SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
Introduction
Générale
1
Chap. 1 : La corruption :
concept et stratégies de lutte
4
Introduction :
4
Section 1 : Les définitions
de la corruption
5
Section 2 : Les différentes
formes et les différents types du corruption
12
Section 3 : Les stratégies
de lutte contre la corruption
18
Conclusion :
26
Chap. 2 : Corruption et IDE :
causes et effets
27
Introduction :
27
Section 1 : Les causes de la
corruption dans les pays en développement
28
Section 2 : Le rôle crucial
des institutions dans l'attractivité des IDE
39
Section 3 : Corruption-IDE :
le débat théorique
45
Conclusion :
51
Chap. 3 : Corruption et IDE :
validation empirique
52
Introduction :
52
Section 1 : La mesure du
corruption
52
Section 2 : l'IDE :
Définition, fondement théorique et principaux
déterminants
56
Section 3 : Etude empirique de la
relation Corruption-IDE : modèle de Rahman A.,
Kisunko G. et Kapoor K. (2000)
66
Conclusion :
73
Conclusion
Générale
74
TABLES DES MATIERES
76
ANNEXES
79
1 Introduction Générale
La corruption est un phénomène
à l'intersection entre le droit, l'économie et la politique. En
fait, durant plusieurs siècles, les réflexions sur la corruption
sont menées par les philosophes traitant de la place, la raison et la
morale dans le gouvernement de la cité. Ce sont les sciences politiques
qui, dans les années soixante, franchissent le pas de la
« démoralisation » du sujet en acceptant
d'étudier la corruption selon une grille de lecture individualiste,
utilitariste et fonctionnelle. Ces analyses ont le mérite d'essayer de
mettre en balance les effets positifs et négatifs du
phénomène sur la modernisation des pays. L'intérêt
des économistes pour le sujet est encore plus récent puisqu'il ne
date que des années soixante-dix. La littérature
économique sur la corruption a été dominée par des
études micro-économiques d'origine anglo-saxonne (Johnston M.,
1996). Rejetant toute une condamnation morale, elles étudient, à
partir des hypothèses traditionnelles de la micro-économie, les
avantages et les inconvénients de l'acte. En raison de la
sensibilité et de la nature intrinsèquement secrète du
thème, ces études se sont limitées à des aspects
descriptifs et théoriques du phénomène.
Depuis quelques années, la corruption suscite un
regain d'intérêt parmi les universitaires et les pouvoirs publics.
En effet, avec la fin de la guerre froide, et de la politique de « la
conditionnalité » (FMI), les pays donateurs oeuvrent pour
répartir leurs aides au développement en fonction de la bonne
gouvernance. Egalement, cette situation a augmenté l'inquiétude
des agences de l'aide bilatérale et multilatérale concernant les
effets de la corruption sur la performance économique.
L'accroissement dans les années récentes du
nombre des pays à régimes démocratiques et la
liberté des médias ont créé un environnement dans
lequel les discutions sur la corruption n'est plus un tabou. Les institutions
internationales financières et les organisations non gouvernementales
ont contribué à une plus grande conscience pour les coûts
économiques du phénomène. La grande confiance dans le
mécanisme du marché et le besoin pour la
compétitivité ont donné naissance à un
environnement où la recherche d'efficience nécessité une
grande importance et les distorsions attribuées à la corruption
attirent plus d'attention. Avec la mondialisation, la fréquence des
contacts entre les pays où la corruption est endémique et ceux ou
elle est incident ale, s'est multipliée.
La croissance du phénomène de la corruption qui
a atteint son pic dans les années 90 peut être une raison pour ce
regain d'intérêt et cette nouvelle attention. La croissance du
commerce international et des affaires, et les changements économiques,
à l'exemple de circulation de l'investissement direct étranger,
dans beaucoup des pays et spécialement dans les économies en
transition, ont créé beaucoup de situations dans lesquelles les
paiements des pots de vin sont lucratifs pour les compagnies qui leur permet de
gagner des contrats profitables. La plupart des pots de vins ont
été payés pour l'obtention des contrats étrangers
ou pour un accès privilégié aux marchés ou aux
bénéfices particuliers tel que l'avantage fiscal.
Un autre trait frappant de l'économie mondiale de ces
dernières décennies est la croissance des investissements directs
étrangers réalisés par les firmes multinationales. Ce type
d'investissement occupe une place prépondérante dans toute
stratégie de développement. En effet, les investissements directs
étrangers constituent un instrument privilégié permettant
de stimuler et d'assurer une meilleure intégration dans l'espace
économique international de plus en plus mondialisé et un facteur
déterminant en matière d'acquisition des technologies et
d'amélioration de la compétitivité.
C'est pourquoi l'importance des investissements
étrangers n'a cessé au fil des dix dernières années
de se renforcer et ce en rapport notamment avec les profondes et rapides
mutations économiques sur la scène internationale, la
mondialisation poussée de l'économie, l'ouverture des
économies des pays émergents sur l'environnement extérieur
et le démantèlement des frontières économiques qui
n'a fait qu'exacerber davantage la concurrence.
A cet égard, un pays d'accueil,
caractérisé par des carences institutionnelles et des
insuffisances relatives au droit de la propriété, aux rapports
avec les administrations et le système judiciaire, ne constitue pas une
destination privilégiée pour les investisseurs étrangers.
En effet, le dysfonctionnement des institutions publiques décourage les
investisseurs étrangers et aura des répercussions
négatives sur leurs projets. La corruption est parmi les symptômes
de dysfonctionnement constituant un obstacle aux investissements
étrangers. D'où l'idée d'étudier la relation
probable entre la corruption et l'investissement direct étranger.
Ce fléau est souvent considéré, par la
plupart des économistes, comme étant une menace à
l'investissement étranger pour plusieurs raisons. Il déforme
l'environnement économique et financier, il réduit
l'efficacité du gouvernement et des entreprises en permettant à
des personnes d'accéder à des positions de force en utilisant le
patronage plutôt que le mérite, et dernier élément
mais non des moindres, il introduit un élément
d'instabilité interne dans le processus politique. Les investisseurs
étrangers peuvent avoir des difficultés à faire
efficacement des projets dans des pays où la corruption est
étendue. Ce phénomène prend la forme de demande de
paiement spéciaux et des pots-de-vin liés avec des licences
d'importation ou d'exportation et l'estimation des taxes fiscales.
Le présent travail vise à répondre
à la question principale suivante : quelle est la nature de la
relation corruption investissement direct étranger ?
Répondre à cette question nécessite la réponse
à d'autres sous-questions, à savoir ; qu'est-ce qu'on entend
par corruption ? Quelles sont ses causes et ses effets et comment la
mesurer ? Comment lutter efficacement contre ce fléau ?
Pour ce faire, le travail a été divisé
en trois chapitres.
Dans le premier chapitre on va suivre les différentes
définitions et concepts qui ont trait à la corruption, les formes
et les types qu'elle peut prendre et enfin les stratégies de lutte.
Dans le deuxième chapitre, on va présenter les
différentes causes du phénomène, le rôle des
institutions dans l'attractivité des investissements directs
étrangers et enfin le débat théorique sur l'existence de
la relation corruption investissement direct étranger.
Dans le dernier chapitre, on va analyser empiriquement la
nature de la relation entre l'investissement direct étranger et la
corruption, en d'autres termes, c'est un essai pour mettre une évidence
empirique pour les effets de la corruption sur l'investissement direct
étranger.
Chap. 1 : La corruption : concept et stratégies de
lutte
Introduction :
Il est appréciable que le thème de la
corruption, qui était tabou il n'y a pas très longtemps, devienne
aujourd'hui objet de débat public. Selon une estimation de la Banque
mondiale, pendant la période 2001-2002, mille milliards de dollars
auraient été détournés. Ce montant
représente environ 3% des échanges de la planète pour
cette même période. Ce qui explique que la corruption fait l'objet
d'un regain d'intérêt dans une multitude d'univers sociaux
(scientifique, judiciaire, politique, journalistique...).
Elle est une pratique généralisée et
répartie sur toute la surface du globe, qui ne connaît pas de
frontières et qui touche tous les pays. Elle fut et demeure de tout lieu
et de tout temps. Qu'elle prenne pour nom pot-de-vin, dessous-de-table,
détournement de fonds ou entraves à la justice, qu'elle soit
active ou passive, sa nature se veut multiple. Mais quelle qu'elle soit, la
corruption est néfaste pour un pays, et incontestablement plus pour un
pays en voie de développement.
De ce fait, il est d'importance crucial de chercher une
définition qui explique la corruption (section 1), distinguer ses formes
et ses types (section 2) et enfin analyser les différentes
stratégies qui permettent de lutter contre cette épidémie
(section 3).
Section 1 : Les
définitions de la corruption
Le mot corruption semble rebelle à une
définition rigoureuse et apparemment les auteurs qu'ils emploient ne
partent pas toujours du même point de vue. Dans cette section on va
suivre l'évolution des notions et de définitions de la
corruption.
1.1- Notions classiques de la
corruption :
La corruption est un phénomène qui ne
découle pas d'hier, il est très ancien. Pour marquer cette
ancienneté on va voir les notions classiques. En effet, la corruption a
été défini jadis comme un concept philosophique et
politique et elle avait un sens beaucoup large qu'aujourd'hui. Ainsi Platon,
Aristote, Thucy-did et Machiavel (Johnston M., 1996) ont utilisé le
terme pour désigner non pas tous les actes de certains individus que la
santé morale de société tout entier. Il est à noter
également que la définition classique du mot ne laisse aucun
doute sur le poids de la dimension morale dans son
utilisation : « perversion ou destruction de
l'intégrité dans l'accomplissement de son devoir, par des
pots-de-vin, des faveurs. » (Cartier-Bresson J., 1992)
1.2- Notions modernes de la
corruption :
Cette notion classique assez générale ne
s'applique peut être pas aujourd'hui à cause de la
complexité des institutions gouvernementales et la
différenciation des groupes sociaux et de leurs programmes. D'où,
il n'y a plus de raison pour juger la corruption d'un ordre politique tout
entier. En effet, la corruption désigne aujourd'hui, pour la plupart des
analystes, les actes bien précis d'individus bien précis, ceux
qui occupent les fonctions publiques et ceux qui cherchent à les
influencer (selon certaines définitions). On peut classifier ces
définitions selon celle procédant d'une classification des
comportements et selon la relation principal-agent-client (Johnston M., 1996).
1.2.1- Les définitions procédant d'une
classification des comportements :
Les définitions axées sur les comportements
assimilent généralement la corruption à l'abus d'une
charge de pouvoirs ou de ressources publiques pour l'obtention d'un avantage
privé. La question qui se pose à ce stade est comment savoir si
un acte donné est corrompu ou non ? En effet, on découvre
dans la littérature trois sortes de critères sur lesquels on peut
classer, selon Heidenheimer (1970), les différentes définitions
employées :
1.2.1.1- définitions centrées sur la
fonction publique :
On peut citer comme exemple la
définition de Waterbury (1973) : la corruption est
« l'abus de la charge publique et l'influence pour des firmes
privées». Ou encore celle de Nye (1967) qui est dans le même
concept mais plus détaillée : « la corruption est
le comportement qui s'écarte des obligations formelles inhérentes
à une fonction publique pour en tirer un avantage privé
(personnel, famille proche, clique privé), en terme d'argent ou de
statut ; ou qui enfreint des règles interdisant l'exercice de
certains types d'influences de nature privée».
Senior (2006) critique ce type de définitions. En
effet, le problème c'est qu'elles sont loin d'être parfaites
malgré la précision de celle de Nye (1967) ; d'une part, la
principale faiblesse c'est qu'ils restreignent la corruption à l'abus de
la charge publique pour des fins privées. Or il est clair que la
corruption peut fréquemment être tracé à
l'interaction entre les fonctionnaires, qui ont des licences pour qualification
et des individus privés ou firmes qui désirent recevoir ces
licences, il est évident que la corruption peut se produire à
l'intérieur du secteur privée.
D'autre part, la deuxième faiblesse à ce type de
définition est leurs références pour les lois
dépassées dans le temps. En effet, la législation varie
considérablement d'un pays à un autre, d'une période de
temps à une autre. La littérature abonde avec les exemples des
pays, notamment en Afrique, où les actions qui dans les pays
Européens sont vues comme illégales et corrompus sont
considérés d'être normal et acceptable.
Pourtant, la définition de Nye est peut être
celle qui a été le plus largement utilisée au fil des
années1(*).
1.2.1.2- Définition centrées sur le
marché :
On peut citer, comme exemple de cette approche, la
définition de Van Klaveren (1990)2(*) : « un fonctionnaire corrompu
considère sa fonction publique comme un commerce, dont il va [...]
chercher à tirer un revenu maximal. La fonction devient ainsi une
" entité " de maximisation. L'importance du revenu tiré
dépend [...] de la situation du marché et des talents dont le
fonctionnaire fera preuve pour trouver le point de gain maximal sur la courbe
de demande du public ».
Or certains ne la considèrent pas comme une
définition mais une affirmation relative aux incitations qui influent
sur le montant et sur les enjeux de la corruption dans une situation
donnée et qui font de la corruption un phénomène
durable.
En effet, elle ne tient pas compte des avantages intelligibles
(prestiges, promesses de soutient politique) qui peuvent découler de
l'abus d'autorité. Qui plus est, le marché des faveurs
officielles, peut être complexe et idiosyncrasique : la demande de
services officiels peut être inélastique, fortement
individualisée (comme le cas de copinages) et bien supérieure
à l'offre. Dans certains cas, lorsque, par exemple, plusieurs
fonctionnaires s'acquittant d'un travail identique se mettent d'accord pour
demander les mêmes dessous-de-table, la corruption peut impliquer une
collusion qui est la négation de type de marché décrit par
Van Klaveren (1990).
Des fonctionnaires peuvent organiser
délibérément des monopoles, des retards ou des
pénuries en matières de bien, de licences ou autres, afin de
faire monter le prix, de leur pouvoir discrétionnaire.
1.2.1.3- Les définitions axées sur la
notion d'intérêt général et ses
conséquences :
Ainsi, Friedrich (1990) : « on peut
parler de la corruption lorsque le titulaire d'une fonction publique
chargé de faire certaines choses, c'est-à-dire le fonctionnaire
ou le titulaire responsable, est incité, par des gratifications
monétaires ou autres non prévues par la loi, à prendre des
mesures qui favorisent celui qui fournit les gratifications et porte ainsi
préjudice au public et à ses
intérêts ».
Il faut reconnaître à cette définition
le mérite de chercher ici à conserver un aspect moral important
de la corruption, à savoir le préjudice au public. Le
problème ici est qu'elle fait également la confusion entre la
définition de la corruption et ses conséquences en oubliant que
sont deux choses différentes qui méritent chacune d'être
longuement examinées.
Il est à signaler aussi que cette définition
retrouve l'essentiel de celle de Nye (1967), mais elle y ajoute les
conséquences causées par la corruption.
On remarque, enfin, que toutes ces définitions ont
pourtant un élément en commun : elles tentent de classer les
comportements. Elles nous permettent de repérer des modalités de
corruption, d'envisager les réformes institutionnelles et politiques, et
d'analyser les conséquences de divers actes de corruption.
La principale faiblesse de ces définitions est
qu'elles font usage de certains termes et distinctions qui posent les
problèmes ; non seulement il peut être difficile de
s'entendre sur la signification de l'abus, mais encore la définition de
ce qui constitue une fonction ou une ressource publique ou un avantage
privé et parfois loin d'être clair. Une autre question consiste
à savoir si la corruption peut, et doit, être
considérée comme une affaire de degré.
1.2.2- Les définitions de l'approche
"
Principal-Agent-Client " :
Une autre approche un peu différente de la
précédente, même si elle reste toujours liée au
comportement de l'agent public. La nouveauté c'est qu'elle se fonde sur
l'analyse des interactions plutôt que sur la définition d'une
catégorie d'actions relevant intrinsèquement de la
corruption ; elle consiste à faire appel au cadre "
Principal-Agent-Client ". Un " Principal " est un individu ou
institution qui a en charge de réalisation une fonction, un
" Agent " est Un individu ou institution qui réellement
exécute l'opération de l'agence et enfin un " Client "
est Un simple particulier ou institution avec qui l'agent réagit
réciproquement.
Au lieu de considérer les dirigeants ou fonctionnaires
isolement, cette approche ramène le fonctionnement des organismes
publics aux relations entre un principal chef de service, par exemple, investi
d'une fonction publique, son agent, qui acquitte des tâches
opérationnelles de l'administration considérée, et le
client, c'est-à-dire le particulier avec lequel l'agent est en
rapport.
Johnston (1996) a cité les définitions de
Rose-Ackerman (1978) et Klitgaard (1988) comme exemples qui présente
cette approche et Senior (2006) y ajouté celle de Alam (1989).
Rose-Ackerman (1978) cite que : « les
supérieurs voudraient que leurs agents remplissent toujours les
objectifs qu'ils leur assignent, mais la surveillance est coûteuse, et
les agents ont généralement une certaine liberté qui leur
permet de faire prévaloir leurs intérêts propres sur ceux
de leurs principaux. C'est ici qu'intervient l'argent. Un tiers, qui peut tirer
profit de l'acte de l'agent, cherche à peser sur sa décision en
lui offrant une somme d'argent qui n'est pas versée au principal [...]
ici la corruption ne se limite pas aux versements entrants en conflit avec les
objectifs du principal. Elle ne se limite pas non plus aux versements
formellement considérés comme illégaux. Il englobe au
contraire tous les versements faits aux agents et non transmis aux
supérieurs... ».
Klitgaard (1988) se distingue un peu de Rose-Akerman (1978),
qui donnait de la corruption une définition plus
étroite ; il affirme que : « cette approche
définit la corruption en fonction de la divergence entre les
intérêts du principal ou ceux du public d'une part, et ceux de
l'agent ou du fonctionnaire d'autre part : il y a corruption lorsqu'un
agent trahit l'intérêt du principal pour faire prévaloir le
sein ».
Enfin Alam (1989) se concentre sur les interactions entre et
parmi les partis impliqués. La corruption d'après lui est
définie comme : « (1) le sacrifice de
l'intérêt du principal pour l'agent, ou (2) la violation des
normes qui définissent le comportement de l'agent. »
Ce qui est intéressant dans cette approche c'est
qu'elle ne relève pas de débat sur les définitions en tant
que tel, mais elle offre une perspective qui permet de juger de la
signification de la corruption dans les sociétés
réelles.
Le modèle " Principal-Agent-Client " fait place
à une notion d'intérêt général sous la forme
des intérêts du principal. Il tient plus directement compte de
l'intérêt public et des mécanismes de responsabilité
en tant qu'éléments du cadre politique institutionnel, au lieu
d'essayer (comme l'a fait Friedrich) de rattacher ces questions à nos
évaluations des actes individuels eux-mêmes.
Ainsi, ce modèle présente une idée
relativement claire des rôles qui sont publics et de ceux qui ne le sont
pas, et des biens institutionnels existant entre les deux.
La faiblesse de cette approche c'est qu'elle est bien
placée pour analyser la corruption bureaucratique mais le cadre qu'elle
propose peut ne pas convenir aussi bien, voire ne pas convenir du tout,
à l'étude d'autres formes de corruption.
1.3- Les approches
" néoclassiques "3(*)
Comme on a signalé auparavant, les définitions
fondées sur une classification des comportements sont trop rigides pour
s'appliquer à toutes les époques et à tous les lieux et
leur adoption aux sociétés réelles et en particulier aux
sociétés en transition pose des problèmes. Pour
remédier à ce problème, il faut avoir des
définitions qui devraient, peut être, cerner un type particulier
de problème politique, problème qui ne tient pas à des
actes spécifiques mais bien plutôt à des processus plus
large par lesquels on doit passer pour exercer l'influence et
l'autorité. C'est une approche qui pourrait être qualifiée
de " néoclassique " parce qu'elle cherche à concilier
les notions modernes de la corruption politique et les préoccupations
classiques relatives à la santé morale des sociétés
tout entiers.
Cette approche en intégrant la dimension politique de
la corruption ne discute pas de catégories précises de
comportements, mais fait apparaître l'interaction entre les institutions
officielles et les pratiques sociales qui, ensemble, constituent le
système d'ordre public d'une société qui exalte
l'intérêt commun contre l'intérêt personnel. On cite
quelques exemples :
Berg, Hahn et Schmidhauser (1976) ont définit la
corruption comme le comportement qui consiste à « enfreindre
et saper les normes de systèmes d'ordre public réputé
indispensable au maintien de la démocratie politique. »
Jacek Tarkowski (1989) dans une analyse de la Pologne et
l'URSS au bord de leurs transitions politiques, propose
que : « corruption [...] est toute activité
motivée par intérêt, en violant les règles
obligatoires de distribution, l'application de celui qui est dans sa
responsabilité. Règle de distribution [...] qui fait
référence non seulement à la lettre de la loi, mais aussi
aux normes reconnues comme lier pour la société et/ou aux normes
et codes opérationnels " officiels " du système. Ainsi
" corrompre " et ces activités vues par la
société comme illégales ou vue par l'élite de
pouvoir comme contradictoire à la logique de
système ».
Tarkowski a trouvé cette définition
générale utile pour analyser l'augmentation des entreprises
économiques " hybrides " ; non plus clairement public ni
privé, légal ni illicite, ressembler à certains
égards aux usages du Guan Dao en Chine. Un autre point majeur est qu'il
a utilisé sa définition non pas pour classer certains genres de
comportements comme corrompu, mais comme un guide à l'interaction entre
institutions officielles et les ressortant forces de la société
civile, et aux " régions grises " dans lesquelles ce processus
avait lieu. Enfin il montre comment la corruption à la fin des
années 80 a aidé actuellement à des aspects importants de
réforme en créant de nouveaux rapports entre fonctionnaires et
intérêts privés.
Dennis Thompson (1993, 1995), quand à lui avec son
concept de " corruption indirecte " a essayé de faire revivre
les notions classiques de la corruption. Thompson ne redéfinit pas la
corruption en tant que telle, mais présente la " corruption
indirecte " comme une catégorie qui va au-delà de la
" corruption conventionnelle"- pots-de-vin ou extorsions de fonds
caractérisés probablement- pour englober des actes qui sont
corrompus parce qu'ils portent atteinte au processus démocratique.
Il l'appelle " corruption indirecte " : «
[...] parce qu'elle se fait par l'intermédiaire du processus politique.
La contribution du fonctionnaire public à la corruption est
filtrée à travers plusieurs usages qui sont autrement
légitime et peut être même du devoir de son bureau. En
conséquence, le fonctionnaire et les citoyens n'ont pas la
possibilité de reconnaître que le fonctionnaire a fait n'importe
quoi mal ou que tout mal sérieux a été fait »
(Thompson, 1993).
A l'ampleur que nous sommes habitué à
définir la corruption quant aux caractéristiques des actions bien
spécifiques, cette notion n'est pas facile de saisir. Cette
définition ne présente pas des graves limites. Non plus autour de
la corruption elle-même ou entre indirecte et conventionnelle. Cependant,
elle élargie le concept de la corruption en reliant plus attentivement
l'analyse académique à ce que beaucoup de public a dans son
esprit quand il se plaint du corruption, sans faire du concept une
matière d'opinion publique. On ne se concentre pas seulement sur le
statut des actions spécifiques ou sur des marchandises bien
spécifiques qui sont échangées mais sur la valeur de
politique démocratique elle-même : « la
corruption indirecte [...] comprend les trois éléments principaux
du concept général de corruption : un fonctionnaire qui fait
un gain, un particulier qui retire un avantage et un lien entre le gain et
l'avantage contraire à la rectitude.
Mais la corruption indirecte diffère de la corruption
conventionnelle en ce qui concerne chacun de ses trois
éléments : (1) le gain que le politicien reçoit est
politique, il n'est pas personnel et n'est pas illégitime en
lui-même, comme dans la corruption conventionnelle ; (2) comme le
fonctionnaire fournit l'avantage improprement, pas nécessairement
l'avantage lui-même, ou le citoyen le reçoit ; (3) le rapport
entre le gain et l'avantage est impropre parce qu'il endommage le processus
démocratique, non à cause du fait corrompu du fonctionnaire
public. Dans chacun de ces éléments, le concept de "corruption
indirecte" lie les actes individuels de fonctionnaire aux qualités du
processus démocratique. Dans ce sens, le concept de "corruption
indirecte" fournit une synthèse partielle de corruption conventionnelle
(familier dans la science politique contemporaine) et corruption
systématique (trouvée dans la théorie politique
traditionnelle » (Thompson, 1993).
Enfin, on peut remarquer que la littérature
économique est riche de définition du concept de corruption et
les économistes n'ont pas trouvé à nos jours un terrain
d'entente pour élaborer une définition universelle. A ce stade,
il est intéressant d'étudier les différents types et
formes de la corruption.
Section 2 : Les
différentes formes et les différents types du corruption
La corruption est un phénomène international,
il ne se limite pas aux pays en développement. Même les pays
développés ont vécu de fameux scandales. Mais, ce qui a
laissé la littérature économique se concentrer sur le cas
des pays en développement c'est l'ampleur que la corruption a prise dans
la vie quotidienne.
Ceci dit la corruption peut prendre des formes et des types
variés.
2.1- Formes principales de la
corruption :
La corruption est un comportement plein de connotations
morales, sociales et politiques. Il se manifeste à travers des formes
distinguées, dont les principales seront présentées comme
suivant :
2.1.1- La corruption et la recherche de
rente :
L'économie néoclassique
analyse la corruption au niveau des comportements individuels en termes de
recherche de rente (rent seeking). Cette théorie est consacrée
à l'analyse des activités menées dans le but d'influencer
la décision publique ou de se mettre en position d'en tirer parti.
L'existence de rentes est liée à des distorsions de
marché. C'est d'abord l'Etat qui, en maintenant des monopoles
artificiels, crée des opportunités de rentes. La corruption n'est
alors que l'une des modalités d'affectation de ces rentes. D'où
« la corruption, comme recherche de rente, est un facteur
d'inefficience économique, elle participe d'une mauvaise allocation des
ressources (ou affectation des revenus), génère des
inégalités et de la pauvreté. Dans ce sens, les
distorsions de marché sont considérées comme à la
fois cause et conséquences de la corruption » (Talahite Fatiha,
2006).
Les rentes concernées par la théorie de la
recherche de rente sont, en revanche, "artificielles" (et ne sont donc pas
soumis au processus naturel d'érosion par la dynamique concurrentielle).
Elles sont artificielles parce qu'elles sont obtenues :
- Soit un prix d'une violation des règles du jeu
économique (la formation d'un cartel).
- Soit en jouant un autre jeu que le jeu économique,
à savoir le jeu politique. On peut distinguer deux niveaux de recherche
de rente, en amont et en aval de la décision publique (Vornetti P.,
1998).
La recherche de rente menée en amont (primaire) vise
à obtenir qu'une mesure particulière aux conséquences
ré distributives favorables soit prise. Opérant en aval
(secondaire), Elle consiste à essayer d'être parmi les
bénéficiaires d'une action publique donnée.
2.1.2- La corruption politique :
C'est la corruption des hauts fonctionnaires
et dirigeants politiques. Elle prend sa source dans les grands programmes
publics ou dans la présentation et le support de lois votées par
les assemblées ; ces lois étant mises en oeuvre
ultérieurement par les administrations. Cette forme de corruption trouve
son expansion dans les structures électorales de la vie parlementaire
toujours plus coûteuse. Dans les régimes parlementaires, le
système de représentation est fondé sur la
délégation de pouvoir. Les hommes politiques cherchent à
maximiser leur support politique, c'est-à-dire le nombre de voix en leur
faveur aux élections, et les électeurs sont amoraux dans le sens
où ils n'ont aucun, à priori, et n'utilisent pas forcement
l'information disponible (bilan de la politique passée,
réalisation des engagements) et ils sont prêts à vendre
leur voix (Cartier-Breson J., 1992).
2.1.3- La corruption
administrative :
Cette forme de corruption abonne le terrain
directement lié aux systèmes politiques et électoraux
(adoption des lois), pour se focaliser sur les pratiques et motivations de la
corruption des fonctionnaires de l'administration. Les opportunités
viennent de la mise en application des lois. Celle-ci peut être soit
accélérée soit bloquée. Dans cette forme de
corruption des types de cas peuvent être envisagés.
§ La création d'un service public ouvert à
tous entraîne, par hypothèse, une hausse permanente de la demande
de ce service, supérieur à l'évolution de l'offre. Il
s'ensuit la création d'une file d'attente. Un
réaménagement de la gestion de la file devient indispensable. Ce
réaménagement peut s'opérer de façon légale
ou illégale (corruption).
§ Certaines administrations possèdent une fonction
les obligeant à passer des contrats de marchés publics. Le
fonctionnaire choisit la firme qui remplit au mieux les conditions
imposées par le gouvernement. C'est ainsi qu'interviennent les paiements
corrompus pour l'appropriation de ces marchés publics.
2.1.4- Trafic d'influence :
« Le trafic d'influence est un délit qui
consiste à recevoir des dons (argent, biens) pour favoriser les
intérêts d'une personne physique ou morale auprès des
pouvoirs publics. C'est une forme de
corruption »4(*).
L'objet nouveau c'est que le trafic d'influence n'est plus
l'accomplissement d'un acte relevant d'une personne exerçant une
fonction publique (ou privée) déterminée, mais bien
l'exercice par celle-ci de son influence au profit d'une autre personne. Le
trafic d'influence est cependant une forme de corruption complexe dans la
mesure où elle n'est pas seulement bilatérale (corrupteur,
corrompu), mais trilatérale également dans sa finalité.
A côté des deux parties à l'acte, il en
est, en effet, une troisième, en fonction de laquelle l'acte a
été accompli : c'est la personne publique de qui est
espérée l'adoption d'un comportement déterminé. La
personne qui exerce l'influence est un intermédiaire par rapport
à ce troisième acteur. Le trafic d'influence se présente
ainsi comme une corruption indirecte ou au second degré.
2.1.5- Techniques de
causalités :
On entend par techniques de causalités, les moyens par
lesquels la corruption est provoquée. La pratique de charité,
contribution à une association de bien faisances (bine volent),
création d'une subvention, ne relèvent pas véritablement
de la corruption.
Même le pourboire beaucoup pernicieux n'est pas un acte
de corruption en soi, mais une manifestation de bonté ; dans ces
cas les techniques sont neutres. Mais, ils peuvent être encore
appliquées pour causer la corruption : l'attitude d'amitié
ou de bienveillance qui accompagne un don présuppose la même
attitude chez la partie recevant le don. Donc la corruption peut s'installer
dans le cadre de cette amitié et attitude sympathique.
2.2- Typologie de la corruption : Le
modèle de Shleifer et Vishny (1993)
La corruption est définie comme « la vente, par
des agents publics de biens publics à des fins personnels ». Elle
est donc restreinte, par définition, à la sphère
administrative. Cette hypothèse étant posée, Shleifer et
Vishny recourent à une présentation assez simple du
phénomène, du monopole simple à l'oligopole en passant par
le monopole discriminant, pour en mettre en évidence l'ampleur et les
effets. Nous allons naturellement reprendre ce mode d'exposition, mais en
montrant à chaque étape en quoi la restriction initiale influe
sur l'appréhension du phénomène.
Il n'existe par définition qu'un seul type de bien
public qui puisse être obtenu par un agent privé, un passeport ou
une licence d'importation par exemple. La corruption peut alors être
décrite comme suit :
H1: Le produit est homogène.
H2: Il existe une courbe de demande, D(p), pour ce type de
produit, p étant le prix demandé par l'administration pour
obtenir le bien demandé.
H3: Les coûts de production, bien que non nuls, peuvent
être considérés comme négligeables.
Deux cas peuvent alors être envisagés : ou bien
l'administration reçoit le prix demandé ou bien elle ne le
reçoit pas. Dans le premier cas, l'agent public prélève
une commission qui vient s'ajouter au prix officiel, augmentant d'autant le
prix du service rendu. Dans le second cas, l'agent public prélève
un droit de passage sur un bien qui n'en comporte officiellement pas. Dans
l'optique retenue par Shleifer et Vishny, il y a "corruption sans vol" dans le
premier cas et "corruption avec vol" dans le second.
Ceux-ci peuvent être représentés
graphiquement au moyen des conventions suivantes :
1er cas : le prix p est fixé par
l'administration au coût marginal de fourniture de service. Le corrupteur
maximise son revenu en provoquant une carence artificielle, l'allongement
indéfini de la durée d'obtention d'une licence d'importation en
cas de non-paiement de la commission demandée par exemple.
2ème cas : le coût marginal est nul,
puisque les coûts de production sont censés être
négligeables.
Ces schémas appellent deux commentaires :
Le premier, la corruption "avec vol", représente le cas
général ; le second, la corruption "sans vol", le cas particulier
de la perception d'un droit de passage par un agent public, sur des
marchandises qui n'en comportent plus au lieu antérieur (les droits de
passage officiels sont acquittés dans le pays de destination au lieu de
l'être à la frontière).
La distinction corruption "avec vol"- corruption "sans vol"
n'a qu'une signification limitée en dehors du domaine de
définition du phénomène retenu par Shleifer et Vishny.
Prenons en effet l'exemple suivant : pour pouvoir augmenter
les ventes d'armes du pays, un haut fonctionnaire demande à une
entreprise domestique de contacter le (ou les) décideur(s)
étranger(s) susceptibles(s) d'acquérir certains types de
matériels. Si, l'appui de l'État aidant, le contrat de vente est
conclu et que la commission promise soit versée au(x) décideur(s)
étranger(s), il n'y a aucun manque à gagner pour
l'administration. Le fonctionnaire peut alors être
rémunéré par un pourcentage sur le montant des ventes
effectuées : il y a corruption "sans vol".
Mais, le montant de la rémunération de l'agent
public peut être déterminé d'une autre manière, au
moment de la discussion sur les modalités du contrat de vente: le
gonflement artificiel des frais administratifs liés à
l'opération équivaut dans ce cas à une corruption "avec
vol".
Les rapports entre les agents publics et les agents
privés ne sont donc pas toujours aussi simples que dans la
présentation de Shleifer et Vishny.
A la fin de cette section on a montré que l'abus du
pouvoir public peut se manifester à travers des formes et types
différents selon la nature de la transaction en jeu, les niveaux des
fonctionnaires corrompus, et leurs coûts d'opportunité. On va
voir, à présent, les différentes stratégies pour
lutter contre la corruption.
Section 3 : Les
stratégies de lutte contre la corruption
La corruption est un phénomène d'une importance
cruciale que l'on peut comparer à une épidémie car elle se
propage rapidement dans le système politico-économique du pays.
Pour protéger ce système, il faut un remède très
efficace sous formes des réformes qui doivent être durables pour
réussir (Bo Rothstein, 2007).
1.1- Réduire les possibilités de la
corruption :
Un des moyens de diminuer la corruption est de réduire
les bénéfices et les coûts qui sont sous le contrôle
des fonctionnaires à tous les niveaux de la hiérarchie
administrative. La transparence des règles et l'introduction de la
concurrence au sein de l'administration sont également d'autres
moyens.
1.1.1- Réduire le rôle de l'Etat dans
l'économie :
En général, toute réforme qui ouvrira
l'économie à la concurrence aura pour effet de réduire les
tentations de corruption (Ades A. et Di Tella R., 1997). De ce fait,
l'assouplissement des restrictions liées au commerce extérieur,
la suppression des obstacles à l'entrée sur le marché
privé et la privatisation des entreprises publiques d'une manière
qui les expose à la concurrence sont autant de mesures qui aideront
à lutter contre la corruption.
En effet, si le gouvernement n'a pas le pouvoir de limiter
les exportations ou de contrôler la création d'entreprises, aucune
possibilité de corruption n'existera dans ces domaines. La suppression
d'un programme de subvention mettra fin, du même coup, aux pots-de-vin
qui pouvaient l'accompagner. De même, une fois le contrôle des prix
abolis, les prix du marché refléteront la rareté des
produits et non plus les dessous-de-table versés.
Réduire le rôle et le pouvoir
discrétionnaire de l'agent public ne signifie pas qu'il faille pour
autant éliminer des différents régimes
généraux et programmes de dépenses publiques qui se
justifient pleinement. Il ne s'agit pas de les supprimer mais bien de les
réformer.
Une solution est alors de clarifier et rationaliser les lois
de façon à réduire le pouvoir discrétionnaire des
fonctionnaires. Prenons comme exemple, les politiques d'environnement, les
économistes préconisent des mécanismes marchands tel que
la taxation des émanations et la création de marchés de
droits à polluer (Rose-Ackerman S., 1998). L'instauration des taxes
d'utilisateurs pour les services publics rares est encore recommandée.
Ces réformes présentent l'avantage de supprimer les incitations
à la corruption en remplaçant les pots-de-vin par des paiements
légaux.
1.1.2- Rendre les règles plus
transparentes :
On peut restreindre les possibilités de corruption en
veillant à ce que les textes sur les impôts, les dépenses
publiques et les régimes organisant les différentes institutions
soient plus simples et ne confèrent pas de pouvoirs
discrétionnaires. Un certain risque est parfois tolérable lorsque
les avantages d'une politique discrétionnaire de gestion des programmes
sont supérieurs au coût de la corruption. Mais même dans ce
cas, la transparence et la publicité des textes peuvent aider à
limiter l'attrait de la corruption. Les officiers de police, par exemple,
doivent être investis de certains pouvoirs discrétionnaires pour
faire respecter la loi sur-le-champ, mais les plaintes si elles sont rendues
publiques, mettront souvent fin aux abus.
1.1.3- Soumettre les administrations à des
pressions concurrentielles :
Certains programmes ne peuvent être ni
réformés ni supprimés. Ils doivent alors être
gérés plus honnêtement. Dans ce but, des pressions
concurrentielles peuvent être créés à
l'intérieur de la sphère publique pour affaiblir le pouvoir de
marchandage de chaque fonctionnaire.
Le pouvoir discrétionnaire des fonctionnaires
confère à chacun un certain degré de monopole sur ces
clients. L'organigramme administratif peut être clair et bien
défini, mais abriter une corruption généralisée.
Cette situation peut être évitée par la mise en place de
différents niveaux d'administration se chevauchant et se faisant
concurrence pour saper la position de force des fonctionnaires si le premier
lui réclame un supplément, aucun agent ne sera en mesure de
monnayer chèrement la prestation demandée, pour autant que le
demandeur puisse y prétendre. Et si c'est au contraire l'usager qui
cherche à acheter le fonctionnaire, le chevauchement des domaines de
compétences administratives pourra également jouer un rôle
dissuasif.
1.2- Accroître la crédibilité des
institutions chargées de l'application des
lois :
La pérennité du développement passe en
général par la mise en place de mécanismes qui rendent
l'Etat et ses serviteurs responsables de leurs actes. Pour être durables
et crédibles, ces mécanismes doivent être ancrés au
coeur même des institutions. C'est ainsi, que l'existence d'une
magistrature très forte et indépendante et la séparation
des pouvoirs demeurent les deux garde-fous institutionnels les plus
importants.
1.2.1- Indépendance et efficacité de la
justice :
Un système juridique viable qui applique la loi sans
favoritisme ni arbitraire constitue une condition de contrôle de la
corruption.
Pour s'engager sérieusement sur la voie de la
réforme, un pays doit posséder des organes d'inspection et de
poursuite efficace, ainsi qu'un système judiciaire qui ne soit pas
lui-même corrompu. La réforme du système judiciaire
nécessite plus qu'un simple changement de personnel. Sans modification
des structures, on ne peut guère s'attendre à un changement
fondamental. La première étape de la réforme consiste
à améliorer les salaires et les conditions du travail des
magistrats et du personnel sur lequel ils s'appuient, mais ces
évolutions doivent s'accompagner d'un meilleur contrôle des
résultats, par des agents internes et externes au système. Une
formation complémentaire peut s'avérer nécessaire pour que
les magistrats puissent sérieusement statuer sur les cas qu'ils ont
à juger. Une amélioration du professionnalisme des magistrats
devrait réduire la fréquence de la corruption. Mais toutes ces
réformes n'auront que peu d'impact si l'indépendance du pouvoir
judiciaire à l'égard des pouvoirs exécutifs et
législatifs n'est pas garantie.
1.2.2- La séparation des
pouvoirs :
Même si le pouvoir judiciaire a les moyens de faire
appliquer la loi, il faut que le public croie encore à la
stabilité des règles en place. Il faut par ailleurs que les
mécanismes constitutionnels classiques fonctionnent pour éviter
une modification permanente des lois avec la séparation horizontale et
verticale des pouvoirs (World Bank, 1997).
Il est possible de séparer les pouvoirs
horizontalement entre la judiciaire, le législatif et l'exécutif
et verticalement entre l'administration centrale et les collectivités
locales. Ceci devrait diminuer la corruption, plus particulièrement le
trafic d'influence.
1.3- Reformer la fonction
publique :
Qu'il soit chargé d'élaborer des politiques, de
fournir des services ou d'administrer des contrats, un personnel
compétant et motivé est la cheville ouvrière d'une
fonction publique efficace. En général, les mesures prises pour
constituer une fonction publique de cette qualité sont axées
presque exclusivement sur la rémunération. Mais, importante
qu'elle soit, la rémunération n'est pas le seul facteur. Le
recrutement et la promotion fondés sur le mérite et le
développement d'un esprit de corps et le système de surveillance
et de sanction ont également leur importance. Cela permet, d'une part,
de limiter la corruption et le clientélisme politique et d'attirer et
fidéliser des personnes compétentes et, d'autre part,
d'encourager l'identification aux objectifs de l'organisation, de
réduire le coût de la surveillance et de développer la
coopération interne et la loyauté.
1.3.1- Recrutement et promotion fondés sur le
mérite :
L'adoption dans la fonction publique d'un système
méritocratique permet d'attirer du personnel de haut niveau ; cela
rehausse le prestige des fonctions et contribue dans une large mesure, à
la motivation des fonctionnaires. Ce système n'a pas encore
été adopté par la plupart des pays en développement
où l'Etat est au contraire devenu une source inépuisable d'emploi
et où le recrutement dépend non pas du mérite, mais des
relations.
Il existe deux types de système de recrutement et de
promotion au mérite qui ne s'excluent pas mutuellement : Le
mandarinat et le système ouvert. Le premier est un système
hiérarchisé et fermé, imposant des conditions
d'entrée très compétitives. Dans les pays qui manquent de
personnel qualifié, cela peut être la meilleure façon
d'instituer un système de formation plus sélectif. Le
système ouvert, est un système de recrutement plus souple et
décentralisé, de plus en plus axé sur le marché. Il
laisse aux responsables une plus grande latitude pour mettre en correspondance
les qualifications requises et les compétences disponibles y compris les
compétences techniques rares, mais, par la même, il est plus
difficile d'entretenir le professionnalisme et l'esprit de corps.
1.3.2- Une rémunération
adéquate :
L'existence d'un système de recrutement et de
promotion au mérite confère à la fonction un prestige qui
accroît l'attrait de l'emploi dans le secteur.
Mais si les rémunérations restent très
inférieures à celles du secteur privé, le prestige ne
suffit pas pour combler l'écart. Une étude récente
menée sur plusieurs pays a mis en évidence une relation
négative entre les salaires des fonctionnaires (par rapport aux salaires
versés dans le secteur privé) et le niveau de corruption (Van
Rijckeghem C. et Weder B., 1997). L'écart existant entre les salaires
des fonctionnaires et leurs revenus fournit un argument
supplémentaire.
Encore, le constat d'une corrélation négative
entre les salaires et les malversations aide à expliquer pourquoi des
individus continuent à travailler dans le secteur public alors que le
secteur privé offre des salaires beaucoup plus élevés pour
emplois équivalents. Par ailleurs, il est probable que, certains
fonctionnaires occuperont un second poste dans le secteur privé. Le cas
échéant, il sera moins difficile de supprimer leurs postes. Des
modifications structuralles du fonctionnement de l'administration devraient
être combinées aux propositions plus conventionnelles
d'accroître les rémunérations et d'améliorer les
conditions de travail. L'objectif est non seulement d'éliminer la
corruption des fonctionnaires existant, mais aussi d'attirer des candidats plus
qualifiés vers les emplois publics. Si les pots-de-vin sont
potentiellement élevés, la parité des salaires
privés et publics peut ne pas suffire à limiter la
corruption : elle devrait attirer des candidats qualifiés pour les
emplois publics requerrant des compétences similaires. Mais même
des fonctionnaires qualifiés peuvent être corrompus.
Enfin, les percepteurs, les policiers, les acheteurs publics
et les agents chargés de l'application des réglementations seront
toujours soumis à des incitations corruptrices. Dans ces secteurs de la
vie publique, l'augmentation des salaires et des avantages peut être
nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. Pour réduire
efficacement la corruption, elle doit être couplée à un
système de surveillance et de sanction.
1.3.3- Renforcer les mécanismes de surveillance
et de sanction :
Un système de surveillance crédible capable de
détecter les fonctionnaires corrompus et les contraindre à
quitter la fonction publique constitue la parade la plus évidente. Si
les emplois publics sont bien payés, un fonctionnaire corrompu aura
beaucoup à perdre s'il est découvert, jugé et contraint
à chercher dans le secteur privé un emploi moins bien
payé. Le même effet dissuasif peut être obtenu autrement
qu'à travers des salaires élevés, en offrant des
bénéficies, tels que les pensions de retraite, qui ne pourront
être perçus qu'au terme d'une carrière sans faille.
Par ailleurs, des remèdes institutionnels ayant leur
propre autonomie peuvent aussi faire reculer la corruption. Les pays ont eu
recours à différentes formules dans ce domaine :
- Les médiateurs enregistrent les plaintes des citoyens
et peuvent aider à rendre les organismes publics d'avantage comptables
de leurs actes. Depuis l'entrée en vigueur, en 1991, de la loi portant
création de la charge de médiateur (Ombudsman Act), l'Afrique du
sud s'est dotée d'un service de protection des intérêts du
public qui est chargé d'enquêter sur les allégations d'abus
de pouvoir (malversation, corruption, violation des droits de l'Homme) des
agents de l'Etat et de rédiger des rapports qui sont en règle
général rendus publics. Ce service n'est pas autorisé
à engager d'actions en justice, mais il transmet les dossiers à
d'autres administrations qui s'en chargent.
- Certains ont mis en place des commissions
indépendantes ou ont nommé des inspecteurs généraux
qui sont chargés d'enquêter sur les accusations de corruption et
d'en saisir la justice. L'exemple le plus célèbre est celui de la
commission indépendante contre la corruption à Hong-Kong (Chine)
Stapenhurst R. et Kpundeh S.J., (1999).
Au cours des années 60, la corruption à
Hong-Kong (Chine) était tellement généralisée
qu'elle avait donné naissance de leur part à la commission
indépendante de lutte contre la corruption, connue sous son sigle
anglais ICAC. Cette commission relève uniquement du gouverneur. Les
agents de l'ICAC sont mieux payés que les autres fonctionnaires et ne
peuvent être transférés dans un autre département.
La commission est non seulement habilitée à enquêter sur
les faits de corruption et à engager des poursuites, mais aussi à
financer des compagnes de sensibilisation de l'opinion. Si la corruption a
connu un net recul dans cette région, on aurait tort de penser que
l'ICAC ne connaît pas de problème, le principal étant
qu'elle ne rend compte qu'au gouverneur.
Une commission de lutte contre la corruption relevant d'un
dirigeant autocratique pourrait être un instrument de répression
contre les opposants politiques. Les prérogatives importantes dont elle
dispose pourraient conduire à des abus de pouvoirs avec des
régimes moins respectés du droit. Pour que ses pouvoirs soient
soumis à un meilleur contrôle, une commission de ce type pourrait
relever non pas du chef de l'exécutif, mais du corps
législatif.
1.4- Rendre l'Etat plus proche des
citoyens :
Pour revivifier les institutions publiques, il faut commencer
par rapprocher l'Etat des citoyens, c'est-à-dire donner aux citoyens et
aux utilisateurs particuliers, aux organisations du secteur privé et aux
autres groupes de la société civile les moyens de se faire
entendre.
Les associations des citoyens peuvent constituer un
contre-pouvoir efficace à l'usage arbitraire du pouvoir de l'Etat,
à condition d'avoir les moyens de s'organiser et d'être
informées du déroulement de la vie publique. Ainsi, le budget,
les données relatives à la collecte des recettes, les divers
statuts et règlements et les débats des assemblées
législatives devraient être rendus publics. Les fonds secrets ou
extrabudgétaires qui sont mis à la disposition des chefs de
l'exécutif sans devoir être soumis au contrôle ne font que
favoriser la corruption.
Les lois sur la liberté d'information, comme il en est
aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens (Worl Bank, 1997)
donnent au citoyen un droit de regard efficace, un citoyen bien informé
est mieux armé pour sanctionner les agents de l'Etat, que ce soit dans
l'isoloir ou par d'autres moyens de contestation, notamment en saisissant la
justice ou en s'adressant directement aux décideurs. La liberté
de la presse peut jouer également un rôle capital dans la lutte
contre les abus de pouvoir, en particulier là où l'action des
gouvernements et des fonctionnaires n'est pas soumise à d'autres formes
de contrôle. L'adoption des lois facilitant la création
d'association et d'organisations sans but lucratif a également un
rôle constructif dans la lutte contre la corruption.
Transparency International, une organisation internationale
sans but lucratif, s'efforce de mobiliser des citoyens dans le monde entier
pour lutter contre la corruption et dresser des bilans publics de la situation
dans ce domaine. Sa stratégie anti-corruption focalise beaucoup sur
l'importance du soutien de la société civile, partant de la
raison que le pouvoir politique n'est pas capable de relever seul le
défi si sa voix reste isolée. Néanmoins, nombreux sont les
pays qui s'opposent à la création de telles associations ou la
rendent coûteuses, précisément en raison de la force que
peut avoir la liberté d'information pour promouvoir une réforme,
d'où la nécessité de l'intervention des institutions
financières et les organisations de développement international
pour convaincre ces pays à adapter les réformes
économiques et institutionnelles propices pour combattre la corruption.
Conclusion :
Les débats sur le concept de corruption ne cesse de se
déclencher de temps en temps afin de trouver une définition
adéquate qui peut décrire précisément ce
phénomène.
D'après Senior (2006) : « la
définition se base sur cinq conditions qui doivent être satisfais
simultanément. La corruption se produit quand le corrupteur (1) donne
secrètement (2) un service pour le corrompant ou pour un candidat
agréé pour influencer (3) l'action qui (4) profitent au
corrupteur ou le candidat agréé, et pour lequel le corrompant a
(5) l'autorité ».
Une récente définition de la corruption qui
résume ce débat acharné dont on a essayé de le
montrer au cours de ce chapitre. On a vu aussi les différentes formes et
types qui peuvent avoir la corruption selon la littérature
économique.
Enfin, dans la dernière section on a analysé les
différentes stratégies de lutte contre la corruption. Mais il est
à signalés que la mise en oeuvre des réformes doit
résulter d'une volonté propre aux pays concernés et que
l'aide de la communauté internationale peut se révéler
utile.
A ce stade, on va apercevoir l'effet de la corruption sur
l'investissement direct étranger tel qu'il est conçu par la
littérature économique puis on va essayer de le vérifier
empiriquement.
Chap. 2 : Corruption et
IDE : causes et effets
Introduction :
Compte tenu de l'ampleur qu'elle a prise
dans le monde au cours des dernières années, la corruption est
devenue un des problèmes majeurs de notre époque. Elle est aussi
considérée actuellement comme l'une des grandes entraves au
développement des pays pauvres.
En plus de dérégler l'économie et
d'accentuer le fossé entre les différentes classes sociales, elle
entraîne une certaine méfiance des investisseurs
étrangers.
L'importance de l'étude de l'impact de la corruption
sur les investissements directs étrangers vient du rôle crucial de
l'IDE pour les pays en développements. En effet, le rapport de la
Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
(CNUCED)5(*) relativise la
vision des bailleurs de fonds, de la Banque Mondiale du Fonds Monétaire
International (FMI) et qui donne aux investissements directs étrangers,
un rôle stratégique.
On va étudier, au début, les causes de la
corruption dans les pays en développements (section 1), ensuite on va
voir le rôle des institutions dans l'attractivité des IDE (section
2) et enfin on termine avec le débat théorique qui traite la
relation entre la corruption et l'IDE (section 3).
Section 1 : Les causes de la
corruption dans les pays en développement
Certes, la corruption est très répandue
aujourd'hui dans les pays en développement par rapport aux pays
développés ; pour cette raison, les études ne
s'intéressent qu'à cette catégorie de pays. Dans ce que
suit, on va essayer d'en déterminer les causes.
1.1- Le ? cercle vicieux ? de la
corruption
Le concept de ? cercle vicieux ? a été
visualisé par Nurkse (1959) et Myrdal (1964) comme une métaphore
qui explique pourquoi les économies du développement restent
sous-développées et pauvres. Ce concept fait partie d'un segment
de sciences économiques du développement connu comme une
théorie de ?modernisation?, populaires dans les années 50 et 60,
qui postule que l'intervalle entre tradition et modernité se
rétréci progressivement d'après Schraeder (2004).
La théorie de modernisation6(*) perçoit le
sous-développement d'être un dilemme causé par le retard
économique et que ces pays manquent d'une étape du ?take-off?
(décollage) qui pourrait déclencher la croissance. Le retard
existé est dû aux variétés d'obstacles à la
croissance économique maintenue à travers ?le cercle vicieux? en
gardant l'économie dans un état de stagnation permanente
(Hildalgo-Capitàn, A.L et Lambie, G., 1994). Le concept de ?cercle
vicieux? est donc élaboré autour de la discussion principale que
les pays sont piégés dans des cercles qui pourraient être
négatifs ou positifs (Mosely, P, 2003).
La discussion peut être résumée comme
suit : « Les faibles niveaux de revenu préviennent du
besoin de l'épargne pour des fins d'investissement, mais sans
investissement et l'accumulation de capital le revenu ne peut pas augmenter.
Les pays pauvres, par conséquent, sont piégés ; seul
la planification centrale peut casser le cercle vicieux » (Maelstrom,
2004).
Myrdal a affirmé que, pour casser le cercle
négatif, un élan fort (de préférence une action de
gouvernement) est exigé de provoquer le progrès économique
qui ne viendra pas spontanément ou autrement assez rapide (Maelstrom,
2004). Comme de tels motifs sont supposés produire plus que
souhaité, il est clair que c'est dur, pour les pays, de casser
gratuitement les boucles négatifs. Or les pays deviennent
prospères dans l'établissement des institutions saines, la
gestion de l'économie, les lois et règlements etc., sont plus
enclin à produire des effets de retombées positifs. Cependant,
une fois un pays atteint un certain [positif] avantage, une occasion survient
pour casser gratuitement du cercle désavantageux.
Dans le contexte de corruption, il est supposé que les
niveaux vastes de corruption imposent des effets inverses sur une
société (éroder les moralités du sociétal,
saper le gouvernement sain et déformer la performance économique
etc.) effets, qui finalement, augmentent et perpétuent
déjà des niveaux envahissant de corruption.
Le ?cercle vicieux? de corruption est
schématisé comme suit :
Niveau élevé de
corruption
Faible gouvernance
Faible performance économique
Graphique 3
Le cercle vicieux de corruption
Notre discussion a, jusqu'ici, illuminé le rôle
joué par la corruption dans l'incertitude, le risque, le gouvernement et
sur le bien-être total d'un pays, éléments qui, dans une
certaine mesure, sont des principes pour obtenir une économie saine et
produisant des résultats publics optimaux.
Cependant, quand on discutera l'impact de la corruption sur
le progrès économique, ça dépend de l'ampleur de ce
phénomène dans un pays.
Néanmoins, les arguments seront que l'impact total de
la corruption est malfaisant, en l'affectant de façon défavorable
et d'une amélioration incertaine et risqué, de cette
façon, il engendre des coûts croissants à la
société général. Mais peut être le plus
facile, c'est que la corruption sape sérieusement et érode pas
seulement le rôle projeté pour le gouvernement, en épuisant
les bonnes moralités et la direction éthique, mais aussi par la
création des résultats moins optimaux qui provoque une valeur
économique diminué, faits qui, par la suite, ferme à
clé des pays dans un `cercle vicieux' (David Persson, 2005).
1.2- Les causes de la corruption
Si dans les pays développés, la corruption
correspond à une imperfection démocratique (Cartier-Bresson J.,
1998), le phénomène renvoie dans les PED à des constats
plus lourds et plus alarmants. Cette défaillance est
généralement liée aux activités de l'Etat et
spécialement au monopole et pouvoir discrétionnaire (Tanzi V.,
1998 ; Mauro P., 1997).
Dans cette section on présentera les
différentes sources d'opportunité de corruption, en se limitant
au secteur public, comme étant le plus vulnérable, et compte tenu
encore de sa prépondérance dans le PED.
1.2.1- Réglementations et
autorisations :
Dans beaucoup de pays et spécialement dans les pays en
développement, le rôle de l'Etat est souvent explicité par
l'utilisation de nombreuses règles ou régularisation. Dans ces
pays, les licences, permis, et autorisations de différentes sortes sont
nécessaires pour l'engagement dans beaucoup d'activités. Ouvrir
un atelier et le garder ouvert, conduire un véhicule, construire une
maison, engager dans le commerce extérieur, procéder à un
échange avec l'étranger, bénéficier d'un passeport,
aller à l'étranger, et autres, nécessite des documents
spécifiques ou autorisations.
L'existence de ces régulations et autorisations
donnent une sorte de monopole du pouvoir aux fonctionnaires qui autorisent ou
inspectent ces activités. Ces fonctionnaires peuvent refuser ou retarder
ces processus pour quelques mois ou même pour quelques années
juste pour créer une opportunité de corruption. Les
enquêtes dans différents pays en développement et en
transition indiquent que les ménages et les entreprises, et
spécialement les petites, perdent énormément du temps dans
les négociations avec les bureaucrates publics. Cette perte du temps
peut être réduite par le paiement des pots-de-vin.
1.2.2- Procédures de
taxation :
Les taxes basées sur les lois claires et transparentes
et qui ne requièrent pas des contacts entre les contribuables (taxpers)
et les inspecteurs de taxe sont peut être moins incitatives aux actes
corrompus. Néanmoins, quand les situations suivantes se
présentent fréquemment, la corruption devient très
probable.
§ Les lois sont difficiles à comprendre et peuvent
faire l'objet d'interprétations différentes.
§ Le paiement de taxe nécessite souvent le contact
entre les contribuables (taxpers) et les administrateurs des taxes.
§ Les salaires des ces administrateurs sont relativement
faibles. Par conséquent, pour ceux-ci les pots-de-vin sont des revenus
complémentaires (Van Rijckeghen C., et Weder B., 1997).
§ Les administrateurs des taxes ont une discrétion
sur les décisions importantes telles que, avantages fiscaux,
sélection des audits, litiges, et autres.
Ces points s'ajoutent les uns aux autres pour faire de
l'administration des taxes et des douanes les milieux les plus fragiles devant
les offres des corrupteurs.
1.2.3- Fourniture de biens et services au-dessous du
prix du marché
En raison de la rareté des biens publics dans les PED,
les gouvernements s'engagent dans la fourniture de ceux-ci au-dessous du prix
du marché. Plus ces biens et services sont indispensable (un logement,
ligne téléphonique commerciale, un bourse d'étude, l'eau
pour l'irrigation), plus les agents économiques seront prêts
à payer un surprix pour un accès privilégié.
En présence de prix libres sur un marché
(officiel ou parallèle) et de prix administré (taux
d'intérêt, taux d'échange, attribution de devises, produits
de base subventionnés, logements), les biens que se vendent aux prix
administrés au-dessous du prix de marché libre sont rares et la
concurrence entre les agents économiques pour les procurer favorise la
corruption. La corruption réintroduit de la concurrence et une
discrimination par les prix des consommateurs. Le prix des biens alimentaires
subventionnés intégrant un pot-de-vin peut demeurer
inférieur à ce qu'il serait sur un marché libre, et dans
ce cas les stratégies de libération ont peu de chance d'obtenir
un soutien populaire si elles n'intègrent pas l'objectif pas l'objectif
social.
1.2.4- Autres décisions
discrétionnaires
Dans un nombre de pays, certains agents de l'Etat peuvent
avoir un pouvoir discrétionnaire pour la prise de décisions
importantes. Dans pareille situation, la corruption politique peut jouer un
rôle clé. Il est naturel que certains particuliers et entreprises
qui ont beaucoup à y perdre essaient d'obtenir des faveurs en versant
des pots-de-vin ou en faisant jouer les relations personnelles. Il s'agit
surtout des décisions concernant :
· L'utilisation de terres privées
(règlement de zonages) ou domaniales (par exemple pour l'exploitation
forestière) ;
· L'exploitation de fortes dotations en ressources
naturelles peut être une source de corruption dès lors que
celles-ci sont vendues à un prix nettement supérieur à
leur coût. Le versement de pot-de-vin est donc fréquent lors de la
vente des concessions. Certains observateurs ont ainsi expliqué que la
découverte de pétrole et l'explosion de la corruption allaient de
paire au Mexique et au Nigeria (Diamond Larry, 1993).
1.2.5- Subventions officielles et restrictions sur les
échanges commerciaux :
Les restrictions sur les échanges commerciaux sont
l'exemple type d'une source de rentes dûe à l'intervention de
l'Etat. Si l'importation d'un bien quelconque est soumise à une
restriction quantitative (si, par exemple, le nombre d'automobiles
étrangères qui peuvent être importées dans une
année est limité), les licences d'importation nécessaire
requièrent une grande valeur, et les importateurs se demandent s'il
n'est pas opportun d'offrir un cadeau aux fonctionnaires qui les
délivrent.
Plus généralement, la protection d'une industrie
nationale contre la concurrence étrangère par des droits de
douane engendre un semi-monopole de l'industrie locale. Les responsables de
celle-ci font alors pression pour le maintien de ces droits, et certains
d'entre eux peuvent même aller jusqu'à corrompre des hommes
politiques influents pour préserver l'existence de monopole.
Les politiques industrielles fondées sur des
subventions ou contrôle du prix des inputs créent de même
des rentes pour le secteur privé.
La corruption peut effectivement apparaître et
prospérer lorsque l'objet des subventions n'est pas défini de
façon précise et que des entreprises pour lesquelles elles ne
sont pas prévues en bénéficient. Plus le volume de ces
subventions à l'industrie est important, plus est élevé
l'indice de la corruption.
D'après certaines études (Ades A. et Di Tella
R., 1997), on déduit qu'en général une économie
très ouverte se caractérise par un faible niveau de corruption.
Autrement dit, les pays semblent être moins gagnés par la
corruption quand leurs échanges sont relativement libres de restrictions
officielles que les fonctionnaires vénaux peuvent les utiliser à
leur profit.
Par ailleurs, le taux d'échanges multiples est une
autre opportunité de corruption. Du fait du différentiel entre
les taux existant, certaines personnes peuvent chercher à obtenir le
taux le plus avantageux quoique ce taux ne corresponde pas à l'usage
réel des devises ainsi attribuées.
De même, les systèmes d'attributions officielles
de devises engendrent de la corruption, faute de transparence dans la
répartition de celles-ci dans certains pays. Si, par exemple, des
banques commerciales rationnent les devises étrangères en les
octroyant selon des priorités établies par le gouvernement, les
parties intéressées peuvent être tentées de
corrompre les fonctionnaires responsables pour obtenir plus que leur juste
part.
1.3- Faiblesse de la quantité
bureaucratique :
La qualité de la bureaucratie varie
énormément entre les pays. Beaucoup de facteurs contribuent
à cette qualité. Les cultures, les traditions et l'effet qu'elles
ont sur la fierté que les individus ressentent en travaillant pour le
gouvernement, peuvent expliquer, toutes choses égales par ailleurs,
pourquoi certaines bureaucraties sont beaucoup plus efficientes et beaucoup
moins vulnérables à la corruption que d'autres. Rouch et Evans
(1997) (dans Tanzi, 1998) ont étudié dans quelle mesure le
recrutement et la promotion des administrateurs sont basés sur le
mérite dans 35 pays en développement.
Leurs résultats montrent que le recrutement, la
promotion des administrateurs basée sur le mérite sont rares,
alors que ceux basés sur la corruption sont les plus répandus.
L'absence des règles claires pour les promotions et
l'embauche, la clientèle et le trafique d'influence, népotisme,
en plus des facteurs discutés ci-dessus contribuent à cette
qualité de la bureaucratie.
La structure d'incitation peut servir aussi d'une
façon importante à expliquer pourquoi certaines bureaucraties
sont beaucoup moins perméables à la corruption que d'autres.
1.3.1- Le niveau du salaire dans le secteur
public :
La faiblesse des salaires dans la fonction publique explique
en grande partie la banalisation de la petite corruption. Plus le niveau des
salaires de la fonction publique est inférieur à celui du secteur
privé, plus le taux de tentation (rate of temptation), Van Rijckeghem C.
et Weder B., 1997, de rattrapages illégaux sera puissant. Les
opportunités de corruption deviennent alors la principale motivation
pour rejoindre la fonction publique.
Dans la figure ci-dessous, CC' représente la relation
entre le niveau de la corruption et celui du salaire. Plus le niveau du salaire
est élevé, plus bas est le niveau de la corruption. On suppose
que OR représente le niveau du salaire compatible avec un niveau de vie
pour les familles des employés publics. OA est la corruption dûe
à l'avidité (gierd), alors que la partie restante est dûe
au besoin (need), Tanzi V., (1998).
Cette figure montre que quelle que soit le niveau du salaire,
certains fonctionnaires publics continuent à être corrompus, faute
d'intégrité, ou par ce que les pots-de-vin sont trop
élevés de telle sorte qu'ils ne peuvent pas s'abstenir. Dans les
années récentes, beaucoup de pays (Argentine, Pérou, etc.)
ont tenté de réduire la corruption dans des domaines
particulièrement sensible, tels que la douane et l'administration des
taxes, par l'augmentation des niveaux des salaires des employés publics
dans ces domaines. Ces pays ont encore augmenté l'écart salarial
dans le secteur public pour retenir et attirer les individus productifs et
honnêtes.
A propos de ces remèdes, l'augmentation de salaires
peut réduire le nombre des actes corrompus, alors qu'elle peut conduire
à la demande de pots-de-vin plus élevés par ceux qui
continuent à être corrompus. Ainsi, pendant que le nombre des
actes corrompus est réduit, le montant total de la corruption peut
n'être pas nécessairement diminué.
R
O
A
C
C'
Salaire
Corruption
Graphique 4 : Relation corruption, niveau du
salaire (Tanzi, 1998)
1.3.2- Système de pénalité et
contrôle institutionnel :
Suivant l'analyse de Gary Becker (1968) de la
prévention du crime, la pénalité joue un rôle
important dans la détermination de la probabilité des actes
criminels ou illégaux. Théoriquement, toutes choses égales
par ailleurs, la corruption peut être réduite par l'accroissement
des pénalités pour ceux qui l'encaissent. Cette analyse implique
que la structure des pénalités existant dans un pays est un
facteur important dans l'extension de la corruption. Dans le monde réel,
peu de peuples sont punis pour des actes de corruption en dépit de
l'extension de ce phénomène.
Par ailleurs, à l'exception de peu de pays, on
constate un grand écart entre les pénalités
spécifiées dans les lois et les règlements et celles qui
sont effectivement imposées. Les responsables sont souvent peu
disposés de venir en avant, et perdre du temps et d'efforts sur la
punition de quelques-uns à travers le processus normal nécessaire
pour cette fin. Donc, la fragilité d'un tel système de
pénalité au niveau politique et social (biais politique, esprit
partisan...) génère une tolérance pour les petits actes
corrompus, et les encourage d'avantage avec le temps, donnant la naissance aux
grands actes de corruption.
Un autre élément important dans l'analyse de
Becker, c'est la probabilité de punir ceux qui commettent les crimes.
Ceci conduit au rôle du contrôle institutionnel. L'existence du
contrôle institutionnel reflète une large extension de l'attitude
du corps politique vis-à-vis de ce problème.
Les superviseurs honnêtes et efficaces, les
contrôles fermes des services et, les règles claires du
comportement moral devraient décourager ou découvrir les
activités corrompues. Ces caractéristiques varient d'un pays
à un autre. Mais, en général, elles n'existent presque pas
dans les PED. C'est ainsi que la corruption trouvait un milieu favorable pour
se développer et se cacher. La corruption est souvent découverte
au hasard ou bien à travers les rapportages des ?outsiders? y compris
les médias.
De même, les comportements des dirigeants politiques,
et le manque de transparence créent un terrain favorable pour la
corruption. Les règles sont souvent confondues, les documents
spécifiant celles-ci ne sont pas publiquement disponibles.
Enfin, si les chefs politiques supérieurs ne
fournissent pas le bon exemple, soit parce qu'ils s'engagent dans des actes de
corruption comme c'est souvent le cas ou parce qu'ils ferment les yeux sur
certains actes de leurs proches amis ou associés, on ne peut
espérer que les employés dans l'administration publique se
comportent différemment. Les institutions douanières et fiscales
plus particulièrement ne peuvent pas être en dehors de la
corruption si leurs chefs ne fournissent pas les meilleurs exemples
d'honnêteté.
1.4- Les réformes politiques et
économiques :
Si l'intervention de l'Etat dans l'économie est la
cause principale de l'ancienne corruption ; la démocratisation et
la privatisation ne sont pas toujours un remède à celle-ci, mais
plutôt, une autre occasion de la ?nouvelle corruption?.
Dans un pays où la libéralisation de
l'économie ne s'accompagne pas d'une réforme de l'Etat, les
fonctionnaires peuvent être fortement incités à
s'approprier une part des nouvelles richesses du secteur privé. Les
agents de l'Etat responsables de l'évaluation des entreprises publiques
sont beaucoup mieux placés dans ce cas de s'impliquer dans un
échange corrompu.
C'est exactement lors de passation des marchés publics
que s'explicite cette nouvelle corruption.
La contrainte financière qui se pose pour les
candidats lors des compagnes électorales à cause des coûts
élevés peut les motiver à la corruption. Dans la plus part
des pays développés, les hommes politiques se heurtent
effectivement à ce type de problème, mais celui-ci est plus grave
dans les PED où le financement des campagnes électorales est peu
réglementé et où l'électoral attend des faveurs et
une aide importante.
Par ailleurs, les politiciens se trouvent parfois dans une
situation où il n'ont guerre de chance d'être
réélus, soit parce que la loi ne leur permet pas de se
présenter ou parce que leur popularité a baissée depuis
leurs élections ; de ce fait, ils sont ainsi incités
à être corrompus. Les pays en transition sont
particulièrement vulnérables à la corruption si leurs
dirigeants non élus doutent de leur aptitude à gagner les
élections et s'ils n'ont pas été dédommagés
légalement par les nouveaux acteurs démocratiques de la vie
politique.
Enfin, la corruption risque donc d'apparaître lorsque
des restrictions et l'intervention de l'Etat aboutissent à la
présence des profits excessifs. On relève notamment les
restrictions commerciales (dont les droits de douanes et les contingents
d'importation), les politiques industrielles entachées de favoritisme
(subventions et déductions fiscales par exemple), le contrôle des
prix, les pratiques de taux de change multiples et les systèmes
d'allocation de devises. Certaines rentes peuvent naître en l'absence
d'intervention étatique, comme dans les cas de ressources naturelles
telles que le pétrole. Egalement, il est à prévoir que des
fonctionnaires très mal payés devront souvent avoir recours aux
dessous-de-table pour nourrir leur famille. Par ailleurs, la
démocratisation et la marche vers l'économie de marché
s'accompagnent aussi souvent dans le PED par des nouvelles opportunités
de corruption.
Section 2 : Le rôle
crucial des institutions dans l'attractivité des IDE
Pour créer un environnement économique plus
propice à l'IDE, les pays d'accueil sont appelés d'abord à
mettre en place un cadre institutionnel plus réglementé, propre
à attirer un IDE de haute qualité ensuite à adopter des
mesures pour améliorer la transparence et renforcer la primauté
de droit.
En effet, les investisseurs étrangers
préfèrent effectuer leurs investissements, en particulier les
grands investissements à long terme, dans un pays offrant un cadre
institutionnel transparent et dans un environnement caractérisé
par une politique cohérente offrant un cadre solide et non
discriminatoire à la concurrence.
Dans le cadre de cette section, on présentera dans un
premier lieu, le concept d'adaptation institutionnelle, et dans un
deuxième lieu, on examinera le rôle de la transparence dans
l'attraction des IDE.
2.1- Le concept d'adaptation
institutionnelle :
L'attraction des IDE par les pays développés et
les pays en développement est devenue un impératif pour les
décideurs économiques.
Ainsi, la concurrence entre les pays est devenue de plus en
plus intense, et chaque pays est appelé d'abord à construire ses
avantages, ensuite à s'adapter à la nouvelle donnée
économique basée sur l'intégration et la mondialisation,
et enfin à capter les éléments du développement
institutionnel qui lui permet de recevoir plus d'IDE.
Cependant, la répartition mondiale des IDE est
très inégale. L'IDE est moins déterminé par des
éléments fondamentaux tels que l'infrastructure, la
stabilité économique et politique, qui sont des conditions
insuffisantes mais toutefois nécessaires, que par des variables
institutionnelles qui se prêtent plus au changement à savoir les
politiques, les lois et leurs applications.
En effet, en réformant la politique de
l'investissement, le gouvernement donne le feu vert aux investisseurs qui
commencent à considérer le pays comme étant candidat
potentiel aux IDE.
Donc les politiques qui visent directement ou indirectement
à augmenter les flux entrants des IDE sont les plus efficaces
lorsqu'elles sont planifiées et exécutées dans un cadre
institutionnel favorable à l'IDE.
Il s'avère crucial que les institutions
nationales : le gouvernement, les marchés (notamment de travail et
de capitaux), les systèmes d'éducation et les milieux
socioculturels doivent permettre une application efficace des politiques aux
transactions quotidiennes de l'IDE. C'est ce que Saskia et Stanley (1998)
appellent l'adaptation institutionnelle.
L'adaptation à l'IDE désigne la capacité
d'un pays d'attirer, d'absorber et de préserver l'IDE. L'adaptation
institutionnelle suggère qu'attirer l'IDE est un processus dynamique.
Pour attirer les IDE, les pays doivent les rechercher
activement au lieu de protéger de façon passive les industries et
les ressources naturelles locales.
L'adaptation désigne une aptitude qui doit être
développée et exercée continuellement. Autrement dit, ce
ne sont pas les pays les plus grands qui réussissent à attirer
plus d'IDE mais plutôt ceux qui sont les mieux adaptés.
Saskia et Stanley (1998) affirment que « les pays
qui s'en tirent le mieux sont ceux qui sont suffisamment souples pour se plier
avec le vent tandis que leur avantage compétitif leur fournit des
racines fermement ancrées pour garantir et se ramifier. Certains `petits
pays', qui semblaient désavantagés pour leurs ressources, ont
néanmoins attiré de grands influx d'IDE. D'autres avec des
réserves abondantes de matières premières ont reçu
beaucoup moins d'IDE que ces réserves semblaient justifier. La
théorie de l'adaptation institutionnelle à l'IDE nous explique
pourquoi la répartition des flux d'IDE est si inégale et souvent
sans proportion avec les ressources naturelles des pays ».
D'où la capacité de reconnaître les
opportunités d'IDE et d'en profiter est ancrée dans les
institutions du pays, ce qui explique le terme adaptation institutionnelle
à l'IDE.
Les quatre institutions ou groupes d'institutions
concernées par adaptation institutionnelle sont le gouvernement (Risque
politique), les marchés (Risque économique et financier),
l'éducation (Capital humain) et le milieu socioculturel (culture, race,
histoire).
Les deux auteurs ont schématisé l'adaptation
institutionnelle sous la forme d'une pyramide qui se présente comme
suit :
Diffusion
Concentration
« Capital politique »
Législatif, exécutif, judiciaire
« Capital
marché »
Biens, services, capitaux
« Capital humain »
« Capital
socioculturel »
Graphique 4
Pyramide de l'adaptation institutionnelle à
l'IDE (Saskia et Witter, 1998)
A la base de la pyramide, on trouve le capital socioculturel
parce que toutes les autres institutions en dérivent et sont
infiltrées par cette institution omniprésente.
C'est la plus ancienne des institutions, elle est la plus
répandue, la plus complexe. Elle enveloppe tout, elle est la plus
difficile à changer et ce changement prend le plus de temps.
Le niveau d'instruction de la population, la mesure dans
laquelle elle a été exposée à des cultures
étrangères détermine son degré de
réceptivité envers différents modèles
socioculturels et commerciaux.
Un degré élevé de
réceptivité améliore la capacité d'une nation
d'attirer l'IDE. Par contre, dans leur choix du pays hôte, les
investisseurs étrangers décident souvent de prendre en
considération la proximité culturelle.
En effet, la prise en compte des éléments
socioculturels dans la planification des affaires peut faire que les
décisions d'investissement soient plus rationnelles et les
opérations plus prédictibles.
Le capital humain, qui présente l'éducation,
est le niveau d'adaptation institutionnelle immédiatement au-dessus du
capital socioculturel dans la structure de la pyramide.
L'importance de l'éducation réside dans le fait
qu'elle développe le capital humain et le prépare à
manipuler avec succès l'économie globale et ses changements
rapides.
L'adaptation de l'éducation crée un
environnement attrayant pour l'IDE puisqu'elle améliore l'aptitude
à traiter l'information, encourage la créativité dans les
domaines de la recherche, du développement et de la technologie et
prépare ainsi un terrain fertile pour l'IDE.
Etant donnés que les marchés constituent
l'indicateur économique de l'adaptation à l'IDE et
reflètent le capital physique et financier, les auteurs supposent que
des marchés de compétition ouverte avec une réglementation
protectrice attireront plus d'IDE que des marchés soumis à une
réglementation directrice.
Des marchés qui fonctionnent bien constituent un
élément capital dans une décision d'investissement. C'est
ainsi que les marchés ouverts ont tendance à attirer plus d'IDE.
La réglementation directrice désigne une intervention de l'Etat
qui étrangle l'initiative privée tandis qu'une
réglementation protectrice maintient l'intégrité des
marchés en protégeant ses acteurs contre la fraude.
Enfin, le Capital Politique (le gouvernement) régit
les autres niveaux de l'adaptation institutionnelle : le Capital
socioculturel, le Capital humain et les Marchés. C'est pourquoi les
investisseurs se penchent tout d'abord sur le gouvernement comme étant
la source principale des actions et des politiques qui définissent l'IDE
et c'est le gouvernement que l'on trouve au sommet de la pyramide.
Les différents niveaux de l'adaptation
institutionnelle réagissent les uns sur les autres de diverses
façons. La facilité avec laquelle une institution peut être
changée et le temps nécessaire à ce changement
dépendent de la mesure dans laquelle elle est influencée par les
autres institutions.
La théorie de l'adaptation institutionnelle
suggère donc que chaque pays a la possibilité d'identifier et de
développer ses facteurs de compétitivité pour augmenter sa
part dans l'investissement direct global.
Il faut qu'il y ait une certaine adaptation politique
reposant sur l'égalité et sur la transparence juridique et
administrative étant donné que les investisseurs cherchent la
stabilité et la transparence et préfèrent des
règlements nets et appliqués de façon
régulière à des privilèges individuels obtenus par
des marchandages.
On peut conclure que les institutions sont cruciales pour
entretenir un climat favorable aux investissements. Il convient de
définir un cadre institutionnel adapté et il est important que ce
cadre assure la transparence qui est indispensable pour les investisseurs
étrangers.
2.2- Le rôle de la transparence dans
l'attraction des IDE :
La qualité et la quantité des investissements
directs étrangers orientés vers un pays vont dépendre du
niveau du risque qu'il présente. Un des moyens pour réduire le
niveau du risque est la mise en place d'un système
politico-économique transparent.
Cette transparence peut être mesurée par la
qualité de la gouvernance institutionnelle dans le cadre d'un
système de droit respecté, d'une réglementation efficace
ou encore d'une faible niveau de corruption.
2.2.1- Transparence et IDE :
De par sa nature, la transparence est difficilement
quantifiable et ne peut pas être isolée ; d'autres aspects de
l'action gouvernementale influents sur l'investissement direct
étranger.
Compte tenu des liens entre le dispositif
règlementaire d'un pays et la transparence de l'action gouvernementale,
il faut se concentrer à la fois sur la nature des règles
applicables à l'investissement étranger et sur le degré de
transparence caractérisant leur mise en oeuvre.
Des études indiquent que les conditions dans
lesquelles opèrent les entreprises restent souvent opaques, même
après que les pouvoirs publics se sont engagés dans la voie de la
classification de leur action, simplement parce que dans les faits, ces mesures
ne sont pas appliquées. Cela étant, à l'exception des cas
où les autorités du pays d'accueil interdisent purement et
simplement l'accès du marché aux entreprises
étrangères, l'application des règles adéquate est
susceptible d'influer plus fortement sur la perception des investisseurs que la
réglementation elle-même.
Le traitement national, par exemple, peut être inscrit
dans la législation de nombreux pays, mais si les entreprises
étrangères sont effectivement dissuadées par des
décisions discrétionnaires des autorités locales
compétentes, les investisseurs percevront l'arbitraire de telles
décisions comme étant tout aussi restrictif qu'une interdiction
pure et simple des investissements étrangers.
Cet aspect est clairement mis en évidence dans une
étude menée par Ahn et Chan-Lee (2002) portant sur cinquante cinq
pays développés et en développement. Les deux auteurs
concluent que « l'amélioration du fonctionnement des
systèmes de réglementation et de gouvernance ainsi que de leur
mise en application semblent être beaucoup plus importantes que les
fondements proprement dits du droit en termes d'impact sur le
développement ».
Cette étude sur la qualité informationnelle des
systèmes financiers et le développement économique,
novatrice de nombreux aspects, élabore un indice qui mesure la
gouvernance institutionnelle.
Les entrées d'IDE varient considérablement,
même à indice de gouvernance institutionnelle égal, comme
on peut s'y attendre compte tenu de la multiplicité des facteurs
influents sur les décisions d'investissement. Mais dans l'ensemble, il
existe une relation positive entre la qualité de la gouvernance
institutionnelle et le volume des entrées d'IDE. Par conséquent,
les pays où le droit est respecté et appliqué, où
la corruption et la concentration de propriété sont les plus
faibles, sont ceux qui attirent le plus d'investissement.
2.2.2- La transparence un facteur primordial pour
l'attraction des investisseurs
étrangers :
La transparence est un facteur crucial pour les IDE. En
effet, les politiques économiques transparentes influent positivement le
comportement des investisseurs qui cherchent la clarté et la
prévisibilité, ce qui permet de minimiser les risques de
mauvaises et coûteuses surprises.
Ajoutons que les politiques économiques transparentes
facilitent aux IDE les fusions et les acquisitions à l'étranger.
En outre, la non transparence impose aux investisseurs étrangers des
coûts supplémentaires. Cela se manifeste surtout à travers
la corruption et le paiement des pots-de-vin.
Généralement, les gouvernements exigent des
licences pour investir, limitent le pourcentage de la propriété
étrangère pour les actifs immobilisés ou autrement, ils
imposent des restrictions sur l'entrée et l'activité des acteurs
étrangers sur les marchés. La bureaucratie gouvernementale
contrôle ces types de restrictions et règlements. Ces
contrôles fournissent des opportunités faciles pour la corruption,
en prenant la forme des pots-de-vin pour les licences d'importation ou
d'exportation, pour les prêts, etc. La corruption augmente, par
conséquent, les risques et les coûts de la
non-conformité.
On peut parler de transparence lorsque l'information, sur les
conditions en vigueur, sur les décisions et les actions des entreprises,
est accessible, visible et compréhensible pour l'investisseur
étranger lui permettant ainsi de mener son investissement sans
hésitation.
Ainsi la confiance que les investisseurs doivent avoir dans
les méthodes de gouvernement adoptées par les entreprises devrait
être inspirée par la transparence de ces méthodes. Cette
transparence résulte de la diffusion de l'information et non d'une
tentative quelconque d'imposer un système universel de gouvernement
d'entreprise. De ce fait, la non transparence peut constituer un obstacle
à l'entrée des flux d'IDE.
Sachant que la raison, la plus importante, pour laquelle la
transparence constitue un facteur primordial pour attirer les investisseurs
étrangers et établir des conditions favorables pour
l'entrée des IDE est que la transparence et la performance des
politiques nationales soient contrôlées par des organismes
étrangers qui ont un impact important sur les décisions des
investisseurs étrangers. Ces organismes comportent le FMI et
différentes agences privées de ?rating?. Un jugement
défavorable de la part de ces organismes sur les politiques
gouvernementales d'un pays donné conduira à des perceptions
défavorables des investisseurs étrangers.
C'est pour cette raison que les organismes nationaux et
internationaux s'efforcent d'assurer la transparence et la fiabilité des
informations transmises aux marchés. Les crises, qui ont
récemment éclaté dans le monde, ont attiré
l'attention sur l'importance de la transparence et sur le problème de la
corruption.
Enfin, il est clair que la transparence des politiques joue
un rôle crucial dans la prise de décision d'investir et c'est aux
institutions la tâche de préserver un climat transparent. En
effet, le dysfonctionnement, qui peut affecter l'IDE, est la corruption.
Section 3 :
Corruption-IDE : le débat théorique
La question de la corruption, sans le
contexte des investissements étrangers, est une source d'incertitude et
d'élévation des coûts pour les entreprises. On va essayer
au cours de cette section d'étudier la relation entre la corruption et
l'IDE.
3.1- Les enquêtes examinant la relation
Corruption-IDE :
Michalet (1997) a cherché à répondre
à la question : « dans quelle mesure le passage des
pays de l'Europe centrale et orientale à des économies de
marché a permis de dévier les IDE de pays
méditerranéens et de pays de l'Afrique
sub-saharienne ». L'étude est basée sur une
enquête comportant 90 multinationales en Europe de l'ouest,
l'Amérique du nord et le Japon, enrichie par des études sur
l'environnement d'investissement dans un échantillon de pays de
différentes régions.
Parmi les conclusions auxquelles est parvenu l'auteur, une
recommandation pour les pays qui cherchent à attirer l'investissement
direct. Une pré condition indispensable pour encourager l'investissement
est d'avoir un climat politique et économique stable et un cadre
légal et réglementaire transparent et non discrétionnaire.
Sans ces caractéristiques, un pays est exclu du ?centre?,
c'est-à-dire il n'est pas la destination des IDE.
Cependant, le fait de minimiser les coûts
associés aux affaires et d'établir un environnement d'affaires
prévisible sont une condition nécessaire, mais non suffisante. Le
pays hôte devrait pouvoir changer sa position de la ?longue liste?
à la ?courte liste? de préférences de
délocalisation. Donc, les chances de succès de la politique de
promotion d'investissement dépendront de sa capacité à
déplacer un pays du cercle des candidats `potentiels' au cercle des
?pays de centre?.
L'auteur, sur la base des réponses des
multinationales, a déduit que les déterminants économiques
liés au marché sont nécessaires pour la sélection
du pays hôte, mais ne sont pas suffisants en eux-mêmes. Dans leurs
réponses, les firmes interviewées constatent une série
d'autres facteurs qui déterminent leur décision finale d'investir
dans un pays qui satisfait les conditions de base. Ces facteurs
déterminent aussi si le pays pourrait se trouver parmi les ?pays de
centre? ou s'il reste sur la liste des pays dont l'attraction est
?potentielle?.
Parmi ces facteurs, les firmes mentionnent que le cadre
légal et réglementaire gouvernant les affaires privées
devrait être stable, transparent et fiable. Cela nécessite
plusieurs éléments. Premièrement, les règles du jeu
doivent être assez stables. Quelques interviewés ont
déclaré qu'ils sont plus confortables quand ils ont affaire avec
un pays où le gouvernement impose des contraintes ex ante qu'avec un
pays permissif au début, mais qui change les règles du jeu
après. Deuxièmement, le système juridique devrait
être capable de faire respecter honnêtement et efficacement les
lois et les contrats. Troisièmement, une fois la décision
d'investir est prise et une fois la filiale est installée, le
succès de l'investisseur à garder les coûts d'affaires au
minimum dépendrait de la possibilité d'avoir un climat sans des
coûts parasites engendrés par la bureaucratie et la corruption.
Anupam et Srinivasan (2002) ont analysé les
expériences de quelques pays de l'Afrique sub-saharienne qui ont
réussi à attirer des IDE. Ils ont trouvé qu'un
environnement institutionnel transparent est très important dans la
décision de délocalisation. Ils ont trouvé, par exemple,
qu'en Botswana, le niveau de la corruption est important pour l'IDE. Parmi les
plus importants déterminants de l'IDE, on trouve dans la
troisième position « une bonne gouvernance et des niveaux
faibles de corruption ».
Une autre étude reliant l'IDE et la corruption est
celle faite par Bary, 1999 ( dans Van Vuuren, 2002) de ?Control Risks?, qui a
essayé de classer l'effet de différents facteurs risque sur
l'investissement. L'étude est effectuée par `International
Research Bureau' (IRB) au nom de ?Control Risk?, en septembre et octobre 1999,
pour 50 entreprises américaines et 71 entreprises européennes.
La question à laquelle ont répondu les
interviewés est s'ils se retiennent d'implanter un investissement, qui
s'avère intéressant, dans un pays à cause de sa
réputation en corruption, en droits de l'homme, en travail et en
environnement.
La dissuasion de plus grandes entreprises à
cause
de la réputation du pays en (Van Vuuren,
2002) :
|
Les entreprises
Européennes
|
Les entreprises
Américaines
|
Tout
l'échantillon
|
Corruption
|
38%
|
40%
|
39%
|
Droits de l'Homme
|
28%
|
13%
|
27%
|
Environnement
|
34%
|
14%
|
31%
|
Travail
|
35%
|
16%
|
34%
|
Le rapport de la CNUCED sur l'investissement dans le monde
(World Investment Report 1998) a traité les éléments
déterminants des IDE dans le pays d'accueil. Ces éléments
se divisent en trois catégories : le cadre réglementaire
général de l'IDE, les déterminants économiques et
la facilitation du commerce.
La facilitation du commerce englobe, parmi d'autres, les
mesures visant à réduire les ?coûts parasites? à
savoir la corruption, l'inefficacité administrative, etc.
Ces mesures ne sont pas nouvelles, mais elles se sont
multipliées en tant que moyen d'attirer les investisseurs directs
étrangers parce que des investisseurs satisfaits constituent la
meilleure publicité pour l'environnement économique, financier et
institutionnel d'un pays.
3.2- La corruption comme ?grabbing hand
? pour les IDE
Les arguments précédents, qui favorisent
apparemment la corruption, peuvent être critiqués de plusieurs
manières. En effet, selon Wei (1997b), la corruption agit comme une taxe
arbitraire. La nature aléatoire de la corruption crée des charges
supplémentaires parce que le coût de recherche de ceux pour qui
les pots-de-vin devraient être ajoutés aux coûts de
négociation et de paiement. Aussi, les obligations obtenues par le
paiement des pots-de-vin, pourraient être violées si la corruption
est décentralisée.
Empiriquement, Wei (1997a), à travers des
données en coupe transversale d'IDE bilatéraux, a montré
que l'accroissement du niveau de la corruption dans le pays hôte affecte
négativement l'entrée des flux d'IDE. L'auteur a conclu
qu'à long terme, la corruption réduit les flux d'IDE entrants.
Le même résultat a été
déjà trouvé par Hines (1995) qui a déclaré
que la corruption décourage les investisseurs étrangers et
constitue une entrave aux investissements.
En outre, selon Egger et Winner (2005), la corruption accorde
aux firmes multinationales des coûts de transaction par le paiement des
pots-de-vin et le gaspillage des ressources. Cet effet souligne le recul
d'investir dans les pays où la corruption règne. Les deux auteurs
ajoutent que la corruption exerce une forme de pression sur les investisseurs
étrangers ; ce qui affecte négativement leur incitation
d'investir.
Rose-Ackermann (1999) a affirmé que la corruption
affecte la productivité des biens publics tels que
l'infrastructure ; ce qui diminue l'attractivité des pays aux IDE
et réduit les profits des firmes multinationales.
De même, Habib et Zurawicki (2002) ont identifié
la relation entre la corruption et les IDE de 89 pays développés
et en développement en coupe transversale comme négative. Les
deux auteurs ont conclu que la corruption tend à empêcher
l'entrée des IDE.
Des données empiriques de comparaisons entre pays
semblent, en effet, indiquer que la corruption nuit beaucoup à
l'investissement privé et à la croissance économique. Une
analyse de régression montre qu'un pays qui réduit la corruption
et passe de 6 à 8 sur un indice allant de 0 à 10 va augmenter de
4 points de pourcentage son taux d'investissement et d'un demi point de
pourcentage la croissance annuelle de son PIB par habitant.
Des effets aussi marqués laissent entendre que des
politiques de répression pourraient avoir des retombées
significatives. Le lien entre la corruption et la faible croissance
économique n'est guère différent lorsque l'estimation
porte sur des pays aux fortes pesanteurs administratives. Par
conséquent, rien ne prouve que la corruption soit
bénéfique en présence de lenteurs bureaucratiques. C'est
surtout par l'intermédiaire de l'investissement qu'elle réduit la
croissance économique, et cet impact représente au moins un tiers
de son effet négatif global.
De même, Shleifer et Vishny (1993) ont montré
que, dans les sociétés corrompues, les compétences vont
être déviées à cause des incitations importantes des
activités productives aux activités de
? Rent-Seeking ?. Cette déviation imposera un coût
élevé sur la croissance de ces pays. Si l'offre de
compétences est rare, le détournement de ces compétences
aux activités de recherche de rentes et à la corruption, sera
particulièrement nuisible aux investissements, n'a pas d'appui.
Les deux auteurs soutiennent que les charges
règlementaires, comme celles imposées par les taxes, pourraient
bien être endogènes, instaurés par les bureaucrates dans le
but d'extraire des pots-de-vin. En d'autres termes, les pots-de-vin pourraient
réduire les taxes seulement lorsque le taux de taxation est
prédéterminé. Mais, les taxes pourraient, en effet,
être élevées dans les pays corrompus pour que les firmes
n'arrivent pas à payer moins de taxes.
3.3- La corruption comme ?helping
hand ? pour l'IDE :
La corruption peut être
bénéfique autour des restrictions administratives et
règlementaires. En effet, les firmes multinationales acceptent de payer
des pots-de-vin dans le but d'accélérer le processus
bureaucratique et d'obtenir des permissions légales pour lancer leurs
projets dans peu de temps, d'où l'application de `speed money'. Comme
l'a montré Bardhan (1997), les pots-de-vin génèrent un
gain de temps d'attente puisqu'ils jouent le rôle d'un
accélérateur au sein de l'administration.
En outre, la corruption est considérée comme
?helping hand? car elle détourne les rigidités, imposées
par le gouvernement, qui empêchent l'investissement et gênent les
autres décisions économiques favorables à la croissance.
Par conséquent, selon Kaufmann (1997b), la corruption `lubrifie le
mécanisme' ou ?graisse les rouages?.
De même, Glass et Wu (2002) ont affirmé que les
effets de la corruption sur les IDE sont ambigus, « la corruption ne
paraît pas mauvaise pour les IDE » mais encore pire, elle peut
stimuler l'entrée des flux d'IDE. De ce fait, la corruption des pays
hôtes peut avoir un impact positif sur l'attractivité des
investissements étrangers.
De plus l'argument de ?Grease payment? est renforcé
par l'expérience de l'Asie de l'Est. Certains admettent que cette
région est particulière puisqu'elle est une destination populaire
pour les investisseurs étrangers malgré les taux
élevés de corruption qu'elle affiche.
Egger et Winner (2005), à leur tour, ont
affirmé que la corruption peut être considérée comme
un stimulus pour les IDE. Pour avoir une valeur, tout argument doit être
vérifié empiriquement. En effet, les deux auteurs ont eu recours
à des données de panel de 73 pays développés et en
développement recevant 90 % des flux d'IDE mondiaux durant la
période 1995-1999.
En utilisant des données de la corruption provenant de
trois sources différentes : Transparency International Index, World
Bank Corruption Index et ICRG Corruption Index et après avoir fait les
estimations nécessaires, les deux auteurs ont conclu qu'à court
terme la corruption peut avoir un impact positif sur l'entrée des flux
d'IDE.
Sachant que la corruption peut avoir une certaine
utilité au sein d'un organisme administratif, dès lors que
celui-ci a des règles bureaucratiques contraignantes, les investisseurs
étrangers peuvent profiter des procédés malhonnêtes
utilisés par les employés pour contourner les
règlementations.
Enfin, depuis quelques années, le problème de la
corruption et son influence sur les IDE est en ligne de mire. En effet, les
institutions internationales, à l'exemple du FMI et la Banque Mondiale,
ont mit la lutte contre la corruption dans leurs plans pour aider les pays en
développement.
Conclusion :
La plupart des Etats cherchent à
attirer de plus en plus d'IDE vue que ces derniers présentent une source
de financement extérieure privée importante et sont,
également, porteurs d'avantages comme le transfert de technologies, de
compétences, de capacités d'innovations et d'emploi.
Pour réussir, les études ont montré
qu'il faut préparer un climat institutionnel prospère et
favorable à l'attraction des investisseurs étrangers. En effet,
la concurrence entre les pays pour atterrir les capitaux est acharnée et
les décideurs économiques ont trouvé la solution dans le
développement de structure institutionnelle.
Mais le disfonctionnement, qui peut affecter l'IDE, est
inévitable et se manifeste sous la forme de la corruption ;
d'où il est nécessaire d'étudier les causes pour
remédier à ce problème, surtout dans les pays en
développement qui sont les premiers destinataires de l'IDE.
D'où on peut conclure que la relation Corruption-IDE
est une relation d'importance majeur, mise en étude par plusieurs
économistes. Certains l'ont qualifié de positive par contre
d'autres ont montré qu'elle est de nature négative.
Dans le chapitre suivant, on va étudier cette relation
empiriquement et on va essayer d'en déterminer sa nature. On a choisi la
région MENA comme champs d'application.
Chap. 3 : Corruption et
IDE : validation empirique
Introduction :
La nature de la relation Investissement
direct étranger-corruption était l'objet de plusieurs
débats. En effet, certains travaux concluent, comme on a signalé
auparavant dans la partie théorique, que la corruption joue un
rôle de ?helping hand? pour l'IDE. Par contre, beaucoup sont les travaux
qui dénient cette idée et montre que la corruption est un
?grabbing hand? pour l'IDE.
Nous allons essayer de déterminer le signe de cette
relation tout au long de ce chapitre. Nous allons avoir recours à un
modèle de la littérature économique et on va essayer
d'étudier la relation IDE-corruption empiriquement.
Tout d'abord, on va étudier la mesure de la corruption
(section 1) et on va voir comment on a réussi à mesurer un
phénomène aussi délicat. Ensuite, on va essayer
d'étudier l'IDE et ses déterminants (section 2). Enfin,
après avoir fini nos deux sections introductifs, on va essayer de faire
une validation empirique afin d'analyser la nature de la relation
IDE-corruption (section3).
Section 1 : La mesure du
corruption
Le phénomène de la corruption
est difficile à mesurer et pendant plusieurs années, il
était principalement une source d'inquiétude pour les analystes
économiques. Mais, récemment la recherche a approfondi la
connaissance empirique de la corruption. Dans cette section, on va essayer
d'étudier les mesures et les déterminants de la corruption.
1.1- Pourquoi il est difficile de mesurer la
corruption ?
En principe, les scientifiques sociaux devraient être
capables de mesurer n'importe quoi (Babbie E., 1995). Mais cela est facile
à dire qu'à faire, et c'est loin des concepts essentiels et des
définitions nominales des événements ou objets inclus dans
les mesures opérationnelles. Beaucoup de concepts sont des
catégorisations ou déductions du phénomène
eux-mêmes difficiles à identifier et à observer.
La mesure devienne de plus en plus difficile lorsque ce qui
nous intéresse est caché. Nous savons que la corruption existe,
mais les témoins directs sont peu nombreux ; souvent, ceux qui ont
intérêt à garder le secret. Là où la
corruption est très sérieuse, les fonctionnaires chargés
de contrôler sont eux même compromis ; dans de telles
conditions, l'étude de la corruption devient un exercice à
risque.
Le problème est même plus complexe à
cause d'un autre vieux problème ; celui des définitions. Si
nous étudions la corruption à un niveau général, il
peut avoir du sens en examinant les cas fondamentaux et ne pas
s'inquiéter beaucoup sur les cas marginaux. Mais, quand on arrive
à l'étape de mesure et de compte, les cas marginaux deviennent
critiques, et on trouve beaucoup de désaccord lorsque les limites
tombent (Johnston M., 2000). Ajoutons à cela la relation
compliquée entre corruption et scandale : les rapports publics et
les controverses peuvent nous renseigner plus au sujet de l'apparence de la
corruption, et donc au sujet de conflits politiques ou d'usages
journalistiques, q'au sujet de son ampleur réelle (Moodie, Graeme C,
1980).
1.2- Les essais de mesure de la
corruption :
Pour examiner le progrès d'un pays, pour comparer des
pays différents ou faire des recherches sur les causes et
conséquences de la corruption, il faut la mesurer. Les mesures exactes
de la corruption sont difficiles à trouver. Elle a de nombreux types et
elle est inobservable.
Berg (2001) classe les mesures de la corruption en deux
groupes différents : mesures objectives et mesures subjectives. Les
mesures objectives sont des quantifications basées sur des informations
vérifiées. Les mesures subjectives sont une perception ou une
expérience basées et composées des données
rassemblées des études ou des questionnaires dans lesquelles les
individus sont demandés de répartir le niveau de corruption.
Il y a aussi une autre méthode, largement
utilisée, les mesures telle que l'estimation du pourcentage des
politiciens et fonctionnaires qui sont corrompus, fournies par les experts
régionaux de plusieurs institutions. Johnston et Hao (1997) (Jain, 2001)
ont examiné le nombre des plaintes dues à la corruption pour
estimer les changements dans les niveaux de corruption en Chine.
Berg (2001) propose l'usage d' « un subjectif,
indicateur de corruption basé sur l'expérience, qui combine
plusieurs traits désirables et en évitant quelques-unes des
faiblesses d'indicateurs existants ». Il définit le ratio du
`pot-de-vin' comme la valeur de pots-de-vin totale (la valeur globale de tous
les pots-de-vin payés dans une période spécifiée)
divisée par le total de revenu dans la même période.
Les mesures, les plus fréquemment utilisées,
dans les comparaisons des pays et des recherches empiriques sont prises des
études fournies par plusieurs institutions internationales ou des
recherches privées.
Les institutions tels que Economic Intelligence Unit,
Political Risk Services Inc., Political and Economic Risk Consultancy,
Institute for Management Development, World Bank, Price Waterhouse Coopers,
World Economic Forum, Freedom house, Transparency International fournissent des
études sur la perception de la corruption pour plusieurs pays.
Plusieurs économistes comme Hall et Yogo, Kaufmann,
Kraay et Ziodo-Laboton, Ades et Di Tella (Jain, 2001), Helpman, Jones, Kaufmann
et Schankerman, Neumann (Berg, 2001) fournissent, aussi, des indicateurs de
corruption basés sur des perceptions ou expériences pour les pays
étudiés.
Les études empiriques sur la corruption exigent,
aussi, une mesure de plusieurs variables sociales, économiques et
politiques qui sont utilisées comme variables dépendantes ou
indépendantes dans les régressions qui analysent la corruption.
Il est à noter que les mesures objectives de ces variables sont, aussi,
difficiles à obtenir. Jain (2001) donne une liste des agences qui
produisent ces variables et des chercheurs qui fournissent les données.
Parmi ces variables, difficiles à mesurer, on cite : liberté
économique, liberté civil, harcèlement bureaucratique,
l'environnement légal, l'efficacité directoriale,
libéralisation et réforme économique, valeur des rentes
économiques.
La question qui se pose à ce stade : quelle est
la mesure la plus utile ? Et quels sont les avantages et les
inconvénients de chaque agence ?
Berg (2001) définit quatre caractéristiques qui
doivent exister dans un bon indicateur de corruption : i)
Crédibilité, c'est-à-dire les gens qui créent
l'indicateur doivent être objectifs et ce dernier reflète
l'opinion générale, et non l'opinion personnelle d'un individu ou
de quelques personnes, ii) Validité, c'est-à-dire mesurer ce qui
nous intéresse actuellement, iii) Exactitude, c'est-à-dire les
erreurs de mesure ne sont pas grandes (en augmentant l'échantillon), iv)
Précision, c'est-à-dire tout le monde se met d'accord sur ce que
la quantité mesure ; les questions ne sont pas ambiguës et
elles ne comptent pas sur les niveaux individuels.
Les indicateurs subjectifs sont principalement
utilisés dans l'analyse empirique ; les indicateurs de perception
sont habituellement valides et dignes de confiance, mais ils manquent
d'exactitude et de précision. En effet, les perceptions de la corruption
peuvent être loin de la corruption réelle, donc les indicateurs
ont une faible sensibilité contre les changements politiques. Les
perceptions de corruption peuvent être endogènes (tels que,
couverture des médias, les grands scandales, etc.) et affectant les
perceptions plus que l'expérience. L'indicateur suppose que le public
est informé au sujet du niveau de corruption dans les pays ;
cependant, la plupart des cas de corruption sont secrètes. Les
études mesurent, habituellement, seulement la corruption
bureaucratique ; la corruption politique reste hors scène. La
définition de la corruption est de spécificité culturelle,
ce qui veut dire que si un acte est vu comme corrompu dans un pays, il ne l'est
pas nécessaire dans un autre. Aussi, les jugements et
préjugés des experts qui préparent les études
peuvent falsifier les résultats. Les indicateurs sont très
corrélés avec les mesures de l'efficacité bureaucratique
donc ; il est très difficile de différencier les deux
effets.
Les indicateurs basés sur l'expérience sont
élaborés à partir des travaux qui ont étudié
l'expérience de la corruption des individus et institutions. Ils
éliminent beaucoup d'inconvénients trouvés avec les
indicateurs basés sur les perceptions ; donc, ils sont
habituellement plus appropriés pour comparer les pays. Ils ne sont pas
loin du niveau réel de la corruption, et si les questions sont bien
choisies donc comme pour être vérifiable, la validité et la
précision peuvent être accomplies. A propos, la mise en oeuvre
peut mener aux indicateurs qui sont précis et dignes de confiance.
Section 2 : l'IDE :
Définition, fondement théorique et principaux
déterminants
2.1- Définition de
l'IDE :
L'IDE est une notion fortement
évolutive. Sa définition diffère selon la nature de la
source qui l'apprécie. Selon Tersen et Briscout
(1996) : « la difficulté essentielle que pose l'IDE
est qu'il s'agit d'un phénomène tellement complexe qu'il est
difficile d'en appréhender toutes les facettes, mais qu'il est dangereux
de chercher à isoler une seule. »
Nous retenons deux définitions officielles de l'IDE,
celles du FMI et de l'OCDE.
2.1.1- Définition de l'IDE selon le
FMI :
Les IDE sont définis par le FMI (1997) comme
étant ceux qui « sont effectués dans le but
d'acquérir un intérêt durable dans une entreprise
exerçant ses activités sur le territoire d'une économie
autre que celle de l'investisseur, le but de ce dernier étant d'avoir un
pouvoir de décision effectif dans la gestion de l'Entreprise. Les
entités ou les groupes d'entités associés non
résidentes et qui effectuent les investissements sont appelés des
Investisseurs Directs, et les entreprises érigées ou non en
société (respectivement filiales ou succursales) dans lesquelles
ces investissements directs ont été effectués, sont
désignées par le terme `Entreprise d'Investissement
Direct' ».
2.1.2- Définition de l'IDE selon
l'OCDE :
Au début des années quatre-vingt, l'OCDE (1983)
a défini l'IDE de la manière
suivante : « Toute personne physique, toute personne
publique ou privée ayant ou non la personnalité morale, tout
gouvernement, tout groupe de personnages physiques liées entre elles est
un Investisseur Direct Etranger s'il possède lui-même une
entreprise d'investissement direct, c'est-à-dire une filiale, une
société affiliée ou une succursale faisant des
opérations dans un pays autre que le ou les pays de résidence de
l'investisseur ou des investisseurs directs.
Par entreprise d'investissement direct, on entend une
entreprise jouissant ou non dans laquelle un seul investisseur étranger
contrôle :
- Soit 10 % ou plus des actions ordinaires ou des droits de
vote dans une entreprise jouissant de la personnalité, ou de
l'équivalent dans une entreprise n'ayant pas la personnalité
morale, à moins qu'il ne puisse être établi que cela ne
permet pas à l'investisseur d'avoir un pouvoir de décision
effectif dans la gestion de l'entreprise.
- Soit moins de 10 % des actions ordinaires ou des droits de
vote dans l'entreprise, mais a un pouvoir de décision effectif dans la
gestion de l'entreprise.
Le pouvoir de décision effectif implique seulement que
l'investisseur direct soit en mesure d'influencer la gestion de l'entreprise ou
d'y participer, et non qu'il dispose d'un contrôle absolu ».
2.2- Fondement théorique des
IDE :
Ce paragraphe rappelle les éléments
théoriques qui fondent les décisions de localisations des firmes
multinationales.
2.2.1- L'approche électrique du Dunning (la
Paradigme OLI) :
Dans les années soixante-dix, Dunning (1977) propose
une approche globale de facteurs explicatifs de l'investissement direct (le
paradigme OLI) dans laquelle apparaissent des éléments comme la
concurrence imparfaite, les avantages comparatifs ou l'internalisation des
coûts de transaction.
Si ce cadre s'avère aujourd'hui insuffisant pour
expliquer la majeure partie des IDE, il constitue toutefois le point de
départ des nouveaux éléments théoriques
apportés par l'investisseur stratégique et la Nouvelle
Théorie du Commerce International (NTIC).
Le paradigme OLI constitue en fait une combinaison
d'avantages qui conduit une firme à investir à l'étranger.
Une firme multinationale décide de s'implanter à
l'étranger si trois types d'avantages sont réunis :
2.2.1.1- Les avantages Spécifiques (O :
Ownership) :
La firme multinationale possède des avantages
particuliers vis-à-vis des firmes concurrentes fondées sur la
détention d'actifs tangibles ou intangibles : avantage
technologique, brevet, savoir-faire ou connaissances spécifiques. Ces
actifs lui permettent de réduire ses coûts et de disposer d'un
certain pouvoir de marché.
La littérature théorique sur l'investissement
stratégique se fonde sur ce type d'argument pour montrer que
l'Investissement Direct Etranger constitue pour la firme multinationale un
engagement crédible. Elle devient capable de contrôler
l'arrivée de concurrents potentiels et peut se trouver en situation de
préemption sur son marché (Motta M., 1992).
2.2.1.2- Les avantages de localisation (L :
Location) :
Les avantages spécifiques permettent à la firme
d'exporter, mais pas d'investir à l'étranger ; seuls les
avantages liés à la localisation constituent une condition
nécessaire et suffisante pour l'IDE.
Le choix de localisation se rapporte essentiellement aux
caractéristiques propres aux pays. Les motivations des firmes
multinationales sont liées à la recherche de gains
d'efficacité : abaisser les coûts de transaction et de
production en prenant en compte les diverses possibilités offertes par
chaque pays, en particulier en terme de coûts salariaux ou de
qualification de la main d'oeuvre, en exploitant les possibilités de
réaliser des économies d'échelle ou encore
d'accéder à de nouveaux marchés.
2.2.1.3- Les avantages d'internalisation (I :
Internalisation) :
En s'implantant à
l'étranger, la firme multinationale réussit à internaliser
les coûts de transaction. Elle évite ainsi de passer des accords
de coopération ou de céder une licence à une ou plusieurs
firmes locales.
Le choix de l'internalisation dépend de facteurs
spécifiques aux secteurs industriels (coût d'implantation, nature
des activités) et institutionnels telle que la structure des
marchés en présence d'asymétrie d'information.
L'approche électrique de Dunning souligne que si
l'avantage de localisation est située hors de son pays d'origine, la
firme investira à l'étranger. Si elle dispose de l'avantage
spécifique et de l'avantage de l'internalisation, elle
pénétrera sur le marché extérieur par une
exportation. Enfin, s'il n'y a ni avantages de localisation, ni avantages de
l'internalisation, la firme choisira alors une vente de licence auprès
d'une entreprise étrangère.
2.2.2- L'analyse Synthétique du
Mucchielli :
Dans son analyse, Mucchielli (1985) a proposé une
nouvelle combinaison d'avantages, à savoir l'avantage comparatif du pays
et l'avantage compétitif de la firme.
La firme a des avantages compétitifs engendrés
par des caractéristiques internes et leur évolution, par exemple,
le capital humain, la recherche et le développement. Humbert (1990)
affirme que « tous sont des inputs capables de créer, de
maintenir ou d'accroître la compétitivité qui peut
être évaluée par la capacité de la firme à
réduire les coûts de production, à différencier ses
produits et à en créer d'autres ».
Le pays a des avantages comparatifs par rapport à ses
partenaires qui résultent de son offre de dotations factorielles
(capital, travail, terre) et technologiques (avance technologique, recherche et
développement).
On doit prendre en compte aussi les caractéristiques
de la demande en terme de taille et de croissance du marché
intérieur.
L'interaction entre la firme et les pays d'origine et
d'accueil permet l'émergence ou la croissance des potentialités
de délocalisation. Ainsi, la firme offre les produits et demande les
facteurs, alors que le pays offre des possibilités d'utiliser les
facteurs de production présents et demande les produits.
Mucchielli (1985) décrit l'inter relation entre la
firme et le pays en essayant de voir dans quelle mesure la
délocalisation de la firme est utile. Il arrive au fait que :
- Si les caractéristiques de l'offre et de la demande
de la firme et du pays d'origine sont en concordance, alors les incitations
à délocaliser seront faibles.
- Si les caractéristiques de l'offre et de la demande
de la firme et du pays d'origine sont en disconcordance, alors les incitations
à la délocalisation sont fortes.
Grâce à la délocalisation de ses
activités, la firme tentera de coordonner entre ses besoins propres et
les caractéristiques du pays d'accueil sélectionné.
2.3- Déterminants fondamentaux des
IDE :
Malgré l'importance croissante prise par les
investisseurs internationaux dans les économies, il n'existe aucun cadre
théorique unifié permettant de comprendre les déterminants
des IDE.
A cet égard, pour figurer sur la « short
lists » des investisseurs étrangers, les pays d'accueil
doivent disposer d'un certain nombre de déterminants préalables
et nécessaires à l'attractivité.
La stratégie du pays d'accueil pour attirer les IDE
passe par l'existence du pré requis qui porte essentiellement sur la
stabilité politique, la stabilité économique, la politique
de concurrence, l'environnement juridique, ainsi que d'autres
déterminants telles que la taille de marché, l'ouverture du pays
au commerce, la croissance économique et les ressources naturelles.
D'après Michalet (2000), « les
investisseurs n'aiment pas l'incertitude ou encore, ils s'efforcent de
réduire au maximum les coûts de transaction. Le statut de
pré requis se situe dans cette logique initiale ».
2.3.1- La stabilité
politique :
L'infrastructure politique englobe les institutions et les
politiques publiques élaborées par les gouvernements pour servir
de cadre aux relations économiques et sociales. On accorde plus
d'attention aux éléments d'infrastructure politique qui peuvent
influencer les décisions des firmes multinationales en matière
d'investissement.
Par conséquent, une infrastructure politique
« positive » engloberait d'abord un système
juridique efficace, impartial et transparent qui protège la
propriété et les droits individuels, ensuite des institutions
publiques stables, crédibles et honnêtes, et enfin des politiques
gouvernementales propices à des marchés libres et ouverts.
Ces conditions favorisent l'IDE et les investissements
irrécupérables de la part des multinationales qui soutiennent une
exploitation efficiente dans le pays d'accueil.
De ce fait, la stabilité politique est primordiale
pour les investisseurs étrangers. Une étude de Frey et Schneider
(1985), couvrant 54 pays développés pendant la période
1976, 1979 et 1980 incluant des variables économiques et politiques, a
établi que le risque politique se classe en cinquième position et
qu'il est insignifiant par rapport à l'IDE.
En fait, les investisseurs n'aiment pas l'incertitude ;
et, face aux problèmes d'instabilité politique et sociale
symbolisés par des conflits militaires et civils, les investisseurs
préfèrent reporter leurs programmes d'investissement à
plus tard, ou désinvestir ou bien investir dans un autre pays tiers.
Des enquêtes ont montré l'importance primordiale
que l'investisseur potentiel prête à la stabilité politique
du pays d'accueil, à l'attitude de ses dirigeants et de l'ensemble de sa
population. De même à l'existence d'une tradition de respect de
leurs engagements internationaux.
D'où, la stabilité politique est un facteur
déterminant de localisation des IDE. Ainsi, les investisseurs
préfèrent localiser les filiales dans un pays où
l'incertitude est moindre, vu que la stabilité politique a un effet
positif sur la sécurité des affaires.
D'après Michalet (2000) « il est probable
que le pays soit rayé de la longue liste, au moins temporairement, si la
probabilité d'un coup d'état est élevée ;
même si la rentabilité d'un projet est attrayante. Mais si les
perspectives à long terme sont très attractives, alors
l'investisseur adoptera une attitude de « wait and see »
consistant à réduire son implantation au minimum afin de
maintenir une présence qui lui permet d'observer de plus près
l'évolution de la situation du pays, d'y affirmer une présence
suffisante pour démontrer l'intérêt de la firme à
développer une activité locale et suivre attentivement les
opérations de ses concurrents ».
Ceci a été le cas, par exemple, lors des
événements du 11 Septembre 2001 qui ont engendré une
augmentation du niveau d'incertitude du risque politique élevé
(associé à la guerre et au terrorisme) amenant ainsi quelques
compagnies à adopter cette stratégie « wait and
see » et reporter leurs plans d'investissements à plus tard,
le temps de voir l'impact de ces événements sur le
développement économique.
D'autre part, les pouvoirs publics jouent un rôle
décisif dans l'économie. Leur intervention peut encourager les
investisseurs à investir, mais dans la plupart des cas ils les
dissuadent. En fait, la qualité de gouvernance peut constituer un risque
pour les investisseurs, ceci concerne, d'après Jenkins et Thomas (2002),
« le risque de l'intervention dans les droits de
propriété, la corruption et l'incertitude
bureaucratique ».
De plus, d'après Mesghena Yasin (2005),
l'instabilité politique et les répressions défavorables
affectent négativement les flux d'IDE et découragent, par
conséquent, les investisseurs étrangers.
2.3.2- la stabilité
économique :
Lorsque les pouvoirs politiques créent une
atmosphère économique instable, les investisseurs
étrangers sont peu incités à engager leurs capitaux dans
des projets aux rendements futurs incertains.
En effet, les investisseurs étrangers détestent
l'incertitude et ils ont tendance à s'inscrire dans une liste de pays
où il y a un taux de croissance élevé, positif et
durable.
D'ailleurs, d'après Billington (1999), la croissance
du marché est un facteur stimulant de l'IDE. Ce facteur dynamique a un
impact direct sur la vitesse et la direction des flux d'IDE.
En fait, Billigton (1999) a pris le cas de sept pays
industrialisés pour la période 1983-1993 ; il a
établi un modèle au niveau de chaque pays et en fonction de
plusieurs observations en terme de log d'IDE. Il a trouvé que le
coefficient de croissance est positif. D'où un taux de croissance
élevé attire un niveau élevé des flux de
capitaux.
Les investisseurs étrangers s'intéressent
à la stabilité de certaines critères qui sont : la
croissance économique, la maîtrise de l'inflation (une
économie inflationniste décourage les investisseurs) et la
stabilité du taux de change.
Il s'avère donc nécessaire que les
autorités corrigent les déséquilibres
macroéconomiques tels que : l'inflation élevée, les
lourds déficits publics, la surévaluation du taux de change car
ils sont les causes essentielles de l'instabilité macroéconomique
et de l'incertitude des politiques futures.
Par ailleurs, le ?climat des investisseurs? constitue un
facteur d'attractivité pour l'investisseur étranger. Il s'agit,
par exemple, de la liberté des transferts des capitaux étrangers
vers le pays d'origine et de la législation du pays d'accueil
(flexibilité du marché de travail, les conditions
d'emploi...).
2.3.3- la politique de
concurrence :
Avec la libéralisation des flux d'IDE et le
développement des activités des firmes multinationales, le libre
jeu des mécanismes du marché revêt une importance
croissante pour le choix de localisation des firmes étrangères
dans le pays d'accueil.
La diminution ou la suppression des barrières à
l'entrée des IDE peut accroître la fluidité des
marchés nationaux et activer la concurrence. Cependant, si le
marché du pays d'accueil devient concentré après
l'entrée des firmes multinationales dominantes, il se peut que celles-ci
se livrent à des pratiques anticoncurrentielles, en particulier sur le
marché fluide pour empêcher l'entrée de nouveaux
concurrents.
Il s'agit notamment des pratiques de Cartel tels que
l'entente sur les prix et la répartition du marché, les
fusions-acquisations monopolisatrices, les pratiques verticales
d'exclusivité, les abus de positions dominantes, etc....( Pons J-F,
2000)
Le développement d'une politique de concurrence et la
coopération avec d'autres autorités de concurrence permettent de
ne pas subir des comportements anticoncurrentiels venant de l'extérieur,
ni de décisions unilatérales d'autres gouvernements.
En principe, le droit de concurrence ne doit pas introduire
de discrimination entre entreprises nationales et entreprises
étrangères, ni entre entreprises d'origines nationales
différentes.
Ce droit permet, d'une part, de contrôler le
comportement concurrentiel des firmes multinationales qui a une influence sur
l'attractivité des pays d'accueil et d'autre part, de garantir aux
firmes multinationales la protection de leurs produits et de leurs
technologies.
2.3.4- Environnement juridique favorable aux
IDE :
Pour que les investisseurs soient encouragés à
s'implanter à l'étranger, les pays d'accueil doivent garantir aux
firmes multinationales une certaine stabilité juridique et
légale.
En fait, le cadre juridique est légal comprend les
règlements régissant les IDE, leurs activités, les normes
de traitement des filiales étrangères et les règles de
fonctionnement des marchés.
Pour attirer les IDE, il faut que le pays d'accueil :
· Garantisse la minimisation des coûts des
litiges ;
· Garantisse la protection des droits de
propriété aux investisseurs étrangers et de
bénéficier des mêmes droits que les investisseurs locaux
(exemple droits syndicaux) ;
· Assure la possibilité de rapatriement des
bénéfices et des capitaux en cas de liquidation ;
· Etablisse un libre marché de change ;
· N'instaure pas de plafonnement de participation au
capital, car la limitation à la participation au capital constitue un
obstacle pour l'investisseur étranger ;
· Etablisse des programmes d'incitation à
l'investissement fondés sur une modulation transparente de nombreux
avantages fiscaux et douaniers (dans le cas d'existence d'impôts ou
tarifs douaniers lourds, l'établissement d'incitations à
l'investissement tarifaire), qui pourraientt encourager les IDE.
Ainsi, les législations sont importantes pour attirer
les IDE, et donc des législations complexes ou confuses n'inciteraient
pas les investisseurs étrangers. Il importe donc pour les pays
hôtes de créer un code d'incitations favorables aux IDE.
2.4- Autres déterminants de
l'IDE :
2.4-1- La taille de
marché :
La taille de marché est déterminé
approximativement par le niveau du PNB et semble être un
déterminant des flux d'IDE. En effet, les grands marchés dans
lesquels la demande des consommateurs est loin d'être satisfaite
constituent un potentiel qui attire les investisseurs étrangers
(Ewe-Ghee Lim, 2001).
2.4.2- L'ouverture du pays au commerce et
l'orientation des exportations :
Il est répandu que les économies ouvertes sont
de nature à encourager les investissements étrangers. En effet,
l'ouverture d'un pays au commerce s'exprime par la diminution progressive des
contrôles et des restrictions qui s'opposent au libre échange.
L'orientation des exportations peut également être
considérée comme un facteur déterminant de l'IDE à
cause de la propension élevée des exportations des firmes
étrangères (Ewe-Ghee Lim, 2001). Stein et al. (2003), Jaumotte
(2004), Tobin et Rose-Ackerman (2005) et Neumayer et Spess (2005) ont
testé l'impact du facteur 'openness' sur les flux de l'IDE et ont
trouvé qu'il est un déterminant important.
2.4.3- La croissance
économique :
La croissance économique est analysée par des
indicateurs de développement macroéconomique tels que le niveau
de vie (revenu par tête, consommation par tête), de la production
(le degré d'industrialisation), du commerce extérieur (le taux
d'ouverture) et de l'emploi (le taux de chômage, le degré de
qualification de la main d'oeuvre).
2.4.4- Les ressources
naturelles :
Historiquement, le déterminant le plus important des
IDE dans le pays d'accueil est la présence des ressources naturelles.
Les investissements étrangers sont surtout attirés par les pays
dont les ressources naturelles sont abondantes et n'ayant pas en contre partie
le capital, le savoir faire, les compétences et l'infrastructure
nécessaires pour les exploiter et les commercialiser.
Section 3 : Etude empirique
de la relation Corruption-IDE : modèle de Rahman A., Kisunko G. et
Kapoor K. (2000)
Au cours de cette section on va essayer de
faire une étude empirique afin de vérifier l'hypothèse
selon laquelle la corruption dans le pays hôte réduit les flux de
l'investissement direct étrangers.
3.1- Présentation de
modèle:
Rahman, Kisunko et Kapoor (2000) ont essayé de
déterminer l'effet de la corruption sur la croissance, l'investissement
domestique et l'IDE. Ils ont eu recours au modèle de Mauro (1995) et
l'ont enrichit par l'étude de la relation corruption-IDE.
J'ai essayé d'effectuer des modifications sur ce
modèle en remplaçant la variable « the pupil-teacher
ratio in secondary schools » par la variable N ATRES qui
désigne les ressources naturelles du pays hôte, important
déterminant de l'IDE. D'après Johnson et Dahlström (2007),
cette variable est calculée à partir de ratio exportation des
resources naturelles / PIB. J'ai aussi transformé le TI pour que les
hautes figures correspondent à une grande quantité de corruption.
Cette transformation est telle que CORRUPT = 11 - TI.
On va essayer de vérifier notre hypothèse en
utilisant leur modèle modifié. Donc l'équation à
estimer est la suivante:
IDE / PIB = â0 + â1
Log (PNB / tête) + â2 Log (Taux d'inscription aux
écoles primaires) + â3 (Ratio Exportation / PIB) +
â4 (Indice de la corruption) + â5 (Ouverture
de l'économie) + °
3.2- La validation empirique:
Nous allons, dans ce qui suit, procéder à une
validation empirique de la relation corruption-IDE. Notre analyse se
caractérise par le suivi de 5 pays dans le temps, sur la période
1996-2006 ; il s'agit des données individuelles-temporelles qui
nous permettent de réaliser une estimation en données de
Panel.
Le recours aux données de Panel nous permet d'utiliser
l'information statistique sous une double dimension : individuelle et
temporelle. Il s'ensuit donc un gain d'efficacité en matière de
précision des estimations.
On va essayer de faire notre analyse de la relation
corruption-IDE en étudiant en premier lieu l'effet direct de la
corruption sur l'IDE et en second lieu l'effet indirect en utilisant une
variable comme canal de transmission.
3.2.1- Les données
utilisées:
· La variable dépendante (à expliquer):
Le ratio IDE / PIB sur la période 1996-2006. Le fait de
diviser l'IDE par le PIB pour chaque pays nous permet d'ajuster le niveau
d'investissement à la taille de l'économie.
· Les variables indépendantes (explicatives):
- Log du revenu national brut par tête sur la
période 1996-2006. Cette variable mesure le niveau de
développement.
- Taux d'inscription aux écoles primaires sur la
période 1996-2006. Cette variable mesure la quantité du capital
humain.
- Ratio exportation / PIB sur la période 1996-2006.
Cette variable mesure l'abondance des ressources naturelles dans le pays
hôte.
- L'indice de Transparency International de la corruption sur
la période 1996-2006.
- Ouverture de l'économie: cette variable est
mesurée par le taux de l'ouverture annuel sur la période
1996-2006.
Le taux de l'ouverture est calculé comme suit: (X+M) /
PIB
Avec X: les exportations des biens et services en dollar
constant (2000)
M: les importations des biens et services en dollar
constant (2000)
PIB: le PIB en dollar constant (2000)
L'indice de Transparency International de la corruption est
obtenu par Internet sur la liste de cette organisation (
www.transparency.org)
Toutes les autres variables sont obtenues de World Indicators
Development de la Banque Mondiale (CD-ROM 2007).
Notre échantillon comporte 5 pays de la région
MENA (Egypte, Israel, Jordanie, Maroc et la Tunisie). Ce sont tous des pays
pour lesquels toutes les variables sont disponibles.
3.2.2- Résultats et
interprétation :
L'estimation de notre relation statique dépend des
tests de spécifications qui correspondent en fait aux trois tests de
Fisher. Il s'agit ici de déterminer la manière dont doit
être spécifier notre modèle, si tant que l'hypothèse
de Panel puisse être acceptée. Nous verrons que notre analyse
repose alors sur la notion d'homogénéité des
paramètres de notre modèle. Ces tests de spécification
visent ainsi à porter un diagnostic sur l'éventuelle
nécessité d'intégrer une dimension
hétérogène et sur la manière dont cette
hétérogénéité doit être
spécifiée. Si, l'hétérogénéité
est détectée seulement au niveau des constantes, ce modèle
à effets individuels est estimé à partir des techniques
Within ou Least squares Dummy variables (LSDV), si ces constantes sont fixes ou
par les procédures Between ou Moindres carrés
généralisées si, ces effets sont aléatoires. Pour
savoir quel modèle, parmi les modèles à effets
aléatoires et effets fixes, doit-on retenir. Nous utiliserons le test de
spécification standard d'Hausman (1978).
Dans cette section, nous étudierons dans un premier
paragraphe les tests de spécifications, pour mieux spécifier
notre modèle de base. Dans un second paragraphe, nous proposerons les
techniques des estimations appropriées afin d'observer la relation
statique corruption-IDE. Enfin, nous utiliserons le test de Hausman (1978), si
notre modèle est spécifié à partir d'un panel avec
effets fixes.
3.2.2.1- Les tests de
spécifications
L'estimation statique de la relation IDE-corruption pour un
échantillon de ces cinq pays de la région MENA durant les
années 1996-2006 nécessite dans une première étape
de vérifier la spécification homogène ou
hétérogène du processus générateur de
données. Sur le plan économétrique, cela revient à
tester l'égalité des coefficients de notre modèle
théorique étudié dans la dimension individuelle. Sur le
plan économique, les tests de spécification reviennent à
déterminer si l'on est en droit de supposer que la relation
IDE-corruption est parfaitement identique pour tous ces pays, ou au contraire,
s'il existe des spécificités propres à chaque pays. Notre
modèle théorique peut être écrit sous la forme
suivante :
(1)
Les innovations sont supposées être iid de moyenne nulle et de variance
égale à. Ainsi, on suppose que les constantes de notre modèle peuvent différer dans la dimension
individuelle7(*), mais
qu'elles sont invariantes dans le temps. Ce modèle possède
plusieurs configurations qui sont possibles (Christophe Hurlin, 2006)
- Les cinq constantes et les coefficients sont identiques : . On qualifie alors notre modèle par un panel homogène et
la relation IDE-corruption est identique pour les pays choisi.
- Les cinq constantes et les coefficients sont
différents selon le pays. D'où, cette fonction est
hétérogène pour ces pays et on rejette la structure de
panel dans ce cas.
- Les cinq constantes sont identiques ; tandis que les coefficients sont différents selon le
pays. Dans ce cas, tous les coefficients du modèle, à l'exception
des constantes, sont différents selon le pays. On a donc cinq
différentes équations à estimer.
- Les coefficients sont identiques pour tous les pays ; tandis que les constantes sont différentes selon le pays.
On obtient un modèle avec des effets individuels.
Pour discriminer ces différentes configurations et pour
s'assurer du bien-fondé de la structure de panel pour notre
modèle théorique, il convient d'adopter une procédure de
tests d'homogénéités emboîtés. La
procédure générale du test présentée dans
Hsiao (1986) est décrite par les quatre étapes
suivantes :
Dans une première étape, on teste
l'hypothèse d'une structure parfaitement homogène (constantes et
coefficients homogènes) :
On utilise alors une statistique de Fisher pour tester ces
(k+1)(N-1) restrictions linéaires. Si, l'on suppose que les
résidus sont indépendamment distribués dans les dimensions i et
t, et suivent une loi normale d'espérance nulle et de variance finie, alors cette statistique suit une distribution de Fisher avec
(k+1)(N-1) et NT-N(k+1) degrés de liberté. Les conclusions de ce
test sont les suivantes :
Si l'on accepte l'hypothèse nulle d'homogénéité, on obtient alors un modèle
de panel totalement homogène, c'est-à-dire la relation
IDE-corruption est identique pour l'ensemble des cinq pays de
l'échantillon. D'où le modèle théorique est typique
pour cet échantillon et peut être formalisé comme
suit :
(2)
Si en revanche, on rejette l'hypothèse nulle, on passe
à une seconde étape qui consiste à déterminer si
l'hétérogénéité provient des
coefficients.
La seconde étape consiste à tester pour tous les
individus des k composants des coefficients.
Sous l'hypothèse nulle, on n'impose ici aucune
restriction sur les constantes individuelles. De la même façon, on construit une statistique de Fisher
pour tester ces (N-1)k restrictions linéaires. Toujours sous
l'hypothèse d'indépendance et de normalité des
résidus, cette statistique suit une loi de Fisher avec (N-1)k et
NT-N(k+1) degrés de liberté. Si, l'on rejette l'hypothèse
nulle d'homogénéité des coefficients, on rejette aussi
la structure de panel, puisque, au mieux, seules les constantes peuvent être identiques entre les pays.
En revanche si, on accepte l'hypothèse nulle
d'homogénéité des coefficients, on retient la structure de
panel et l'on cherche alors à déterminer dans une
troisième étape si les constantes ont une dimension individuelle.
La troisième étape de la procédure
consiste à tester l'égalité des N constantes
individuelles, sous l'hypothèse de coefficients communs à tous
les individus :
Sous l'hypothèse nulle, on impose. Sous l'hypothèse d'indépendance et de normalité
des résidus, on construit une statistique de Fisher pour tester ces N-1
restrictions linéaires. Cette statistique suit une loi de Fisher avec
(N-1)k et N(T-1)-k degrés de liberté. Si, l'on rejette
l'hypothèse nulle d'homogénéité des constantes, on
obtient alors un modèle panel avec effets individuels, qui
s'écrit sous la forme standard suivante :
(3)
Dans le cas où l'on accepte l'hypothèse
nulle, on retrouve alors une structure de panel totalement homogène.
Ce test ne sert qu'à confirmer ou infirmer les conclusions du test, étant donné que le fait de réduire le nombre de
restrictions linéaires permet d'accroître la puissance du test du
Fisher.
Le premier tableau résume les tests
d'homogénéités pour notre variable expliquée.
Tableau n° 1 : Les tests
d'homogénéité
|
|
Homogénéité des constantes
|
Homogénéité des coefficients
|
|
10.07 (0.0000)
|
1.13 (0.9853)
|
La première remarque de ce tableau est que tous les
coefficients de l'IDE sont identiques pour l'échantillon de ces pays,
malgré que les effets invariants de l'IDE sont
hétérogènes entre ces pays. Par contre, les coefficients
de celle-ci sont identiques. A partir de ces résultats, nous pouvons
conclure que notre modèle peut être spécifié comme
un panel avec effets individuels.
La seconde remarque concerne l'origine de
l'hétérogénéité de l'IDE qui peut être
expliquée par les effets moyens des variables non explicatives. Cette
hétérogénéité est dût, par exemple,
aux caractéristiques économiques de chaque pays, le degré
de l'ouverture de l'économie et l'inégalité des ressources
naturelles acquises dans chaque pays de cet échantillon.
3.2.2.2- Estimation statique de la relation
IDE-corruption :
Les tests de spécifications montrent que notre
modèle théorique peut être formalisé comme un panel
avec des effets individuels. Afin d'estimer cette relation pour ces pays nous
utiliserons les techniques Within et GLS (MCG). Le deuxième tableau
récapitule ces deux procédures d'estimations dans l'observation
de notre relation statique.
Tableau n° 2 : Estimation statique de la relation
IDE-corruption
|
|
Estimation Within
|
Estimation GLS
|
Corruptit
|
-0,0054462 (-0,001)
|
-0,0224817 (-2,07)
|
LGINIit
|
0,2370971 (5,83)
|
0,0326483 (2.12)
|
Openit
|
0,4421836 (2,29)
|
0,2097312 (2,38)
|
Inscripit
|
-0,2413909 (-2,80)
|
0,0100732 (0,49)
|
Natresit
|
0,4066581 (0.054)
|
0,2288244 (1,14)
|
L'estimation de l'IDE par ces deux procédures
d'estimations montre que l'effet de la corruption est négatif et
significatif dans le cas de l'estimation Within, alors qu'il est négatif
mais non significatif dans la deuxième technique d'estimation (GLS).
Afin de comparer ces deux procédures, nous utiliserons
la statistique d'Hausman (1978). Le test de spécification d'Hausman est
un test général qui peut être appliqué à de
nombreux problèmes de spécification en économétrie.
Mais, son application la plus répondue est celle des tests de
spécification des effets individuels en panel. Il sert ainsi à
discriminer les effets fixes et aléatoires.
L'idée générale de ce test est à
la fois simple et géniale. Ce test cherche à étudier
l'éventualité d'une corrélation ou d'un défaut de
spécification. Admettons que l'on dispose de deux types d'estimateurs
pour nos paramètres du modèle de base. Le premier estimateur est
supposé être l'estimateur non biaisé à variance
minimale sous l'hypothèse nulle de spécification correcte du
modèle (absence d'une corrélation). En revanche, sous
l'hypothèse alternative de mauvaise spécification, cet estimateur
est supposé être biaisé. Les deux hypothèses
d'Hausman peuvent être spécifiées comme suit :
: la matrice des variables explicatives.
Hausman (1978) préconise de fonder son test de
spécification sur la statistique suivante :
8(*)
(4)
Sous
l'hypothèse nulle de spécification correcte, cette statistique
est asymptotiquement distribuée selon un khi-deux à k
degrés de liberté. Ainsi, sous l'hypothèse nulle, ce
modèle théorique peut être spécifié avec des
effets individuels aléatoires et on doit retenir l'estimateur des MCG
(l'estimateur BLUE). Par contre, sous l'hypothèse alternative, le
modèle doit être spécifié avec des effets
individuels fixes et l'on doit retenir l'estimateur Within ou LSDV
(l'estimateur non biaisé). Le troisième tableau récapitule
le test d'Hausman (1978) pour notre modèle.
|
FDIit
|
Stat-Hausman
|
= 41.14 (0.0000)
|
La statistique H est supérieure au seuil 1%, on rejette
l'hypothèse nulle et l'on privilégie l'adoption d'effets
individuels fixes et nous utilisons l'estimateur Within afin d'obtenir des
estimateurs plus consistants.
Conclusion :
Dans ce chapitre, nous avons tenté de
valider empiriquement la relation qui peut exister entre la corruption et
l'investissement direct étranger.
En théorie, cette relation fait l'objet d'un
débat, qui porte sur le signe de cette relation : est ce qu'elle de
nature négative (grabbing hand) ou positive (helping hand) ?
Pour répondre à cette question, nous avons eu
recours au modèle élaboré par Rahman, Kisunko et Kapoor
(2000) un peu modifié. Notre validation confirme le signe négatif
de la relation ; donc la corruption joue un rôle
de « grabbing hand » pour l'investissement direct
étranger, d'ailleurs c'est le résultat confirmé par la
plupart des travaux empiriques.
En plus, nous n'avons trouvé aucun appui empirique pour
l'argument de « helping hand » avancé pour expliquer
le signe positif de la relation corruption-investissement direct
étranger.
Conclusion
Générale
Après avoir été hostiles aux
investisseurs directs étrangers, de nos jours, plusieurs pays cherchent
à attirer plus d'investissement étant donné ses effets
positifs sur l'économie. Il constitue la source de nouvelles
technologies et de nouvelles procédures de management et de
marketing.
L'attractivité d'un pays est déterminée
par des facteurs traditionnels, mais aussi, et de plus en plus, par la
qualité des institutions et des politiques publiques. Des politiques
économiques transparentes influencent positivement le comportement des
investisseurs.
Le dysfonctionnement des institutions publiques aura des
répercussions négatives sur l'investissement direct
étranger. Le phénomène de corruption présente un
exemple de symptôme de dysfonctionnement. En effet, des systèmes
caractérisés de non-transparence et où la corruption est
très répondue ne sont pas des climats favorables aux
investisseurs.
Généralement, les barrières, à
l'exemple des licences pour investir, mises en place par les gouvernements,
limitent l'entrée et l'activité des acteurs étrangers sur
les marchés. La bureaucratie possède la tâche de
contrôler les restrictions et les règlements, d'où
émanent des opportunités faciles pour la corruption.
La corruption peut prendre la forme de pots-de-vin pour les
licences d'importation ou d'exportation, pour les prêts, etc.... Par
conséquent, elle peut être très coûteuse pour les
firmes multinationales.
Ceci conduirait à une sélection
d'investissement non sur la base d'une bonne évaluation des projets,
mais plutôt sur la base de relations, de pressions, de recherche de
rentes, etc. De plus, la majorité des entreprises, qui respectent la
loi, éviteront l'implantation dans les pays où les pots-de-vin
sont une partie intégrante des affaires.
Les entreprises fondent leurs décisions d'investir
à l'étranger sur leurs perceptions de
« fondamentaux » du pays en question. Ces derniers incluent
les conditions macro-économiques (une faible inflation, une rapide
croissance économique, etc.) et des facteurs comme la dimension du
marché, l'abondance de la main d'oeuvre et les ressources naturelles,
etc. De plus, les investisseurs cherchent des politiques économiques
claires et prévisibles qui minimisent les risques de mauvaises et
coûteuses surprises.
Dans notre travail, nous avons essayé d'étudier
l'impact de la corruption sur l'attraction de l'IDE. Dans le premier chapitre,
nous avons essayé d'avoir une définition claire du concept
« corruption » pour trouver une littérature
abondante qui se contente de définir ce phénomène. Nous
avons présenté les différentes procédures pour
lutter contre la corruption.
Dans le deuxième chapitre, nous nous sommes
intéressés au débat concernant la relation investissement
direct étranger-corruption. Nous avons trouvé qu'il y a un accord
sur le fait que la corruption influence la décision d'investissement,
mais le désaccord réside dans le signe de cette relation.
Dans le dernier chapitre, nous avons essayé
d'étudier la relation investissement direct étranger-corruption
empiriquement et nous avons trouvé, en se basant sur un
échantillon de cinq pays de la région MENA pendant la
période 1996-2006, que la corruption a une influence négative sur
l'IDE.
Nous avons limité notre recherche sur l'IDE ;
mais nous signalons que notre étude peut être approfondie en
étudiant l'impact de la corruption sur les composants de l'IDE et en
essayant d'expliquer pourquoi les firmes internationales optent pour les
entreprises dont la propriété est partagée avec un
partenaire local afin de contrarier le fort degré de corruption.
TABLES DES MATIERES
SOMMAIRE
1
Introduction
Générale
2
Chap. 1 : La corruption :
concept et stratégies de lutte
5
Introduction :
5
Section 1 : Les définitions
de la corruption
5
1.1-
Notions classiques de la corruption :
5
1.2-
Notions modernes de la corruption :
6
1.2.1- Les définitions
procédant d'une classification des
comportements :
6
1.2.1.1- définitions
centrées sur la fonction publique :
6
1.2.1.2- Définition
centrées sur le marché :
7
1.2.1.3- Les définitions
axées sur la notion d'intérêt général et ses
conséquences :
8
1.2.2- Les définitions de
l'approche "
Principal-Agent-Client " :
9
1.3-
Les approches
" néoclassiques "
10
Section 2 : Les différentes
formes et les différents types du corruption
13
2.1- Formes principales de la
corruption :
13
2.1.1- La corruption et la recherche de
rente :
13
2.1.2- La corruption
politique :
14
2.1.3- La corruption
administrative :
14
2.1.4- Trafic
d'influence :
15
2.1.5- Techniques de
causalités :
15
2.2- Typologie de la corruption :
Le modèle de Shleifer et Vishny (1993)
16
Section 3 : Les stratégies
de lutte contre la corruption
18
1.1-
Réduire les possibilités de la
corruption :
19
1.1.1-
Réduire le rôle de l'Etat dans
l'économie :
19
1.1.2-
Rendre les règles plus
transparentes :
20
1.1.3-
Soumettre les administrations à des pressions
concurrentielles :
20
1.2-
Accroître la crédibilité des institutions
chargées de l'application des
lois :
21
1.2.1- Indépendance et
efficacité de la justice :
21
1.2.2- La séparation des
pouvoirs :
21
1.3-
Reformer la fonction publique :
22
1.3.1- Recrutement et promotion
fondés sur le mérite :
22
1.3.2- Une rémunération
adéquate :
23
1.3.3- Renforcer les mécanismes
de surveillance et de sanction :
24
1.4-
Rendre l'Etat plus proche des citoyens :
25
Conclusion :
26
Chap. 2 : Corruption et IDE :
causes et effets
28
Introduction :
28
Section 1 : Les causes de la
corruption dans les pays en développement
28
1.1-
Le ? cercle vicieux ? de la
corruption
28
1.2-
Les causes de la corruption
30
1.2.1-
Réglementations et autorisations :
31
1.2.2-
Procédures de taxation :
31
1.2.3-
Fourniture de biens et services au-dessous du prix du
marché
32
1.2.4-
Autres décisions
discrétionnaires
32
1.2.5-
Subventions officielles et restrictions sur les
échanges commerciaux :
33
1.3-
Faiblesse de la quantité
bureaucratique :
34
1.3.1- Le niveau du salaire dans le
secteur public :
35
1.3.2- Système de
pénalité et contrôle
institutionnel :
36
1.4-
Les réformes politiques et
économiques :
37
Section 2 : Le rôle crucial
des institutions dans l'attractivité des IDE
39
2.1- Le concept d'adaptation
institutionnelle :
39
2.2- Le rôle de la transparence
dans l'attraction des IDE :
43
2.2.1- Transparence et
IDE :
43
2.2.2- La transparence un facteur
primordial pour l'attraction des investisseurs
étrangers :
44
Section 3 : Corruption-IDE :
le débat théorique
45
3.1- Les enquêtes examinant la
relation Corruption-IDE :
46
3.2- La corruption comme
?grabbing hand ? pour les IDE
48
3.3- La corruption comme
?helping hand ? pour
l'IDE :
49
Conclusion :
51
Chap. 3 : Corruption et IDE :
validation empirique
52
Introduction :
52
Section 1 : La mesure du
corruption
52
1.1-
Pourquoi il est difficile de mesurer la
corruption ?
52
1.2-
Les essais de mesure de la corruption :
53
Section 2 : l'IDE :
Définition, fondement théorique et principaux
déterminants
56
2.1- Définition de
l'IDE :
56
2.1.1- Définition de l'IDE selon
le FMI :
56
2.1.2- Définition de l'IDE selon
l'OCDE :
56
2.2- Fondement théorique des
IDE :
57
2.2.1- L'approche électrique du
Dunning (la Paradigme OLI) :
57
2.2.1.1- Les avantages
Spécifiques (O : Ownership) :
58
2.2.1.2- Les avantages de localisation
(L : Location) :
58
2.2.1.3- Les avantages
d'internalisation (I : Internalisation) :
58
2.2.2- L'analyse Synthétique du
Mucchielli :
59
2.3- Déterminants fondamentaux
des IDE :
60
2.3.1- La stabilité
politique :
60
2.3.2- la stabilité
économique :
62
2.3.3- la politique de
concurrence :
63
2.3.4- Environnement juridique
favorable aux IDE :
64
2.4- Autres déterminants de
l'IDE :
64
2.4-1- La taille de
marché :
64
2.4.2- L'ouverture du pays au commerce
et l'orientation des exportations :
65
2.4.3- La croissance
économique :
65
2.4.4- Les ressources
naturelles :
65
Section 3 : Etude empirique de la
relation Corruption-IDE : modèle de Rahman A.,
Kisunko G. et Kapoor K. (2000)
66
3.1- Présentation de
modèle:
66
3.2- La validation
empirique:
66
3.2.1- Les données
utilisées:
67
3.2.2- Résultats et
interprétation :
68
3.2.2.1- Les tests de
spécifications
68
3.2.2.2- Estimation statique de la
relation IDE-corruption :
72
Conclusion :
73
Conclusion
Générale
74
TABLES DES MATIERES
76
ANNEXES
79
ANNEXES
Estimation du modèle avec la méthode
à effets fixes
R-sq: within = 0.5528 Obs per group:
min = 11
between = 0.0361
avg = 11.0
overall = 0.0323
max = 11
F(5,45)
= 1.13
corr(u_i, Xb) = -0.9848 Prob > F
= 0.9853
------------------------------------------------------------------------------
FDI | Coef. Std. Err. t P>|t|
[95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
Linscreption | -.2413909 .0861757 -2.80 0.007
-.4149576 -.0678242
OPEN | .4421836 .1935035 2.29 0.027
.0524475 .8319196
NATRES | .4066581 .3518892 1.16 0.054
-1.115399 .3020831
CORRUPT | -.0054462 .0113874 -0.48 0.001
-.0174891 .0283815
LGINI | .2370971 .0406371 5.83 0.000
.1552498 .3189444
_cons | -1.031509 .263359 -3.92 0.000
-1.561941 -.5010764
-------------+----------------------------------------------------------------
sigma_u | .22489108
sigma_e | .02960968
rho | .98296042 (fraction of variance due to
u_i)
------------------------------------------------------------------------------
F test that all u_i=0: F(4, 45) = 10.07
Prob > F = 0.0000
Estimation du modèle avec la méthode
à effets aléatoires
R-sq: within = 0.1758 Obs per group:
min = 11
between = 0.9762
avg = 11.0
overall = 0.3205
max = 11
Random effects u_i ~ Gaussian Wald chi2(5)
= 23.11
corr(u_i, X) = 0 (assumed) Prob > chi2
= 0.0003
------------------------------------------------------------------------------
FDI | Coef. Std. Err. z P>|z|
[95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
Linscreption | .0100732 .0206215 0.49 0.625
-.0303442 .0504907
OPEN | .2097312 .0880233 2.38 0.017
.0372087 .3822537
NATRES | .2288244 .2008478 1.14 0.255
-.6224789 .16483
CORRUPT | -.0224817 .0108635 -2.07 0.039
.0011896 .0437738
LGINI | .0326483 .0154275 2.12 0.034
.0024109 .0628857
_cons | -.4879566 .1970105 -2.48 0.013
-.87409 -.1018231
-------------+----------------------------------------------------------------
sigma_u | 0
sigma_e | .02960968
rho | 0 (fraction of variance due to
u_i)
------------------------------------------------------------------------------
Test de spécification d'Hausman
---- Coefficients ----
| (b) (B)
(b-B) sqrt(diag(V_b-V_B))
| fixe . Difference
S.E.
-------------+----------------------------------------------------------------
Linscreption | -.2413909 .0100732 .0,34212
.083672
OPEN | .4421836 .2097312 .6519148
.1723238
NATRES | .4066581 .2288244 -.1778337
.2889397
CORRUPT | -.0054462 -.0224817 .170355
.0034141
LGINI | .2370971 .0326483 .2044489
.0375947
------------------------------------------------------------------------------
b = consistent under Ho and Ha;
obtained from xtreg
B = inconsistent under Ha, efficient under Ho;
obtained from xtreg
Test: Ho: difference in coefficients not systematic
chi2(5) = (b-B)'[(V_b-V_B)^(-1)](b-B)
= 41.14
Prob>chi2 = 0.0000
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* 1 Johnston M., op.cit. pp
371-387
* 2 Van Klaveren J., (1990),
« the concept of corruption » in Heidenheimer et al.
(1990 :25-28)
* 3 Le terme n'est pas
employé ici pour désigner la fameuse école
néoclassique.
* 4
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trafic_d'influence
* 5 Perspectives Monde. Banque
Mondiale. (repris par World Perspectives de l'université de Sherbooke,
Canada).
[En ligne]. (Pagne consultée 24/09/2007) Disponible sur
http://perspective.usherbrooke.ca
* 6La théorie de la
modernisation est une théorie du champ des
sciences sociales
(principalement de la
sociologie et de l'
économie)
qui soutient que les différences qui existent entre les
pays du Nord et ceux du
Sud sont liés
principalement à des problèmes culturels.
* 7 A l'exception de la
variance des innovations que l'on supposera identique pour tous les
individus.
* 8est le vecteur des estimateurs Within et est le vecteur des estimateurs GLS..
|