LISTE DES ABREVIATIONS
APPJ : Proyecto de Alimentacion de Agua Potable para los Pueblos
Jovenes de la Ciudad de Lima : Projet d'Alimentation en Eau Potable pour les
Quartiers Spontanés de la ville de lima.
CIDAP : Centro de Investigaciòn, Documentaciòn y
Asesoria Poblacional, ONG péruvienne établie à Lima.
CENCA : Instituto de Desarollo Urbano, ONG péruvienne
établie à Lima.
CESAL : ONG espagnole de coopération au
développement, travaille à Lima sur l'eau potable et
l'assainissement avec les systèmes ECODESS et condominial.
DGS : Direccion General de Saneamiento : Direction
Générale de l'Assainissement.
ECODESS : (Ecology and Development with Sustainable Sanitation):
Système de gestion intégrale d'assainissement durable,
développé par CENCA.
FMI : Fond Monétaire International.
IMP : Instituto Metropolitano de Planificacion : Institut
métropolitain de planification de la ville de Lima. ING : Instituto
Nacional de Geografia.
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ONU : Organisation des Nations Unies.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
SEDAPAL : Servicio de Agua Potable y Alcantarillado de Lima
(Service d'Eau Potable et d'Egout de Lima), Compagnie des eaux de la
métropole de Lima.
SENAPA : Servicio Nacional de Agua Potable y Alcantarillado
(Service National de l'Eau Potable et des Egouts).
SUNASS : Superintendencia Nacional de Servicios de Saneamiento
(Direction Nationale des Services d'Assainissement).
INTRODUCTION
La gestion de l'eau s'annonce comme le problème
géopolitique le plus important du 21ème siècle.
Aujourd'hui, la moitié de la population mondiale vit dans les villes. Au
cours de ces prochaines décennies, l'urbanisation devrait augmenter
à un rythme élevé dans les pays en développement. A
Lima, capitale du Pérou, qui concentre un tiers de la population du
pays, dans un milieu aride où les ressources en eau sont limitées
la question de l'accès à l'eau est plus qu'urgente. Faire face
aux besoins croissants dans les domaines de l'approvisionnement en eau et de
l'assainissement dans les villes est donc l'un des enjeux majeurs de ce nouveau
siècle pour le gouvernement péruvien.
Deux grands objectifs internationaux liés à
l'approvisionnement en eau et à l'assainissement ont été
fixés, respectivement, en 2000 et 2002:
D'une part, les Objectifs de Développement pour le
Millénaire (2000): "Réduire de moitié, d'ici 2015, le
pourcentage de la population qui n'a pas accès à de l'eau
potable."1 D'autre part, le Sommet mondial sur le
développement durable, Plan d'action (2002) : "... nous convenons de
réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de
personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable ou qui n'ont pas
les moyens de s'en procurer (comme énoncé dans la
Déclaration du Millénaire) et la proportion de personnes qui
n'ont pas accès à des services d'assainissement de base." 2
Pour que ces objectifs soient atteints dans les zones
urbaines, plus d'un milliard de personnes supplémentaires devront
accéder à des services d'approvisionnement et d'assainissement
appropriés, d'ici à 2015.
Au Pérou, 33% de la population était privée
de l'accès à l'eau en 1998.
Le problème de l'eau au Pérou réside en
partie dans la géographie particulière du pays. Une grande partie
de la côte Pacifique est établie sur un désert et plus de
70% de la population vit le long de la côte, où on trouve moins de
2% des ressources hydrauliques du pays.
1 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) sont huit objectifs que les États membres de l'ONU ont convenus
d'atteindre d'ici à 2015. La déclaration fut signée en
septembre 2000.
2 Sommet Mondial sur le développement durable,
Johannesburg, 2002.
A cela s'ajoute un problème démographique
énorme, doublé d'une incapacité politique de faire face
aux crises économiques qui ont secouées le pays depuis plusieurs
décennies.
La capitale, Lima, accueille aujourd'hui plus de huit millions
d'habitants, et la croissance urbaine ne cesse d'augmenter dans une zone
désertique où les ressources sont limitées (en 30 ans,
Lima a vu son taux de croissance passer de 5,1 à 3,9 %1).
Devant ce schéma d'évolution persistant, il n'est aujourd'hui
plus possible de permettre un accès à l'eau pour tous.
Pour Jean-Marc FOURNIER, « le fonctionnement de l'eau
dans la ville reflète finalement celui de la société qui
lui correspond »2 . Il s'agit ainsi de rechercher constamment
l'explication des paradoxes liés à l'eau en s'intéressant
aux mécanismes sociaux qui produisent les inégalités de
distribution.
Afin de répondre à ce problème trois
acteurs principaux cohabitent à Lima à différentes
échelles de pouvoir et d'action : l'Etat, la compagnie municipale de
l'eau (La Sedapal) et les ONG. Le plus souvent sans communication entre leurs
différentes actions et parfois même en concurrence technique ou
organisationnelle sur certains projets locaux, ces différents acteurs
mettent en place des projets extrêmement divers et avec des moyens
variables pour résoudre la problématique de l'accès
à l'eau.
Dans notre projet de recherche, dès le début,
puis également pendant le travail de terrain face aux mécanismes
de rétention d'information, nous avons été convaincus que
ces rapports parfois conflictuels entre les différents acteurs
étaient les clés du développement local. Ces
différentes institutions, quelles soient privées ou publiques ne
devraient pas s'exclure et évoluer dans une dynamique de concurrence,
mais plutôt travailler main dans la main devant l'urgence des besoins.
C'est dans ce contexte de conflits, et parfois même de
divisions, des politiques de développement que nous avons voulu savoir
quelles étaient aujourd'hui les alternatives d'accès à
l'eau dans les quartiers défavorisés de Lima, et en quoi elles
pouvaient être améliorées.
1 Chiffres issu des données de l'INEI et du site de
l'UNESCO sur la recherche urbaine en Amérique Latine (cf. :
webographie).
2 FOURNIER, Jean-Marc, 2003, L'eau dans les villes
d'Amérique Latine, Inégalités sociales et concurrences des
usages, Paris : L'Harmattan, Collection géographie sociale, 203
pages.
Pour ce faire, nous nous sommes demandé quels
étaient les enjeux politiques, environnementaux, sociaux et
économiques de l'accès à l'eau à Lima,
étendant ainsi nos recherches à différentes
échelles : de l'étude des ressources aquifères, à
l'intégration des projets locaux d'adduction à une politique de
développement plus globale, et à la conciliation entre les
différents acteurs.
Pour répondre à ces questions, il fallait avoir
une connaissance préalable des différents projets existants et
des situations diverses sur le terrain.
En travaillant avec des institutions aux valeurs et
procédés différents, nous avons ainsi tenté de
recueillir les points de vue de chacun dans le but de réaliser une
analyse comparative des procédés techniques et des
stratégies d'application.
Dans le cadre de l'instauration d'une nouvelle communication
entre les différents acteurs locaux, nous voulions également, par
l'observation et peut être la comparaison des modes d'opération de
chaque projet, savoir lesquelles de ces solutions pouvaient être
généralisées, et peut être ainsi plus tard
être intégrées en partenariat dans la ligne politique de
l'Etat.
Ainsi, notre hypothèse de départ a
été de considérer que face à un problème
dépendant d'un système géographique complexe, relevant
à la fois de contextes physique, démographique et politique
donnés, les solutions envisagées devraient prendre en compte
l'ensemble des acteurs et de leurs relations. Notre enjeu principal
étant de remettre à plat le problème et d'envisager non
pas une solution globale mais un ensemble de solutions multiples prenant en
compte la totalité du système qui serait capable de
répondre le plus pertinemment aux obstacles d'exécution. Pour
cela, nous avons envisagé ce rapport comme un moyen de lier les
différentes politiques d'action actuelles pour réunir une base de
données n'excluant aucun acteur, en retirer les grandes lignes
directrices de conception de projet et les rendre plus efficaces notamment en
imaginant comment elles pourraient être intégrées, à
terme, à une politique étatique.
La problématique directrice de ce rapport est en
continuité avec ce travail comparatif: quelles sont dans le contexte des
« asentamientos humanos »1 de Lima, les meilleures
solutions de développement en termes d'accès à l'eau?
Pour y répondre nous avons organisé ce rapport en
trois parties:
1 Ce terme fera l'objet d'une définition au cours de notre
première partie.
Nous développerons tout d'abord la problématique
environnementale de la hausse de consommation en eau à Lima. Apres une
étude des données hydrogéologiques et morphologiques, nous
aborderons les problèmes liés à la croissance
démographique exponentielle de la capitale, en les recadrant dans le
cadre national des politiques de développement en matière
d'accès à l'eau et de préservation des ressources.
Puis nous verrons quelles sont les réponses
apportées aujourd'hui au problème de l'eau à Lima, et en
quoi elles ne permettent actuellement pas de subvenir de manière
adéquate aux demandes.
Enfin, nous essaierons d'envisager les meilleures propositions
actuelles de conception de projet en matière d'eau potable et
d'assainissement, grâce à l'étude comparative de trois
projets dans les cônes d'urbanisation de Lima.
Méthodologie et démarche entreprise :
Afin de répondre à notre problématique et
vérifier les hypothèses de départ, il convient d'articuler
la démonstration autour d'une démarche scientifique dotée
d'outils et de méthodes (entretiens, observations, documents
bibliographiques, cartes...).
L'investigation s'est appuyée sur une approche
qualitative destinée à une compréhension plus
détaillée et globale du terrain étudié.
Cette démarche s'est déroulée en trois temps
:
1. Dans un premier temps, nous avons réalisé
une recherche bibliographique sur le Pérou, Lima, les «
asentamientos humanos », ainsi que sur les projets de
développement, les politiques de développement... Cette
étape visait une compréhension globale du contexte du projet
étudié. Les outils étaient principalement des livres,
cartes, d'autres projets entrepris... Une recherche bibliographique a
été également entreprise après l'investigation et
visait plus l'interprétation et l'analyse des données
récoltées.
2. Dans un deuxième temps, nous avons
réalisé, pour l'étude empirique, de nombreuses visites
de terrain, des observations et entretiens informels des habitants des «
asentamientos humanos », et des acteurs du projet. Cette démarche
consistait à passer du temps avec les bénéficiaires du
projet afin de se familiariser avec ce contexte, et pour que les habitants
s'habituent à notre présence. La position de chercheuse et
d'étrangère peut empêcher l'accès à certaines
informations ou nous confronter à la déformation de ces
données.
Il est donc nécessaire de créer un climat de
confiance réciproque entre les personnes investiguées et les
investigateurs.
3. Suite à cette première approche, nous avons pu
réaliser, dans un troisième
temps, des entretiens de type semi-directif, basés sur
une série de questions, de thèmes généraux servant
de guide à la conversation. C'est un outil plus flexible que les
questions fermées et plus facile à mettre en place lorsque la
langue parlée n'est pas la sienne. Ces entretiens s'articulaient autour
de thèmes comme l'environnement, les relations sociales, les conflits,
l'organisation... Ils ont été réalisés
auprès d'un échantillon d'une trentaine de personnes, dont les
rôles dans le projet, les milieux et institutions différents.
Cet échantillon se compose:
- d'un ingénieur en systémique et cartographie de
l'entreprise SEDAPAL;
-d'un conseiller municipal de la ville de Lima, travaillant sur
le projet « Agua para todos » ; -de 4 chargés de projet dans
des ONG (CIDAP, CESAL);
- de 12 habitants des asentamientos humanos de Huachipa,
Carabayllo et Villa Maria del
Triunfo;
-des discussions issues des comités de quartier de Lomas
de Carabayllo, à Carabayllo et San Francisco et Los Jardines à
Huachipa.
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