'est sa fonction écologique qui va les transformer en objet d'intérêt mondial. La forêt est donc devenue l'objet « incident » de la plupart des accords ayant trait à l'Environnement. Cependant, l'ordre en vigueur reste celui de l'économie internationale du bois et des rivalités inter-Etatiques ou inter-régionales. L'unanimité règne aujourd'hui autour de la gestion durable forestière. Nous le constatons à travers le récit suivant : Entretien 20: LEE White, 38 ans, Directeur de la WCS-Gabon, sur forêt objet de relations internationales. Notre entretien a eu lieu à son bureau, précisément le 7juin, 2007 à 10h 30. L'entretien s'est passé dans la simplicité mais avant, nous avons d'abord pris un rendez-vous. « les Parcs Nationaux du Gabon visent la protection des richesses pour le bénéfique des générations futures, la contribution du Gabon à la préservation du patrimoine mondial, le développement d'une économie communautaire, la réduction de la pauvreté en milieu rural et le développement des produits écotouristiques ». En lisant ce récit, on comprend que les Parcs Nationaux mis en place ont à la fois un souci national et international. En effet, le Gabon a effectivement compris la nécessité de protéger ces écosystèmes. Par rapport à cette préoccupation le Gabon comme tout le reste du monde n'échappe pas aux conférences internationales en rapport avec la protection des forêts, la forêt le lie des autres pays du monde. Outre objet de relations internationales, la forêt est aussi une source de production d'« argent ». C'est dans cette vision des choses que s'inscrit la forêt des Monts de Cristal. Les matières qu'elle renferme sont très déterminantes dans l'économie nationale et internationale. Cependant la principale production de la forêt est le bois. Cette matière première est depuis longtemps un objet de relations internationale à part entière. Le bois d'oeuvre à lui seul participe à une grande hauteur aux échanges mondiaux de marchandises et la part des produits manufacturés ne cesse de croître. Contribuant largement aux flux des transports maritimes internationaux, le bois et ses dérivés nourrissent aussi de manière substantielle l'activité des principaux ports à bois de la planète. C'est le cas du Gabon. En effet, le marché du bois est très fructueux dans le pays. Cela peut s'observer à travers ce tableau. Tableau 25: Prix de quelques essences de bois sur le marché National
Source : SNBG (Société National des Bois du Gabon), 2007 En se référent à ce tableau, on comprend finalement que le secteur bois du Gabon est non seulement très riche mais aussi très développé. Le Gabon est doté des essences de qualité qui sont vendues au niveau national et international. Le prix de ces essences est très apprécié de tous. Cependant, ces prix diffèrent selon les essences et selon qu'il s'agisse du premier, deuxième troisième, quatrième, cinquième et sixième choix. Les bois de premier choix sont vendus en LM (Loyal Marchande), les bois de deuxième choix en QS (Qualité seconde), troisième choix en CI (Choix Industriel), quatrième choix en CE (Choix Economique), cinquième choix en CS (Choix Spécial) et sixième en IR (Bois Irrecevable). Les prix des essences de premier choix ne sont pas discutables. Tandis que ceux du deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième choix le sont. C'est la SNBG (Société Nationale des Bois du Gabon) et autres sociétés privées (Rougier, Leroy, GEG (Gabon Export Bois), Forex (Foreign Exchange) qui se chargent de cette vente. Autour de la transformation du bois, plusieurs secteurs industriels se sont développés, l'un regroupant une multitude d'entreprises de taille variable (sciage, meuble, panneaux, palette), l'autre concerne des multinationales de niveau mondial, c'est celui du papier, pour ne citer que ces deux secteurs. Ceci transforme les forêts en véritable enjeu économique de premier plan, en tant que réservoir de bois puisque la disponibilité massive de bois au niveau mondial est la condition essentielle du fonctionnement d'outil de transformation de plus en plus concentré et productif. Si les forêts au sens large sont devenues un objet écologique à géométrie variable, les arbres dont elles sont faites, obéissent à des intérêts économiques à la fois identifiables et puissants. La forêt n'a de rapports à l'international qu'à travers le bois et les autres ressources transportables et mobilières tirées de la forêt tels l'Or, le Diamant, etc. Par rapport à cela, Dominique d'Antin de Vaillac dira : « la forêt est un milieu de vie, elle rentre également dans l'économie du marché et représente une source de revenu pour l'homme » (2002 : 30). Le bois compte pour une part importante du PIB (Produit Intérieur Brut) d'une dizaine de pays tropicaux ou nordiques. C'est le cas du Gabon. 1.2 Puits naturel de « Carbone »Un puits de carbone ou puits CO2 est un réservoir, naturel, ou artificiel de carbone dont la taille augmente constamment. On peut également le définir comme un réservoir de carbone qui, pendant un temps donné, absorbe globalement plus de carbone qu'il n'en rejette. Ce dernier vise le piégeage du CO2 et non son émission. Le concept s'est diffusé avec le Protocole de Kyôto (1997). Ce protocole a été institué dans le but de réduire les concentrations élevées et croissantes de CO2 atmosphérique et ainsi lutter contre le réchauffement climatique ou l'effet de serre. A la suite de ce dernier, diverses voies ont été explorées pour améliorer et développer les techniques de capture et stockage du carbone. Parmi ces techniques, nous avons la séquestration (ou piégeage, emprisonnement du carbone). La séquestration du carbone désigne les processus extrayant le carbone ou le CO2 de la biosphère et le stockant dans un puits de carbone. La photosynthèse est le principal mécanisme de séquestration du carbone. En théorie, elle consomme du dioxyde de carbone et produit du dioxygène et de la matière organique. Grâce à elle, les plantes, Les bactéries photosynthétiques, et la chaîne alimentaire ainsi que la nécromasse carbone utilisent l'énergie solaire pour capturer le gaz carbonique et le stocker sous forme d'hydrates de carbone, tout en assurant leur croissance. C'est par rapport à cela qu'on les considère comme des puits de carbone pour la partie « piégée » du carbone. La photosynthèse, est une réaction biochimique qui transforme schématiquement le carbone minéral (CO2) en carbone organique, grâce à l'énergie lumineuse. Les forêts sont des principaux réservoirs naturels de dioxyde de carbone qui deviennent émettrices de carbone. Pour la pérennisation de ce rôle, elles se doivent de bien grandir afin que leurs sols s'enrichissent davantage et durablement en carbone. C'est dans cette logique que l'Etat et les ONG vertes interviennent. Ces derniers à travers les projets de conservation mis sur pieds, luttent contre la déforestation sur le plan national et lutte contre le réchauffement climatique à la nationale et à l'internationalisation. Par ailleurs, Eric Loffeir dira : « les forêts ont un rôle naturel mais limité » (2002 : 5). Les écosystèmes forestiers fonctionnent comme une pompe à carbone en plus de leur fonction de réservoir de carbone. La forêt prélève du carbone dans l'atmosphère et le stock dans sa biomasse. Les arbres, le sol et une partie de la nécromasse végétale, animale, fongique et microbienne des forêts tempérées constituent le principal puits de carbone naturel planétaire, essentiel au cycle du carbone. Ils accumulent d'énormes quantités de carbone dans leur bois et dans l'écosystème via la photosynthèse. Leur rôle essentiel, à l'inverse d'un poumon, ils captent le carbone (C) contenu dans le gaz carbonique (CO2) pour libérer l'oxygène (O2), indispensable à la vie sur terre. Par ailleurs, ils modèrent les vents, amortient les pluies, filtrent les rayons du soleil, influencent le climat et contribuent à lutter contre l'effet de serre. Ces écosystèmes constituent donc une source d'énergie renouvelable et relativement propre. C'est dans cette logique que s'inscrit la forêt de nuage des Monts de Cristal. Avec ces innombrables arbres et plantes, elle joue le véritable rôle de puits de carbone. Par rapport à ce rôle de puits de carbone, le Gabon a organisé des séminaires et des conférences, on note le séminaire qui s'était tenu du 15 au 16 janvier 2007, sur l'écotourisme dans les Parcs Nationaux et les espaces protégés d'Afrique. Lors de ces conférences, il était question de débattre des problèmes relatifs à l'environnement. Il s'agissait de montrer l'importance de la forêt non seulement à la national mais aussi à l'international. Les chefs d'Etat de la République Gabonaise, recommandait une gestion ordonnée et durable des forêts. Il fallait faire comprendre au public que le mauvais usage des forêt n'a pour conséquence que l'augmentation de l'effet de serre et que ce dernier a des inconvénients dramatiques sur l'espèce humaine. A propos, Pierre Pèche et Yvette Veyret diront que : « l'homme, en détruisant la nature, il se détruit lui-même » (1997 : 225). 2 - Méthodes de conservation des forêts2.1. Etablissement des législations et sensibilisation de la population riveraine au Parc National Dans toute la zone de l'accord, il existe une grande variété de législations nationales relatives à la conservation des espèces animales et végétales importantes en voie de disparition, menacées ou présentant une autre valeur. La législation est un instrument grâce auquel le gouvernement peut être plus efficacement habilité et mandaté pour atteindre ses objectifs dans les projets de conservation. Cette dernière tient compte de : - la faune ; - des zones protégées ; - des zones humides; - des forêts ; - de l'étude d'impact sur l'environnement ; - de l'accord des autorisations ; - du commerce ; - des taxes ; - de l'infrastructure ; - de l'accord des compétences aux agences et fonctionnaires gouvernementaux ; - des autorités centrales et de la constitution ; - des informations techniques relatives aux espèces et à leurs habitats ; - des facteurs socio-culturels particuliers dans lesquels, les espèces et leurs usages jouent un rôle. Les lois et règlements servent de base à la détermination des règles de conservation. Ils spécifient aussi bien la durée et le support de la conservation. Quel que soit le moyen ou la durée, la conservation doit être conforme aux principes de régularité. Au niveau national, le gouvernement a mis en place un inventaire d'articles, de décrets, textes, lois relatifs à la conservation de l'Environnement, et particulièrement du Parc National des Monts de Cristal. Ces législations sont primordiales à la conservation de cette forêt y compris des richesses qu'elle incarne. Ainsi, nous avons comme législation : - le Code de l'Environnement n° 281 du 15 Septembre 1993 ; - le Code Forestier n°452 du 16 Mars 2002 ; - le Code des Pêches et de l'Aquaculture n°514 du 11 Février 2006 ; - la Politique des Parcs Nationaux n° 463 du Décembre 2002 ; - l'ordonnance n°16/2002 d' août 2002 (Création des Parcs Nationaux au Gabon) - le Décret n° 1206/PR/MEPE du 30 Août 1993 (Définition des zones d'exploitation forestière) ; - Décret n° 611/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 (Portant classement du Parc National des Monts de Cristal) ; - Article 9 du code de l'environnement (Définissant les Ressources Naturelles) ; - Articles n° 27, 28, 29 du code de l'environnement (Définissant les aires protégées) ; - Article n°17 du Code Forestier (Définissant la gestion durable des ressources forestières) ; - Article n°102 du Code Forestier (Condition d'attribution des permis forestiers) ; - Articles n°208, 209, 210, 211, 212, 213, 214, 215, 216, 217,218, 219 du Code Forestier (Dispositifs à l'exploitation de la faune sauvage) ; - Articles n° 233, 234, 235,236, 237, 238, 239,240 du Code Forestier (De la commercialisation des produits forestiers) ; - Articles n°252, 253, 254, 255 du Code Forestier (Des droits d'usages coutumiers dans l'utilisation des forêts et des Ecosystèmes forestiers) ; pour ne citer que ceux-là. Ces législations aident le CNPN et la WCS dans l'exercice de la conservation et de la régularisation du Parc National des Monts de Cristal. Elles tiennent compte des écosystèmes, et d'autres acteurs sociaux, tels les populations riveraines au Parc et les exploitants ou sociétés forestières. Ces dernières les normes et les contraint à l'utilisation rationnelle et durable des écosystèmes de cet espace vert. Elles favorisent la sauvegarde des écosystèmes forestiers des Monts de Cristal. Par rapport à cela, Maurice Kamto dira : « toute volonté de protection de l'environnement doit nécessairement s'appuyer sur les normes juridiques » (1996 : 215). La constitution a un rôle préventif, et curatif sur l'environnement. L'environnement et la science juridique sont liés sur le plan de la conservation. Le non respect à ces réglementations obéit à des sanctions. A la suite des législations, le CNPN et la WCS ont et continuent à organiser les campagnes de sensibilisation sur le phénomène de conservation des écosystèmes du Parc National des Monts de Cristal. La sensibilisation consiste à informer et rendre quelqu'un sensible sur un fait. Les actions de sensibilisation des populations cibles ont été réalisées par le CNPN et la WCS, grâce aux sorties régulières sur le terrain. A travers les sensibilisations, les populations ont été informées du fait que des règlements existent au Gabon et interdisent la capture et la commercialisation clandestine des écosystèmes forestiers. Photo 7: Une campagne de sensibilisation dans un village riverain au Parc National des Monts de Cristal. Source : CNPN, 2005 Cette photographie présente une campagne de sensibilisation dans un village riverain au Parc, il s'agit de Mala. Ce village est situé dans le secteur Mbé du Parc, sur la route de Kougouleu. A l'arrière plan de l'image, nous avons les responsables locaux et les gestionnaires du Parc, ils sont au nombre de 5. A gauche et à droite, quelques habitants du village, soit 9. Au centre, nous pouvons apercevoir un instrument de mesure de taille, à côté, une pesée et plus près, un tas de bois. Cette image montre en effet comment se sont passées les campagnes de sensibilisation lors de la mise en place du Parc. On constate que ces dernières ne se sont pas faites dans un grand engouement. Les habitants présents ne font même pas la moitié de la population de Mela. Les populations ont été très impliquées dans le projet. Il revient alors aux gestionnaires de renforcer leurs campagnes de sensibilisation. La stratégie adoptée pour arriver à ce résultat a été de s'appuyer sur la radio communautaire et d'organiser des animations populaires, des conférences publiques destinées aux différents groupes cibles. La radio communautaire a réalisé un travail de communication et d'information très important. Les émissions hebdomadaires en langues fang et française comprises par la majorité des habitants de la région de Medouneu, Kango et Cocobeach, étaient animées par les interventions des professionnels et par des interviews sur les sites. Leur travail consistait également à la projection des films. Pendant les campagnes de sensibilisation, les gestionnaires du Parc encourageaient la population sur les pratiques culturelles, tels l'art, l'artisanat, les danses, la médecine. En dehors de cela, ils organisaient également des conférences et des séminaires de formation à l'intention des agents des administrations telles Mairie, l'Assemblé départementale, la Préfecture et la Base pédagogique, le but étant le renforcement des capacités en matière de l'Environnement. Pendant les sensibilisations, ils distribuaient aussi les affiches et les brochures en ville et dans les villages. Ce travail a permis la sensibilisation de l'ensemble des acteurs sur la conservation, l'écosystème forestier et sur les bienfaits d'un Parc. Pendant les sensibilisations, les thèmes abordés ont été : - l'intérêt de préserver les écosystèmes forestiers ; - l'Environnement ; - les êtres vivants ; - introduction aux plantes ; - introduction aux animaux (animaux domestique et sauvage, les invertébrés et les vertébrés) ; - l'interdépendance dans la nature (les régimes alimentaires des animaux, la chaîne alimentaire et la toile de la vie) ; - la pollution de l'eau, de l'air et du sol, le braconnage et le déboisement ; - les animaux protégés ; - l'utilité des plantes ; - le Parc National ; - l'Environnement scolaire. Ces thèmes ont été développés par la radio local, au niveau des collèges et des écoles primaires. L'éducation environnementale vise à aider les enfants à développer une sensibilisation critique envers la détérioration du patrimoine culturel, et une connaissance basique de la conservation. Les cours sur l'éducation environnemental avaient une appréciation. Les organisateurs jugeaient le niveau de chaque élève et les meilleurs bénéficiaient d'une récompense. Malgré la disponibilité des ressources humaines, l'existence de structures de formation et de la recherche, la présence de certains projets d'éducation environnementale et de moyens de communication de masse (radio, télévision, etc.), les actions du Gabon sur le plan de la politique intégrée d'information, de sensibilisation, de formation et de recherche sur la conservation, l'utilisation durable et le partage équitable de la diversité biologique, sont encore timides. Cela se traduit par une insuffisance des connaissances de cadres formels spécialisés et d'infrastructures en matière de diversité biologique. A cela s'ajoute la dispersion des informations sur la diversité biologique au niveau des différents services techniques. Par ailleurs, les programmes de formation actuels mettent peu l'accent sur les divers aspects liés à la conservation et à l'utilisation durable de la diversité biologique. La mauvaise gestion des ressources biologiques constatée résulte de toutes ces contraintes, mais aussi de l'insuffisance de la formation et de l'encadrement des utilisateurs. Il convient alors à l'Etat Gabonais de renforcer : - sa politique nationale d'information, de sensibilisation, de formation et de recherche, en matière de diversité biologique ; - son système de collecte, de traitement et de diffusion de l'information sur la diversité biologique, - sa coopération scientifique et technique régionale et internationale, dans le domaine de la conservation et de l'utilisation durable de la diversité biologique ; - son système de recherche-développement en matière de diversité biologique. 2.2 Exclusion des « autochtones » et la Mise « sous cloche » Les Fang sont largement reconnus comme étant les « premiers habitants de la région où se trouve le Parc National des Monts de Cristal, dans le nord-ouest du Gabon » disait Georges Balandier dans : (1962 : 84, 87, 88). Ils vivaient à l'intérieur de la zone couverte par le Parc. Ces deniers vivaient et subvenaient à leurs besoins principalement grâce à l'agriculture, la chasse, l'artisanat, la pêche et la cueillette. Aujourd'hui, ces activités sont devenues illégales. Les Fang savaient protéger la forêt, les animaux et autres ressources forestières. Ils avaient leurs vergers, cimetières, campements, autrement appelés « élik» etc. Ils avaient une vie agréable et digne. Avec la création du Parc, en 2002, ils ont été expulsés et dépouillés de certains sites de la région montagneuse. Actuellement, ils sont privés de leurs forêts, auxquelles toutes leurs activités sont liées. Ces derniers ont perdu des spécimens chers tels les crânes de certains chefs de village et autres parents. Situation qui n'arrange pas ce peuple, d'autant plus que ces monuments représentaient des symboles du pouvoir. Les Fang n'ont plus la possibilité d'utiliser leurs ressources. Ils sont privés d'accès à leurs campements. Ils disent « avoir été dépouillés de leurs biens ». Entretien 21 : OYANE NDOUTOUME Germaine, 52 ans, mariée, mère de 8 enfants, ethnie fang, village Akoga, clan Esokè, lignage Mba Zam département Haut-Como, canton Mbé, sur les inconvénients du Parc. Cet entretien s'est passé le 27 mars 2007, dans son village, particulièrement à sa véranda. Il était 10H30mn. Nous avons passé notre entretient dans un esprit de sérénité.
A travers ce récit, on se rend bien compte que la mise en place du Parc National des Monts de Cristal ne s'est pas faite d'une manière pacifique. Elle a obéit aux normes qu'on retrouve dans tous les pays africains en matière des aires protégées. La population fang a été dépouillée de ses biens. Cette dernière a perdu le cordon ombilical qui les lie à la forêt avec la mise en place du Parc. Situation qu'elle a acceptée par contrainte. Malgré ses multiples plaintes, elle ne s'est jamais faite entendre par l'Etat Gabonais., si ce ne sont que des simples promesses auxquelles elle fait face. Les Fang ont perdu beaucoup de leurs biens mais, ils n'ont jamais été dédommagés. En plus de cela, le conservateur du dit Parc et son équipe technique notamment la WCS n'ont pas tenu compte de la culture endogène lors de la délimitation des forêts. Les populations leur recommandent de revoir les limites afin que chacun trouve son compte. Pour eux, le Parc ne se trouve pas très loin du village et cela gène leurs activités. Les gestionnaires du dit Parc ne tiennent pas compte des recommandations instituées par l'UICN sur « la reconnaissance des droits des autochtones » (2003 : 302). Aucun village fang n'existe dans le Parc, on peut à juste titre signaler la présence de la SEEG-Gabon (Société d'Energie et d'Eau du Gabon). Le peuple fang habite aux alentours du Parc. Avec la mise en place des mesures d'application de la loi relative à la conservation de l'environnement, les Fang font figure « d'intrus » clandestins sur leurs terres ancestrales. Ces derniers ont été expulsés et n'ont reçu aucune indemnisation. Alors que l'UICN reconnaît la réparation des pertes subies par les populations autochtones, les Fang voient maintenant leurs conditions de vie médiocres décliner, leurs moyens de subsistance détruits. Cette communauté locale soumise aux nouvelles mesures d'application constate que la loi imposée par le Parc est désabusée, car on leur a confisqué les droits forestiers qui permettaient leur survie afin de protéger les ressources naturelles. Les Fang souffrent d'une exclusion persistante depuis la mise en place des programmes de conservation institués au fur et à mesure de l'élaboration des plans de gestion du Parc. Cette expulsion a été promue par les défenseurs de l'Environnement. Ils ont été expulsés des forêts, de leurs campements conformément au plan de gestion du Parc qui interdit toutes formes d'exploitation afin de protéger l'intégrité de la biodiversité de la région, qui deviendra, pour le pays, « une source importante de revenus touristiques » (2003 : 302). La stratégie de conservation conventionnelle sur laquelle est fondé le règlement, interdit à la population de poursuivre ses activités de subsistance au sein des aires protégées. Or ce règlement a été imposé en l'absence de participation ou de consultation de la population quant à sa formulation et son application. Ce plan de gestion n'a fait intervenir aucune consultation éclairée des Fang. Les populations riveraines au Parc National des Monts de Cristal ont subi les pressions exercées par les gestionnaires du Parc. Ce sont eux qui contrôlent maintenant l'accès à la forêt. Cependant, l'UICN recommande une reconnaissance adéquate des droits de propriété, de mise en valeur, de maîtrise et d'exploitation de leurs terres communales, territoires et ressources dont ils sont les propriétaires ou occupations traditionnelles. Photo 8 : Un site de chasseur mis à feu lors d'une patrouille faite par les gestionnaires du Parc en forêt Source : CNPN, 2006 Cette photo illustre un site mis à feu par les gestionnaires du Parc. A l'arrière plan, nous avons la forêt. Plus près il est question d'une tente et à côté, nous avons des bancs sur lesquels les chasseurs s'asseyent et un gobelet de couleur jaune. Cette image montre bien la situation dans laquelle les populations se sont trouvées lors de la mise en place du Parc. Ces dernières ont tout perdu, c'est le cas de leurs campements de chasse. Les gestionnaires du Parc disent avoir réagi contre leurs grés. Cependant, pour aboutir à une conservation durable des écosystèmes forestiers, les peuples habitant les régions se doivent de les quitter, afin de limiter l'impact de ces derniers sur les ressources. Par rapport à cela Sabine Rabourdin dira qu' : « il est bien illusoire pour protéger les écosystèmes forestiers d'en éloigner l'homme, d'autant plus que les territoires que l'on considère comme vierges et sauvages sont souvent plus ou moins influencés par une présence humaine antérieure » (2003 : 32). Marcus Colchester ajouta que : « le rôle des autochtones est très déterminant dans les projets de conservation » (2003 : 29). L'exclusion des autochtones au sein des milieux que l'on veut protéger ne facilite pas la sensibilisation. Dans ce cas de figure, il est difficile d'espérer une cohabitation harmonieuse. Entretien 22 : AKARE NGUEMA Victoire, 63 ans, village Avang, ethnie fang, clan Oyèk, Veuve, 10 enfants, lignage Bewe Be Zame, province Woleu-Ntem, département Haut-Como, ville Medouneu, sur le vécu des populations depuis la mise en place du Parc. Nous avons eu cet entretien le 14 Avril, 2007 dans sa cuisine. Notre entretien a mis 45 mn.
Ce récit témoigne bien la situation qu'ont vécue les populations lors de la mise en place du Parc. Ces dernières ont été dépouillées de leurs forêts. Elles sont effectivement, victimes d'une interdiction d'accès à cette forêt. Les gestionnaires pensent qu'elles sont destructrices et non protectrices du massif forestier des Monts de Cristal. Après l'exclusion des autochtones, les gestionnaires du Parc ont mis la forêt « sous cloche ». La mise sous cloche se définit comme la protection intégrale d'un site contre l'action anthropique. Seuls sont autorisés un droit de passage et un droit de prélèvement, les gestionnaires et les chercheurs. Les écogardes sont chargés de sa surveillance. L'intérêt écologique et la qualité paysagère du site dépendent particulièrement de la conservation de son couvert végétal, permettant de lutter contre l'érosion, l'effet de serre et de préserver la biodiversité. Les gestionnaires pensent que l'évaluation économique de la biodiversité a sans doute un sens plus palpable, dans la mesure où la forêt recèle des ressources qui sont largement exploitées. Pour ces gestionnaires : « La biodiversité est rentable ». Entretien 23 : NDJIMBI Frank, 40 ans, Directeur de communication et des relations publiques au CNPN-Gabon, sur le rôle de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au CNPN le 3 juillet 2007 à 11h10 mn. « On met la forêt sous cloche pour plusieurs raisons : l'écologie et l'économie. La forêt lutte contre le réchauffement climatique. Elle joue un rôle important dans la séquestration du carbone. En dehors de cet apport écologique, la forêt des Monts de Cristal a également un très grand apport économique et social à travers non seulement son apport énergétique mais aussi le tourisme. Elle participe à la lutte contre la pauvreté. Elle est aussi une source de relations internationales à cause du fait que l'effet de serre soit au centre des débats internationaux ». Après lecture de ce récit, on peut dire que les gestionnaires ne se préoccupent pas réellement de la situation des populations. Ce qui importe pour eux, c'est la rentabilité. Leur préoccupation première, c'est de protéger les forêts pour renforcer l'économie du pays et tisser les relations avec l'extérieur. Face à cette attitude, on ne peut hésiter de dire que les débats sur la conservation au Gabon sont davantage du côté du Mythe d'Eden et de l'idée que la nature est « bonne » et l'action humaine nécessairement « mauvaise », prônant alors la mise sous cloche au sein de cet espace protégé. Malgré les réticences exprimées, la théorie relative à la mise sous cloche est bien révolue au Gabon, et précisément dans le Parc National des Monts de Cristal. L'exploitation clandestine des ressources naturelles du site protégé étant très illégale d'après les gestionnaires du Parc et le code forestier du Gabon, seules les zones hors Parc sont exploitées, sur présentation d'un permis forestier d'après l'article 94 du code forestier du Gabon. Le constat qu'on peut faire ici est que, seuls sont réellement condamnés à ne pas exploiter, les villageois. Les sociétés forestières sont des véritables envahisseurs dans ces forêts, bien que le faisant légalement mais ces dernières ne tiennent pas réellement compte des normes d'exploitation. On remarque quelque fois que certaines ne respectent pas, pour ce qui est du bois, les 60 à 80 cm de diamètre que l'on recommande. Ces auteurs exploitent toute sorte de bois. Suite à cela, Kupupu Diwa Mutimanwa a dit : « La protection est une forme de domination » (2003 : 100) et Sabine Rabourdin ajoutera que : « La mise sou cloche n'est pas toujours le meilleur moyen de préserver un écosystème, elle apparaît comme un contournement, une fuite » (2003 : 33). On peut se permettre de dire que ce système de préservation est en effet trop inégal, favorisant quelques zones protégées de manière expérimentale au détriment du reste où il est alors loisible de s'adonner à tous les excès. Excès qui toutefois, peuvent avoir des répercutions sur la zone protégée. Pour distinguer ce site des autres qui sont soumis à l'exploitation, les gestionnaires ont procédé à la mise des étiquettes sur des arbres. Sur ces derniers, ils mentionnent le terme « Parc National ». Ce signe renseigne les exploitants forestiers. En voyant cet indice, ils sont privés de toute exploitation, quelque soit le domaine économique. Toute exploitation est soumise à une punition sévère et suivie d'une amande. Photo 9 : Un arbre portant les limites du Parc dans le village Mbé-Akelayong Source : CNPN, 2006 Cette photographie présente quatre agents chargés de procéder à la délimitation du Parc. Celui qui est assis à gauche porte une casquette sur laquelle est posée un GPS, appareil servant à situer les cordonnées géographiques d'un point. Derrière, on aperçoit un gros arbre qui porte des marques de peinture rouge et une étiquette de couleur jaune sur laquelle est mentionné « Parc National » et juste après, un seau de peinture sur lequel est posé un pinceau. La pose de cette marque et de cette étiquette interdit aux villageois de mener des actions dans cette zone. Ce qu'ils dénoncent par ailleurs dans leurs discours respectifs. Les villageois et les sociétés forestières ont interdiction de couper ces arbres. Outre cet indice, ces derniers ont également construit une « Barrière » en tôle. Cette dernière sépare le site protégé des autres. Aucun individu n'est autorisé à y franchir, sauf sur lettre de recommandation du conservateur du Parc. La barrière consiste aussi à protéger les animaux et surtout les plantes, principale force de ce site, de toute agression humaine. Entretien 24 : NDONG ALLOGHO Hervé, 34 ans, Conservateur du Parc National des Monts de Cristal-Gabon, sur les méthodes de conservation. Notre entretien a eu lieu le 4 Avril 2007 au CNPN-Gabon et il a duré 45 mn. « Nos méthodes de conservations sont diverses. Nous faisons des sensibilisations, nous excluons la population de la zone à protéger, nous mettons des pancartes sur lesquelles nous «écrivons Parc National », sur les arbres et nous construisons une barrière à la limite avec la zone d'exploitation des populations. Nous avons conservé seulement les infrastructures qui préexistent au Parc. C'est le cas de SEEG ». A travers ce récit, on peut retenir que le CNPN et la WCS ont des méthodes de conservation qui se différencient de celles des populations autochtones. En effet, nous avons l'exclusion autochtone et la mise sous cloche de la forêt. Cependant, ces méthodes ne s'appliquent pas sur tout le monde, nous avons des exceptions. C'est le cas de la SEEG. Cette société préexiste au Parc, ce qui à prévalu à sa maintenance dans le site destiné à la préservation. Par rapport à cela, la question reste : Est-ce fondamentalement pour son rôle économique que les gestionnaires ont accepté de la garder dans le Parc où pour la simple raison qu'elle préexiste au Parc ? Quatrième Partie :
Les fondements socio-culturels liés à la confrontation entre les villageois et le CNPN/WCSChapitre 7 : Les limites de la politique du Parc Nationaldes Monts de Cristal1. Les causes 1.1 Marginalisation des villageoisDepuis la création du Parc en août 2002, il n'a jamais été demandé l'avis de la population fang par rapport au projet de conservation. Les quelques fois qu'elle a été consultée, ses doléances ne se sont jamais prises en compte. Elle fait face aux fosses promesse. Les gestionnaires l'ont promise qu'ils irons revoir les limites du Parc, jusqu' à ce jour aucune activité n'a été faite. Les Fang sont marginalisés dans ce projet de conservation. Leur consultation s'est limitée uniquement à la confiscation de leurs campements, forêts sacrées. Les gestionnaires estiment qu'ils ne connaissent rien de la conservation de la nature. Cependant, ils oublient effectivement que cette population a assuré pendant des décennies la conservation et la protection de la faune et flore du massif forestier des Monts de Cristal. Depuis la mise en place du Parc, aucune activité relative au développement durable n'existe dans la région. On est même tenté de dire que le projet d'éducation à l'environnement mis en place au Gabon, et particulièrement dans les Monts de Cristal ne s'inscrit pas dans le contexte d'aide régional, mais international, d'autant plus qu'il n'émane pas d'une demande locale et ne suscite pas l'adhésion de la population. Aucun changement social et économique ne s'est produit dans la zone des Monts de Cristal, si l'on s'en tient à la logique du développement durable. La vie des villageois n'a connu aucun changement depuis la mise en place du Parc. D'aucun disent que « le Parc est encore dans sa phase initiative ». Ils ajoutent que : « le tourisme communautaire visé n'est pas mise en place pour des raisons de Fond ». Les villageois subissent seulement des législations. Situation qui met le projet dans une phase difficile. Entretien 25 : BRYAN Curram, Américain, 49 ans, Ex-Directeur des Projets WCS-Gabon. Le rendez-vous de cet entretien a été pris le mardi 11 avril 2006. L'entretien a eu lieu au WCS le 14 avril 2006 à 15h après que la secrétaire nous ait introduite. Il a eu lieu dans une ambiance détendue empreint de compréhension mutuelle. L'entretien a démarré à 15h50mn. Il a souhaité prolonger l'entretien du fait de la pertinence de notre sujet. Mais ses obligations professionnelles ne le lui ont pas permis. « Nous ne pouvons pas encore parler d'un apport économique dans le Parc des Monts de Cristal, mais des services écologiques car cette forêt est un fournisseur d'eau et d'électricité. Il n'y a pas d'investissement au niveau de ce Parc, aucun développement touristique comme c'est le cas dans la lopé, loango. Ceci est dû au fait que le Parc n'existe que depuis quatre ans. Le tourisme est difficile à développer dans ce site parce que les touristes sont fascinés par les animaux. Ceux des Monts de Cristal sont difficile à voir». Si l'on s'en tient à ce récit, on peut prendre le risque de dire que le Parc des Monts de Cristal n'est pas encore rentable sur le plan National, International, encore moins local. Cette situation est due au ralentissement des travaux. « Le Parc manque de bailleurs de Fond », disaient t-il. Si l'on se réfère au rôle de ce massif forestier, en tant que réservoir d'eau et source d'électricité, qui alimente Libreville et ses environs, est ce que l'on ne peut pas parler de rentabilité économique ? Cette forêt de par son rôle écologique, est rentable sur le plan national et international, sauf sur le plan local. Malgré leur proximité, certains villages proches du « puits d'eau et d'électricité manquent toujours d'eau potable et d'électricité. Les populations s'alimentent en eau de source et se servent de lampes tempête ou des groupes électrogènes. Elles conçoivent cela d'inégal. L'Etat doit tenir compte du « principe 2 » (2003, 304) des principes et lignes mis en place par l'UICN. D'après ce principe : « Les Etats doivent améliorer les qualités de vie des populations, ces derniers doivent bénéficier directement et équitablement de la conservation et de l`utilisation durable des ressources naturelles que leurs espaces terrestres, côtiers ou marins et d'eau douce contiennent » Depuis la mise en place du Parc jusqu'à nos jours, les populations vivent toujours dans la pauvreté, des conditions précaires. Les villes de Medouneu et Cocobeach n'ont connu aucune amélioration, elles manquent d'infrastructure d'accueil et connaissent des problèmes à plusieurs niveaux. Entretien 26 : NKOGHE NIZELE Julien Alexis, 48 ans, Marié, Père de six enfants, ethnie fang, village Andok-Foula, département Como-Kango, clan Opoè, sur les rapports des villageois avec les gestionnaires. Notre entretien s'est passé dans la journée du 4 avril 2007 dans le village du pré-cité. Il avait eu lieu sous sa véranda, en présence de sa nombreuse famille à savoir son épouse, ses enfants, ses frères et ses soeurs. L'enquête a démarré à 13h33mn et elle a duré 30mn. Nous avons commencé par les rituels de politesse, nous présenter et décrire les objectifs de notre étude.
Ce récit témoigne la souffrance qu'endurent les populations riveraines au Parc National des Monts de Cristal. En effet, ces populations sont très marginalisées dans les projets de conservation. L'Etat ne tient pas compte d'elles. Contrairement à ce que l'on pense de la politique des Parcs, celle mise en place aux Monts de Cristal n'est pas rentable et les villageois sont impatients de voir cette illusion se concrétiser. L'Etat se contente à juste titre de son profit et non l'inverse. Notons également que certains craignent que cela ne soit une perspective sans suite. Il incombe alors à l'Etat Gabonais de revoir cette politique de conservation, afin de répondre aux exigences des villageois. La politique de conservation instituée par l'UICN applique la théorie du « don et du contre don » de Marcel Mauss. Les villageois espèrent recevoir les retombées du Parc. Les Problèmes connus dans la ville de Medouneu : - Manque de structures hôtelières de qualité pouvant répondre aux attentes des clients ; notamment la propriété des bâtiments dûe au manque d'eau (elle dispose néanmoins d'un seul motel, cependant, il ne répond pas aux exigences des clients) ; - Manque de pharmacie (Les populations se procurent des médicaments auprès des soeurs de l'église catholique à des prix pas très abordables) ; - Manque d'eau potable malgré les nombreux réservoirs d'eau de la SEEG ; - Manque d'enseignants Gabonais dans le CES et dans certaines écoles primaires des villages riverains au Parc (les enfants font des semaines entières sans se rendre au cours) ; - Manque de micro-projet pouvant permettre aux populations d'améliorer leurs conditions de vie ; - Manque de structures touristiques communautaires envisagées dans les projets de conservation ; - Manque de guides touristiques ; - Manque de structures pour les gestionnaires du Parc et autres acteurs de la conservation ; - Manque d'écoles primaires dans certains villages ; - Chômage accentué. - Manque de dispensaires dans certains villages ; Photo 10 : La prise de l'eau dans la ville de Medouneu
Sur cette photographie, nous voyons une femme et ses deux fils qui reviennent d'une source d'eau avec les récipients sur la tête. A côté, nous avons des plantes. Cette image prouve effectivement que la ville de Medouneu et ses environs connaîssent des problèmes notamment en eau potable. Malgré la présence du Parc, ces régions vivent toujours dans la précarité. Les problèmes connus dans la ville de .Kango : - Manque d'infrastructures ; - Manque de médias (Radio, Télévision, il faut nécessairement avoir une parabolique); - Manque de moyen de transport ; - Manque de médecin ; - Manque de pharmacie, on compte seulement un dépôt. - Eaux et Forêt ; - Manque de micro-projet ; - Manque d'eau potable dans les villages proches du puits d'eau, seulement en ville ; - Manque d'écoles primaires dans certains villages ; - Manque de guide pour le tourisme communautaire ; - Route non praticable (Kougouleu-Song) ; - Manque de structures touristiques communautaires envisagées dans le projet de conservation ; - Manque d'écoles primaires dans certains villages. - Chômage accentué. - Manque de dispensaire dans certains villages Photo 11: Une voiture de la WCS et deux « routiers » dans un bourbier sur le tronçon Kougouleu-Song Source : WCS, 2006 Cette photo présente au premier plan une voiture de la WCS et plus loin, deux voitures qui font le transport routier. Sur le côté gauche de la photo, nous avons de tronc d'arbres et des deux côtés de la forêt, nous avons un paysage. La photo illustre l'état de la route. La région de Kougouleu jusqu'à Song manque de route praticable. Les populations ont du mal à se déplacer surtout en saison de pluies d`autant plus que les voitures se font rare. Les populations ne peuvent non plus faire l'activité commerciale. Elles sont obligées de vendre dans leurs villages respectifs. A travers ces problèmes, on peut dire qu'il n'existe encore aucune trace relative au Parc. Le Parc n'a pas encore de réelles retombées auxquelles s'attendent les populations. Le souhait de ces dernières, c'est de voir un développement durable effectif prendre essor dans les zones périphériques. Entretien 27 : ANDEME OBAME Georgette, 50 ans, ethnie fang, clan Yégun, Mariée, village Mbé-Akélayong, département Haut-Komo, sur La conception du Parc. Nous avons passé notre entretien le 9 avril 2007. Ce dernier a eu lieu dans sa cuisine. Il a commencé à 8h24mn et s'était achevé à 8h50mn.
A travers ce récit, on peut noter que la politique du Parc est bien appréciée des populations. Les populations pensent que le Parc est une bonne chose et il a la raison d'y être. Ils croient que si les choses se mettent bien en place, cela pourra également être à leur avantage. Pour ces derniers, ils pourront trouver du travail et diminuer le taux de chômage. A travers le tourisme, ils pourront développer des micros projets dans lesquels elles vont valoriser leur savoirs-faire. En dehors de cet aspect, elles souhaitent que dans le futur, l'Etat trouve un terrain d'entente et qu'il leur prête beaucoup d'attention. 1.2. Absence de Cogestion dans le projet de conservationSelon l'UICN, « la co-gestion est une situation dans laquelle plusieurs acteurs sociaux négocient, établissent et garantissent entre eux le partage équitable des fonctions, droits et responsabilités de gestion pour un territoire donné ou un groupe de ressources naturelles » (2003 : 26). Depuis la mise en place du Parc, les villageois n'ont jamais fait face à une conservation en commun de l'espace protégé de la forêt des Monts de Cristal. Ces derniers sont marginalisés. Ils sont confrontés à leur faible implication dans la gestion des ressources forestières alors qu'ils sont toujours considérés comme des « gardiens » des forêts. Les gestionnaires estiment que leur tradition est taboue et qu'ils n'ont pas de rôle à jouer dans le projet. Au Gabon, et particulièrement dans la politique du Parc des Monts de Cristal, on constate réellement, comme cela se passe dans la majorité des pays africains que l'approche cogestion est encore tâtonnante malgré le recours à des outils de gestion performants fondés sur « l'approche patrimoniale » et « l'approche terrain ». Les ayant droit ne figurent pas autour de la table de « conciliation » ou de « négociation ». La conservation de la biodiversité reste principalement du ressort de L'Etat central, de l'ONG verte et des décideurs internationaux, pour qui, les aires protégées constituent des outils privilégiés de protection de la faune, flore et autres ressources. Cette attitude favorise d'extrêmes difficultés pour faire appliquer la politique de conservation sur le terrain. D'où, une forte présence des contradictions entre les champs de l'autorité légale et coutumière et cela entraîne des blocages dans les projets. Le projet d'éducation à l'environnement mis en place au Gabon, et particulièrement dans les Monts de Cristal ne s'inscrit pas dans le contexte d'aide régional, mais international, d'autant plus qu'il n'émane pas d'une demande locale et ne suscite pas l'adhésion de la population. La WCS ne consulte pas les populations dans les problèmes réels de la conservation. Les quelques fois qu'elles ont été consultées, leurs opinions n'ont jamais été considérées. On les questionne sur leur vécu, modes de vie alimentaire, sans pourtant chercher à avoir leur avis sur l'établissement d'une méthode de conservation efficace et durable, leur place dans le projet par exemple. Les partenaires qui se nouent entre l'aide extérieure et les communautés locales doivent créer les conditions d'une participation effective : laisser exprimer leurs besoins, leur permettre une évaluation quotidienne du projet. La population veut prendre part à toutes les décisions et aimerait que leur culture soit valorisée dans ce projet de conservation. Cette dernière dit que : « s'il y a problème, c'est parce que l'Etat ne veut pas les impliquer dans le projet ». Entretien 28 : OVONO MBA Frédéric, 42 ans, ethnie fang, marié, père de six enfants, infirmier d'Etat, lignage Aveba-Nzame, village Mela, département Como-Kango, clan Efak sur les limites du Parc. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 dans son corps de garde. Il avait exigé que nous nous présentions et présentions les objectifs de notre présence dans le village. Cet entretien avait démarré à 19h10mn. A l'issue de cet entretien, il nous a remis des oranges.
Après lecture de ce récit, on peut retenir que les populations riveraines sont impliquées d'une manière « partielle dans les projets de conservation. Ces derniers ne veulent plus jouer les « seconds rôles », elles veulent que leur rôle soit total, que l'Etat Gabonais leur accorde le même statut que la WCS dans la politique de conservation. Cela évitera des éventuelles difficultés et installera un climat d'ambiance. « Les ressources naturelles doivent être gérées pour le bien de tous et les communautés locales doivent jouer un rôle central dans la gestion des ressources de leur localité » (2003 : 180-182) disait Pénninah Zaninka La meilleure façon de traiter les questions environnementales est d'assurer la participation de tous les acteurs de la conservation. Les compromis entre environnement et développement ne se négocient pas seulement entre Etats et des organisations internationales, nationales, mais aussi à la base, au niveau local. C'est le lieu privilégié du partenariat. Le CNPN et la WCS doivent renforcer le rôle des autochtones afin de leur permettre de participer activement à la formulation des politiques de développement susceptibles de les affecter et de faire connaître leur avis sur la gestion de leurs propres conditions de vie. A ce sujet, Norbert Winner dira : « Si les hommes communiqueraient, il y aurait moins de guerre » (2003). Allant dans le même sens, dans l' « agenda 21 »5(*) du sommet de la terre de Rio, qui s'était tenu en 1992 sur le thème « De la participation des « populations locales et autochtones » à la gestion des ressources naturelles », il était question de reconnaître le droit des populations riveraines aux aires protégées à la gestion des dits espaces. Cette Convention internationale sur la biodiversité reconnaît des droits aux « populations indigènes » sur le milieu qu'elles habitent et souligne l'importance de leur rôle dans la mise en place d'une gestion durable des forêts. Cette théorie est aujourd'hui une option incontournable des politiques de « bonne gouvernance » et des programmes de « développement durable ». L'UICN ajoutera que : « Les peuples autochtones maintiennent des liens de longue date avec la nature, dont ils ont une profonde compréhension. Ils ont souvent contribué de façon significative au maintien de nombreux écosystèmes parmi les plus fragiles de la planète, à travers leurs pratiques traditionnelles d'utilisation durable des ressources et leur respect de la nature fondé sur la culture. Par conséquent, il ne devrait pas exister de conflit intrinsèque entre les objectifs des aires protégées et l'existence, à l'intérieur de leurs frontières, de peuples autochtones. En outre, ces peuples doivent être reconnus comme des partenaires légitimes et égaux dans le développement et la mise en oeuvre de stratégies de conservation qui touchent leurs terres, territoires, eaux, mers côtières et autres ressources, et en particulier lors de la création et de la gestion d'aires protégées ». Si dans les discours institutionnels et politiques dominants comme dans les énoncés des programmes de coopération internationale, les formules consensuelles du « développement durable » et de la « participation locale » se sont imposées de toute leur évidente bienveillance, leur mise en oeuvre dans la pratique ne sert guère la cause de ceux qui sont censés en être les bénéficiaires. Tel est le cas du Gabon, et en particulier dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Alors même que l'on prône partout la participation, les populations locales de la région des Monts de cristal disposent de moins en moins de contrôle sur l'accès à leurs ressources naturelles. Cependant, Pour que le gouvernement des populations fang soit totalement efficace, il faut que les individus se définissent eux-mêmes dans les termes du développement durable. A la suite de ceux là, le Programme des Nations Unies pour l'Environnement consacré à la mise en application de la Convention sur la diversité biologique de 1993 dira : « Les communautés autochtones résidant principalement dans des régions à forte diversité biologique ont cultivé et judicieusement utilisé pendant des millénaires la diversité biologique de leur environnement immédiat. Par conséquent, si les espèces et écosystèmes veulent être maintenus et utilisés valablement, ces peuples doivent avoir une part et un intérêt dans cette conservation. En tant que gestionnaires du site et possédant une connaissance approfondie de l'environnement local, ces communautés sont ultimement responsables de l'introduction de toutes politiques de conservation et d'utilisation durable » (Agenda 21). Les populations locales sont objectivées comme les dépositaires de savoirs qui ont permis la préservation de la diversité, ce qui permet de leur attribuer un rôle au sein de l'appareil de développement durable : celui de « participer ». 2. Les conséquences2.1. La méfiance Il existe un climat de méfiance entre les populations et les gestionnaires du Parc. Ceci découle d'une incompréhension dans le projet de conservation. Les populations estiment que ce projet ne les concerne pas, et qu'il est du ressort de l'Etat. Les populations se sentent trompées, et elles sont persuadées que cela dissimule beaucoup d'intérêts, bien que ne gagnant rien. Elles ressentent le projet comme une expulsion, et une déposition de leurs droits. De ce point de vue, toute action entreprise doit rapporter des bénéfices, même si on ne comprend pas vraiment de quoi il s'agit. C'est dans cette logique qu'aucune crédibilité n'est donnée à l'explication, par des gens venant de si loin, garder les animaux, les plantes et autres richesses du sous-sol. La participation de la communauté dans la gestion des ressources forestières est désormais considérée comme une partie essentielle de tout projet de conservation des forêts. Néanmoins, les communautés sont encore insuffisamment consultées et leur participation demeure insuffisante. Le manque d'attention pour les caractéristiques sociales et économiques des individus, institutions et villages qui composent la communauté qui utilise les ressources de la forêt, est en partie à l'origine de cette méfiance. Les projets de conservation des forêts ont aussi souvent oublié de prendre en considération le contexte historique des utilisateurs. Les populations se trouvent souvent exclues des discussions concernant l'aménagement des forêts bien qu'elles aient été impliquées dans certaines interventions liées au développement du projet. Cela les empêche de prendre part aux enjeux liés à l'aménagement des forêts de nuage des Monts de Cristal. « Il est peu probable que ceux qui dépendent des ressources forestières soient tentés de les gérer de façon durable si leur accès à ces ressources, ainsi que la valeur de celles-ci, continue à diminuer. Il faut en effet que leur maintien présente de réels avantages économiques » (Mosse, 1996). Pour assurer l'aménagement durable des ressources forestières, il est crucial d'impliquer davantage les habitants de la forêt des Monts de Cristal dans les décisions concernant la forêt et ses ressources. Sans l'engagement et le pouvoir de décision de ces personnes étroitement liées à la forêt, le projet de conservation a peu de chance d'atteindre ses objectifs, et le climat de méfiance perdura. La participation des communautés locales, premiers utilisateurs des terres, est la clé du succès. Ce sont ces dernières qui font qu'un programme réussit ou échoue. Si elles sont correctement motivées, elles ont la capacité d'apporter des changements dans l'utilisation des terres. Si la participation des populations est donc une nécessité, son application n'est pas toujours évidente dans la politique du Parc des Monts de Cristal. Il existe à l'heure actuelle une documentation abondante témoignant que les communautés villageoises subissent une forte discrimination dans les sociétés où elles habitent, qu'elles sont exploitées par d'autres secteurs, et que leurs droits aux ressources dont elles dépendent pour leur subsistance n'ont pratiquement aucune protection. Beaucoup de ces groupes habitent des régions où les organisations de conservation locales, nationales et internationales ont des intérêts puissants. Dans presque tous les cas, la plainte qui revient chez les communautés locales concerne l'absence de consultation à propos des projets de conservation. Très souvent, leurs problèmes découlent de la non-reconnaissance de l'accès dont ils disposaient traditionnellement et de leurs droits d'utilisation sur des terres qui sont maintenant délimitées en tant qu'aires protégées. Par rapport à cela, Ruth Malhesou dira : « Le plan de gestion des territoires dont dépendent les populations villageoises est accompagné de restrictions imposées aux chasseurs, cueilleurs et agriculteurs, sans leur consentement. En revanche, il n'existe encore aucun mécanisme permettant de demander aux communautés locales quels sont leurs projets » (2002 : 2-10). Il n'existe pas de gestion du site et aucune politique générale de conservation cohérente n'a été mise au point disent-elles. Entretien 29: ANDEME NGOUA Félicité, 42 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Ossan Mbot Zam, village Avang, département du Haut-Kango, clan Efak, sur L'aménagement du territoire. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 à 10h4, dans sa boutique et il a duré 48mn.
Ce récit dénonce les raisons qui incitent les populations à la méfiance et à la réticence. En effet, les populations pensent que les gestionnaires abusent de leur générosité et de leur tranquillité. Ces dernières ne tiennent pas compte du sort qu'ils leur infligent. Les projets les marginalisent alors qu'ils sont aussi aptes à faire leurs preuves. Face à ce problème, les autorités doivent être conscientes de la nécessité d'un plan de gestion intégré et complet. Il ne semble pas y avoir de consensus en ce qui concerne la conservation, la restauration et le développement. Les acteurs opèrent dans le site selon leurs règles ou leurs intérêts spécifiques. La situation de l'infrastructure n'est pas résolue. Le mauvais état des routes, le manque et le vieillissement des infrastructures, le manque d'établissements scolaires, de dispensaires, de média, de médecin sont à l'origine de l'indifférence manifestée par les populations dans le projet de conservation. En dehors de ces problèmes, aucune construction d'ordre commercial ou résidentiel n'a été effectuée dans la région des Monts de Cristal. 2-2 Les résistancesIl est difficile pour la population riveraine aux Monts de Cristal de concevoir une vie normale sans aller à Mbé. Ce massif forestier, particulièrement la partie de forêt mise « sous cloche » est perçue comme un « grenier ». La restriction de leurs déplacements à cause des nouveaux règlements crée des doutes quant à leur avenir. Les populations vivent une situation délicate. Entretien 30 : ADA NDOUTOUME Léontine, 58 ans, ethnie fang, mariée, mère de huit enfants, lignage Aveba-Nzame, chef de village, village Mela, département Como-Kango, clan Efak, sur les causes dues aux résistances vis-à-vis du Parc.
Ce texte ressort les raisons qui rendent les populations résistantes au projet. Les populations dénoncent la mauvaise attitude de l'Etat dans la gestion de ce massif forestier. L'Etat encourage l'exploitation illicite de la forêt des Monts de Cristal. Les étrangers accèdent à cette forêt pour la chasse irrationnelle. Cependant cela y est formellement interdit à la population autochtone. Elles sont soumises à des législations strictes en matière de la chasse commerciale ou toute autre activité forestière. Cette attitude inégale envers les populations fait en sorte que les projets de conservation mis en place dans tous les pays africains rencontrent inévitablement des difficultés. Le projet de conservation Monts de Cristal-Gabon est confronté sans doute à des dysfonctionnements internes, institutionnels, de moyens, à des réticences voire des résistances de l'ayant droit. Face à cela, Samuel Nguiffo dira : « Il en découle pour les projets de conservation la nécessité de s'adapter en permanence, de chercher sans cesse des réponses à des questions nouvelles » (2003 :211-212). Ce projet a une autonomie de fonctionnement par rapport à la population locale. De ce fait, il se heurte à des résistances qui se manifestent de plusieurs manières. Généralement, les populations expriment leur mécontentement d'une manière pacifique. Ces dernières craignent éventuellement des sanctions qui peuvent découler de l'Etat. D'aucuns pensent même que ce projet est ambigu et peu pertinent, d'autant plus qu'il manque de directives claires. Les gestionnaires répondent : « Le parc est encore dans ses débuts. Il faut attendre une dizaine d'années pour que les choses soient stables ». Le manque de coordination entre les interventions de développement est un frein incontestable à ce projet. Tous les intervenants sont d'accord pour le projet mais des instances efficaces de coordination ont du mal à voir le jour car souvent les gestionnaires se voient bien en « coordonnateur » mais acceptent mal « d'être coordonné ». Outre ce point, le projet fait également face à peu d'opportunités économiques pour les communautés villageoises. Depuis la création du Parc, aucun villageois n'a pu trouver un travail stable. Ces derniers occupent les tâches de « garde » et sont rémunérés à moindre coût. Le projet est perçu comme une « illusion » sans lendemain, car il n'intègre pas une approche de développement local. Le cadre juridique dans lequel évolue le projet n'est pas toujours adapté. Les statuts légalement prévus en matière de gestion des Parcs manquent parfois de souplesse. Dans le domaine foncier, on note une distance parfois importante entre les textes qui réglementent officiellement l'appropriation et la gestion des terres et les pratiques qui ont lieu sur le terrain. Des contradictions existent entre le « droit moderne » et le « droit coutumier », on parle alors de « flou juridique ». le flou juridique est un obstacle au projet. A cet effet, Sang Joseph K dira : « Le flou juridique peut placer les agents des projets dans des situations embarrassantes quand l'analyse des pratiques devient publique et que les communautés locales sont lésées » (2003 : 126-128). Chapitre 8 : La collaboration dans le projet1. L'offre d' « emploi sommaire »Le Parc n'a pas que d'inconvénients, il a également des avantages. Avec l'arrivée du Parc National des Monts de Cristal, certains emplois ont vu le jour, c'est le cas de « gardien de forêt ». Après deux années d'expérimentation et d'évaluation, précisément en 2004, le CNPN a engagé un processus de validation de l'utilité publique et de l'aspect « nouveau métier de l'environnement » que recouvre le concept « écogarde ». Il a recruté quatre jeunes hommes issus des populations de la périphérie du Parc pour exercer le métier de garde. Ces derniers ont participé à toutes les activités de gestion, de conservation et de restauration dans leur site de la région pour exercer le métier de garde. Un garde peut se définir comme « quelqu'un qui surveille, qui est préposé à la conservation des forêts », d'après le plus petit Larousse (1980 : 251). Les gardes ont pour rôle de :
Pour compenser les élèves, la WCS organise de temps en temps des journées de l'environnement. Cette journée est ouverte uniquement aux élèves du collège. Les adhérents sont habituellement présentés lors de la cérémonie de remise officielle de l'initiative aux autorités scolaires et administratives. Les prix contiennent entre autre des dictionnaires écologiques, des dictionnaires anglais-français, des livres écologiques, les cartes qui représentent le Parc, des tee-shirts, des cahiers, stylos, crayons ordinaires. Des réalisations dans le cadre de cette initiative donnent des résultats encourageants. Les autorités scolaires et administratives du collège se montrent réceptives à un véritable changement aussi bien su l'aspect de l'hygiène mais également sur le comportement des enseignants et élèves dans la gestion de l'environnement écologique. La réussite de l'initiative est extrêmement liée à l'engagement des autorités locales. On peut alors affirmer que les activités de l'initiative se perçoivent positivement et que son intérêt ne faiblit pas. La preuve en est son nombre de membres qui augmente sans cesse et la participation massive de ceux-ci à la journée du Club, qui se tient chaque année, dans le cadre des journées scientifiques et techniques de la WCS. ConclusionNotre recherche a porté sur les rapports de l'homme à la forêt. Nous avons analysé les relations qui existent entre la population fang et les gestionnaires environnementalistes dans la gestion et la conservation de la faune et la flore du Parc National des Monts de Cristal. Nous avons cerné le fonctionnement du projet de conservation mis en place au Gabon, particulièrement aux Monts de Cristal et ses rapports avec les populations riveraines. Le principe consistait à savoir si le Parc était bien aperçu par les populations et voir s'il répond aux attentes des populations, et donc à l'amélioration de leurs conditions de vie. Notre travail était composé de quatre parties. Il a prit racine grâce à l'apport théorique interdisciplinaire reposant sur une méthodologie anthropologique. Ce dernier nous a permis de poursuivre dans une autre dynamique, celle de l'identification de la population riveraine au Parc et ces rapports avec la forêt. Il était question de faire une analyse de leurs activités et montrer l'impact que ces dernières peuvent avoir sur la faune, la flore, le sol, l'eau et l'homme. A la suite de cette partie, notre réflexion a porté sur les activités et les rapports des gestionnaires du Parc à cet espace protégé. La dernière partie a consisté à ressortir les difficultés et les avantages liés au projet de conservation, tout en ressortant la situation qui prévaut entre ces deux acteurs de la conservation. La question relative à la conservation de l'environnement a déjà été abordée par plusieurs auteurs, parmi lesquels, George Pierre (1973), Jean Lamarque (1973), Maurice Kamto (1996), Yvette Veyret Yvette et Pierre Pêche (1997) et Sabine Rabourdin (2005). Dans son ouvrage, le premier auteur montre en effet que l'environnement est une source indispensable, une base de production pour toute vie humaine, mais aussi une menace pour l'homme, à cause des facteurs qu'il recouvre. Ainsi, il recommande à l'homme rural de faire une exploitation durable de ces ressources. A sa suite, Jean Lamarque dans son ouvrage dira que l'environnement est un problème de politique nationale et sociale alors, la santé de l'environnement doit dépendre des grandes décisions nationales concernant l'utilisation et la sauvegarde des connaissances naturelles. Le troisième auteur établit le rapport entre la science juridique et l'environnement. Il pense que le droit est utile dans la protection et la gestion de l'environnement. Le quatrième auteur va réagir sur les rapports de l'homme à l'environnement. Il recommande aux chercheurs qui orientent leurs études dans le domaine environnemental d'analyser les rapports de l'homme à son milieu en terme de conflits. Enfin Sabine Rabourdin montre dans quelle mesure le mariage entre la population villageoise et les gestionnaires des Parcs peut faciliter la gestion durable des Parcs Nationaux. A ces auteurs, nous avons associé les spécialistes des Parcs Nationaux : Marcus Colchester (1999), Joseph K Sang, Samuel Nguiffo et Ruth Malhesou (2003) etc. Les idéologies de ces auteurs reposent sur les intérêts des peuples autochtones envers les projets de conservation. Ils aimeraient que les projets aient un regard proche envers les populations autochtones. Marcus Colchester dans son article Parcs ou peuples, fait une critique des projets de conservation en Afrique. Il fait ressortir que ces projets se font uniquement au niveau du sommet. Ainsi, il recommande que cela se fasse de la base vers le sommet, et non l'inverse. C'est à ce titre qu'un projet peut promouvoir un développement durable. Contrairement à ces auteurs, notre préoccupation s'est appuyée sur deux modes de gestion des écosystèmes au Gabon notamment traditionnelle (villageois) et moderne (CNPN, WCS). Pour trouver des solutions et élucider notre problème, nous avons constitué un guide d'entretien qui contenait un canevas de questions relatives aux manières traditionnelles et modernes de conservation de la faune et la flore des Monts de Cristal. Ces questions ont été testées pendant les mois de mars-avril 2007, mois de terrain universitaire. Nous avons mené notre enquête dans les provinces de l'Estuaire (Kango), du Woleu-Ntem (Medouneu) puis au CNPN, à la WCS et à l'IRET. Cette enquête s'est passée dans huit villages dont le critère fondamental était le nombre d'habitants, parmi lesquels, Andok-Foula, Mela, Misome (Kango), Akoga, Avang, Mbé-Akelayong, Nkann, Song, (Medouneu). Elle a été menée auprès de trente un informateurs dont onze femmes et vingt hommes dont l'âge variait entre vingt six et quatre vingt sept ans et selon les activités. Nous nous sommes intéressée particulièrement à la pêche, chasse, agriculture, sciage, artisanat et vannerie, orpaillage et cueillette. Parmi les villageois, nous avons eu trois chasseurs, trois pêcheurs, trois ramasseurs cueilleurs, deux agriculteurs, trois scieurs de long, deux orpailleurs, un artisan, deux vanniers et deux tradipraticiens. Au CNPN, WCS, et IRET, nous avons eu notre entretien avec neuf cadres gestionnaires et qui font des recherches dans le Parc. Au terme de notre recherche, il ressort que les deux conceptions culturelles et les deux comportements culturels relatifs à la conservation de la forêt des Monts de Cristal sont difficiles à concilier. La société fang se dote d'une très grande ambition : la préservation de l'environnement et l'amélioration de la relation que les hommes entretiennent avec ce dernier. Cette ambition s'inscrit dans la recherche de la durabilité des ressources. La culture traditionnelle a sa méthode de gestion et de conservation de la forêt. Elle possède peu d'outils, mais dispose d'une vision globale de leur place dans la nature. Cette dernière a développé des façons de vivre qui s'harmonisent avec leur environnement. Elle la gère par ses activités traditionnelles et la conserve par la jachère et les « forêts sacrées ». Ces méthodes de conservation sont régulées par les interdits. Ces interdits sont sous la responsabilité du chef coutumier, et les sanctions qu'on inflige aux individus qui transgressent la loi sont du ressort des esprits surnaturels. La jachère est une méthode de conservation qui consiste à régénérer la forêt. Elle favorise une recomposition rapide du couvert végétale lorsque sa durée a été respectée. Cependant, la WCS et le CNPN met cette forêt « sous cloche » et y interdisent tout accès La route Kougouleu-Medouneu n'est pas très praticable. On note aussi l'absence de l'électricité, de dispensaires, d'établissements scolaires dans certains villages, le manque d'écoguides. A travers ces faits, on ne peut pas encore parler de « développement » dans cette région d'autant plus que le tourisme n'est pas encore mis en place. Depuis la mise en place du Parc jusqu'à nos jours, la WCS et le CNPN ont recruté les jeunes des villages environnants comme écogardes et ont institué les jardins scolaires dans lesquels les jeunes de la région sont impliqués. Ils ont également mis en place un club d'écologie au CES de Medouneu. Il importe aux gestionnaires du Parc d'avoir une démarche d'ensemble pour l'usage du projet et non d'imposer leur modèle qui ne tient pas compte des critères de choix des sociétés riveraines, afin que cet outil serve les ambitions qui sont les leurs et atteint le développement durable. La conservation doit respecter les ambitions sociales et culturelles au lieu de les soumettre à ses propres contraintes comme c'est le cas au Gabon. Il ne s'agit pas de rejeter les formes de développement en bloc, mais de les choisir et de les orienter de manière évolutive. D'ailleurs beaucoup des villageois sont soucieux des limites de leurs ressources. Ils refusent cependant qu'on leur impose des solutions et des techniques, mais souhaitent les connaître afin de décider elles -même de les mettre ou non en oeuvre. Il apparaît donc que l'un des principaux souhaits de la société fang est d'obtenir le droit de prendre une plus grande part à la gestion du territoire qui les entoure. L'expérience des années passées a clairement montré que le défit écologique dans les sociétés traditionnelles ne se limite pas à planter, à mettre en réserve quelques forêts, à aménager quelques secteurs humides. Il s'agit avant tout d'organiser la société afin de permettre aux communautés de s'assumer et de préserver l'environnement. La mise en place d'un cadre conceptuel qui prenne en considération les ressources privées et collectives du village, ses diverses ressources en biomasse ainsi que les intérêts et besoins des différents groupes économiques de la communauté villageoise est le préalable au développement d'un programme de gestion durable des ressources naturelles, car il ne peut y avoir de développement durable sans reconnaissance des doits des peuples autochtones sur leurs terres et sur le contrôle de leurs ressources. La mondialisation des savoirs offre de nombreux moyens pour la recherche de durabilité. Aucun des problèmes d'environnement ne peut être a priori résolu à l'aide d'une réponse simple. Pour résoudre ces problèmes, il faut avant tout adopter une démarche et une vision globale. Le savoir autochtone conjugué aux savoirs scientifiques permettraient d'acquérir une compréhension plus étendue et plus près de la réalité des écosystèmes et des communautés qui y vivent. Les populations autochtones gagneraient donc à en bénéficier des connaissances scientifiques écologiques. Il revient alors aux Etats d'organiser la participation des habitants à la gestion des ressources de leur territoire et parvenir à mieux les responsabiliser. Ces efforts devraient par ailleurs permettre une plus grande autonomie au niveau local, davantage en adéquation avec les objectifs écologiques. Table des photographies Photo 1: Inselberg des Monts de Cristal 29 Photo 2: Exemple de Begonia endémique des Monts de Cristal, en fang miang 32 Photo 3: Exposition d'un hocheur, en fang avem, (Cercopithecus nictitan 64 Photo 4: Un site en pleine exploitation forestière 77 Photo 5: Un site après l'exploitation minière 78 Photo 6 : Trois porcs-épics pris par braconnage 78 Photo 7: Une campagne de sensibilisation dans un village riverain 93 Photo 8 : Un site de chasseur mis à feu lors d'une patrouille 97 Photo 9: Un arbre portant les limites du Parc dans le village Mbé-Akelayong 99 Photo 10: La prise de l'eau dans la ville de Medouneu 104 Photo 11: Une voiture de la WCS et deux « routiers » 105 Photo 12: Un « garde » en activité 114 Table des cartes Carte 1. Zone d'étude : Les Monts de Cristal 23 Carte 2: Localisation des Monts de Cristal 27 Carte 3 : La région la plus pluvieuse du Gabon, avec une saison sèche peu marquée 30 Carte 4 : Les villages de nos informateurs 44 Table des tableaux Tableau 1 : la diversité alpha et bêta des Monts de Cristal 33 Tableau 2 : Les animaux des Monts de Cristal. 34 Tableau 3 : Liste des oiseaux de la forêt de nuage des Monts de Cristal 36 Tableau 4 : Les reptiles des Monts de Cristal 37 Tableau 5 : Répartition de nos informateurs 41 Tableau 6 : Effectif de la population riveraine au Parc d'après les huit villages enquêtés 48 Tableau 7 : Effectifs de la population gabonaise 48 Tableau 8 : Recensement des populations fang riveraine aux Monts de Cristal par village enquêté 49 Tableau 9: Répartition des parlers fang à l'intérieur du pays 51 Tableau 10 : Les essences épargnées lors de l'abattage 56 Tableau 11 : Les cultigènes plantées par les femmes dans leurs plantations 57 Tableau 12 : Prix de quelques cultigènes sur le marché 59 Tableau 13 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 61 Tableau 14 : Les animaux dont la consommation est interdite dans les villages enquêtés 62 Tableau 15 : Les destinations symboliques de ces animaux 63 Tableau 16 : les espèces halieutiques de la pêche 64 Tableau 17 : Les prix des espèces halieutiques au kilogramme 66 Tableau 18 : Les essences de bois utilisés lors du sciage 66 Tableau 19 : Les arbres épargnés dans le sciage et leurs destinations symboliques 67 Tableau 20: Prix des planches sur le marché de la région des Monts de Cristal 68 Tableau 21: Les produits de la cueillette 69 Tableau 22 : Prix du produit de la cueillette sur le marché 71 Tableau 23 : Les objets de l'artisanat et de la vannerie 71 Tableau 24 : Prix de quelques essences de bois sur le marché National 74 Tableau 25: Les produits des jardins scolaires 89 Tableau 26: Prix des produits sur le marché 115 Tableau 27 : Les animaux chassés dans la forêt des Monts de Cristal 116 Table des graphiques Graphique 1 : L'âge des femmes enquêtées 41 Graphique 2 : L'âge des hommes enquêtés 42 Table des diagrammes Diagramme 1 : Répartition des chasseurs des villages enquêtés par techniques de chasse 61 Références documentaires1. Sources orales 1.1. Les villageois ADA NDOUTOUME Léontine, 58 ans, ethnie fang, marié, mère de huit enfants, lignage Aveba-Nzame, chef de village, village Mela, département Como-Kango, clan Efak, sur les causes dues aux résistances vis-à-vis du Parc. AKARE NGUEMA Victoire, 63 ans, Village Avang, ethnie fang, clan Oyèk, veuve, 10 enfants, lignage Bewe Be Zame, département Haut-Como, sur le vécu des populations depuis la mise en place du Parc. Nous avons eu cet entretien le 14 Avril, 2007 dans sa cuisine. Notre entretien a mis 45 mn. ANDEME NGOUA Félicité, 42 ans, mariée, mère de 8 enfants, lignage Ossan Mbot Zam, village Avang, département du Haut-Kango, clan Efak, sur L'aménagement du territoire. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 à 10h4, dans sa boutique et il a duré 48mn. ANDEME OBAME Georgette, 50 ans, ethnie fang, clan Yégun, mariée, village Mbé-Akélayong, département Haut-Komo sur la conception du Parc. Nous avons passé notre entretien le 9 avril 2007. Ce dernier a eu lieu dans sa cuisine. Il a commencé à 8h24mn et s'était achevé à 8h50mn. ASSONG NDOUTOUME Micheline, 45ans, ethnie fang, village Misome, clan yéguin, lignage Ndong Evo'o, mariée, 2 enfants, agriculteur, département Como-Kango, sur la conception traditionnelle des forêts des Monts de Cristal. L'entretien a eu lieu le 4 avril 2006, dans son salon, à 9h45mn. AVOME OBIANG Marthe, 60 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, ligange Mba Zam, veuve, département haut-como, canton Mbé, sur la forêt sacrée. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa cuisine. Il était 8h10mn. Notre entretien a duré 50 mn. ENGOUANG MINKO Nicolas, 47 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Osan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département haut-como, canton Mbé, sur la gestion des forêts traditionnelle des forêts. L'entretien a eu lieu dans son salon, à 14h40mn. Notre entretien s'est passé dans son salon, le 6 avril 2007, à 9h30mn. L'entretien n'était pas facile d'autant plus la maîtrise de la langue nous faisait défaut. Il nous a pris 45mn. ESSENG ESSENG ESSONO Céline, 61 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, 6 enfants, département, Como-Kango, canton Mbé, sur le but de l'activité agricole. Notre enquête s'est passée le 5 avril 2006, à Misome dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 9h15mn. Notre entretien a duré 48 mn. MBANG NDONG Adélaïde, 70 ans, ethnie fang, village Andok-Foula, clan Opoé, lignage Avomo Mam, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur la période de cueillette. Notre enquête s'est passé le 8 avril 2006, cet entretien a eu lieu à sa terrasse. Il était 11h05mn. Notre entretien a duré 55 mn. MBE ELLA Michel, 46 ans, ethnie fang, village Nkann, clan Efak, lignage Mbela, veuf, département haut-como, canton Mbé, sur les étapes de l'orpaillage. Notre enquête s'est passée le 13 avril 2007 à 17h, dans son corps de garde. Notre entretien a duré 45 mn. Malgré son état de santé, il a accepté de nous recevoir. OBIANG ESSONO Edouard, 30 ans, ethnie fang , village Song, clan Oyèk, lignage, Envone Zome, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur l'heure du sciage. Notre enquête s'est passée le 3 avril 2006, dans sa salle à manger. Il était 15h10mn. Notre entretien a duré 57 mn. NDONG MBANG Mathurin, 59 ans, ethnie fang, village Mbé-Akélayong, clan Ntun, lignage Membe, marié, département Haut-Como, canton Mbé, sur la forêt protectrice. Notre enquête s'est passée le 6 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans sa boutique. Il était 14h40mn. Notre entretien a duré 55 mn. NGUEMA Antoine, 65 ans, ethnie fang, village Song, clan Esokè, lignage Mba Efak, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'organisation de la chasse. Notre enquête s'est passée le 7 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans son salon. Il était 13h45mn. Notre entretien a duré 55 mn. NKOGHE NIZELE Julien Alexis, 48 ans, Marié, Père de six enfants, ethnie fang, village Andok-Foula, le département Como-Kango, clan Opoè. Notre entretien s'est passé dans la journée du 4 avril 2007 dans le village du pré-cité. Il avait eu lieu sous sa véranda, en présence de sa nombreuse famille à savoir son épouse, ses enfants, ses frères et ses soeurs. L'enquête a démarré à 13h33mn et elle a duré 30mn. NNANG AFAN Louis Mari, 56 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, marié, père d'une grande famille département haut-como, canton Mbé, sur le but de la vannerie et de l'artisanat. Notre enquête s'est passée le 1 avril 2007, dans son village natal. Cet entretien a eu lieu dans salon. Il était 9h00mn. Notre entretien a duré 43 mn NZE NDONG Christian, 26 ans, ethnie fang, village Akoga, clan Ntun, lignage Elo'o, célibataire, département Como-Kango, canton Mbé, sur les difficultés liées à la pêche. Notre enquête s'est passé le 12 avril 2006, Cet entretien dans son corps de garde. Il était 19h23mn. Notre entretien a duré 40 mn. OBIANG ONDO Michel, né en 1920, clan güèn, lignage Ossan Mbot Zam ; marié à trois femmes, 14 enfants, retraité des Travaux publics, Woleu-Ntem, Haut-Como, village Avang OBONE ELLOH Marie-France, 49 ans, ethnie fang, village Misome, clan Yégun, ligange Meye Me Ze, veuve, département haut-como, canton Mbé, sur la durée de la jachère. Notre enquête s'est passée le 10 avril 2006, à 10h30. Cet entretien a eu lieu dans Son salon. Notre entretien a duré 58 mn. ONDO ESSONO Emile, 87 ans, ethnie fang, village Avang, clan Guèn, lignage Ossan Mbot Zam, marié, père d'une grande famille, département Haut-Como, canton Mbé, sur l'origine des Fang de Medouneu et de Kango. L'entretien a eu lieu le 6 avril 2006, à 11h 33 mn, dans son corps garde. OVONO MBA Frédéric, 42 ans, ethnie fang, marié, père de six enfants, infirmier d'Etat, lignage Aveba-Nzame, département Como-Kango, clan Efak sur les limites du Parc. Cet entretien a eu lieu le 12 avril 2007 dans son corps de garde. Il avait exigé que nous nous présentons et présenter les objectifs de notre présence dans le village. Cet entretien avait démarré à 19h10mn. OYANE NDOUTOUME Germaine, 52 ans, mariée, mère de 8 enfants, ethnie fang, village Akoga, clan Esokè, lignage Mba Zam, département Haut-Como, canton Mbé, sur les inconvénients du Parc. Cet entretien s'est passé le 27 mars 2007, dans son village, particulièrement à sa véranda. Il était 10H30mn. Nous avons passé notre entretient dans un esprit de sérénité. 1.2. CNPN, WCS e instituts de recherche BRYAN Curran, Américain, 49 ans, Ex-Directeur des Projets WCS-Gabon, sur le rapport du projet à la population. HAN Hoverman, 45 ans, ex-directeur du Projet Parc National Monts de Cristal-Gabon, sur les activités de la WCS-Gabon. HEGA Martin Fridolin, 36 ans, Responsable de l'éducation environnemental Monts de Cristal-WCS, sur les objectifs du club écologique. Notre entretien a eu lieu le 5 juillet 2007, au WCS. Notre entretien a duré 45mn. ISSEMBE Yves, 36 ans, Chercheur à l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropical), sur l'inventaire de la végétation de la forêt de Monts de Cristal. Notre entretien s'est passé le 28 février 2007, à l'IRET, précisément dans son Bureau. Il était 12h20. Ce dernier nous a pris 56 mn. Nous avons pris un rendez-vous au préalable. Notre entretien s'est bien passé. LEE White, 38 ans, Directeur de la WCS-Gabon, sur forêt objet de relations internationales. Notre entretien a eu lieu à son bureau, précisément le 7juin, 2007 à 10h 30. NDJIMBI Frank, 40 ans, Directeur de communication et des relations publiques au CNPN-Gabon, sur le rôle de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au CNPN le 3 juillet 2007 à 11h10 mn. NDONG ALLOGHO Hervé, 34 ans, Conservateur du Parc National des Monts de Cristal-Gabon, sur les méthodes de conservation. Notre entretien a eu lieu le 4 Avril 2007 au CNPN-Gabon et il a duré 45 mn. NGOK BANAK Ludovic, 38 ans, directeur de l'IRET (Institut de Recherche en Ecologie Tropicale), sur l'importance de la conservation du Parc des Monts de Cristal. Notre entretien a eu lieu le 20 février 2007, à 17h30, à l'IRET, précisément dans son bureau NGOUA Rosalie, 45 ans, Chercheur à l'IRET, sur l'inventaire des espèces animales de la forêt de Monts de Cristal. Nous avons eu cet entretien à l'IRET, le 1 mars, 2007, à 15h05 mn, il a duré 40mn VANDE WEIGHE Jean Pierre, 67 ans, Chercheur au WCS-Gabon, sur les oiseaux de la forêt des Monts de Cristal. Cet entretien a eu lieu au WCS-Gabon, le 8 mars 2007, à 11h15mn. Il a duré 35mn. 2. Sources écrites 2.1. Ouvrages généraux RATANGA ATOZ Anges. Les peuples du Gabon occidental 1839-1914. Libreville, Raponda Walker, 359 p. BALANDIER, Georges. 1982 - Sociologie actuelle de l'Afrique noire. Paris, PUF,529 p. CHAILLU, Paul du. 1996 [1858] - Voyages et aventures en Afrique Equatoriale, Centre Culturel Français, Sépia, 515 p. COPANS Jean. 1998 - L'enquête ethnographique de terrain. Paris, Nathan, coll. «128», 128 p. DESCHAMPS, Hubert. 1962 - Traditions orales et archives au Gabon, Paris, Berger-Levrault, 173 p. DESCOLA, Philippe. 1986 - La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l'écologie des Achuar. Paris, MSH, 450 p. DUBOIS Jean-Jacques. 1999 - Les milieux forestiers : Aspects géographiques. Paris, René Constant, 336 p. DUPUIS, Bernard. 1998b - Bibliographie sur la gestion des écosystèmes forestiers denses d'Afrique humide, Tome 1. Gabon, Montpellier, CIRAD, 207 p. 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Hebdo Information, Le code des pêches et de l'aquaculture, n°514 du 28 Janvier, 2006. Le journal de l'environnement du bassin du congo : Le cris du pangolin, n°35 3. Sources informatiques http// www. Environnement. fgov.org http//www. Agrob. Com http// www. Cogestion/ wiki/. Org htt//natcomreport.com/Gabon/Live/reserve.html. Table des matièresSommaire 2 Dédicace 3 Remerciements 4 Introduction 5 Objet d'étude 6 Domaine d'étude 6Problème, hypothèses et définition des concepts 7Le Problème 7Les hypothèses 8 Définition des concepts construits 8Parc National 8Cogestion 9 Développement durable 10 Première partie : Approche théorique et méthodologique 13 Chapitre 1 : approche théorique 14 1.1. Les auteurs sollicités 141.2. Historique des Parcs Nationaux 24
1.4 Historique 28 2. Milieu abiotique et biotique 28 2.1. Milieu abiotique 28 2.1.1. Hydrographie 28 2.1.2. La géomorphologie 28 2.1.3. Le climat 30 2.1.4. Géologie 31 2.1.5. Pédologie 31 2.2 Milieu biotique 31 2.2.1. La végétation 31 2.2.2. La faune 34
2.2.4.. Herpétofaunes 37 2.2.5. Les invertébrés 37 2.2.6. Importance pour la conservation 38 2.2.7. Les acteurs de la gestion et de la conservation du Parc National des Monts de Cristal 38 Chapitre 2 : Cadre Méthodologique 40 2.1. Pré-enquête et enquête documentaire 40 2.1.1. La pré-enquête 402.2. L'enquête, Limites et Rapport de terrain 40 2.2.1. L'enquête 402.2.2. Limites 432.2.3 Résultats préliminaires 45 Deuxième Partie : Les modes traditionnels de vie 47 Chapitre 3 : Identification de la population riveraine au Parc des Monts de Cristal 48 1-Identification de la population 48 2. Origines de la population de la zone d'étude 49 2.1. Organisation sociale 52 2.2. L'organisation culturelle 52 2.3. L'organisation religieuse 52 2.4. L'organisation économique 53 2.5. L'organisation politique 53 2.5. Gestion foncière 53 Chapitre 4 : Les fondements socio-économiques de la société fang 55 1. Conception de la forêt 55
1.1.1. L'agriculture 55 1.1.2. La chasse 59 1.1.3. La pèche 65 1.1.4 Le sciage de bois 67 1.1.5 La cueillette 70 1.1.6 L'exploitation minière artisanale 72 1.1.7. L'artisanat et la vannerie 73 1.2. Forêt protectrice 75 1.3 L'impact des activités traditionnelles dans la forêt des Monts de Cristal 76 2. Méthodes de conservation des ressources forestières 79 2.1 « Forêt sacrée » 79 2.2. La jachère 80 Troisième partie : Les modes modernes de vie 82 Chapitre 5 : L'histoire du WCS et du CNPN-Gabon 83 1-Naissance du CNPN et du WCS-Gabon 83 1.1 Le CNPN 83 1.2 La WCS 83 2. Les Activités du CNPN et du WCS-Gabon 83 2.1. Les activités du CNPN-Gabon 83 2.2. Les activités de la WCS-Gabon 85 Chapitre 6 : La politique de conservation des écosystèmes forestiers des Monts de Cristal Conception de la forêt 88 1.1. « Objet de relations internationales » et Usine de Production « d'argent » 88 1.2. Puits naturel de « Carbone » 90 2. Méthodes de conservation des forêts 91 2.1 Etablissement des législations et sensibilisation de la population riveraine au Parc National 91 2.2. Exclusion autochtone et la Mise « sous cloche » 94 Quatrième Partie : Les fondements socio-culturels liés à la confrontation entre les villageois et le CNPN/WCS 101 Chapitre 7 : Les limites de la politique du Parc National des Monts de Cristal 102 1. Les causes 102 1.1 Marginalisation des Villageois 103 1.2. Absence de Cogestion dans le projet de conservation 106 2. Les conséquences 109 2.1. La méfiance 109 2.2. Les résistances 110 Chapitre 8 : La collaboration dans le projet 113 1. L'offre d' « emploi sommaire » 113
2. Développement de Micro Projet dans la Région 115 2.1. Jardins scolaires 115 2.2. Le club d'écologie 116 Conclusion 119 ResuméLe mémoire de Maîtrise qui porte sur les relations population fang et les gestionnaires des Parcs est composé de quatre parties. La première partie est constituée essentiellement du cadre théorique et méthodologique. C'est grâce à celle-ci que nous avons circonscrit notre objet. La deuxième partie se focalise sur les modes traditionnels de vie. Il a été question de ressortir l'origine et les fondements socio-économiques de la population fang. Cette partie nous a permis de connaître et de mieux comprendre les rapports des populations traditionnelles à la forêt. La population fang a des origines lointaines et proches. Il suffit de prendre connaissance des hypothèses du Père Trille, Laburth Tolra, de Pither Medjo et de Clis. Les Fang gèrent la forêt par la chasse, l'agriculure, la pêche, l'artisanat, la vannerie, la cueillette, l'orpallage et le sciage. La conservation de cette forêt se fait par la jachère et la « forêt sacrée ». Ces dernières sont suivies des législations et sont du ressort du chef coutumier. La troisième partie se concentre sur les modes modernes de vie. Dans cette partie, nous avons analysé les rapports des hommes modernes à la forêt. Il s'agissait précisément de ressortir les activités du CNPN et de la WCS autour et à la périphérie du Parc, et des représentations qu'ils en font de la forêt. Le CNPN se charge de la gestion intégrale de cet espace de protection et la WSC est apperçue comme un appui technique à ce projet de conservation. La dernière partie examine les rapports de ces deux acteurs de conservation. Dans cette partie, nous avons analysé les rapports des Fang avec les gestionnaires dans le projet de conservation du Parc National des Monts de Cristal. A travers l'enquête que nous avons fait aux mois de mars-avril, particulièrement au Woleu-Ntem (Medouneu) et Estuaire (Kango), il ressort que les deux acteurs vivent dans un monde d'interactions. Les deux univers entretiennent des rapports conflictuels. Ces conflits sont la conséquence d'une absence de cogestion et de la marginalisation de la population fang dans le projet. Mots clés : Parc National, Cogestion, Developpement durable, Conservation, Environnement, Ecosystème, Forêt sacrée, Agenda 21. * 1 Une forêt qui a résisté à la période de glaciation. * 2 Une forêt quasiment humide. * 3 Animal ou végétal considéré comme l'ancêtre et le protecteur d'un clan. * 4 Canal en bois ou en métal, dans lequel, les orpailleurs écoulent les alluvions avec un courant d'eau. C'est un outil qui aspire les alluvions dans le fleuve ou dans les rivières et les déversent sur une rampe de lavage posée sur un radeau. * 5 Déplacement des composants du sol à la surface de la terre, sous l'action de l'eau ou de l'air en mouvement. * 6 Programme d'actions signées à Rio de Janeiro, 1992, sur les 27 principes essentiels à un développement rationnel et réel.
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