Analyse de l'accès à l'éducation à Kinshasa( Télécharger le fichier original )par Hence Mathodi Lumbu Université de Kinshasa - Licence 2007 |
Chapitre premier :GENERALITES SUR L'EDUCATION« Aucun pays au monde n'a jamais atteint le développement sans un système éducatif efficace, sans un enseignement solide et universel, sans un enseignement supérieur et une recherche scientifique efficients, sans l'égalité des chances en matière d'éducation7(*) ». L'éducation couvre un champ d'action très vaste dans les sciences sociales en général et économique en particulier. Comme tout autre problème économique (production, consommation, répartition,...), elle fait l'objet d'une analyse approfondie en sciences économiques. L'éducation est analysée en tant que phénomène économique pour la simple raison que, dans une économie, on détourne les ressources déjà rares qu'on peut affecter dans des secteurs productifs à court terme en les affectant à la formation du capital humain qui peut donner ses effets qu'à long terme. D'où, nous pouvons nous rendre compte du fait que, l'éducation comme les autres problèmes purement économiques est susceptible d'amorcer un processus de croissance endogène et de développement dans un pays. Dans ce chapitre, il sera question d'exploiter des concepts y relatifs à l'éducation et au système éducatif ; la notion de système éducatif ne peut être mieux éclairée qu'après compréhension des différents concepts clés liés à l'éducation. En plus de tout et compte tenu des divers éléments constitutifs de l'éducation, certaines autres notions seront également abordées dans ce chapitre. 1. Généralités sur l'éducation Autrefois avant le XVIe siècle, on employait les termes « nourrissement » et « institution » pour parler de l'éducation. De là vient le terme « instituteur ». D'après le dictionnaire Larousse, éducation vient du latin « ex duccerer » c'est-à-dire tirer hors de... D'après O. Reboul, éducation vient du latin « educare » : élever les animaux et les plantes. L'éducation est une action exercée sur autrui pour développer ses facultés physiques, intellectuelles et morales, ainsi que son caractère. C'est l'ensemble de moyens qui contribuent à façonner un être. C'est le développement de ses talents. On emploie aussi le terme « élever » qui signifie : porter de bas en haut, donner de l'éducation, former, faire naître, susciter. C'est au travers de l'éducation que la société fait partager les valeurs qu'elle privilégie, c'est-à-dire sa culture et ses connaissances. L'éducation dépend de ce qui caractérise une société. Elle dépend aussi des époques et des lieux. L'éducation existe depuis que les hommes se situent dans le temps et désirent retransmettre leur pensée, leur savoir pour survivre et aussi leur façon d'interpréter le monde. En d'autres termes, l'histoire de l'éducation et de la pédagogie est profondément solidaire de l'histoire de la pensée. Sa connaissance permet de s'ouvrir à d'autres modes de pensée, de relativiser ce que l'on connaît, d'acquérir des moyens d'analyser une situation actuelle, se savoir par quoi l'éducation est influencée et par quoi nous pouvons l'être à notre tour. Ces moyens reflètent la façon dont on percevait l'être humain et l'importance de ce qu'on voulait lui apprendre. C'est pourquoi cette histoire est aussi profondément solidaire de l'histoire de l'humanité. L'éducation a été abordée de manière diverse par les économistes depuis le XVIIe siècle. Parmi eux on cite : A. Adam SMITH : C'est le père fondateur de l'économie de l'éducation car il fut une des plusieurs, si pas le premier à s'interroger sur la notion du capital humain. Avant lui, William Petty, va s'intéresser au rôle de l'éducation en calculant la valeur travail d'un homme. Son étude a le mérite de lier l'homme et son travail à la notion de capital. Ainsi en relevant les facteurs qui conditionnent la productivité de la main d'oeuvre, il ouvre implicitement la voix aux analyses ultérieures rangeant l'éducation parmi ces facteurs. Comparativement à ses contemporains qui ont une conception beaucoup plus matérialistes, Ricardo donne la priorité au capital technique en banalisant le facteur travail ; Malthus n'évoquant l'éducation que sous la perspective démographique, A. Smith considère les qualifications possédées par les individus comme un élément déterminant le progrès économique. Ces qualifications ou aptitudes ont été acquises par les individus par l'éducation familiale, les études et l'apprentissage8(*). Outre les avantages financiers associés à l'investissement humain, A. Smith estime qu'il existe des bénéfices directs et indirects associés. L'éducation évite en particulier la corruption et la dégénérescence. Par conséquent, il est utile que le gouvernement se préoccupe de l'enseignement, non pour la mise sur pied d'un système d'éducation publique mais dans le cadre d'aide financière à accorder aux écoles privées dont le fonctionnement normal doit être pris en charge par ceux qui en bénéficient. A. Smith est, dans le domaine de l'éducation comme dans les autres, le père du libéralisme9(*).
B. Le XIXe siècle : Malgré l'apport d'Adam Smith dans le domaine de l'éducation, ce siècle n'apportera rien de fondamentalement nouveau. Parmi les penseurs de cette époque, · John Stuart Smill : Dans la définition de la richesse, il considère les qualifications de la force du travail ; Mais à l'encontre d' A. Smith, il fait remarquer que dans le domaine de l'éducation, les mécanismes de marché ne fonctionnent pas efficacement. Plutôt de prôner une instruction publique gratuite, il suggère une instruction gratuite obligatoire dans une école privée ou à domicile jusqu'à un certain âge, sanctionnée par des examens d'Etat. Selon lui, le gouvernement pourrait apporter une assistance financière aux institutions d'enseignement et des dispenses financières aux enfants des pauvres. · Karl Marx: Lui ne fait qu'élaguer le sujet en précisant juste que le travail qualifié a une plus grande valeur que le travail non qualifié et que la production de ce travail qualifié exige du travail sous forme d'éducation. On voit ici apparaître en filigrane l'idée que le capital humain est produit grâce à l'éducation. C. La première moitié du XXe siècle (Marshall et quelques pionniers) : Elle sera marquée par le poids déterminant de l'économiste Britannique Alfred Marshall. De prime abord, Marshall fut le digne continuateur de Smith car10(*) : · Il accepte la notion smithienne du capital humain, intitulé ici « richesse personnelle » ; · Plus encore, il suppose que le motif du profit joue dans les décisions d'investissement ; · Il met en valeur les bénéfices directs et indirects liés à l'éducation (comme Smith) ; cependant, il va exclure le capital humain de sa définition de la richesse et du capital (au sens large). Les travaux de Marshall vont entraîner un coup d'arrêt dans le développement de l'économie de l'éducation. Il faudra attendre le début des années 60, avec les travaux de SCHULTZ et BECKER pour qu'elle puisse prendre son essor définitif car, ces économistes ont su appliquer de manière systématique à l'éducation leurs instruments d'analyse et leurs critères d'appréciation.
L'éducation et en particulier l'enseignement primaire, a pour but de préparer l'enfant à la vie, de lui donner un premier niveau de formation générale, physique, civique, morale, intellectuelle et sociale. Elle doit notamment préparer l'enfant à : s'intégrer utilement dans la société ; poursuivre des études ultérieures. Ainsi, en fin de cycle primaire, l'enfant devrait être capable d'acquérir une instruction fondamentale, c'est-à-dire savoir écrire, lire, calculer, comprendre et s'exprimer en langue congolaise et en langue française ; des comportements et attitudes qui traduisent un éveil développé des facultés intellectuelles, morales, sociales et physiques. L'importance de l'éducation peut-être perçue selon qu'on se situe au niveau de l'enfant, de la famille ou de la société. Pour l'enfant, une bonne éducation c'est la grande chance de sa vie. Son épanouissement, son bonheur temporel et éternel, sa valeur morale et spirituelle et sa réussite en dépendent presque entièrement. Au niveau de la famille, une bonne éducation récompense et réjouit les membres de la famille. Elle prépare aussi l'individu à fonder plus tard un foyer heureux, en le dotant des principes, des vertus, des compétences qui assureront la bonne entente conjugale, l'harmonie, la paix, la solidarité, l'amour du travail et qu'il transmettra à son tour à ses enfants. Pour la société par ailleurs, la bonne éducation est la garantie du progrès social, de la prospérité économique, culturelle des peuples, parce que génératrice de science, de conscience, d'honnêteté, d'esprit de dévouement, de sens de la responsabilité, de solidarité. La bonne éducation assure la qualité des individus, la stabilité de la famille, le sérieux de la vie professionnelle, la fidélité aux engagements, tous, éléments indispensables à l'édification d'une société où il fait bon vivre. 2. Définition des quelques concepts liés à l'éducation Ce terme désigne l'action, l'art de transmettre des connaissances à un élève11(*). Il désigne également l'apprentissage, l'instruction, la formation. Dans ce sens, il est le synonyme de l'éducation. L'enseignement primaire, dit enseignement élémentaire est celui qui donne les premiers éléments de connaissance12(*). Il constitue la plus grande subdivision de tout le système éducatif. Il présente cette particularité unique de contribuer à la transformation de la société par l'éducation des plus jeunes. Du point de vue macroéconomique, l'enseignement primaire est perçu comme le coeur du développement et du progrès. Pour mieux appréhender ce terme, il nous est essentiellement utile de marquer la différence qui existe entre une éducation et une instruction. L'éducation comprend la formation intégrale de l'homme : intelligence, coeur, esprit, volonté. Tandis que l'instruction n'en constitue qu'une partie : l'éducation intellectuelle. Un enseignant qui ne se soucie que de la transmission d'un savoir, de la réussite de ses élèves aux examens, n'accomplit qu'une partie de sa tâche ; il ne fait pas oeuvre d'éducation13(*).
La pédagogie est essentiellement la science et l'art de l'éducation. Mais elle est aussi philosophie et technique. Selon Marroir et Dewey, la pédagogie, en tant que science, étudie systématiquement les problèmes de l'éducation, elle implique l'existence de l'objet, du champ et des méthodes de recherche. Emmanuel Kant pense quant à lui que la pédagogie est une philosophie parce qu'elle détermine les finalités de l'éducation et apprécie les moyens choisis pour les atteindre. Par contre Emile Durkheim confirme que la pédagogie est la technique de l'éducation. Elle établie des règles pratiques, des méthodes, des recettes pour la réussite de l'oeuvre éducatrice. Littré et Riboulet estiment enfin que la pédagogie se présente comme un talent inné, personnel, incontournable, un moyen personnel par lequel on réussit. La qualité de l'éducation se définit soit par les performances des élèves, soit par un ensemble de facteurs au sein du système éducatif censé déterminer les performances des élèves. Cet ensemble de facteurs comprend les moyens mis à la disposition des écoles (enseignants, matériels, infrastructure), l'appui pédagogique et l'administration du système, les méthodes pédagogiques et l'ambiance scolaire. Certaines définitions de la qualité incluent l'étendue et la nature du soutien que les parents et la communauté apportent à l'école, qui contribuent à améliorer les performances des élèves. Des facteurs externes au système éducatif influencent aussi l'efficacité de l'éducation, en particulier les caractéristiques des enfants et de leurs familles, et le soutien que celles - ci apportent à l'éducation. Cette notion semble bien vielle. De nos jours, La qualité est devenue un concept dynamique, qui doit constamment s'adapter à un monde dans lequel les sociétés elles-mêmes sont soumises à des profondes transformations sociales et économiques. Il est de plus en plus important d'encourager la réflexion prospective et l'anticipation. L'ancienne notion de qualité est devenue obsolète. En dépit des différents contextes, il existe de nombreux points communs dans la recherche de l'éducation de qualité, qui devraient permettre à chaque individu, femme et homme, d'être des membres actifs à part entière de leurs communautés ainsi que des citoyens du monde15(*). A ce stade, une éducation de qualité possède des caractéristiques essentielles dont la mise en oeuvre peut prendre diverses formes pour s'adapter au contexte culturel. L'éducation pour tous (EPT) et les objectifs du millénaire pour le développement (ODM) ont incorporé le concept d'éducation de qualité dans leurs objectifs, dont les objectifs internationaux de développement. Le but visé n'est pas de dispenser n'importe quelle éducation, sans se préoccuper de sa qualité. L'idée que l'accès doit précéder la qualité est un mythe. Une éducation de qualité est une condition préalable de l'éducation pour le développement durable à tous les niveaux et dans tous les modes d'enseignement. Au prix d'un certain effort d'abstraction, les activités humaines organisées, l'éducation donc, peuvent être organisées comme des systèmes. Isolé de son contexte, un système d'enseignement peut commodément être considéré comme une organisation de production. Le système reçoit des flux d'entrée ou inputs (hommes, connaissances, moyens matériels et financiers), les soumet à des activités des outputs (l'élèves quittent le système). Les principaux éléments ou composantes d'un système donné d'enseignement sont : - Au niveau des fins, les objectifs assignés au système et caractérisant la politique d'éducation, ces objectifs correspondent à des options faisant une place variable aux différentes finalités de l'éducation : culturelle (transmission des connaissances et modes de comportement par lesquels la société reconnaît l'homme cultivé), sociale (intégration de tous dans le corps social par uniformisation des valeurs morales, des connaissances, des catégories intellectuelles), économique (préparation quantitativement et qualitativement adaptée, des individus à la vie professionnelle) ; - Au niveau du cadre institutionnel, les principes et rythmes de circulation des élèves (niveaux et types d'enseignement, règles d'admission, de notation, de progression), les principes de direction et de gestion des différentes unités d'enseignement ; - Au niveau des moyens de fonctionnement, les élèves en cours de scolarité, les méthodes pédagogiques et le contenu de l'enseignement, le personnel enseignant et administratif, enfin les locaux et les équipements. Ordonner ces divers éléments en un système, c'est souligner que tout changement affectant l'un d'eux remet en cause d'autres éléments, souvent à différents niveaux. Ainsi, une modification des méthodes pédagogiques peut entraîner la révision de certaines fins, nécessiter des aménagements institutionnels, modifier la combinaison des moyens de fonctionnement toute appréciation de la marche du système d'enseignement et des mesures à prendre pour l'améliorer ou faire face à des modifications dans ses objectifs suppose un examen logique des rapports qui existent entre les composantes essentielles du système. Réintégré dans son environnement humain, culturel, social et économique, un système d'enseignement soulève des questions relatives à l'origine des inputs et à l'emploi de l'output, aux conséquences de changement affectant les inputs et les outputs. Les inputs varient souvent sous des influences sans lien étroit avec le système lui-même et font peser sur lui des contraintes. Il s'agit surtout des hommes (facteur démographique et variation de la demande sociale d'éducation) et des moyens de financement soumis à la concurrence de différents besoins collectifs. L'output de connaissances et d'individus formés doit, en principe, répondre aux besoins de la société. Il convient donc que les objectifs du système reflètent les besoins de formation et les aspirations de la collectivité. Le fonctionnement, sans cesse démultiplié, du propos sur l'éducation rend aléatoire toute tentative visant à donner une définition unique et unitaire des phénomènes éducatifs. Pourtant, la disparition du consensus qui régnait encore à la fin du XIXème siècle autour d'une définition humaniste et progressiste de l'éducation semble laisser intacte la nostalgie d'un centre « pédagogisme », le mouvement des sciences humaines et sociales autour de l'éducation témoigne d'une rivalité dont les enjeux sont autant politiques qu'épistémologiques et au sein de laquelle on fonctionne parfois comme s'il allait de soi que l'on possède en exclusivité la prive de vue où les autres se trouvent englobés. 5. Le système éducatif de développement16(*) La notion du système éducatif de développement est mieux appréhendée à travers celle de l'éducation pour le développement durable. Le Sommet de Johannesburg a réaffirmé que l'éducation était le fondement du développement durable. Le Plan de mise en oeuvre des recommandations de ce sommet souligne les liens existants entre les objectifs de développement pour le Millénaire sur l'enseignement primaire universel pour les garçons et les filles, mais en particulier les filles, et le Cadre d'action de Dakar : l'éducation pour tous. La création d'un système éducatif attentif aux différences de traitement entre les sexes à tous les niveaux et dans tous les secteurs, formel, non formel et informel, pour atteindre les populations non desservies, est considérée comme un élément fondamental de l'éducation pour le développement durable (EDD). Il est entendu que l'éducation offre un moyen d'aborder d'importantes questions telles que le développement rural, les soins de santé, la participation communautaire, le VIH/SIDA, l'environnement et des questions éthiques et juridiques de plus vaste portée comme les valeurs humaines et les droits de l'homme. Il n'existe pas de modèle universel d'EDD. Si l'on s'accorde en général sur le concept proprement dit, il existe des nuances au plan local en fonction du contexte, des priorités et des méthodes adoptées. Chaque pays doit définir ses propres priorités et modes d'intervention. Il faut donc que les objectifs, les priorités et les processus soient définis localement pour satisfaire aux conditions environnementales, sociales et économiques locales, et tiennent compte également du contexte culturel. L'EDD est pertinente et essentielle aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. L'EDD est essentiellement une question de valeurs ayant pour centre la notion de respect. Respect des autres, qu'ils appartiennent aux générations actuelles ou futures, respect de la différence et de la diversité, de l'environnement, des ressources de la planète que nous habitons. L'éducation nous permet de nous comprendre nous-mêmes et de comprendre les autres, ainsi que les liens qui nous unissent à l'environnement naturel et social du vaste monde ; et cette compréhension devient une base durable sur laquelle asseoir le respect. En plus du sens de la justice, de la responsabilité, de l'exploration et du dialogue, l'EDD vise à nous faire adopter des conduites et des pratiques qui permettent à tous de mener une vie épanouie sans nous sentir privés de l'indispensable. L'EDD se développera en mettant en perspective tous les domaines du développement humain, et en tenant compte des défis les plus pressants, auxquels le monde est exposé. Ces derniers impliquent des processus de changement - vers un avenir meilleur et plus durable - que l'EDD ne peut ignorer. Le programme prend note des importantes perspectives offertes par : les droits de l'homme, la paix et la sécurité, l'égalité des sexes, la diversité culturelle et la compréhension entre les cultures, la santé, le VIH/sida, la bonne gouvernance, les ressources naturelles, le changement climatique, le développement rural, la viabilité de l'urbanisation, la prévention et l'atténuation des catastrophes, la réduction de la pauvreté, la responsabilité et les devoirs des grandes compagnies et enfin l'économie de marché. L'éducation est l'agent déterminant de la transition vers le développement durable, par son pouvoir de faire progresser les capacités des personnes et de transformer en réalités leurs aspirations concernant la société. L'éducation ne se limite pas à impartir des compétences scientifiques et techniques, elle renforce la motivation, la justification et le soutien social aux personnes qui les recherchent et les appliquent. La communauté internationale est désormais convaincue qu'il nous faut développer, par l'éducation, les valeurs, les comportements et les modes de vie qui sont indispensables pour un avenir viable. L'éducation pour le développement durable représente le processus d'apprentissage qui permet de prendre les décisions propres à préserver l'avenir à long terme de l'économie, de l'écologie et de l'équité dans toutes les communautés. Créer des compétences de manière à élaborer une réflexion orientée vers l'avenir constitue la principale mission de l'éducation. 6. Rôle de l'éducation dans le développement et la croissance L'idée s'est répandue depuis la deuxième guerre mondiale que l'éducation jouait un rôle dans le développement économique. Nous pouvons ainsi considérer les travaux de Denison qui s'est attaché à mesurer la contribution de l'éducation à la croissance des USA sur la période 1910-1960. Il est parvenu ainsi à démontrer que la croissance des facteurs de production traditionnels (capital et travail) n'explique pas la totalité du taux de croissance de l'économie et il est arrivé à cette conclusion en utilisant une fonction de production de type Cobb-Douglas avec rendement d'échelle constant. Par la suite, plusieurs écrits ont porté sur l'éducation- croissance car, globalement on peut dire que l'éducation crée un ensemble des facteurs favorables au processus de croissance. Selon PAGE, la principale raison d'introduire l'éducation dans le champ d'analyse économique est l'hypothèse que les phénomènes éducatifs sont susceptibles de jouer un rôle positif dans l'activité économique car, l'éducation rend le travail plus efficace, donc plus productif. Tenant compte de ce point de vue, nous pouvons considérer qu'un haut niveau d'éducation permettra le développement des activités de recherche qui sont à la base du progrès technique et donc de la croissance. L'éducation engendre aussi un état d'esprit favorable, elle modifie les valeurs individuelles et peut créer des attitudes de désir, de réussite, de compétition, de recherche du progrès favorable au développement économique. Nous pouvons aussi considérer son apport sur le comportement démocratique, la stabilité politique et institutionnelle, sa contribution au renforcement des institutions de la société civile, à la mise en place des capacités nationales, à la bonne gestion des affaires qui sont de toute évidence des facteurs favorables à la croissance économique. On peut aussi considérer l'appui bénéfique de l'éducation au niveau du développement économique sur le comportement en matière de santé et de la fertilité. Selon l'UNESCO, l'accès à l'éducation et au savoir est la clé du renforcement des capacités et de l'autosuffisance. Elle est une condition préalable du développement, de la croissance économique et de l'élimination de la pauvreté. Enfin, l'éducation joue aussi un rôle du côté de la demande sans laquelle la croissance est une utopie. Un haut niveau d'éducation débouche en effet sur des revenus plus élevés qui alimentent ensuite la demande des biens et services (ainsi qu'une capacité d'épargne nécessaire à l'investissement). Pour finir, nous devons savoir que l'éducation n'est pas automatiquement facteur de progrès, cela dépend pour une large mesure des finalités assignées au système éducatif. C'est pourquoi le système éducatif doit être adapté aux besoins directs de la croissance et du développement.
7. Education pour tous (EPT) : La vision mondiale de l'EPT a débuté avec la conférence mondiale sur l'EPT à Jomtien (Thaïlande) en mars 1990. Cette conférence, parrainée par le PNUD, l'UNESCO, l'UNICEF et la banque mondiale fut appel en faveur d'une éducation universelle de qualité et un accent particulier sur les citoyens les plus pauvres du monde. L'objectif visé est de donner un nouvel élan à l'engagement du monde envers l'éducation de ses citoyens. Cette conférence a permis d'élargir deux notions : 1. une éducation de base de qualité ; 2. fourniture de services adaptés aux besoins des plus pauvres. Depuis lors, l'éducation est devenue un tremplin qui permet de lutter contre la pauvreté, de donner aux femmes le moyen de se prendre en charge, de promouvoir les droits de l'homme et la démocratie, de protéger l'environnement et de maîtriser la croissance démocratie. La réalisation de l'objectif d'EPT va au-delà de l'effort de scolarisation universelle. Dans le contexte de chaque pays, la recherche de la cohésion sociale, la lutte contre les inégalités, le respect de la diversité culturelle et l'accès à une société du savoir, que peuvent faciliter les technologies de information et de la communication « NTIC » seront réalisées grâce à des politiques focalisées sur l'amélioration de la qualité de l'éducation17(*). Ainsi, les objectifs suivants ont été fixés : 1. étendre les activités de soins et d'éveil de la petite enfance, particulièrement en faveur des enfants pauvres ; 2. étendre les services de l'éducation fondamentale et de formation à d'autres compétences essentielles destinées aux adolescents et aux adultes ; 3. fournir aux individus et aux familles, grâce aux concours de tous les canaux d'éducation, des moyens supplémentaires d'acquisition des connaissances, compétences et valeurs nécessaires à une vie meilleure et un développement durable ; 4. universaliser l'enseignement primaire en l'an 2000 ; 5. améliorer les résultats de l'apprentissage avec des objectifs précis tel qu'un pourcentage convenu d'une classe d'âge déterminée atteignant ou dépassant un certain niveau d'acquisition jugé nécessaire ; 6. réduire en l'an 2000 le taux d'analphabétisation des adultes à la moitié de son niveau de 1990, en mettant l'accent sur l'alphabétisation des femmes.
La conférence de Jomtien a reconnu que la priorité demeure la fréquentation des enfants à l'école bien que cela ne soit qu'une première étape vers l'objectif de l'EPT. Une fois sur le banc de l'école, les enfants ont besoin d'un enseignement de qualité. En faisant de l'éducation de base pour tous leurs objectifs, les participants de la conférence ont fait valoir que les reformes devraient concentrer leurs efforts sur les acquis réels de l'apprentissage et sur les résultats plutôt que sur la scolarisation exclusivement18(*). Jomtien a aussi permis de replacer l'éducation parmi les priorités du développement international. Les principaux sommets ou conférences des Nations unis qui se sont tenus depuis Jomtien ont reconnu que l'éducation, particulièrement celle des filles et des femmes, englobe et relie tous ces domaines d'activité, et qu'elle est le pivot du progrès dans chacun d' entre eux. Dix ans après la conférence de Jomtien, la communauté internationale s'est de nouveau retrouvée à l'occasion du forum mondial sur l'éducation à Dakar pour n'examiner les résultats de la décennie, à l'occasion de l'évaluation plus exhaustive jamais menée sur l'éducation de base à l'échelle mondiale. Cette évaluation a permis de repérer les points faibles qui existaient et qui existent encore dans nombre de pays et qui constituent un obstacle à la réalisation de l'objectif d'éducation universelle. Elle a permis de fixer un calendrier pour la réalisation des objectifs spécifiques à l'an 2015 : · Réaliser l'enseignement universel d'ici 2015 ; · Éliminer les disparités entre les sexes dans l'ensemble primaire et secondaire d'ici 2015 et instaurer l'égalité dans ce domaine d'ici 2015 ; · Améliorer de 50% le niveau d'alphabétisation d'ici 2015. Malgré le fait que le forum de Dakar ait déterminé ce calendrier, force est de constater qu'un nombre de pays ne réaliseront pas les objectifs de l'éducation pour tous. C'est ainsi qu'un rôle clé est accordé au partenariat dans la longue marche en faveur de l'éducation pour tous. L'éducation pour tous ne se fera pas sans la collaboration de tous les partenaires à tous les niveaux. Au niveau national, bien sûr, la force agissante appuyant l'éducation pour tous doit être le gouvernement en collaboration avec la société civile et les secteurs privés et avec le soutien des différents partenaires internationaux. 8. perspective d'avenir de l'éducation en RDC
L'éducation reste l'un des grands déterminants de la pauvreté dans le monde. La situation de la RDC dans ce domaine est déplorable. Le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 92 % en 1972 à 64 % en 2002. Le niveau de scolarisation au secondaire est très faible avec un taux de 29 % seulement. L'adéquation entre la formation et l'emploi constitue un enjeu majeur à court terme. A tous les niveaux (primaire, secondaire, programme non formel et supérieur), la qualité de l'enseignement a fortement baissé de sorte que les produits formés ne répondent plus aux besoins et exigences du développement. La prise en charge de la scolarisation des enfants par les parents dont les revenus sont dérisoires est un des grands facteurs du faible taux de scolarisation et de la baisse de la qualité de l'enseignement. Les conditions socio-professionnelles des enseignants sont précaires et le métier n'est plus attrayant. Le taux d'alphabétisation estimé à 65 % pour l'ensemble du pays n'est pas suffisant pour permettre à tous les Congolais de participer activement au processus de la reconstruction nationale et de la lutte contre la pauvreté. Le gouvernement de la troisième république nouvellement élu, pour remplir ses engagements pris lors de la campagne électorale, a élaboré un programme du Gouvernement, lequel programme prend appui sur le DSCRP. Ce programme fait siens les cinq chantiers du Chef de l'Etat à savoir : infrastructures, emploi, éducation, eau et électricité et santé. Tenant compte du faible niveau de l'éducation en RDC, l'objectif poursuivi par le Gouvernement dans ce secteur est de mettre en place, à court terme, un cadre légal et réglementaire propice à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) portant essentiellement sur la révision de la loi-cadre de l'enseignement national qui garantit la gratuité et l'obligation de l'enseignement de base, l'obligation pour l'Etat d'en assurer prioritairement le fonctionnement par la revalorisation de la fonction enseignante, le renforcement du partenariat public-privé, la décentralisation de la gestion, ainsi que les éléments relatifs au lien social et à l'éthique. Pour y parvenir, des actions spécifiques sont envisagées aux niveaux de l'enseignement primaire universel, de l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur et Universitaire, au niveau de l'éducation non formelle et enfin, au niveau de la rationalisation et du renforcement de la gestion du système éducatif. * 7 THABO MBEKI, cité par Gratien MOKONZI, in l'école démocratique, novembre 2005, p.6. * 8 GRAVOT. P, Economie de l'éducation, Economica, Paris, 1993,pVII. * 9 GRAVOT. P, Idem, pVII. * 10. GRAVOT. P, ibidem * 10 Simone Scaillet, « Notes de pédagogie », Edition St. Paul Kinshasa, 1981, p. 9 * 11 Dictionnaire Le Petit Robert 1, édition 1989, Paris, p. 651 * 12 Dictionnaire Larousse, édition 1984, Paris, p. 341 * 13 . Simone Scaillet, Op.cit., p. 10 * 14 .simone scaillet, Idem, pp. 15 - 16 * 15 UNESCO, « Rapport de la Table ronde ministérielle sur la qualité de l'éducation », Kinshasa, 2003, p. 1 * 16 http://portal.unesco.org/education/fr * 17 UNESCO, conférence internationale de l'éducation, 46esession, génève, septembre 2001, p15 * 18 Forum mondial sur l'éducation, situation et tendances 2000, EPT : évaluation des acquis scolaires 26 au 28 avril 2000, Dakar, p8 |
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