La place des services sociaux dans les politiques d'intégration en Europe( Télécharger le fichier original )par Irmela DE HAAS Université catholique de Lille - Institut social Lille Vauban/ Canterbury Christchurch University College - Master du Travail Social en Europe 2005 |
2.3. Le travail social aux Pays BasLe travail social aux Pays Bas est historiquement lié aux traditions d'aide de la Réforme. En effet, jusqu'en 1800, l'époque du règne français, les liens entre l'Etat et l'église calviniste étaient encore très étroits et le travail social était surtout réalisé par des religieux et des prêtres, mais aussi par des femmes des classes moyennes engagées dans des actions charitables. En 1899, la première école de service social a été fondée par Marie Muller-Lulofs, mais les pionnières du travail social avaient beaucoup de difficultés à s'imposer contre le monde masculin de l'Eglise.91(*) Le travail social de cette époque tendait à l'amélioration de la condition matérielle et morale des pauvres. Les principes moraux étaient liés aux divers mouvements religieux et idéologiques qui constituaient les « piliers » de la société néerlandaise. Cette organisation en piliers avait une influence sur la formation des travailleurs sociaux et était à l'origine de la création d'écoles de service social catholiques, protestantes et socialistes dans les années 1920.92(*) Après la Seconde Guerre mondiale, Marie Kamphuis initiait une professionnalisation à l'américaine. Dans les années 1950, la coalition social et chrétien démocrate augmentait la responsabilité de l'Etat pour la protection sociale, ce qui a conduit au développement de l'Etat Providence. Même si le travail social restait dans les mains des églises et des initiatives privées, l'Etat les subventionnait généreusement. Aujourd'hui, la réalisation des politiques sociales est une responsabilité partagée entre les autorités locales et provinciales, les employeurs, syndicats, associations et organismes privés. Elle est mise en oeuvre surtout par les associations caritatives avec des financements publics. Traditionnellement, le travail social néerlandais vise la prévention, ainsi que l'émancipation des populations exclues. Il s'exerce dans l'environnement de l'usager, sous forme de travail social communautaire, socioculturel ou psychosocial. Aujourd'hui, on met l'accent sur « l'activation » des usagers, c'est-à-dire leur responsabilisation en tant que citoyens. Et on n'hésite pas à recourir à des moyens de pression pour obliger les individus « à problèmes » à assumer une certaine responsabilité. Willibrord de Graaf et Robert Maier désignent cette attitude de « paternalisme post-moderne ».93(*) * 91 VAN DER LAAN Geert, Social Work in the Netherlands, in : ADAMS A., ERATH P., SHARDLOW S. (éd.), Fundamentals of Social Work in Selected European Countries, Historical and political context, present theory, practice, perspectives, Russell House Publishing, Dorset, 2000, pp. 83-102 * 92 FREITAS Maria José, in : CAMPANINI Annamaria, FROST Elizabeth (éd.), European Social Work, Commonalities and Differences, Carocci, Rome, 2004, pp. 153-161 * 93 DE GRAAF W., MAIER R., Le travail social aux Pays Bas : nouvelles significations et nouveaux acteurs, in : VILBROD Alain (sous la dir. de), L'identité incertaine des travailleurs sociaux, l'Harmattan, Paris Budapest Torino, 2003, p. 379 |
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