2) Quelles stratégies et
quelles évolutions ?
(a) Les stratégie
énoncées par le Directeur
- · « Intégrer dans l'esprit de chacun que l'ODC est
un organisme de partage, une fédération des initiatives
culturelles, dans un esprit de partenariat ouvert et respectueux des
autres ».
- · « Cette ouverture synonyme d'ouverture à d'autres
publics ne doit pas pour autant nous éloigner des chemins qui nous ont
conduits au niveau actuel. L'ODC doit donc continuer à être ce
laboratoire capable de prendre des risques pour découvrir de nouvelles
pistes et montrer les nouveaux horizons qui pourraient être
prospectés par nos artistes ».
- · « Nos moyens, notre expérience, notre
savoir-faire, sont des atouts majeurs pour cette prospection. Ils devraient
permettre de dépasser l'objectif du simple accès à la
culture pour le plus grand nombre et aboutir ainsi à l'émergence
de « l'homme réunionnais ». Ainsi, nous
participerons à la constitution et à l'évolution du
patrimoine et de l'identité de notre société ».
Derrière la volonté unificatrice portée
par les objectifs s'énonce le désir de prendre en compte la
question identitaire si couramment formulée par les acteurs sur le
territoire réunionnais. L'ODC serait ainsi l'outil qui définirait
et illustrerait le mieux la culture réunionnaise en
révélant les talents locaux au public réunionnais et en
aidant ces artistes à aller se produire ailleurs dans le monde afin de
porter la culture réunionnaise en dehors des enceintes limitées
du territoire.
(b) Volonté
d'évolution
Cette évolution prônée par monsieur
Dambreville passe par la connaissance et la reconnaissance des traditions et
des valeurs des réunionnais de diverses origines. C'est une étape
indispensable que l'ODC compte appliquer et enseigner au public. La
reconnaissance des différences peut être considérée
comme une source d'enrichissement, pour mieux comprendre et respecter les
diverses cultures tout en étant tolérant avec les autres.
L'évolution au niveau de l'ODC, c'est aussi une
approche artistique qui prépare le public à découvrir
autre chose que tout ce qui demeure classique et traditionnel :
- · C'est « mettre les moyens consentis par les
collectivités au service du citoyen pour le sortir du conditionnement
orchestré par les médias qui font et défont les
opinions ».
- · C'est « se battre contre les instances qui
façonnent les jugements en créant des phénomènes
cycliques de mode où l'argent se substitue au talent.
- · Faire évoluer l'ODC c'est aujourd'hui « s'appuyer
sur la crédibilité acquise pour ne plus nous limiter à un
échange unique Nord-Sud mais aller à la découverte du
monde. Quoi de plus naturel pour un pays comme le nôtre qui tire sa plus
grande richesse de son métissage réussi
? ».
Monsieur Dambreville énonce clairement ici sa
volonté d'ouvrir les réunionnais au monde culturel
extérieur en leur offrant une programmation diversifiée à
l'image de la société. Il s'engage ainsi à ne pas se
contenter de diffuser des productions standardisées mais d'aller
au-delà d'un star-système médiatisé pour enrichir
le public en connaissances et lui inculquer un sens critique. On remarque un
rapprochement avec la politique du parti communiste dont les thèses
développent plutôt l'idée de l'échange. Les discours
portent essentiellement sur l'accès à une « culture de
développement » responsabilisant les Réunionnais et
leur permettant de sortir de cette crise d'identité. L'ODC semble
adopter le même discours et la même méthode que ce parti en
visant une fusion entre l'authenticité des cultures ancestrales et une
identité commune. La même volonté d'éviter une
folklorisation de la culture réunionnaise apparaît pour que
celle-ci puisse « engager le pari de la qualité et s'ouvrir
sans complexe aux autres ».
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