TABLE DES MATIERES
TABLE DES
MATIERES.................................................................. i
AVANT- PROPOS
..........................................................................
vi
REMERCIEMENTS
...................................................................... viii
SIGLES ET ACRONYMES UTILISÉS
................................................. x
INTRODUCTION...............................................................................1
CHAPITRE I
TOUR D'HORIZON SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS EN HAITI
.........15
1.1. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
.........................................16
1.1.1. Cadre conceptuel
............................................................ 17
1.1.2. Défaut de statistiques
exactes............................................... 20
1.1.3. Survol historique
............................................................ 22
1.2. LES CARACTERISTIQUES DES ENFANTS TRAVAILLEURS
....27
1.2.1. Enfants démunis
.............................................................28
1.2.2. Enfants sous-éduqués
......................................................29
1.2.3. Enfants des deux
Sexes..................................................... 30
1.3. LES SECTEURS D'ACTIVITÉS DES ENFANTS
TRAVAILLEURS 32
1.3.1. Travail domestique
..........................................................34
1.3.2. Travail dans le secteur informel
..........................................36
1.4. LES ABUS ET L'EXPLOITATION SUBIS PAR LES ENFANTS
TRAVAILLEURS
........................................................................37
1.4.1. Durée excessive de travail
..................................................38
1.4.2. Charge excessive de travail
.................................................39
1.4.3. Salaire insuffisant
........................................................... 40
1.4.4. Accomplissement de travaux dangereux
................................41
1.4.5. Accès limitée à l'éducation
................................................42
1.4.6 Humiliations subies par les
enfants.......................................43
CHAPITRE II
L'EXPLOITATION DE LA MAIN-D'OEUVRE ENFANTINE EN
HAITI ....45
2.1. AMPLEUR DU PROBLEME
...................................................46
2.1.1. Au niveau des maisons privées
.............................................46
2.1.2. au niveau des rues
............................................................47
2.1.3. Au niveau des petites entreprises
...........................................48
2.2. LES CAUSES DU PROBLEME
..............................................49
2.2.1 Première catégorie de
causes..............................................50
2.2.2 Deuxième catégorie de
causes.............................................51
2.2.3 Troisième catégorie de causes
...........................................53
2.3. LES CONSEQUENCES DU PROBLEME
...................................54
2.3.1 Conséquences sur les enfants eux-mêmes
.................................55
2.3.2 Conséquences sur les familles
..............................................56
2.3.3 Conséquences sur la Société
.................................................58
2.4 LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHARGÉÉS DE
PROTEGER LES ENFANTS CONTRE LES ABUS ET L'EXPLOITATION
............59
2.4.1 Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail
........................60
2.4.2 La Police nationale
...........................................................62
2.4.3 Les Autorités Judiciaires
.....................................................63
2.4.4 L'Office de la Protection du Citoyen
......................................63
CHAPITRE III
EVOLUTION ET CADRE JURIDIQUE DU DROIT DES ENFANTS AU
TRAVAIL EN HAITI
......................................................................65
3.1. EVOLUTION DES INSTRUMENTS JURIDIQUES RELATIFS
AU TRAVAIL DES ENFANTS
......................................................66
3.1.1 Evolution des mesures prises au niveau Internationale
.......67
3.1.2 Evolution des mesures prises au niveau national
.............70
3.2. LES INSTRUMENTS INTERNATIONAUX SUR LE TRAVAIL
DES ENFANTS EN VIGUEUR EN HAITI
..................................................72
3.2.1. La Convention Internationale des droits des l'Enfant
.............73
3.2.2. Les conventions de l'OIT
.............................................74
3.2.3. Autres instruments
internationaux.................................76
3.3. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES NATIONAUX SUR LE
TRAVAIL DES ENFANTS
............................................................78
3.3.1. La Constitution Haïtienne de 1987
......................................78
3.3.2. Le Code du Travail
..........................................................79
3.4. LES FAIBLESSES DU CADRE JURIDIQUE NATIONAL
RELATIF AU TRAVAIL DES ENFANTS
......................................................83
3.4.1. Les faiblesses du Code du travail
......................................... 84
3.4.2. La non-actualisation de la Législation Nationale
.........................85
3.4.3. La non-ratification des conventions de l'OIT
...........................85
CHAPITRE IV
POUR UN PLAN DE LUTTE EFFICACE CONTRE L'EXPLOITATION
DES ENFANTS
TRAVAILLEURS..............................................................88
4.1. LES ACTIONS À ENTREPRENDRE
........................................89
4.1.1. Instaurer la stabilité politique....
.........................................90
4.1.2. Lutter contre la
pauvreté....................................................91
4.1.3. Appliquer et renforcer la législation sur les
enfants ................... 91
4.1.4. Renforcer la capacité des institutions
...................................92
4.1.5. Autres actions
..............................................................93
4.2. LES ACTEURS CONCERNÉS
.................................................94
4.2.1. L'Etat et le Gouvernement
................................................95
4.2.2. La Société civile
.............................................................95
4.2.3. Les Organisations non gouvernementales nationales et
internationales............................................................
97
4.2.4. Les parents et les
enfants................................................97
4.3. LES STRATEGIES DE LUTTE
..................................................98
4.3.1. La Mobilisation de l'opinion
publique..................................99
4.3.2. La Coopération interinstitutionnelle
....................................101
4.3.3. Le renforcement des mesures
juridiques................................102
4.3.4. Le renforcement du système
éducatif....................................103
CONCLUSION
..............................................................................106
BIBLIOGRAPHIE.........................................................................112
ANNEXES :
Annexe I
............................................................................................
I
Annexe II
.......................................................................................
III
AVANT- PROPOS
Le désir de traiter le thème
« exploitation de la main-d'oeuvre enfantine » est
motivé par notre devoir de citoyen nous obligeant à intervenir
contre tout ce qui constitue une menace au bien-être de notre
société. Face à la gravité de la situation de nos
enfants travaillant dans les ménages, dans les rues et dans les petites
entreprises des principales villes du pays et, au mépris de la
législation du travail, nous avons jugé utile d'attirer
l'attention sur leur sort. Si les enfants d'aujourd'hui sont abusés et
maltraités, devenus adultes, ils seront improductifs et ne seront pas en
mesure de contribuer au bien-être de la société
haïtienne. L'avenir de ces enfants reflétera fidèlement
l'image de la situation qu'ils ont vécue dans le passé. Donc, une
société qui ne protège pas ses enfants et n'agit pas dans
le sens de leur intérêt, connaîtra toujours des moments
sombres. C'est pourquoi, le phénomène d'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine doit être une préoccupation pour tous les
citoyens dignes de ce nom.
La présente étude a pour but d'attirer
l'attention de la société sur le problème d'exploitation
de la main-d'oeuvre enfantine et de proposer des solutions pour le combattre.
Les enfants travailleurs, nous n'arrêterons pas de le
répéter, ont un rôle sérieux à jouer dans le
rétablissement de notre chère Haiti. Les mauvais traitements dont
ils sont l'objet auront des incidences sur leur avenir, sur celui de leur
famille et de la Nation toute entière. Ces enfants sont condamnés
à vivre des moments de plus en plus difficiles, ils sont souvent
privés de formations scolaires et évoluent dans les rues, dans
des conditions de pauvreté absolue. Cet état de fait constitue un
manque à gagner pour Haiti, voire un danger social ; dans la mesure
où certains de ces enfants pourraient devenir des individus dangereux
qui menacent à tout moment l'ordre et la stabilité publics.
Nous regrettons que d'autres aspects relatifs à
l'exploitation économique des enfants n'aient pas pu être
abordés dans cette recherche. Nous nous limitons exclusivement aux
formes ordinaires de travail des enfants en Haiti, celles qui sont les plus
courantes dans les principales agglomérations urbaines du pays.
Toutefois, l'analyse de ces aspects ordinaires de travail des enfants a
montré que le problème est suffisamment immense pour
mériter une intervention urgente de la part des pouvoirs publics, de la
société civile, des ONG et même des familles
concernées.
Nous espérons vivement que les recommandations formules
dans le cadre de cette étude, soient largement prises en compte par les
acteurs concernés afin d'améliorer la situation des enfants
travailleurs soumis à l'exploitation. Il est tout aussi important de
souligner à l'intention de ces acteurs que la prévention est un
aspect à ne pas négliger dans la lutte contre l'exploitation de
la main-d'oeuvre enfantine. L'accomplissement d'actions concrètes au
bénéfice des enfants contribuera, dans une large mesure, à
prévenir l'entrée de nouveaux enfants sur le marché du
travail dans des conditions odieuses.
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce Mémoire a
bénéficié de l'appui et du support de plusieurs personnes
et institutions. Qu'elles soient, par ces mots, remerciées.
Mes remerciements d'abord à Dieu qui m'a accordé
la possibilité et les moyens intellectuels nécessaires pour
réaliser ce travail, étape indispensable pour l'obtention du
grade de Licencié en Droit.
Ensuite, mes remerciements s'adressent à :
· Me Harrold CHERY, mon patron de mémoire
· Aux amis du Bureau d'Assistance Juridique du Cap
(BAJ) ;
· Tous mes professeurs des quatre années
d'études à la Faculté de Droit, des Sciences
économiques et de Gestion du Cap-Haïtien ;
· Aux pauvres travailleurs-enfants des villes de
Port-au-prince, des Gonaïves et du Cap-Haïtien qui ont répondu
aimablement à mes questions ;
· Aux organisations et institutions qui ont
facilité, dans une certaine mesure, la recherche documentaire,
particulièrement, je fais allusion à Plan Haiti et
Jurimédia du Cap-Haitien ;
· Aux membres du Jury qui, en dépit de leurs
multiples occupations, ont accepté de prendre le temps
nécessaire, de lire, de jauger et d'évaluer ce travail à
sa juste valeur ;
· L'Etat haïtien qui a subventionné mes
études en Sciences Juridiques à travers la Faculté de
Droit, des Sciences Economiques et de Gestion du Cap-Haitien.
De plus, je suis infiniment reconnaissant aux parents et amis
dont la bienveillance à mon égard, tant en termes d'apport que de
support, s'est avérée prépondérante: Marie-Jeanne,
Eranise et Widnie Bertrand, Doudou Abdonel, Jean Gilles Papillon, Gueriney
Jaclin, etc.
Enfin, je ne saurais terminer, sans saluer la confiance et
l'affection, constante et déterminante, de mon incomparable mère
Madame Suzie PREDESTIN, ma tendre femme Miss Geneviève Bertrand
PREDESTIN, mes trois chers enfants Christine, Jean Markenley et Chelsea
PREDESTIN.
SIGLES ET ACRONYMES UTILISÉS
ACDI : Agence Canadienne pour le
Développement International
ATD : Aide à Toute Détresse
BIT : Bureau International du Travail
CIDE : Convention Internationale des Droits de
l'Enfant
CIT : Conférence Internationale du
Travail
COHADDE : Coalition Haïtienne pour la
Défense des Droits de l'Enfant
FAFO : Institut des Etudes Internationales
Appliquées de Norvège
FMI : Fonds Monétaire International
HSI : Haiti Solidarité
Internationale
IBESR : Institut du Bien-être Sociale et
de la Recherche
IHSI : Institut Haïtien de Statistiques
et d'Informatique
IPEC : Programme International pour
l'Elimination du Travail des Enfants
IPSOFA : Institut Psychosocial de la Famille
MAST : Ministère des Affaires Sociales
et du Travail
MENJS : Ministère de l'Education
Nationale de la Jeunesse et des Sports
ODM : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OEA : Organisation des Etats
Américains
OIT : Organisation Internationale du
Travail
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations-Unies
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le
Développement
UNESCO: Organisation des Nations-Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
UNICEF : Fonds des Nations-Unies pour
l'Enfance
INTRODUCTION
L'adoption par l'assemblée Générale des
Nations Unies, le 20 novembre 19891(*), de la Convention relative aux droits de l'enfant a
intensifié la mobilisation en faveur du respect des enfants en
général et de ceux qui travaillent en particulier. Depuis le
début des années 90, les questions liées au travail des
enfants retiennent de plus en plus l'attention2(*). Le travail des enfants est devenu un thème de
plus en plus dominant sur la scène internationale, notamment à
travers des institutions telles que le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
(UNICEF) et l'Organisation Internationale du Travail (OIT). De nombreuses
initiatives sont prises à travers le monde par ces organismes en vue
d'aboutir, disent-t-ils, à l'élimination des pires formes de
travail des enfants sur toute la planète. Nous citons parmi ces
initiatives, la création du Programme International pour
l `Abolition du Travail des enfants en 1992 dont l'objectif est de
contribuer à l'élimination progressive du travail des enfants au
niveau International3(*).
Il y a également le rapport publié par l'UNICEF
sur la situation des enfants dans le monde en 1997 dont le thème
principal était le travail des enfants4(*). Sans compter les conférences annuelles tenues
par l'OIT de 1996 à 1999 où le travail des enfants était
à l'ordre du jour5(*). Beaucoup de militants et d'organisations des droits
de l'enfant considèrent le travail des enfants comme une situation
inacceptable qui mérite d'être combattu jusqu'à son
éradication. Les discours favorables au travail des enfants sont
plutôt rares, le travail des enfants n'est perçu le plus souvent
que sous un angle détestable et intolérable. Or, le travail des
enfants ne donne pas toujours l'apparence d'une activité
déplorable dépourvue de bons cotés. Comme le pense
l'UNICEF, dans son rapport sur la situation des enfants dans le monde, le fait
pour un enfant de mener des activités économiques n'est pas
toujours mauvais. Le travail des enfants a de bons et de mauvais
côtés. Nous lisons dans ce rapport ce qui suit :
On ne saurait tolérer que des enfants, quels qu'ils
soient, puissent être employés à ces travaux dangereux.
Mais considérer toute activité économique des enfants
comme également inacceptable, c'est jeter la confusion, banaliser la
question, et rendre encore plus difficile l'élimination du travail des
enfants. C'est pourquoi il est important de distinguer entre le travail
bénéfique et le travail intolérable et de
reconnaître qu'une grande partie de l'activité des enfants se
situe dans une zone floue entre ces deux extrêmes6(*).
Donc, dans le cadre de cette étude, notre
véritable problème se base sur l'exploitation de la main d'oeuvre
enfantine au mépris de la législation du travail en Haïti.
L'exploitation des enfants travailleurs se présente comme un
phénomène de plus en plus croissant en Haïti, en
dépit de l'existence de certaines dispositions légales visant la
protection de ces enfants. D'ailleurs ces lois n'ont pas d'effet parce qu'elles
ne sont pas respectées7(*). Nous sommes préoccupés par les
conditions de vie de ces enfants qui sont privés de leur enfance et d'un
avenir, qui travaillent de longues heures pour de bas salaires, souvent dans
des conditions préjudiciables à leur santé et à
leur développement physique et mental. Ces pauvres enfants sont parfois
séparés de leurs familles et sont fréquemment
privés d'éducation. Pour la seule catégorie des
travailleurs domestiques, les estimations de l'Institut des Etudes
Internationales Appliquées de Norvège se tournent autour de
173,0008(*)
enfants, une bonne partie d'entre eux travaillent dans des conditions
infrahumaines.
En Haïti et plus particulièrement dans les trois
villes où le problème est le plus présent, à savoir
Port-au-Prince, Gonaïves et Cap-Haïtien, les enfants travaillent en
dehors des normes légales, ils sont exploités au point que le
travail les empêche de se développer et de s'épanouir. La
Convention Internationale des droits de l'enfant proclame le droit de l'enfant
à l'éducation et à la protection contre son exploitation
économique. Selon l'esprit de l'article 32 de cette convention, l'enfant
ne doit être en aucun cas et pour aucune raison astreint à un
travail comportant des risques, susceptible de compromettre son
éducation, de nuire à sa santé ou à son
développement physique, mental, spirituel, moral ou social.
La situation des enfants assujettis au travail en Haiti est
très critique; ils évoluent dans la majeure partie des cas dans
un cadre informel, où leurs droits sont complètement
bafoués. L'horaire et les conditions de travail de la majorité de
ces enfants ne leur permettent pas de fréquenter un centre
d'enseignement scolaire ou professionnel. Ils ne reçoivent aucune forme
d'éducation capable de leur assurer un avenir meilleur. Ils travaillent
dans des situations qui mettent en danger leur santé et parfois
même leur vie, ils sont sous rémunérés,
maltraités, humiliés et abusés. Leurs conditions de
travail dépendent entièrement de l'employeur, au mépris de
leurs droits et besoins fondamentaux.
Le travail de ces malheureux enfants, au lieu d'apporter une
amélioration à leur mode de vie, les enfonce plutôt dans
une extrême pauvreté où ils sont privés presque de
tout : santé, dignité, fierté, instruction, loisirs,
etc. Le rapport du Fonds des Nations-Unies pour l'Enfance (UNICEF) sur la
situation des enfants dans le monde en 2005 souligne en ces termes, les
difficultés auxquelles de telle catégorie d'enfants font face:
« ils sont privés des ressources dont ils ont besoin sur
les plans matériel, spirituel et affectif pour survivre, se
développer et s'épanouir, ce qui les empêche de jouir de
leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités de
participer à la vie de la société en tant que membres
à part entière et à parts
égales »9(*).
Malgré l'existence de certaines lois en faveur des
enfants travailleurs, on pourrait tenter de parler de désengagement de
la part de l'Etat et des institutions chargées de protéger les
droits de ces enfants face à l'exploitation accrue qu'ils subissent. Des
mesures de renforcement et d'actualisation de la législation nationale
ne sont pas adoptées. L'Etat haïtien a ratifié depuis
199410(*) la Convention
Internationale des Droits de l'enfant, mais jusqu'à maintenant, il tarde
à ratifier les deux protocoles facultatifs à cette
convention11(*), ainsi que
les Conventions fondamentales de l'Organisation Internationale du Travail
relatives au travail de l'enfant12(*). On perçoit dans l'attitude des pouvoirs
publics haïtiens une sorte de négligence en ce qui a trait à
l'adoption de mesures protectrices des Droits des enfants travailleurs.
L'engagement politique en faveur des enfants travailleurs fait défaut
en Haïti et, comme conséquence, ils en souffrent
énormément. Comme a dit Kay CASTELLE dans ses
réflexions :
Ce dont nous avons désormais besoin c'est un engagement
politique plus ferme à l'égard de la protection des enfants, un
engagement qui se traduise par l'application de normes juridiques très
strictes qui nous prémunissent contre la répétition des
abus flagrants observés à ce jour et qui posent le
bien-être des enfants comme un objectif de justice plutôt que comme
une oeuvre de bienfaisance [Sic]13(*).
En guise d'interrogation principale, nous nous demandons quels
sont les facteurs qui sont à la base de l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine en Haiti et plus particulièrement dans les
villes soumises à l'observation?
Pour ce qui a trait aux problèmes spécifiques
liés à ce travail de recherche, ils se résument dans les
termes suivants :
· l'indifférence de l'Etat face à
l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine. Cette indifférence est
manifestée par le non-renforcement et la non-application des
dispositions légales relatives au travail des enfants;
· les institutions publiques chargées d'assurer la
protection des enfants travailleurs sont faibles. L'institut du Bien-être
Social et de Recherche, la Direction du travail, le Système Judiciaire,
la Police Nationale et l'Office de la protection du citoyen, ne sont pas
suffisamment forts et structurés pour assurer la protection des enfants
travailleurs et faire respecter leurs droits ;
· la législation nationale s'oriente surtout vers
les enfants travaillant dans le secteur structuré ou formel, alors que
la grande majorité des enfants travailleurs évoluent dans le
secteur informel ; ils travaillent dans les maisons privées, dans
les rues des grandes villes et dans les petites entreprises.
De façon spécifique, nous nous posons
également les questions suivantes:
· En quoi consiste l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine en Haiti ?
· Comment se manifeste-t-elle?
· Quel est le contenu du cadre juridique applicable en
Haiti en matière de travail des enfants ?
· Qu'est ce qu'il faut pour faire cesser l'exploitation
de la main d'oeuvre enfantine?
L'objectif général de cette recherche consiste
à analyser le problème d'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine en Haiti tant sur le plan social que juridique au regard du Droit du
Travail à partir de 1994.
En termes d'objectifs particuliers, nous nous proposons
de :
· exposer la situation des enfants travaillant dans les
villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et du Cap-Haïtien ;
· identifier les causes de l'exploitation du travail des
enfants et ses conséquences sur les enfants, leurs familles et la
société ;
· étudier le cadre juridique du travail des enfants
en vigueur en Haiti ;
· proposer aux acteurs concernés par le
problème un Plan de lutte contre l'exploitation du travail des enfants
en Haiti.
Nos grilles d'analyse consistent à soumettre à
l'épreuve de la réalité les hypothèses
suivantes :
1. L'inapplication des dispositions légales sur le
travail des enfants, le dysfonctionnement des institutions publiques
chargées de protéger les enfants, la pauvreté des familles
et surtout le manque d'investissement dans le système scolaire sont des
facteurs favorables à l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en
Haïti;
2. Les abus et l'exploitation subis par les enfants
travailleurs rendent difficile leur épanouissement dans la
société haïtienne et constituent une barrière
à leur développement physique, mental et intellectuel ;
3. L'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en Haïti
est un problème complexe qui ne peut-être résolu qu'en
agissant conjointement sur les déterminants juridiques,
économiques et sociologiques à l'origine de ce
problème.
Comme nous l'avons déjà souligné, le
travail des enfants est devenu depuis les années 89 et 90, l'une des
questions les plus importantes à l'ordre du jour au niveau mondial.
Refusant autrefois de l'admettre, aujourd'hui, les pays accordent de plus en
plus d'attention au travail des enfants et recherchent l'aide internationale
pour combattre les pires formes de ce phénomène. Nous avons pour
preuve le nombre croissant de demandes d'assistance adressées au
Programme international pour l'élimination du travail des enfants
(IPEC)14(*). L'une des
raisons de cet enthousiasme pour la défense des droits de ces enfants
travailleurs est l'adoption de la Convention Internationale des Droits de
l'Enfant. Elle a été adoptée le 20 novembre 1989 par
l'assemblée générale des Nations Unies. C'est le premier
instrument juridique international ayant force contraignante et qui
énonce toute la panoplie des droits fondamentaux des enfants: civils,
économiques, sociaux et culturels. Elle contient aussi les normes que
les gouvernements doivent se fixer pour que tous les enfants puissent exercer
les droits précités. Elle reconnaît en outre dans son
préambule que « l'enfant doit grandir dans un climat de
bonheur, d'amour et de compréhension et être élevé
dans un esprit de paix, de dignité, de tolérance, de
liberté, d'égalité et de solidarité ».
Ainsi, presque tous les Etats de la planète ont pris
des engagements pour que désormais puisse être
amélioré le sort des enfants15(*). Haiti faisait partie de ces Etats qui
s'étaient mis d'accord pour protéger tous leurs enfants et faire
respecter leurs droits. Le 29 décembre 1994, le Parlement Haïtien
a ratifié la Convention, donc à partir de cette date, le cadre
juridique d'Haiti en matière des droits de l'enfant se voit renforcer
par ce nouvel instrument en vue d'assurer effectivement la survie, le
développement et l'épanouissement des enfants en
général, y compris ceux qui sont obligés de mener une
activité économique pour survivre en particulier. En
conséquence, avec la ratification de cette Convention, il a
été suscité en Haiti l'espoir d'une amélioration
des conditions de vie des enfants, pourtant, jusqu'ici, cette
amélioration ne se montre de plus en plus qu'à l'horizon.
Beaucoup d'enfants continuent de vivre des situations difficiles, plus
particulièrement ceux qui sont astreints à pratiquer une
activité économique pour subsister.
Notre devoir de citoyen nous interpelle à attirer
l'attention de tous sur la situation scandaleuse que sont en train de vivre ces
enfants dans les villes de Port-au-Prince, des Gonaïves et du
Cap-Haïtien. Devant les abus et l'exploitation criante qu'ils sont en
train de subir de la part de leurs employeurs, nous ne pouvons passer sous
silence nos observations et avons jugé utile d'en faire l'objet de notre
recherche. Nous sommes persuadé que cette étude contribuera
à attirer l'attention de la société sur le problème
d'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine et apportera des solutions pour le
combattre.
En plus de nos observations de la situation des enfants au
travail, la méthodologie utilisée dans le cadre de cette
recherche se tourne autour de deux principaux axes : la recherche
documentaire et l'enquête de terrain.
Dans une large mesure, la recherche documentaire a joué
un grand rôle dans la réalisation du travail. La consultation
d'ouvrages, d'instruments juridiques tant sur le plan national qu'international
traitant du travail des enfants, des documents de l'UNICEF, de L'ONU, de l'OIT,
de PNUD, des articles de journaux, d'Internet et d'autres supports
écrits a été prédominante. Tous les textes de lois
haïtiens relatifs au travail des enfants ont été
consultés. Dans ce cas, la méthode historique16(*) a été
utilisée, ce qui nous a permis de mener une investigation documentaire
pour constater ce que nos prédécesseurs ont déjà
dit sur le thème en question.
En second lieu, nous avons effectué un sondage au
niveau des villes concernées directement par cette étude, entre
les mois de novembre 2004 et de mars 2005 : Port-au-Prince, Gonaïves
et Cap-Haïtien. En réalisant ce sondage, il s'agissait pour nous de
recueillir des informations directement des enfants sur leur condition de vie.
Un effectif de 229 enfants travailleurs a été soumis à
l'enquête17(*). Ces
derniers ont été répertoriés au niveau des
principales catégories d'enfants travailleurs en Haiti tant dans le
secteur formel structuré que le secteur informel : travaux
domestiques, travaux effectués dans les rues des villes, dans les
petites entreprises, etc.
Nous voulons également souligner deux aspects
importants de ce travail ; il s'agit des limites temporelle et
géographique. Pourquoi avons-nous limité le travail à
partir de 1994 et nos observations dans les villes de Port-au-Prince, des
Gonaïves et du Cap-Haïtien ?
D'abord, la ratification par la république d'Haiti en
1994 de la Convention Internationale des droits de l'enfant
renforce son obligation juridique d'instaurer de meilleures conditions de vie
pour les enfants en général, qu'ils soient astreints au travail
ou pas. Avant cette date, il existait dans la législation haïtienne
des textes de lois régissant le travail des enfants certes, mais cette
Convention oblige l'Etat à mettre tout en oeuvre pour adopter et faire
respecter des normes juridiques de protection de tous les enfants. Il s'engage
lui-même à respecter les droits des enfants et à les
garantir à tout enfant, quel qu'il soit. Avec cette ratification, l'Etat
haïtien reconnaît une fois de plus le droit de l'enfant d'être
protégé contre l'exploitation économique et de
n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou
susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à sa
santé ou à son développement physique, mental, spirituel,
moral ou social, conformément à l'article 32-1 de la Convention.
Ainsi, nous avons décidé de remonter notre travail de recherche
à partir de 1994.
L'autre aspect concerne la limitation du travail dans
l'espace, disons immédiatement que le problème d'exploitation de
la main-d'oeuvre enfantine existe au niveau de toute Haiti18(*). Et partout à travers
le pays, les enfants travailleurs confrontent les mêmes
difficultés, ils connaissent la même mauvaise situation et
subissent les mêmes abus de la part de leurs employeurs. La
différence réside surtout au niveau de l'ampleur du
problème. Dans les grands centres urbains, on retrouve
évidemment beaucoup plus d'enfants qui sont actifs
économiquement. Cela peut se comprendre aisément puisque dans ces
villes, il y a non seulement un flux considérable d'activités
économiques, mais aussi une plus grande concentration
démographique. S'appuyant sur cette réalité et compte tenu
de nos moyens limités, nous avons décidé de soumettre
à l'étude les enfants travailleurs des trois chefs-lieux de
Département les plus peuplés du pays, à savoir :
Port-au-Prince, Cap-Haïtien et Gonaïves19(*).
A signaler également les difficultés
rencontrées dans la réalisation de ce travail. D'abord, il ne
nous a pas été facile de repérer des documents sur le
travail des enfants en Haiti, les rares ouvrages existant concernent surtout la
situation des enfants domestiques et des rues. D'autres difficultés
étaient liées au climat de tension qui régnait dans le
pays au moment de notre sondage ; entre les mois de d'octobre 2004 et de
mars 2005 il était même périlleux pour un inconnu de
circuler dans certains endroits de Port-au-Prince et des Gonaïves. De
plus, contrairement aux enfants qui travaillent dans les rues et dont leur
présence est très visible à chaque endroit des villes
observées, les travailleurs domestiques sont plutôt
enfermés à l'intérieur des maisons. Il nous a
été difficile de rencontrer les enfants travailleurs effectuant
des tâches domestiques. Néanmoins, aidés par des amis et
avec notre expérience de travail de terrain, nous avions fini par
contourner ces difficultés.
Donc dans le cadre de cette étude, nous concentrons
notre analyse, particulièrement, sur des observations faites à
travers les trois villes d'Haiti où le phénomène
d'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine est le plus visible. Ces
observations ont été portées sur l'ensemble du territoire
de Port-au-Prince, Gonaïves et Cap-Haïtien : les centres-villes
et les sections communales20(*). Nous sommes conscients de l'existence du
phénomène au niveau national, mais c'est au niveau de ces trois
villes que les observations se limitent. Une enquête de terrain a
été menée auprès de 229 enfants travailleurs
choisis dans les rues, dans les maisons privées et dans les petites
entreprises.
Ce travail de recherche consiste en une analyse critique du
travail des enfants au regard du Droit du travail en Haiti à partir de
1994. Il convient, par ailleurs, de contribuer à l'amélioration
du sort des enfants travailleurs tout en proposant des pistes de solutions
susceptibles de combattre progressivement l'exploitation de la main d'oeuvre
enfantine en Haiti. Cette recherche se limite aux formes ordinaires de travail
des enfants en Haiti telles que : le travail à domicile, le travail
dans les rues et dans le secteur formel et informel. Cependant, elle ne tient
pas compte de l'exploitation sexuelle des enfants à des fins
commerciales, de la traite des enfants et des enfants engagés dans des
conflits armés, ni non plus du travail effectué par les enfants
pour le compte de leurs parents naturels. Ces formes d'exploitation des enfants
ne sont pas abordées, non pas parce qu'elles ne sont pas dangereuse pour
Haiti ou ne retiennent pas notre attention, mais nous ne pouvons pas
épuiser d'un coup tous les aspects d'un phénomène aussi
vaste.
Le thème abordé est traité en quatre
chapitres repartis comme suit :
Le premier chapitre informe sur quelques-uns des aspects
essentiels du travail des enfants tant en Haiti qu'au niveau international. Des
considérations d'ordre général y sont faites, notamment,
nous abordons par rapport au thème soumis à l'étude, le
cadre conceptuel, le problème d'indisponibilité de données
statistiques et surtout un survol historique nous permettant de situer le
problème dans le temps et dans l'espace. D'une façon
spécifique, l'accent est mis sur la situation des enfants travailleurs
en Haiti, sur les différentes catégories de travail qu'ils
effectuent et sur les abus et les exploitations dont ils sont victimes
habituellement.
Le deuxième chapitre aborde le problème crucial
d'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en Haiti où nous avons
étudié l'ampleur, les causes fondamentales et les
conséquences du problème sur les différentes
entités sociales. Nous avons également élaboré sur
le rôle et les déficiences des différentes institutions
publiques haïtiennes chargées au premier plan d'assurer la
protection de ces enfants exploités.
Le troisième chapitre étudie en profondeur
l'évolution et le cadre juridique des Droits de l'enfant au travail.
Cette étude embrasse à la fois l'évolution des instruments
légaux relatifs au travail des enfants tant sur le plan national
qu'international. Il y est fait mention de tous les textes de lois en vigueur
en Haiti en ce qui a trait au travail des enfants, tout en soulignant
également les défaillances relevées au niveau de certains
textes.
Enfin, le quatrième chapitre fait des recommandations
relatives à la définition d'un Plan de lutte contre
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en Haiti. Des actions
concrètes sont proposées et des acteurs potentiels sont
identifiés afin d'aboutir le plus tôt que possible à
l'amélioration effective de la situation des enfants travailleurs en
Haiti. Tout ceci doit se faire selon une stratégie globale consistant
à informer toute la société haïtienne de la
gravité du problème et de la sensibiliser à l'urgence
d'oeuvrer à la solution de celui-ci. Il est indispensable que l'opinion
publique nationale exerce la pression nécessaire sur les
autorités publiques haïtiennes, afin de les inciter à
prendre des engagements au bénéfice de la protection des enfants
travailleurs et du respect de leurs droits. Il faut également que les
actions soient accomplies en concertation, c'est-à-dire, il faut
l'existence d'une coopération entre l'Etat et d'autres institutions
tant sur le plan national qu'international afin de disposer des moyens
nécessaires pour combattre efficacement l'exploitation des enfants. Le
raffermissement du cadre juridique en général et la prise des
mesures de renforcement du système éducatif, constituent
également d'autres éléments stratégiques importants
à la lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine au niveau
de la société haïtienne.
CHAPITRE I
TOUR D'HORIZON SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS
Le travail des enfants fait souvent l'objet de vives
controverses; certains pensent qu'il est tout à fait inadmissible que
des enfants travaillent et d'autres pensent le contraire. Les militants et
organisations de défense des droits de l'enfant sont ceux qui
considèrent le plus souvent le travail des enfants comme une situation
intolérable et qui mérite d'être éradiqué
complètement. Pour les observateurs et les secteurs les plus prudents,
le travail des enfants ne donne pas toujours l'apparence d'une activité
insupportable, il a aussi des bons côtés. Lors de la
conférence d'Amsterdam sur le travail des enfants en 1997, des points de
vue sévères ont été exprimés contre le
travail des enfants, mais il y avait également des réserves
allant jusqu'à considérer le travail comme faisant partie
intégrante de la vie de l'enfant. Il est un but important en soit et un
moyen pour l'enfant de participer à l'économie et à la vie
de la société. Le constat suivant a été fait:
Le travail peut être une part essentielle du processus
de socialisation de l'enfant et un moyen de transmettre des qualifications des
parents aux enfants. Souvent aussi, les enfants sont occupés dans des
ateliers artisanaux, des petits établissements de services et dans des
établissements ou métiers de type familial, ce qui leur permet
d'acquérir des qualifications et de devenir progressivement des
travailleurs pleinement avertis. [...]. Ce qui nous préoccupe
plutôt, ce sont les enfants qui sont privés de leur enfance et
d'un avenir, qui travaillent de longues heures pour de bas salaires, souvent
dans des conditions préjudiciables à leur santé et
à leur développement physique et mental, qui sont parfois
séparés de leurs familles et qui sont fréquemment
privés d'éducation21(*) [Sic].
Cette réflexion est tout aussi vraie dans le contexte
haïtien, les analyses faites dans le cadre de cette étude vont dans
le même sens. Nous abordons le problème de façon
réaliste, en tenant compte à la fois du côté
destructeur et du côté bénéfique du travail des
enfants.
Le présent chapitre considère les aspects
essentiels d'ordre général relatifs au travail des enfants. Nous
avons dans un premier temps fait des considérations
générales nous permettant de situer l'étude tant au niveau
du cadre conceptuel que des données statistiques. Ensuite, nous avons
présenté les caractéristiques des enfants travailleurs,
les catégories de travail des enfants et enfin les abus et les
exploitations dont ils sont habituellement victimes. Il est à noter que
les données fournies à travers ce chapitre reflètent en
partie les informations recueillies sur le terrain auprès d'un
échantillon d'enfants choisi dans les villes de Port-au-Prince, des
Gonaïves et du Cap-Haïtien. Toutefois, ces observations nous
permettent de constater que les enfants, partout où ils travaillent en
Haiti, vivent presque dans les mêmes conditions d'abus et d'exploitation
de la part de leurs employeurs.
1.1. CONSIDÉRATIONS
GÉNÉRALES
Le terme « Travail des
enfants » revêt plusieurs sens, tout dépend du
contexte dans lequel il est employé. Il indique, dans un sens
restrictif, le travail auquel les enfants sont astreints en dehors des normes
établies par l'Organisation Internationale du Travail,
c'est-à-dire une activité économique, quelle qu'elle soit,
exercée par un enfant de moins de 15 ans22(*). Le travail des enfants pris dans ce sens restreint
est condamnable de la part des défenseurs des droits de l'enfant et est
même considéré comme pire forme de travail lorsqu'il est
exécuté par des enfants de moins de 12 ans. D'un autre
côté, le travail des enfants pourrait désigner toute
activité économique exercée par des êtres humains
âgés de moins de 18 ans. Là, il n'est pas condamnable en
lui-même, tout dépend de la situation en présence; il peut
être agréable pour l'enfant comme il peut être destructeur.
Car, les enfants exercent, selon l'UNICEF, des activités diverses dans
des conditions différentes que l'on pourrait représenter sur une
ligne continue23(*). A une
extrémité de cette ligne, le travail pourrait être
bénéfique, renforçant ou favorisant le
développement physique, mental, spirituel, moral ou social de l'enfant
sans compromettre sa scolarité, ses loisirs et ses repos.24(*) Dans ce cas, il est
effectué en respectant les droits et la dignité de l'enfant. A
l'autre extrémité, il est manifestement destructeur ou synonyme
d'exploitation25(*) et se
réfère à des activités auxquelles les enfants sont
astreints en violation des normes établies.
Donc, des considérations générales sur le
travail des enfants vont nous permettre de définir le cadre conceptuel
et surtout de mieux situer la recherche par rapport à la
réalité haïtienne. Une analyse sur l'indisponibilité
de données statistiques exactes et cohérentes sera faite. Et
également un coup d'oeil historique tant sur le plan national
qu'international sera tout aussi important à la compréhension de
la problématique d'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en Haiti.
1.1.1. Cadre conceptuel
Avant de préciser le sens de «Travail des
enfants » dans le cadre de cette recherche, il est
nécessaire de considérer la définition du
« Droit du Travail », en tant que domaine de notre
étude. Celui-ci est défini comme l'étude de
l'ensemble des rapports juridiques qui naissent entre les employeurs, les
travailleurs et l'Etat26(*). C'est aussi un ensemble de règles juridiques
applicables aux relations individuelles et collectives qui naissent entre les
employeurs et ceux qui travaillent sous leur autorité à
l'occasion de ce travail. Ces règles ou dispositions juridiques se
trouvent principalement dans des Codes du travail et également dans des
Lois, des Décrets, des Conventions collectives, etc. En Haiti, la
situation des enfants travailleurs est régie à travers le
chapitre VIII du Code du Travail Haïtien. Ce chapitre traite du travail
des mineurs et contient environ une dizaine d'articles. En fait, le travail des
enfants relève de toute évidence du domaine du Droit du
travail.
En outre, le terme « Travail des
enfants » regroupe deux mots clés qu'il convient de
définir, il s'agit de « Travail » et
« Enfant ». Le dictionnaire encyclopédique
Hachette donne plus d'une dizaine de définitions pour le
« Travail », mais de toutes ces
définitions, nous retenons celle qui semble la mieux adaptée
à notre recherche. Il s'agit d'une obligation exécutée sur
les ordres et sous le contrôle d'un employeur en contrepartie d'une
rémunération. C'est aussi l'ensemble des activités
économiques des hommes, d'un pays, en vue de produire quelque chose
d'utile pour la communauté27(*). L'expression «activité
économique», en ce sens, désigne la production de biens et
services, comme définie par le système de comptabilité
nationale des Nations Unies28(*). Le Code du Travail en son article 2, définit
le travail comme une activité humaine libre, manuelle ou intellectuelle,
permanente ou temporaire, exécuté de son plein gré par une
personne privée au service d'un autre, quel que soit son objet, pourvu
qu'il découle des stipulations d'un contrat de travail. Il s'agit dans
cette définition, selon les termes de Me. François LATORTUE,
d'une « acception restreinte aux rapports juridiques qui naissent
de l'accomplissement d'un acte ou d'une série d'actes pour le compte
d'autrui, lorsque l'exécution de ces actes s'accompagne d'une
subordination.29(*)»
Pour ce qui a trait au terme
« enfant », il se définit comme une
période de la vie de l'être humain, s'étendant de la
naissance jusqu'à l'âge de la puberté30(*). D'un autre côté,
l'article premier de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant le
définit comme tout être humain âgé de moins de
dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu
de la législation qui lui est applicable. Dans le cas spécifique
d'Haiti, certains textes de lois utilisent le plus souvent le terme mineur pour
désigner l'enfant ; c'est le cas par exemple de l'article 392 du
Code civil haïtien qui parle du mineur comme toute personne n'ayant pas
encore atteint l'âge de dix-huit ans accomplis. Le Code du Travail
haïtien fait mention du terme mineur également, mais n'a pas
précisé une limite d'âge (voir l'article 332). Pour
l'essentiel, la République d'Haiti fait partie des Etats qui
considèrent l'enfant comme une personne âgée de moins de
dix-huit ans, car la Constitution du 29 mars 1987 en son article 16-1 fixe
l'âge de la majorité à dix-huit ans.
Ainsi dans le cadre de cette étude, le «
travail des enfants » englobe toute activité
économique effectuée par un être humain de moins de
dix-huit ans, quel que soit son statut professionnel, qu'il soit
salarié, travailleur indépendant, travailleur domestique, etc.
Toutefois, il n'inclut pas les travaux ménagers réalisés
par les mineurs au domicile de leurs parents. Et de plus, s'inspirant de la
position de l'UNICEF31(*)
sur le travail des enfants, nous considérons comme exploitation de la
main d'oeuvre enfantine dans nos analyses, tout travail qui répond aux
caractéristiques suivantes :
· Un travail à plein temps à un âge
précoce ;
· Un travail qui exige de nombreuses heures par
jour ;
· Les travaux qui entraînent des contraintes
physiques, sociales et psychologiques excessives ;
· Un travail et une vie dans la rue, dans des conditions
peu salubres et dangereuses ;
· Une rémunération insuffisante ;
· L'imposition d'une responsabilité
excessive ;
· Un emploi qui entrave l'accès à
l'éducation ;
· Un travail qui entraîne des atteintes à la
dignité et au respect de soi des enfants, comme l'esclavage ou la
servitude et l'exploitation sexuelle ;
· Un travail qui ne facilite pas l'épanouissement
social et psychologique complet.
1.1.2. Défaut de statistiques exactes
Tant en Haiti qu'à travers le monde, aucune
précision ne peut être apportée sur la quantité
exacte d'enfants travailleurs. Le Bureau International du Travail, qui fait
autorité en la matière, est lui-même conscient des
difficultés relatives à la collecte des données sur les
enfants. Nous lisons que « les données concernant les
enfants et leur vie sont encore incomplètes, car ils sont souvent exclus
des statistiques officielles, généralement centrées sur
les adultes ou les institutions officielle33(*)». En outre, des efforts sont en train
d'être faits par des institutions internationales en vue de
résoudre ce problème d'indisponibilité de méthodes,
de mesures fiables et de statistiques sur le travail des enfants et qui
constitue l'un des obstacles à l'élimination de l'exploitation de
la main d'oeuvre enfantine.
Les plus récentes estimations du Bureau International
du Travail, l'instance de l'OIT qui est responsable de la publication des
documents, remontent à l'an 2000 et faisaient état d'un nombre de
352 millions d'enfants de 5 à 17 ans dans le monde qui
exerçaient une activité économique34(*). De ce chiffre, nous
déterminons des détails importants :
· 211 millions d'enfants de 5 à 14 ans
exerceraient une forme ou une autre d'activité économique. Sur ce
nombre, 186 millions seraient astreints à une forme de travail qui doit
être éradiqué et qui peut appartenir à la
catégorie des pires formes de travail35(*) ;
· 141 millions d'adolescents de 15 à 17 ans
exerceraient une activité économique. Sur ce nombre, 59 millions
seraient astreints à un travail qui révèle des pires
formes de travail36(*) ;
· environ 106 millions seulement sont affectés
à des types de travaux acceptables pour des enfants ayant atteint
l'âge minimum d'admission à l'emploi, ou à des travaux
légers rentrant dans le cadre de leur éducation37(*) ;
· dans le groupe de tous les enfants du monde
âgés de 5 à 17 ans, un sur six entre dans la
catégorie des enfants travailleurs et un sur huit, soit encore 180
millions environ, sont exploités et assujettis aux pires formes de
travail, celles qui mettent en danger leur santé physique ou
mentale38(*).
En Amérique Latine et dans les Caraïbes dont se
situe Haiti, les estimations régionales de l'incidence du travail des
enfants donnent un peu plus de 17 millions d'enfants de 5 à 14 ans qui
travaillent, soit 16% de l'ensemble de tous les enfants de cette tranche
d'âge vivant dans cette région39(*). Pour Haïti, il n'existe que des données
relatives aux travailleurs domestiques appelés
aussi « Restavèk ». Ces derniers, selon
l'Institut Psychosocial de la Famille, sont des enfants remplissant le
rôle de domestique ou accomplissant des tâches
ménagères dans des maisons autres que celles de leurs
pères ou mères, sans être payés40(*). Là encore les
données sont différentes d'une institution à une autre.
L'UNICEF les évalue en 1998 à 250,00041(*), les dernières
estimations statistiques publiées par l'Institut des Etudes
Internationales Appliquées de la Norvège les estiment à
173,00042(*).
1.1.3. Survol Historique
Avant d'arriver au niveau d'Haiti, nous voulons fournir
certaines informations historiques relatives au travail des enfants dans
d'autres sociétés. Par ailleurs, il a été difficile
pour nous de repérer des sources de données historiques
concernant le travail des enfants en Haiti, connaissant
généralement le problème d'indisponibilité
d'informations scientifiques qui existe dans ce pays. L'intérêt de
ce rappel historique est de montrer que le phénomène du travail
des enfants ne date pas d'aujourd'hui et concerne toutes les
sociétés, autant les pays riches que les pays pauvres.
Dans les sociétés traditionnelles, l'enfant
participa dans des activités laborieuses qui sont essentiellement
d'ordre domestique, agricole ou artisanal. Dès qu'il atteint l'âge
de sept ans, il peut dans sa campagne être employé à de
menus travaux qui n'exigent pas trop d'efforts physiques43(*). Au Moyen-âge, l'enfant
s'initia à un métier au sein de sa famille où
auprès d'une autre famille selon un contrat d'apprentissage qui
entraîne un quasi-transfert de l'autorité paternelle. Le travail
constitua, à côté de l'école déjà
fréquentée de manière plus ou moins suivie par un certain
nombre d'enfants, une forme d'encadrement et d'intégration sociale qui
met à l'abri des tentations de la rue et de la misère44(*). Le Moyen-âge
paraît attentif et indulgent vis-à-vis de l'enfant sous
l'influence de la pensée chrétienne sensible à
l'innocence enfantine. Mais des menaces pèsent sur cette enfance
médiévale. On releva des cas précis d'enfants devant
effectuer des travaux pénibles ou dangereux. Des enfants
endurèrent des violences, spécialement les petites servantes,
proies faciles pour des maîtres sans scrupules45(*).
Du XIIe siècle au XVIIIe siècle, on remarqua un
durcissement des pratiques de la mise au travail des enfants, après la
souplesse médiévale vient le temps de la rigueur des
réformes catholique, protestante et de la Monarchie absolue. Si
l'initiation au métier continua très souvent à se faire
dans le cadre de la famille, surtout chez les paysans et les artisans,
l'apprentissage hors du foyer familial, toujours fondé sur un contrat
selon la tradition médiévale, prenait cependant une nouvelle
vigueur et un nouveau sens. Cet arrachement du milieu familial était une
brutalité estimée à ce moment là nécessaire
et formatrice, une indispensable étape de socialisation, même si
l'enfant est fréquemment confié à un parent plus ou moins
éloigné. Violences et sévérités à
l'égard des jeunes prenaient valeur pédagogique et se
manifestèrent au sein de l'atelier de la part du maître ou des
compagnons46(*).
Dès le XVIIe siècle, pour faire face au
vagabondage et à la misère de nombreux enfants abandonnés
ou errants, furent ouverts des établissements ou l'on s'efforça
d'enfermer et de faire travailler ces enfants pour les instruire et les
moraliser par le travail. Jusque là, on ne pouvait en
réalité parler de pires formes de l'exploitation de l'enfant par
le travail. C'était surtout avec l'essor de la grande industrie,
à partir de la fin du XVIIIe siècle, qu'apparaissaient les
conditions de travail les plus scandaleuses. La révolution
industrielle, fondée sur la force de la vapeur et le travail
mécanique, fut la grande dévoreuse de la main-d'oeuvre
enfantine47(*).
Au cours du XIXe siècle, l'embauche des enfants
devenait massive dans les industries textiles et métallurgiques. Au
début des années 1840, on aurait compté jusqu'à
143.000 enfants dans la grande industrie, dont 93.000 dans le seul secteur
textile. En fait, les usines étant de plus en plus
mécanisées, de nombreux postes de travail sont occupés par
des ouvriers sans qualification. Dès l'âge de 8 ou 9 ans, les
enfants sont employés à ces travaux qu'aucune machine ne peut
exécuter à cette époque. Les patrons encouragent le
travail des enfants. Leur habilité et leur petite taille sont bien
utiles pour certaines tâches. Et surtout, un adulte effectuant un travail
similaire doit être payé trois à quatre fois plus48(*). C'est également au
cours de ce XIXe siècle que quelques protecteurs commencèrent
à jeter un cri d'alarme face à cette sombre réalité
d'exploitation du travail des enfants. Contre la liberté
économique revendiquée par les patrons et contre la
liberté du père de famille souvent avancée pour justifier
le travail des enfants ou l'absence de scolarisation, l'Etat fut tenu
d'intervenir pour réglementer le travail des enfants. Dès 1881,
les enfants de moins de 8 ans ne pouvaient être admis dans les fabriques.
Il faut souligner aussi que des mouvements d'hostilité ouvrière
à une main-d'oeuvre enfantine trop bon marché et l'application
stricte d'une législation davantage protectrice de l'enfance avaient
freiné considérablement le rythme d'enfants astreints au
travail. Ainsi, Pierre Berrier opinant sur les progrès
réalisés, a fait la réflexion suivante :
Le travail des enfants, longtemps considéré
comme la manière la plus naturelle de s'intégrer au monde des
adultes, fut, dorénavant, perçu comme immoral car trop souvent
fondé sur l'exploitation de l'enfance, alors que ce premier temps de la
vie doit être consacré à une instruction qui doit permettre
un meilleur épanouissement professionnel. Telle est la réponse du
monde contemporain, élaborée au cours de ce siècle de fer
qu'est le XIXe siècle49(*).
Dans le cas D'Haiti, il est rapporté dans une
étude sur les fondements de la pratique de la domesticité des
enfants en Haiti réalisée par Haiti Solidarité
Internationale, commanditée par l'UNICEF et le Ministère des
Affaires Sociales et du Travail, que cette pratique a commencé depuis la
période coloniale, quand le petit esclave commençait son
apprentissage comme gardien de moutons et de chèvres sous la supervision
d'un plus ancien chargé de la surveillance du gros
bétail50(*).
D'ailleurs, le Code noir de 1685, dans son article 12, stipulait que :
« les enfants nés d'esclaves sont esclaves et sont la
propriété du maître de leurs mères ».
A cette époque, l'enfance devrait prendre fin à
12 ans, âge auquel il fallait rejoindre ses parents dans les champs ou
dans la résidence du maître pour y travailler51(*). Cette pratique resta en
vigueur jusqu'à la révolte des esclaves de 1791. Selon Carl V.
Raymond, vers 1793, la métropole française, obligée de
faire abolir officiellement l'esclavage dans la colonie, prescrivit, dans la
Proclamation de Sonthonax, deux dispositions concernant les enfants au
travail52(*). D'une part,
une rémunération équivalant à la moitié du
montant versé aux adultes devait être octroyé aux enfants
de 10 à 15 ans pour les mêmes services, selon l'article 18 de la
Proclamation de Sonthonax. D'autre part, des tâches spécifiques
étaient dévolues aux enfants telles: soin des animaux,
cueillette du coton et du café (Article 21 de la Proclamation de
Sonthonax).
De plus, on cite un colon répondant au nom de
Barré de Saint Venant qui a noté que « l'esclave
dès l'âge de 10 ans travaille pour son maître53(*)». Les équipes
spécialisées dans les travaux de plantation disposent des graines
d'indigo dans les petites fosses creusées par les esclaves cultivateurs
et les enfants les recouvrent en poussant les mottes de terre au moyen de
balais très touffus, a-t-on appris de Trouillot Hénock
cité par Haiti Solidarité Internationale54(*). On poursuit pour avancer
qu'on distingue « deux types d'atelier : le grand atelier et le
petit atelier. Les enfants âgés de onze à quinze ans
étaient affectés au grand atelier pour se livrer à des
taches secondaires moins contraignantes.55(*) »
Durant la période post-coloniale, à cause de
certaines transformations subies par le milieu socio-économique, on
enregistra plus ou moins un changement dans la pratique du travail des enfants,
en particulier la domesticité des enfants. Pour HSI, le type de
domesticité développé à l'époque coloniale
ne résista guère aux assauts de la révolution56(*). Toutefois, Beaubrun ARDOUIN
cité dans les fondements de la Pratique de la Domesticité des
enfants en Haiti, révèle les traces du travail domestique
enfantin dans la jeune Haiti. Il signale que les généraux
haïtiens, en matière de représailles, dans le cadre de la
campagne entreprise sous le gouvernement de Dessalines contre la partie de
l'Est, avaient ordonné d'emmener en captivité les enfants des
deux sexes. Ces enfants étaient adoptés ou destinés
à travailler comme domestiques chez des hauts dignitaires57(*).
On a vu qu'à cause de l'effondrement du régime
politique haïtien, la pratique du travail des enfants ou plus
précisément de la domesticité enfantine a pris plus de
relief et devient plus visible dans la période de 1915 à
194658(*). Depuis lors,
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine ne cesse de grandir en
intensité. A bien suivre certaines idées
développées par Haiti Solidarité Internationale (HSI), on
arriverait jusqu'à considérer le XXe siècle comme celui du
début réel d'exploitation de la main d'oeuvre enfantine en Haiti.
On a présenté un ensemble de mutations tant économiques
que politiques qui ont favorisé l'expansion de ce
phénomène. Suivons les réflexions suivantes de HSI pour en
être convaincues :
Le régime post colonial et le cadre économique
dans lequel ont évolué les relations de domesticité en
Haiti accusent une même courbe chronologique dans leur évolution
et subiront les grandes mutations durant la conjoncture de l'occupation
américaine de 1915. Ces mutations aussi bien politiques
qu'économiques affecteront de manière assez sensible les
relations de domesticité [...]. On est presque tenté d'avancer
que ces transformations ont contribué à faire du XXe
siècle, un siècle déterminant dans l'évolution de
cette forme de travail forcé59(*).
Il faut noter que c'est à partir de
l'année 1934, sous la présidence de Sténio Vincent qu'un
discours public se développe sur l'enfance en service60(*). Et cela a
débouché sur la loi du 12 septembre 1947 fixant les conditions
pour avoir sous sa garde ou à son service un ou plusieurs enfants en
domesticité. Cet effort a été mené en fonction de
la montée du phénomène d'exploitation du travail des
enfants dans la société haïtienne.
1.2. LES CARACTERISTIQUES DES ENFANTS
TRAVAILLEURS
Les données que nous avons recueillies sur le terrain
auprès des enfants des trois villes soumises à nos observations
nous permettent de dresser le profil des enfants travailleurs. D'ailleurs, il
n'existe pas de grandes différences entre les enfants travailleurs de
Port-au-Prince, des Gonaïves et du Cap-Haïtien; on retrouve les
mêmes traits, presque le même profil chez ces enfants travailleurs.
Les caractéristiques que nous identifions concernent le profil
socio-économique des enfants travailleurs, leur niveau de
scolarité, leur niveau d'âge et de sexe.
1.2.1. Enfants Démunis
Il n'y a nul doute que les enfants qui travaillent en Haiti
sont issus de familles pauvres des bidonvilles et des campagnes. Legrand
Bijoux, cité par Irdèle Lubin, en a fait également le
constat61(*). D'ailleurs,
ce n'est pas seulement dans le cas d'Haiti, dans presque toutes les
enquêtes relatives au travail des enfants, la pauvreté est le
facteur le plus évoqué par les informateurs pour justifier ce
phénomène. Sur l'ensemble des enfants interviewés, 215,
soit 94% avouent que leurs parents sont des personnes à faible revenu,
ne pouvant pas prendre soins d'eux. Ils sont obligés de travailler pour
survivre. Donc, les familles les plus pauvres sont celles qui encouragent le
travail de leurs enfants. Lorsque les parents sont complètement
privés de ressources matérielles et financières pour
s'occuper des enfants, ils les placent dans une autre famille comme domestique
ou les envoient travailler. Dans une étude de Haiti Solidarité
Internationale, nous lisons que : « La grande
pauvreté des parents naturels les conduit à placer leurs enfants
en domesticité pour soulager les dépenses occasionnées par
leur maintien à charge et leur garantir un meilleur mode de vie aux
soins de familles plus aisées62(*) ». Ce constat est aussi vrai pour les
enfants « des rues » et ceux « dans
la rue » qui travaillent. Nous tenons à faire la
différence entre ces deux termes, car il s'agit de deux
réalités plus ou moins distinctes :
Les enfants « de la rue » selon
une définition de l'UNICEF tiré d'une étude d'Haiti
Solidarité Internationale, font référence à celles
ou ceux qui n'appartiennent à aucun groupe familial: la rue constitue
leur unique foyer et abri et ils doivent y trouver nourriture et protection.
L'unité sociale à laquelle ils appartiennent en
général est le groupe d'enfants ou d'adultes avec lequel ils ont
établi des liens de suivie63(*). Les résultats de notre enquête ont
montré que 46% des enfants travailleurs, soit 106 de
l'échantillon, sont des enfants qui ont la rue pour demeure. Ils n'ont
pas de domicile fixe et ne vivent pas avec leurs familles. Ils sont pour la
plupart des orphelins ou des enfants abandonnés qui ne se souviennent
même pas du visage de leurs mères ou pères. Ils se voient
imposer purement et simplement la rue pour demeure.
L'autre catégorie, ce sont des enfants
« dans la rue ». Toujours selon l'UNICEF, les
enfants dans la rue font partie d'un groupe familial quelconque autour duquel
ils évoluent. Leur vie ne se résume pas à leur insertion
dans la rue. Ils fréquentent parfois l'école et le plus souvent
regagnent un cadre familial ou bien un foyer le soir64(*). Il s'agit dans ce cas des
enfants qui sont encouragés à travailler par leurs parents
lorsque ces derniers sont dans l'impossibilité d'endosser leur
responsabilité à leur égard. Un pourcentage de 14 %, soit
32 enfants de notre échantillon se trouvent dans cette situation.
Donc, il est presque généralement admis que le
niveau économique précaire des familles est le facteur le plus
important qui favorise le travail des enfants, non pas seulement en Haiti, mais
partout. Aude CADIOU avance dans son étude sur le travail des enfants
que : « Les liens sociologiques entre
pauvreté et travail des enfants sont aujourd'hui clairement
établis : être pauvre, c'est lutter sans cesse pour disposer
du minimum vital, chercher chaque jour de quoi nourrir sa famille, et sur le
long terme être privé de tout pouvoir de décision sur sa
propre vie 65(*)».
1.2.2. Enfants Sous-éduqués
Les travailleurs domestiques sont ceux qui fréquentent
le plus souvent un centre scolaire parmi les enfants qui travaillent en Haiti,
pourtant ils sont rares ceux qui dépassent le niveau de Certificat
d'Etudes Primaires. Pour ceux qui exercent des métiers de rue ou qui
évoluent dans les petites entreprises, ils fréquentent rarement
l'école. Globalement, nous avons trouvé que seulement 112, soit
49 % de notre échantillon, ont fréquenté un centre
scolaire durant leur existence; de ce nombre 24 continuent de fréquenter
un centre scolaire et seulement 9 atteignent le cycle secondaire. Par ailleurs,
117 autres, soit 51 % de l'échantillon, n'ont jamais
fréquenté l'école dans leur vie (Voir tableau IV de
l'annexe II).
Cela se comprend, car la carence intellectuelle est
considérée comme l'une des conséquences les plus
néfastes du travail des enfants. Les études ont souvent
montré qu'un travail trop précoce peut nuire gravement au
développement de l'enfant66(*). Selon des chercheurs américains, le rendement
scolaire des jeunes de 12 à 17 ans serait généralement
affecté après plus de 15 heures consacrées par semaine
à une activité de travail67(*). Or, ce seuil est souvent très largement
dépassé dans les pays en développement, même chez
les travailleurs enfants âgés de moins de 12 ans. Dans ces pays,
les rares données disponibles sur les relations entre le travail
précoce et le rendement scolaire des enfants signalent que l'impact du
premier sur le second est très négatif. A titre illustratif, une
récente enquête réalisée au Pérou
révèle que la proportion d'enfants de 6 à 14 ans ayant du
retard dans leurs études était de 61 pour cent parmi ceux qui
exerçaient une activité économique et de 39 pour cent chez
ceux qui ne faisaient qu'étudier68(*).
1.2.3. Enfants des deux Sexes
Certains enfants rencontrés, 27 en tout, ce qui
représente 12% de l'ensemble des enfants interviewés, commencent
à exercer une activité économique avant leur
dixième anniversaire. Mais, les enfants âgés 10 à 14
ans sont prédominants, ils sont évalués à 115,
soit 50% environ de notre échantillon. Nous trouvons ensuite 87 enfants
de 15-17 ans et il représente 38 % de notre échantillon (Voir
annexe II/Tableau I).
A bien comparer ces données à celles
rapportées par l'OIT, nous réalisons une certaine similitude,
selon cette organisation :
Un premier motif de préoccupation est lié au
fait que de nombreux enfants sont mis au travail très jeunes [...].
Certes, la grande majorité des enfants économiquement actifs
appartiennent au groupe d'âge des 10 à 14 ans. Cependant, la
proportion de ceux qui sont âgés de moins de 10 ans est loin
d'être négligeable; elle peut atteindre 20 pour cent dans
certains pays. L'emploi d'enfants très jeunes est un problème
inquiétant; en effet, plus jeune est l'enfant et plus il est
vulnérable aux risques physiques, chimiques et autres présents
sur les lieux de travail et, bien sûr, à l'exploitation
économique de son travail69(*). [Sic]
Pour ce qui a trait au sexe, les enfants travailleurs sont des
deux sexes. Les filles dominent les secteurs des travailleurs domestiques, car
dans la majorité des cas le profil de l'enfant en domesticité est
celui d'un enfant de sexe féminin, 75% selon une estimation de IPSOFA
faite en 1993 citée par HSI70(*). Par contre les enfants de sexe masculin dominent la
catégorie des travailleurs des rues évoluant dans le secteur
informel. On retrouve beaucoup plus de garçons qui exercent une
activité économique dans les agglomérations urbaines que
de filles. Notre sondage nous a révélé, pour l'ensemble
des enfants travailleurs interviewés, 73 filles, soit 32%, contre 156
garçons, soit 68% (Voir Tableau II).
1.3. LES SECTEURS D'ACTIVITÉS DES ENFANTS
TRAVAILLEURS
Des enquêtes réalisées au niveau mondial
indiquent que dans les pays en développement, la majorité des
enfants qui travaillent exercent une activité dans le secteur
informel71(*). En fait
l'informel, dans le sens large, est défini comme quelque chose
« qui n'est pas organisé avec rigueur, qui n'est pas
soumis à des règles72(*) ». De façon plus technique et plus
spécifique, le terme est défini comme « toute
activité économique spontanée, échappant en grande
partie au contrôle de l'administration, souvent en marge des obligations
légales, non recensées dans les statistiques officielles,
bénéficiant rarement des activités promotionnelles de
l'Etat 73(*)». Dans le même ordre d'idée, G. De
Villers pense que les activités du secteur informel seraient donc des
activités pratiquées généralement par des pauvres,
exercées plus ou moins en marge des lois et des institutions officielles
et relevant des normes spécifiques par rapport à celles de la
modernité74(*).
L'OIT, de son côté, constate dans l'ensemble des
pays en développement, une véritable explosion des
activités de l`économie informelle, terme selon cette
organisation, qui vise le vaste ensemble de travailleurs et d'entreprises dont
les activités s'étendent de simples stratégies de
subsistance aux activités de production dotées d'un important
potentiel de croissance. Elle parle également de l'invisibilité
de ce secteur en ces termes: « N'étant pas
déclarés ou enregistrés officiellement, extérieurs
par conséquent à tout encadrement législatif,
réglementaire et statistique, ils sont voués à une sorte
d'invisibilité qui les empêche de bénéficier d'une
protection75(*)». Ce qui est important c'est que dans toutes les
définitions, on retrouve l'idée selon laquelle, les
activités économiques dans ce secteur échappent aux
circuits officiels.
En tant que pays en développement, Haiti ne fait pas
exception à la règle, c'est réellement dans le secteur
non-organisé que l'on trouve la majorité des enfants qui
travaillent en Haiti. L'existence d'enfants dans le secteur économique
structuré est très rare en Haiti. Cela se comprend
aisément, car à cause du taux très élevé de
chômage, même les adultes qualifiés ont du mal à
trouver un emploi dans le secteur formel, à plus forte raison pour les
enfants généralement sans expérience, ni
compétence.
Contrairement au secteur informel, le secteur formel de son
coté s'apparente à toutes les activités dotées des
attributs de l'activité économique classique, à savoir le
lien salarial et l'encadrement légal. Malheureusement, en Haiti et
même dans les autres pays, très peu d'enfants évoluent
dans ce secteur. C'est le secteur informel qui regroupe la majorité des
enfants travailleurs. Le rapport de la conférence d'Amsterdam sur le
travail des enfants en donne la confirmation :
Le secteur moderne de l'économie joue un rôle
relativement mineur comme source d'absorption de la main-d'oeuvre enfantine. La
très grande majorité des travailleurs enfants se rencontrent,
en effet, dans les innombrables et minuscules établissements, souvent de
type familial, du secteur rural traditionnel et du secteur urbain informel, au
domicile des particuliers comme travailleurs domestiques et, quoique dans une
mesure beaucoup moindre, dans la rue comme travailleurs
indépendants76(*).
Ainsi, les enfants travailleurs exercent diverses
activités économiques, toutefois dans le cadre de cette
étude, nous ne considérons que les deux types d'activités
suivantes : Le travail domestique et le travail dans le secteur informel
de l'économie.
1.3.1. Travail Domestique
S'appuyant sur la définition du Travail comme une
« obligation exécutée par une ou plusieurs
personnes sur les ordres et sous le contrôle d'un employeur en
contrepartie d'une rémunération77(*) », nous distinguons
dans cette étude deux types d'enfants domestiques: les
rèstavèk qui ne reçoivent pas de salaire en espèces
et les domestiques à gages qui, eux, reçoivent un salaire de
leurs employeurs. Un enfant domestique âgé de moins ou de plus de
15 ans et, qui ne reçoit aucun salaire, ne peut-être
considéré comme un travailleur selon le sens juridique du terme
(Article 19 du Code du travail). De ce fait, nous ne considérons comme
travailleurs domestiques que les enfants qui perçoivent un salaire en
contrepartie des services rendus.
Toutefois pour l'UNICEF quel que soit l'âge des enfants
soumis à la domesticité, qu'ils soient
rémunérés ou pas, la domesticité enfantine est
considérée comme une forme de travail78(*). Souvent
considéré comme un arrangement de parrainage, le travail
domestique des enfants doit être reconnu pour ce qu'il est devenu :
l'exploitation du travail des enfants79(*). Et pour Maggie Black de Anti-Slavery international,
le service domestique est l'une des formes les plus courantes d'emploi des
enfants dans le monde80(*).
Nous lisons aussi dans une étude de l'Institut des
études internationales appliquées de la Norvège sur les
enfants domestiques en Haiti que: « dans le monde entier,
l'attention est plus traditionnellement tournée au travail des enfants
dans les industries et les manufactures plutôt qu'à leur travail
dans le cadre domestique. Cependant aux cours des dix dernières
années, le travail des enfants domestiques a été reconnu
et classé comme une forme de travail des enfants81(*) ». Le travail
domestique des enfants se réfère à toutes situations
où les enfants sont engagés pour accomplir des tâches
domestiques au foyer d'une tierce personne ou d'un employeur à des fins
d'exploitation. Ces sont en outre les activités des enfants liées
étroitement à la sphère du foyer82(*). En principe, le travail
effectué par les mineurs dans leurs maisons, sous la surveillance ou
l'autorité parentale, peut être considéré comme le
travail des enfants par la législation internationale dans le cas
où ce travail interférerait avec la scolarité de
l'enfant. Cependant, il est devenu commun de se référer au
travail de l'enfant domestique comme emploi dans une maison autre que la
tienne, selon Blabrough et Glynn cités dans une étude de l'OIT
sur la domesticité en Haiti83(*).
Donc, face à toutes ces positions en rapport au statut
des enfants domestiques, nous avons donné la priorité à
l'esprit du Code du Travail. Nous ne considérons dans cette
étude que les enfants qui reçoivent une rétribution en
contrepartie des services rendus, ceux qui sont considérés dans
le sens juridique du terme comme des travailleurs. Les
« rèstavèks » ne sont pas
considérés comme travailleurs en ce sens qu'ils ne
reçoivent pas de rémunération en espèces en retour
des services fournis. Dans notre investigation sur le terrain, les enfants
domestiques recevant un salaire est le groupe le plus important après
les travailleurs des rues, ils représentent 34 %, soit 77 de notre
échantillon.
1.3.2. Travail dans le secteur informel
Dans le secteur informel de l'économie, on retrouve
généralement comme travailleurs les « enfants de
rue » et les « enfants dans la
rue ». Nous avons déjà expliqué la nuance
qui existe entre ces deux catégories de mineurs. Les premiers
évoluent en permanence dans les rues et les seconds travaillent dans la
rue certes, mais ils gardent le contact avec leurs parents naturels.
Habituellement, ce sont des garçons âgés de 10 à 17
ans qui composent ces deux catégories d'enfants. Contrairement aux
enfants domestiques qui travaillent à l'intérieur d'une maison
sans que les yeux des passants ne les voient, les enfants exerçant les
activités dans les rues travaillent dans les endroits les plus en vue
qui soient. On les retrouve dans les coins et les recoins des villes et des
agglomérations urbaines effectuant toutes sortes de petits travaux en
vue de gagner leur vie. Ils sont partout, nous dit le rapport de l'UNICEF sur
la situation des enfants en 1997 :
Vantant leur marchandise sur les marchés ou se
faufilant dans les embouteillages, proposant leurs services dans les stations
d'autobus et les gares, en face des hôtels et des centres
commerciaux. Ils partagent la rue avec des millions d'adultes, dont
beaucoup les considèrent comme des désagréments,
sinon comme de dangereux petits criminels. En fait, ce que font la plupart
de ces enfants dans les rues, c'est, bien sûr, travailler. La rue est un
lieu de travail cruel et dangereux, menaçant souvent la vie
même des enfants. Ils peuvent être tués par le crime
organisé, par d'autres jeunes ou même par la police84(*). [Sic]
Ces enfants travaillent au jour le jour dans les rues des
grandes villes d'Haiti où ils effectuent les mêmes travaux que
tous les autres enfants des pays pauvres. Ils travaillent dans des petites
entreprises telles : des restaurants, épiceries, salons de
coiffure, etc. L'UNICEF en a fait d'ailleurs le
constat : « Qu'ils fouillent les décharges,
cirent les chaussures aux portes d'Hôtels ou mendient aux carrefours
embouteillés, ces jeunes sont les baromètres des
sociétés vivant en tension. On les trouve surtout dans le monde
en développement, mais aussi dans les pays riches85(*) ».
Ces travailleurs des rues, selon les observateurs,
représentent une catégorie très fragile des points de vue
social, sanitaire et éducationnel. Selon le rapport de Suivi
d'Application de la Convention Relative aux Droits de l'Enfant, l'Etat
haïtien reconnaît que ces enfants: « vivent totalement
dans les rues et proviennent de familles très défavorisées
logées dans les bidonvilles. Leur situation ne leur permet pas d'aller
à l'Ecole et ils sont ainsi obligés de chercher durant la
journée une occupation pouvant leur rapporter de l'argent pour leur
survie86(*) ».
Dans le cadre de cette étude, l'enquête de terrain nous
permet de réaliser que les enfants exerçant une activité
économique dans les rues représentent 60%, soit 138 sur un
échantillon total de 229.
1.4. LES ABUS ET L'EXPLOITATION SUBIS PAR
LES ENFANTS TRAVAILLEURS
L'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine est un
défi majeur de notre temps. Elle est d'une dimension massive et produit
des conséquences fatales sur l'avenir des enfants qui y sont victimes.
Cette forme d'exploitation est très cruelle à l'égard des
enfants et constitue une insulte à leur dignité en tant que
personne humaine. C'est aussi l'une des plus importantes formes d'exploitation
ou d'abus commises aujourd'hui contre les enfants dans une grande partie du
monde87(*). Dans cette
section nous examinons les abus et l'exploitation dont sont victimes les
enfants qui travaillent. Les facteurs qui caractérisent ces abus et
exploitation ont rapport à l'âge des enfants, les heures de
travail ainsi que les dangers et les humiliations auxquels ils sont
victimes.
1.4.1. Durée excessive de travail
Les investigations menées sur le terrain prouvent que
beaucoup d'enfants effectuent sur le marché du travail une
activité à plein temps et à un âge précoce,
c'est-à-dire en dessous de l'âge d'admission au travail
fixé par les législations nationales et internationales. Sur 229
enfants interviewés, 89% d'entre eux, soit 204 travaillent plus de 10
heures par jours, seulement 3%, soit 7 travaillent moins de 8 heures par jour
et les autres totalisant 18 % travaillent de 8 à 10 heures par jour
(Voir Annexe II/Tableau VII). Et de plus, les exploiteurs de ces enfants ne
font, généralement, pas de distinction entre les travaux
légers que ceux-ci peuvent accomplir sans risque et les travaux
dangereux qui sont au-dessus de leur force physique et de leur capacité
émotionnelle. L'organisation Internationale du travail autorise des
enfants de 12 ou de 13 ans à effectuer des travaux légers, mais
pas avant 18 ans pour les travaux dangereux et en plein temps.
Néanmoins, l'OIT, comme d'ailleurs le Code du Travail haïtien fixe
à 15 ans l'âge minimum d'admission à l'emploi pour autant
qu'il ne soit inférieur à l'âge de la fin de la
scolarité obligatoire88(*).
Hormis l'âge précoce d'admission à
l'emploi, le fait même que des enfants soient obligés de
travailler à plein temps est déjà considéré
comme une forme d'exploitation. Le Code du Travail dans son article 96 fixe la
durée normale de travail à huit heures par jour et 48 heures par
semaine. Alors que la réalité montre que des enfants travaillent
au-delà de cette limité légale de travail à plein
temps. Or, le travail dans de telle condition est nuisible au
développement de l'enfant puisque ce dernier n'a aucun moment de la
journée pour s'épanouir : ses droits à
l'éducation, aux loisirs et au repos sont donc bafoués. Ils se
voient astreints à un rythme totalement opposé à leur
développement naturel.
1.4.2. Charge excessive de travail
Un autre aspect des abus et l'exploitation qu'endurent les
enfants au travail en Haiti, concerne le volume excessif de travail qu'ils ont
à accomplir, que ce soit dans les maisons privées ou dans les
rues. Dans le rapport de l'UNICEF sur le travail des enfants, il est fait
remarquer que ces enfants sont soumis à la manutention de lourdes
charges et restés assis pendant de longues heures dans des positions
généralement inconfortables qui risquent d'handicaper leurs corps
en pleine croissance89(*).
Toujours selon ce même rapport, un enfant qui doit accomplir pendant des
années un travail physique pénible peut perdre jusqu'à 30%
de son potentiel biologique de développement corporel, puisqu'il
dépense des réserves d'énergie qui auraient dû
normalement suffire jusqu'à l'âge adulte90(*).
Les enfants quel que soit leur âge ou le secteur dans
lequel ils travaillent, ne devraient être employés qu'à des
travaux légers qui ne mettent pas en danger leur développement
physique et intellectuel. Pourtant en Haiti, c'est tout à fait le
contraire, des situations où les enfants sont astreints à une
charge excessive de travaux sont très courantes. Qu'il s'agisse des
travailleurs des rues ou des enfants domestiques, ils se voient contraints le
plus souvent d'effectuer des tâches supérieures à leur
âge et à leur capacité physique. Ils accomplissent souvent
des tâches pénibles qui pourraient être redoutables
même pour des adultes.
1.4.3. Salaire insuffisant
Les enfants travailleurs sont le plus souvent mal
payés. Ils perçoivent un salaire très minime par rapport
au volume de travail qu'ils produisent. D'ailleurs c'est surtout à cause
de leur main d'oeuvre à bon marché qu'ils sont recrutés.
La rémunération est généralement inférieure
à celle donnée à un adulte pour le même travail et
pour la même durée. On considère généralement
que les employeurs recourent à la main-d'oeuvre enfantine parce qu'elle
leur coûte moins cher que la main-d'oeuvre adulte. Des
considérations de coût entrent également en jeu dans le cas
des petits établissements non déclarés et
financièrement précaires que l'on rencontre en masse dans le
secteur informel du pays.
Particulièrement, les travailleurs domestiques sont
parmi ceux qui travaillent dans des conditions les plus précaires. Ils
travaillent sans avoir passé aucun contrat formel avec leurs employeurs.
Dans une étude financée par l'alliance Save The Children, on
décrit avec exactitude la situation de la plupart de ces enfants en ces
termes : « Ils ne reçoivent pas une
rémunération équitable pour le travail accompli et peuvent
être renvoyés à n'importe quel moment avec ou sans motif
valable. Les lois censées les protéger contre les abus et mauvais
traitements des employeurs, ne sont pas appliquées 91(*)(sic) ». En
fait, ces enfants domestiques particulièrement, n'ont ni d'horaire de
travail, ni description de tâches. Ils travaillent selon le caprice de
leur employeur, à tout moment du jour ou de la nuit.
Dans le cadre de notre enquête de terrain, il n'a pas
été facile de déterminer le niveau de salaire exact des
enfants travailleurs. Non seulement ces derniers accomplissent divers types de
travaux, mais également les méthodes de paiement ne sont pas les
mêmes. Certains enfants sont payés selon un rythme mensuel et
d'autres le sont selon les modalités de paiement des travailleurs
à la tâche et à la pièce établies par
l'article 19 du Code du Travail haïtien (Voir aussi le Tableau IX en
annexe).
1.4.4. Accomplissement de travaux dangereux
Si l'on prend particulièrement les enfants qui
travaillent dans les rues, on constate avec évidence que la nature des
travaux qu'ils effectuent apparaît plutôt insalubre, dangereuse et
dégradante. Pourtant, le Code du Travail dans son article 333 avance
que les mineurs ne pourront être occupés à des travaux
insalubres, pénibles ou dangereux du point de vue physique ou moral.
Dans une évaluation de la situation de ces enfants dans les pays en
développement, l'UNICEF réfléchit sur certaines des
incidences négatives du travail sur la santé de ces
enfants :
Ils contractent diverses maladies de peau, ulcères,
gales, etc. en ramassant des morceaux de fer rouillé, il n'est pas rare
qu'ils s'écorchent les mains, au risque d'attraper le tétanos.
Les débris de verre cachés dans les ordures peuvent blesser leurs
pieds nus, ce qui provoquera des lésions suppurantes. L'exposition
à des conditions climatiques extrêmes peut être à
l'origine d'autres problèmes : insolation, pneumonie, grippe.
Porter de lourdes charges sous les bras ou sur le dos nuit à leur
développement en taille et en poids, épuise leurs forces et leur
énergie92(*).
Les dangers qui les menacent sont évidemment
liés au travail qu'ils accomplissent, mais bien plus encore au milieu
dans lequel ils évoluent : circulation automobile,
insécurité, insalubrité, tracasseries diverses, violence
et autres. Il suffit seulement de jeter un coup d'oeil à travers les
rues pour constater tous les dangers auxquels certains enfants travailleurs
font face. Personne ne souhaiterait voir ses progénitures évoluer
dans de telles conditions. Dans un document de l'Organisation Internationale du
Travail, il est fait mention des risques psychosociaux qu'encourent certains
enfants affectés à des types spécifiques de
travaux :
Comme des chercheurs et des praticiens le soulignent depuis
longtemps, certains types d'emploi peuvent causer aux enfants de graves
problèmes d'ordre psychologique et social. Ce risque est
particulièrement grand pour les enfants, dont une majorité de
filles, de plus en plus nombreux qui travaillent comme domestiques et vivent
hors du domicile familial. Les rares renseignements dont on dispose indiquent
qu'ils travaillent très dur, privés de toute affection et presque
de tout contact avec leur famille et leurs amis. Ils sont, par ailleurs,
fréquemment victimes de mauvais traitements physiques et psychologiques
et d'abus sexuels. Tout cela met en péril leur équilibre
psychosocial93(*).
1.4.5. Accès limité à
l'éducation
Nous avons déjà dit en maintes occasions que
le travail en plein temps est l'ennemi le plus farouche d'une bonne formation
scolaire chez les enfants. Lorsqu'un enfant travaille en plein temps, il ne
peut aller à l'école et bénéficier des avantages de
l'instruction. Ce travail absorbe la totalité de ses temps et
énergie l'empêchant ainsi de fréquenter un centre
d'enseignement scolaire. Cet état de fait qui relève
d'exploitation est monnaie courante dans la société
haïtienne. Plus de 50% des enfants travailleurs rencontrés lors de
notre enquête, soit 117 sur un total de 229, n'ont pas accès
à l'école. Cela a pour cause non seulement le manque de moyens
économiques, mais aussi et surtout le volume excessif de travaux qui
est confié à ces enfants. Ils ne disposent pas de temps suffisant
pour fréquenter un centre d'enseignement scolaire. Alors que le Code du
Travail en son article 346 stipule clairement que : « ils ne
doivent pas être astreints à des travaux susceptibles de nuire de
quelque manière que ce soit à leur santé, à leur
développement normal et de préjudicier à leur
assiduité à l'école ». De plus, l'article
10 de ce Code stipule que chaque enfant travailleur a droit à une
instruction professionnelle appropriée en plus de l'enseignement
primaire obligatoire.
Selon l'article 32-3 de la Constitution de mars 1987 et
l'article 28 de la Convention Internationale des droits de l'enfant,
l'enseignement primaire est gratuit et obligatoire pour tous. Donc en aucun cas
des enfants ne devraient pas se trouver dans une situation où
l'accès à l'éducation est une chose difficile, voire
impossible. Dans la réalité haïtienne, les enfants astreints
au travail et qui ont la chance de fréquenter un établissement
scolaire, sont très peu nombreux. Et selon le constat de Carl Raymond,
ceux qui ont accès à l'école fréquentent
généralement des établissements du soir où
l'instruction donnée est de piètre qualité et où
les élèves sont peu assidus, car ils sont fatigués suite
aux corvées réalisées durant la journée. La
conclusion, nous dit Carl Raymond, est que ces enfants n'apprennent pas
grand-chose et ont peu de chance d'atteindre le niveau secondaire94(*).
1.4.6. Humiliations subies par les enfants
L'exploitation sexuelle est l'une des formes d'humiliation
que subissent les enfants travailleurs, en particulier les filles, que ce soit
dans les maisons privées ou dans les rues. Les enfants domestiques sont
les plus exposés. Les filles particulièrement sont parfois
soumises à des sévices émotionnels et sexuels de la part
des résidents de la maison où elles travaillent. Elles sont
privées de l'affection et du soutien de leurs parents et
humiliées par les enfants de leurs employeurs95(*). Les humiliations subies par
les enfants travailleurs entraînent souvent chez eux des troubles
psychologiques et sociaux. Isolés du reste de la communauté, ils
connaissent un fort repli sur soi96(*). Dans une étude réalisée sur
les conditions de vie des enfants travailleurs en Haiti, on rapporte que des
psychologues haïtiens qui ont travaillé avec ces enfants, signalent
chez eux des états dépressifs, des replis sur soi, des troubles
du sommeil et de l'alimentation, une peur et une anxiété
chroniques97(*).
Ainsi, nous pouvons constater à travers ce tour
d'horizon que le phénomène de travail des enfants n'est pas un
simple fait, mais plutôt une question assez sérieuse qui attire
l'attention tant sur le plan International que national. Il ne s'agit pas non
plus de l'affaire uniquement des petits pays, même si la majorité
des enfants travailleurs exploités se trouvent dans les pays pauvres
comme Haiti. C'est aussi une préoccupation pour les grands pays. Dans le
chapitre suivant, nous allons aborder le problème, plus
profondément, au niveau d'Haiti.
CHAPITRE II
L'EXPLOITATION DE LA MAIN-D'OEUVRE ENFANTINE EN
HAITI
Contrairement à ce qu'on pourrait penser,
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine n'est pas un
phénomène typique des pays pauvres, partout à travers le
monde, il existe des enfants au travail et, dans la plupart des cas, ils
subissent diverses formes d'abus et d'exploitation. Donc, il s'agit d'un
phénomène universel. Dans un document de l'OIT, nous lisons
que : « Le travail des enfants n'est pas le lot des
seuls pays pauvres ou en développement. Son existence est
attestée à des degrés divers, dans tous les pays. Les
récentes estimations du BIT indique que, dans les pays
développés, trois pour cent environ des enfants appartenant au
groupe d'âge 10-14 ans sont économiquement actif98(*)». Normalement la grande
majorité des enfants travailleurs qui subissent l'exploitation se
trouvent dans les pays en développement. Toutefois, dans les pays
industrialisés, il est fait également usage de l'exploitation de
la main d'oeuvre enfantine.
Dans ce chapitre, nous abordons le problème
d'exploitation du travail des enfants dans la société
haïtienne. Nous mettons accent sur son ampleur, ses causes, ses
conséquences et en même une analyse critique est faite sur le
fonctionnement des institutions publiques chargées de protéger
les enfants en général et ceux qui travaillent en particulier,
contre les abus et l'exploitation.
2.1. AMPLEUR DU PROBLEME
La première constatation à faire c'est que la
présence d'une population enfantine sur le marché de l'emploi
informel en Haiti est un phénomène dynamique qui évolue en
permanence. Le nombre d'enfants obligés de travailler s'accroît de
plus en plus en Haiti et, plus particulièrement dans les grandes
villes. Partout on rencontre des enfants astreints au travail et dans des
conditions tout à fait inquiétantes pour leur
développement et leur épanouissement de ces enfants. Tout au long
de ce travail, nous avons toujours mentionné les difficultés
d'établir des chiffres exacts concernant le travail des enfants, ce qui
nous empêche de quantifier les enfants soumis au travail dans les villes
de Port-au-Prince, des Gonaïves et du Cap-Haïtien. Toutefois,
l'existence du problème ne crée aucun doute, sa visibilité
est à la portée des observateurs même les moins avertis. On
rencontre les enfants travailleurs partout : dans les maisons
privées, dans les rues, dans les petites entreprises, etc.
2.1.1. Au niveau des maisons privées
Le dénombrement des enfants qui travaillent comme
domestiques à gages en Haiti n'est pas exact, mais évidemment
ils sont des milliers et sont âgés en moyenne entre 10 et 18 ans,
selon une affirmation de Carl V. Raymond99(*). Globalement, la pratique de la domesticité
enfantine en Haiti s'inscrit dans un cadre consensuel. Il ya a toujours un
contrat tacite entre la famille d'origine de l'enfant et sa future famille
d'accueil avant que le placement n'ait lieu, nous dit Carl V. Raymond. Il
poursuit que ce contrat tacite entre les familles d'accueil et celles des
enfants prévoit comme contrepartie à fournir pour le gîte,
la nourriture et les autres soins dont ceux-ci seront
bénéficiaires, l'accomplissement des tâches
ménagères, mais dans la réalité, le petit
travailleur domestique se verra attribuer des tâches diverses
liées au petit commerce, aux soins et accompagnement de
bébés ou d'enfants plus jeunes, des personnes âgées
ou handicapées, et autres100(*). Certains observateurs vont jusqu'à assimiler
à l'esclavage la situation des enfants domestiques en Haiti101(*). Pour ce qui a trait
à l'âge et le sexe de ces enfants, toutes les études
s'accordent sur le fait que les filles sont majoritaires, 75% selon une
enquête de 1998102(*) et 59% selon la plus récente
étude103(*) et
leur âge se trouve entre la fourchette de 10 à 18 ans104(*).
Toutefois, il faut un peu de réserve vis-à-vis
de ce type de travail des enfants. Dès cas où les droits des
enfants employés comme domestiques soient respectés ne sont pas
courants certes, mais parfois, on trouve des enfants qui avouent être
traités avec respect et bonté de coeur par leurs employeurs. Ils
trouvent ainsi dans les familles où ils sont employés des
opportunités et possibilités de réussir leur vie. Certains
anciens domestiques ne cessent de témoigner de la bonne foi de leurs
patrons sans lesquels ils ne seraient rien dans la vie. On distingue des cas
où ces enfants chanceux sont traités conformément à
la loi et n'effectuent que des travaux légers qui ne contrarient en rien
leur développement physique et intellectuel. Dans une étude
réalisée par la HSI sur les fondements de la domesticité
en Haiti, on retient la déclaration d'une jeune fille qui était
placée en domesticité dans son enfance et pour qui la
domesticité a été une chance et un
privilège105(*).
2.1.2. Au niveau des rues
Dans son rapport alternatif au comité des Droits de
l'enfant de l'Organisation des Nations-Unies, la Coalition Haïtienne pour
la Défense des Droits de l'Enfant (COHADDE) a fait remarquer une
grande expansion de quantité d'enfants de rue au cours des années
90. En outre, la Coalition a fait état des causes qui ont
provoqué cette prolifération d'enfants à travers les
rues. Les lignes suivantes en donnent beaucoup plus de détails :
Depuis 1991, le nombre des enfants de la rue a triplé
en Haïti. Les causes provoquant ce phénomène sont multiples,
ainsi plusieurs garçons et filles de la rue sont des enfants en
domesticité qui ne pouvaient plus supporter la domesticité ou
encore la violence familiale ou qui deviennent orphelins (entre autres les
orphelins du sida) viennent grossir la masse des enfants de la rue et des
jeunes prostituées. Une grande partie, sinon la majorité, des
enfants de la rue proviennent du milieu rural qui convergent vers la ville avec
l'espoir de meilleurs lendemains106(*) [Sic].
Dans une étude publiée en 2004 par le
Mouvement International ADT Quart Monde, on estime à environ 10 000 le
nombre d'enfants vivant dans les rues en Haiti107(*). Ce qui est le plus
important pour nous, c'est que tous les enfants des rues sont en même
temps des travailleurs, ils exercent tous une activité
économique. Car pour leur survie, ils sont dans l'obligation de
travailler ou de mener une activité à caractère
économique. Ils constituent une catégorie de travailleurs plus
visible que les enfants travailleurs domestiques. On les rencontre partout
à travers les rues des grandes villes d'Haiti, plus
particulièrement, à Port-au-Prince, Gonaïves et
Cap-Haïtien exerçant diverses activités économiques
allant des travaux autonomes108(*) aux travaux subordonnés109(*).
2.1.3. Au niveau des petites entreprises
Nous avons déjà donné assez de
détails concernant le travail des enfants dans le secteur informel. Les
petites entreprises auxquelles nous faisons allusion dans ce travail
appartiennent exclusivement au secteur informel. Ce sont surtout de petits
commerces, des restaurants, des ateliers divers dépourvus de structures
administratives et de base légale. On les retrouve, à l'instar
d'ailleurs des enfants des rues, partout dans les grandes villes du pays. A
cause des capitaux très faibles dont elles disposent, il se trouve le
plus souvent dans leur personnel un ou plusieurs enfants. La main-d'oeuvre
enfantine étant beaucoup plus à bon marché que celle des
adultes, les propriétaires de ces entreprises préfèrent
recourir aux enfants.
Ces employés mineurs sont recrutés à la
fois parmi les « enfants de rues » et ceux
« dans les rues ». Ces derniers, comme nous avions
déjà expliqué, travaillent dans les rues certes, mais
contrairement aux premiers, ils gardent le contact avec leur famille.
D'habitude ces institutions de type informel embauchent des enfants dans la
tranche d'âge de quatorze à moins de dix-huit ans. Environ 10
à 15 pour cent des « enfants travailleurs des
rues » de notre échantillon, travaillent dans ces
entreprises. Normalement, il y a de fortes possibilités que le
pourcentage soit quelque peu supérieur à celui trouvé dans
notre enquête (Voir Annexe II/ Tableau III).
2.2. LES CAUSES DU PROBLEME
Les causes de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine en
Haïti doivent être analysées à partir de trois
catégories. Il s'agit tout d'abord des causes les plus visibles qui ont
une incidence directe sur les enfants et sur leurs parents. Elles sont, en
outre, constituées par la pauvreté et des
événements qui modifient l'équilibre financier de la
famille110(*). Ensuite,
les causes qui ont rapport aux valeurs et situations qui pourraient
prédisposer les familles à encourager le fait que leurs enfants
travaillent. Et enfin, il s'agit des causes structurelles intervenant au niveau
de l'économie et de la société dans son ensemble et
agissant sur le milieu dans lequel le travail des enfants peut prospérer
ou au contraire être découragé111(*). L'un des aspects que
revêtent ces dernières causes est lié à la mauvaise
qualité du système éducatif, voire l'inexistence d'une
structure éducative permettant aux enfants d'atteindre en toute
quiétude au moins le niveau primaire.
2.2.1. Première catégorie de causes
Bien que l'exploitation économique des enfants ne
concerne pas uniquement les pays en développement, mais sa liaison
à la pauvreté est indéniable et largement reconnue. Dans
une étude menée par P. Fallon et Z. Tzannatos pour le compte de
la Banque Mondiale, il est montré que dans les pays dont le revenu
annuel par habitant est inférieur ou égal à 500 dollars
américains, les enfants de 10 à 14 ans représentent 30
à 60% de la population active, contre seulement 10 à 30% dans les
pays où ce revenu se situe entre 500 et 1000 dollars
américains112(*).
D'un autre côté, l'Agence canadienne de
développement International (ACDI) a fait remarquer que:
« Les pays caractérisés par les taux
d'analphabétisme les plus élevés, les ratios les plus
faibles d'inscription à l'école et de graves carences
alimentaires sont généralement ceux où le nombre d'enfants
qui travaillent est proportionnellement le plus
élevé113(*) ». Toujours dans le même sens,
l'ACDI poursuit que : « Le travail est une question de
survie pour les enfants de familles pauvres. Il est estimé qu'envoyer un
enfant à l'école primaire peut représenter une
dépense qui dépasse le tiers du revenu monétaire des
familles pauvres et que ces familles ont souvent plus d'un enfant en âge
d'aller à l'Ecole114(*) ».
De façon spécifique, les causes de
l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine en Haiti identifiées dans
cette catégorie sont liées aux facteurs suivants :
· un pouvoir d'achat faible ou inexistant ;
· l'accroissement du prix des produits de première
nécessité ;
· la demande de main-d'oeuvre à bon marché
;
· les difficultés de la part des employeurs de
faire appel à une main-d'oeuvre salariée plus ou moins
qualifiée ;
· l'inexistence d'école dans certaines zones,
notamment les zones rurales et les milieux populeux ;
· Un système éducatif inapproprié
à la réalité des enfants issus des familles pauvres.
Tous ceux-là, ce sont des facteurs
attachés à la mauvaise situation économique du pays. En
conséquence, la pauvreté apparaît, incontestablement, comme
la principale cause de l'exploitation du travail des enfants.
2.2.2. Deuxième catégorie de
causes
En côtoyant les enfants qui travaillent en Haiti et
particulièrement dans les villes soumises à nos observations,
nous réalisons qu'un grand nombre d'entre eux sont encouragés
à travailler par leurs parents. Les raisons qui poussent ces
parents à inciter leurs enfants à mener une activité
économique sont diverses certes, mais elles tournent constamment autour
de la pauvreté. Par exemple dans le cadre du programme focal sur le
travail des enfants, l'IPEC a fait remarquer ce qui suit :
« La pauvreté est la cause première du travail des
enfants. Elle contraint nombre d'entre eux à travailler à plein
temps pour assurer leur propre survie et celle de leurs proches115(*) ».
Il est d'ailleurs évident que les enfants issus des
familles plus ou moins aisées ne se trouvent presque pas sur le
marché du travail en Haiti. A quoi bon pour des enfants de travailler
lorsque leurs parent sont en mesure de pourvoir à leurs besoins ?
Par contre, les enfants des familles pauvres sont obligés à le
faire :
Et lorsque la famille est si pauvre que tous ses membres
doivent travailler pour s'assurer un revenu de subsistance, comment
pourrait-elle financer la scolarisation des enfants? [...]. L'enseignement
public gratuit représente en général un très lourd
investissement pour une famille pauvre qui doit prendre à sa charge
livres, fournitures scolaires, uniformes et frais de transport, voire verser de
l'argent aux enseignants116(*).
De plus, le taux de fécondité est aussi une
cause non moins important du travail des enfants. Il est prouvé que ce
sont généralement les familles pauvres qui ont le plus d'enfants;
or on sait que la taille de la famille a une incidence déterminante sur
le travail des enfants. Les statistiques montrent que plus une famille est
nombreuse, plus il y a de probabilités que les enfants travaillent, et
plus le taux de fréquentation et de réussite scolaires baisse.
Des études récentes indiquent qu'une politique consistant
à limiter ou à réduire progressivement la taille moyenne
de la famille est susceptible de réduire le nombre d'enfants qui
travaillent et d'accroître le taux de fréquentation
scolaire117(*).
Spécifiquement, nous déterminons à travers
cette deuxième catégorie des causes de l'exploitation du travail
des enfants, les aspects suivants :
· la désintégration de la famille
élargie
· la déficience des systèmes informels de
protection sociale (solidarité entre les habitants, les voisins,
etc.) ;
· le manque d'instruction du côté des
parents ;
· un taux de fécondité
élevé ;
· les aspirations sociales concernant les enfants, le
travail et l'éducation ;
· la conscience d'être pauvre et le désir
d'accéder à la consommation et à un meilleur niveau de
vie.
2.2.3. Troisième Catégorie de
causes
Nous identifions dans cette catégorie des facteurs qui
sont liés à la structure économique, juridique et sociale
d'Haiti. Il s'agit des causes structurelles de l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine et comme nous l'avons dit au départ, ces causes
ont trait à la défaillance du système éducatif
haïtien qui ne permet pas aux enfants d'atteindre, au moins, en toute
sérénité le niveau d'études primaires jugé
obligatoire par l'article 32-3 de la constitution de 1987. Lorsque l'Etat ne
peut effectivement garantir à tous les enfants le droit à
l'éducation et que les parents n'ont pas les moyens financiers
nécessaires pour supporter les charges scolaires de leurs enfants,
l'exercice d'activités économique s'impose automatiquement aux
enfants. Le Programme international pour l'abolition du travail des enfants
(IPEC) en a fait le constat et écrivit ce qui suit :
Outre que la famille n'a pas les moyens d'envoyer les enfants
à l'école, beaucoup d'entre eux vivent dans des
communautés où il n'y a pas d'écoles, et par
conséquent ils travaillent. Là où il y a des
écoles, le coût de la scolarité est tel pour une famille
pauvre qu'il faut que l'investissement soit rentable. Or c'est rarement le cas,
car l'enseignement offert aux enfants pauvres est souvent exécrable. Il
offre si peu d'espoir de promotion sociale qu'il ne justifie pas de si lourds
sacrifices. Les témoignages abondent de familles qui voudraient que
leurs enfants acquièrent de l'instruction et qui soit n'en ont pas les
moyens, soit jugent que l'école coûte trop cher pour ce qu'elle
est118(*).
Les principales causes structurelles de l'exploitation du travail
des enfants en Haiti concernent particulièrement les aspects
suivants :
· le Revenu National faible et en baisse ;
· les crises de société :
instabilité politique, insécurité, chocs financiers ou
économiques, etc. ;
· l'engagement financier ou politique insuffisant en faveur
de l'éducation, des services de base et de protection sociale ;
· l'absence de bonne gouvernance119(*) ;
· l'exclusion des groupes marginaux ;
· le manque de travail décent pour les
adultes ;
· la non-actualisation du cadre juridique de protection des
enfants
· l'absence d'un mécanisme efficace d'application des
lois.
2.3. LES CONSÉQUENCES DU PROBLEME
Comme nous l'avons déjà signalé, le
travail n'a pas toujours des incidences négatives sur la vie de
l'enfant. Par exemple un travail léger effectué par des enfants
dans le cadre des normes juridiques en vigueur, c'est-à-dire en
respectant l'âge minimum d'admission à l'emploi et autres
prescrits légaux, peut être bénéfique. En Haiti,
dans la plupart des cas, le travail de l'enfant relève de
l'exploitation. Le plus souvent, les employeurs ne tiennent pas compte des
besoins fondamentaux de l'enfant ou plus précisément ses droits
à l'éducation, à la survie, à la protection, aux
loisirs, etc. Nous le répétons, le plus grave problème des
enfants travailleurs haïtiens est le fait qu'ils n'ont pas le plein
accès à l'éducation. Or nous savons tous le rôle
fondamental de l'éducation dans la vie d'un individu, d'une famille ou
de la société en général.
En septembre 2000, lors du Sommet du Millénaire des
Nations-Unies, les dirigeants politiques du monde entier ont convenu d'un
ensemble de huit objectifs mesurables et limités dans le temps pour
combattre les principaux problèmes de l'humanité. L'un de ces
objectifs ayant rapport directement aux enfants est de
« généraliser la scolarisation en primaire en
s'assurant, à l'horizon 2015, que 100% des enfants, filles comprises,
bénéficient d'un cursus complet en primaire120(*) ».
C'est pourquoi pour mesurer les conséquences de
l'exploitation de la main- d'oeuvre enfantine, nous considérons comme
facteur clé, la difficulté d'accès à
l'éducation de la majorité des enfants travailleurs dans notre
pays. Donc cet état de fait est préjudiciable à tout le
pays en raison des conséquences néfastes qu'il exerce sur les
enfants qui travaillent et sur leurs familles.
2.3.1. Conséquences sur les enfants
eux-mêmes
Les premières victimes de l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine sont les enfants eux-mêmes. Il faut mentionner
les graves répercussions de cette exploitation sur la santé et le
développement physique de ces enfants. Ils sont habituellement
exposés à des risques physiques énormes, on a qu'à
prendre l'exemple de nombreux enfants évoluant dans les rues des grandes
villes du pays comme travailleurs d'autobus, transporteurs de colis, marchands
ambulants, etc. Ils sont souvent victimes de graves accidents occasionnant des
handicaps, voire la mort. Mais le plus important, ce sont les
conséquences négatives, plus ou moins à long terme,
causées par le manque ou l'absence de formation intellectuelle chez ces
enfants.
La majorité des enfants travailleurs ne
fréquentent pas l'école et ceux qui ont l'opportunité de
suivre des cours dans un centre scolaire n'ont pas eu vraiment le temps
nécessaire pour pouvoir apprendre convenablement. Le travail est en
grande partie responsable de la difficulté que rencontrent ces enfants
à exercer leur droit à l'éducation et à en tirer
véritablement profit lorsqu'ils y ont accès121(*). L'Organisation
Internationale du travail à travers le programme focal sur le travail
des enfants a fait état des conséquences énormes de
l'épuisement engendré chez les enfants travailleurs par des
horaires trop lourds. Et par ailleurs, elle poursuit que passé un
certain seuil de durée, qui varie en fonction de l'âge et du type
d'activité, l'exercice d'une activité économique nuit
gravement à la capacité d'apprendre des enfants122(*). Or, le fait d'être
privé de la possibilité de recevoir une éducation
élémentaire est particulièrement grave car il est,
à notre époque, plus que jamais important de savoir lire,
écrire et compter ainsi que d'avoir acquis un certain sens de la
réflexion critique pour pouvoir s'intégrer raisonnablement bien
dans la société123(*).
2.3.2. Conséquences sur les familles
La plupart des enfants victimes de l'exploitation par le
travail appartiennent à une famille, même parmi ceux qui exercent
des activités diverses dans les rues, on en trouve qui sont
attachés à des liens familiaux. Normalement, il s'agit de
familles pauvres qui autorisent ou incitent même leurs enfants à
travailler pour la survie, la nourriture, l'habillement, etc. Ces familles, ne
pouvant pas prendre soin de leurs enfants, sont obligées d'encourager
la présence de ces derniers sur le marché du travail et ceci dans
de très mauvaises conditions. En terme de conséquences, il
paraît évident que le travail de ces enfants contribue à
perpétuer la pauvreté des familles. Ces enfants, le plus souvent,
commencent à travailler dès leur plus jeune âge et sans
avoir reçu une éducation scolaire. Ils grandissent dans les rues
et ne reçoivent aucune des formes de protection prévues par la
loi. Face à une telle situation, il est presque certain que ces enfants
deviennent à coup sûr des adultes pris au piège des emplois
non qualifiés et mal payés124(*) .
Et en plus de cela, les familles auxquelles ils appartiennent
demeurent pauvres durant toute leur vie. Il est toujours avancé que
la participation des enfants de façon précoce aux
activités économique et la pauvreté sont indubitablement
liées. Dans un rapport de l'OIT sur le travail des enfants, on a mis en
évidence cette synergie qui existe entre le travail des enfants et la
pauvreté :
La pauvreté et la participation des enfants à
l'activité économique se renforcent mutuellement, la
pauvreté engendrant le travail des enfants et celui-ci perpétuant
celle-là. Il semble raisonnable de penser qu'effectivement, dans la
mesure où il exclut ou limite l'accès à l'éducation
et compromet les possibilités d'ascension sociale, le travail des
enfants perpétue la pauvreté puisque le manque d'instruction se
ressent sur les gains de toute une vie125(*).
Dans un pays comme Haiti où les
familles comptent beaucoup sur l'Ascension sociale de leurs enfants pour
vivre une situation meilleure, il parait réellement difficile pour des
enfants travaillant dans des conditions aussi pénibles de satisfaire
l'attente de leurs familles. Au contraire, plus les enfants sont contraints
à travailler plus les conséquences seront lourdes pour leurs
familles, plus elles seront perpétuées dans la misère et
le dénuement.
2.3.3. Conséquences sur la
société
Le travail des enfants dans des conditions ignobles n'a pas
seulement de graves répercussions sur les enfants et leurs familles,
mais aussi sur la société toute entière. L'exploitation
généralisée des enfants et leur exposition à des
conditions d'emploi préjudiciables à leur dignité, leur
moralité, leur sécurité, leur santé et leur
éducation compromettent gravement la réalisation des objectifs
économiques et sociaux du développement. Il n'est pas un secret
pour personne que le développement socio-économique d'un pays est
étroitement lié à la qualification de ses citoyens. En ce
sens, l'OIT a apporté des éclaircissements assez
intéressants, l'Organisation a fait remarquer que :
Dans un monde soumis à la concurrence, la
prospérité nationale dépend pour beaucoup des
qualifications et donc des investissements dans les ressources humaines,
lesquels sont incompatibles avec l'exploitation du travail des enfants. C'est
pourquoi, soucieux d'assurer leur avenir, les pays font preuve d'une
fermeté beaucoup plus grande à l'égard de ce
phénomène et s'interrogent sur les moyens les plus durables
et les plus efficaces de le combattre et, si possible, d'y mettre fin. En
particulier, les pays pauvres, qui ne peuvent se permettre de disperser leurs
efforts et leurs ressources, veulent savoir quelles sont les interventions les
plus susceptibles d'être suivies d'effets et comment les combiner
pour un impact maximal126(*).
Donc, l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine reste un
problème préoccupant pour la société
haïtienne, et ceci à plusieurs niveaux. D'abord, en raison du
nombre important d'enfants concernés par ce phénomène, ils
sont de plus en plus nombreux dans les rues. Ensuite et surtout, en raison des
conséquences négatives que le travail précoce
entraîne, par suite des mauvaises conditions dans lesquelles il est
souvent pratiqué, à la fois sur le développement personnel
de l'enfant et sur le développement économique et social du
pays. L'exploitation égocentrique des enfants joue un
rôle directement ou indirectement dans la mauvaise situation que
connaît la société haïtienne durant ces derniers
jours. Que l'on veuille ou non, ces enfants abandonnés, qui travaillent
dans les rues et qui ont tendance à augmenter de jour en jour,
constituent un danger pour les paisibles citoyens. A cause de leur
naïveté, des adultes les emploient souvent dans l'exécution
des tâches criminelles visant à perturber la stabilité
sociale. Le problème d'exploitation économique des enfants
devrait être une préoccupation pour tous les citoyens
honnêtes puisque ses conséquences à moyen ou à long
terme pourraient être tout à fait fatales pour le pays.
2.4. LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHARGÉES DE
PROTÉGER LES ENFANTS CONTRE LES ABUS ET L'EXPLOITATION
L'appareil étatique dans son ensemble, a pour
rôle de protéger tous les enfants contre les abus et les
exploitations, quelle que soit leur nature, qu'ils auraient subis. Mais
particulièrement, en termes d'élaboration, de mise en oeuvre et
de suivi de politiques sociales, il y a des institutions dont la
responsabilité première est d'assurer la protection des enfants.
Cette noble tâche incombe principalement au Ministère des Affaires
Sociales et du Travail par le biais de l'Institut du Bien-être Social et
de recherche (IBESR) et la Direction du travail. Sans compter, la Police
Nationale, le Système Judiciaire à travers les tribunaux pour
enfant en étroite collaboration avec l'IBESR, les juges de paix et les
commissaires du gouvernement. Dans l'esprit de l'article 207 de la Constitution
haïtienne de 1987, l'Office de la Protection du Citoyen pourrait aussi
jouer le rôle de protecteur des enfants lorsque ceux-ci sont victimes
d'exactions des autorités publiques.
Donc, le pays dispose d'un certain nombre d'institutions
ayant la vocation de protéger les enfants et de faire respecter leurs
droits. Cependant il se pose un sérieux problème en ce qui a
trait à l'opérationnalisation de ces institutions et à la
connaissance par le grand public des lois y relatives. C'est en ce sens que
L'IPEC dans son étude sur l'exploitation des mineurs en Haiti, a fait
remarquer que :
Les textes relatifs aux structures étatiques de
protection des mineurs ne sont pas suffisamment détaillés ni
suffisamment publiés. C'est comme s'ils n'existaient pas. Principalement
en ce qui concerne le travail des mineurs, tant dans des entreprises
commerciales ou industrielles que dans des familles. L'institut de
bien-être Social et de recherches et le Bureau du travail du
Ministère des affaires sociales, en principe chargés de
protection des mineurs sont incapables d'informer sur la situation
générale des enfants, voir les protéger127(*).
Dans cette section, nous mettons l'accent sur les principales
institutions chargées de protéger les enfants contre
l'exploitation qu'ils auraient subie en tant que travailleurs. Si ces
institutions étaient opérationnelles, elles contribueraient
à coup sûr à réduire ce phénomène dans
le pays en général et dans les villes de Port-au-Prince, des
Gonaïves et du Cap-Haïtien en particulier.
2.4.1. Le Ministère des Affaires Sociales et du
Travail
L'un des aspects fondamentaux de la mission du
Ministère des Affaires Sociales est d'élaborer et de mettre en
oeuvre la politique sociale du gouvernement et d'en assurer sa coordination en
matière de la protection des enfants en général et ceux
qui sont en situation spéciale en particulier128(*). L'aspect
opérationnel de toutes ces démarches est assuré par
l'institut du Bien-être Social et de Recherches. Ce rôle combien
important est confié a l'IBESR par la loi organique du ministère
des Affaires sociales qui est son ministère de tutelle129(*). Cette instance
créée par la loi du 25 février 1958 demeure la principale
instance étatique chargée de protéger les enfants et
surtout ceux qui sont en danger physique ou moral, notamment les enfants
moralement ou physiquement abandonnés, les enfants qui travaillent dans
les rues et les enfants placés en dehors de leurs familles.
Malheureusement, les capacités tant structurelles
que matérielles de l'IBESR sont très défaillantes, en ce
sens l'institution ne peut pas remplir son rôle comme il devrait
être. Dans la réalité, le service de la protection des
Mineurs qui relève de la direction de l'IBESR n'existe que de nom. Des
quatre sections qui dépendent de ce service, seule la section
d'inspection fonctionne de manière sporadique, et avec des ressources et
moyens inappropriés, inadéquats et insuffisants, souligne une
étude menée par Haïti Solidarité
Internationale130(*).
Dans le rapport de suivi d'application de la Convention
relative aux droits de l'enfant, l'Etat haïtien admet que :
La domesticité est une pratique de fait
condamnée par les instances publiques. Autrefois, l'Institut du
Bien-être Social et de Recherches (IBESR) devait accorder l'autorisation
d'engager ou de prendre un/une enfant en domesticité. De nos jours, il
s'y oppose de fait et n'en délivrant aucune. Evidemment, il ne dispose
pas de moyens de contrôle des conditions de vie que connaissent ces
enfants dans ces familles131(*).
Normalement, ce rapport a été
présenté avant l'adoption par le Parlement de la Loi relative
à l'interdiction et à l'élimination de toutes formes
d'abus, de violences, de mauvais traitements ou traitements inhumains contre
les enfants132(*)».
L'article premier de cette Loi abroge le chapitre 9 du Code du Travail
Haïtien sur les enfants en service. Cette Loi sanctionnait la pratique de
la domesticité des enfants dans le pays. Bien que cette disposition
légale interdise explicitement le travail domestique des enfants, mais
elle encourage les familles haïtiennes à poursuivre la tradition de
l'adoption informelle d'enfants désavantagés pour leur offrir
une éducation et des soins de santé aussi adéquats
qu'à leurs propres enfants, comme l'établit les articles 259
à 262 de la Constitution du 29 mars 1987.
La Direction du Travail est l'autre instance dépendant
du Ministère des Affaires sociales chargée de protéger
les enfants au travail. Son rôle principal est de s'assurer que les
mineurs âgés de moins de 18 ans soient reconnus capables d'occuper
un emploi donné, à la suite d'un examen médical
approfondi. Dans le cas contraire, selon l'article 336 du Code du travail
haïtien, des mesures appropriées doivent être prises par
cette institution pour la réorientation ou la réadaptation
physique et la formation professionnelle des adolescents chez lesquels l'examen
médical aura révélé des inaptitudes, des anomalies
ou des déficiences. L'article 337 de ce Code donne également
à la Direction du travail la prérogative de délivrer sans
frais le certificat ou le permis d'emploi pour l'admission des mineurs de 15
à 18 ans dans les établissements agricoles, industriels ou
commerciaux.
2.4.2. La Police Nationale
Selon l'article 269 de la constitution, le fonctionnement de
la police relève du Ministère de la Justice. Elle est
créée pour la garantie de l'ordre public et la protection de la
vie et des biens des citoyens. Il s'agit là d'un des aspects du devoir
de garantie de l'Etat établi par cette Constitution: «
l'Etat a l'obligation impérieuse de garantir le droit à la
vie, à la santé et au respect de la personne humaine, pour tous
les citoyens sans distinction, conformément à la
Déclaration universelle des droits de l'homme (Article
19) ». D'un autre côté, la loi du 29 novembre 1994
portant sur la création de la PNH, en son article 7 déclare que:
« Les policiers ont pour mission d'assurer la protection et le
respect des libertés des personnes, des vies et des biens, de garantir
la sûreté des institutions de l'Etat et de maintenir l'ordre, la
paix, la sécurité, la tranquillité et la salubrité
publique ». Donc d'une façon ou d'une autre, la police
détient l'autorité d'intervenir en vue de la protection des
enfants.
En tant qu'auxiliaire de la Justice, la Police a pour
rôle aussi de rechercher les contraventions, les délits et les
crimes commis en vue de la découverte et de l'arrestation de leurs
auteurs (Article 273 de la Const. de 87). En ce sens, les auteurs des abus et
des exactions commis contre les enfants travailleurs, partout où
l'action se passe, devraient être poursuivis par la Police dans le souci
de protéger ces enfants.
2.4.3. Les Autorités Judiciaires
Les autorités judiciaires en général, le
Commissaire du Gouvernement, les Juges d'Instruction et le juge de paix en
particulier, peuvent intervenir pour protéger les enfants contre les
abus et les violations de leurs droits. De plus, il y a des agents de la Police
Nationale d'Haiti qui bénéficient d'une formation
spécifique en vue d'exercer certaines fonctions appartenant aux
officiers de Police Judiciaire, à conditions qu'ils soient
contrôlés par les autorités judiciaires et en premier lieu
par le Commissaire du Gouvernement. A noter que la loi du 23 mars 1928
déclare le Commissaire du Gouvernement protecteur naturel des enfants et
lui fait obligation formelle d'intervenir toutes les fois qu'il y a un mineur
en cause, même lorsqu'il n'a pas été touché par une
plainte133(*).
2.4.4. L'Office de la Protection du Citoyen
L'office de la protection du Citoyen est créé
par la constitution de 1987 en vue de protéger tout individu, adulte ou
enfant, contre toutes formes d'abus de l'Administration publique. Son
intervention en faveur des plaignants se fait sans frais aucun, quelle que soit
la juridiction (Article 207 de la Constitution). D'ailleurs, nous avons
trouvé des cas où des enfants travaillant dans les rues se
plaignent de violences exercées contre eux par des agents de Police. En
ce sens, il est de la responsabilité de l'Office de Protection du
Citoyen de recevoir les plaintes des enfants contre les exactions de la Police
Nationale ou de tout autre membre de l'Administration Publique.
Ainsi, après avoir fini d'élaborer sur la
profondeur du problème d'exploitation de la main-d`oeuvre enfantine dans
nos principales villes, également, ses causes, ses conséquences
et les différentes institutions publiques chargées en premier
lieu de le combattre ce phénomène, nous allons aborder dans le
chapitre suivant le cadre juridique en vigueur relatif au travail des enfants
en Haiti.
CHAPITRE III
EVOLUTION ET CADRE JURIDIQUE
DU DROIT DES ENFANTS AU TRAVAIL EN HAITI
Dans ce chapitre consacré au cadre juridique du Droit
des enfants au travail en Haiti, nous abordons dans un premier temps,
très brièvement, les principaux organismes et certaines
étapes juridiques importantes qui ont marqué la lutte pour la
protection des enfants travailleurs. Ensuite, il convient également de
faire un tour d'horizon des législations internationale et nationale
relatives aux enfants travailleurs, avant de se pencher sur des faiblesses de
la législation haïtienne en matière de travail des enfants.
L'analyse concerne en premier lieu Haiti, mais il s'avère
nécessaire de ne pas négliger des faits internationaux qui ont
directement ou indirectement influé sur la réalité
haïtienne. En outre, nous ne pouvons passer sous silence, le rôle
prépondérant qu'a joué l'Organisation Internationale du
Travail en matière de lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine dans le monde.
Les sacrifices consentis par les travailleurs au début
du XXe siècle et les craintes suscitées par la révolution
russe de 1917 ont renforcé l'influence des organisations
ouvrières. C'est donc sous leur pression que les gouvernements
participant à la Conférence de la paix en janvier 1919,
décidèrent d'inclure dans le traité de Versailles la
partie XIII consacrée à la création de l'OIT. Cette partie
XIII définit les objectifs, la structure et les moyens d'action de
l'OIT. Instituée en 1919 par le traité de Versailles134(*), l'Organisation
internationale du travail (OIT) a donc pour objectif essentiel de promouvoir la
justice sociale, et par-là même, de contribuer à la paix
mondiale. Au cours de cette même année, l'organisation a
adopté la Convention sur l'âge d'admission à
l'emploi135(*). Tout au
long du développement de ce chapitre, nous allons mettre l'accent sur
les multiples efforts, tant sur le plan juridique que social, consentis par
l'OIT contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine au niveau des pays
membres, dont Haiti.
3.1 . EVOLUTION DES INSTRUMENTS
JURIDIQUES
RELATIFS AU TRAVAIL DES ENFANTS
En matière d'adoption de normes relatives au travail
des enfants, l'Organisation International du Travail (OIT) est l'instance
principale, celle qui détient la plus grande autorité dans ce
domaine. C'est pourquoi, dans cette section qui consiste à faire
succinctement la genèse des instruments juridiques relatifs au travail
des enfants, nous mettons un accent particulier sur les actions de cette
organisation.
Il faut distinguer trois étapes dans l'action
menée par l'OIT pour combattre l'exploitation du travail des
enfants136(*). Dans une
première étape, allant de 1919 à 1973, il a
été question d'action normative et qui fut de première
importance. L'OIT s'est efforcée d'influer sur les
réglementations et les pratiques relatives au travail des enfants dans
les Etats membres essentiellement en adoptant des conventions et
recommandations internationales, concernant en particulier l'âge minimum
d'admission à l'emploi137(*). Depuis 1979, et surtout depuis 1983, quand le
Directeur Général a fait du travail des enfants le thème
de son rapport à la conférence internationale du travail, l'OIT a
mis davantage l'accent sur les campagnes de sensibilisation de l'opinion
publique et la diffusion d'informations sur les formes de travail des enfants
qui doivent être abolies138(*). Et enfin la troisième étape,
amorcée au début des années 90, privilégie
très nettement l'assistance technique directe aux gouvernements,
grâce à la création du Programme International pour
l'Abolition du Travail des enfants communément appelé l'IPEC qui
repose sur le renforcement de la capacité des pays de s'attaquer
à ce problème et sur la création d'un mouvement mondial
pour le combattre139(*).
Devant l'ampleur de sa mission, l'IPEC se concentre, dans un
premier temps, sur l'éradication des formes les plus abusives et
intolérables de travail des enfants. Toutefois, certaines actions
à entreprendre pour combattre les causes profondes de ce
phénomène étant du ressort d'autres organisations, OIT a
agi en concertation avec celles-ci. Il s'agit pour la plupart d'organismes
déconcentrés de l'ONU et d'autres types tels : l'UNICEF,
l `UNESCO, la Banque Mondiale, l'Organisation Mondiale du Commerce, etc.
L'UNICEF et l `UNESCO surtout ont contribué à créer
l'élan mondial en faveur des enfants qui mobilise aujourd'hui fortement
l'opinion internationale sur le problème du travail des
enfants140(*).
3.1.1. Evolution des mesures prises au niveau
international
En ce qui a trait aux actions normatives en matière de
travail des enfants, l'OIT principalement a adopté plusieurs
conventions dont la première en 1919, l'année même de sa
création. En plus des conventions, il y avait d'autres décisions
juridiques de très grande importance qui ont été prises
dans le but de réglementer la participation des enfants au travail. Les
différents textes qui suivent marquent les étapes de la
protection des enfants travailleurs sur le plan international :
· 1919 : la Convention No. 5 sur l'âge
minimum d'admission des enfants aux travaux industriels adoptée par la
Conférence Internationale du travail à sa première
session. Elle a fixé l'âge minimum d'admission des enfants aux
travaux industriels à 14 ans. De nombreux autres textes de l'OIT,
s'appliquant à d'autres secteurs de l'économie, ont suivi,
notamment neuf conventions sectorielles sur l'âge minimum d'admission
à l'emploi dans les branches ou professions
suivantes : l'industrie, l'agriculture, les soutiers et
chauffeurs, le travail maritime, les travaux non industriels, la pêche et
les travaux souterrains ;
· 1930 : Convention No. 29 de l'OIT sur le travail
forcé. Le rôle essentiel de cette convention était de
protéger la personne humaine en général, les enfants comme
les adultes, contre le travail forcé ou obligatoire, c'est-à-dire
tout travail ou service imposé par la menace à des personnes qui
ne se sont pas portées volontaires. Elle vise à supprimer le
recours au travail forcé ou obligatoire, c'est-à-dire au
« travail ou service exigé d'un individu sous la menace
d'une peine quelconque et pour lequel le dit individu ne s'est pas offert de
plein gré ». Etant applicable à toute personne,
quel que soit son âge, elle protège les enfants contre le travail
forcé ou obligatoire et est appliquée à certaines formes
les plus inacceptables de travail des enfants, telles que la servitude et
l'exploitation de ces derniers notamment à des fins de prostitution ou
de pornographie. Cette convention est l'un des instruments fondamentaux de
l'OIT et fut l'un des plus largement ratifiés : 149 Etats pour la
convention n°29 et 130 Etats ont ratifié la convention n°105
sur l'abolition du travail forcé en 1957 qui complète la
convention n°29 ;
· 1966 : Pacte international relatif aux droits
civils et politiques adopté par l'Assemblée
Générale des Nations Unies et entré en vigueur en
1976. Ce pacte affirme les principes des Droits de la
Déclaration Universelle des Droits l'Homme de 1948 concernant les Droits
civils et politiques et obligent les Etats parties à prendre des
mesures pour la mise en oeuvre de ces droits. Selon ce pacte, personne, y
compris les enfants, ne doit être tenue en esclavage ou servitude, ni
astreint à un travail forcé ou obligatoire (Art. 8) ;
· 1966 : Pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels adopté par l'Assemblée
Générale des Nations Unies et entrée en vigueur en 1976.
Ce pacte affirme les principes des Droits de la Déclaration Universelle
des Droits de l'Homme de 1948 concernant les Droits économiques, sociaux
et culturels. Dans son article 10, il est fait obligation aux Etats parties de
protéger les jeunes contre l'exploitation économique et contre
toute forme de travail susceptible de nuire à leur santé,
à leur vie, à leur développement normal ou à leur
moralité. Il oblige également les Etats parties à fixer
des limites d'âge au-dessous desquelles l'emploi
rémunéré de main-d'oeuvre enfantin sera interdit et
sanctionné par la loi ;
· 1973 : la Convention No. 138 de l'OIT sur
l'âge minimum d'admission à l'emploi. Elle se substitue à
tous les instruments antérieurs de l'OIT sur le travail des enfants
applicables à des secteurs économiques limités. Elle
prescrit aux Etats membres de poursuivre une politique nationale visant
à assurer l'abolition de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
Elle prévoit qu'aucun enfant ne peut être employé dans un
secteur économique, tant qu'il n'aura pas dépassé
l'âge de la scolarité obligatoire, et dans tous les cas jamais
avant 15 ans. l'âge minimum d'admission à tout type d'emploi ou de
travail susceptible de compromettre la santé, la sécurité
ou la moralité des adolescents ne peut être inférieur
à 18 ans. Il y a aussi la Recommandation No. 146 accompagnant la
Convention qui fixe l'âge minimum d'admission à l`emploi à
16 ans, mais celle-ci n'as pas force obligatoire ;
· 1989 et 1999 : marquent les années des plus
récentes adoptions d'instruments internationaux de protection d'enfants
au travail. Il y a la Convention Internationale des droits de l'enfant
adopté en novembre 1989 par l'assemblée générale
des Nations Unies et la convention n° 182 sur les pires formes de travail
des enfants adopté en 1999 par la Conférence International du
Travail.
3.1.2. Evolution des mesures prises au niveau
national
Au niveau National, il faut faire remarquer que la
République d'Haiti a ratifié un certain nombre de ces instruments
internationaux considérés ci-dessus et d'autres qui sont tout
aussi important pour le renforcement de la législation haïtienne,
ne l'ont pas été. Le pacte international relatif aux droits
économiques, sociaux et culturels, la Convention No. 138 sur l'âge
minimum d'admission à l'emploi et plus récemment la Convention
No.182 sur les pires formes de travail des enfants sont parmi les plus
importants instruments internationaux qui attendent d'être
ratifiés par le Parlement Haïtien.
En Haiti, le travail des enfants ne fait pas l'objet d'une
législation spécifique, c'est-à-dire, il n'existe pas un
« Code du Travail » spécifiquement pour les enfants.
Il existe pourtant des mesures de protection générale, applicable
à tous les enfants, sans qu'il y ait de mention particulière
à une catégorie donnée. Toutefois, nous essayons de
partager dans cette section certaines mesures légales d'ordre
général de protection d'enfants travailleurs prises dans la
législation haïtienne. Nous ne considérons que les
étapes les plus remarquables :
· 1826 : le code Rural de 1826 imposa aux
propriétaires et fermiers l'obligation de faire soigner les enfants en
bas-âge qui travaillaient sur leurs propriétés ; ceux
de 9 à 11 ans devraient être occupés selon leur âge
ou leur force, et ceux de 12 ans à 16 ans révolus selon leur
capacités141(*) ;
· 1946-1947 : l'année 46 peut être
considérée comme l'année du début de la
législation sociale en Haiti. C'est la révolution de 1946 qui a
posé pour la première fois sur le plan politique le
problème de la protection des travailleurs, nous dit Me. François
LATORTUE142(*). Le 30
novembre de cette année a été crée le bureau du
travail et à partir de là, la législation du travail
à peine amorcée, allait voir le jour. Peu de temps après,
soit en 1947, au moins une dizaine de lois allaient être
promulguées dont: la Loi du 28 juillet 1947 sur l'emploi des mineurs et
la Loi du 12 septembre 1947 sur les enfants en service ;
· 1960 : le décret du 8 décembre
1960143(*) faisant
obligation aux parents ou personne responsable d'un mineur de l'envoyer
à l'école et sanctionnant ces derniers d'emprisonnement quand
l'enfant est trouvé dans la rue. Cette loi ne s'applique pas directement
au travail des enfants, mais entretient un certain rapport dans la mesure
où le plus souvent les enfants de moins de 10 ans qui mènent une
activité économique fréquentent rarement un
établissement scolaire ;
· 1961 : Décret du 12 septembre 1961 mettant
à jour le Code du Travail, c'est donc la première codification
des « Lois sur le Travail en Haiti »144(*). Ce Code a été
révisé et mis à jour par le décret du 24
février 1984. Deux chapitres y sont consacrés aux
enfants ;
· 1987 : l'article 35-6 de la constitution de 1987
fait référence à des lois spéciales devant
réglementer le travail des enfants et l'article 261 assure la protection
à tous les enfants et leur accorde le droit à l'amour, à
l'affection, à la compréhension et aux soins moraux et
matériels de leurs père et mère ;
· 2003 : Loi relative à l'interdiction et
à l'élimination de toutes formes d'abus, de violences, de mauvais
traitements ou traitements inhumains contre les enfants145(*). Cette Loi abroge le
chapitre 9 du Code du Travail Haïtien, qui sanctionnait le travail
domestique des enfants (appelés couramment restavèk). Le
Parlement a également passé une Loi interdisant le trafic
d'enfants sous toutes ses formes à des fins de travail domestique,
d'exploitation sexuelle, de prostitution, de pornographie, d'activités
criminelles, à des fins scientifiques ou d'utilisation d'organes, ou
encore pour des conflits armés146(*).
3.2. LES INSTRUMENTS INTERNATIONNAUX
SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS EN VIGUEUR EN
HAITI
Dans cette section, nous abordons les instruments
internationaux dûment signés et ratifiés par les
autorités haïtiennes. En effet, selon l'article 276-2 de la
Constitution de 29 mars 1987, les traités, accords ou conventions
sanctionnés et ratifiées dans les formes prévues par la
constitution, font partie de la législation d'Haiti et abrogent tous les
lois qui leur sont contraires. Dès lors, le pays est juridiquement
engagé par ces normes internationales et, de droit, ils
intègrent sans réserve le système de lois interne. En
termes de législation internationale touchant en tout ou en partie le
problème du travail des enfants, nous retenons la convention
Internationale des Droits de l'enfant, les quatre conventions internationales
de l'OIT ratifiés par Haiti et d'autres textes traitant indirectement le
travail des enfants.
3.2.1. La Convention Internationale des Droits de
l'Enfant
La Convention Internationale des Droits de l'enfant, comme
nous l'avons déjà souligné fait partie d'emblée de
la législation haïtienne147(*). Cette Convention est l'instrument juridique le plus
complet en matière de protection des enfants. Elle définit des
droits interdépendants et individuels de tous les enfants, sur les plans
civil, économique, social et culturel. Il s'agit des droits essentiels
à la survie, au développement, à la protection de tous les
enfants sans distinction. Pour ce qui a trait au travail de l'enfant,
l'UNICEF, dans son rapport sur la situation des enfants de 1997, souligne ce
qui suit : « Faisant le lien entre droits, survie et
développement des enfants, quasiment tous les articles de la convention
tournent autour du travail des enfants, qu'il s'agisse de la santé, de
l'éducation, de la nutrition, du repos de la sécurité ou
des responsabilités des parents148(*)».
Mais, directement l'article 32 de cette Convention condamne
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine ou plus généralement
son exploitation économique. Tout travail comportant des risques ou
susceptible de compromettre l'éducation, de nuire à la
santé ou au développement physique, mental, spirituel, moral ou
social des enfants, est condamnable. Donc, Haiti en tant qu'Etat partie est
contraint par cet instrument juridique de prendre des mesures
législatives, administratives, sociales et éducatives pour
l'application de cet article. A cette fin, et compte tenu des dispositions
pertinentes des autres instruments internationaux ratifiés
également par Haiti, l'Etat doit prendre des mesures
appropriées pour assurer l'application effective de tous ces instruments
juridiques.
Le Bureau International du Travail communique
régulièrement des informations sur l'application des dispositions
pertinentes de cet instrument au Groupe de travail de présentation du
Comité des Droits de l'Enfant, qui examine les rapports des Etats
parties relatifs à l'application de la Convention des Droits de
l'enfant. De plus, certains articles de la convention concernent d'autres
formes extrêmes de travail des enfants que nous ne traitons pas dans
cette étude, par exemple, l'exploitation et la violence sexuelles,
l'enlèvement, la vente et la traite d'enfants à quelque fin que
ce soit et toutes autres formes d'exploitation préjudiciables à
tout aspect de leur bien-être. L'article 39 de la convention invite les
Etats parties à prendre toutes les mesures possibles et
appropriées pour faciliter la réadaptation physique,
psychologique et sociale de tout enfant victime de toute forme de
négligence, d'exploitation ou de sévices.
3.2.2. Les Conventions de l`OIT
Haiti a déjà ratifié
quatre conventions de l'OIT sur le travail des enfants, bien que ces
Conventions ne soient plus ouvertes à la ratification,
c'est-à-dire ils sont modifiés ou remplacés par d'autres
conventions plus récentes, mais dans le cas d'Haïti elles sont
toujours en vigueur. Il est fait mention que les présentes Conventions
demeureraient en tout cas en vigueur dans sa forme et teneur pour les membres
qui les auraient ratifiés et qui ne ratifieraient pas la convention
portant révision149(*). Les quatre conventions concernées ont
été toutes remplacées par la Convention No. 138 sur
l'âge Minimum d'admission à l'emploi qui n'est pas encore
ratifiée par le Parlement Haïtien. Il s'agit respectivement de :
· La Convention fixant l'âge minimum
d'admission des enfants aux travaux industriels. : Cette Convention a
été adoptée en 1919 par la Conférence
Internationale du travail, elle a été révisée en
1937 et ratifié par Haiti en 1956150(*). Cette Convention interdit les enfants de moins de
15 ans d'être employés ou de travailler dans les
établissements industriels, publics ou privés, ou dans leurs
dépendances ;
· La Convention concernant le travail de nuit des enfants
dans l'industrie : elle a été révisée en 1948
par la Convention n°. 90 et ratifié par Haiti en 1956151(*). Selon cette Convention, les
enfants de moins de 18 ans ne devront pas être employés ou
travaillés la nuit dans les entreprises industrielles, publiques ou
privées, ou dans leurs dépendances, sauf dans des cas
spéciaux (Sic)152(*). Pour les enfants de moins de seize ans, cette
période comprendra l'intervalle écoulé entre 10 heures du
soir et 6 heures du matin. Pour les enfants de 16 ans révolus, mais de
moins de dix-huit ans, cette période comprendra un intervalle
déterminé par l'autorité compétente d'au moins sept
heures consécutives s'insérant entre 10 heures du soir et 7
heures du matin ;
· La Convention concernant l'examen médical
d'aptitude à l'emploi des enfants et des adolescents pour des Travaux
non-industriels : adoptée le 9 octobre 1946 par la
conférence Internationale du travail et ratifié par Haiti en
1956153(*). Elle exige
pour les enfants et les adolescents de moins de dix-huit un examen
médical d'aptitude à l'emploi effectué par un
médecin qualifié agréé par l'autorité
compétente et devra être constaté soit par un certificat
médical, soit par une annotation portée au permis d'emploi ou au
livret de travail. Pour des travaux qui présentent des risques
élevés pour la santé, l'examen médical d'aptitude
à l'emploi et ses renouvellements périodiques doivent être
exigés jusqu'à l'âge de vingt et un ans au moins. Ces
examens, de plus, ne doivent entraîner aucun frais pour l'enfant ou
l'adolescent ou pour ses parents. Exception de faire ces examens, est faite
pour l'emploi dans les entreprises familiales où sont occupés
seulement les parents et leurs enfants ou pupilles, pour l'exécution de
travaux qui sont reconnus n'être pas dangereux pour la santé des
enfants adolescents. Cette convention exige également que des mesures
appropriées soient prises par l'autorité compétente pour
la réorientation ou la réadaptation physique et professionnelle
des enfants et des adolescents chez lesquels l'examen médical aura
révélé des inaptitudes, des anomalies ou des
déficiences154(*) ;
· La Convention concernant l'examen médical
d'aptitude à l'emploi dans l'industrie des enfants et des adolescents.
Elle a été adoptée le 9 octobre 1946 par la
conférence Internationale du travail et ratifiée par Haiti en
1956155(*). Cette
convention fait les mêmes exigences que celle concernant l'examen
médical d'aptitude à l'emploi des enfants et des adolescents pour
des Travaux non- industriels. La seule différence, c'est que
celle-ci ne fait pas d'exception par rapport à celle faite à
l'article 1-1 concernant l'emploi dans les entreprises familiales qui n'a pas
besoin de cet examen médical d'aptitude à l'emploi.
3.2.3. Autres instruments internationaux
Il y a d'autres textes qui, en fonction de leur dimension,
concernent les droits de tous les êtres humains ; qu'il s'agisse
d'enfant ou d'adulte. De ce fait, ces instruments juridiques peuvent être
évoqués comme des dispositifs de protection des enfants
travailleurs. D'autres en plus, ils sont tous, heureusement, signés et
ratifiés par les autorités haïtiennes. Ce sont : la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, le Pacte Relatif
aux Droits Civils et Politiques et la convention Américaine Relative aux
Droits de l'Homme. Nous ne considérons à travers ces textes que
les articles qui proscrivent la pratique de toutes les formes d'esclavage, de
servitude et de travaux forcés :
· La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
de 1948156(*) stipule
dans son article 4 que « nul ne sera tenu en esclavage ni en
servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous
toutes leurs formes » ;
· le Pacte Relatif aux Droits Civils et
Politiques157(*) reprend
aussi au terme de son article 8 que « personne ne doit
être tenu en esclavage ou en servitude, ni astreint au travail
forcé » ;
· La Convention Américaine relative aux droits de
l'Homme du 18 Août 1979 dans son article 19 déclare que
« tout enfant a droit aux mesures de protection qu'exige sa
condition de mineur, de la part de sa famille, de la société et
de l'Etat158(*) ».
Dans une certaine mesure, nous pouvons même
considérer la déclaration de l'OIT relative aux principes et
droits fondamentaux159(*) au travail qui concerne tous les membres de l'OIT.
L'article 2 de cette Déclaration précise
que : « l'ensemble des Membres, même lorsqu'ils
n'ont pas ratifié les conventions en question, ont l'obligation, du seul
fait de leur appartenance à l'Organisation, de respecter, promouvoir et
réaliser, de bonne foi et conformément à la Constitution,
les principes concernant les droits fondamentaux qui sont l'objet desdites
conventions ». L'une des exigences fondamentales de cette
Déclaration est l'abolition effective des pires formes de travail des
enfants. Elle n'a pas force de loi certes, mais elle suscite des obligations
morales en faveur des travailleurs, enfants ou adultes.
3.3. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES NATIONAUX
SUR LE TRAVAIL DES ENFANTS
Cette section concerne les principaux instruments juridiques
adoptés au niveau national touchant le travail des enfants. C'est bien
malheureux que depuis environ une dizaine d'années, les efforts pour
doter la législation haïtienne d'un « Code de
l'enfant » n'ont jamais abouti. Comme conséquence, des
lois spéciales régissant le Droit de l'enfant dans tous ses
aspects sont peu nombreuses. A part le Code du Travail qui consacre quelques
articles au travail des mineurs, il n'en existe presque pas. La Constitution de
1987 n'en parle qu'indirectement et de façon vague. Dans les
paragraphes subséquents, nous analysons le contenu de ces deux textes
par rapport au travail des enfants en Haiti.
3.3.1. La Constitution Haïtienne de 1987160(*)
L'article 35 de la charte fondamentale de la République
d'Haiti est le seul qui aborde la question du travail. Cet article traite de la
liberté du travail de façon générale. Il garantit
la liberté de travail à tout individu. Chaque citoyen est du
même coup obligé de se consacrer à un travail de son choix
en vue de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, de
coopérer avec l'Etat à l'établissement d'un système
de sécurité sociale. Disons mieux la constitution accorde
à tout citoyen travaillant dans une institution privée ou
publique le droit à un juste salaire, au repos, au congé annuel
payé et au boni. Et de plus l'Etat garantit aux travailleurs
l'égalité des conditions de travail et de salaire quels que
soient son sexe, ses croyances, ses opinions et son statut matrimonial.
Mais pour le travail des enfants typiquement, cette
constitution ne traite la question que superficiellement au niveau de
l'alinéa 6 de l'article 35 : « la loi fixe la limite
d'âge pour le travail salarié. Des lois spéciales
réglementant le travail des enfants mineurs et des gens de maison
[Sic] ». Certainement, elle se réfère aux chapitre VIII
du Code du Travail qui réglementent la situation des mineurs au travail.
3.3.2. Le Code du Travail
L'élaboration du premier Code du Travail en Haiti
remonte à l'année 1961. Son objet a été de
reprendre les principes généraux admis en la matière en
vue d'harmoniser les rapports du travail et du Capital, d'assurer le
bien-être du travailleur en favorisant le relèvement de son niveau
de vie sur le plan physique, moral, matériel et spirituel161(*). L'actuel Code du Travail a
été révisé et mis à jour par le
décret du 24 février 1984162(*). Il est le principal document de base de la
législation haïtienne en matière de travail des enfants. Un
chapitre y est consacré strictement aux enfants ; il s`agit du
chapitre VIII sur le travail des mineurs. Il faut faire remarquer que les
dispositions de ce chapitre sont loin d'être suffisantes pour
résoudre un problème de si grande ampleur. Toutefois, si elles
étaient appliquées à la lettre, le phénomène
d'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine dans nos centres urbains ne serait
pas aussi alarmant.
Le travail des mineurs est traité à travers les
articles 332 à 340 du code du travail :
· d'abord l'article 332 rassure que les mineurs auront
les mêmes droits et les mêmes obligations que les majeurs sous
l'empire de la législation du travail ;
· contrairement à ce qui se passe à travers
les rues de Port-au-Prince, des Gonaïves et du Cap-Haïtien, voire
dans toutes les grandes villes du pays, l'article 333 stipule que les mineurs
ne pourront être occupés à des travaux insalubres,
pénibles ou dangereux du point de vue physique ou moral, ni prêter
leurs services dans des lieux où se débitent les boissons
alcooliques ;
· L'article 334 empêche le travail de nuit des
mineurs de moins de dix-huit ans dans des entreprises industrielles, publiques
ou privées ou dans leurs dépendances ;
· sans aucune forme d'exception, l'article 335
déclare formellement que les mineurs âgés de moins de 15
ans ne pourront travailler dans les entreprises industrielles, agricoles ou
commerciales. Cet article entretient un rapport direct avec l'article 10 du
Code du travail qui sous-entend que les mineurs autorisés à
travailler par la Loi dans les entreprises industrielles, agricoles et
commerciales font l'objet d'une protection spéciale. De plus, cet
article 10 du Code du Travail ajoute que : « Chaque enfant a
droit à une instruction professionnelle appropriée en plus de
l'enseignement primaire obligatoire »;
· pour les mineurs âgés de moins de 18 ans,
mais de plus de 14 ans, ils ne pourront travailler dans une entreprise que
s'ils ont été reconnus aptes à l'emploi auquel ils seront
occupés à la suite d'un examen médical approfondi. En
outre, des mesures appropriées doivent être prises par la
direction du travail pour la réorientation ou la réadaptation
physique et la formation professionnelle des adolescents chez lesquels l'examen
médical aura révélé des inaptitudes, des anomalies
ou des déficiences. Nous venons de citer l'article 336 ;
· l'article 337 déclare que le mineur de 15
à 18 ans devra obtenir préalablement à son entrée
en service dans un établissement agricole, industriel ou commercial, un
certificat ou permis d'emploi délivré sans frais par la Direction
du Travail ;
· l'article 338 exige que le permis d'emploi au mineur
soit délivré en triple exemplaire dont un doit être remis
à chacune des parties et l'autre gardé à la Direction du
Travail. La copie de l'employeur doit rester en sa possession pendant tout le
temps que le mineur est à son service et sera retournée par ses
soins à la Direction du Travail en cas de cessation de service de
l'enfant et quand celui-ci aura atteint l'âge de 18 ans. En effet de
telle pratique n'existe que sur papier ; dans la réalité
aucun travailleur ne dispose de ce permis ;
· l'article 339 fait obligation aux employeurs qui ont
des mineurs de 15 à 18 ans à leur service de tenir un registre
comportant certaines informations sur les mineurs, leurs parents ou personnes
responsables, l'entreprise, etc. Là encore, ce sont des dispositions
purement théoriques qui n'ont rien à voir avec la
réalité. Elles ne pourraient être appliquées que
dans le secteur formel, mais malheureusement la grande majorité des
enfants travaillent dans les secteurs dépourvus de structures. Ces
informations obligatoires sont les suivantes :
1. âge du travailleur ;
2. nom et prénom, domicile et résidence du
travailleur ;
3. nom et prénom des père et mère du
travailleur ou, le cas échéant de ses représentants
légaux ;
4. nom de l'entreprise et de l'employeur, domicile et
résidence de ce dernier ;
5. autorisation écrite des père et mère
ou des représentants légaux du travailleur ;
6. occupation des père et mère ;
7. horaire de travail ;
8. forme et montant de la rétribution ou du
salaire ;
9. date du début de l'emploi ;
10. numéro et date du certificat ou permis d'emploi
délivré au mineur par la Direction du Travail.
· Enfin l'article 340 prévoit une amende, de
3.000.00 à 5.000.00 gourdes pour chaque infraction, contre tout patron
ou chef d'entreprise qui aurait engagé dans son entreprise un mineur non
muni de son certificat ou permis d'emploi.
Soulignons également deux autres articles importants du
code du Travail ; il s'agit des articles 20 et 233. Le premier permet aux
mineurs autorisés par la Direction du Travail de conclure des contrats
de travail. Le second permet aux mineurs de moins de dix-huit ans de
s'adhérer aux syndicats, moyennant l'autorisation de leurs parents ou
des personnes responsables. Même s'ils sont admis à faire partie
des membres des syndicats, mais en aucun cas ils ne pourront participer
à l'administration ou à la Direction de ces associations. Pour la
majorité des enfants qui travaillent dans les rues, c'est sûr
qu'ils ne pourraient jamais participer dans les syndicats, car ils n'ont ni
parents, ni personnes responsables. On ne pourrait même pas parler de
l'IBESR qui est censé la principale instance responsable de ces enfants,
celui-ci n'a pas les moyens de sa politique et est quasiment
non-fonctionnel.
Les observateurs et militants des droits de l'enfant avaient
toujours considère comme une aberration grave le fait que la
domesticité soit reconnue dans la législation haïtienne. Ils
luttaient beaucoup pour que les articles traitant de la domesticité
soient abrogés dans le Code du Travail. Effectivement, à force de
lutter, ils avaient eu enfin gain de cause. En mai 2003, le Parlement a
passé une Loi abrogeant le chapitre 9 du Code du Travail d'Haiti, qui
sanctionnait le travail domestique des enfants (appelés couramment
restavèk). Bien que cette Loi interdise explicitement le travail
domestique des enfants, mais elle encourage les familles haïtiennes
à poursuivre la tradition de l'adoption informelle d'enfants
désavantagés pour leur offrir une éducation et des soins
de santé similaires à ceux offerts à leurs propres
enfants, comme l'établit le Titre X de la Constitution du 29 mars 1987.
Le Parlement a également passé une Loi interdisant le trafic
d'enfants sous toutes ses formes à des fins de travail domestique,
d'exploitation sexuelle, de prostitution, de pornographie, d'activités
criminelles, à des fins scientifiques ou d'utilisation d'organes, ou
encore pour des conflits armés163(*). Mais jusqu'à maintenant, ces Lois sont
méconnues de certains professionnels du droit et défenseurs des
Droits de l'enfant, faute d'un mécanisme efficace de vulgarisation des
mesures législatives adoptées dans le pays. Le Moniteur, journal
officiel de la République, ou ces dispositions sont publiées,
n'est opérationnel qu'au niveau de Port-au-Prince.
3.4. LES FAIBLESSES DU CADRE JURIDIQUE NATIONAL
RELATIF AU TRAVAIL DES ENFANTS
Les plus grandes faiblesses du cadre juridique haïtien
résident au niveau de l'inadaptation des anciennes lois à la
réalité contemporaine. Il s'agit également de la
réticence des pouvoirs exécutif et parlementaire à adopter
les dispositions spéciales commandées par la Constitution en
vigueur. Par exemple, la majorité des lois spéciales
imposées par la Constitution du 29 mars 1987 ne sont jamais
adoptées. Nous venons de le souligner précédemment, la
Charte Fondamentale de la République ne donne qu'une idée
générale du travail des enfants, elle renvoie à des Lois
spéciales pour les détails nécessaires, pourtant
près de vingt ans après l'élaboration de cette
Constitution, la majorité de ces lois spéciales se font toujours
attendre. Ce sont en fait, pour la plupart, des Lois désuètes,
des Lois dépassées par la réalité contemporaine qui
décident du sort des enfants travailleurs.
Dans cette section, nous allons analyser les
défaillances de la législation haïtienne en matière
de travail des enfants. Cette analyse est faite par rapport aux faiblesses du
Code du Travail, à la non-actualisation de la Législation
Nationale et au vide laissé par la non-ratification des Conventions Nos.
138 et 182 de l'OIT, respectivement, sur l'âge minimum d `admission
à l'emploi et sur les pires formes de travail des enfants.
3.4.1. Les faiblesses du Code du Travail
La première remarque à faire c'est que le Code
du Travail régit surtout le travail des enfants évoluant dans le
secteur formel structuré, lequel secteur qui est d'ailleurs très
restreint en Haiti. Le travail de la grande majorité des travailleurs
enfantins qui évoluent dans le secteur informel constitué des
petites entreprises, des petits commerces, des travaux divers des rues, n'est
pas réglementé dans ce Code. A bien analyser certaines de ses
dispositions, il est facile de constater que le Code du travail ne prend pas en
compte les spécificités sociales et économiques des
enfants travailleurs, voire leurs employeurs. D'ailleurs en Haiti, nous
constatons de toute évidence qu'en majorité, ce sont des
individus ou des entreprises de faibles moyens économiques qui emploient
le plus souvent les enfants. Ces modestes employeurs disposent des revenus ou
des capitaux très maigres, donc ils n'ont d'autres choix que
d'introduire dans leur personnel des mineurs. La main-d'oeuvre enfantine
étant beaucoup plus à bon marché que celles des adultes,
les propriétaires de ces entreprises préfèrent recourir
aux services des enfants. En ce sens, le Code du Travail ou toutes autres Lois
relatives au Travail des enfants devraient tenir compte de cette
réalité. Une personne ou une institution qui n'est pas en mesure
de respecter le droit de l'enfant travailleur à un salaire raisonnable,
ne doit pas non plus l'embaucher. Il revient à la Loi de poser les
conditions pour empêcher à certains individus de recourir à
la main-d'oeuvre enfantine.
Parmi les autres faiblesses relativement remarquables du Code
du travail en matière de travail des mineurs, on pourrait retenir la
carence des sanctions prévues à l'encontre des contrevenants, qui
sont généralement trop légères pour avoir un effet
dissuasif. De plus, l'interdiction est faite certes aux employeurs d'engager
des enfants à des travaux susceptibles de nuire à leur
santé ou à leur sécurité; c'est-à-dire des
travaux insalubres, pénibles ou dangereux du point de vue physique ou
moral. Cependant, il n'y a pas de dispositions réglementaires qui
permettraient de savoir avec exactitude en quoi consistent ces travaux. Cette
imprécision est une faiblesse dans la mesure où elle pourrait
donner lieu à des interprétations diverses.
3.4.2. La non-actualisation de la Législation
Nationale
Nous avons à plusieurs reprises mentionné le
caractère généraliste de la Convention Internationale des
Droits de l'Enfant. Elle énonce tous les droits fondamentaux de l'enfant
allant des droits civils, sociaux, culturels et économiques. Donc, il y
a un effort à faire du côté des autorités
constituées en vue d'actualiser le cadre juridique haïtien aux
exigences de cette convention. Certaines dispositions relatives au travail des
enfants méritent d'être actualisées non seulement pour
répondre à la réalité des instruments
internationaux dûment ratifiés, mais aussi pour être en
accord avec la réalité contemporaine.
3.4.3. La non-ratification des Conventions de
l'OIT
Les Conventions 138 et 182 de l'OIT sont
considérées comme deux Conventions Fondamentales sur le travail
des enfants. La première sur l'âge minimum d'admission à
l'emploi a été adoptée en 1973 et remplaçait toutes
celles adoptées antérieurement. Et la seconde concerne les pires
formes de travail des enfants, elle a été adoptée en
1999. Ces deux Conventions sont de nos jours signées par l'Etat
haïtien, mais ne sont pas encore ratifiées par le Parlement.
La Convention No. 138 exige des Etats la définition
et la mise en oeuvre d'une politique nationale visant à assurer
l'abolition effective de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine. Elle
fait injonction aux Etats parties à élever progressivement
l'âge minimum d'admission à l'emploi à un niveau permettant
aux adolescents d'atteindre le plus complet développement physique et
mental. Cette Convention n'admet pas que l'enfant soit employé en
dessous de l'âge minimum requis. Le strict minimum d'âge
autorisé par la Convention No. 138 est de 13 ans pour des travaux
légers qui ne soient pas susceptibles de porter préjudice
à la santé et au développement des enfants. Des travaux
qui ne soient pas de nature à porter préjudice à leur
assiduité scolaire, à leur participation à des programmes
d'orientation ou de formation professionnelle approuvés par
l'autorité compétente ou à leur aptitude à
bénéficier de l'instruction reçue.
L'autre texte concerne la Convention No. 182 sur les pires
formes de travail des enfants. La non-ratification de cette Convention
crée un vide assez considérable dans la législation
haïtienne. Cette dernière n'a pas beaucoup de provisions
légales et bien définies concernant ces pires formes
d'exploitation enfantine décrites par la Convention 182. Pourtant, ces
pratiques criminelles sont pour la plupart très répandues en
Haiti. Dans cette Convention, l'expression « les pires formes de
travail des enfants » est définie au terme de l'article 3.
Elle comprend toutes les formes d'esclavage ou pratiques analogues, telles que
la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le servage ainsi
que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement
forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des
conflits armés. Il y a aussi l'utilisation, le recrutement ou l'offre
d'un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel
pornographique ou de spectacles pornographiques, sans oublier l'utilisation, le
recrutement ou l'offre d'un enfant aux fins d'activités illicites,
notamment pour la production et le trafic de stupéfiants.
Enfin de compte, après l'étude de
l'évolution des instruments juridiques relatifs au travail des enfants
tant sur le plan international que national, l'analyse des différents
textes de lois sur le travail des enfants en vigueur en Haiti et surtout des
faiblesses de ces textes, le chapitre suivant fera place aux recommandations
pour la définition d'un Plan de lutte contre l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine.
CHAPITRE IV
POUR UN PLAN DE LUTTE EFFICACE CONTRE
L'EXPLOITATION DES ENFANTS
TRAVAILLEURS
Nos recommandations se tournent autour de la
définition d'un Plan de lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine en Haiti. Il s'agit d'un Plan qui doit associer tous les segments de
la société haïtienne. Il serait irréaliste de croire
qu'un problème aussi profond que celui de l'exploitation des enfants
travailleurs puisse être résolu sans l'action conjointe de toutes
les institutions concernées par la question, tant au niveau national
qu'international. Face à l'ampleur et à la complexité de
ce fléau dans nos villes, il faut un Plan national de lutte
répondant aux exigences suivantes: les actions à
entreprendre, les acteurs à impliquer dans la mise en oeuvre et les
stratégies d'application de ce Plan. En d'autres termes, ce Plan englobe
les mesures concrètes à adopter, les différents acteurs
qui doivent s'engager dans le processus et comment il faut y parvenir.
Pour ce qui a trait au calendrier, il est difficile de
définir un calendrier précis d'application, les efforts doivent
être faits le plus vite que possible pour améliorer la situation
des enfants travailleurs soumis à l'exploitation. Ces enfants ne peuvent
plus attendre, pour répéter les mots de Marilia
SARDENBERG164(*).
Toutefois, étant donné que le problème ne peut pas
être résolu en un seul temps, la priorité doit être
accordée à l'éradication des pires formes de travail des
enfants en Haiti, c'est-à-dire les activités conduites dans des
conditions proches de l'esclavage, particulièrement dangereuses ou
dégradantes. Sans délai, il faut que des mesures de
prévention soient prises dans le but de protéger les enfants qui
ne sont pas encore astreints aux travaux éreintants compromettant leur
épanouissement intellectuel et physique. L'expérience du
Programme International pour l'abolition du travail des enfants (IPEC) a
montré qu'il est plus facile et moins coûteux de prévenir
le travail des enfants que d'en affranchir ceux qui y sont astreints et de les
réadapter165(*).
4.1. LES ACTIONS À ENTREPRENDRE
Nous réalisons que l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine est liée à la pauvreté et au
sous-développement, de plus les ressources disponibles pour en
réduire l'incidence et les méfaits sont singulièrement
limitées dans un pays comme Haiti où le problème se pose
avec plus d'intensité. Le nombre des enfants qui travaillent, même
si l'on ne considère que ceux qui le font dans des conditions
dégradantes est assez élevé, il suffit tout simplement de
jeter un coup d'oeil à travers les rues des grandes villes pour
constater les dégâts. Aucun pays digne de ce nom ne peut admettre
que ses enfants subissent ce triste sort, les enfants constituent
nécessairement l'avenir de la société haïtienne, tout
doit être mis en oeuvre en vue d'assurer leur épanouissement
physique, intellectuel et psychologique. Des actions concrètes doivent
être entreprises le plus promptement possible afin de combattre
l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine en Haiti.
Ces actions pour être efficaces doivent être
menées en synergies avec tous les secteurs intéressés par
la question de protection et du bien-être des enfants, néanmoins,
il faut fondamentalement un engagement politique au niveau national, un
engagement ferme de l'Etat appuyé par des ressources et se traduisant
par un ensemble de mesures concrètes. Parmi lesquelles, nous distinguons
des efforts pour l'instauration de la stabilité politique en Haiti, la
lutte contre la pauvreté, l'application et le renforcement de la
législation relative à l'enfant et le renforcement de la
capacité des institutions publiques nationales.
4.1.1. Instaurer la stabilité
politique
Le premier grand effort à faire pour améliorer
la situation des enfants travailleurs consiste à favoriser un
environnement politique stable dans le pays sans lequel aucune mesure durable
et efficace ne peut-être prise. Il n'est un secret pour personne que la
situation socio-politique du pays commence à s'aggraver à partir
des deux dernières décennies. Les différentes luttes pour
le contrôle du pouvoir à partir de 1985 détruisent presque
toutes les institutions du pays et comme conséquence l'Etat perd de plus
en plus son autorité, notre économie est réduite au niveau
le plus bas. Pour une amélioration du sort des enfants travailleurs, il
faut que tous les citoyens oeuvrent à l'instauration de la
stabilité politique en Haiti. Aucun Plan de lutte contre le travail des
enfants ne sera efficace sans la stabilité politique en Haiti, les
querelles politiques, l'insécurité, l'intolérance,
l'anarchie ne sont que favorables à l'exploitation de la main d'oeuvre
enfantine.
Pour que des lois de protection puissent être
adoptées ou ratifiées en faveur des enfants, il faut qu'il y ait
un Parlement régulier élu selon les prescrits constitutionnels.
Les querelles politiques, les luttes acharnées pour le contrôle du
pouvoir et la conquête du pouvoir par les moyens détournés
et inconstitutionnels doivent cesser dans le pays en vue d'une
amélioration des conditions de vie des enfants en général
et des mineurs travailleurs en particulier. Comment peut-on imaginer que des
mesures concrètes soient prises au bénéfice des enfants
travailleurs sans une stabilité politique ?
4.1.2. Lutter contre la pauvreté
La lutte contre la pauvreté apparaît aussi comme
une action importante à accomplir pour améliorer la situation des
enfants travailleurs. La pauvreté est reconnue comme l'une des
principales causes de l'exploitation des enfants travailleurs. Non seulement
les enfants qui sont astreints au travail proviennent des familles à
très faibles revenus, mais aussi en majorité les employeurs de
ces enfants sont des gens à condition économique modeste. Il faut
donc s'attaquer aux racines du mal, c'est-à-dire la pauvreté, et
combattre en même temps les facteurs qui sont à son origine. Il
faut en particulier s'appuyer sur des stratégies qui créent des
emplois durables pour les déshérités dans le cadre de
programmes de lutte contre la pauvreté. Des mesures doivent être
prises en vue de promouvoir la croissance économique, à
répartir plus équitablement le revenu national et à mettre
en valeur les ressources humaines. Il faut offrir aux enfants qui travaillent
dans les mauvaises conditions, des alternatives viables comme une
éducation ou une formation qui leur permette de se réincorporer
dans le système scolaire ou un autre emploi
rémunéré qui soit plus compatible avec leur âge.
Pour mener cette lutte acharnée contre la pauvreté, l'Etat
peut-être appuyé dans cette démarche par la
communauté internationale, car lors du sommet du millénaire des
Nations-unies en 2000, l'un des objectifs fixés a été de
réduire l'extrême pauvreté et la faim166(*).
4.1.3. Appliquer et renforcer la Législation sur
les enfants
En plus de l'instauration de la stabilité politique et
de la lutte contre la pauvreté en Haiti, d'autres actions tout aussi
importantes sont à entreprendre. L'application et le renforcement de la
législation sur les enfants en est une. Car, en Haiti, il y a tant bien
que mal des lois visant à la protection des enfants au travail, ce qui
est surtout problématique, c'est l'inexistence d'un mécanisme de
mise en application de ces lois. A un certain niveau, il y a aussi le besoin de
renforcer le cadre juridique existant, en y ajoutant des mesures
réglementant le travail de toutes les catégories de travailleurs
enfantins, qu'ils évoluent dans le secteur formel ou informel de
l'économie. Il faut prévoir des peines contre les auteurs des
abus et d'acte d'exploitation sur la personne des enfants travailleurs. Le
renforcement doit se faire aussi en ratifiant des Conventions Internationales
relatives au travail des enfants. Il faut qu'il y ait des interventions
préventives se traduisant par l'adoption de lois protectrices en faveur
des enfants travailleurs ainsi que le contrôle de leur application. Ce
qui permettra de réguler les comportements des employeurs,
c'est-à-dire les auteurs directs de l'exploitation de la main-d'oeuvre
enfantine.
Cependant, il y a lieu de souligner que le fait de mettre en
place un cadre juridique ne résoudra pas à lui seul le
problème. Il est aussi indispensable de parvenir à mettre la
Législation sur le Travail des Enfants en pratique. D'autant plus qu'en
Haiti, le Travail des Enfants est localisé dans l'économie
informelle ou à l'intérieur des foyers et que, les services de
protection des enfants font face à un manque considérable de
ressources nécessaires pour effectuer leur tâche efficacement.
Donc, le mieux, c'est de définir des mécanismes pratiques et
réalistes de lutte contre l'exploitation des enfants travailleurs. Il ne
suffit pas seulement d'adopter des lois, mais il faut aussi des mesures
d'accompagnement nécessaires à l'application de ces lois.
4.1.4. Renforcer la capacité des
institutions
Du point de vue de l'efficacité de la protection
assurée par la loi contre le travail des enfants, le principal obstacle
est constitué par les défaillances qui caractérisent les
institutions chargées de protéger les enfants et de faire
appliquer la loi en leur faveur. Ces institutions ont rarement la
capacité d'accomplir leur mission. Pour lutter contre l`exploitation des
enfants travailleurs, il faut donc également renforcer la
capacité de ces institutions. Ainsi, elles pourront contrôler la
multitude de lieux de travail où l'on rencontre la plupart des enfants
travailleurs comme, par exemple, les métiers des rues, les petits
établissements commerciaux et, dans le cas des domestiques à
gages, au domicile des particuliers.
En plus du renforcement des institutions chargées de
protéger les enfants et de faire respecter leurs droits, il faut penser
aussi au renforcement du système éducatif en particulier. Il faut
mettre à la disposition des enfants des familles les plus pauvres des
écoles primaires qui leur soient accessibles du point de vue des
distances à parcourir, qui soient gratuites ou en tout cas
libérées de tout coût direct. Ces Ecoles doivent dispenser
un enseignement pertinent, c'est-à-dire adapté à
l'environnement économique et social de ces enfants et leur donnant de
bonnes chances de s'y insérer professionnellement par la suite. La
charge de fournir une telle opportunité est, bien sûr, l'une des
responsabilités fondamentales de l'Etat. Elle pourrait à coup
sûr aider à lutter contre le travail des enfants dans les
mauvaises conditions. Le fait de prendre des mesures pour rendre
l'éducation primaire obligatoire, pourra empêcher l'admission
prématurée des enfants sur le marché du travail. Car, les
enfants admis au travail à un âge précoce sont souvent
les plus exploités.
4.1.5. Autres actions
D'autres actions d'ordre général sont aussi
importantes à accomplir dans le processus de lutte contre
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine. Il s'agit des mesures
accompagnatrices susceptibles de rendre plus efficace les efforts
d'amélioration des conditions d'existence des enfants astreints au
travail :
· Il faut encourager la participation active des
communautés locales à la surveillance des conditions dans
lesquelles les enfants travaillent et à la dénonciation
systématique des abus constatés ;
· Il faut faire connaître la législation qui
protège les enfants contre les conditions de travail dangereuses ou
abusives à tous, principalement aux enfants, parents et employeurs.
4.2. LES ACTEURS CONCERNÉS
La lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine
en Haiti ne concerne pas un seul secteur de la société. Il est
de la responsabilité de tout un chacun de chercher une solution à
ce grave problème qui touche une bonne partie de la population
enfantine. Une bataille en ce sens, doit impliquer tous les citoyens et les
forces vives de la Nation. Pour la concrétisation de ce Plan, le pays a
besoin de l'aide tant du côté des instances locales, nationales
qu'internationales. C'est à l'Etat qu'il incombe en premier lieu
de prendre le leadership du Plan de lutte et de son application, mais, à
lui seul, il ne pourra jamais venir à bout de l'exploitation des enfants
travailleurs. Il faut une mobilisation sociale efficace qui rallie
différents points de vue à l'intérieur de cette cause
commune qui est le combat contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine
dans notre pays. Cette mobilisation doit contribuer, selon
l'UNICEF : « à forger un consensus entre ceux qui
oeuvrent à l'amélioration des conditions de travail des enfants
et ceux qui dans une perspective à plus long terme, ambitionnent de
surmonter les obstacles structurels, sociaux, économiques ou juridiques
à l'abolition du travail des enfants167(*)».
Les organisations d'employeurs et de travailleurs, ainsi que
d'autres groupes de la société comme, par exemple, les
organisations qui oeuvrent pour la défense des droits de l'homme et de
la protection des enfants, ont également un rôle important
à jouer, sans oublier les médias, les universités, etc.
Tous les secteurs doivent s'engager dans la bataille contre l'exploitation des
enfants travailleurs. Dans cette sous-section nous ne considérons que
les principaux acteurs.
4.2.1. L'Etat et le Gouvernement
Le rôle de l'Etat et du gouvernement, tel que nous le
concevons, c'est avant tout de coordonner l'application de ce Plan de lutte
contre l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine. Ces deux institutions ont
la mission générale de créer ou de renforcer un
mécanisme institutionnel chargé de définir les
priorités en étroite collaboration avec les organisations
représentatives d'employeurs et de travailleurs et, d'autres
groupes intéressés de la société civile qui
oeuvrent en faveur des enfants. Ils ont pour tâche de promouvoir et
de coordonner les activités des différents ministères,
surtout ceux qui s'occupent du travail, de l'éducation, des jeunes, de
la famille, de la santé et de la protection sociale. Ils
doivent encourager la participation du secteur des ONG et veiller à
ce que les mesures prises par le secteur public et les organisations
non-gouvernementales en faveur des enfants se complètent et ne soient
pas isolées ou en contradiction. S'il y a provision, les pouvoirs
publics pourront même appuyer sur les plans technique et financier, les
projets pilotes entrepris au niveau local afin de prévenir
l'exploitation des enfants. Ces initiatives locales peuvent aussi
réadapter les enfants qui ont été soustraits à des
types d'emploi ou de travail dangereux ou dégradant.
4.2.2. La Société civile
Toutes les composantes de la société civile ont
une contribution à apporter dans l'application du Plan de lutte contre
le travail des enfants. Sans vouloir considérer tous les
éléments faisant partie de cette société civile,
nous soulignons le rôle des secteurs suivants:
· les Syndicats: la participation active des syndicats
à la lutte contre le travail des enfants doit se fonder sur une approche
progressive. Les syndicats sont les mieux placés pour dévoiler
les abus. Ils peuvent se faire les ardents défenseurs des enfants
travailleurs exploités en établissant des dossiers sur des cas
concrets d'abus et en montrant leurs effets sur les victimes. Les
syndicats d'enseignants sont particulièrement bien placés pour
défendre le droit des enfants à l'éducation, pour faire
comprendre aux familles les avantages qu'il y a à scolariser les
enfants plutôt que de les faire entrer prématurément
dans la vie active. Le rôle à jouer par les enseignants est
décisif car l'éducation est au centre de toute stratégie
efficace visant à lutter contre le travail des enfants. Ils
peuvent aider à maintenir les enfants à l'école en offrant
un enseignement de qualité ;
· Les employeurs et leur organisation ont aussi un
rôle indispensable à jouer dans la lutte contre l'exploitation de
la main-d'oeuvre enfantine. La meilleure chose que peut faire une
entreprise dans ce domaine est de respecter strictement les dispositions
de la législation nationale applicables à l'emploi de
main-d'oeuvre enfantine. Dans ce cas, les employeurs doivent notamment veiller
à tenir les enfants éloignés de tout produit ou
matériel dangereux et à ne pas leur imposer des horaires
susceptibles de nuire à la fréquentation et aux résultats
scolaires. Etant donné que ce sont principalement, les petites
entreprises du secteur informel qui emploient la majorité des enfants
travailleurs, il est indispensable que les patrons de ces entreprises
s'engagent à renoncer à la main-d'oeuvre enfantine dans des
mauvaises conditions ;
· Les médias constitués des radios,
journaux, télévisions et autres ont la mission
particulière d'informer le public sur les abus et l'exploitation
auxquels sont assujettis les enfants travailleurs. La sensibilisation de
l'opinion publique sur les dangers de l'exploitation des enfants se fera
principalement à travers les médias ;
· les Universités et les universitaires sont de
précieux partenaires à la lutte contre l'exploitation du
travail des enfants. Comme nous avons pris l'initiative de conduire cette
étude, les universitaires pourront également mener des recherches
sur d'autres aspects du problème tels: l'évaluation de l'impact
des programmes de lutte contre le phénomène, l'ampleur du
problème, les autres formes d'exploitation enfantine et leurs
conséquences sur la société, etc.
4.2.3. Les ONG nationales et
internationales
Les Organisations non-gouvernementales nationales et
internationales font partie de la société civile, mais tenant
compte de la place décisive qu'elles occupent en Haiti dans la lutte
pour la défense des droits de l'enfant, nous avons résolu de les
considérer à part. Ces organisations sont toutes importantes dans
le processus, qu'il s'agisse de celles qui luttent à part entière
contre le travail des enfants ou de celles qui s'occupent de la protection de
l'enfant en général ou encore d'autres organisations n'ayant pas
pour vocation première de s'occuper des enfants, telles que les
institutions religieuses ou de défense des droits de l'homme. Elles sont
bien placées pour découvrir des cas concrets d'exploitation
d'enfants au travail et les dénoncer. Elles peuvent également
recueillir des données sur les graves dangers auxquels des enfants
travailleurs sont exposés dans certains domaines, activités ou
lieux de travail, et pour dénoncer les carences des pouvoirs publics, en
matière de contrôle de l'application des lois et
règlements.
D'ailleurs, les ONG internationales ont beaucoup d'atouts
pour concevoir et mettre en oeuvre des programmes d'action visant à
combattre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine. Elles ont un personnel
beaucoup plus spécialisé et possèdent les moyens
financiers nécessaires à la conduite de leur politique.
4.2.4. Les Parents et les Enfants
Il ne faut pas sous-estimer le rôle des parents et des
enfants dans le combat contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
Même si le plus souvent la pauvreté des parents les empêche
de prendre soin de leurs enfants, mais parfois c'est par manque
d'intérêt qu'ils ne s'occupent pas de leurs progénitures.
Ils ne prennent pas assez de responsabilités vis-à-vis de leurs
enfants. Les parents, même s'ils sont de conditions économiques
modestes, pourraient, par des efforts, empêcher que leurs enfants tombent
dans le piège de travail à un âge précoce et dans
des conditions déshonorantes.
Pour les enfants, ils ont aussi un rôle à jouer
dans la défense de leurs propres droits. Pour répéter les
termes de Loïc Picard du Bureau International du travail :
« les enfants sont des acteurs dont la participation est
essentielle pour mettre fin aux situations intolérables dans lesquelles
ils se trouvent »168(*). Il suffit de leur conscientiser des
conséquences néfastes du problème sur leur avenir.
4.3. LES STRATÉGIES DE LUTTE
Les résultats de la lutte contre l'exploitation
économique des enfants ne pourront être obtenus que par l'adoption
d'une approche progressive, en fonction du caractère complexe de ce
phénomène. Il parait impossible de résoudre ce
problème en un revers de main; des mesures de prévention devront
être prises pour empêcher l'accroissement du nombre d'enfants
soumis prématurément au travail, et en même temps, des
mesures intérimaires devront être appliquées afin de
soulager le sort des enfants déjà soumis aux activités
économiques dangereuses et déshonorantes. Donc,
nécessairement, le processus exige que des priorités soient
fixées pour déterminer par où commencer exactement. Mais
pour ce qui a trait aux stratégies de lutte contre ce fléau,
elles doivent être développées simultanément. Il ne
s'agit pas dans ce cas précis d'ordonner tel aspect par rapport
à un autre, ils doivent être abordés en même temps et
suivant une approche globale prenant en compte le caractère complexe du
problème. Nous avons déjà dit qu'aucun type d'intervention
n'est à lui seul suffisant pour enrayer le problème, c'est sur
de nombreux fronts que le travail des enfants doit être combattu. Il faut
prendre des mesures d'interdiction juridique contre l'exploitation des enfants
travailleurs, mais si elles ne sont pas accompagnées d'autres mesures
visant à agir sur les déterminants économiques et
sociologiques à l'origine de ce phénomène, ce sera peine
perdue169(*).
Les meilleures stratégies de lutte contre
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine doivent être
intégrantes en incluant le plus de partenaires que possible et doivent
être également intégrées, en ce sens que toute une
série d'actions doivent être combinées en vue d'aboutir aux
résultats escomptés. Il faut informer l'opinion publique, la
sensibiliser à la gravité du problème et à
l'urgence d'oeuvrer à sa solution. Il faut aussi la coopération
de l'Etat avec d'autres organisations afin de disposer des moyens
nécessaires au combat contre l'exploitation de ces enfants travailleurs.
Il faut établir un cadre juridique pour l'abolition de l'exploitation
des enfants parallèlement à des mécanismes efficaces
permettant d'en assurer l'application. Sans oublier le renforcement du
système éducatif haïtien en faisant,
particulièrement, d'importants investissements dans l'enseignement
primaire.
4.3.1. La Mobilisation de l'opinion publique
Quels que soient les moyens dont on dispose, un Plan de lutte
contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine sera difficilement
applicable sans la sensibilisation des parties prenantes en particulier et de
l'opinion publique en général. Il faut sensibiliser l'opinion
publique sur les mauvaises conséquences qu'entraîne l'exploitation
des enfants pour le pays, cela doit se faire par la mobilisation sociale. Une
mobilisation, qui exige, selon l'UNICEF, une détermination et un
engagement à changer, une action consécutive à une prise
de conscience réelle pour mettre fin à l'exploitation
économique et aux abus dont sont victimes les enfants170(*). Et pour être efficace
la mobilisation sociale doit rallier les différents points de vue
à l'intérieur d'une cause commune. Elle doit contribuer à
forger un consensus entre ceux qui oeuvrent à l'amélioration des
conditions de travail des enfants et ceux qui dans une perspective à
plus long terme, ambitionnent de surmonter les obstacles structurels, sociaux,
économiques ou juridiques à l'abolition du travail des
enfants171(*).
La société doit se mobiliser de plus en plus
massivement, pour mettre un terme, à l'exploitation dont les enfants
sont victimes. La meilleure stratégie de lutte consiste à
sensibiliser la population, car l'expérience montre clairement que sans
pression marquée de l'opinion publique on ne peut faire avancer
politiquement la cause des enfants qui travaillent. Aussi longtemps que
l'opinion publique en général ne se mobilise pas, il sera
impossible de faire bouger les choses. En revanche, si la société
dans son ensemble prend conscience du problème, tous les
éléments sont réunis pour que soient rejetées les
formes les plus affligeantes du travail des enfants.
Spécifiquement, les éléments de la
stratégie de mobilisation de l'opinion publique sont :
· l'adoption d'une politique en faveur de l'enfance,
élaborée conjointement par l'Etat et la Société
civile ;
· la sensibilisation des pouvoirs publics à
investir davantage dans l'enseignement primaire ;
· la sensibilisation des employeurs ;
· la sensibilisation des enfants et des parents sur les
méfaits du travail exercé par les enfants à un âge
précoce ;
· la Sensibilisation des communautés de provenance
des enfants qui travaillent sur des mesures de solidarité à
prendre pour enrayer le mal ;
· la tenue d'émissions dans les médias pour
sensibiliser la société sur les impacts négatifs de
l'exploitation de la main d'oeuvre enfantine sur la
société ;
· l'incitation de tous les secteurs à participer
dans la lutte contre l'exploitation des enfants travailleurs.
4.3.2. La Coopération
inter-Institutionnelle
La lutte contre l'exploitation des enfants travailleurs
requiert des moyens énormes tant sur le plan des ressources
financières que des ressources humaines. La coopération entre le
gouvernement haïtien et les différentes organisations locales et
internationales est essentielle pour pouvoir disposer de ces moyens. S'il
revient à l'Etat de créer les conditions favorables à une
bataille efficace contre l'exploitation des enfants, mais il ne pourra pas
à lui seul régler ce problème qui nécessite des
efforts concertés entre divers secteurs. Les institutions
spécialisées de l'organisation des Nations-Unies telles l'OIT,
L'UNICEF, l'UNESCO, le PNUD, voire l'OEA. Des institutions financières
Internationales telles le FMI, la Banque Mondiale, la Banque
Inter-Américaine de Développement et autres ont un rôle
majeur à jouer dans la lutte contre l'exploitation des enfants en Haiti.
Ces dernières permettront au pays de trouver l'encadrement et les fonds
nécessaires à son développement économique,
formalité essentielle à l'éradication du travail des
enfants dans des conditions d'exploitation.
De façon détaillée, les
éléments de la stratégie de coopération
inter-institutionnelle concernent les aspects suivants :
· le développement par l'Etat haïtien d'un
cadre de coopération technique avec les ONG et organisations
internationales consistant à faire venir des missions consultatives
dans le pays en vue de recevoir des conseils pour l'application de certaines
normes et afin d'aider à mesurer l'ampleur du problème et de ses
conséquences, à améliorer la législation sur le
travail des enfants et son application ;
· le renforcement de la coopération entre l'Etat
haïtien et le Programme International de L'OIT pour l'Abolition du Travail
des Enfants (IPEC) ;
· la coopération financière avec les
bailleurs de fonds internationaux (prêts, dons, financement de projets
ponctuels, etc.) ;
· la recherche de financement en faveur des campagnes de
sensibilisation contre l'exploitation économique des enfants ;
· l'établissement d'une démarche soucieuse
de l'enfant associant tous les secteurs concernés par la défense
de l'enfant ;
· la mise en place d'un cadre d'action
intégrée créant une meilleure base pour que les parties
prenantes se concentrent ensemble sur le respect des droits des enfants.
4.3.3. Le Renforcement des mesures juridiques
Nous insistons beaucoup sur le renforcement des mesures
juridiques ; c'est à la fois une action à accomplir et une
stratégie de lutte contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
Il est indispensable de disposer d'une législation s'appliquant aux
types d'emploi, de travail ou d'activité dans lesquels sont
occupés la plupart des enfants exposés à l'exploitation
économique ou à des conditions de travail dangereuses. Cette
stratégie, combinée à d'autres mesures visant à
agir sur les différents déterminants économiques et
sociaux à l'origine de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine,
constitue un puissant instrument pour lutter contre ce fléau.
Les éléments de cette stratégie
sont :
· le renforcement et l'actualisation du cadre juridique
haïtien en général ;
· l'adoption de nouvelles lois en faveur de la protection
des enfants ;
· la prévision de sanctions bien définies
contre les contrevenants aux droits des enfants travailleurs ;
· l'établissement d'un mécanisme
d'application des lois ;
· le renforcement des institutions chargées de
faire respecter les Droits des enfants ;
· la ratification des normes internationales relatives
à la protection des enfants
· la ratification et l'utilisation des normes de l'OIT
pour combattre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
4.3.4. Le Renforcement du système
éducatif
Si le travail des enfants est inextricablement lié
à la pauvreté, son abolition est liée à
l'éducation, nous dit un document publié par l'organisation
internationale du travail172(*). En ce sens, un système d'éducation
accessible et de qualité peut contribuer à éviter que des
enfants s'engagent dans des formes intolérables de travail. En outre,
les faiblesses du système public d'éducation et l'absence de
programme de formation adéquat perpétuent l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine. Donc, le renforcement du système
éducatif favorisera l'accès à un enseignement de
qualité adaptée à la réalité nationale et
accessible à tous les enfants. Cela constituera, entre autre, une
stratégie contre l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
Lorsque l'éducation est accessible à tous les
enfants et perçue comme étant appropriée et de bonne
qualité, les parents sont prêts à faire d'énormes
sacrifices pour que leurs enfants puissent aller à l'école.
Relever le défi du développement, selon l'OIT, c'est veiller
à ce qu'une éducation de qualité soit proposée, en
la combinant avec des mesures contre la pauvreté, de sorte que les
parents puissent gagner assez pour pourvoir aux besoins de leurs familles et
maintenir leurs enfants à l'école173(*). Donc, l'investissement dans
l'éducation des enfants leur offrira une excellente occasion de
réussir leur vie et ils risqueront moins de quitter
prématurément l'école pour travailler.
De façon Spécifique, les éléments de
la stratégie de renforcement du système éducatif
sont :
· la subvention intégrale de l'enseignement primaire
en commençant par les livres, uniformes jusqu'au frais
scolaires ;
· l'amélioration du revenu des familles par le biais
de politique ciblées visant à assurer la scolarisation des
enfants et leur accomplissement des études primaires ;
· la formation des maîtres et l'amélioration
de l'espace physique des écoles ;
· la création d'écoles primaires au niveau de
toutes les sections communales du pays ;
· l'établissement d'horaires flexibles pour les
enfants travailleurs ;
· la disponibilité de moyens gratuits de transport
;
· l'adaptation des programmes scolaires à la
réalité sociale des enfants
· l'établissement obligatoire de cantines scolaires
dans toutes les écoles primaires.
En effet, nous sommes persuadé que les
présentes recommandations, si elles sont prises en compte, pourraient
apporter une amélioration à la situation des enfants travailleurs
en Haiti, et en particulier à ceux travaillant à Port-au-Prince,
Gonaïves et Cap-Haïtien. Les résultats seront d'autant plus
intéressants qu'ils contribueront à réduire le
phénomène de la délinquance juvénile, des enfants
des rues, de la domesticité et même de l'analphabétisme.
Tout cela débouchera inévitablement à un mieux-être
collectif. Car, le travail des enfants dans des conditions avilissantes
à des incidences négatives sur l'enfant, sa famille, voire sur la
Société. Donc, une amélioration du sort de ces enfants
aura, directement ou indirectement, des retombées positives sur les
conditions de vie en Haiti. Les enfants, disons-nous
généralement, constituent l'avenir de la Nation, leur
développement et leur épanouissement ne pourront être que
bénéfique pour le pays.
CONCLUSION
Enfin de compte, personne ne sait exactement à combien
s'élève le nombre d'enfants soumis à l'exploitation en
Haiti. Toutefois, ce qui paraît évident, c'est que le
problème existe bel et bien et ne cesse de gagner de l'ampleur au niveau
des maisons privées, des rues et des petites entreprises de nos grandes
villes. Nous savons tous que dans presque toutes les sociétés, on
trouve des enfants qui travaillent, même si les travaux qu'ils effectuent
et les conditions dans lesquelles ils le font varient selon les
sociétés et évoluent avec le temps. Le travail peut
être une part essentielle du processus de socialisation de l'enfant et un
moyen de transmettre des qualifications des parents aux enfants. Le travail est
intolérable c'est lorsqu'il est exercé dans des conditions
abjectes comme celles dans lesquelles des milliers d'enfants évoluent
particulièrement au niveau de Port-au-Prince, des Gonaïves et du
Cap-Haïtien. On les retrouve principalement dans les foyers familiaux et
dans les agglomérations effectuant tout un éventail de travaux,
les uns plus dangereux que les autres. Les conditions de vie de ces enfants
travailleurs sont de plus préoccupantes et sont en inadéquation
avec la législation du travail des enfants en Haiti.
En dépit de l'interdiction de la loi, ils travaillent
durant de longues heures pour de bas salaires, à un âge
précoce et souvent dans des conditions préjudiciables à
leur santé et à leur développement physique et mental.
Dans la plupart des cas, ils sont séparés de leurs familles,
privés d'affection de leurs parents, de loisirs et d'éducation.
Pourtant la Convention Internationale des droits de l'enfant proclame le droit
de l'enfant à l'éducation et à la protection contre son
exploitation économique. L'enfant ne devrait être en aucun cas et
pour aucune raison astreint à un travail comportant des risques,
susceptible de compromettre son éducation, de nuire à sa
santé ou à son développement physique, mental, spirituel,
moral ou social.
La majorité des enfants travailleurs évoluent
dans un cadre informel, où leurs droits sont complètement
annihilés. La législation existante n'a aucun effet sur leur
travail. Ils travaillent dans des situations qui mettent en danger leur
santé et parfois même leur vie, ils sont sous
rémunérés et parfois ne reçoivent pas un salaire en
espèce. Ils sont souvent maltraités, humiliés et
abusés par l'employeur ou ses proches. Ils n'ont aucun pouvoir de
décider de leur sort, car les conditions de travail dépendent
entièrement de l'employeur, au mépris de leurs droits et besoins.
Le travail de ces malheureux enfants-travailleurs, au lieu de leur apporter de
l'espoir, les enfoncent plutôt dans une extrême pauvreté
où ils sont privés de presque tout ce qui est essentiel à
leur survie et à leur épanouissement social.
Une remarque importante à faire est que le
problème de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine ne date pas
d'aujourd'hui et n'existe pas seulement dans des pays en développement
comme Haiti. Nous avons vu que depuis le Moyen-âge, la plupart des
enfants ont travaillé dès leur plus jeune âge. A la
campagne, ils étaient employés aux travaux des champs. A la
ville, ils aidaient leurs parents artisans. Le travail se faisait en famille et
ils devenaient souvent ce qu'étaient leurs pères: paysan,
maçon, ouvrier, etc. Aujourd'hui encore, partout à travers le
monde, dans les pays riches comme dans les pays pauvres, le problème
existe.
En Haiti, les enfants travaillent principalement dans les
ménages et dans le secteur informel de l'économie. Il n'y a
qu'une quantité très faible d'enfants qui évoluent dans
le secteur structuré. En fonction des grandes difficultés
d'emploi où même des adultes qualifiés et
expérimentés ont du mal à trouver un travail
agréable, on ne pourrait s'attendre à ce que des enfants, avec
peu ou presque pas de qualification, aient des emplois convenables.
Néanmoins, on ne devrait pas non plus assister à ces
scènes macabres où nos enfants travaillent dans des situations
odieuses. Selon les résultats de notre enquête, seulement 3%
d'enfants actifs économiquement travaillent dans des entreprises de type
formel. Il s'agit surtout d'adolescentes employées dans des entreprises
commerciales de grandes villes du pays et tout le reste évolue dans le
secteur informel caractérisé par les petites entreprises, les
activités des rues, le transport en commun, etc.
Les causes du problème ont été
identifiées et sont regroupées en trois principales
catégories. Les premières sont les plus visibles et les plus
évidentes et ont une incidence directe sur l'enfant et sur sa famille.
Elles sont constituées par la pauvreté et des
événements qui modifient l'équilibre financier de la
famille. Les deuxièmes sont des valeurs et des situations qui
pourraient prédisposer une famille à accepter et même
à encourager que son enfant travaille et les troisièmes
appelées causes structurelles interviennent au niveau de
l'économie et de la société dans son ensemble, en agissant
sur le milieu dans lequel le travail des enfants peut prospérer ou au
contraire être découragé. Nous avons déjà
démontré tout au long de ce travail que la pauvreté est la
cause principale de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine. Donc, toutes
les catégories de causes pivotent autour de la pauvreté. Cette
dernière contraint beaucoup d'enfants à travailler à plein
temps et prématurément pour assurer leur propre survie, voire
celle de leurs parents et d'autres enfants de la famille.
Dans un sens la pauvreté incite les enfants à
travailler dans des conditions déplorables et dans un autre, elle est la
conséquence du travail des enfants exercés dans ces mauvaises
conditions. Comme nous avons dit, il paraît évident que le travail
de ces enfants, dans de telle condition, contribue à perpétuer la
pauvreté des familles. Ces enfants, le plus souvent, commencent à
travailler dès leur plus jeune âge et sans avoir reçu une
éducation scolaire. Ils grandissent dans les rues et ne
reçoivent aucune forme des protections prévues par la loi. Face
à une telle situation, il est presque certain que ces enfants deviennent
à coup sûr des travailleurs adultes non-qualifiés qui ne
soient en mesure de percevoir qu'un salaire de misère. Sauf par hasard,
il n'est pas évident qu'un enfant exploité à ce niveau
pourra s'épanouir dans la vie à l'âge adulte.
Pour ce qui a trait aux conséquences de l'exploitation
de la main-d'oeuvre enfantine, l'impact est exercé à la fois sur
les enfants, leurs familles et la société. Nous l'avons à
maintes occasions, le travail n'a pas toujours des incidences négatives
sur la vie de l'enfant. Par exemple un travail léger effectué par
des enfants dans le cadre des normes juridiques en vigueur, c'est-à-dire
en respectant l'âge minimum d'admission à l'emploi et autres
aspects des droits de l'enfant, ou en tant qu'élément d'une
éducation ou d'une formation informelle peut être favorable. Mais
dans la réalité haïtienne, le travail des enfants
relève dans la plupart des situations de l'exploitation et il ne tient
pas compte des droits fondamentaux de l'enfant. Le plus grave problème
des enfants travailleurs haïtiens c'est le fait qu'ils n'ont pas le plein
accès à l'éducation. Or on est tous conscient du
rôle capital que pourrait jouer une bonne formation intellectuelle dans
la vie de l'enfant, de sa famille et de son pays.
Le cadre juridique en matière de travail des enfants
est étudié à travers les instruments internationaux
dûment ratifiés par le Parlement Haïtien, ainsi qu'à
travers des textes de lois adoptés au niveau national. Nous avons mis
l'accent sur l'évolution de ce cadre juridique tant au niveau national
qu'international où de grands moments dans la lutte en faveur de la
protection des droits d'enfants sont soulignés. Par rapport à la
législation nationale, nous avons fait ressortir certains points de
défaillance. Ces faiblesses résident surtout au niveau de
l'inadaptation des anciennes lois à la réalité
contemporaine et de la négligence à l'adoption de dispositions
spéciales recommandées dans la charte fondamentale de la
République. Par exemple, la Constitution de 1987 renvoie à des
lois spéciales relatives au travail des enfants, pourtant près de
deux décennies après, aucune nouvelle disposition légale
n'a été adoptée en ce sens. Ce sont en fait des lois
datées de plus de 40 ans, dépassées par la
réalité d'aujourd'hui, qui décident du sort des enfants
travailleurs haïtiens.
Enfin, face à ce grave problème, notre
obligation de citoyen nous incite à passer à l'action en vue de
contribuer à trouver une solution. Nous avons proposé un ensemble
d'actions à entreprendre en vue de lutter efficacement contre ce
fléau. L'exploitation des enfants travailleurs est une
réalité complexe et pour le combattre, la participation de toutes
les forces vives de la Nation s'avère nécessaire. Les pouvoirs
publics, la société civile, les ONG devraient être les
parties prenantes à cette bataille. Ils doivent conjuguer leurs efforts
ensemble pour mieux se compléter. Aucun secteur ne peut à lui
seul solutionner ce problème qui requiert l'accumulation des forces.
La responsabilité de respecter et de faire respecter
les droits des enfants qui travaillent incombe au premier plan à
l'Etat, mais aussi aux individus, aux familles, aux employeurs, aux
organisations, aux groupes religieux, etc. Les actions de chacun de ces acteurs
devraient être coordonnées en vue de favoriser dans sa mesure le
respect des enfants, les préparant ainsi à jouer avec
efficacité leur rôle de citoyen de demain pour une Haiti juste,
démocratique et prospère. La lutte contre l'exploitation de la
main-d'oeuvre enfantine représente un grand défi pour nous tous.
L'application et l'actualisation des textes traitant le travail des enfants
doivent être réglés avec le plus grand sérieux. A
cet égard la Convention internationale des droits de l'enfant
ratifiée par la République d'Haiti est un guide incontournable
car elle conçoit l'enfant comme une entité active de la
société, qui est en interaction avec son entourage. Il est tout
à fait urgent de jeter, particulièrement, un regard responsable
sur les conditions de vie des enfants travailleurs. Des dispositions tant sur
le plan législatif, politique, social et économique doivent
être prises pour que ces enfants soient protégés.
Ce travail de recherche est limité dans une certaine
mesure et n'a pu aborder tous les aspects ignobles de l'exploitation des
enfants et de plus il y a certaines catégories d'enfants qui n'ont pas
été considérées dans nos observations. Nous
abordons les formes de travail les plus courantes exécutées par
les enfants : travail domestique, travail dans le secteur informel, les
activités de rue, etc. Nous ne tenons pas compte de l'exploitation
sexuelle des enfants à des fins commerciales, de la traite des enfants
et des enfants engagés dans des gangs armés, ni non plus du
travail effectué par les enfants pour le compte de leurs parents. Ces
formes d'exploitation des enfants ne sont pas traitées, non pas parce
qu'elles ne sont pas importantes, au contraire ce sont des aspects du
problème qui méritent tout aussi notre attention, mais
plutôt en fonction de nos moyens limités. En effet, Nous ne
pourrions tout aborder en même temps, donc, il était
question pour nous de traiter dans ce travail les cas les plus ordinaires de
l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine dans la perspective d'explorer au
fur et à mesure le sujet. Nous n'allons pas nous arrêter là
et nous espérons dans le futur, à un titre ou à un autre,
apporter d'autres contributions à l'étude de la
problématique de l'exploitation de la main-d'oeuvre enfantine.
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Enquête auprès d'enfants travailleurs de
P-au-P, des Gonaïves et du Cap-Haïtien, dans le cadre d'un travail de
recherche pour l'obtention du grade de Licencié en Droit/
Période : Nov. 04-Mars 05
1. Quel est ton nom ?: ........................
2. Quel est ton âge ? :
...................................................
3. Où est ton père ? :...............
..................................
4. Où est ta mère?...........................
...................
5. Où habites-tu ?( Spécifie seulement
la zone ou le quartier)...... .........
6. Que font tes parents ? ( Activités).........
..........................
7. Pourquoi travailles-tu ?
.........................................
8. Est ce que tu vas à l'Ecole, si oui où
ça ?......... ..................
9. Quelle classe fais-tu ?...............
....................
10. Quel travail fais-tu ?..................
.....................
11. Quel est ton horaire de travail ?
.......................
12. Depuis combien de temps tu fais ce travail ?
.........................
13. Est ce qu'on te paie régulièrement pour ce
travail ?............ .........
14. Combien et comment on te paie ?............
.....................
15. Que fais-tu avec ton argent ?...............
........................
16. Aimes-tu le travail que tu fais, si non quel travail aimerais
tu faire ?
.......................................
17. As-tu l'habitude de disputer avec ton employeur ?
.......
18. A-t-il l'habitude de te maltraiter ?...... ......
19. As-tu l'habitude de disputer avec tes collègues de
travail ? ..................
20. Ont-ils l'habitude de te maltraiter ?......
...............
21. Que penses-tu de ta situation, de tes droits ou autres ?
(Commentaires)
...............
TABLEAUX RESUMÉS DES RESULTANTS
OBTENUS
TABLEAU I/ RÉSULTAT PAR ÂGE
ÂGE
|
QUANTITÉ
|
%
|
-10 ans
|
27
|
12%
|
10 à 14 ans
|
115
|
50%
|
15 à -18 ans
|
87
|
38%
|
TABLEAU II/ RÉSULTAT PAR SEXE
SEXE
|
QUANTITÉ
|
%
|
Fille
|
73
|
32%
|
Garçon
|
156
|
68%
|
TABLEAU III/ RÉSULTAT PAR CATÉGORIE DE
TRAVAILLEURS
ACTIVITÉ
|
QUANTITÉ
|
%
|
Travailleurs domestiques
|
77
|
34%
|
Travailleurs des Rues et des Petit. Entreprises
|
138
|
60%
|
Secteur Formel
|
7
|
3%
|
Autres
|
7
|
3%
|
TABLEAU IV/ NIVEAU DE
SCOLARITÉ
NIVEAU DE SCOLARITÉ
|
QUANTITÉ
|
%
|
Aucun
|
117
|
51%
|
Primaire
|
103
|
45%
|
secondaire
|
9
|
4%
|
TABLEAU V/ RÉSULTAT PAR RAPPORT
FAMILIAL
RAPPORT FAMILIAL
|
QUANTITÉ
|
%
|
Mère
|
31
|
13,50%
|
Père
|
23
|
10%
|
Mère et Père
|
20
|
9%
|
TABLEAU VI/ SATISFACTION DES
TRAVAILLEURS
Niveau de satisfaction
|
QUANTITÉ
|
%
|
Insatisfait
|
61
|
27%
|
indifférent
|
149
|
65%
|
satisfait
|
19
|
8%
|
TABLEAU VII/RÉSULTAT PAR QUANTITÉ
D'HEURES DE TRAVAIL PAR JOUR
NOMBRE D'HEURES
|
QUANTITÉ
|
%
|
- 8 Heures
|
7
|
3%
|
8-10 Heures
|
18
|
8%
|
+ 10 heures
|
204
|
89%
|
TABLEAU VIII/ RÉSULTAT PAR NIVEAU
D'INFORMATION SUR LES DROITS DES ENFANT AU TRAVAIL
Niveau d'information
|
QUANTITÉ
|
%
|
Aucune
|
209
|
91%
|
Faible
|
11
|
5%
|
Plus ou moins
|
9
|
4%
|
Avancé
|
0
|
0%
|
TABLEAU IX/ RÉSULTAT PAR NIVEAU DE
SALAIRE
ACTIVITÉ
|
RYTHME DE PAIEMENT
|
FOURCHETTE SALARIALE
( GDES)
|
Travailleurs domestiques
|
Mensuel
|
600-900
|
Travailleurs des petites entreprises
|
Mensuel
|
700-1000
|
Travailleurs dans Les Entreprises structurées
|
Mensuel
|
1500-4000
|
Autres
|
Paiement à la pièce
(par jour ou par volume de travail)
|
Salaire indéterminé
|
NB. Les calculs sont faits sur la base de
l'échantillonnage s'élevant à 229 enfants repartis comme
suit: 124 à Port-au-Prince, 54 au Gonaïves et 51 au
Cap-Haïtien. Les interviews ont eu lieu entre les mois de novembre 2004
et 2005.
* 1 UNICEF, « Les
Enfants d'Abord », éd. Henry Deschamps, Port-au-Prince,
1994, p. 6.
* 2 OIT/BIT, Le travail de
l'enfant : Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p.1. /
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/whatintro.htm
* 3 OIT/BIT, Combattre le
travail des enfants : Manuel à l'usage des inspecteurs du
travail, Bureau international du Travail, Genève, 2003, p. 11.
* 4 UNICEF, La Situation
des enfants dans le monde en 1997, Genève, 1997, p.7.
* 5 OIT/BIT, Les rapports
de la Conférence Internationale du Travail (84e, 85e,
86e et 87e Session), 1996 à 1999.
* 6 UNICEF, Op. Cit. p. 25.
* 7 Irdèle LUBIN, Un
regard sur la domesticité Juvénile en Haiti, Vol. 20, No. 2,
p. 49.
* 8 FAFO, Domesticité
des enfants en Haiti, caractéristiques, Contexte et organisation,
Port-au-Prince, 2002, p. 39.
* 9 UNICEF, La situation
des Enfants dans le monde en 2005, Genève, 2005, p. 18.
* 10 Décret du 10 mars
1995 portant ratification de la Convention Relative aux Droits de l'Enfant (La
Convention a été ratifié le 23 décembre 1994 et
publié dans le Journal officiel du pays, Le moniteur No.59 du 31 juillet
1997).
* 11 Le protocole facultatif
concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie
impliquant des enfants (2000) et le Protocole facultatif concernant
l'implication d'enfant dans les conflits armés (2000).
* 12 La convention 138 sur
l'Age minimum d'Admission à l'emploi (Genève, 1973) et la
Convention 182 sur les pires formes de travail des enfants (1999).
* 13 Kay CASTELLE,
L'Enfant, Son Intérêt, Ses Droits : Découvrir la
Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant, 1ere
édition, Montréal, 1990, p. 2.
* 14 OIT/BIT, Combattre
les formes les plus Intolérables du travail des enfants : Un
défi Universel (Conférence d'Amsterdam sur le travail des
enfant du 26 et 27 février 1997), Genève, 1997, p. 3,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/ams/1accleng.htm
* 15 A date, la CIDE est
signée et ratifiée par les 191 Etats membres de l'ONU, sauf Les
Etats-Unis et la Somalie n'ont pas encore ratifié cette Convention,
www.globenet.org/enfant/cide.html
* 16 Romanne
PRÉSUMÉ, « MANUEL DE METHODOLOGIE De la
Problématique à l'Analyse des données »,
Presse Evangélique, P-au-P, 2003, page 293.
* 17 L'échantillon de
229 enfants travailleurs est ainsi reparti : 124 pour Port-au-Prince, 51
pour les Gonaïves et 54 pour le Cap-Haïtien.
* 18 Carl V. RAYMOND, La
Problématique de la Domesticité Infantile en Haiti : Regard
sur la Réponse, Port-au-Prince, 2003, p. 4.
* 19 IHSI (Bureau du
4e recensement) 4e Recensement Général de
la Population et l'Habitat, Haiti, aout 2003.
* 20 Avec la croissance
accélérée de la population urbaine, les centres-villes de
Port-au-Prince, des Gonaïves et du Cap-Haitien se rencontrent quasiment
avec leurs zones périphériques respectives. Dans le cas qui nous
concerne, les centres urbains ne sont pas dissociés des sections
communales.
* 21 OIT/BIT, Combattre
les formes les plus Intolérables du travail des enfants : Un
défi Universel (Conférence d'Amsterdam sur le travail des
enfants du 26 et 27 février 1997), Genève, 1997, pp.
3-4.,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/ams/1accleng.htm
* 22 OIT/BIT, Le travail de
l'enfant: Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p. 2,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/whatintro.htm
* 23 UNICEF, La Situation
des enfants dans le monde en 1997, Genève, 1997, p. 25.
* 24 Ibid.
* 25 Ibid.
* 26 François LATORTUE,
Le Droit du Travail en Haiti, Editions des Antilles, P-AU-P., 1991, p.
14.
* 27 Emmanuel FOUQUET et al.,
Dictionnaire Encyclopédique HACHETTE, éd. 2001, Page
1899.
* 28 OIT/BIT,
Recommandations internationales en vigueur sur les statistiques du
travail, 1988, p. 57.
* 29 François LATORTUE,
Op.cit, p. 13.
* 30 Emmanuel FOUCHET et al.,
Op.cit., p. 633.
* 31 32 UNICEF,
Op.cit., p. 25.
* 33 OIT/BIT, Un Avenir
sans travail des enfants, 1ere éd., BIT,
Genève, 2002, p. 16.
* 34 Ibid., p. 18.
* 35 Ibid., p.
19.
* 36 Ibid.
* 37 Ibid., p. 21.
* 38 Ibid.,.
Pp.21-22.
* 39 Ibid, p. 20.
* 40 IPSOFA,
Rèstavèk : La domesticité
Juvénile en Haiti, Port-au-Prince, 1998, p. 9.
* 41 IPSOFA, Op.cit., p.7.
* 42 FAFO, Op. Cit., p. 39.
* 43 Berrier PIERRE, Le
Travail des enfants : Nouveauté de notre Siècle?,
Journal de L'Association Enfant du Monde, No. 79, Mars 1999, page 4.
* 44 Ibid.
* 45 Ibid.
* 46 Ibid.
* 47 Ibid., pp.
4-5.
* 48 Jean-Charles
CHAMPAGNAT, Historique du travail des enfants en France,
diffusé sur le site:
www.droitsenfant.com/19siecle.htm
* 49 Bernier PIERRE, Loc. Cit,
p.5.
* 50 HSI / UNICEF/MAST,
Les Fondement de la Pratique de la Domesticité des enfants en
Haiti,
P-au-P., 2002, p. 38.
* 51Carl V. RAYMOND, Op. Cit.,
p. 17.
* 52Ibid.
* 53 HSI, Op. Cit., page
38.
* 54 Ibid.
* 55 Ibid.
* 56 Ibid., page
39.
* 57 Ibid., page
42.
* 58 Ibid., page
43.
* 59 Ibid., p. 42.
* 60 Ibid.
* 61 Irdèle LUBIN,
Op.cit., p.47.
* 62 HSI, Op. Cit.,
p. 84.
* 63 HSI, Défis du
Présent et rêves d'avenir : Plaidoyer pour une
responsabilité Sociale, Etude sur la Situation et la condition des
filles de la rue et des filles dans la rue de la Zone Métropolitaine de
Port-au-Prince, P-au-p., 2003, p. 4.
* 64 Ibid.
* 65 Aude CADIOU, Op. Cit,
P. 37.
* 66 OIT/OIT, Le travail
des enfants : L'intolérable en point de mire, Genève,
Bureau International du Travail, 1996, p.10.
* 67 L. STEINBERG et S.M.
DORNBUSH: Negative correlates of part time employment during adolescence:
Replication and evaluation, dans Development Psychology (Washington D.C.),
1991, Vol. 27, No. 2, pp. 304-313), cité par l'organisation
Internationale du travail (OIT) lors de la Conférence
d'Amsterdam sur le Travail Des Enfants (26 et 27 février 1997)
Genève, Janvier 1997.
* 68 Walter Alarcón
GLASINOVICH: Trabajo y educación de niños y adolescentes en el
Perú, 1995 Conférence d'Amsterdam sur le Travail des Enfants (26
et 27 février 1997) , Genève, Janvier 1997.
* 69 OIT/BIT, Le travail
de l'enfant : Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, pp. 4-5. /
http://www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what1.htm
* 70 HSI/UNICEF/MAST, Les
Fondement de la Pratique de la Domesticité des enfants en Haiti,
Port-au- Prince, 2002, p. 55.
* 71 OIT/BIT, Un Avenir
sans travail des enfants, 1ere éd. , BIT,
Genève, 2002, p. 24.
* 72 Emmanuel FOUCHET et al.,
Op. cit., p. 961.
* 73 G. VERHAEGEN, le
rôle du Secteur informel dans le développement économique
du Zaïre, cité par Opanga EKANGA, approche globale du secteur
informel. Concepts et pois dans l'Economie du Zaïre, communication tenue
lors du colloque sur l'Informel : suivie ou chance pour le
Zaïre ? Kinshasa, 1995, inédite et cité enfin dans le
document de Inwent (Internationale Weiterbildung und Entwicklung) publié
sur le site :
www.inwent.org/E+Z/1997-2002/df502-7.htm
* 74 G. de VILLERS, le
Pauvre, le Hors-la-loi, le métis. La question de l'Economie Informelle
en Afrique, Bruxelles, Cedaf, 1992, p.4.
* 75 OIT/BIT :
L'Economie Informelle, Fiches Thématiques, p. 2.
* 76 OIT/BIT, Combattre
les formes les plus Intolérables du travail des enfants : Un
défi Universel (Conférence d'Amsterdam sur le travail des
enfants du 26 et 27 février 1997), Genève, 1997, p.
5,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/ams/1accleng.htm
* 77 Emmanuel FOUQUET et al.,
Op.cit., p. 1899.
* 78 UNICEF, La Situation
des enfants dans le monde en 1997, Genève, 1997, Page 32
* 79 Ibid.
* 80 Maggie BLACK, Les
enfants domestiques, Manuel pour la Recherche et l'Action, Anti-Slavery
International, 1997, p. 1.
* 81 FAFO, Op. cit.,
p.11.
* 82 Ibid., p. 13.
* 83 Ibid., p.
15.
* 84 UNICEF, Op.Cit., p.
43.
* 85 Ibid., p 44.
* 86 Haiti, Rapport de
suivi de l'Etat Haïtien sur l'Application de la CIDE, 2000, p.
57.
* 87 OIT, Op.cit., p.
2.
* 88 En Haiti, la
scolarité obligatoire arrive jusqu'au certificat d'étude
primaire, car selon l'article 32-3 de la constitution de 1987, l'enseignement
primaire est obligatoire.
* 89 UNICEF, Op.cit., p.
26.
* 90 Ibid.
* 91 Carl V. RAYMOND,
Op.cit, p.14.
* 92 UNICEF, Op.cit.., p.
46.
* 93 OIT/BIT, Le travail de
l'enfant: Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p. 7,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what1.htm
* 94 Carl V. RAYMOND,
Op.Cit.
* 95 UNICEF, Op.cit., p.
26.
* 96 Ibid., p.35.
* 97 Ibid.
* 98 OIT/BIT, Un Avenir
sans travail des enfants, 1ere éd. , BIT,
Genève, 2002, p. 23.
* 99 Carl V. RAYMOND, Op. cit.,
p.4.
* 100 Ibid, p. 11.
* 101 Anti-Slavery
International/CISL, Le travail forcé au 21e
Siècle, Publiset, Bruxelles, 2002, p. 18.
* 102 IPSOFA, Op. cit.,
p 7.
* 103 FAFO, Op.cit., p.
39.
* 104 Carl V. RAYMOND,
Op. cit., p. 4.
* 105 HSI, Op.
cit., p. 22.
* 106 COHADDE, Rapport
alternatif au comité des droits de l'enfant, 2002, p. 15.
* 107 Eugen BRAND et al..,
Quand l'extrême pauvreté sépare parents et enfants :
Un défi pour les Droits de l'Homme, Editions ADT Quart Monde,
Méry-sur-Oise, France, 2004, p.51.
* 108 Des activités
telles : cireurs de bottes, laveurs de voitures, transporteurs de colis,
etc.
* 109 Des activités
où ils dépendent directement d'un employeur : embarquement
d'autobus, vendeurs ambulants de breuvage, de nourritures, etc.
* 110 OIT/BIT, Un Avenir
sans travail des enfants, 1ere éd., BIT,
Genève, 2002, p. 54.
* 111 Ibid.
* 112 Ibid., p.
53.
* 113 ACDI, La lutte
contre le travail des enfants, 1997, p. 1,
www.acdi-cida.gc.ca/cida_ind.nsf/0/7567170ACB25D316852564A0005BBA55?OpenDocument#sec1
* 114 Ibid, p. 2.
* 115 OIT, Op. cit.,
p.8.
* 116 Ibid.
* 117 Grootaer, C., et Kanbur,
R., « Le travail des enfants: un point de vue
économique», Revue internationale du Travail, vol. 134,
no 2.
* 118 OIT/BIT, Le travail
de l'enfant : Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p. 8. /
http://www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what1.htm
* 119 La bonne gouvernance
est devenue un mot-clé du développement international, et il est
appliqué à tous les secteurs. Ce concept est apparu à la
fin des années 80, au moment où la mise en oeuvre des programmes
d'ajustement structurel posait de sérieuses difficultés,
diagnostiquées comme des erreurs dans la gestion des affaires publiques,
imputables à l'impondérabilité, au paternalisme et au
manque de gouvernance des gouvernements. La bonne gouvernance se définit
comme la manière dont le pouvoir en exercice gère les ressources
économiques et sociales d'un pays en faveur de son développement.
Elle se caractérise habituellement par un ensemble de principes tels que
le respect de la primauté du droit, la bonne gestion des affaires
publiques, la lutte contre la corruption, le respect des droits humains ou la
promotion de la démocratie et d'un développement participatif
(Réf. site de la Coopération économique de
développement/SECO) :
http://www.seco-cooperation.ch/entwicklungsarbeit/00464/?lang=fr
* 120 PNUD, les objectifs
du millénaire pour le développement : Progrès, revers
et défis / Objectif no.2.
* 121UNICEF, Education et
Travail des enfants, Document d'information, Oslo, 27-30 octobre 1997,
p.1.
* 122 OIT, Op.cit., p.
5.
* 123 OIT/BIT, Combattre
les formes les plus Intolérables du travail des enfants : Un
défi Universel (Conférence d'Amsterdam sur le travail des
enfant du 26 et 27 février 1997), Genève, 1997, p. 9,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/ams/1accleng.htm
* 124 UNICEF, Op. cit..,
p. 20.
* 125 OIT/BIT, Le travail
de l'enfant : Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p. 11,
http://www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what1.htm
* 126 Ibid, p.1,
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what2.htm
* 127 OIT/IPEC, Etude
exploratoire sur l'Exploitation sexuelle des mineurs à des fdins
commerciales, Genève, 2003, p. 33.
* 128 La loi portant
organisation du Ministère des Affaires Sociales et du Travail, Moniteur
no. 82 du 24 novembre 1983.
* 129 Ibid.
* 130 HSI, Défis
du présent et rêves d'avenir : Plaidoyer pour une
responsabilité sociale, Etude sur la situation et la condition des
filles de la rue et des filles dans la rue de la zone métropolitaine de
port au prince, P-au-p., 2003, p. 52.
* 131 REPUBLIQUE D'HAITI,
Rapport de suivi d'application de la convention relative aux droits de
l'enfant, 2002, p.59.
* 132 Moniteur No. 41 du
jeudi 5 juin 2003.
* 133 OIT/IPEC, Op.cit.,
p. 26.
* 134 Traité de Paix
signé entre l'Allemagne et les puissances alliées victorieuses,
le 28 juin 1919.
* 135 Aude CADIOU, Le
travail des enfants, s.m.é., Nantes, 2002, p. 2.
* 136 David WEISSBRODT,
Abolir l'Esclavage et ses formes Contemporaines, HCDH, Genève,
2002, p.41.
* 137 Ibid.
* 138 Ibid.
* 139 Aude CADIOU,
Op.Cit.
* 140 Ibid.
* 141 François
LATORTUE, Op.cit., page 39..
* 142 Ibid., page 45.
* 143 Moniteur No. 120 du
12 décembre 1960 et moniteur No. 1 du 2 janvier 1961.
* 144 Moniteur No. 82 du
jeudi 24 novembre 1983 et No. 18-A du lundi 5 mars 1984.
* 145 Moniteur No. 41 du
jeudi 5 juin 2003.
* 146 Ibid.
* 147 Moniteur No. 59 du
31 juillet 1997.
* 148 UNICEF, Op.cit.,
p.19.
* 149 Mention faite au
niveau des dispositions finales des quatre conventions concernées.
* 150 Décret du 13
juillet 1956 sanctionnant cette Convention, Moniteur No.95 du 6 septembre
1956.
* 151 Décret du 24
juillet 1956 sanctionnant cette convention, Moniteur No.95 du 6 septembre
1956.
* 152 Article 3
alinéas 2 à 4 de la convention n°. 90 concernant le
Travail de nuit des enfants.
* 153
Décret du 13 juillet 1956 sanctionnant cette convention, Moniteur No.95
du 6 septembre 1956.
* 154 Article 6 de la
Convention concernant l'examen médical d'aptitude à l'emploi des
enfants et des adolescents
pour des Travaux non- industriels.
* 155
Décret du 13 juillet 1956 sanctionnant cette convention, Moniteur No.95
du 6 septembre 1956.
* 156 La
déclaration Universelle des Droits de l'Homme est publié en
Haiti le 10 Décembre 1948
* 157 Moniteur No. 2 du 2
janvier/Sanctionné par le décret du 23 novembre 1991.
* 158 Moniteur No. 77 du
1er octobre 1979.
* 159 OIT,
Déclaration relative aux principes fondamentaux/ Document:
(CIT/1998/PR20A)
* 160 Publiée dans
le Moniteur No.36 du 28 avril 1987.
* 161 François
LATORTUE, Op. cit., page 48.
* 162 Ibid.
* 163 REPUBLIQUE D'HAITI,
Concrétisation de la Démocratie : Survol des
réalisations récentes du gouvernement d'Haiti, XXXIIIe Session de
l'Assemblée Générale de l'OEA, Document Officiel
distribué au média, Santiago, 9 juin 2003.
* 164 Marilia SARDENBERG.
« La Convention sur les Droits de l'Enfant : Un défit
pour tous les Etats et pour tous les Adultes », Genève,
1999, Page 2, article publié sur le site :
www.droitsenfant.com ,
consulté le 13 septembre 2001.
* 165 OIT/BIT, Le travail
de l'enfant : Que faire ? Programme focal sur le travail des
enfants : IPEC, Genève, 1996, p. 4. /
www.ilo.org/public/french/standards/ipec/publ/policy/what/what2.htm
* 166 PNUD, Les objectifs du
millénaire pour le développement, 2000.
* 167 UNICEF, La
Mobilisation Sociale et travail des enfants / Document d'Information,
Oslo, 27-30 octobre 1997, p. 7.
* 168 Loïc PICARD,
Enfant et Travail : Une incompatibilité évitable,
4e séminaire de l'Institut International des droits de
l'enfant, 23-29 octobre 1997, Genève, suisse)
* 169 Mohammed BOUGROUM et
Aomar IBOURK, les déterminants du travail des enfants et analyse
micro-économique de la demande d'éducation formelle au
Maroc : cas du secteur de l'artisanat, 1999, p. 2.
* 170 UNICEF,
Mobilisation Sociale et Travail des enfants/documents d'information,
Oslo, 27-30 oct. 1997, p. 2.
* 171 Ibid., p.
7.
* 172 OIT/BIT, Un Avenir
sans Travail des enfants, Genève, 2002 p. 60.
* 173 OIT/BIT, Comprendre
les Droits au Travail : Déclaration relative aux principes et
Droits fondamentaux au travail, Genève, p. 23.
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