La place des services sociaux dans les politiques d'intégration en Europe( Télécharger le fichier original )par Irmela DE HAAS Université catholique de Lille - Institut social Lille Vauban/ Canterbury Christchurch University College - Master du Travail Social en Europe 2005 |
1.3. La tradition d'aide catholique de la Contre-RéformeLa subordination des pauvres était un objectif essentiel des traditions d'aide qui se sont développées au cours de la Contre-Réforme catholique. La coutume médiévale de la charité se maintenait dans les régions catholiques, mais était également institutionnalisée : les religieux collectaient des aumônes pour eux-mêmes et pour les nécessiteux et les distribuaient aux portes des couvents. Les pauvres âgés ou malades étaient accueillis dans des hospices, les enfants abandonnés dans des orphelinats. La tradition d'aide de cette époque conservait des traits de la charité médiévale, mais la limitait aux abords des couvents et aux institutions et menait ainsi à l'exclusion sociale des pauvres. 1.4. Les traditions d'aide laïquesAu 18ème siècle, des traditions d'aide laïques gagnent en importance. Les approches nées de cette époque sont l'expression du processus de modernisation (industrialisation et urbanisation), ainsi que de l'émergence des Etats nation. Les nouveaux concepts d'aide contrebalancent les traditions d'aide chrétiennes et se sont développés de façons très différentes d'un pays à l'autre. Ainsi, en France, la tradition d'aide citoyenne a son origine dans la Révolution de 1789. Dans l'idéologie républicaine égalitaire et universelle l'appartenance à la nation est le premier principe. Elle inclut tous les citoyens, riches et pauvres, et renie les différences. La pauvreté comme la prospérité sont vues comme des défis pour la société, qui demandent des réponses politiques. La tradition d'aide citoyenne rejette tout fondement religieux de la charité et donne naissance à la philanthropie. Il ne s'agit plus d'assurer le salut de l'homme, mais de l'amour pour l'homme. En Allemagne, en revanche, la tradition d'aide absolutiste se manifeste historiquement par la notion d'« Etat policier » prussien, responsable du bien-être de tous les sujets. Cette approche d'aide régalienne, basée sur le contrôle et des sanctions, s'est maintenue après 1871 et s'est élargie sous Bismarck à tout l'Empire allemand. A l'inverse de la tradition d'aide citoyenne en France, qui inclut tous les citoyens et renie les différences, la tradition d'aide allemande mène à l'exclusion sociale des non-nationaux et à la division de la société en mettant l'accent sur les différences et l'appartenance nationale du sujet.83(*) 1.5. Les traditions d'aide nées des mouvements sociaux et politiquesDepuis le 19ème siècle, de nouveaux concepts d'aide ancrés dans des mouvements sociaux et politiques se sont développés. Ainsi, la tradition d'aide socialiste ou solidaire a vu le jour dans les mouvements ouvriers. Elle était fondée sur le principe de solidarité basée sur l'expérience de classe commune du prolétariat. Le précurseur de la tradition d'aide anti-autoritaire est le mouvement de la jeunesse de la fin du 19ème siècle. Celui-ci a ressuscité dans la plupart des pays européens à la fin des années 1960 à travers les mouvements étudiants. Le concept d'aide indépendante de ces mouvements se comprenait comme critique pratique de l'existant. Des projets et initiatives en autogestion sont issus de cette approche. Des mouvements féminines du début du siècle dernier sont nées des traditions d'aide féministes qui ont gagné en importance dans les années 1960 /1970. La conception féministe de l'aide consiste en un rejet du patriarcat et l'encouragement de l'émancipation de la femme. * 83 Prof. Dr. Rudolph Bauer, op. cit., p.9 |
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