Antoine Sauvagnargues
ILERI 3
2006-2007
Géopolitique des menaces
transnationaleS
Mini-mémoire
Le conflit au Cachemire
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I / Aspects généraux et historiques
A) Données essentielles
B) Bref aperçu historique
C) La présence britannique
II / L'Inde et le Pakistan : les
« frères ennemis »
A) Les guerres indo-pakistanaises
B) La menace nucléaire
1 - Le nucléaire indien
2 - Le nucléaire pakistanais
3 - Le Cachemire et le problème du nucléaire
III / Implications internationales du conflit au
Cachemire
A) La Chine et l'Aksai Chin
B) Le Cachemire dans le monde après le 11 septembre
2001
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION
Le monde globalisé du 21ème
siècle est de plus en plus en proie à des conflits locaux,
régionaux, ancrés dans l'histoire et qui, avec le temps, tendent
à se propager à un plus grand nombre d'intervenants, à
s'internationaliser. Parmi ces conflits historiques, on retrouve la question du
Cachemire, lourd héritage de la présence britannique dans le
sous-continent indien.
D'un côté, l'Inde, principale
héritière de l'ancien Raj britannique, qui met en avant son
caractère laïque, le fonctionnement démocratique
ininterrompu de ses institutions et l'existence d'une importante
communauté musulmane sur son sol, qui représente environ 120
millions de personnes. De l'autre côté, le Pakistan, qui a
échoué à rassembler les musulmans du sous-continent et a
connu plusieurs dictatures militaires.
La question du Cachemire constitue la principale pomme de
discorde entre les deux États et a jusqu'à présent
structuré leurs diplomaties respectives. Aux trois quarts peuplé
de musulmans, ce territoire est tout à la fois revendiqué par
l'Inde et par le Pakistan. Coupé en deux par une "Ligne de
contrôle" depuis 1949, le Cachemire constitue donc un enjeu territorial
renvoyant à la nature de l'identité nationale des deux
États. Il a conduit ceux-ci à s'affronter à de nombreuses
reprises et entretient une tension larvée.
La possession, avérée depuis 1998, de l'arme
nucléaire par chacun des deux rivaux est susceptible, en cas de nouvelle
tension, d'aboutir à une crise majeure. De plus, dans chacun de ces deux
pays, les radicalismes nationalistes et religieux s'affirment. Cette situation
est d'autant plus grave que l'on assiste à une montée en
puissance d'un terrorisme islamiste présent aux frontières
indiennes et pakistanaises, surtout depuis qu'il a été
chassé fin 2001 de l'Afghanistan voisin.
En 2002, les deux États paraissaient être sur le
point de connaître un nouvel affrontement majeur. L'intervention de la
communauté internationale, emmenée par les États-Unis, a
permis de surmonter cette crise. Le 25 novembre 2003, sur une proposition du
Pakistan, les deux États ont proclamé un cessez-le-feu de part et
d'autre de la Ligne de contrôle. En janvier 2004, Delhi et Islamabad ont
entamé un "dialogue global" incluant le problème du Cachemire.
Peut-être le premier pas sur le long chemin de la résolution
pacifique des différends opposant les deux États.
Ainsi, la question du Cachemire demeure en suspend depuis
déjà 60 ans et paraît en voie de résolution.
Cependant, comment et en quoi cet affrontement, d'abord frontalier et
régional, peut-il représenter une menace croissante pour la
stabilité de l'ordre international ?
C'est donc en se penchant sur les données essentielles
et une vision globale de l'histoire de la région qu'il apparaît
ensuite possible de cerner ce conflit qui a opposé les
« frères ennemis » indiens et pakistanais à
de maintes reprises et qui crée une tension constante et
supplémentaire de par la possession de l'arme nucléaire dans les
arsenaux de part et d'autre de la frontière. Cette dernière
composante est alors le facteur qui nous permet de voir enfin en quoi la donne
a changé depuis 1998 et les essais nucléaires en Inde et au
Pakistan et surtout ce qui a été bouleversé par les
attentats du 11 septembre 2001 et les implications alors internationales du
conflit au Cachemire.
I / Aspects généraux et historiques
A) Données essentielles :
L'Inde1(*)
compte plus d'1 095 000 000 d'habitants, ce qui fait d'elle le
deuxième pays le plus peuplé au monde. Toutefois, ayant presque
maîtrisé sa politique démographique, elle connaît une
augmentation rapide de sa population. Celle-ci augmente d'environ 19 millions
d'individus par an. Les prévisions font de l'Inde le pays le plus
peuplé du monde d'ici 2035. Cela est du à sa nature
démocratique qui axe sa politique démographique vers une
responsabilisation individuelle plutôt que sur une politique
contraignante, à l'inverse de la Chine qui force sa population à
appliquer la politique de l'enfant unique.
L'Inde a un littoral qui s'étend sur plus de sept mille
kilomètres. Elle partage ses frontières avec le Pakistan à
l'ouest, la République populaire de Chine, le Népal, et le
Bhoutan au nord-est, le Bangladesh et le Myanmar à l'est. Sur
l'océan Indien, elle est à proximité des îles de la
République des Maldives au sud-ouest, du Sri Lanka au sud, et de
l'Indonésie au sud-est. L'Inde réclame également une
frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest.
Elle est également le foyer de civilisations parmi les
plus anciennes, et un carrefour historique important des grandes routes
commerciales. Parmi la vingtaine de religions, ce sont les hindouistes qui, de
loin, sont les plus nombreux (82 %) devant les musulmans (12 % dont la plupart
résident dans le Nord-Ouest, comme au Jammu-et-Cachemire), les
chrétiens (3 %, surtout au sud), les bouddhistes (1 %), les sikhs
(essentiellement au Punjab), les jaïns (beaucoup au Gujarat), les parsis
(à Bombay) et les juifs
L'Inde est une fédération d'États qui ont
chacun un parlement et un gouvernement. Il y a vingt-huit États, six
territoires, et le territoire de la capitale New Delhi. Sa superficie est de
3 287 590 km².
B) Bref aperçu historique :
L'Inde a toujours réussi à résister aux
invasions, famines, persécutions religieuses ou soulèvements
politiques. Aujourd'hui, malgré les difficultés de composer avec
de nombreuses ethnies et langues différentes et avec la diversité
géographique du pays, l'Inde tente avec un certain succès de
demeurer une démocratie.
Le pays a subi au cours des siècles de nombreuses
invasions de la part de marchands, mais aussi de peuples puissants venus du
monde entier, qui y ont laissé leurs traces. Ce sont les Aryens
indo-européens dès 2000 avant notre ère, les Grecs avec
Alexandre le Grand en 326 avant notre ère, les Moghols au
16ème siècle, les Britanniques aux
18ème et 19ème siècles, sans
oublier, selon les époques, les Bactriens, les Scythes, les Parthes, les
Koushites, les Huns, les Avars, les Turcs, les Afghans, les Portugais, les
Hollandais et les Français.
La première civilisation importante se constitua aux
environs de 2500 avant notre ère le long de la vallée de l'Indus
(actuellement le Pakistan); cette civilisation subit les invasions des
Indo-Aryens, lesquels implantèrent l'hindouisme, ainsi que leur culture
et les structures sociales (dont les castes) encore en vigueur aujourd'hui.
Au cours des siècles suivants, soit de 1500 à
200 avant notre ère, les Indo-Aryens prirent le contrôle de tout
le nord de l'Inde en expulsant les Dravidiens plus au sud du sous-continent. On
en constate encore aujourd'hui les conséquences linguistiques de cette
répartition territoriale: les langues indo-iraniennes au nord,
dravidiennes au sud. C'est durant cette période que les Vedas
(écritures sacrées hindoues) furent écrites et que le
système de castes fut définitivement établi.
En 326, Alexandre le Grand établit des colonies
grecques à l'ouest du pays, mais il ne resta pas longtemps. La dynastie
Maurya prend alors le pouvoir en 321 et devint l'un des empires les plus
puissants et les plus étendus. Son apogée sera atteinte par le
règne d'Asoka sur tout le pays (273-236) et empire s'écroulera en
184. Par la suite, il s'ensuivit une période de créations
multiples d'empires jusqu'en 319 de notre ère, date de la fondation de
l'empire Gupta, qui dura jusqu'en 606, alors que le nord de l'Inde se fragmenta
en plusieurs royaumes hindous séparés. Celui-ci se
réunifia à l'arrivée des musulmans au
9ème siècle.
Puis, du 16ème siècle au
18ème siècle, l'Inde fut essentiellement
constituée de trois empires. L'empire Moghol, un empire musulman,
contrôla une bonne partie de l'Inde. Il perdit progressivement le pouvoir
contre les britanniques jusqu'à sa chute en 1757, lors de la bataille de
Plassey. Celui des Rajputs correspondait à une caste de guerriers
hindous, qui régna durant la période musulmane surtout sur le
Rajasthan. Enfin, les Marathes constituèrent un empire au nord et au
centre de l'Inde, lequel exista de 1646 à la fin du
18ème siècle.
Dès 1600, les britanniques exercèrent leur
pouvoir par la Compagnie Anglaise des Indes Orientales, qui établit
plusieurs comptoirs commerciaux et exerça, pendant 250 ans, le
contrôle en Inde pour le compte du gouvernement britannique. D'autres
comptoirs commerciaux furent implantés par les danois et les hollandais
et, en 1672, les français s'établirent à
Pondichéry. Les rivalités franco-britanniques
s'accentuèrent autour du contrôle du commerce indien, mais les
Français furent exclus de l'Inde en 1763 par le traité de
Paris.
C) La présence britannique :
Les britanniques considérèrent le pays comme une
zone de prospérité financière et ils ne touchèrent
ni à la culture, ni aux croyances, ni aux religions du sous-continent.
Sous la couronne britannique, l'Inde resta un ensemble d'Etats
hétéroclites, dirigés par des maharajahs et des nawabs,
dont plusieurs restèrent relativement indépendants. Par leur
intérêt pour le commerce, les britanniques exploitèrent les
mines de charbon et de fer, développèrent la production de
thé, de café et de coton, améliorèrent
l'agriculture en élaborant des systèmes d'irrigation modernes et
construisirent un vaste réseau de chemins de fer. Ils apportèrent
également une forte structure gouvernementale et législative qui
se révèlera très utile lors de l'indépendance,
allant jusqu'à instaurer la langue anglaise comme langue
administrative.
A la fin du 19ème siècle, les
britanniques commencèrent à préparer l'indépendance
future de l'Inde en déléguant le pouvoir aux indiens mais tout en
gardant le contrôle. A partir de 1882, ils établir la Self
Government Act (loi sur l'autonomie locale), système politique
fondé sur des élections qui s'étendra aux provinces au
début du 20ème siècle. En 1885, le parti du
Congrès est fondé par une intelligentsia indienne soucieuse de
s'intégrer dans l'administration. Les britanniques vassalisèrent
le Cachemire pour le compte du rajah Gulab Singh.
Au début du 20ème siècle,
l'opposition du parti du Congrès grandit et se concrétisa
après la Première Guerre Mondiale avec Gandhi, avocat indien de
retour d'Afrique du Sud et révolté par les discriminations
raciales dont il a été le témoin sur place. Il adopta la
politique de la résistance passive puis le concept de
désobéissance civile dix ans plus tard, amenant le Congrès
à réclamer l'indépendance dès 1927. En 1906, la
Ligue musulmane est créée par Mohammed Ali Jinnah dans le but de
défendre les intérêts de la communauté musulmane.
La fin de la Seconde Guerre Mondiale amena les britanniques
à s'apercevoir que la l'indépendance de l'Inde était
inévitable. Ils n'avaient plus le pouvoir ni la volonté de
maintenir le « joyau de la Couronne britannique » dans leur
giron.
De plus, à cette époque, l'importante
minorité musulmane commence à sentir qu'une indépendance
de l'Inde signifierait un pays à majorité hindoue. En effet, la
majorité hindoue s'est très vite retrouvée
privilégiée par les britanniques en tant que détenteurs du
pouvoir. Les musulmans se sont donc rapidement trouvés
marginalisés et c'est pourquoi l'Inde a, pendant longtemps,
été divisée par des idéologies purement
religieuses : d'un côté Jinnah et la Ligue musulmane, de
l'autre Nehru et le Congrès, à domination hindoue.
Le 20 mars 1947, Lord Mountbatten est nommé Vice-roi
par le gouvernement britannique, afin de régler rapidement le
problème de l'indépendance en Inde, cette dernière en
proie à de forts affrontements entre les deux confessions. Après
avoir tenté de convaincre Jinnah qu'une Inde unifiée était
le choix raisonnable à faire, Nehru prit la décision, à
contrecoeur, de diviser les pays.
Le 15 août 19472(*), l'Inde obtient son indépendance et Jawaharlal
Nehru devient premier ministre. Mais le pays fut aussitôt
séparé en deux entités: l'Inde hindoue et le Pakistan
musulman. Cette partition a été le déclencheur d'un
mouvement de population considérable (6 millions de musulmans et 4
millions d'hindous), les musulmans se rendant au Pakistan, les hindous en Inde,
entraînant des massacres terribles entre les deux communautés
religieuses.
La division du sous-continent indien, la Partition, continue
encore aujourd'hui de faire couler le sang. Ce combat fratricide est
présent principalement dans la région du Cachemire, au nord de
l'Inde. Elle est depuis 1947 revendiquée par les deux pays,
malgré des accords dits de statu quo, signés par le
maharajah Hari Singh sur les recommandations de Lord Mountbatten, le 12
août 1947, alors que le souverain hindou de cette région à
majorité musulmane hésitait à rattacher son domaine
à l'Union indienne ou au Pakistan. Depuis, le Cachemire est
divisé en deux : la partie indienne, le Jammu-et-Cachemire, et la
partie pakistanaise, l'Azad Cachemire. Cette situation a été la
source de trois guerres entre les deux pays, le tout sous la pression de la
dissuasion nucléaire.
II / L'Inde et le Pakistan : les
« frères ennemis »
L'Inde et le Pakistan forment un couple complexe et
conflictuel. Ils sont souvent présentés comme des
« frères ennemis » par ce qu'ils sont issus de la
partition de l'empire britannique des Indes.3(*)
En outre, l'Inde et le Pakistan dans leur confrontation au
sujet du Cachemire ont développé et théorisé deux
conceptions différentes de la nation. Pour l'Inde, la
fédération indienne est à même d'accueillir en son
sein toutes les religions et tous les particularismes, la république
indienne est laïque et « pluriethnique », même
si la majorité de la population de l'Inde est de religion hindoue. Les
musulmans ont en Inde les mêmes droits et les mêmes devoirs que les
autres citoyens. Le Pakistan, a contrario, a été
créé pour rassembler tous les musulmans de l'ancien empire des
Indes. A ce titre, la population du Cachemire a toute sa place au sein du
Pakistan4(*).
Pour chacun des deux Etats, le conflit est le signe que
l'autre refuse la règle de la partition. En Inde, certains y voient le
souhait du Pakistan de rassembler tous les musulmans habitant en Inde
au-delà même du Cachemire et estiment que tout compromis à
son sujet menacerait l'intégrité de la fédération.
Au Pakistan, en revanche, l'attitude de l'Inde au Cachemire est vécue
comme le refus de la partition, de l'existence même du Pakistan et de sa
vocation historique à accueillir et garantir les droits des
musulmans.
Le conflit à propos du Cachemire a déjà
provoqué trois guerres entre les deux pays et prend ses racines dans
l'inachèvement de la partition de 1947.
A) Les guerres indo-pakistanaises :
A l'indépendance en 1947, le maharajah Hari Singh avait
donc signé un accord de statu quo, un semblant
d'indépendance, avec le Pakistan afin de préserver les voies de
communications terrestres et télégraphiques, qui à
l'époque passaient par l'Etat nouvellement créé par la
partition. C'est ce dernier qui, le premier, ébranla
l'indépendance du Jammu-et-Cachemire. En effet, au mois de septembre
1947, le Pakistan coupa ces voies de communication et de ravitaillement.
Victime de raids de tribus pathanes venues du Pakistan et auxquelles se joint
une partie de la population locale, le Cachemire demande en octobre 1947
à être rattaché à l'Inde pour contrer ces attaques.
L'armée indienne combat dès lors celle du Pakistan, venue en
renfort dès le mois de mars 1948.
A la demande de l'Inde, l'ONU intervient et négocie un
cessez-le-feu. Celui-ci entre en vigueur le 1er janvier 1949. Les armées
indienne et pakistanaise se retirent de part et d'autre d'une Ligne de
contrôle qui divise le Cachemire en deux. Les deux tiers forment
l'État fédéré indien du Jammu-et-Cachemire avec
pour capitale Srinagar. Quant au Pakistan, il administre le dernier tiers, qui
comprend deux entités : l'Azad Cachemire («Cachemire libre»)
et les Territoires du Nord. Un référendum
d'autodétermination doit être organisé par l'Inde, qui s'y
refuse par la suite et la monarchie cachemirie est abolie en 1952.
En 1965, un deuxième conflit éclate entre les
deux pays ; sans doute le plus violent qu'ils ne se soient jamais
livré. Le 5 août, le Pakistan provoque l'Inde. C'est
l'opération Gibraltar. Après quelques escarmouches initiales, le
premier engagement majeur entre les deux parties eu lieu le 14 août. A la
suite des premières avancées de l'Inde dans le secteur nord, les
forces pakistanaises se sont concentrées près de Tithwal, Uri, et
Poonch. Au cours d'une contre-offensive puissante, les troupes indiennes ont
progressé dans le Cachemire occupé et se sont emparées
d'un point stratégique : le col de Haji Pir, ce qui
représente une percée de huit kilomètres sur le territoire
pakistanais.
Le Pakistan répliqua alors en lançant
l'opération Grandslam afin de s'emparer du pont d'Akhnoor et, par ce
moyen, couper la voie de ravitaillement au sud-ouest du Cachemire. Le 1er
septembre, un assaut pakistanais dans le secteur sud, au Punjab, infligea de
lourdes pertes aux forces indiennes. Le 2 septembre, l'Inde a recours au
soutien aérien, auquel le Pakistan réplique par d'autres raids
aériens au Cachemire et au Punjab.
La guerre se trouvait alors dans une impasse lorsque le
Conseil de Sécurité des Nations Unies vota à
l'unanimité une résolution, le 20 septembre, qui appelait
à un cessez-le-feu. New Delhi et Islamabad acceptèrent ce
cessez-le-feu et la guerre prit fin le 23 septembre 1965. Cet affrontement a
fait 3 000 victimes indiennes et 3800 pakistanaises.
A la suite de cette guerre, à l'initiative de l'Union
soviétique, les deux belligérants se rencontrent à
Tachkent et signent la « Déclaration de Tachkent »
le 10 janvier 1966. Cette déclaration représente d'importantes
concessions pour l'Inde, sans réellement donner satisfaction au
Pakistan. En effet, l'Inde accepte d'abandonner deux positions
stratégiques : le col du Haji Pir et Kargil.
Cependant, ce conflit est aussi à l'origine de
l'émergence de quelques groupuscules
« indépendantistes » comme le Front de
Libération du Jammu-et-Cachemire, qui fera parler de lui vingt ans plus
tard. Pour le Pakistan, cette guerre a essentiellement mobilisée
l'opinion du Pakistan occidental. L'Inde en profite alors pour apporter un
soutien discret à la Ligue Awami, parti autonomiste du Pakistan
oriental.
En 1971, une nouvelle guerre éclate entre l'Inde et le
Pakistan, en raison de l'intervention de l'armée indienne au
côté des militants de l'indépendance du Pakistan oriental,
l'actuel Bangladesh. En effet, depuis la partition, le Pakistan est un Etat
divisé en deux parties distantes de plusieurs milliers de
kilomètres. La partie orientale est plus peuplée que la partie
occidentale et de langue différente. Rapidement des difficultés
apparaissent entre le Pakistan oriental et le Pakistan occidental en raison de
la domination des Penjabis et de la non-reconnaissance de la langue bengalie.
Ce combat à l'origine culturelle et linguistique se
transforme en une lutte politique menée par la Ligue Awami fondée
en 1949 et dirigée par le Cheikh Mujibur Rahman. Son audience va
croître sans cesse sous l'effet des répressions des gouvernements
militaires successifs, jusqu'à ce que la démission du
général Ayub Khan en 1970 amène à la tenue
d'élections libres où le Pakistan oriental se voit
reconnaître son importance démographique. Il devait disposer de
162 sièges sur 300. Le résultat des élections permet
à la Ligue Awami d'obtenir 160 sièges contre 81 au Parti du
Peuple de Bhutto. Ce résultat inacceptable pour Ali Bhutto et les
militaires conduisit à une répression de grande ampleur au
Pakistan oriental qui en réaction proclama son indépendance le 27
mars 1971. La fuite de près de 10 millions de réfugiés en
Inde amena celle-ci à intervenir aux côtés des Bengalis,
avec le soutien de l'URSS, en décembre 1971. Le 15 décembre 1971
la guerre prenait fin par la défaite du Pakistan et la reconnaissance de
l'indépendance du Bangladesh.
Cette guerre aboutit à un accord diplomatique
extrêmement important dit « accord de Simla » en
1972. Par cet accord, l'Inde et le Pakistan conviennent que tout
différend bilatéral, y compris le Cachemire, doit être
résolu au même niveau.
Ces accords fondent la position diplomatique actuelle de New
Dehli au sujet du Cachemire. L'Inde refuse, en se basant sur cet accord, toute
internationalisation de la question du Cachemire et toute médiation
internationale de quelque nature qu'elle soit. Elle estime également que
la résolution de l'ONU suivant la partition est désormais
caduque. D'une part, les populations cachemiries ont marqué leur
adhésion libre et démocratique à l'Inde en participant aux
élections locales et nationales, il n'est donc plus question de
plébiscite, la population du Cachemire adhérant à l'Inde
par un « plébiscite de tous les jours ». D'autre
part, l'intervention de l'ONU n'est plus souhaitée puisque les deux pays
ont convenu de résoudre la question au niveau bilatéral.
De son côté, le Pakistan tient une position
inverse. Il souhaite une médiation internationale au sujet du Cachemire,
estimant que ce conflit est, par nature, d'envergure internationale et qu'il ne
peut être résolu uniquement par des échanges
bilatéraux. Il demande également l'application du droit
international, c'est à dire de la résolution du Conseil de
sécurité des Nations unies demandant que la population cachemirie
soit consultée. Il récuse la thèse indienne sur
l'expression de volonté de la population du Cachemire en raison de
l'importante abstention et du boycott des élections par les partis
favorables à l'autonomie ou au rattachement au Pakistan.
Depuis les Accords de Simla en 1972 et l'indépendance
du Bangladesh, la situation entre les deux pays s'est figée dans une
forme de statu quo. Mais en arrière-plan de ces affrontements,
un nouveau fondamentalisme musulman commence à se manifester sous
l'influence d'écoles coraniques financées par l'Arabie Saoudite.
Depuis 1989, au Jammu-et-Cachemire, le réveil d'un islam militant qui a
pris le pas sur les anciens partis politiques (dont la Conférence
nationale de Farook et Omar Abdullah) a en partie modifié les
données de cette question que rend potentiellement explosive
l'acquisition, en 1998, de l'arme nucléaire par les deux
belligérants. Outre des affrontements sporadiques qui opposent
régulièrement les deux armées, celles-ci se sont de
nouveau combattues en 1999, mais dans un contexte différent d'auparavant
du fait de la présence, dorénavant, de l'arme
nucléaire.
B) La menace nucléaire :
En mai 1998, l'Inde puis le Pakistan ont effectué des
essais nucléaires et ont ainsi brisé un tabou international qui
limitait le nombre des pays dotés de l'arme nucléaire à
ceux reconnus officiellement par le Traité de non prolifération
(TNP) de 1968, c'est à dire les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité des Nations Unies. Jusqu'à cette date, aucun des
pays dit « du seuil » n'avait franchi cette
étape.
Le fait que ces deux Etats disposent désormais,
même en nombre limité, d'armes nucléaires modifie en
profondeur l'équilibre régional, les conséquences
potentielles d'un conflit au Cachemire et le cadre de leurs relations
bilatérales.
L'engagement de l'Inde et du Pakistan dans des programmes
d'armement nucléaire s'explique par une relation de concurrence :
l'Inde avec la Chine et le Pakistan avec l'Inde. Pour l'Inde, la
rivalité avec le Pakistan est une motivation beaucoup moins importante
que sa rivalité avec la Chine. C'est donc dans ce cadre que l'Inde a
décidé de se doter de l'arme nucléaire, celle-ci pouvant,
en outre, lui procurer un avantage supplémentaire vis-à-vis du
Pakistan. Celui-ci s'est doté de l'arme nucléaire,
essentiellement pour maintenir la parité avec l'Inde.
1 - Le nucléaire indien :
L'Inde a été jusqu'au début des
années 1960 un partisan convaincu de la lutte contre la
prolifération. La guerre et la défaite indienne contre la Chine
en 1962, puis l'explosion de la première bombe thermonucléaire
chinoise en 1964 vont toutefois modifier radicalement la position de l'Inde. Le
développement de la puissance militaire avec l'appui d'une grande
puissance et l'acquisition de l'arme nucléaire dans un second temps
deviennent des priorités pour tenir la Chine en respect puis rivaliser
avec elle.
Le programme nucléaire indien sera mené
essentiellement sur une base nationale, sans aide extérieure. Il
aboutira à « l'explosion pacifique » de 1974,
puis à des essais balistiques et enfin, après la victoire du BJP
aux élections législatives, aux cinq essais nucléaires de
mai 1998. Le choix du premier ministre A.B. Vajpayee est d'une haute valeur
politique. Il vise à affirmer le rôle de l'Inde comme grande
puissance, en Asie et dans le monde, au même titre que la Chine. Elle
veut ainsi, vis-à-vis d'elle même et vis-à-vis des autres
pays, indiquer qu'elle n'est plus en position de second par rapport à la
Chine qui a été reconnue comme un grand pays asiatique dès
1945 au moment de la création du Conseil de sécurité.
Le choix d'effectuer ces essais est pleinement cohérent
avec la candidature de l'Inde à un poste de membre permanent. Il est
aussi pleinement cohérent avec la volonté de l'Inde d'être
un pays présent sur l'ensemble des questions mondiales comme sur
l'ensemble des questions régionales. Son affirmation, à plusieurs
reprises, de sa volonté de se doter de trois porte-avions afin de
maîtriser l'ensemble de la zone maritime de l'Océan indien alors
que pour l'instant elle ne dispose que d'un seul bâtiment ancien, le
Viraat, et que ses capacités budgétaires ne lui permettent pas
d'envisager la réalisation de ce projet à moyen terme est
cependant le signe de l'ambition de l'Inde comme grande puissance.
2 - Le nucléaire pakistanais :
Quant au Pakistan, il a commencé à
développer un programme militaire près de 10 ans après
l'Inde. Les éléments déclencheurs semblent avoir
été la défaite rapide face à l'Inde en 1971 et la
première explosion indienne de 1974. La bombe pakistanaise s'inscrit
ainsi pleinement dans la rivalité avec l'Inde. A la différence de
cette dernière, le programme nucléaire pakistanais est beaucoup
plus militaire que civil. Il se veut aussi, au moins sous la direction d'Ali
Bhutto, un projet politique pour le monde musulman. C'est l'idée de
« bombe islamique ». Le Pakistan deviendrait ainsi le
leader du monde musulman en lui assurant une revanche historique vis à
vis de l'Occident et en lui offrant sa « protection
nucléaire ».
Le programme nucléaire militaire pakistanais a
été mené avec l'appui de pays étrangers, notamment
de la Chine. Dans le domaine balistique, on retrouve la présence de la
Chine et de la Corée du Nord.
Plus que pour l'Inde, le coût de ce programme d'armement
nucléaire a été un problème pour le Pakistan. On
rapporte qu'Ali Bhutto déclarait les Pakistanais prêts à
« manger de l'herbe » pour permettre à leur pays de
se doter de l'arme atomique.
Cependant, l'escalade de la tension due à la
détention de l'arme nucléaire par ces deux éternels rivaux
devient de plus en plus préoccupante en 1998. En effet, en mai de cette
année, l'Inde effectue cinq essais nucléaires. Ceux-ci sont
immédiatement suivis par six tests de la part du Pakistan qui donne
ainsi un signe politique fort : le Pakistan ne se laissera pas intimider
par la puissance indienne voisine.
3 - Le Cachemire et le problème
nucléaire :
La préoccupation principale de la communauté
internationale à l'heure actuelle est la situation du Cachemire dans
cette configuration. En effet, le problème du Cachemire aurait pu
demeurer un problème bilatéral si les deux belligérants
n'étaient pas dotés de la puissance nucléaire. La crainte
de voir se démarrer une guerre conventionnelle se transformant en guerre
nucléaire entre les deux pays à propos du Cachemire se faisait de
plus en plus grandissante.
Cette question s'est surtout posée lors de
la crise du Kargil5(*)
en 1999, lorsque des militants cachemiris, soutenus par l'armée
pakistanaise dirigée par le général Musharraf,
s'infiltrèrent au-delà de la ligne de contrôle et
s'emparèrent de positions montagneuses au moment de la fonte des neiges.
Cette action mit fin à la tentative de détente amorcée en
juillet 1998 entre le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif et le Premier
ministre indien Atal Behari Vajpayee.
L'Inde réagit très fermement en engageant des
moyens importants, notamment aériens. La tentative pakistanaise de
remettre en cause la situation du Cachemire fut condamnée par la
communauté internationale. Les Etats-Unis, notamment, exercèrent
une forte pression et obtinrent le retrait des militants et de l'armée
pakistanaise. Le recul du pouvoir civil face aux pressions internationales lors
de la « crise de Kargil » est d'ailleurs l'une des raisons
du coup d'Etat militaire ayant porté le général Pervez
Musharraf au pouvoir en octobre 1999.
Plusieurs hypothèses ont alors été
émises à propos du rôle joué par la présence
d'armes nucléaires dans les arsenaux indiens et pakistanais. L'une
d'elle niait une fonction quelconque du nucléaire dans la crise et que
le statut de puissance nucléaire n'empêchait pas une guerre
ouverte entre les deux pays. En revanche, selon une autre hypothèse, la
possession de l'arme nucléaire par chaque acteur empêcha le
conflit de dégénérer en guerre ouverte. Pour certains
observateurs, en ce qui concerne l'Inde, le statut de puissance
nucléaire fut un élément constitutif de la crise.
Toutefois, les motivations étaient bien différentes. Il voulait
manifester sa volonté d' « internationaliser comme point
nucléaire explosif, requérant l'intervention urgente d'une tierce
partie. »6(*) Il
est évident que les objectifs du Pakistan ont été atteints
car l'intervention des Etats-Unis est sans aucun doute la conséquence
directe de cette nucléarisation de la région.
Pendant 60 ans, le Cachemire a été la source de
multiples tensions entre l'Inde et le Pakistan. Depuis la partition en 1947,
les deux pays se sont livrés trois guerres
« fratricides » afin de légitimer sa présence
et sa domination sur la région. Il y a maintenant presque dix ans que
les deux voisins ont acquis le statut de puissance nucléaire,
transformant ainsi ce conflit bilatéral en conflit international.
Dorénavant, le Cachemire est devenu le centre d'intérêt des
grandes puissances mondiales, à commencer par la Chine,
déjà relativement impliquée dans ce conflit frontalier. De
plus, la situation en Afghanistan et la montée de l'islamisme dans le
secteur font entrer de nouvelles composantes dans la géopolitique
cachemirie...trouver fin de la phrase sur nouvelle donne 2001
III / Implications internationales du conflit au
Cachemire
A) La Chine et l'Aksai Chin :
En 1962, la Chine use de sa stratégie guerrière
pour ravir les territoires de l'Aksai Chin et inflige à l'Inde sa plus
cuisante défaite.
L'Aksai Chin, ou "le désert des pierres blanches", est
un vaste plateau désolé, à plus de 5000m d'altitude,
à l'est du col de Karakoram. Il n'est qu'une dépendance sans
valeur du royaume du Ladakh auquel son sort se trouve lié à
l'invasion du Tibet par les Chinois et leur volonté de renforcer leur
contrôle sur les provinces instables d'Asie Centrale.
Le 20 octobre 1962, les troupes de l'armée populaire de
Chine lancent une offensive sur le plateau de l'Aksai Chin. L'Inde
réplique aussitôt. Débute alors une guerre entre les deux
pays, qui fera des centaines de morts dans les deux camps.
Le 18 novembre 1962, la Chine se retire mais garde le
contrôle de 47 735 km2 du plateau de l'Aksai Chin. Le désaccord
avec l'Inde porte sur près de 120 000 km2 aujourd'hui. L'essentiel du
territoire revendiqué par l'Inde est au Nord-Ouest, sur l'Aksai Chin, et
au Nord-Est, sur une grande partie de l'Himachal Pradesh.
Les Chinois soutiennent aujourd'hui que les frontières
initialement fixées lors du traité de Drangtsé
signé en 1842 ne sont pas légitimes et n'ont été
délimitées que par un alignement de bornes tracé au sol.
Ils ajoutent qu'ils ne sont pas tenus de respecter le traité vu que le
gouvernement de Pékin n'a pas été impliqué dans sa
rédaction. Pourtant, l'un des signataires, tibétain de naissance,
avait rang mandarinal mais le Tibet et les tibétains étant
rayés de la carte en 1962, le traité fut déclaré
caduc.
Cette défaite conduit à l'isolement politique de
l'Inde. Nehru songe à s'allier aux Etats-Unis mais finalement s'y
refuse. Khrouchtchev est le seul à ne pas adopter le point de vue de la
Chine, sauvant ainsi l'honneur de l'Inde, ce qui signe définitivement la
rupture sino-soviétique. Néanmoins, l'Inde tire de sa
défaite une leçon : elle comptera dorénavant plus que
jamais sur ses propres forces dans le domaine de la sécurité.
C'est aussi vraisemblablement à cette époque que
l'Inde commence à penser secrètement à l'arme
nucléaire. En 1962 toujours, la Chine acquiert en plus un territoire de
5 180 km2 dans le Karakoram, jouxtant les frontières du Pakistan,
validé par traité et naturellement contesté par l'Inde.
Même si elle reste relativement en retrait depuis le
conflit de 1962, la Chine demeure, avec le Pakistan, le principal adversaire de
l'Inde.
Le spectaculaire rapprochement sino-américain en 1972 a
fait craindre à l'Inde la perspective d'un triangle Chine - Etats-Unis -
Pakistan dirigé contre elle. Les années 1980 ont engendré
de nouvelles tensions menaçant l'Inde, notamment avec l'intervention
soviétique en Afghanistan, et la lutte des indépendantistes
tamouls au Sri Lanka.
Par le jeu des rapports entre l'Inde et la Chine, la situation
entre les deux pays est reliée aux problématiques internationales
des armements nucléaires. En effet, l'Inde fixe le niveau de son arsenal
beaucoup plus en fonction des possibilités chinoises que pakistanaises.
C'est pour cette raison qu'elle souhaite se doter à terme de la triade
traditionnelle de vecteurs : bombardiers, sous-marins, missiles au
même titre que la Chine.
Cette capacité est perçue comme le corollaire du
rang de grande puissance. Or la Chine elle-même, fixe le niveau de son
arsenal non pas en fonction de l'arsenal indien mais par rapport à ceux
de la Russie et des Etats-Unis. Il est donc très probable que par cette
voie, l'évolution de la doctrine nucléaire américaine et
de son arsenal défensif et offensif confortera la volonté de la
Chine de moderniser et de développer son propre arsenal. L'Inde sera
encline à suivre cette évolution et par le même
mécanisme, le Pakistan se devra lui aussi de maintenir une parité
minimale avec l'Inde.
On constate donc un effet de contagion de la course aux
armements des grandes puissances traditionnellement nucléaires vers le
couple indo-pakistanais. Il semble également évident que la
nucléarisation du Pakistan ne peut laisser indifférent son autre
grand voisin : l'Iran. Cette situation ne peut que l'encourager à
acquérir à son tour l'arme nucléaire, ce qui serait
très grave pour l'équilibre du Proche-Orient.
B) Le Cachemire dans le monde après le 11 septembre
2001 :
Les attentats du 11 septembre et la guerre en Afghanistan ont
eu des conséquences très graves sur la situation
intérieure du Pakistan, sur la situation au Cachemire et donc sur les
relations indo-pakistanaises, provoquant l'une des plus graves tensions entre
les deux pays depuis la crise de Kargil en 1999.
L'implication du Pakistan en Afghanistan obéit à
des motivations complexes et multiples d'ordre ethnique, stratégique,
diplomatique et économique. Tout d'abord, la frontière entre le
Pakistan et l'Afghanistan, héritée de la période
coloniale, ne s'appuie sur aucune réalité physique ou humaine. La
frontière divise deux groupes ethniques du Pakistan : les Pathans
et les Balouches, pour qui la frontière n'a pas ou peu de
réalité. Certaines tribus du Nord-Ouest du Pakistan passeraient
même la frontière selon les saisons pour assurer un pâturage
au bétail. Cette frontière a donc été
contestée dès 1947 par l'Afghanistan, qui, dirigé à
l'époque par un roi de la dynastie Durani d'origine pachtoune,
souhaitait réunifier les territoires pachtounes sous son autorité
et se trouvait l'allié de revers naturel de l'Inde. L'enjeu ethnique est
réapparu au cours du conflit contre l'Union soviétique puis
à nouveau au moment de la prise de pouvoir par les Talibans à
partir du Pakistan, celui-ci préférant un Afghanistan sous son
influence lui permettant d'exploiter la présence pachtoune
au-delà de sa frontière.
Ensuite, l'implication du Pakistan en Afghanistan s'explique
par des raisons stratégiques. En conflit avec l'Inde, le Pakistan se
devait, d'une part, d'éliminer tout risque d'alliance de revers et,
d'autre part, essayer d'acquérir une certaine « profondeur
stratégique » pour compenser le déséquilibre des
forces entre les deux pays et le fait que ses centres vitaux se situent
à proximité de la frontière indienne. Cet objectif a
été continuellement poursuivi de 1979 à septembre 2001. Il
est la principale justification du soutien pakistanais apporté aux
moudjahidin afghans contre les Soviétiques puis aux Talibans à
partir du milieu des années 1990.
Les motivations pakistanaises sont enfin diplomatiques et
économiques. La chute de l'Union soviétique et
l'indépendance des pays musulmans d'Asie centrale a semblé offrir
un champ diplomatique nouveau pour le Pakistan. Le gouvernement pakistanais a
pensé, au début des années 1990, pouvoir y jouer un
rôle majeur de « puissance islamique », trouvant des
appuis diplomatiques lui permettant de contrebalancer la puissance indienne. Ce
projet diplomatique, dans lequel un Afghanistan sous influence était une
tête de pont, était complété par un grand dessein
économique visant à faire du Pakistan le débouché
maritime des richesses économiques, notamment pétrolières
et gazières, des pays d'Asie centrale. La possible réalisation de
réseaux de transports d'hydrocarbures par la société
américaine Unocal est ainsi apparue au moment de la prise du pouvoir par
les Talibans comme une des raisons du soutien accordé dans un premier
temps aux Talibans et au Pakistan par les Etats-Unis. Le Pakistan et l'Arabie
Saoudite étaient d'ailleurs parmi les rares pays à avoir reconnu
l'autorité des Talibans.
De plus, les attentats du 11 septembre et la guerre en
Afghanistan ont eu des retombées sur la situation au Cachemire puisque
progressivement, au cours des années 1990, des liens s'étaient
établis entre les Talibans, Al Qaïda et les différents
militants du djihad au Cachemire en raison de sa proximité
géographique. Le Cachemire est rapidement apparu comme le terrain de
repli potentiel des militants islamistes. Trois attentats, deux au Cachemire et
un à New Delhi le 12 décembre 2001 contre le Parlement indien,
ont conduit les deux pays au bord d'un conflit ouvert, nécessitant une
médiation internationale active.
A la suite de l'attentat contre le Parlement indien à
New Delhi, l'Inde a pris un ensemble de mesures de rétorsion contre le
Pakistan, jugé responsable des infiltrations de militants cachemiris
à partir de la zone contrôlée par Islamabad. Elle a
rappelé une grande partie de ses diplomates présents à
Islamabad, rompu les liaisons aériennes, ferroviaires et
routières et a surtout mobilisé près de 700.000 hommes sur
la frontière avec le Pakistan.
Par ailleurs, l'Inde exige que le Pakistan aille
au-delà des seuls discours et prenne des mesures concrètes contre
les groupes terroristes, notamment en faisant cesser les infiltrations et en
acceptant d'extrader 20 personnes soupçonnées d'activités
terroristes. Le Pakistan a, de son côté, répliqué
par des mesures analogues : rappel des diplomates, rupture des
communications, mobilisation de l'armée pakistanaise.
Un nouvel attentat au Cachemire indien au mois de mai 2002 a
aggravé la tension et conduit à une menace réelle de
guerre entre les deux pays, qui s'est traduit sur le terrain par la
multiplication des incidents frontaliers, des accrochages et des duels
d'artillerie. Le Pakistan a également mené, dans ce contexte
pourtant déjà extrêmement tendu, des essais balistiques
pour montrer sa détermination.
Au début du mois de juin 2002, les missions de bons
offices entreprises par la Russie sous l'égide de Vladimir Poutine, puis
par les Etats-Unis, ont permis de renouer les fils du dialogue et de donner les
premiers signes de désescalade. L'Inde a ainsi décidé de
rouvrir son espace aérien après avoir constaté une baisse
significative des infiltrations. Ces premiers signes restent toutefois
extrêmement fragiles et devront être confirmés,
l'éventualité d'un nouvel attentat entraînant une nouvelle
aggravation de la tension, voire un embrasement régional ne pouvant
être exclue.
Sur le fond de ce conflit, aucune solution ne semble se
dégager à moyen terme. Les deux pays restent figés sur
leurs positions, revendiquant chacun l'ensemble du Cachemire. L'Inde reste
fermée à toute médiation internationale sur le sujet en se
fondant sur l'accord de Simla de 1972. Au cours de ses entretiens, la
délégation a souvent évoqué, avec les
représentants des deux parties, l'hypothèse d'une
médiation internationale : à chaque fois, une telle
hypothèse était écartée par les interlocuteurs
indiens alors que les interlocuteurs pakistanais saisissaient toujours cette
option pour témoigner de la bonne volonté du Pakistan pour
résoudre le conflit selon les règles du droit international.
Cependant au-delà de ces prises de positions
officielles trois directions sont ouvertes : la réunification du
Cachemire et son indépendance, un référendum aboutissant
à son rattachement à l'un des deux pays ou encore le gel de la
situation actuelle en transformant la « ligne de
contrôle » de 1947 en frontière internationale.
La réunification du Cachemire, ainsi que son
indépendance éventuelle, trouverait vraisemblablement de nombreux
soutiens au sein de la population cachemirie qui souhaite une très large
autonomie et n'est pas toujours favorable à son rattachement au
Pakistan. Cependant, cette hypothèse ne semble pouvoir satisfaire aucune
des puissances qui se partagent aujourd'hui l'Etat historique du
Jammu-et-Cachemire. La Chine ne souhaite en aucun cas voir remise en cause
l'annexion en 1962 d'une partie du Cachemire. L'Inde est défavorable
à l'indépendance d'un des Etats composant l'Union indienne ce qui
constituerait un précédent pour d'autres populations ayant des
velléités séparatistes. Elle ne satisferait enfin pas le
Pakistan pour qui le Cachemire, du fait de sa population à
majorité musulmane, devait naturellement intégrer le Pakistan au
moment de la partition ;
Ensuite, organiser un référendum aboutissant au
rattachement de cet Etat à l'un des deux pays reviendrait finalement
à appliquer la résolution du Conseil de sécurité de
l'Onu de 1948 qui demandait le retrait des troupes pakistanaises et un
plébiscite d'autodétermination. Cette solution aurait aujourd'hui
la préférence d'Islamabad qui pense que la population cachemirie
choisirait le rattachement au Pakistan. Elle est exclue par l'Inde qui
l'estime caduque et trop défavorable. Un tel référendum
pourrait aussi conduire à un démembrement du Cachemire, les
régions de Jammu et du Ladakh, majoritairement hindoue et bouddhique,
pouvant choisir de ne pas être rattachées au Pakistan ;
Enfin, le gel de la situation actuelle et la
transformation de la « Ligne de contrôle »,
établie en 1949 et rectifiée en 1972, en frontière
internationale a la faveur de l'Inde. Elle entérinerait son avantage sur
le terrain et sa domination sur la partie la plus peuplée et la plus
riche du Cachemire. Elle ne fait pourtant pas l'unanimité en Inde. Les
Pakistanais y restent évidemment très hostiles. La solution du
gel de la situation sur le terrain et la reconnaissance de la situation de fait
ont été retenues par l'Inde et le Pakistan vis-à-vis de la
Chine pour dépasser le conflit territorial.
En fait, jusqu'à présent, les deux parties
paraissaient se satisfaire d'une situation d'affrontement indirecte et
larvée, espérant une victoire à long terme, tout en
retirant des bénéfices politiques ou économiques à
court terme sans remise en cause douloureuse. Le conflit avec l'Inde est l'une
des justifications de l'importance du budget de l'armée pakistanaise. Du
côté indien, l'opposition avec le Pakistan reste un ressort
nationaliste utile dans les périodes électorales.
Les évolutions géopolitiques de l'après
guerre froide faisant des Etats-Unis la seule grande puissance et l'Etat pivot
des relations internationales ainsi que le désir de l'Inde d'être
reconnue internationalement comme grande puissance pourraient cependant faire
évoluer la situation. En effet, à la suite des attentats du 11
septembre, l'Inde et le Pakistan ont tous les deux sollicité le soutien
des Etats-Unis dans la région, aucune autre puissance pouvant
aujourd'hui offrir les avantages potentiels d'une telle alliance. Les deux pays
ne peuvent donc plus « jouer un bloc contre
l'autre »7(*).
Cette conjonction d'intérêts des deux pays à
bénéficier du soutien économique et politique
américain pourrait à l'avenir être le ressort d'un
éventuel accord.
L'Inde reste en outre convaincue qu'elle devrait être le
partenaire principal des Etats-Unis dans la région en tant que
« plus grande démocratie du monde » et pays à
forte capacité de développement. L'Inde entend également
être reconnue par les grandes puissances comme une des leurs. Or, le
conflit du Cachemire est un handicap qui l'empêche de faire avancer de
manière significative sa candidature au Conseil de
sécurité des Nations unies.
De son côté, le Pakistan, s'il continuait
à mener une politique tournée vers la stabilité
régionale, le développement économique et la
démocratie, pourrait accepter plus facilement un compromis sur le
Cachemire et y trouver un avantage financier à travers l'aide
internationale et les perspectives de développement, comme l'avait
laissé apparaître les discussions entamées entre Nawaz
Sharif et A.B. Vajpayee en 1998-1999.
CONCLUSION
Ainsi, depuis 60 ans, le conflit au Cachemire a fait un nombre
considérable de victimes dans les deux camps sans qu'aucune solution
satisfaisante, pour l'une ou l'autre partie, ne soit trouvée afin de
régler la situation.
De plus, depuis l'apparition de la bombe nucléaire dans
cette région hautement instable dans les années 1990 a
complètement changé la donne, transformant ainsi ce conflit
bilatéral en conflit multilatéral, impliquant non seulement les
grands pays voisins comme la Chine mais aussi plus largement les Etats-Unis.
Cependant, depuis la crise du Kargil en 1999, les relations
entre l'Inde et le Pakistan autour de la question cachemirie ont subi un pic de
tensions, du fait de la pression nucléaire, avant d'entamer, depuis
2001-2002, des discussions afin de tenter de régler pacifiquement ce
combat fratricide.
Mais il n'empêche que dorénavant la question du
Cachemire est devenue révélatrice de la géopolitique
internationale contemporaine. Cette « poudrière »
est devenue le point de rencontre de nombreuses convoitises transnationales. Le
Pakistan s'est transformé en point névralgique de la contestation
islamiste depuis l'invasion américaine en Afghanistan la chute du
régime taliban. Toutefois, le jeu des alliances interétatiques et
les nouvelles relations qu'entretiennent séparément l'Inde et le
Pakistan avec les Etats-Unis représente un espoir pour la lutte pour
l'hégémonie au Cachemire.
Aujourd'hui, le combat religieux et frontalier s'est
déplacé vers une lutte pour s'approprier les richesses de cette
région montagneuse, à commencer par l'eau.
"La région du Cachemire située à
très haute altitude dans l'Himalaya est, en outre, un véritable
"château d'eau" pour l'Inde et le Pakistan car elle permet de
contrôler le bassin de l'Indus. Or pour ces deux pays l'eau du fleuve est
vitale pour irriguer les cultures et nourrir les populations. Le partage des
eaux de l'Indus et de ses affluents est organisé dans le cadre d'un
traité bilatéral en date du 19 septembre 1960. Ce partage, tout
en étant habituellement respecté par les deux parties, reste
soumis à l'état des relations entre les deux pays. En 1965,
l'Inde a essayé "d'assécher" le Pakistan et dans la crise
actuelle, des voix en Inde se font entendre pour proposer cette mesure de
rétorsion contre le Pakistan et les incursions au Cachemire."8(*)
ANNEXES
- Annexe 1 : Carte politique de l'Inde
- Annexe 2 : L'indépendance et la partition de l'Inde
(1947-1948)
- Annexe 3 : Chronologie du conflit indo-pakistanais
- Annexe 4 : Carte politique du Cachemire
- Annexe 5 : La crise du Kargil
Annexe 1
Carte politique de l'Inde
Annexe 2
L'indépendance et la partition de l'Inde
(1947-1948)
Annexe 3
Chronologie du conflit
indo-pakistanais
15 août 1947 : partition
de l'Empire britannique des Indes en 2 Etats, l'Union indienne et le
Pakistan. Le Cachemire, dont la population est en
majorité musulmane et le maharaja hindou, demande son
rattachement à l'Union indienne.
1947-1948 : 1ère guerre indo-pakistanaise.
Août 1965 : 2ème guerre indo-pakistanaise.
Décembre 1971 : 3ème guerre
indo-pakistanaise. Création du Bangladesh.
1972 - accord de Shimla, par
lequel l'Inde et le Pakistan s'engagent à régler la question du
Cachemire dans un cadre bilatéral.
Janvier 1990 : début de
l'insurrection au Cachemire. L'Etat est administré
directement depuis New Delhi.
11-13 mai 1998 : essais nucléaires indiens.
28-30 mai 1998 : essais nucléaires pakistanais.
20-21 février 1999 :
sommet de Lahore prévoyant notamment des mesures de
confiance dans le domaine nucléaire.
12 mai - 4 juillet 1999 -
« guerre de Kargil » : affrontement
entre les armées indienne et pakistanaise au Cachemire.
4 juillet 1999 - visite aux
Etats-Unis du Premier ministre pakistanais, Muhammad Nawaz Sharif.
Acceptation du retrait des troupes pakistanaises du Cachemire indien.
11 juillet 1999 - réunion à
Wagah (Pakistan) des commandants des opérations militaires pakistanais
et indiens. Accord sur le retrait des forces militaires le long de la
ligne de contrôle - le 12 : l'Inde suspend ses frappes
aériennes au Cachemire. Début du retrait des forces
pakistanaises.
1999-2000 : série d'affrontements locaux et de
tirs d'artillerie de part et d'autre de la LoC (Line of Control).
26 juin 2000 - adoption d'une résolution par
l'assemblée régionale à Srinagar recommandant le retour au
statut particulier dont l'Etat du Jammu et Cachemire bénéficiait
avant 1953 (le Pakistan ne reconnaissant pas la légitimité de
cette assemblée). Rejet de cette résolution par New Delhi.
14-16 juillet 2001 - Sommet d'Agra :
visite du président pakistanais, le général Pervez
Musharraf. Rencontre avec le Premier ministre, Atal Behari Vajpayee. Echec des
discussions.
13 décembre 2001 : attentat contre le Parlement
indien à New Delhi par un groupe cachemiri (14 morts)
mars-août 2002 : fortes tensions entre l'Inde et le
Pakistan, assorties de la menace de l'emploi d'armes nucléaires.
18 avril 2003 : discours
à Srinagar (Cachemire, Inde) du Premier ministre, Atal Bihari
Vajpayee, dans lequel il tend la « main de
l'amitié » au Pakistan.
25 novembre 2003 - cessez-le feu indo-pakistanais à
l'initiative du Pakistan.
5-6 janvier 2004 - sommet de la SAARC à Islamabad et
lancement du dialogue composite entre l'Inde et le Pakistan.
24 septembre 2004 - entretien à New
York, en marge de la 59ème assemblée générale des
Nations unies, entre le président pakistanais, Pervez Musharraf
et le Premier ministre indien, Manmohan Singh.
Communiqué conjoint sur l'examen des
« options possibles pour un règlement pacifique
négocié » dans le conflit du Cachemire.
10 novembre 2004 - annonce, par le Premier ministre indien,
Manmohan Singh, d'une réduction des troupes stationnées au
Cachemire (Inde) pendant les mois à venir.
24 novembre 2004 - dans le cadre de la présidence
pakistanaise de l'Association des 7 pays d'Asie du Sud pour la
coopération régionale (SAARC), visite en Inde du
Premier ministre pakistanais, Shaukat Aziz. 1ère visite de ce niveau
depuis 1991.
7 avril 2005 - ouverture d'une liaison d'autocar entre
Muzzaffarabad (Pakistan) et Srinagar (Inde), dans le cadre du dialogue
composite indo-pakistanais. Plusieurs attentats le jour même sur le
trajet.
16-18 avril 2005 - visite en Inde du président
pakistanais, Pervez Musharraf : proposition pakistanaise de faire
évoluer la ligne de contrôle (LOC) au Cachemire en
"frontière souple" (soft border). Présence aux côtés
du Premier ministre indien, Manmohan Singh, au match de cricket opposant les 2
pays.
2-5 juin 2005 - visite au Pakistan d'une
délégation de séparatistes du Cachemire (dont des membres
de l'organisation modérée Hurriyat) : 1ère visite de
ce type depuis 1989. Rencontre avec le Premier ministre, Shaukat Aziz.
5 septembre 2005 - rencontre à New Delhi (Inde) entre
le Premier ministre, Manmohan Singh et les séparatistes
modérés du Cachemire (Hurriyat).
12 septembre 2005 - échange à Wagah
(frontière indo-pakistanaise) de plus de 500 prisonniers civils indiens
et pakistanais dans le cadre du processus de paix entre les 2 pays.
15 septembre 2005 - entretien à New York, en marge de
l'Assemblée générale de l'ONU, entre le président
pakistanais, Pervez Musharraf et le Premier ministre indien, Manmohan Singh.
Déclaration commune sur la volonté de régler pacifiquement
l'ensemble des conflits bilatéraux, y compris la question du Cachemire.
8 octobre 2005 - séisme au Cachemire
(essentiellement pakistanais) : plus de 85 000 morts.
29 octobre 2005 - annonce par l'Inde et le Pakistan de
l'ouverture de la frontière en 5 endroits à la
suite du séisme du 8 octobre.
29 octobre 2005 - triple attentat à New Delhi à
la veille de la fête hindoue de Diwali, dans les marchés de
Sarojini et de Paharganj et la zone industrielle d'Okhla : plus de 70
morts. Attentats revendiqués par le groupe "Inquilab", lié aux
groupes islamistes opérant au Cachemire.
12 novembre 2005 - entretien à Dacca (Bangladesh) entre
les Premiers ministres indien, Manmohan Singh et pakistanais, Shaukat Aziz, en
marge du sommet de l'Association des pays d'Asie du Sud pour la
coopération régionale (SAARC).
28 décembre 2005 - fusillade contre une faculté
de sciences à Bangalore (Inde) attribué au groupe
Lashkar-e-Taiba, groupe rebelle islamiste basé au Pakistan, actif au
Cachemire : 1 mort.
Annexe 4
Le Cachemire contemporain
Annexe 5
La crise du Kargil
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux :
· Le dictionnaire historique et géopolitique du
20ème siècle, sous la direction de Serge
Cordelier, Edition La Découverte (troisième
édition augmentée), 2005
Livres :
· L'Inde contemporaine, d e 1950 à nos
jours, sous la direction de Christophe Jaffrelot, Edition Fayard
CERI, 2005
· La stratégie de l'Inde pour le
21ème siècle, Olivier Guillard, Edition
Economica, 2000
· Cachemire, le paradis perdu, Claude Arpi,
Editions Philippe Picquier, 2004
· Le Cachemire dans le conflit indo-pakistanais
(1947-2004),Nathalène Reynolds, Edition
l'Harmattan, 2005
· Kashmir, roots of conflict, paths to peace,
Sumantra Bose, Harvard University Press, 2003
Revues:
· Questions Internationales: L'Inde,
grande puissance émergente, septembre-octobre 2005
Sites Internet :
· www.sénat.fr
· www.ladocumentationfrancaise.fr
· www.diplomatie.gouv.fr
· www.crisisgroup.org
· www.satp.org
· www.monde-diplomatique.fr
· www.blankonthemap.fr
· www.biblio.college.interarmees.defense.gouv.fr
· www.ceri-sciencespo.com
* 1 Cf annexe 1
* 2 Cf annexe 2
* 3 Cf annexe 3
* 4 Cf annexe 4
* 5 Cf annexe 5 : La crise
du Kargil
* 6 In Les ambitions
internationales de l'Inde à l'épreuve de la relation
indo-pakistanaise, F. Grare, Les études du CERI, n°83
* 7 In Rapport de la
commission des Affaires étrangères de la Défense et des
Forces armées à la suite d'une mission effectuée du 3 au
10 mars 2002 en Inde et au Pakistan
* 8 In Rapport de la
commission des Affaires étrangères de la Défense et des
Forces armées à la suite d'une mission effectuée du 3 au
10 mars 2002 en Inde et au Pakistan
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