Claire GAILLARDOU
Université Michel de Montaigne, Bordeaux III
LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX, ECONOMIQUES, SOCIAUX ET POLITIQUES
DE L'ACCES A L'EAU DANS L'AGGLOMERATION DE LIMA, ET PLUS SPECIALEMENT DANS LES
QUARTIERS DITS
« ASENTAMIENTOS HUMANOS »
QUEL AVENIR POUR UNE VILLE ASSOIFFEE ?
|
|
Rapport de stage de recherche de Master 2 de Géographie,
mention Territoires, Développement et cultures, gestion
environnementale, sous la direction de José Manuel Lazcano.
Année 2006"2007
REMERCIEMENTS
Avant toute chose, je tiens à remercier José
Manuel LAZCANO, mon professeur référent, directeur de l'UFR de
Géographie et d'Aménagement de l'Université Michel de
Montaigne, Bordeaux III, pour ses conseils et ses idées enrichissantes
lors de mon étude au Pérou et de ma rédaction en
France.
Je remercie également Jean Paul DELER,
géographe spécialiste de la Bolivie, de l'Equateur et du
Pérou, directeur de recherche au CNRS à Bordeaux, pour m'avoir
conseillé et recommandé à l'Institut Français
d'Etudes Andines à Lima.
Toute ma reconnaissance va à l'Institut Français
d'Etudes Andines de Lima (IFEA) et à son directeur Henri GODARD,
géographe spécialiste de l'organisation spatiale et des
dynamiques territoriales dans les pays andins, pour son accueil.
Je remercie également Mathieu DURAND, géographe
doctorant à l'IFEA pour ses conseils et son amitié.
Sur le terrain, rien n'aurait été possible sans
l'aide d'Ana Kariña HUAMAN, chargée de projet pour l'ONG CESAL,
qui m'a permis de rencontrer les acteurs locaux du développement et de
suivre la réalisation des projets en continu avec les habitants.
Je tiens aussi à assurer toute ma reconnaissance
à Silvia de Los RIOS BERNARDINI et à Samuel YANES TORNES,
architecte et directeur de l'ONG CIDAP, pour les rencontres qu'il m'ont permis
de faire chez les acteurs politiques locaux et pour m'avoir fait
participé à de nombreuses réunions et débats des
comités de quartiers de Carabayllo.
Enfin je tiens à remercier mes frères et mes amis
pour leur soutien et leur présence pendant mon travail de terrain et la
rédaction de ce rapport de stage.
TABLE DES MATIERES
Première partie : La problématique de l'eau
à Lima : les bases d'une équation négative
I-Une ville macro céphalique en milieu aride,
description des défis et enjeux de la ville de Lima
I-1 Un site aux conditions géomorphologiques et
climatiques significatives de l'aridité
- Données climatiques - Etude géologique
I-2 Ressources hydrologiques
- L'aquifère
- Sources de surface
I-3 Croissance démographique et évolution de la
demande face au déficit des ressources
- Historique et profil de la croissance, un site marqué
par son passé et sa vocation portuaire
-Une évolution urbaine et démographique
incontrôlable
- Les « asentamientos humanos », marqueurs des
inégalités
- La demande actuelle des consommateurs en matière d'eau
potable
I-4 Enjeu politique
- Cadre juridique des politiques en matière d'eau et
d'assainissement - Organisation sectorielle
- Le programme « Agua para todos »
- Les autres acteurs et la problématique du manque de
concertation intra sectoriel
II- Conclusion partielle
Deuxième partie : L'accès à l'eau
pour 8 millions d'habitants, un défi à plusieurs niveaux
I- Le capital « eau » liméen, état de
la production d'eau actuelle
I-1 Système de distribution
- Le système d'emmagasinage d'eau potable
- Les systèmes de réseaux primaires et
secondaires de distribution de l'eau potable
I-2 Description des différentes modalités
d'accès à l'eau à Lima
II- La SEDAPAL, une entreprise nationale prise entre
l'étau de la rentabilité et de l'intérêt social
II-1 Création et statuts de l'entreprise
- Statuts et fonction de l'entreprise
- Construction historique du statut de la SEDAPAL
II-2 Projets et politiques de la compagnie
- Une plus grande préservation des ressources
souterraines... - ...Passant par la potabilisation des eaux de surface
- A plus long terme, de grands projets en marche
III- L'accès à l'eau, stigmate et facteur des
inégalités sociales III-1 Les « asentamientos humanos »
exclus du partage de l'eau
III-2 Le prix de l'eau
- Les prix du réseau de la SEDAPAL - Les prix des
entrepreneurs privé
III-2 Qualité de l'eau
- Situation de la qualité de l'eau - Conséquences
sanitaires
IV Manque de constance du service et impact environnemental,
un réseau d'eau « malade »
IV-1 Le manque de constance du service
IV-2 Impact environnemental
-La contamination des eaux souterraines:
-Pollution et essoufflement des eaux de surface
- Le manque de traitement des eaux usées ;
conséquence de la pollution de la côte
V Conclusion partielle
Troisième partie : Les alternatives
d'accès à l'eau potable, à la
recherche de nouveaux projets
I- ONG, municipalités locales, et comités de
quartier : les acteurs à la recherche de solutions
II-1 Présentation des ONG étudiées
II-2 Stratégies d'intervention
II-3 Organisation publique-privée : quel type de
collaboration ?
II- A l'échelle locale, étude de projets de
réduction des coûts et de la consommation inscrits dans une
démarche participative
II-1- Huachipa et Lomas de Carabayllo, étude de deux
« asentamientos humanos » distincts
-Contraintes géographiques
-Du quartier spontané à la planification, deux
« asentamientos humanos » historiques
-Situation socio-économique actuelle
II-2 A la rencontre de projets alternatifs, les techniques de
réduction des coûts et de la consommation à Huachipa et
Carabayllo
- La construction de réservoirs de quartier permettant
une connexion domiciliaire ou par borne-fontaine
- Le système condominial
- Les systèmes d'assainissement écologique
II-3 L'utilisation de la démarche participative dans
les projets de
développement
- Qu'est-ce que la démarche participative ?
- Enjeux de la démocratie participative
- Etude de l'impact de la stratégie participative dans
l'étude d'un projet - La démocratie participative au service du
développement durable
III- D'autres projets définitifs d'accès
à l'eau à l'échelle nationale
III-1 Stratégies mondiales d'accès à
l'eau en milieu aride et hypothèses d'application au Pérou
III-2 La révolution hydraulique en Espagne : un
exemple à suivre ?
IV Conclusion partielle
Conclusion générale
Annexes
RESUME DE L'ETUDE
Cette étude a pour objectif l'appréhension des
difficulté d'accès à l'eau dans la capitale d'un pays en
développement, afin de cerner les causes de disfonctionnements actuels
et pouvoir envisager des solutions de développement
réalisables.
La ville de Lima est située sur un désert
côtier ou les ressources en eau sont restreintes, et l'évolution
croissante de sa population ne permet actuellement plus de garantir un
accès à l'eau pour tous dans des conditions environnementale et
égalitaire soutenables.
Face à cette situation on assiste aujourd'hui à
une incapacité des pouvoirs publics à la réaction.
Devant l'urgence de la situation dans les quartiers
périurbains qui sont les plus défavorisés (dits «
asentamientos humanos ») les ONG et les collectivités locales
développent des projets alternatifs d'accès à l'eau.
Aujourd'hui, la prise en compte de ces nouveaux acteurs et de
leur stratégie d'action est nécessaire à
l'élaboration des politiques de développement étatiques
tant à l'échelle locale que nationale.
Mots clefs : développement,
périurbanisation, gestion de l'eau, accès à l'eau
politique, démocratie participative, asentamientos humanos, autogestion,
réseau, bidonville, pays du sud, Pérou.
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Cartes :
- Carte 1 : Situation de la capitale sur la cote
désertique péruvienne
- Carte 2: Diminution des niveaux de l'eau souterraine (en
mètres) dans la région environnante de Lima entre 1969 et 1985
- Carte 3 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981
et 2000
-Carte 4 : Couverture du service d'eau selon les chiffres
actuels donnés par la SEDAPAL
4 Tableaux, schémas et graphiques :
-Schéma 1 : Fonctionnement de l'intervention
-Schéma 2 : Différents niveaux de relations
-Schéma 3 : Economie en matière de canalisation,
la comparaison d'un système classique de réseau d'égouts
avec le système condominial :
-Schéma 4 et 5 : Système de toilettes
sèches combinées à la technique de la phytorestauration,
utilisé à Los Topacios, Huachipa :
4 Photos :
- Photo 1 : Cassure du niveau du Rímac crée par la
SEDAPAL1, afin d'aider au processus de réalimentation des
eaux souterraines
-Photos 2, 3 ,4 et 5 : Entre bidonvilles, centre-ville colonial
et quartiers internationaux, une ville aux multiples visages
1 Cf. Deuxième partie, II-1, et Table des
abréviations.
-Photos 6 et 7: première étape d'invasion au bord
de la Panaméricaine Sud, abris d'esteras1 et de tôle
-Photos 8 et 9: De la cuve du camion-citerne aux bidons
personnels de conservation, un manque d'hygiène flagrant
-Photo 10: Le quartier de Lomas de Carabayllo marque ses
exigences politiques avant les élections
-Photo 11: Logo du Programme « Agua para todos »
-Photo 12 : Château d'au dans le district de Callao,
«Aujourd'hui tout le monde a besoin d'eau »
-Photos 13 et 14 : Approvisionnement par borne fontaine à
Huachipa, et camion-citerne -Photo 15: Usine de traitement de La Atarjea
- Photo 16: Dans le district de Miraflores, irrigation à
grande eaux d'une terre plein centrale
-Photos 17 et 18 : Chargement d'un camion-citerne privé
à Ventanilla, et livraison dans l'asentamientos humanos de Lomas de
Carabayllo
- Photos 19 et 2O: Des conditions sanitaires en matière
d'eau insuffisantes, le lavage du linge et le stockage de l'eau à San
Francisco, Huachipa
-Photos 21 et 22 : Inauguration du réseau d'eau de
Nuevo Paraiso, Huachipa, ONG CESAL -Photo 23 : deux membres du Comité
d'oeuvres de Lomas de Carabayllo utilisant la nouvelle installation, ONG
CIDAP
-Photo 24: Lomas de Carabayllo
-Photo 25 : Quartier de San Francisco à Huachipa
-Photo 26: Réservoir de quartier à Lomas de
Carabayllo
-Photo 27 : A San Francisco, première phase du projet de
construction de réseau domiciliaire -Photos 28 et 29 : Système
condominial et station de traitement à Huachipa
-Photos 30, 31 et 32 : Système de toilettes sèches
avec permettant la séparation des eaux sales et des excréments
solide, et consignes d'utilisation
-Photos 33 et 34 : Plante de Phytorestauration à
différents niveaux de croissance, utilisées dans le secteur de
Los Topacios, à Huachipa
-Photo 35: Comité d'oeuvre de Las Flores à
Huachipa, lors d'une séance de formation à la gestion
1 Mur de palmes végétales
tressés.
LISTE DES ABREVIATIONS
APPJ : Proyecto de Alimentacion de Agua Potable para los Pueblos
Jovenes de la Ciudad de Lima : Projet d'Alimentation en Eau Potable pour les
Quartiers Spontanés de la ville de lima.
CIDAP : Centro de Investigaciòn, Documentaciòn y
Asesoria Poblacional, ONG péruvienne établie à Lima.
CENCA : Instituto de Desarollo Urbano, ONG péruvienne
établie à Lima.
CESAL : ONG espagnole de coopération au
développement, travaille à Lima sur l'eau potable et
l'assainissement avec les systèmes ECODESS et condominial.
DGS : Direccion General de Saneamiento : Direction
Générale de l'Assainissement.
ECODESS : (Ecology and Development with Sustainable Sanitation):
Système de gestion intégrale d'assainissement durable,
développé par CENCA.
FMI : Fond Monétaire International.
IMP : Instituto Metropolitano de Planificacion : Institut
métropolitain de planification de la ville de Lima. ING : Instituto
Nacional de Geografia.
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement.
OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
ONU : Organisation des Nations Unies.
PIB : Produit Intérieur Brut.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
SEDAPAL : Servicio de Agua Potable y Alcantarillado de Lima
(Service d'Eau Potable et d'Egout de Lima), Compagnie des eaux de la
métropole de Lima.
SENAPA : Servicio Nacional de Agua Potable y Alcantarillado
(Service National de l'Eau Potable et des Egouts).
SUNASS : Superintendencia Nacional de Servicios de Saneamiento
(Direction Nationale des Services d'Assainissement).
INTRODUCTION
La gestion de l'eau s'annonce comme le problème
géopolitique le plus important du 21ème siècle.
Aujourd'hui, la moitié de la population mondiale vit dans les villes. Au
cours de ces prochaines décennies, l'urbanisation devrait augmenter
à un rythme élevé dans les pays en développement. A
Lima, capitale du Pérou, qui concentre un tiers de la population du
pays, dans un milieu aride où les ressources en eau sont limitées
la question de l'accès à l'eau est plus qu'urgente. Faire face
aux besoins croissants dans les domaines de l'approvisionnement en eau et de
l'assainissement dans les villes est donc l'un des enjeux majeurs de ce nouveau
siècle pour le gouvernement péruvien.
Deux grands objectifs internationaux liés à
l'approvisionnement en eau et à l'assainissement ont été
fixés, respectivement, en 2000 et 2002:
D'une part, les Objectifs de Développement pour le
Millénaire (2000): "Réduire de moitié, d'ici 2015, le
pourcentage de la population qui n'a pas accès à de l'eau
potable."1 D'autre part, le Sommet mondial sur le
développement durable, Plan d'action (2002) : "... nous convenons de
réduire de moitié, d'ici à 2015, la proportion de
personnes qui n'ont pas accès à l'eau potable ou qui n'ont pas
les moyens de s'en procurer (comme énoncé dans la
Déclaration du Millénaire) et la proportion de personnes qui
n'ont pas accès à des services d'assainissement de base." 2
Pour que ces objectifs soient atteints dans les zones
urbaines, plus d'un milliard de personnes supplémentaires devront
accéder à des services d'approvisionnement et d'assainissement
appropriés, d'ici à 2015.
Au Pérou, 33% de la population était privée
de l'accès à l'eau en 1998.
Le problème de l'eau au Pérou réside en
partie dans la géographie particulière du pays. Une grande partie
de la côte Pacifique est établie sur un désert et plus de
70% de la population vit le long de la côte, où on trouve moins de
2% des ressources hydrauliques du pays.
1 Les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) sont huit objectifs que les États membres de l'ONU ont convenus
d'atteindre d'ici à 2015. La déclaration fut signée en
septembre 2000.
2 Sommet Mondial sur le développement durable,
Johannesburg, 2002.
A cela s'ajoute un problème démographique
énorme, doublé d'une incapacité politique de faire face
aux crises économiques qui ont secouées le pays depuis plusieurs
décennies.
La capitale, Lima, accueille aujourd'hui plus de huit millions
d'habitants, et la croissance urbaine ne cesse d'augmenter dans une zone
désertique où les ressources sont limitées (en 30 ans,
Lima a vu son taux de croissance passer de 5,1 à 3,9 %1).
Devant ce schéma d'évolution persistant, il n'est aujourd'hui
plus possible de permettre un accès à l'eau pour tous.
Pour Jean-Marc FOURNIER, « le fonctionnement de l'eau
dans la ville reflète finalement celui de la société qui
lui correspond »2 . Il s'agit ainsi de rechercher constamment
l'explication des paradoxes liés à l'eau en s'intéressant
aux mécanismes sociaux qui produisent les inégalités de
distribution.
Afin de répondre à ce problème trois
acteurs principaux cohabitent à Lima à différentes
échelles de pouvoir et d'action : l'Etat, la compagnie municipale de
l'eau (La Sedapal) et les ONG. Le plus souvent sans communication entre leurs
différentes actions et parfois même en concurrence technique ou
organisationnelle sur certains projets locaux, ces différents acteurs
mettent en place des projets extrêmement divers et avec des moyens
variables pour résoudre la problématique de l'accès
à l'eau.
Dans notre projet de recherche, dès le début,
puis également pendant le travail de terrain face aux mécanismes
de rétention d'information, nous avons été convaincus que
ces rapports parfois conflictuels entre les différents acteurs
étaient les clés du développement local. Ces
différentes institutions, quelles soient privées ou publiques ne
devraient pas s'exclure et évoluer dans une dynamique de concurrence,
mais plutôt travailler main dans la main devant l'urgence des besoins.
C'est dans ce contexte de conflits, et parfois même de
divisions, des politiques de développement que nous avons voulu savoir
quelles étaient aujourd'hui les alternatives d'accès à
l'eau dans les quartiers défavorisés de Lima, et en quoi elles
pouvaient être améliorées.
1 Chiffres issu des données de l'INEI et du site de
l'UNESCO sur la recherche urbaine en Amérique Latine (cf. :
webographie).
2 FOURNIER, Jean-Marc, 2003, L'eau dans les villes
d'Amérique Latine, Inégalités sociales et concurrences des
usages, Paris : L'Harmattan, Collection géographie sociale, 203
pages.
Pour ce faire, nous nous sommes demandé quels
étaient les enjeux politiques, environnementaux, sociaux et
économiques de l'accès à l'eau à Lima,
étendant ainsi nos recherches à différentes
échelles : de l'étude des ressources aquifères, à
l'intégration des projets locaux d'adduction à une politique de
développement plus globale, et à la conciliation entre les
différents acteurs.
Pour répondre à ces questions, il fallait avoir
une connaissance préalable des différents projets existants et
des situations diverses sur le terrain.
En travaillant avec des institutions aux valeurs et
procédés différents, nous avons ainsi tenté de
recueillir les points de vue de chacun dans le but de réaliser une
analyse comparative des procédés techniques et des
stratégies d'application.
Dans le cadre de l'instauration d'une nouvelle communication
entre les différents acteurs locaux, nous voulions également, par
l'observation et peut être la comparaison des modes d'opération de
chaque projet, savoir lesquelles de ces solutions pouvaient être
généralisées, et peut être ainsi plus tard
être intégrées en partenariat dans la ligne politique de
l'Etat.
Ainsi, notre hypothèse de départ a
été de considérer que face à un problème
dépendant d'un système géographique complexe, relevant
à la fois de contextes physique, démographique et politique
donnés, les solutions envisagées devraient prendre en compte
l'ensemble des acteurs et de leurs relations. Notre enjeu principal
étant de remettre à plat le problème et d'envisager non
pas une solution globale mais un ensemble de solutions multiples prenant en
compte la totalité du système qui serait capable de
répondre le plus pertinemment aux obstacles d'exécution. Pour
cela, nous avons envisagé ce rapport comme un moyen de lier les
différentes politiques d'action actuelles pour réunir une base de
données n'excluant aucun acteur, en retirer les grandes lignes
directrices de conception de projet et les rendre plus efficaces notamment en
imaginant comment elles pourraient être intégrées, à
terme, à une politique étatique.
La problématique directrice de ce rapport est en
continuité avec ce travail comparatif: quelles sont dans le contexte des
« asentamientos humanos »1 de Lima, les meilleures
solutions de développement en termes d'accès à l'eau?
Pour y répondre nous avons organisé ce rapport en
trois parties:
1 Ce terme fera l'objet d'une définition au cours de notre
première partie.
Nous développerons tout d'abord la problématique
environnementale de la hausse de consommation en eau à Lima. Apres une
étude des données hydrogéologiques et morphologiques, nous
aborderons les problèmes liés à la croissance
démographique exponentielle de la capitale, en les recadrant dans le
cadre national des politiques de développement en matière
d'accès à l'eau et de préservation des ressources.
Puis nous verrons quelles sont les réponses
apportées aujourd'hui au problème de l'eau à Lima, et en
quoi elles ne permettent actuellement pas de subvenir de manière
adéquate aux demandes.
Enfin, nous essaierons d'envisager les meilleures propositions
actuelles de conception de projet en matière d'eau potable et
d'assainissement, grâce à l'étude comparative de trois
projets dans les cônes d'urbanisation de Lima.
Méthodologie et démarche entreprise :
Afin de répondre à notre problématique et
vérifier les hypothèses de départ, il convient d'articuler
la démonstration autour d'une démarche scientifique dotée
d'outils et de méthodes (entretiens, observations, documents
bibliographiques, cartes...).
L'investigation s'est appuyée sur une approche
qualitative destinée à une compréhension plus
détaillée et globale du terrain étudié.
Cette démarche s'est déroulée en trois temps
:
1. Dans un premier temps, nous avons réalisé
une recherche bibliographique sur le Pérou, Lima, les «
asentamientos humanos », ainsi que sur les projets de
développement, les politiques de développement... Cette
étape visait une compréhension globale du contexte du projet
étudié. Les outils étaient principalement des livres,
cartes, d'autres projets entrepris... Une recherche bibliographique a
été également entreprise après l'investigation et
visait plus l'interprétation et l'analyse des données
récoltées.
2. Dans un deuxième temps, nous avons
réalisé, pour l'étude empirique, de nombreuses visites
de terrain, des observations et entretiens informels des habitants des «
asentamientos humanos », et des acteurs du projet. Cette démarche
consistait à passer du temps avec les bénéficiaires du
projet afin de se familiariser avec ce contexte, et pour que les habitants
s'habituent à notre présence. La position de chercheuse et
d'étrangère peut empêcher l'accès à certaines
informations ou nous confronter à la déformation de ces
données.
Il est donc nécessaire de créer un climat de
confiance réciproque entre les personnes investiguées et les
investigateurs.
3. Suite à cette première approche, nous avons pu
réaliser, dans un troisième
temps, des entretiens de type semi-directif, basés sur
une série de questions, de thèmes généraux servant
de guide à la conversation. C'est un outil plus flexible que les
questions fermées et plus facile à mettre en place lorsque la
langue parlée n'est pas la sienne. Ces entretiens s'articulaient autour
de thèmes comme l'environnement, les relations sociales, les conflits,
l'organisation... Ils ont été réalisés
auprès d'un échantillon d'une trentaine de personnes, dont les
rôles dans le projet, les milieux et institutions différents.
Cet échantillon se compose:
- d'un ingénieur en systémique et cartographie de
l'entreprise SEDAPAL;
-d'un conseiller municipal de la ville de Lima, travaillant sur
le projet « Agua para todos » ; -de 4 chargés de projet dans
des ONG (CIDAP, CESAL);
- de 12 habitants des asentamientos humanos de Huachipa,
Carabayllo et Villa Maria del
Triunfo;
-des discussions issues des comités de quartier de Lomas
de Carabayllo, à Carabayllo et San Francisco et Los Jardines à
Huachipa.
Première partie :
La problématique de l'eau à Lima ; les
bases d'une
équation négative
I- Une ville macro céphalique en milieu aride,
description des
défis et enjeux de la ville de Lima
Lima, capitale du Pérou, est située dans le
désert côtier brumeux de la façade du Pacifique de
l'Amérique du Sud à une latitude de 11°S (Cf. Carte 1). Avec
une superficie de 2 664,67 km2, Lima est considérée
comme étant la ville la plus étendue sur un désert, avant
Le Caire. Dans ces conditions de site et de situation extrêmement
prégnantes, tout travail de recherche géographique doit au
préalable se baser sur une étude géomorphologique et
climatique de la zone afin de mettre en exergue les ressources en
présence, les risques et les enjeux d'un développement humain, en
particulier pour ce qui se rattache à la ressource vitale qu'est l'eau
potable.
Carte 1 : Situation de la capitale sur la cote
désertique péruvienne :
Source : ING.
I-1 Un site aux conditions géomorphologiques et
climatiques significatives de l'aridité - Données
climatiques
Le désert péruano-chilien sur lequel est
implanté la ville, est caractérisé par la présence
quasi permanente d'une couverture nébuleuse de stratocumulus,
formée lorsque les couches inférieures de l'atmosphère se
rafraîchissent au contact des eaux froides du Pacifique. La
température de l'océan le long de la côte, du Chili au
Pérou, subit la puissante influence du courant froid de
Humboldt1 et de la remontée vers la surface des eaux plus
froides des profondeurs. Conséquence de ces phénomènes, le
climat de Lima est plus frais que celui de villes sises à la même
latitude et à la même altitude dans d'autres parties du monde. Son
régime pluviométrique est également l'un des plus faibles
du continent (environ 10 mm par an). Malgré cela, l'air y est
relativement humide, en raison de brumes fréquentes et de fortes
rosées, contribuant à donner à Lima le surnom de «
ville grise ».
Ces données climatiques sont caractéristiques de
l'aridité, définie comme une « situation résultant du
manque d'eau par suite de l'insuffisance des précipitations
»2. En effet, même si la ville est souvent baignée
par la brume, qui crée une condensation non négligeable, la
notion d'humidité est très différente de celle d'apport en
eau dans le cas du désert côtier aride liméen.
-Etude géologique :
Les caractéristiques géomorphologiques de la
zone de Lima sont la conséquence du développement
géologique, construit au mésozoïque (100 Ma
approximativement) quand la mer intérieure couvrait une grande partie du
territoire péruvien. En ces temps se sont formées les roches
sédimentaires qui entourent la grande capitale (Vallées de
Criard, Rímac et Lurín) dans lesquelles on trouve des fossiles
caractéristiques de cette période. L'activité magmatique,
induite par le processus de subduction, a donné alors lieu aux roches
volcaniques et au placement de roches intrusives (Batholite de la Côte)
que nous trouvons dans le secteur Est de la ville et qui sont étendues
jusqu'aux butées de la Cordillère Occidentale. Les mouvements
tectoniques dont elles ont souffert (de nature Cénozoïque), ont
donné lieu à des failles et des fractures qu'on peut observer
dans les roches des alentours de Lima. Sur les roches mésozoïques
(sédimentaires et ignées3) s'affirment alors les
grands réservoirs alluviaux
1 Courant marin de surface, parcourant
l'océan Pacifique. Prenant naissance près de l'Antarctique, il
est froid, environ 7 à 8 degrés inférieur à la
température moyenne de la mer à la même latitude; il longe
les côtes du Chili et du Pérou et, riches en plancton, ses eaux
sont très poissonneuses.
2 GEORGES, Pierre, VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire
de la géographie, Paris : Presses Universitaires de France, 500
pages.
3 Roches ignées : roches produites par l'action
du feu, provenant du refroidissement du magma.
entraînés par les rivières Rímac,
Criard et Lurín, ceux qui ont donné lieu à une couverture
quaternaire observable, épaisse dans les falaises de la Côte Verte
(Costa Verde). Dans ces pentes, on peut observer les processus de
sédimentation produits par la rivière Rímac (Cf. Annexe 2:
Carte géologique).
Ces particularités géologiques entraînent
dans certaines zones de la ville des risques importants d'érosion et de
friabilité des falaises ou des pentes, notamment dans les « cerros
», nom donné aux reliefs collinaires qui ceinturent les limites de
la ville. L'étude géologique structurelle des fondations de Lima
est également importante pour la zonification sismique de la grande
capitale située dans la zone d'affrontement des plaques tectoniques du
pacifique et de l'Amérique du Sud. Ces facteurs de risques jouent un
rôle prépondérant au coeur de la problématique de
croissance urbaine de la ville.
Les études géologiques et géo
environnementales sont donc aujourd'hui par leurs particularités, plus
que nécessaires à la planification du développement et de
l'expansion urbaine.
I-2 Ressources hydrologiques
-L'aquifère
La zone aquifère de Lima couvre 390 km2, y
compris les bassins alluviaux inférieurs du Rímac et du
Chillón et les dépôts côtiers connexes. L'eau est
contenue dans une formation de sables et d'agglomérats à
granularité grossière d'une épaisseur qui varie de
zéro à certains endroits à probablement quelque 500 m,
bien que l'on ne dispose pas de chiffres précis. Les 100 m du dessus
sont constitués de sables et de graviers relativement propres et
très perméables, avec quelques éléments plus fins.
De 100 à 200 m environ de profondeur et, jusqu'au fond de
l'aquifère, la perméabilité générale de la
formation diminue, bien que, là encore, on dispose de très peu
d'information sur la structure en dessous de 200 m.
Le pompage excessif a fait en sorte que les niveaux de l'eau
dans la plupart des puits ont chuté de 1 à 2 m/an. Un certain
nombre de puits près de la côte ont dû être
condamnés à cause de la salinité élevée ;
d'autres, plus loin dans les terres, ont cessé de produire. Afin de
compenser la diminution de l'eau disponible, de nouveaux puits ont dû
être forés et les taux de pompage ont augmenté dans un
certain nombre de puits existants. Entre 1969 et 1985, les niveaux de l'eau
souterraine dans la zone côtière ont chuté d'au moins 10 m
et jusqu'à 30 ou 40 m dans la plaine élevée près
des contreforts (cf. carte 2).
Carte 2: Diminution des niveaux de l'eau souterraine (en
mètres) dans la région environnante de Lima entre 1969 et 1985
:
Source : Binnie et al. (1987)
Parmi les problèmes opérationnels qu'implique
l'exploitation de l'eau de l'aquifère de Lima (Binnie and Partners,
1987), mentionnons que :
· Les coûts du pompage ont augmenté du fait de
la chute des rendements des puits ;
· Les puits sont taris ou sont en cours de tarissement,
même si le forage atteint la roche de fond ;
· La salinité de l'eau souterraine augmente
près de la côte à cause de la chute des niveaux de l'eau,
et de l'intrusion d'eaux saumâtres du Pacifique.
· Les pompes sont trop grandes pour les rendements actuels
(ou le sont devenues), ainsi leur coût d'exploitation est plus
élevé qu'il serait nécessaire ;
· Les niveaux dynamiques de l'eau ont chuté en
dessous de la limite supérieure des tubages des puits filtrants, ce qui
occasionne un encroûtement de ces tubages et réduit ainsi le
rendement des puits.
Le taux de renouvellement de l'aquifère est
considérablement inférieur au rythme auquel l'eau est en train
d'être prélevée. "Nous sommes la seule ville en
Amérique du Sud avec tellement peu de réserves, moins d'une
année d'approvisionnement. Nous sommes très vulnérables",
indique Carlos Silvestri, l'ex-président de la compagnie des eaux de la
ville, la SEDAPAL1.
La réalimentation des eaux souterraines à
partir de la surface, ce qui représente la principale voie de
renouvellement, provient de plusieurs sources :
· Les lits de cours d'eau, principalement le Rímac,
mais en partie aussi du Chillón (Cf. Photo 1) ;
Photo 1 : Cassure du niveau du Rimac crée par la
SEDAPAL2, afin d'aider au processus de réalimentation
des eaux souterraines :
Source : Auteur.
· Les marécages et autres zones naturelles de
végétation au nord de la ville ;
· L'irrigation agricole dans les zones rurales de la plaine
côtière ;
1 Cf. Table des abréviations.
2 Cf. Deuxième partie, II-1, et Table des
abréviations.
· L'irrigation des jardins dans les zones urbaines;
· Les fuites dans le système de distribution de
l'eau;
· Les fuites dans le système d'égouts et les
effluents d'eaux usées domestiques non traitées.
Il ne se produit presque plus de recharge directe, que ce soit
du fait de la pluie ou du ruissellement local et ce, à cause du faible
régime pluviométrique dans la région de Lima (10 mm/an) et
du type de précipitations dont il s'agit (bruine et rosée). Le
ruissellement le long des pentes, qui entourent la ville, et l'infiltration
dans les contreforts et dans les formations locales en éventail sont
extrêmement rares.
Des sources de réalimentation en eau
énumérées ci-dessus, les plus importantes sont les quatre
premières. Le taux actuel de recharge à partir de ces sources est
d'environ 11 m3/seconde : soit quelques 4 m3/seconde
provenant des lits de cours d'eau ; 3 m3/seconde des fermes, parcs
et jardins ; et 4 m3/seconde des fuites dans le système de
distribution des eaux. Si l'on compte l'écoulement de l'eau souterraine
provenant des régions alluviales en amont, l'apport total à
l'aquifère est d'environ 13 m3/seconde.
Plusieurs de ces sources de réalimentation sont
actuellement menacées par la croissance urbaine. Nombre de fermes et de
parcs irrigués dans les environs de la ville ont été
déplacés. Si la tendance actuelle se poursuit, la recharge
à partir de ces sources pourrait être réduite de
moitié au cours des 20 prochaines années. La ville est
également en train d'empiéter sur les lits de cours d'eau
où a lieu une appréciable proportion de l'infiltration. Par
exemple, une nouvelle route est en train d'être construite le long du
Rímac, ce qui rendra imperméables plusieurs dizaines d'hectares
de la surface de la vallée.
Actuellement, le solde hydrologique de l'aquifère est
négatif; au moins 1 m3/seconde de plus est
prélevé -- ou est perdu au profit de la mer en raison de
l'écoulement souterrain -- qu'il n'y a de recharge à partir des
diverses sources de réalimentation. Le taux d'extraction n'a pas
été réduit en dépit de la diminution du volume de
recharge. À mesure que les niveaux de l'eau continuent à baisser
et que l'intrusion saline se poursuit, les coûts du pompage vont
augmenter et de nombreux puits plus anciens deviendront secs ou salins.
Concernant un aspect positif, un projet est actuellement en cours
en vue d'injecter artificiellement de l'eau dans l'aquifère pour
rétablir l'équilibre.
-Sources de surface
L'eau de surface répond à 55 % des besoins
urbains dans la région de Lima. Le débit moyen actuel du
Rímac est de 32,3 m3/seconde à Chosica, en amont de
Lima ; celui du Chillón est de 7,5 m3/seconde à
Larancocha près de son embouchure sur la plaine côtière.
Près de 10 m3/seconde sont perdus dans la mer lors des
inondations du Rímac ; durant ces périodes de crue, une
quantité excessive d'eau, chargée de sédiments, finit dans
la mer. Pour ce qui est du Chillón, de telles pertes comptent pour
environ 2 m3/seconde. Quelques 12 m3/seconde du
Rímac sont utilisés par la ville et 4 m3/seconde pour
l'irrigation. Environ 5 m3/seconde s'infiltrent dans
l'aquifère. Les eaux du Chillón servent presque exclusivement aux
fins de l'irrigation agricole (4,4 m3/seconde).
De plus, le régime des sources de surface est aussi
tributaire de l'aspect temporel, les régimes des rivières
étant caractérisés par leur irrégularité;
présentant de courtes périodes d'abondances (3 à 5 mois),
suivies par des périodes d'étiage de 7 à 9 mois. Sur des
périodes plus brèves, les rivières peuvent
également accuser des périodes de sécheresse pouvant
s'éterniser dans le pire des cas à plus de deux années
consécutives. Il faut donc également tenir compte de ces
irrégularités de régime dans la gestion des ressources en
eau.
Lima utilise la majeure partie de l'eau disponible dans les
deux cours d'eau ; seul un volume relativement restreint (12
m3/seconde) est perdu durant les inondations les plus intenses. Bien
que cette eau de crue soit difficile à utiliser en raison de
l'importante quantité de matières en suspension et de son
débit rapide, elle pourrait représenter un volume additionnel
pour l'approvisionnement urbain.
Le risque de contamination, tant de l'eau de surface que
souterraine, représente un problème croissant. L'activité
humaine dans le bassin moyen et supérieur du Rímac a des
incidences sur la qualité de l'eau. Toutes les eaux usées
provenant des collectivités et des villes situées en amont de
Lima finissent dans le cours d'eau.
Deuxièmement, les effluents des mines et de l'industrie
sont aussi déversés dans la rivière. À Lima
même, la pollution du cours d'eau s'amplifie à cause de l'absence
de contrôles sur la manière de disposer des déchets. Par
conséquent, la concentration des métaux lourds et d'autres
substances toxiques constitue déjà un danger potentiel pour
l'approvisionnement en eau de la ville. L'aquifère de Lima est
également menacé. Les alluvions sont perméables sur toute
leur profondeur et des déchets dangereux pourraient s'infiltrer dans les
réservoirs souterrains.
I-3 Croissance démographique et évolution de
la demande face au déficit des ressources
L'agglomération de Lima est un cas particulier au
Pérou. Elle en est la plus grande ville et dépasse de dix fois
Arequipa, deuxième ville du pays. Cette hypertrophie est due
principalement à une évolution démographique et urbaine
spontanée, déséquilibrée et surprenante que les
pouvoirs publics n'ont pas pu contrôler. La ville s'est donc
développée de manière anarchique sans aucune
planification, menaçant la qualité de vie de ses habitants.
En 1993, Lima contait 6 221 000 habitants. Aujourd'hui, avec
plus de 7 200 000 habitants, soit près d'un tiers de la population
nationale (29% de la population totale du Pérou) elle est la proue des
politiques démographiques péruviennes.
- Historique et profil de la croissance ; un site
marqué par son passé et sa vocation ortuaire
La ville s'est développée près des
contreforts des Andes, sur les anciens cônes alluviaux du Rímac,
petit cours d'eau torrentueux qui se précipite des montagnes
environnantes. Récemment, la banlieue nord s'est étendue
jusqu'aux cônes alluviaux d'un autre cours d'eau ayant les mêmes
caractéristiques, le Chillón (Cf. Carte 2).
Photo 2, 3 ,H et 5 : Entre bidonvilles, centre-ville colonial
et quartiers internationaux, une
ville aux multiples visages :
Source : Auteur.
L'agglomération a été fondée par
les Espagnols en tant que port destiné principalement à servir
pour l'exportation des métaux précieux du Pérou
supérieur (par exemple, Cuzco et Potosí). La ville portuaire
elle-même était en fait El Callao; quant à la ville
coloniale (Cf. Photo 2) de Lima, elle a été
installée à une distance prudente, soit à 10
km de la côte. Lorsque le Pérou a déclaré son
indépendance au début du XIXe siècle, Lima est
devenue la capitale du pays.
Sa croissance s'est faite lentement jusqu'aux années
1940, lorsque la population a atteint 300 000 personnes. Depuis lors, elle
s'est accélérée et, aujourd'hui, la population du Lima
métropolitain est bien près d'atteindre les 8 millions
d'habitants. Selon Olivera (1991), Lima abrite à présent 28 % de
la population du Pérou (45 % de la population urbaine), elle compte pour
69 % de la production industrielle interne, 70 % des entreprises industrielles
y sont situées, 87 % des ressources fiscales de l'État en
proviennent et on y retrouve 83 % des dépôts bancaires et 98 % des
investissements privés.
Carte 3 : Processus d'expansion de la ville de Lima entre 1981
et 2000 :
Source : Auteur, d'après l'Atlas Environnemental de
Lima.
Cette croissance persistante est la raison d'un ensemble de
déficiences, et avant tout dans le Secteur des services vitaux. La
migration interne est continue, principalement en provenance des Andes. 64% de
la population de Lima Métropolitaine bénéficie de
l'accès à l'eau potable personnel et seulement 60%, de services
hygiéniques basiques.
-Une évolution urbaine et démographique
incontrôlable
La ville et le mode de vie urbain de la capitale
séduisent les populations rurales, le plus souvent issues de la
région andine, en situation de paupérisation. En milieu tout
parait plus simple (santé, emploi, logement, éducation). Les
difficiles conditions de vie des campagnes refoulent une multitude de ruraux
à l'abandon vers la ville. Or, la tendance est avant tout à la
constitution de mégapoles fortement dualisées entre des quartiers
à fort pouvoir d'achat et des zones sous-intégrées aux
infrastructures publiques urbaines. De toute part des périphéries
urbaines dites « spontanées » surgissent du désert
souvent selon un processus invasif désordonné, comme on peut le
voir sur les photos 6 et 7.
Photo 6 et 7 : première étape d'invasion au
bord de la Panaméricaine Sud, abris d'esterasi et
de tôle:
Source : Auteur.
La plupart de ces périphéries ont pu être
qualifiées de « spontanées », car elles sont
construites sans planification de l'espace, ni aménagements (sans
viabilisation, sans infrastructures d'adduction d'eau ou
d'électricité, par exemple), parfois en toute
illégalité sur des terres périurbaines. Au Pérou,
les résultats de ces invasions donnent lieux à des quartiers
périphériques pauvres présentant des logements familiaux
allant du simple abris fait d' « esteras » (mur de palme
végétales tressés ,
1 Mur de palmes végétales
tressés.
comme sur la photo 6), à de minuscules maisons
individuelles de briques ou de parpaings, en dur, mais sans confort moderne.
D'abord qualifiés de Barriadas (quartiers) puis de Pueblos Jovenes
(quartiers jeunes) ces appellations ont étés abandonnées
par soucis de partialité et on les appelle aujourd'hui plus simplement
« Asentamientos Humanos » (littéralement :
établissements humains).
Ces villes non officielles dans la ville, installées
dans les espaces délaissés (notamment sur les cerros ceinturant
Lima, qui sont des collines sablonneuses à forte déclivité
et en perpétuelle érosion, rendant l'habitat précaire et
insécuritaire), parfois en une nuit, s'opposent au centre d'affaires et
les problèmes urbains y sont légions. Ils sont dus au
surpeuplement, au manque d'emplois et d'équipements, à
l'insalubrité, aux déficiences ou à l'inexistence des
réseaux d'eau, d'électricité et d'assainissement. Ces
défaillances se caractérisent par les problèmes sociaux,
la surmortalité, le sous" emploi.
Comme le souligne Florence Tourette : «
Promiscuité et grande pauvreté se mêlent à une
violence endémique dans des villes géantes qui ont du mal
à digérer ce trop plein de tout »1. En même
temps, les conditions de vie dans ces quartiers spontanés sont
supérieures à celles du milieu rural abandonné. On y
retrouve une prise d'assaut de chaque zone laissée pour compte par la
ville, pour s'installer et y tirer profit. Peu importe s'il s'agit d'un habitat
spontané et précaire qui finit par s'inscrire dans la
durée.
Marginalisés et rejetés aux
périphéries de la ville, ces habitats sont aussi des marqueurs
des ségrégations et des inégalités urbaines
à l'échelle de l'agglomération.
-Les « asentamientos humanos » : marqueurs des
inégalités
« La situation d'accès à l'eau et à
l'assainissement dans le pays continue à être une barrière
fondamentale à la réduction de la pauvreté et des
inégalités, même si les chiffres officiels indiquent une
couverture intégrale » (Agence Canadienne pour le
Développement International).
Comme nous venons de le voir dans l'étude de la
croissance urbaine liméenne, les « asentamientos humanos »
sont des espaces de promiscuité, de grande pauvreté et qui
manquent cruellement d'infrastructures pour leur développement.
Cependant, nous sommes venus à la conclusion que dans ces espaces le
manque d'eau potable et d'assainissement pouvait également être un
facteur aggravant des inégalités sociales. En effet, comme nous
en ferons la preuve plus loin, les
1 TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain et
politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux
appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167
pages.
« asentamientos humanos » ne
bénéficient pas des mêmes conditions d'accès
à l'eau. Tout d'abord, d'un point de vue financier, l'eau potable est
parfois payée jusqu'`à 10 fois plus cher dans les
périphéries que dans les quartiers à fort pouvoir d'achat
du centre comme Miraflores ou Surco. De plus, la qualité de cette eau
est bien moindre puisqu'elle est tributaire bien souvent d'un réseau de
camions citernes qui ne respecte guère en pratique les contrôles
d'hygiène imposés pour le nettoiement des cuves.
Photo 8 et 9 : De la cuve du camion-citerne aux bidons
personnels de conservation, un
manque d'hygiène flagrant.
Source : Auteur.
De même, la situation à risque des asentamientos
humanos dans des lieux ne bénéficiant pas d'un système de
voierie adéquate et parfois même perchés à flanc de
cerros, implique un difficile acheminement de la ressource, donc un temps et
des efforts précieux nécessaires qui occupent une place
importante dans le quotidien des habitants. Enfin, la faible qualité de
l'eau et le manque de services d'hygiènes spécifiques sont
responsables de taux de maladies importants, stigmates des pays du sud comme le
choléra. A la fois cause et conséquence des
inégalités, la recherche en eau est donc un enjeu crucial dans la
lutte contre la pauvreté lancée par l'Etat péruvien.
-La demande actuelle des consommateurs en matière d'eau
potable
La consommation totale d'eau dans la zone
métropolitaine en 1986 était estimée à environ 21
m3/seconde, soit 11,35 m3/seconde provenant du
Rímac et 9,45 m3/seconde de sources souterraines. En 1990, la
demande était passée à environ 25 m3/seconde et
elle continuera à s'accroître à un rythme d'à peu
près 4 % par an pour atteindre 33 m3/seconde en l'an 2000 et
45 m3/seconde en 2010.
Le réseau de distribution principal dessert quelque 60
% de la population avec l'eau tirée du Rímac ainsi que de 106 (42
%) des 253 puits productifs. En 1985, on avait estimé qu'environ 70 % de
la population était légitimement raccordée au principal
système municipal, 16 % y était illégalement
raccordée et enfin 14 % devait s'approvisionner à des robinets
publics ou à des citernes. Avec la croissance récente, il est
probable que le pourcentage réel des personnes qui n'ont pas l'eau
courante ou qui sont illégalement raccordées au réseau
soit supérieur à 40 % (2,8 millions de personnes).
Les 147 puits qui restent sont reliés aux
réseaux de distribution locaux. C'est de ces puits que les industries,
entreprises commerciales et fermes qui recourant à l'irrigation
reçoivent la majeure partie de leur eau. Or nous avons vu dans
l'état des lieux des ressources aquifères souterraines que leur
utilisation n'est actuellement plus envisageable de manière durable, et
n'est donc pas une solution à terme à la recherche de la
ressource hydrique.
Ainsi aujourd'hui, face à cette croissance
démographique démesurée qui se heurte aux limites
physiques du site, il est important d'envisager des politiques de
développement, visant à anticiper les facteurs du problème
et à éviter les erreurs du passé.
I-4 Enjeu politique
Photo 10 : Le quartier de Lomas de Carabayllo marque ses
exigences politiques avant les élections :
Source : Auteur.
Durant la décennie 90, le Pérou a appliqué
un programme d'ajustement structurel basé sur la croissance
macroéconomique et la compensation sociale, orientée vers la
stabilité du pays. Cependant,
malgré certaines améliorations ciblées,
les problèmes de la pauvreté, du manque d'emplois et du
chômage persistent. Avec la mise en place du nouveau régime,
l'agenda du pays aborde entre autre dans ses thèmes d'attentions
prioritaires la lutte contre la pauvreté, la décentralisation, la
génération d'emplois de qualité et le renforcement des
institutions.
Dans ce cadre, les secteurs de l'accès à l'eau
et à l'assainissement peuvent être des clefs de lutte contre la
pauvreté et de consolidation du processus de décentralisation,
avec la participation des municipalités des districts et des
municipalités provinciales dans l'organisation et l'application auto
soutenue de ces services.
-Cadre juridique des politiques en matière d'eau et
d'assainissement
Dans les années 70, le secteur de l'eau et de
l'assainissement était à la charge du gouvernement central,
mené par le Ministère de l'Habitat dans l'aire urbaine et de la
Santé dans l'aire rurale. Durant la décennie suivante, le
gouvernement a réorganisé les services de l'aire urbaine, en
donnant plus de pouvoir décisionnel aux entreprises tout en maintenant
leur direction, leur contrôle et leur propriété dans les
mains de l'Etat. Durant cette période a été crée le
Service national de l'Eau Potable et des Egouts (SENAPA),
propriété du gouvernement, rattaché au Ministère de
l'Habitat, dont la fonction était la prise en charge de ces services
dans le milieu urbain au travers d'unités d'opérations et
d'entreprises filiales, propriétés du SENAPA. Le ministère
de la Santé reste en charge de l'aire rurale du pays.
Dans les années 90, le gouvernement a
réorganisé la gérance des services d'assainissement en les
transférant aux gouvernements municipaux provinciaux ; les unités
d'opération et les entreprises filiales passant à la
propriété des municipalités, désactivant l'organe
du SENAPA. Dans l'aire rurale, le Ministère de la Santé continua
de porter la responsabilité des services. Cette prise en charge par les
municipalités provinciales fut entérinée par la loi
26338.
A son tour, le PRES fut désigné comme
institution directrice et la SUNASS comme institution régulatrice. En
outre, se formèrent des institutions canalisatrices de redistribution
des investissements pour l'aire urbaine (Fondo Nacional de Vivienda-FONAVI) et
l'aire rurale (FONCODESS). Ainsi, se créèrent des projets
d'inversion nationaux spéciaux comme le PRONAP.
Le Ministère de l'Economie et des Finances
établit un bureau d'inversions, responsable d'orienter les ressources
issues de l'inversion pour ce secteur. Ainsi on se trouve devant trois niveaux
d'organisation sectorielle autonomes : le niveau macro, en charge du
Gouvernement Central ; le niveau
intermédiaire, ou s'organisent les services et agissent
les gouvernements locaux ; le niveau opérationnel, ou s'offrent les
services et se rencontrent les entités concernées.
Cependant, la décentralisation reste seulement
juridique. Les entités du Gouvernement Central et les prestataires
urbains formés sous l'égide du SUNASS accédèrent
à un renforcement institutionnel pour le développement de leurs
fonctions. Mais les services des municipalités locales et les usagers
des petites villes (plus de quatre millions d'habitants) ont été
étrangers aux programmes d'appui et de formation se
référant à l'organisation et la maintenance de la
prestation, à la fiscalisation de la qualité du service et
à la culture de paiement des usagers. Les organismes sectoriels ont leur
siège à Lima, avec une majoration des interventions dans la
direction, le contrôle, l'inversion et le financement, mais avec une
faible relation avec le développement des capacités des
gouvernements locaux, qui participent comme prestataires de service.
Dans la dernière décennie, depuis le
siège central se sont crées un ensemble de normes directives et
d'actions qui n'ont presque jamais été débattues avec les
acteurs locaux, qui sont très peu connues et prises en compte.
-Organisation sectorielle
L'organisation du secteur présente trois niveaux avec les
acteurs suivants :
Le niveau macro sectoriel ; depuis lequel se conduit le
secteur, s'établissent les politiques, s'effectue le contrôle, le
suivi et la formation et s'orientent et se financent les inversions, avec
l'intervention des entités suivantes :
Le PRES, au travers de la Direction Générale de
l'Assainissement (DGS), est l'entité directrice de l'Etat dans les
services d'eau et d'assainissement. Elle établit les politiques et les
objectifs stratégiques pour le développement et la maintenance
des services.
Ainsi, elle donne la priorité aux projets d'inversion
et l'assignation des ressources pour le secteur en accord avec la loi 27293.
Cette loi est la Loi du Système National d'Inversion Publique, elle
autorise la conformation et établit les règles de fonctionnement
des organismes opérateurs des services, quelles soient entreprises
prêteuses, unités de gestion ou ensemble d'administrateurs.
Schéma 1 : Fonctionnement de l'intervention :
Source : Pronasar.
- La SUNASS est l'entité de régulation et de
contrôle de la prestation des services à l'échelle
nationale, et il a pour mission que ceux-ci soient offerts dans des conditions
adéquates de qualité, de couverture et de tarif pour contribuer
à préserver la santé de la population et de
l'atmosphère. Le cadre de la SUNASS est celui des EPS1
publiques, privées ou mixtes dédiées à la
prestation des services d'assainissement. Dans la pratique, il intervient dans
les entreprises qui administrent les services dans le cadre urbain.
-La COPRI est chargée de la promotion de l'inversion
privée dans les entreprises et les projets de l'Etat et dans les oeuvres
publiques d'infrastructure et de services.
-Le MINSA est lui compétent en matière
d'assainissement environnemental. Il doit formuler les politiques et les normes
de qualité sanitaire de l'eau et de protection de l'environnement.
1 EPS : Empresas Prestadoras de Servicios :
Entreprises Prestataires de Services.
-Le PRONAP est un organisme déconcentré du PRES.
Il a pour finalité l'exécution du programme d'appui au secteur de
l'eau et de l'assainissement, pour l'aire urbaine et les petites et moyennes
localités.
-Le FONCODES, qui oriente ses activités dans le secteur de
l'eau et de l'assainissement vers le financement de l'aire rurale au travers
des « Noyaux Exécuteurs » (NE).
- Le FONAVI, crée en 1979 au moyen du Décret de
Loi 22591, a pour finalité de satisfaire de manière progressive
à la nécessité de logement des travailleurs. Ses fonctions
se sont étendues postérieurement au financement d'oeuvres dans
les domaines de l'eau, l'écoulement et l'énergie
électrique administrés par l'ex UTE FONAVI. Cette fonction est en
désamorçage et son administration est restée actuellement
à charge d'une commission liquidatrice appelée COL-FONAVI, qui
continue à financer des projets eau et assainissement.
-Les CTAR et autres institutions (
ALA-PP.JJ. et PRONAMACHCS) visent
à fournir de l'eau et de l'assainissement dans des zones
frontières et des zones touchées par le terrorisme.
4 Le niveau intermédiaire, qui correspond aux
municipalités provinciales et de districts (194 provinciales et 1821
pour les districts). Les municipalités provinciales sont responsables
d'assurer la prestation des services d'assainissement dans la zone
géographique de leurs compétences et de conclure le contrat de
concession avec les entreprises prestataires de service (règlement de la
Loi 26338). Les municipalités des districts, dans les petites villes,
peuvent administrer le service directement ou promouvoir et organiser des
unités de gestion publiques, privées ou mixtes pour assurer la
prestation du service. En ce qui concerne Lima, ce niveau est assuré par
l'IMP, conjointement avec les petites municipalités des districts.
L'Institut Métropolitain de Planification est l'organe consultatif du
plus haut niveau du Conseil Métropolitain de Lima en matière de
planification du développement de la métropole. Son
activité enrichie par les nouvelles perspectives, technologies et
expériences, est en vigueur depuis quatorze années.
4 Le niveau micro sectoriel ou opérationnel, dans lequel
on développe la prestation du service.
-Le Programme « Agua para todos »
Le programme « Agua para Todos» -Eau pour Tous-, est
un projet de lutte contre la pauvreté par l'accès à l'eau
et à l'assainissement dans les bidonvilles de Lima, initié en
2006 par le Ministère de l'Habitat, de la Construction et de
l'Assainissement.
Photo 11 : Logo du Programme « Agua para todos » :
Source : Pronasar.
Ce programme vise à respecter la déclaration de
l'ONU au Sommet du Millénaire1 ainsi que le compromis promis
par la politique de l'Etat en la matière, qui vise à
étendre l'accès à l'eau potable et à
l'assainissement de base, accordant sa priorité à
l'infrastructure d'assainissement.
Pour atteindre ces objectifs, l'Etat propose une inversion de
plus de 4 millions de dollars américains, répartie entre 3
domaines : l'eau potable, l'assainissement et le traitement, comme nous le
montre le tableau (insérer). Pour se faire, les experts se basent sur
une viabilité financière assurée par la
récupération de la dette du FONAVI, la récupération
de la valeur réelle du tarif et les précisions fiscales. La
rapidité et la transparence dans l'atteinte de ces objectifs sont
soulignées (ceci forme la base de la loi d'optimisation).
Le programme « Agua para Todos» sera ainsi
régi par trois grands ensembles : un plan national d'assainissement, un
plan financier et un fond d'inversion sociale d'assainissement (INVERSAN) ainsi
que par une réforme juridique du secteur (loi d'optimisation, loi
INVERSAN).
Le ministère a dressé pour l'année 2006
des mesures d'urgences afin de dynamiser le lancement du programme, cependant
devant de timides premiers résultats, ces mesures sont toujours
actuellement à l'ordre du jour :
-Une participation qui se veut importante dans le choc
d'inversion consistant au financement de 185 projets viables priorisés,
grâce au crédit supplémentaire 2006 (loi 28880) ;
1 Objectif numéro dix de la Charte du Millénaire
exposée par l'ONU au Sommet du Millénaire en 2000 à New
York :
« Réduire de moitié pour l'année 2015
(année de base :1990), le pourcentage de personnes qui manquent d'un
accès soutenable à l'eau et à l'assainissement ».
-9 schémas de développement dressés par
l'entreprise d'eau et d'assainissement de Lima, la SEDAPAL (2
déjà lancés et 6 en processus) ;
-La création d'un processus de sélection
simplifié des projets (décrets : 024-2006-VIVIENDA et 024-2006)
;
- La préparation de nouvelles opérations avec les
institutions suivantes : BID, BM, KfW, JBIC, CAF et OBA ;
-Création d'une nouvelle politique financière pour
le projet ;
-Création de l'INVERSAN.
De manière concrète, depuis la création
de ce programme, deux convocations publiques ont été
réalisées par le chef d'État, Alan Garcia, pour doter des
habitants de faibles ressources d'eau potable et d'égouts. La
première convocation date du 2 septembre 2006 et concernait le district
de Carabayllo, où le programme « Agua para todos » profitera
à 160 000 habitants de ce secteur.
L'investissement total des oeuvres monte à 44 millions
de nouveaux sols et comprend la construction et l'équipement de quatre
puits tubulaires, de réservoirs et du collecteur l'Espoir, ainsi que
l'amélioration de réservoirs existants, l'installation de
réseaux de distribution et d'un collecteur principal et installation de
réseaux secondaires et d'égouts, entre autres oeuvres qui
permettront d'améliorer la qualité de vie de plus de 37 000
habitants de faibles ressources.
Cependant, il est trop tôt aujourd'hui pour pouvoir
mesurer les avancées de ce programme. De plus, depuis décembre
2006, aucun autre plan d'action n'a encore vu le jour et les premiers
résultats sont encore attendus dans les premières zones
touchées.
-Les autres acteurs et la problématique du manque de
concertation intra sectorielle
Face à la lenteur et à l'ingérence du
système politique, d'autres acteurs tentent aujourd'hui d'apporter des
solutions au problème de l'eau et de l'assainissement liméen.
Il s'agit sur le terrain des Organisations Non
Gouvernementales, quelles soient nationales ou internationales, ainsi que de
l'action de certaines municipalités locales qui devant
l'ingérence étatique décident de prendre les devants de
l'action de développement, et enfin, à une échelle encore
plus grande, de l'action de comités de quartiers, rassemblant des
riverains des quartiers spontanés dans une démarche
d'aménagement participatif du territoire.
Notre travail de terrain nous a très vite permis de
comprendre qu'il était difficile de concilier les attentes et les modes
d'opération de chacun de ces acteurs. Ces mésententes sont
souvent liées du coté des ONG à un refus en bloc de toute
action étatique car celle-ci serait assimilée à
l'acceptation du gouvernement d'Alan Garcia, toujours responsable dans les
esprits de la grave crise économique qui a touché le Pérou
à la fin des années 80.
D'autre part, les municipalités locales et les
comités de quartiers à l'origine de projets de
développement appartiennent majoritairement à une population de
migrants, responsable historiquement des invasions des années 70 et 80,
et par la même ne recevant à la base aucune
légitimité de la part de la Municipalité liméenne.
Dans cette optique, ces groupes ont lancés des projets extrêmement
locaux de développement, comme ce fut le cas à Villa El Salvador,
dans le cône sud de Lima, qui ont souvent connus de très bons
résultats puisque réalisés en concertation et avec l'aide
de la population.
Enfin, il faut relever que toutes les concurrences ne sont pas
originaires des oppositions formulées à l'encontre de l'Etat ou
de sa politiques. Il existe aussi de manière pernicieuse et sous forme
de non-dit, un certain rapport concurrentiel avec les techniques de
développement sur le terrain entre les différentes ONG ou au
travers des entreprises privées lors des offres de projets, afin de
gagner les subventions qui leur seront nécessaires. Ce rapport est
évidement légitime dans le cadre d'un effort de
rentabilité et de fonctionnalité technique, cependant il est
souvent ici faussé à cause de la corruption du système
décisionnel péruvien, encore bien trop souvent à la main
de quelques puissants et des entreprises dont ils sont actionnaires.
Un effort de concertation et d'échange des
connaissances et des données techniques est aujourd'hui
nécessaire à la réalisation des projets de
développement sur le terrain.
Il Conclusion partielle
La croissance continue de la ville de Lima et le manque de
ressources financières pour mettre en oeuvre des mesures de
contrôle environnemental contribuent à la dégradation de la
qualité de l'eau. La ville est en croissance
accélérée et les ressources en eau sont fragiles et
restreintes. Si la croissance actuelle se poursuit, Lima aura une population de
plus de 10 millions d'habitants d'ici à l'an 2000 et de près de
15 millions d'ici à 2010. Alors, le Rímac et le Chillón,
ainsi que l'aquifère, ne seront plus en mesure de répondre aux
besoins domestiques, industriels et environnementaux de la région
urbaine.
Il est difficile de trouver d'autres sources d'eau. Les
meilleures options sont probablement dans la région montagneuse, surtout
au-delà de la ligne de partage des eaux, dans les cours
supérieurs des tributaires de l'Amazone. Toutefois, tout projet qui
aurait pour but d'acheminer de l'eau sur de telles distances et à partir
de lieux aussi inaccessibles sera extrêmement coûteux, de l'ordre
de plusieurs centaines de millions de dollars.
La dette nationale du Pérou est importante et sa
côte de crédit est faible dans le système financier
international. Le niveau d'investissements requis pour exploiter de nouvelles
sources d'eau n'est sans doute pas réalisable dans un avenir
prévisible. Par conséquent, la solution immédiate au
problème doit comporter une meilleure gestion et la protection des
bassins du Rímac et du Chillón ainsi que de l'aquifère de
Lima, la réutilisation des eaux usées (du moins aux fins de
l'irrigation et de l'industrie) et un effort de rénovation du
réseau de distribution pour limiter les pertes d'eau.
La solution définitive consisterait à
réévaluer le potentiel environnemental de croissance de la ville
de Lima en l'intégrant dans une politique nationale démographique
et économique. Le milieu ambiant est fragile et il y a une limite au
degré d'urbanisation qui serait supportable. Il y a déjà
longtemps que cette limite a été dépassée. La
plaine côtière ne peut pas supporter une population de 7 millions
d'habitants (encore moins une population de 10 millions comme l'indiquent les
projections pour la prochaine décennie) sans subir des effets
préjudiciables irréversibles. Cependant, aujourd'hui il est plus
raisonnable de se baser sur une trame de projets de développement des
infrastructures au niveau local pour faire face à l'urgence sans
aggraver les processus actuels de dégradation de la qualité de
l'eau.
Deuxième partie : L'accès à l'eau
pour 8 millions
d'habitants : un défi à plusieurs
niveaux
Assurer l'accès à l'eau pour tous dans une
mégalopole de près de 8 millions d'habitants et en croissance
permanente, avec des ressources naturelles qui elles ne sont pas extensibles,
est un défi important. A Lima, cette tache à été
attribuée depuis plus de quatre siècles à une entreprise
étatique : la SEDAPAL1 dont la mission est la connexion de
chaque foyer de Lima métropolitaine aux services d'eau et
d'assainissement. Cependant, aujourd'hui, plus d'un million de liméens
ne reçoivent pas l'eau à leur domicile, selon différentes
enquêtes réalisées sur le terrain par les ONG, et
contrairement aux chiffres donnés par la municipalité de Lima qui
fait état d'une couverture de 89%2 (Cf. Carte 4).
Cette différence de chiffres s'explique par la
définition donnée par les autorités liméennes de la
notion de citoyen. En effet, on considère que les personnes
établies sur des terrains sans titre de propriété sont en
situation d'irrégularité et ne sont donc pas citoyens. Cela
implique qu'ils ne bénéficient pas du droit au logement, au
service public et au statut de citadin à part entière. Dans ces
conditions, ces personnes se retrouvent dans une situation de
clandestinités et de non-droit totalement occultée par les
pouvoirs publics, ne rentrant pas à cet égard dans les chiffres
officiels.
Afin d'avoir un regard plus réel sur
l'approvisionnement en eau à Lima, nous allons ici faire un état
des lieux global de la situation actuelle pour analyser les différents
paramètres qui interviennent dans le bon fonctionnement d'un
réseau d'eau, et mettre en avant les dysfonctionnements.
I- Le capital « eau » liméen ;
état de la production d'eau
actuel
I-1 Système de distribution
La distribution de l'eau potable à la population est
réalisée au travers d'un ensemble de systèmes. On
dénombre les systèmes : d'emmagasinage (réservoirs), de
distribution (réseaux), les stations de pompage et les chambres de
pression.
1 SEDAPAL : Servicio de Agua Potable y Alcantarillado de Lima
(Service d'Eau Potable et d'Egout de Lima), Compagnie des eaux de la
métropole de Lima.
2 Source : Atlas Ambiental de Lima.
-Le système d'emmagasinage d'eau potable :
Le système d'emmagasinage d'eau potable se compose de
475 réservoirs en opération qui représentent une
capacité d'emmagasinage de 420 000 m3. Ces réservoirs sont
situés à l'intérieur de l'aire de service de la SEDAPAL.
En complément, se trouvent les réservoirs de la station de La
Atarjea, avec une capacité de 231 000 m3, qui contiennent l'eau
traitée avant sa distribution.
- Les systèmes de réseaux primaires et secondaires
de distribution de l'eau potable :
Ils comptent en 2005, 10 342 kilomètres de canalisation
; 627 correspondant au réseau primaire et 9715 kilomètres au
réseau secondaire. Le système de distribution comprend aussi les
dispositifs d'acheminement au consommateur, les connexions à domicile,
les fontaines publiques et les bornes incendies.
I-2- Description des différentes modalités
d'accès à l'eau à Lima
Selon les chiffres dressés par l'Etat, ce
système de distribution permet aujourd'hui un accès au
réseau d'eau pour 89% de la population et au réseau
d'évacuation des eaux usées pour 84% de la population.
Photo 12 : Château d'au dans le district de Callao,
« Aujourd'hui tout le monde a besoin d'eau ».
Source : Auteur.
Cependant, il est évident que les personnes n'ayant pas
accès à l'eau par le biais du réseau de la SEDAPAL, ont
recours à d'autres systèmes d'approvisionnement pour leur
subsistance.
Nous en relevons six, du plus primaire au plus
élaboré :
- l'approvisionnement à une source ;
- l'approvisionnement à un cours d'eau ou à un
canal d'irrigation ; - l'approvisionnement à un puits personnel ;
- l'achat à des camions-citernes ;
- l'approvisionnement à un réseau de bornes
fontaines publiques ; - l'approvisionnement personnel domiciliaire
connecté au réseau.
Photo 13 et 14 : Approvisionnement par borne fontaine à
Huachipa, et camion-citerne.
Source : Auteur.
Parmi ces modalités, il faut distinguer celles qui sont
dépendantes d'un tiers (SEDAPAL, entreprises privées de
camions-citernes) de celles qui, après installation, permettent une
autonomie de l'utilisateur, tant dans l'utilisation que dans la maintenance des
infrastructures _s'il y'en a.
De plus, dans cette dernière catégorie, il faut
aussi faire une distinction entre celles qui fonctionnent en circuit
fermé et celles qui ne présentent aucune stratégie de
fonctionnement durable.
En effet, en vue de la situation actuelle de stress hydrique
de la capitale, ces dernières seront à privilégier dans la
création de futurs projets. Intéressons nous tout d'abord
à la situation majoritaire, le raccordement au réseau de la
SEDAPAL.
Carte 4 : Couverture du service d'eau selon les chiffres
actuels donnés par la SEDAPAL:
Source : SEDAPAL.
Il-La SEDAPAL, une entreprise nationale prise entre
l'étau
de la rentabilité et de l'intérêt
social
II-1 Création et statuts de l'entreprise
-Statuts et fonction de l'entreprise :
La SEDAPAL -Servicio De Agua Potable y Alcantarillado de Lima-
est une entreprise étatique de droit privé,
propriété intégrale de l'Etat, à la charge du
Ministère du Logement, de la Construction et de l'Assainissement. Elle
bénéficie d'une autonomie totale tant au niveau technique,
administratif et économique que financier. Ses services sont de
nécessité et d'utilité publique et d'intérêt
social. Actuellement, la zone géographique de responsabilité de
la société pour la prestation des services d'assainissement
regroupe la Province de Lima et la Province Constitutionnelle de Callao.
Officiellement, sa mission consiste à l'amélioration de la
qualité de vie de la population de Lima, à l'administration
efficace des ressources en eau, et au traitement adapté des eaux
usées afin de préserver l'environnement de la capitale
péruvienne.
-Construction historique du statut de la SEDAPAL :
C'est le 21 décembre 1578 que l'eau arrive pour la
première fois à la fontaine de la Plazza Mayor, mais il faut
attendre 1855 pour voir la création d'une entreprise d'eau potable
à Lima. SEDAPAL a beau naître officiellement au lendemain du
retour à la démocratie sous la présidence de Fernando
Belaunde, le 12 juin 1981 (et former avec les autres entreprises existantes
à Arequipa et Trujillo, et la Direction Générale des
Travaux Sanitaires du Ministère du Logement SENAPA, l'entreprise
mère propriétaire des actions et des trois filiales), il nous
faut retenir essentiellement la date de 1962, année de formation de la
première entreprise d'assainissement avec une autonomie administrative
et financière. En conséquence, aujourd'hui, la mission de SEDAPAL
est d'étendre le réseau d'eau à l'ensemble de la
communauté liméenne, et ce, tout en essayant d'avoir une balance
économique la plus saine possible, ce qui n'est pas chose aisée
vu les conditions de crise économique que traverse le Pérou
depuis quelques décennies.
II-2 Projets et politiques de la compagnie
- Une plus grande préservation des ressources
souterraines...
Comme nous l'avons vu dans la première partie, la
santé des nappes phréatiques liméennes est loin
d'être bonne. C'est pour cette raison que la SEDAPAL n'a pas eu d'autre
choix que d'adapter sa politique d'approvisionnement à ce
problème, en privilégiant les eaux de surfaces.
Depuis 1970, la quantité d'eau acheminée
à Lima a plus que doublé, passant d'un peu moins de 300 millions
de m3 à plus ou moins 650 millions par an. Mais alors que pendant les
années 70 et 80, le but essentiel était la production d'eau,
celui-ci s'est légèrement infléchi dans la décennie
suivante. Certes la mission première est l'acheminement toujours plus
important du liquide vital mais l'idée de développement durable a
fait son chemin dans les têtes, et les conséquences pour l'avenir
des politiques présentes sont prises en compte. Ainsi, l'exploitation
des sources de surfaces est préférée aux autres
alternatives qui ne doivent être utilisées que comme
compléments ou en cas de crise du système principal
d'acheminement. En effet, alors que plus de 40% de l'eau acheminée dans
la capitale provenait de l'exploitation des galeries d'infiltration ou des
pluies en 1980, ce chiffre est retombé à 25% en 2002. Le rapport
des forces évolue en faveur des sources de surface, mais il est bien
plus significatif de montrer que la production via les sources alternatives
diminue même en absolu. Aujourd'hui ; seulement 165 millions de m3 d'eau
par an sont prélevés des galeries d'infiltration, et des puits,
représentant un peu moins de 80% des prélèvements
opérés sur les mêmes sources deux décennies plus
tôt.
- ...passant par la potabilisation des eaux de surface
La production d'eau potable issue des eaux de surfaces concerne
deux cours d'eaux : le Rio Chillon et le Rio Rímac.
Le processus de traitement du Rio Rímac est
réalisé dans deux usines de traitement, localisées sur le
site de La Atarjea. La Atarjea signifie le « conduit qui porte les eaux au
réservoir fournissant la population ». Ce site, situé
à l'est de la ville, entre les districts de San Agustino et Santa Anita,
proche des rives du Rímac, à 6 kilomètres de La Plaza
Mayor de Lima et au pied des cerros Santa Rosa et Quiroz. Historiquement, c'est
dans ce lieu où la nature offrait à l'homme une eau cristalline,
que venaient s'approvisionner en eau les premiers habitants de Lima. Depuis son
existence la compagnie
des eaux de la ville s'appui principalement sur ce site, et on
y trouve les deux usines de traitement, construites entre 1955 et 1994,
à l'intérieur d'une aire de 315 hectares, hautement
surveillée et qui fait la fierté de la SEDAPAL.
La première usine est constituée de 36 filtres
de type Aquazur de 100m2 chacun. Ces filtres sont lavables (au moyen de
pulvérisation d'eau et d'air comprimé) et sont
équipé de régulateurs qui réalisent la distribution
d'eau de manière automatique. L'usine est composée de deux
batteries de filtres et d'un réservoir en béton armé d'une
capacité de 1000 m3.
La seconde usine a été crée en 1980
à coté de la première et sur le même modèle
et dans un but de réduction du captage des eaux souterraine puisque
l'eau qu'elle produit couvre certaines zones initialement desservies par des
puits. Devant la croissance démographique et urbanistique énorme
des années 90, ces usines n'ont plus assuré une production
suffisante. Conséquemment, des travaux ont été
réalisé, financés par la SEDAPAL (à 60%), par des
donations du gouvernement français (7.3%), un apport du Fond National de
l'Habitat -FONAVI- (8.5%) et du Trésor Public (24.2%). Ainsi
actuellement la capacité totale de ces deux usines est de 20m3 par
seconde (hors de la période d'étiage ou elle est
considérablement réduite) et bénéficie selon la
SEDAPAL à 6 386 308 millions d'habitants (selon les données du
9ème recensement de la population et de l'habitat de
1993).
Photo 15 : Usine de traitement de La Atar4ea :
Source : SEDAPAL.
- A plus long termes, de grands projets en marche :
« Lima a un déficit énorme entre
l'approvisionnement et la demande ; les projections officielles disent que
celui-ci sera plus grand dans le futur ». Juan Carlos Barandiaran, ex chef
de projets de Sedapal.
Pour faire face à cette constatation
inquiétante, la SEDAPAL souhaite mettre en oeuvre une série de
projets titanesques afin d'acheminer l'eau en plus grande quantité vers
la capitale. Pour aborder le problème, l'entreprise SEDAPAL a
prévu divers projets de transvasement d'eau entre des bassins
situé au pied des Andes. Il est traité dans sa majorité de
transvasements d'eau du bassin de la Rivière Mantaro vers celle du
Rímac, ainsi que de Jacaybamba, dans le bassin ce qui est Criard, et
d'un barrage de Manchay dans le bassin du Lurín. Ces travaux
coûtent des sommes astronomiques qui accroîtront un peu plus la
dette de l'entreprise. Le Gouvernement d'Alan García essaye par
conséquent d'obtenir les fonds nécessaires du secteur
privé à travers des participations des projets
spécifiques, sans que son discours contre les privatisations des
services essentiels soit altéré. C'est en effet la Japan Bank for
International Cooperation (JBIC) qui avancera les deniers à l'entreprise
publique péruvienne. Cependant ces dépenses semblent être
la meilleure alternative à la surexploitation de l'aquifère
liméen.
III L'accès a l'eau, stigmate et facteur des
inégalités
sociales
"La bataille pour l'eau et l'assainissement devra être
livrée dans les établissements humains, notamment dans les
bidonvilles et quartiers d'habitats précaires qui ne cessent de
progresser dans les zones urbaines des pays en développement." (Mme Anna
Tibaijuka, directeur exécutif du programme des Nations Unies pour les
établissements humains)
III-1 Les asentamientos humanos exclus du partage de l'eau
Lorsque l'on parle d'inégalités par rapport
à l'accès à l'eau à l'échelle de la
capitale, on se pose la question suivante : qui a de l'eau et qui n'en a pas ?
Dans quels quartiers peut-on se permettre d'arroser de manière
démesurée les espaces verts et terre-pleins (Cf. Photo 16), et
dans quels quartiers
doit-on économiser la moindre goutte pour sa
consommation et son hygiène personnelle ? Afin de répondre
à cette question nous allons étudier la consommation quotidienne
par personne et par district à l'échelle de Lima
Métropolitaine. Tout d'abord, on remarque qu'une logique
centre-périphérie domine nettement sur les degrés de
consommation d'eau de chaque habitant dans les districts. De manière
exponentielle, plus on s'éloigne vers les périphéries des
cônes d'urbanisation Est, Nord et Sud, et plus la consommation chute.
Plusieurs couronnes quasi-homogènes se distinguent. La première
correspond aux districts les plus aisés et dynamiques du centre,
Miraflores, Jésus Maria, San Isidro, qui sont des quartiers
internationaux et d'affaire mais aussi résidentiels pour les classes les
plus aisées. En moyenne, la consommation quotidienne d'un habitant de
ces quartiers dépasse aisément les 300 litres d'eau par jours.
Photo 16 : Dans le district de Miraflores, irrigation
à grande eaux d'un terre plein central :
Source : Auteur.
Puis se forme une seconde couronne qui intègre tous les
districts du centre ainsi que les districts de Santiago de Surco et La Molina.
La consommation quotidienne y est comprise entre 150 et 300 litres par
habitants.
Le troisième groupe de districts, dont les habitants
consomment entre 80 et 150 litres par jour est composé des districts les
moins excentrés des trois cônes périphériques, ainsi
que du district de Santa Rosa au Nord. Enfin, une dernière couronne
réunit tous les districts périphériques de
l'agglomération métropolitaine de Lima. Leurs habitants ont une
consommation réduite, comprise entre
4 et 80 litres par jours. Ce sont donc à
l'évidence, les « asentamientos humanos» qui ont la
consommation la plus moindre.
Le degré de consommation de la population est en
évidente relation avec le raccordement ou non de leurs districts au
système d'approvisionnement en eau du réseau de la SEDAPAL.
Ainsi, comme on pouvait s'en douter, les districts desservis par le
réseau SEDAPAL sont ceux qui consomment le plus d'eau.
Les habitants du centre, presque tous reliés au
réseau de l'entreprise publique sont les plus grands consommateurs alors
que les populations des districts en marge du réseau ont une des
consommations les plus basses de la métropole.
Il y a donc une corrélation importance entre
l'accès au réseau et la consommation en eau, cependant elle n'est
évidement pas suffisante pour expliquer le phénomène
d'inégalité d'accès. Pour cela, il faut se pencher sur les
particularités socio économiques des quartiers
périphériques ainsi que sur la question du prix de l'eau, que
nous allons aborder maintenant.
III-2 Le prix de l'eau
Les personnes qui vivent dans des habitats précaires
sont les premières à être frappées par les maladies
liées à l'eau Souvent, le seul moyen dont disposent ces
populations pour se procurer de l'eau potable consiste à en acheter
auprès de fournisseurs privés, à un coût
jusqu'à dix fois supérieur à celui de l'eau courante.
- Les prix du réseau de la SEDAPAL :
La SEDAPAL s'occupe de plus de 1 000 000 d'usagers. Pour
effectuer l'établissement et l'application des tarifs, elle classifie
ces usagers en cinq catégories : sociale, domestique, commerciale,
industrielle, et étatique. 94% des usagers sont considérés
comme « résidentiels » et inclus dans les catégories
sociale et domestique, les 6% restant forment la catégorie non-
résidentielle.
En accord avec son cahier des charges, la SEDAPAL a
établi à Lima une politique de subvention de l'eau consistant en
théorie à faire payer plus cher aux industriels et aux
entreprises qu'aux particuliers. En effet, alors que le coût moyen pour
un mètre cube d'eau peut être chiffré à
1.5487 sol en 2002, soit 0.4407 dollar, les entreprises
commerciales et les industriels payent 3,238 soles (0,9225 dollars) et l'Etat
1,614 sol, soit 0.4598 dollar1. Les volumes d'eau consommés
par l'Etat et les particuliers sont donc subventionnés par les
industriels et les entreprises commerciales.
L'entreprise publique assure également des prix plus
modérés pour ses plus faibles consommateurs, jugés
raisonnablement comme étant les plus démunis. Ainsi à
Lima, plus on consomme d'eau, plus on paie cher le litre
supplémentaire.
La SEDAPAL pénalise ainsi les gros consommateurs au nom
de deux principes : une politique de rationnement de l'eau dans les contextes
actuels de pénurie, et une politique de subvention envers les
consommateurs les plus pauvres qui sont reliés au réseau. Les
politiques de l'entreprise fonctionnent parfaitement l'une avec l'autre mais
peuvent se révéler dangereuses pour l'entreprise
elle-même.
Ce serait le cas si ces mesures de pénalisation
financière de la surconsommation avaient un effet coercitif, le prix de
l'eau pour les plus petits consommateurs augmentant parallèlement pour
retrouver la plus-value manquante.
De plus, une autre mesure de subvention concerne cette fois ci
les consommateurs s'approvisionnant aux bornes-fontaines. Elles
bénéficient en effet d'un tarif régulier au litre quel que
soit le volume consommé. Celui-ci est équivalent au coût
des vingt premiers litres du système particulier, soit 0.894 sol.
Cependant, parallèlement à ces mesures, le prix de
l'eau à Lima connaît depuis quelques années une hausse
significative.
-Le prix des entrepreneurs privés de l'eau :
Comme nous l'avons vu lors de l'étude des
différentes modalités d'accès à l'eau, à
coté de l'approvisionnement offert par le réseau de la SEDAPAL,
on trouve aussi dans les quartiers les plus démunis, un
approvisionnement par camions-citernes issus de petites entreprises
privés.
1 Chiffres issus du Memoria 2002 de la SEDAPAL.
Photos 17 et 18 : Chargement d'un camion-citerne privé
à Ventanilla, et livraison dans l'asentamientos humanos de Lomas de
Carabayllo.
Source : Auteur.
Ceux-ci profitent du désengagement de la SEDAPAL dans des
quartiers résultants d'invasion et souvent au statut foncier
illégal, pour développer leur commerce.
Le prix ne cherche évidemment pas à être
compétitif, car les conducteurs de camion savent pertinemment qu'ils
sont la seule alternative viable.
Ces camions citernes livrent l'eau à l'échelle d'un
bidon de 200 litres au prix de 1.5 sol, à des fréquences diverses
selon les diverses situations familiales.
Etant donné que ces 200 litres équivalent
à 1/5 de mètre cube, cela signifie que ces opérateurs
privés font payer le mètre cube d'eau 7,5 soles, soit plus de 8
fois plus cher que les tarifs que propose la SEDAPAL.
III-3 Qualité de l'eau et questionnement sur la
potabilité, la contribution de la qualité de l'eau et de
l'assainissement aux risques sanitaires et à
l'inégalité.
-Situation de la qualité de l'eau :
Face à la question épineuse de la qualité
de l'eau dans une ville qui a compté d'importantes
épidémies de choléra et de diarrhées dans les
dernières décennies ; la SEDAPAL se veut garante de la
potabilité de l'eau fournie par son réseau.
Pour cela, les usines de traitement de La Atarjea
bénéficient de procédés de haut niveau
technologique et opérationnel qui garantissent le respect des
certificats ISO 9001 sur le traitement de l'eau et ISO 14001 qui contribue
à la préservation de l'environnement. Ces processus de traitement
permettent de transformer l'eau tirée du Rio Rímac en eau
«propre à la consommation humaine », complètement
compatible avec les normes de qualité proposées par
l'OMS1 et les normes nationales.
La qualité de l'eau est surveillée
électroniquement au cours des différentes étapes du
processus de traitement, 24 heures sur 24, dans des laboratoires chimiques et
biologiques, dans le but de vérifier le bon fonctionnement du
procédé. De plus, elle dispose d'un plan annuel de production
pour les différentes périodes (étiage ou montée des
eaux), permettant une utilisation adéquate des réactifs
chimiques.
La qualité du Rio Rímac est elle-aussi
contrôlée informatiquement, dans le but d'être averti de la
qualité de l'eau qui afflue par les bouches d'entrée de l'usine,
et en conséquence de pouvoir prendre des décisions pour
protéger et optimiser le processus de traitement.
Cependant, à la vue des analyses
microbiologiques2 du Rio Rímac au niveau des bouches
d'entrée des usines de traitement 1 et 2, on peut s'interroger
sérieusement sur la qualité réelle de cette eau. En effet,
selon les tests biochimiques effectués par l'équipe
gérante de la production de l'eau, le taux de coliforme y est parfois
plus de dix fois plus élevé que la limite maximum fixée
par la Loi Générale de l'eau, représentant un danger
évident pour la santé des populations en situation de
pauvreté qui vivent aux abords de ce cours d'eau et s'approvisionnent
directement sur les rives du Rímac.
1 OMS : Organisation Mondiale de la Santé.
2 SEDAPAL, 2001-2002, Analyses microbiologiques du Rio
Rímac et du processus de traitement des usines 1 Et 2, en moyenne
mensuelle.
De plus, à la sortie du robinet, l'eau peut être
aussi confrontée à une autre source de contamination. En effet,
en raison du stockage dans les citernes sous-terraines et les réservoirs
en hauteur, on peut voir se développer un autre type de pollution. Les
plus grands facteurs de risque sont l'absence de couvercle hermétique et
de rebord de protection (intrusion directe d'agents contaminants), la mauvaise
qualité des canalisations internes (corrosion qui contribue à la
formation de micro-organismes), et la saleté des réservoirs
(facilite l'établissement de colonies de microorganismes).
Cette contamination est un facteur d'inégalité
supplémentaire devant la qualité de l'eau car elle concerne une
fois de plus les populations les plus démunies. En effet, ce sont elles
qui sont le plus souvent soumises aux problèmes d'intermittence
lorsqu'elles sont reliées au réseau, ou qui faute de connexion
utilisent des stratégies de stockage propices à la contamination
(bidons de plastiques ou dans le pire des cas de métal, le plu souvent
à l'air libre). Enfin, les populations desservies par les camions
citernes cumulent le double poids d'une contamination à
l'intérieur des cuves des camions puis d'une contamination lors du
stockage âpres livraison. En effet, non seulement, l'eau achetée
par les camions provient le plus souvent des réseaux de SEDAPAL et elle
n'est donc pas d'une qualité irréprochable, mais en plus ces
camions ne sont soumis à aucun contrôle sanitaire.
-Une solution de sécurité inadaptée aux plus
démunis : le marché de l'eau en bouteille :
La plus grande sécurité face au problème
de la qualité de l'eau est finalement réservée aux
populations les plus aisées, il s'agit de l'achat systématique
d'eau embouteillée comme eau de boisson. Devant la mauvaise presse
accordée à l'eau issue du réseau de la SEDAPAL, ce
marché est en pleine expansion comme on peut le constater par la place
de plus en plus importante qu'occupe le rayon « eau » dans les
supermarchés liméens.
Il reste une solution plus simple et relativement peu
coûteuse : faire bouillir l'eau pendant au moins trois minutes.
-Conséquences sanitaires :
Les fortes épidémies de choléra survenues
en 1991 et 1992 à Lima sont révélatrices de l'importance
des conséquences sanitaires de l'absorption d'eau contaminée par
les populations. L'absence d'eau potable et de système correct
d'assainissement et d'hygiène entraînent notamment en plein
été, d'innombrables infections gastro-intestinales. Selon les
chiffres des ONG et de la Banque
Mondiale, en 1992, ce sont plus de 300 000 cas de choléra
qui avaient été détectés dans la métropole
liméenne, dont plus de 3000 avaient été mortels.
Pourtant, aujourd'hui le choléra est une maladie qui se
soigne très correctement si on dispose des moyens hospitaliers
nécessaires (mesures de réhydratation et traitement
anti-bactériologique), et d'une hygiène et d'un contrôle
antérieur de l'eau suffisant. C'est pour cette raison que cette maladie
a été éradiquée des pays dits
développés aujourd'hui, et qu'elle est un des témoins des
mauvaises conditions sanitaires inhérentes aux pays en
développement.
Photo 19 et 20 : Des conditions sanitaires en matière
d'eau insuffisantes, le lavage du
linge et le stockage de l'eau à San Francisco, Huachipa
:
Source : Auteur.
Selon les recherches de l'Institut Pasteur1, « Le
moyen le plus efficace pour éradiquer le choléra, transmis par
voie oro-fécale (eau, aliments contaminés), est d'élever
le niveau d'hygiène ».
Cependant, même si elle est la plus grave de ces
affections dues à la qualité de l'eau, le choléra est loin
d'être la seule maladie relevée. Ainsi, certaines maladies comme
les diarrhées aigues et la poliomyélite sont aussi imputables
à l'eau de boisson souillée par les matières
fécales. D'autres maladies gastro-intestinales, cette fois-ci d'ordre
parasitaires, peuvent aussi apparaître, comme l'amibiase et la
bilharziose, de graves maladies dont la récession n'est jamais
complète.
Dans la capitale péruvienne, la provenance de ces
patients est très significative car elle touche le plus
fréquemment les habitants des cônes périphériques de
la ville. En effet, selon les chiffres de
1
http://www.pasteur.fr/externe.
l'IN EI1, en moyenne en 1999, les maladies dues
à l'eau ont touchées 20 pour 1000 habitants du centre alors que
près de 6 personnes sur 100 habitants dans le seul cône Nord ont
subi un traitement pour lutter contre ces maladies. De plus, il faut relever
que ces chiffres ne concernent que les malades qui sont passés par un
centre de santé ou un hôpital, ce qui peut aussi signifier que les
chiffres réels sont bien plus importants, le système de
santé péruvien étant payant et donc pas
systématiquement abordable pour les plus démunis.
IV Manque de constance du service et impact
environnemental,
un réseau d'eau « malade»
IV-1 Le manque de constance du service:
Selon le dernier rapport de l'Organizacion Panamericana de la
Salud sur les services d'eau et d'assainissement au Pérou, datant de
20002, on note que dans le milieu urbain, presque tous les
systèmes d'approvisionnement (99%) offrent des services en
manière discontinue : le nombre moyen d'heures de service est de 13.7.
À Lima, le pourcentage de la population approvisionnée de
manière intermittente est de l'ordre de 70%. Cette situation constitue
un facteur de risque pour la détérioration de la qualité
de l'eau sur le plan domiciliaire, puisque le manque de continuité
oblige à la population à construire des moyens de stockage intra
domiciliaire (citernes et réservoirs en hauteur) qui ne sont pas
suffisamment protégés et qui ne reçoivent pas
propreté et désinfection périodiques. D'après
Silvia de Los Rios (CIDAP), 50% de l'eau est perdue dans les «
asentamientos humanos » à cause de la mauvaise qualité des
canalisations et de l'inadéquation de l'installation du réseau
par rapport à la pente.
IV-2 L'impact environnemental:
Moins de 5 % des eaux d'égout dans les villes
d'Amérique Latine reçoivent un traitement (World Bank). Au
Pérou, ces problèmes environnementaux ont été
très tardivement pris en compte par les autorités publiques,
comme en témoigne la création en 2003, d'un Service de Gestion de
l'Environnement et des Ressources Naturelles au Gouvernement Régional de
Callao.
La pollution de l'eau concerne aussi bien les eaux souterraines
que les eaux en surface.
1 INEI, 2000, Anuario estadistico, Peru en numeros 2000.
2 Organizacion Panamericana de la Salud, 2000, Evaluacion global
de los servicios de abastecimiento de agua y sanéamiento 2000: Informe
analitico, Resumen Peru, Lima : OPS, 50 pages.
-La contamination des eaux souterraines:
Une grande partie de la population de Lima dépend de
l'eau souterraine ou des puits privés ou collectifs. La qualité
est particulièrement mauvaise dans les puits où le taux de
nitrates dépasse largement les concentrations permises. Le plus
inquiétant, sont les activités urbaines générant la
présence d'autres contaminants comme les pesticides, métaux
lourds, hydrocarbures. L'extraction excessive de l'eau provoque
également la diminution des nappes phréatiques et la salinisation
de l'eau.
Dans les dernières décennies, on a réduit
les secteurs cultivés sous irrigation étant donné le
changement d'utilisation de la terre, d'agricole à urbain, ce qui est
à l'origine de la diminution significative de la charge de
l'aquifère. En même temps, des problèmes de surexploitation
des eaux souterraines se sont présentés autour de 1997,
caractérisés par la tendance à la diminution permanente du
niveau la nappe et la présence de zones critiques avec
détérioration de la qualité de l'eau. Toutefois, ce
processus de surexploitation a été contrôlé avec
l'exécution des projets mentionnés précédemment. Le
rythme de rénovation de l'eau souterraine est très lent. Il peut
couler, par exemple, entre 1 et 100 mètres à l'année. En
extrayant l'eau souterraine au moyen de puits, on crée une zone sans eau
en forme de cône autour du point d'extraction. Tout polluant qui est
déchargé au-dessus de ce lieu est porté par le cône
directement à la zone du puits et peut affecter de manière
très importante la qualité de l'eau extraite. D'autre part, quand
l'extraction dépasse la charge dans un aquifère, un
déséquilibre hydraulique se produit et le niveau de la nappe peut
diminuer aux niveaux critiques, mettant en risque les réserves d'eaux
souterraines et sa qualité. Pour que toute la population dispose d'une
quantité d'eau suffisante, de qualité appropriée et de
manière soutenable, il est nécessaire d'effectuer une gestion
efficace de la ressource hydrique souterraine.
-Pollution et essoufflement des eaux de surface
Pollution des eaux en surface : Des 3 rivières
existantes à Lima, la rivière RIMAC est la plus importante et
fournit 61% de l'eau potable distribuée par SEDAPAL, servant à
environ 75% de la population. Dans la station d'épuration de l'Atarjea
administrée par SEDAPAL, la rivière contient un haut niveau de
pollution d'origine bactériologique et chimique, provenant des «
asentamientos humanos » et des mines situées en amont.
Le processus de traitement permet de diminuer une partie de la
pollution mais il reste deux préoccupations majeures:
o La concentration de métaux (plomb) dans les robinets,
o L'exposition directe des classes défavorisées aux
eaux polluées :
beaucoup d'habitants utilisent directement l'eau de la
rivière pour la consommation
humaine, le nettoyage des aliments, des outils, l'irrigation des
zones agricoles...
Selon le Ministère de la Santé et la Direction
Générale de la Santé Environnementale1 ,
à cause de ces agents contaminants, les Rios Rímac et Chillon
sont aujourd'hui en perte d'équilibre écologique, et l'avenir
n'annonce pas une inversion immédiate de cette tendance par faute de
traitement des eaux usées.
- Le manque de traitement des eaux usées ;
conséquence de la pollution de la côte
Lima Métropolitaine a plus de 8 millions d'habitants,
et l'eau utilisée se transforme en eaux d'égout ou en eaux
usées. Par manque de traitement de ces eaux usées, on
déverse quotidiennement aux rivières et à la mer presque 2
millions de mètres cube. Étant donné la présence de
micro-résidus hydro biologiques contaminées, la décharge
des eaux usées au niveau de la plage est à l'origine d'une
série de problèmes associés à la santé
publique (constatations de maladies de la peau et des yeux après
s'être recrée sur dans des plages contaminées), perte de
l'esthétique des plages et détérioration et/ou
perturbation des ressources marines en général. Cette situation
affecte particulièrement à la baie de Miraflores, et
spécialement les plages de la Costa Verde, principal centre de
dissémination de la population métropolitaine.
SEDAPAL, conscient de ce problème, développe de
grands projets dans les zones sud et nord de Lima pour récolter toutes
les eaux servies d'utilisation domestique et industrielle et leur donner le
traitement adéquat. En accord avec le plan d'assainissement de
l'entreprise, les excédents d'eaux d'égout et usée «
disparaitront », à travers 2 futurs canalisations sous-marines,
dans le sud et dans le nord, après un « traitement spécial
».
La situation actuelle de l'agglomération de Lima est
préoccupante, en particulier dans les zones de grande pauvreté.
Elle s'est construite et continue à évoluer en dehors des
principes de développement durable ce qui peut menacer son futur
1 Ministerio de Salud et Direccion General de Salud
Ambiental (DIGESA), 2000, Peru aspectos ambientales y opciones estrategicas,
Documento del Banco Mundial.
V Conclusion partielle
La SEDAPAL produit aujourd'hui une partie du capital «
eau » présent dans le secteur aride ou s'est établi la ville
macro céphalique de Lima. Cependant, malgré l'expérience
et la pérennité de cette entreprise étatique, aujourd'hui
à Lima, tous les citoyens ne peuvent pas disposer d'eau dans les
mêmes quantités et avec une qualité équivalente. Ce
sont les asentamientos humanos, stigmates de la croissance démographique
démesurée de la ville et de l'exode rural du pays, qui souffrent
de ces différences de quantité et de qualité de la
ressource vitale qu'est l'eau.
Ce poids démographique pèse de plus en plus
fortement sur l'environnement, rendant la tache plus difficile à la
SEDAPAL pour trouver une eau de bonne qualité. De plus, devant le manque
criant de systèmes d'assainissement, l'équilibre environnemental
est rompu.
On se trouve donc dans la nécessité
immédiate aujourd'hui, face à ces urgences sociale et
environnementale, de fournir un accès à l'assainissement et
à l'eau, sans distinction foncière ou de citoyenneté, au
risque de mettre en péril l'ensemble de l'agglomération de
manière irrémédiable.
Or, la SEDAPAL se veut une compagnie d'intérêt
social, cependant c'est avant tout une entreprise qui doit respecter des
budgets pour sa survie, et qui est donc aujourd'hui en incapacité
financière de relever les défis de l'eau à
l'échelle d'une capitale de 8 millions d'habitants.
A ce niveau d'impasse, la solution doit venir de l'Etat, une
réponse politique qui permette de nouveaux choix d'investissement
budgétaires afin de concentrer ses priorités d'actions sur la
question de l'eau.
Cependant, face à l'urgence aujourd'hui, des
réponses alternatives pour permettre l'accès à l'eau
naissent aux coeurs même des foyers d'inégalité, dans les
asentamientos humanos de la périphérie, menées de front
par d'autres acteurs du développement.
Ce sont ces réponses alternatives qui offrent de
nouvelles réponses à une échelle plus locale mais peut
être inscrite plus efficacement dans la durée, que nous allons
analyser dans notre troisième partie.
Troisième partie : Les alternatives de
l'accès à l'eau
potable et à l'assainissement :
II-ONG, municipalités locales et comités
de quartier : les
acteurs à la recherche d'une alternative
Durant le dernier semestre de 2006, se sont produit au
Pérou un ensemble de processus sociaux et politiques qui, en termes
généraux, ont réaffirmé la démocratie et la
transition d'un gouvernement civil à un autre, tant au niveau national
que régional et municipal. La démocratie est une valeur que les
citoyens doivent réaffirmer en permanence, et c'est cette valeur que les
ONG, que nous avons suivies sur le terrain, essaient de faire passer dans un
processus de démarche participative, au travers de l'élaboration
de leur projet de développement.
En 1991, après les ravages de l'importante
épidémie de choléra, les autorités locales ont
instauré l'APPJ : Proyecto Alimentation de Agua Potable para los Pueblos
Jovenes de la Ciudad de Lima. Ce projet, précurseur du projet Agua Para
Todos, a pour effet la construction de réservoirs approvisionnés
par camions citernes qui vendaient l'eau à l'unité administrative
des systèmes autonomes. A partir de ces systèmes de
réservoirs, les ONG ont envisagé la reproduction de ce
modèle dans les quartiers marginalisés qui ne pouvaient pas
bénéficier d'une ressource direct de pompage des nappes
phréatiques souterraines, ou la création de nouvelles
unités d'adduction d'eau dans les quartiers ou la création d'un
captage souterrain était envisageable. Mais avant de comprendre en quoi
consiste ces projets, il est intéressant de présenter les ONG qui
nous ont permis de suivre l'évolution de projet de développement
sur le terrain, et de saisir leur statut, leur stratégie d'intervention,
et le niveau de relation qu'elles ont avec les institutions publiques et
étatiques.
I-1 Présentation des ONG étudiées :
-Le CIDAP :
Le CIDAP est une institution non gouvernementale sans but
lucratif qui se propose de contribuer à dépasser les
problèmes de pauvreté urbaine, en produisant des propositions de
développement soutenable et en créant des formations pour les
autorités ou les citoyens : « Pour
qu'ils soient constructeurs de villes, afin de s'engager dans un
compromis entre les politiques actuelles et le secteur social du pays
»1.
Objectif de l'association : En étant une institution
spécialisée dans le domaine de la lutte contre la pauvreté
urbaine et dans la promotion des droits sociaux, économiques, politiques
et culturels liés à la vie urbaine, le CIDAP a pour objectif de
:
* Contribuer à reconstruire et/ou à
développer des formes d'actions sociales en coopération avec des
habitants pauvres des secteurs centraux et périphériques des
villes. Ces actions étant liées à l'amélioration
des conditions de logement et d'habitat à l'échelle du quartier,
du district et de la ville. Afin de concrétiser cet objectif, le CIDAP
organise la formation de nouveaux dirigeants, la reconnaissance légale
et la concrétisation des organisations, le développement de
systèmes institutionnels de participation au sein de l'organisation et
d'intégration de ces organisations à la vie urbaine.
* Contribuer à formuler et/ou à exécuter
avec la participation active de la population : des oeuvres, des programmes,
des plans, des projets et autres actions et services qui à
l'échelle quartier, zone ou ville, améliorent les conditions de
vie de leurs habitants.
* Développer une connaissance plus précise des
facteurs ayant un impact de manière positive et/ou négative dans
les conditions de vie des habitants, pour contribuer à la recherche
d'alternatives à moyen et long terme.
« Le travail que nous effectuons est défini par
l'intersection et l'interaction de trois dimensions :
* L'habitat des villes ; de manière spéciale la
recherche pour l'amélioration des conditions de vie des secteurs
populaires, en analysant leur problématique interne et les relations
avec l'ensemble de la ville.
* L'organisation de ses habitants, qui sont celle qui leur permet
d'agir comme sujets acteurs de leur développement propre.
* Le gouvernement des espaces urbains, qui dans un vaste sens
est compris comme le caractère institutionnel dont on dote les villes
pour être régies, et le système droits et devoirs de leurs
citoyens. Les sujets avec lesquels nous travaillons sont
préférentiellement des hommes et des jeunes femmes qui
résident dans ces secteurs populaires, et qui sous diverses
modalités, sont organisés et s'associent pour chercher des
solutions à leurs problèmes. Ils font partie d'un secteur social
ou le droit
1 , .
D apres la définition des objectif du CIDAP, sur le site
internet
http://www.cidap.org.pe/, site
internet du CIDAP : Centro de
Investigaciòn, Documentaciòn y Asesoria
Poblacional.
de disposer d'un logement digne et de vivre dans un environnement
urbain avec des conditions de vies adéquates sont de façon
permanente menacé.
Notre analyse CIDAP aborde les problèmes
associés à la pauvreté urbaine et ses causes depuis le
regard et les intérêts des habitants urbains pauvres. Et il
cherche à le faire avec la plus grande solvabilité technique et
professionnelle qui lui est possible. Cette entrée technique et
professionnelle nous donne une position critique face à l'ensemble de la
situation existante, mais aussi face à quelques discours et aux
pratiques du monde populaire ou des secteurs qui à partir de
propositions populistes, disent travailler pour leurs intérêts.
»Témoignage de Samuel Yañes Tornes, directeur du CIDAP
à Lima, spécialiste sur le thème de la pauvreté
urbaine et du développement.
-Le CESAL :
Le CESAL est une organisation non gouvernementale de
coopération internationale née en 1988, enregistrée par le
Ministère de l'Intérieur comme association sans but lucratif et
déclarée Organisme d'Utilité Publique le 24 avril 2001.
CESAL est une organisation indépendante d'autres organismes à
caractère économique ou politique. Il est né d'une
expérience chrétienne vécue communautairement et ouverte
au monde. La Mission de CESAL est de travailler pour améliorer les
conditions de vie des destinataires des projets de développement, en
tenant compte de tous les facteurs qui influencent la réalité, en
partant du ressenti et de l'expérience des bénéficiaires
eux-mêmes et, par conséquent, en les impliquant dans le
développement des projets comme véritables protagonistes de leurs
vies. CESAL est enregistré dans l'Agence espagnole de Coopération
Internationale, qui constitue une source importe de financements de ses actions
dans les pays en voie de développement. En outre, cette ONG
bénéficie du financement de l'Union Européenne dans de
nombreux projets ainsi que de plusieurs Communautés Autonomes, de
Députations et de Mairies espagnoles. Ces institutions constituent, avec
leurs partenaires et collaborateurs, la base qui permet la présence de
l'organisation dans le monde.
I-2 Stratégies d'intervention :
Le CESAL développe une stratégie
intégrale tournée vers la transmission des principes de
l'éducation pour le développement. Cette méthode de
travail exige comme point de départ la promotion d'une activité
à long terme qui suit un itinéraire éducatif. Cette
proposition éducative a pour thème central l'homme, seul capable
de répondre à l'amélioration de ces conditions de vie. La
stratégie d'éducation pour le développement de CESAL
comporte cinq domaines d'activités :
L'approche du développement par la communication :
créer des espaces de rencontres et d'échanges avec les
populations afin d'approcher le thème du développement et adapter
les réalités du terrain aux partenaires, institutions
financières publiques ou privées, et autres institutions de
développement.
"Relations institutionnelles : CESAL est une institution
d'apprentissage continu, ouverte au monde et par conséquent elle a
besoin de relations avec d'autres institutions sociales, publiques et
privées. L'objectif de ce contact avec d'autres institutions est
d'ouvrir des voies de dialogue et des alliances stratégiques avec des
institutions de développement et d'autres secteurs sociaux, pour
articuler de manière cohérente différentes initiatives en
matière de coopération
"Campagne de sensibilisation : Alerter et sensibiliser les
populations sur des situations connectes pour sortir du cadre de «
l'ignorance/indifférence ».
Photo 21 et 22 : Inauguration du réseau d'eau de Nuevo
Paraiso, Huachipa, ONG CESAL.
Source : Auteur.
"Analyse et investigation : récupération
d'apprentissages significatifs sur notre pratique et celle des personnes avec
lesquelles nous travaillons. À travers des processus évaluation
et systématisation nous connaissons l'impact de notre travail, mais
surtout construisons une méthode d'intervention en développement
sur la base des différentes expériences avec lesquelles nous nous
trouvons. À cet effet, CESAL effectue des publications qui rassemblent
ces apprentissages, dans chacun des projets plus significatifs que nous
effectuons. Les publications disponibles peuvent gratuitement être
sollicitées par courrier électronique ou par
téléphone.
-Education formelle : Un des objectifs primordiaux de CESAL
est d'incorporer l'éducation pour le développement dans le
système éducatif de sorte que depuis l'étape scolaire : on
forme un jugement vrai sur les situations pauvreté et exclusion dans les
pays en développement et on promeuve attitudes et conduites favorables
qui poursuivent l'idéal de justice sociale humaine.
-Le CIDAP :
Pour la réalisation de ses objectifs, le CIDAP organise
son travail autour des secteurs et lignes d'action suivantes :
-La formation : À travers cette ligne d'action on
cherche à élever les capacités des dirigeants, des
fonctionnaires et des autorités locales, pour une gestion et un
gouvernement démocratique des villes ;
-Aspect juridique : Par cette ligne d'action, le CIDAP cherche
à développer une réflexion sur le cadre légal
urbain et développer des stratégies pour que les dirigeants, les
autorités et les fonctionnaires apprennent à manier ces outils de
manière adéquate.
-Développement urbain : À travers cette ligne
d'action, le CIDAP cherche à mettre en oeuvre des propositions de
développement urbain qui rassemblent les espoirs et les demandes de la
population tout en respectant les caractéristiques de
l'environnement.
-OEuvre et équipement urbain : Le CIDAP cherche
également à soutenir les processus de constructions entrepris par
les habitants, la plupart étant effectués initialement sans
accompagnement technique sérieux.
Photo 23 : deux membres du Comité de Obras de Lomas de
Carabayllo utilisant la
nouvelle installation, ONG CIDAP.
Source : Auteur.
-Promotion et renforcement des organisations : Enfin, une part
majeur dans la stratégie d'intervention du CIDAP, est de soutenir les
processus de regroupement en organisations et comités, entrepris par les
citoyens pour s'occuper des problèmes urbains.
I-3 Organisation publique-privée : Quel type de
collaboration ?
- Quelques définitions préalables:
Avant de continuer l'analyse du jeu des acteurs, il convient
de revenir sur quelques définitions permettant de recadrer la recherche.
Ces définitions sont basées sur une étude du F3E (Fonds
pour la promotion des études préalables, études
transversales, évaluations)1 concernant la concertation entre
acteurs privés et publics.
Il faut différencier un certain nombre de notions pour
distinguer certaines formes de collaboration avec les pouvoirs publics. La
concertation, le partenariat n'auront pas le même sens que consultation,
information... Ces définitions peuvent être rassemblées
autour d'un axe gradué, symbolisant le degré d'intensité
du rapprochement entre les acteurs. Ici, la concertation apparaît comme
un point d'équilibre entre toutes les formes de collaboration et donc
l'approche la plus favorable pour une gestion intégrée d'un
projet où les acteurs « préparent en commun » les
actions et les méthodes du projet. En fin de compte, elle apparaît
comme « un idéal » à atteindre.
Schéma 2 : Différents niveaux de relations :
Information Coordination Coopération Cogestion
Sans
Consultation
collaboration
|
Concertation
|
Partenariat
|
Fusion
|
Source : Auteur.
1 Totté (Marc), Dahou (Tarik), Sawadogo (Raogo
Antoine), Billaz (René), la concertation entre acteurs privés et
publics : pratiques et normes des OSI françaises, F3E, janvier 2004
> Sans collaboration : Cela ne suppose aucune relation entre
les acteurs
> Information : Elle permet simplement d'aviser les autres
acteurs du travail effectué.
> Consultation : elle constitue une simple prise d'avis ;
> Coordination : elle suppose un partage des rôles et
une définition des tâches mais pas forcément de
définition conjointe ;
> Concertation : Elle se rapporte communément au fait
de s'entendre pour définir ensemble un projet ou une action ou pour agir
ensemble ;
> Coopération : elle implique des échanges et
des entraides signifiants dans le cadre d'un programme commun concerté
;
> Partenariat : il institutionnalise une
coopération et exige un certain nombre de principes :
intérêt mutuel des partenaires, principe d'égalité,
principe d'autonomie, principe de coopération et principe
d'évolution
> Cogestion : elle suppose un partage des tâches et
responsabilités de manière égale ;
> Fusion : elle représente le stade ultime.
-Des relations entre les ONG et le Gouvernement Régional
qui tendent plus vers le artenariat :
Le projet que nous avons suivi sur le terrain à Lomas
de Carabayllo a permis le rapprochement des 2 acteurs : l'ONG CIDAP et le
Gouvernement Régional de Callao, l'un et l'autre s'occupant ensemble de
la mise en application de la démarche participative.
Ces 2 acteurs ont travaillé ensemble et ont
coordonné leurs actions pour atteindre un but commun.
Au fur et à mesure, leurs relations ont
évolué vers un échange de connaissances. Il ne s'agissait
plus de travailler ensemble mais d'apprendre ensemble en échangeant son
savoir-faire.
Un membre du Gouvernement Régional raconte : « le
Gouvernement Régional avait un retard au niveau environnemental. Avec le
projet et plus particulièrement l'appui du CIDAP, le Gouvernement
Régional a appris beaucoup sur le problèmes environnementaux et
la démocratie participative ».
Ces 2 acteurs ont donc établi des relations de
proximité. Ils ont pris conscience de l'importance et des avantages
à travailler ensemble et, par ce projet, développer des relations
de confiance entre eux. Ils ont donc coopéré ensemble de
manière intensive et ont développé une certaine forme
d'autonomie par rapport aux autres organisations (gouvernement local,
population-bénéficiaire), où chaque acteur devient
responsable vis-à-vis de l'autre.
Ils projettent également d'étendre leur
participation commune à d'autres « asentamientos humanos ».
Les principes de base du partenariat définis plus haut
(intérêt mutuel des partenaires, principe d'égalité,
principe d'autonomie, principe de coopération et principe
d'évolution) s'illustrent donc dans cette forme de collaboration, ce qui
permet d'affirmer que leur collaboration, qui était de l'ordre de la
concertation, s'est transformée en partenariat supposant des relations
beaucoup plus proches.
Cependant, bien que leur méthodologie et leur
philosophie d'action s'avèrent efficace, on peut noter une
défaillance dans les procédures de suivi du projet. Il a
été décidé lors du projet de charger le
Comité de quartier du suivi et de la maintenance du projet. Cependant,
cette procédure est un échec et les visites sporadiques de ces 2
acteurs ne suffisent pas à améliorer la situation.
Il- A l'échelle locale, étude de projets
de réduction des
coûts et de la consommation inscrits dans une
démarche participative
II-1 Huachipa et Carabayllo, deux « asentamientos
humanos » distincts
Deux quartiers marginalisés, face à des
contraintes et des caractéristiques différentes. - Contraintes
géographiques
-Lomas de Carabayllo :
Lomas de Carabayllo appartient au district de Carabayllo.
Comme son nom l'indique (Lomas signifiant collines), ce village se situe sur
les hauteurs du district, dans un bosquet sec et aride. Le district de
Carabayllo appartient à la province de Lima. Il fait partie du
cône Nord d'urbanisation de la ville, et son expansion est
récente. Carabayllo se situe à une altitude de 238 mètres
au-dessus du niveau de la mer et s'étend approximativement sur 345 88
km2.
Lomas de Carabayllo est un secteur très aride,
situé sur un sol sablonneux et à flanc de cerros, dans une zone
à risque de tremblement de terres et d'éboulement de terrain.
Il existe des ressources souterraines en eau potable mais les
plus accessibles se trouvent dans d'autres quartiers de Carabayllo, la
situation de Lomas sur les hauteurs, rendant la nappe phréatique bien
trop profonde à cet endroit pour le forage de puits à moindre
coût.
Photo 24 : Lomas de Carabayllo :
Source : Auteur.
-Huachipa :
La municipalité de Huachipa se situe dans le
cône Est d'urbanisation de la capitale, dans le district de Ate-Vitarte.
A une altitude variant autour des milles mètres, cet «
asentamientos humanos» bénéficie d'un climat un peu
différent de celui du centre de Lima. En effet, contrairement au reste
de la ville, il dispose d'un ciel découvert et d'un climat
légèrement plus frais en raison de l'altitude. De plus, ce
secteur peut être considéré comme semi-urbain car on y
retrouve de nombreux jardins et d'immenses ladrillas (fabriques de briques en
terre). Dans ces ladrillas, sont souvent employés des enfants en dessous
de la limite légale d'âge pour travailler, en raison de leur poids
léger qui leur permet de se déplacer sur les briques encore
molles sans les abîmer. Ce travail juvénile illégal a
initialement entraîné le choix de ce quartier pour lancer un
programme d'éducation et de formation par l'ONG CESAL.
Photo 25 : Quartier de San Francisco à Huachipa :
Source : Auteur.
Dans la recherche de solutions pour l'accès à
l'eau potable, ce qui différencie grandement ces deux quartiers, c'est
la ressource aquifère sous-terraine. En effet, à Huachipa, les
ressources se
trouvent environ en moyenne de 50 à 80 mètres
sous la surface du sol, alors qu'à Lomas de Carabayllo la profondeur
atteint parfois 150 mètres.
- Du quartier spontané à la planification, deux
« asentamientos humanos » historiques :
Le schéma le plus classique de la création des
« asentamientos humanos » est celui des invasions massives autour de
Lima à la fin des années 40 et au début des années
50 et c'est celui de la constitution de Huachipa et Lomas de Carabayllo. Ces
invasions étaient soigneusement préparées, presque
planifiées, avec parfois la complicité d'étudiants et
ingénieurs pour établir la taille des parcelles, l'alignement des
rues et l'esquisse sommaire d'un plan masse. Une zone particulière
était choisie à l'avance parmi les terrains publics puis
l'invasion se produisait durant la nuit puisque le jour les forces de l'ordre
s'y seraient opposées. Le lendemain, les autorités ne peuvent que
constater le fait accompli, l'éviction ne pouvant se faire que dans un
bain de sang.
Le lot commun de toutes les zones d'habitats spontanés
est la pauvreté, le manque d'hygiène, un toit fragile, une
surpopulation, bref des conditions de vie extrêmement difficiles.
Néanmoins il me semble que l'on peut distinguer deux types de
regroupement d'habitats précaires. Le premier que l'on nommera taudis
est un lieu de décrépitude où les désoeuvrés
s'entassent sans une réelle conscience de groupe et sans beaucoup
d'espoir. La misère y est d'autant plus grande qu'un laisser-aller
règne partout.
Le deuxième type d'habitat précaire est
habité par une population qui a une conscience de groupe, qui a la
volonté de vivre et d'améliorer son quotidien. L'homme du
bidonville s'insère dans une certaine dynamique sociale, avec la
conscience d'appartenir à une culture, à un mouvement. Il sera
par conséquent bien plus facile d'intervenir dans un bidonville
plutôt que dans un taudis car la population peut fournir un engagement
bien plus important.
Ce qui différencie beaucoup les quartiers d'habitat
spontané de la ville, c'est qu'ils ne sont pas, ou peu, dotés
d'équipements et services urbains qui permettent à la ville
d'être un lieu confortable. Pas d'égout, pas de raccordement
à l'eau, pas d'électricité, pas de voie carrossable, pas
de ramassage d'ordures, pas de police, pas d'équipements sanitaires, pas
d'équipement éducatif, etc.... Ce sont pourtant des
équipements élémentaires.
L'eau est un des éléments les plus importants et
est évoqué dans tous les bidonvilles du monde. L'eau, c'est la
corvée de tous, femmes, hommes, enfants. Il faut souvent aller la
chercher à plusieurs
centaines de mètres à une fontaine où il
faut ensuite faire la queue. Ou bien dans certains endroits les habitants des
bidonvilles doivent payer leur eau et elle revient parfois deux fois plus
chère que pour les gens habitants les quartiers riches.
D'autre part, l'absence de mobilier urbain peut paraître
un détail mais c'est un signe très marquant du statut de
non-ville.
Ces carences font du bidonville un lieu inconfortable au
quotidien, et le rendent de jour en jour, de plus en plus insalubre. Les
barrières qui séparent le bidonville de la ville sont de
plusieurs types mais toutes participent à l'isolement des habitants des
bidonvilles.
On trouve tout d'abord des limites physiques telles qu'une
autoroute, une voie ferrée, une rivière ou même un mur.
Elles sont rendues d'autant plus pénalisantes par le fait qu'il n'existe
pas d'infrastructure permettant de les franchir. Il n'y a pas de ponts ni de
passerelles suffisamment nombreux pour permettre un lien entre bidonville et
ville. En fait, réseaux et infrastructures ne desservent pas le
bidonville, ce qui isole ce dernier de son environnement.
Les habitants des bidonvilles, qui doivent se rendre en ville
pour le travail, souffrent aussi d'un manque de transports en commun. En effet,
les zones d'habitat spontané sont toujours peu ou très mal
desservies, éloignant encore plus le bidonville des centres
d'activités. D'autre part, le bidonville est psychologiquement
écarté de la ville dans la mesure où il n'a pas du tout le
même langage qu'elle. Même s'il se situe contre la ville, il n'est
pas construit avec la même logique, le tissu urbain est extrêmement
différent, les équipements et le mobilier urbain sont
inexistants, il y a peu d'éclairage la nuit, etc. Le bidonville se
démarque visuellement, on sait immédiatement lorsqu'on s'y trouve
et ses frontières sont très nettes. La société qui
y vit ne peut donc que se sentir marginalisée, le bidonville
étant à la fois placé "loin" de la ville et
stigmatisé.
Selon Albert Camus, "la pauvreté devient une forteresse
sans pont-levis". Le bidonville, foyer de misère, est un exemple
frappant de cette forteresse repliée sur elle-même. Aux urbanistes
et architectes de savoir l'ouvrir en créant des ponts vers la ville, au
sens propre et au sens figuré. Comme beaucoup, il s'est tout d'abord
installé aux franges de la ville, sur des terrains vagues. Puis, il
s'est développé en suivant sa propre logique, c'est-à-dire
autour d'une voie piétonne centrale. De son côté la ville a
aussi grandi, elle a rejoint la zone d'habitat spontané et elle l'a
totalement cernée en
suivant elle aussi sa propre trame urbaine. Ni le bidonville,
ni la ville n'a tenu compte de l'autre. On a assisté à un
développement parallèle mais totalement séparé.
Les conséquences urbaines sont très nettes. Le
bidonville est devenu un îlot dans la ville et pourtant il semble
complètement hors de la ville. Le tissu urbain et le tissu du bidonville
se font face mais ne communiquent pas. La limite entre les deux est très
franche sur la photo et elle est totalement palpable sur le terrain. Le
bidonville est à l'image d'une île au coeur de la ville. Il ne
peut plus s'accroître, il est comme enkysté dans le tissu
urbain.
Le développement de cette ville est une caricature
d'une non intégration des zones d'habitats spontanés.
Plutôt que de tenter de faire participer les habitants des bidonvilles
à la ville et de leur faire profiter des équipements urbains, la
ville a grandi en niant le bidonville. Ce qui aurait pu être une richesse
urbaine, un quartier qui anime la ville (ainsi que sa trame), est resté
un ghetto de misère ostensiblement délaissé.
- Situation socio-économique actuelle
Ces deux quartiers souffrent de nombreuses difficultés
d'accès aux services d'eau et d'assainissement, de manque
d'infrastructures routières, de santé et d'éducation. Leur
position périphérique, parfois à plus de deux heures du
centre ville en combi, les isole de tout pôle de développement.
Sur le plan socio-économique, la population est en majorité sans
emploi et/ou exerce des emplois précaires et/ou informels. Cette
situation de sous-emploi et de chômage est cependant
atténuée à Huachipa grâce à l'existence de
l'exercice du maraîchage et de la fabrique des briques.
Le parc de logements est très dégradé,
situé sur des zones à haut risque (tsunamis, tremblement de
terre...). Les logements sont de type précaire, construits en bois et en
tôle.
Cette zone très défavorisée concentre une
grande part des problèmes que connaît l'agglomération de
Lima :
-Un manque cruel des services urbains de base :
Aucun accès aux services d'eau et d'assainissement,
les habitants ont recours au camion-citerne, service coûteux,
limité et de basse qualité. Il existe un commerce illégal
d'eau : les habitants achètent des bidons d'eau aux habitants de l'
« asentamiento humano » voisin doté de fontaines publiques.
Environnement:
-Manque d'attention aux problèmes de ramassage des
déchets (service de nettoyage déficitaire, manque de moyens
financiers de la population pour financer le service, faiblesse des
stratégies d'organisation et de participation sociale dans la gestion
des déchets, déficience dans la législation nationale,
provinciale, et du district au niveau opératoire comme de la gestion)
-Formation de points critiques d'amoncellement des ordures
-Manque de contrôle des établissements industriels
pour l'élimination des gaz toxiques -Absence de programmes massifs
d'éducation sanitaire
-Pollution de l'eau, l'air et du sol
Infrastructures:
-Déficience du réseau viaire: absence de routes
goudronnées, manque de contrôle dans l'usage du sol, peu de
transports publics
-Manque d'infrastructures concernant la santé: il
n'existe qu'un seul centre de santé dans tout le quartier.
-Manque d'infrastructures concernant l'éducation : peu
d'écoles
-Manque d'aires récréatives
-Manque d'infrastructures sportives
-Pas d'espaces verts
Logements:
-Déficience des normes de sécurité (zone
sismique) -Logements de type précaire: construction en bois et en
tôle -Occupation non-planifiée
-Absence de programmes de réhabilitation urbaine
Secteur économique:
-Manque de commerce
-Insalubrité du marché
-Manque d'activités économiques et de pôles
de développement -Fort taux de chômage
-Forte présence du secteur informel
Secteur social:
-Existence d'une grande pauvreté -Fort taux de
délinquance
-Présence de violence familiale
II-2 A la rencontre des projets alternatifs, les
techniques de réduction des coûts et de la consommation
Les deux ONG dont nous avons suivi le travail sur le terrain
ont développés 4 techniques principales de réduction des
couts et/ou de la consommation, que nous allons étudier ici. Grace
à l'observation de ces projets sur le terrain et à la collection
de témoignages recueillis nous allons ici essayer de voir quels en sont
les principaux avantages et les principaux inconvénients. Il s'agit des
techniques:
-de la construction de réservoirs de quartiers permettant
une connexion domiciliaire; --du système condominial ;
-des systèmes d'assainissement écologique;
-de la réutilisation des eaux pour l'irrigation.
Ces systèmes ont été employés sur
différentes phases de projet par le CESAL et le CIDAP, et parfois
combinés, c'est pourquoi nous allons donner systématiquement pour
chaque technique des exemples d'application que nous avons pu constater sur le
terrain qui correspondent à des périodes et des projets
différents des ONG.
Le CESAL est arrivé au début des années
1990 au Pérou dans le but d'implanter des projets de
développement sociaux et urbains. L'action a été
entreprise à Nieveria en raison de l'extrême pauvreté et de
l'abandon de cette partie du district de Huachipa, par les autorités.
Le CESAL est parti d'une constatation simple: l'eau
distribuée dans ce village est extrêmement chère et ne
répond pas aux critères de potabilité attendus. Devant ce
constat l'ONG a essayé de se mettre en relation avec la SEDAPAL et les
municipalités mais les problèmes d'ingérence politique et
le désintéressement de la compagnie des eaux pour ces quartiers
marginalisés n'ont pas permis d'entamer un début de projet
commun.
Il fallait donc chercher une alternative, afin de pallier le
manque d'eau.
Comme nous l'avons vu dans les spécificités
géographiques de ce district, Huachipa a la chance de
bénéficier de ressources souterraines en eau. Leur projet a donc
été d'utiliser cette eau
souterraine pour apporter de l'eau aux habitants dans le cadre
d'une administration autogérées par les riverains
A Lomas de Carabayllo, en raison de la profondeur de la
ressource souterraine en eau trop important, les projets n'ont pas
été tournés vers l'approvisionnement en eau à la
base mais plutôt vers la création de connexions domiciliaires et
l'accès à l'assainissement, ainsi que vers le traitement et la
réutilisation des eaux usées.
-La construction de réservoirs de quartier permettant une
connexion domiciliaire ou par bornes fontaines :
Il s'agit avec ce type de projet de permettre une connexion
domiciliaire aux habitants des « asentamientos humanos », afin de
remplacer le système de livraison par les camions-citernes. Cette
technique est la principale employée par le CI DAP et c'est celle qu'il
nous a été donné de découvrir sur le terrain
à Lomas de Carabayllo. Il s'agit dans cette zone ou le forage de puit
est difficile (cf. . I-2 Contraintes géographiques) en raison de la
profondeur de la nappe phréatique, d'acheminer de l'eau depuis d'autres
forages pour la collecter dans de grands réservoirs
bétonnés de 50 mètres cubes, puis de la redistribuer aux
habitants soit de manière individuelle grâce à un
système en réseau de connexions domiciliaires, soit à
l'aide de bornes fontaine qui assurent l'eau pour une portion donnée de
population (en général 10 habitations).
Photo 26 : Réservoir de quartier à Lomas de
Carabayllo :
Source : Auteur.
Ce système a un double avantage. Il permet tout
d'abord une réduction du coût de l'eau en évitant de passer
par les entreprises privées de camions-citernes qui font des marges
considérables sur le prix des cylindres d'eau livrés (cf.
Première partie, -Le prix des entrepreneurs privés de l'eau).
De
plus, ce système permet d'éviter les pertes
importantes en eau dues aux nombreux transferts des camions-citernes aux
usagers.
Il concerne les quartiers de Los Topacios, Los Jardines et La
Huerta, sur la commune de Nieveria et a débuté en 2001. Ce projet
a été financé par la communauté de Madrid, en
étroit partenariat avec le CESAL. L'encadrement de toute la partie
technique a été réalisé avec l'aide
d'ingénieurs de l'ONG CENCA, et les travaux ont été
réalisés par les habitants. « Toute la maind'oeuvre venait
de la communauté », témoigne Sara Flores, coordinatrice du
projet au CESAL. Afin d'assurer la pérennité du projet par la
population, un Comité d'Ouvre (Comité de Obra), a
été nommé, comprenant une dizaine de membres volontaires
de la communauté. Ces membres ont été formés sur
l'aspect technique par le CENCA pour toutes les questions de maintenance, et
par le CESAL sur les mesures de gestion et de fonctionnement du
comité.
De plus, récemment une dernière étape
à laquelle nous avons assisté, a consisté en un projet
d'approvisionnement en eau pour les quartiers de Las Flores, Nuevo Paraiso et
San Francisco. L'inauguration a eu lieu en mars 2007 en ce qui concerne Las
Flores et Nuevo Paraiso, et il reste en cours de réalisation à
San Francisco.
Photo 27 : A San Francisco, première phase du projet
de construction de réseau
domiciliaire :
Source : Auteur.
Ce projet est toujours financé grâce à
l'appui de l'Espagne, cette fois à l'aide des fonds offerts par la
Generalitat Valenciana. En plus de la réalisation d'un puit tubulaire et
d'un réservoir élevé permettant de donner de l'impulsion
au système, ce projet implique aussi des travaux plus théoriques
de renforcement de la gestion communautaire et de l'éducation à
l'hygiène. Il permet une extraction d'eau de 25 mètres cubes par
jours. L'approvisionnement est réalisé à l'aide de
canalisations qui apportent l'eau à un réseau de bornes fontaines
publiques. Chaque borne fontaine permet l'approvisionnement en eau de 10
habitations familiales.
-Le système condominial
Dans un système dit " condominial ", un réseau
local relié au réseau principal par un branchement collectif
permet de desservir tout un îlot d'habitations. Cette technique permet
non seulement de réduire le diamètre et la quantité des
canalisations, mais aussi la profondeur des tranchées. De plus, les
usagers doivent assurer l'entretien des installations.
Photo 28 et 29 : Système condominial et station de
traitement à Huachipa :
Source : Auteur.
Quels sont les avantages du système condominial ?
- Économie jusqu'à 50% dans le coût total du
projet, en comparaison avec le système conventionnel ;
- Diminution du temps de construction jusqu'à 60% ;
- Diminution du nombre des inspections ;
- Réduction des coûts par connexion domiciliaire
(tuyauteries enterrées à de plus petites profondeurs et de
longueur plus réduite) ;
- De plus, ce système promeut la participation et
l'intégration communautaire. Il exige une main d'oeuvre moins experte,
ce qui rend propice la génération d'emploi à
l'intérieur de la Communauté.
Schéma 3: Economie en matière de canalisation,
la comparaison d'un système classique de réseau d'égouts
avec le système condominial :
Tracé d'un système classique de réseau
d'égouts :
Tracé d'un système condominial :
Source : Auteur, d'après des croquis du CIDAP.
Coût approximatif d'un système CONDOMINIAL par
habitant: 55 - 75 USS.
Coût approximatif d'un système CONVENTIONNEL par
habitant: 88 - 188 USS.
-Quels sont les inconvénients du système
condominial?
- Exigence de travaux préliminaires et permanents
Éducation sanitaire.
- Assistance sociale pour la formation de la
Communauté dans le processus constructif, de l'opération et du
maintien de ses égouts condominiaux. (Cependant, selon les ONG
consultés, cela ne devrait pas être inclus comme un
inconvénient à leur charge, mais comme une obligation du
Gouvernement).
-Principales Innovations Effectuées:
La conception des canalisations condominiales est
techniquement différente de celle de canalisations communes. Elle
implique la modification du paramètre de base des dimensions
hydrauliques, vitesse minimale, par la tension tractive. Selon des recherches
effectuées, la tension tractive de 1 Pa (Pascal) ou 1 N/m2
peut décaler des particules suspendues dans les ponceaux de
jusqu'à 1.5 mm de diamètre. Le critère de tension tractive
permet la réduction des excavations dans des collecteurs construits dans
des terrains plats avec des particules en suspens et des diamètres plus
petits, ce qui est un inconvénient du point de vue du maintien, lequel
devra être effectué avec des soins spéciaux ou des
équipements totalement manuels. Ce facteur est extrêmement
important car l'excavation est le facteur qui contribue le plus au coût
des égouts.
La troisième phase du projet du CESAL, consistait
à la création d'un système d'assainissement condominial
pour les quartiers de Los Jardines et de La huerta à Nieveria. Ce
système a été inauguré en avril 2005 et concerne
l'assainissement de 96 familles. Encore une fois l'implantation de ce
système a été réalisée grâce à
la main d'oeuvre non qualifiée issue de la population et à l'aide
d'ingénieurs qui ont mis en pratique le modèle brésilien.
Ce système fonctionne au moyen d'un réseau principal de
canalisations qui fonctionnent selon le principe condominial, d'une usine de
traitement et d'un réservoir élevé.
Plus petites et enterrées à une profondeur de
70 à 80 centimètres seulement, les canalisations sont
rationnellement utilisées et donc moins nombreuses et plus petites, ce
qui permet de baisser considérablement les coûts d'installation et
d'entretien. L'usine de traitement est composée d'un système qui
permet de séparer les résidus solides et les eaux usées,
celles-ci passant ensuite dans une lagune de décantation qui permet de
récolter une eau décontaminée. Au final, cette eau est
réutilisée dans l'irrigation des champs environnants.
-Les systèmes d'assainissement écologiques :
-L'ECODESS1
Il est défini comme un Système de Gestion
Intégrale d'Assainissement soutenable, c'est-à-dire que c'est un
système d'assainissement qui se veut écologique car il permet une
réduction de la consommation en eau, un traitement de l'eau et
production de fertilisant naturel. Ce système a été
crée et appliqué par l'Institut de Développement Urbain
CENCA depuis 1998. A l'intérieur de ce système on trouve
l'invention des toilettes sèches, créée par le Dr. Nguyen
Dang Duc, qui utilisent des compartiments séparés pour les urines
et les excréments. Ce système a été utilisé
par le CESAL en partenariat avec CENCA.
Photo 30, 31 et 32 : Système de toilettes
sèches avec permettant la séparation des eaux
sales et des excréments solide, et consignes
d'utilisation :
Source : Auteur.
Sur un plan technique, le systèmes d'assainissement
écologique comporte la construction de toilettes sèches qui
permettent de séparer les excréments solides des
excréments liquides afin de réutiliser les excréments
solides compacté comme fertilisant pour les jardins, et de traiter les
eaux usées grâce à un double système de traitement
réalisée dans l'enceinte de chaque domicile.
L'intérêt principal de ces toilettes sèches est qu'elles
permettent d'économiser jusqu'à 50% d'eau en plus car elle ne
comporte pas de système de chasse d'eau, et de permettre une
décontamination de l'eau a la sortie du domicile.
La deuxième phase de projet du CESAL consistait en
l'installation d'un système d'assainissement écologique et
à la connexion domiciliaire à l'eau courante pour les habitants
du
1 Cf. Table des abréviations : (Ecology and
Development with Sustainable Sanitation): Système de gestion
intégrale d'assainissement durable, développé par
CENCA.
secteur des Topacios. Il a été inauguré
en décembre 2003 et concerne 44 familles. La réalisation du
projet a suivi les mêmes principes de participation de la population
volontaire que lors de la première phase.
Sur un plan technique, le système d'assainissement
écologique comporte la construction de toilettes sèches qui
permettent de séparer les excréments solides des
excréments liquides afin de réutiliser les excréments
solides compactés comme fertilisant pour les jardins, et de traiter les
eaux usées grâce à un double système de traitement
réalisé dans l'enceinte de chaque domicile.
L'intérêt principal de ces toilettes
sèches est qu'elles permettent d'économiser jusqu'à 50%
d'eau en plus car elle ne comporte pas de système de chasse d'eau, et de
permettre une décontamination de l'eau à la sortie du
domicile.
Schéma 4 et 5 : Système de toilettes
sèches combinées à la technique de la
phytorestauration, utilisé à Los Topacios,
Huachipa :
Sources : CESAL.
« Ces toilettes sont dites écologiques car,
premièrement elles ne contaminent pas l'environnement. Les eaux
usées provenant de la douche et des lavabos ainsi que du compartiment
des toilettes réservé à l'urine, se rejoignent par un
système de canalisation et passent dans un système de traitement
par filtre puis dans un second système de traitement par les plantes
où se termine la purification. Apres cela, ces eaux permettent
l'irrigation d'un parc, d'un terrain de football, et peuvent librement
retourner au canal d'irrigation ou à la nappe phréatique sans
risques aucun » affirme l'Ingénieur Hercilia Antuñez de
Mayolo, responsable de l'exécution des oeuvres sur ce projet, et
appartenant à l'ONG CENCA.
-La phytorestauration :
Soutenue par plusieurs grands programmes de recherche
à travers le monde depuis les années 90, la phytorestauration (ou
phytorémediation) est l'ensemble des technologies qui utilisent les
plantes comme principal agent de traitement des pollutions.
La phytorestauration vise à préserver les
ressources essentielles que sont l'eau, les sols et l'air
mais aussi la valeur sociale, économique,
écologique et paysagère des sites
traités. Testée sur des cas de plus en plus difficiles (sols
contaminés aux métaux lourds ou aux
déchets radioactifs), la phytorestauration progresse chaque jour en
termes d'efficacité et de traitement paysager.
Les technologies de phytorestauration sont rentables
économiquement dans leur construction et leur utilisation. Il s'agit de
solutions durables puisqu'elles permettent de faire disparaître la
pollution d'un environnement, voire même d'en renouveler les
ressources.
Elles sont bénéfiques pour la santé de
l'homme et la préservation de l'environnement car elles éliminent
la biodisponibilité des polluants.
Elles sont plus esthétiques que les solutions
industrielles traditionnelles:
elles se concrétisent par des espaces jardinés et
bénéficient du soutien des populations.
Photo 33 et 34 : Plante de Phytorestauration à
différents niveaux de croissance, utilisées
dans le secteur de Los Topacios, à Huachipa :
Source : Auteur.
Cette technique a été utilisée par le
CESAL en combinaison avec le système ECOSAN lors de la seconde phase de
leurs projets à Huachipa, dans le secteur de Los Topacios, en 2003. Ce
projet a utilisé la technique de la phytorestauration et combinaison
avec le système d'assainissement par toilettes sèche ECOSAN (Cf.
Les systèmes d'assainissement écologiques).
Ici, cette technique est facilement observable puisqu'elle
consiste à créer un espace long d'environ deux mètres sur
80 centimètre de largeur, le long de la façade de l'habitation,
qui sera entièrement planté de roseaux propres à
l'assainissement de l'eau (Cf. Photo).
II-3 L'utilisation de la démarche participative
dans les projets de développement
-Qu'est ce que la démarche participative ?
La démocratie participative se définit comme
l'implication des habitants dans les processus de préparation, de
conception et de réalisation d'un projet urbain. Cependant,
intégrer un nouvel acteur dans les prises de décision
nécessite une réflexion sur l'articulation entre les
idées, les avis et les actions des différents protagonistes, afin
de garantir la cohérence des actions. Cette notion concerne donc
à la fois la participation des habitants mais également la
coordination des acteurs. Actuellement, la gestion des projets urbains est
impensable sans une démarche participative alliant organisations
privées, publiques et population. Selon, Guy BESSETTE1, la
communication participative est un outil de travail efficace qui peut faciliter
les processus de développement communautaire et de recherche pour le
développement. Elle vise à faciliter la participation de la
communauté à leu propres initiatives de développement
grâce à l'utilisation de diverses stratégies de
communication.
Elle permet aux habitants de se sensibiliser aux
problèmes urbains, d'acquérir des compétences et aux
acteurs - initiateurs du projet de communiquer avec les autres acteurs et de
coordonner leurs actions.
Elle se compose d'une multitude d'enjeux qu'il est utile de
présenter avant de poursuivre la recherche :
-Enjeux de la démocratie participative :
> Démocratie participative et gestion des conflits :
impliquer les habitants dans
l'aménagement du territoire permet souvent de
gérer des conflits pouvant exister entre divers groupes, associations,
habitants. L'utilisation de la démarche participative a contribué
à la diminution les tensions entre les individus.
Cependant, elle peut également créer d'autres
désaccords jusque là inexistants qu'il s'agit de
régler.
1 BESSETTE, Guy, 2004, Communication et participation
communautaire, Guide pratique de communication participative pour le
développement, Laval : Les Presses de l'Université Laval, centre
de recherche pour le développement international, 131 pages.
> Démocratie participative et coordination des
actions : la démocratie participative suppose la coordination des
interventions entre une multitude d'acteurs. Parfois, les actions et les
compétences se superposent et s'enchevêtrent. Une bonne
définition des compétences est donc nécessaire pour mener
à bien le projet.
> Démocratie participative et implication des
citoyens : L'implication des citoyens est le point clef de la démocratie
participative. Le citoyen n'est plus considéré comme un agent,
déterminé par des structures supérieures mais comme acteur
de la ville, de son propre développement. Il faut savoir comment
l'impliquer et quel degré donner à son intervention. En effet,
dans un projet, on peut choisir seulement d'informer la population, la
sensibiliser, la consulter ou encore de la faire participer pleinement.
Photo 35 : Comité d'oeuvre de Las Flores à
Huachipa, lors d'une séance de formation à la gestion :
Source : Auteur.
> Démocratie participative et capital social : La
démocratie participative permet souvent d'augmenter
considérablement le capital social de chacun des acteurs. Le «
capital social » s'appuie sur l'existence de relations sociales qui
permettent d'obtenir, individuellement ou collectivement des
bénéfices importants. L'interaction d'un grand nombre d'acteurs
lors des projets urbains permet à chaque acteur d'accroître son
volume de connaissances relationnelles.
> Démocratie participative et élus: La
démocratie participative devient un enjeu
primordial pour les élus car elle leur permet
d'accroître leur visibilité auprès des citoyens. Elle
participe fortement au rapprochement des élus avec les citoyens. Elle
accompagne toutes les actions des collectivités locales et a pour but
d'améliorer les relations entre ces 2 acteurs. Cependant, elle se
traduit généralement, et comme on va le voir plus loin par une
perte de légitimité des représentants d'institutions
publiques.
> Démocratie participative et ONG: Les ONG se montrent
souvent beaucoup
plus compétentes pour mettre en marche une
démarche participative dans les projets de développement. Cela
est un avantage des ONG par rapport aux institutions publiques. En outre, ces 2
acteurs n'ont pas les mêmes enjeux territoriaux, la position neutre des
ONG facilite la communication avec la population contrairement aux élus
qui se heurtent à des problématiques plus politisées.
> Démocratie participative et la notion de temps:
Mettre en place une démarche
participative demande du temps. Elle nécessite une
certaine disponibilité des habitants et des acteurs, ce qui n'est pas
toujours facile. Le succès de ce genre de projet est du en partie
à la grande disponibilité de la population, en particulier des
femmes.
En outre, il est plus aisé d'impliquer les populations
dans les projets à court terme où le résultat est
rapidement et concrètement observable que sur des projets à long
terme dont les effets sont diffus et complexes.
> Démocratie participative et échelle
territoriale: Il existe une corrélation entre les
échelles spatiales et temporelles. De manière
générale, le niveau d'implication du public dans les projets,
programmes ou politiques dépend de l'échelle territoriale
à laquelle ils se situent. Sur les projets régionaux, les
pratiques dépassent rarement l'information du public, tandis qu'au
niveau de leur quartier, la participation active des habitants n'est pas si
rare.
> Démocratie participative et « bonne gouvernance
»: La démocratie
participative est le fondement même de la « bonne
gouvernance » des villes. Cette notion se base sur l'idée centrale
que la ville ne doit plus être gérée par une
communauté d'experts mais par l'interaction de ces experts avec la
société civile. En effet, l'implication des habitants et
l'intervention d'une multitude d'acteurs permettent un plus grand
contrôle des décisions politiques. Elle limite les abus politique
et la gestion clientéliste de beaucoup des
gouvernements locaux. La société civile devient
alors un nouveau partenaire de développement. En réalité,
la « bonne gouvernance » des villes est difficilement applicable au
concret. Elle doit être considérée comme un idéal
autour duquel toutes les actions et décisions doivent converger. Elle
assure la durabilité d'une action et/ou d'un projet.
-Etude de l'impact de la stratégie participative dans
l'élaboration d'un projet:
Elle concerne les quartiers de Los Topacios, Los Jardines et
La Huerta, sur la commune de Nieveria et a débuté en 2001. Ce
projet a été financé par la communauté de Madrid,
en étroit partenariat avec le CESAL. Il a consisté à la
construction d'un puit tubulaire de 70 mètres de profondeur et d'un
réservoir élevé de 50 mètres cubes. L'encadrement
de toute la partie technique a été réalisé avec
l'aide d'ingénieurs de l'ONG CENCA, et les travaux ont été
réalisés par les habitants. « Toute la main-d'oeuvre venait
de la communauté », témoigne Sara Flores, coordinatrice du
projet au CESAL. Afin d'assurer la pérennité du projet par la
population, un Comité d'Ouvre (Comité de Obra), a
été nommé, comprenant une dizaine de membres volontaires
de la communauté. Ces membres ont été formés sur
l'aspect technique par le CENCA pour toutes les questions de maintenance, et
par le CESAL sur les mesures de gestion et de fonctionnement du
comité.
-Démocratie participative au service du
développement durable :
La durabilité est une composante importante de la
définition de développement participatif. Une gestion
concertée et transparente d'une ville et/ou d'un projet urbain permet la
pérennisation de l'équipement mis en en place et la
reproductibilité du projet.
Dans le contexte du développement participatif, la
durabilité n'implique pas qu'une activité donnée puisse
être poursuivie indéfiniment sans changement. Au contraire, elle
signifie que des populations (individus ou groupes) atteignent un stade
d'indépendance qui leur permet de poursuivre leurs activités
courantes et d'affronter les changements avec une autonomie relativement
grande.
La durabilité nécessite donc des ressources, du
savoir-faire, des qualifications, une certaine façon d'envisager
l'avenir, de la confiance en soi et la possibilité de favoriser des
relations sociopolitiques et économiques.
Ces objectifs sont au coeur du travail de terrain à la
fois du CIDAP à Lomas de Carabayllo et du CESAL à Huachipa, et
c'est en cela que l'on peut dire que leur démarche d'action est au
service d'un
développement durable, dans le sens ou les projets ont
été totalement appropriés par les habitants, de la prise
de décision à la maintenance, dans un respect de leur
environnement et de leurs culture.
III- D'autres projets définitifs d'accès
à l'eau à l'échelle
nationale et internationale
III-1 Stratégies mondiales d'accès à
l'eau en milieu aride et hypothèses d'application au Pérou :
Afin de pallier la déficience en eau de la capitale
liméenne et résoudre les pénuries, différentes
techniques, qui ont été expérimentées à
travers le monde, ont été évoquées par des
chercheurs. Nous allons ici voir à travers l'étude de quatre
exemples si ces techniques sont concrètement applicables à la
situation de Lima.
-Dessaler la mer, un projet ambitieux qui ne cadre pas avec les
réalités économiques du
ays :
C'est une réalité dans les pays qui ont les
moyens de s'offrir cette technologie (Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis,
Israël). Plus de 12500 unités produisent 1% de l'eau
consommée dans le monde. Le procédé thermique, gourmand en
électricité, a la faveur des pays riches.
Mais une autre méthode, par filtration, deux fois moins
coûteuse, est possible. Elle rend le dessalement envisageable par des
pays moins aisés comme l'Algérie, ou plusieurs usines sont en
construction. Mais transformer l'eau de mer en eau douce reste une
opération coûteuse : environ trois fois plus cher (0,8 euros par
mètres cubes) que de la puiser dans des nappes souterraines ou de la
capter dan des rivières.
En dépit du coût de production, la publication
britannique Global Water Intelligence prévoit un doublement des
capacités de dessalement au cours des dix années à venir
(de 30 à 60 millions de mètres cubes par jours). Sur les soixante
dix villes de plus de 1 million d'habitants situées en bord de mer ne
disposant pas de suffisamment de ressource, Lima entrant dans cette
catégorie, 42 sont susceptibles d'accueillir des installations de ce
type.
Cependant au Pérou ce projet reste utopique devant
l'importance de la dette internationale et les facteurs de crise
économique du pays, elle est donc pour le moment à écarter
radicalement dans la liste des solutions pour subvenir aux besoins en eau de la
capitale.
-Capter les brumes et la rosée :
Cette technique a été inaugurée dans les
années 1970 au Chili, l'une des régions les plus arides du monde.
Elle consiste à tendre des filets en polypropylène entre deux
poteaux. La nuit, les gouttelettes de brouillard, poussées par le vent,
se prennent dans les mailles, tombent dans des gouttières et alimentent
un réservoir. La technique, valable dans des conditions climatiques
particulières, s'est développée à Hawaï, aux
îles Canaries, en Croatie, et des projets existent aussi au Pérou.
Un rapport de projet de 1982 existe concernant la zone côtière du
Pérou, validé par l'UNESCO1. Cependant elle est encore
très peu développée au Pérou, et pas encore dans la
Métropole liméenne et nous n'avons pu, de ce fait en mesurer sur
le terrain les touts et inconvénients.
-Faire tomber la pluie :
Dans d'autres pays (Chine, Grèce, Israël, Maroc),
on a apprit à faire tomber artificiellement la pluie. Les
météorologues repèrent les nuages au radar, envoient des
avions qui libèrent des vapeurs d'iodure d'argent, faisant condenser les
goûtes et pleuvoir la ou le besoin se fait sentir. Cependant, ce
procédé est coûteux et très peu écologique.
Il n'est donc pas non plus adaptable aux réalités
péruviennes.
-Remorquer l'eau :
Certaines résidences de tourisme de la côte
chypriote sont approvisionnées par voie maritime. Capté en
Turquie, l'eau douce est conditionnée dans d'immenses poches de
plastique et acheminée par bateau. L'idée de remorquer des
icebergs de l'Arctique à l'Arabie Saoudite, évoquée dans
les années soixante, n'a jamais été mise en pratique : le
glaçon aurait perdu 20% de son volume au cours du voyage. Encore une
fois, dans le cas du Pérou, ce système se révèle
plutôt anecdotique en raison des coûts qu'un tel projet
impliquerait ainsi que des réalités climatiques actuelles de
réchauffement de la planète, entraînant la fonte des
glaciers.
1
BELAUNDE SUAREZ, Manuel, VALVERDE TORRES, Alfonso, 1982, Proyecto
Especifico binacional « Aprovechamiento de las nieblas costeras
(camanchacas) en las zonas aridas del pacifico sur », Lima : Universidad
Nacional Federico Villareal, Proyecto Pasamayo, UNESCO/ROSTLAC, 35 pages.
Cette fonte s'observe aujourd'hui dans les Andes et elle est
un enjeu important, car on parle de récupération de l'eau issue
de cette fonte, ce qui pourrait orienter les développeurs vers des
projets techniques plus crédibles.
III-2 L'exemple de la révolution hydraulique en
Espagne : un exemple à suivre ?
L'Espagne a longtemps été
considérée comme un extrême Sud dans l'imaginaire
européen, fréquemment comparée à un " morceau
d'Afrique " et en tant que telle en proie à des difficultés
économiques spécifiques que l'on analyse, au cours du XIXe
siècle, comme la conséquence de l'ingratitude de la
géographie espagnole. La représentation dominante du territoire
espagnol est alors celle d'un " mauvais pays " caractérisé par
des sols globalement peu fertiles et un climat semi-aride. La réflexion
sur les causes de la crise espagnole débouche sur la formulation d'une
série de solutions qui toutes s'accordent à considérer la
maîtrise de la nature comme une priorité et font de l'État
le promoteur d'une politique active de mise en valeur des ressources
nationales1.
Géologue et paléontologue, l'ingénieur
des mines Lucas Mallada, dans un livre devenu célèbre Les maux de
la patrie et la future révolution espagnole (1890)2, est l'un
des premiers à envisager des mesures en faveur de la " renaissance " de
son pays. Il attribue la responsabilité de l'intense vague
d'émigration que connaît l'Espagne à la pauvreté des
sols ibériques et à l'inégale distribution des ressources
en eau. Cette émigration tant intérieure (vers les foyers
catalans et basques) qu'extérieure (vers la France, l'Amérique
latine ou l'Afrique du nord) d'une partie de la population rurale contrainte
à l'exode par la misère faute de pouvoir tirer de l'agriculture
sa subsistance est clairement associée à l'indigence des
ressources du milieu.
À la suite de ce constat particulièrement
négatif, Lucas Mallada propose quelques lignes d'action en faveur de la
" régénération " d'une agriculture handicapée par
des conditions naturelles extrêmement défavorables
(pauvreté des sols accentuée par le " déboisement des
montagnes ", sécheresse et autres " fléaux naturels "). Ses
propositions se veulent générales, applicables à
l'ensemble du territoire national et centrées principalement sur une
réorientation administrative (une " réorganisation
générale de tous les services de l'État ") assortie d'une
réduction de la fiscalité.
Plus tard, au début du 2Oème siècle,
d'autres géographes et politiques commence à défendre la
mise
1 CLARIMONT, Sylvie, 2001, L'aménagement hydraulique au
service de l'Espagne (XIXe -XXe siècle), intervention lors du
126ème Congrès national des sociétés
historiques et scientifiques, Terres et Hommes du Sud, Thème 1 :
Paysages, peuplement et habitat, Milieu naturel, Toulouse.
2 MALLADA, Lucas, 1890, Les maux de la patrie et la
future révolution espagnole, Paris : bibliothèque nationale.
en oeuvre par l'État d'une politique hydraulique
destinée à rééquilibrer, moderniser et
démocratiser l'agriculture et, à travers elle, l'ensemble de la
nation. Soucieux de " refaire rapidement la géographie de la patrie
1" grâce à la maîtrise de l'eau, on jette alors les
bases d'une géographie volontariste qui ne se cantonne pas à
l'observation des phénomènes mais s'oriente résolument
vers l'action.
Sont alors formulés les fondements d'une politique
hydraulique volontariste, prise en charge par l'État et d'une
remarquable continuité en dépit des changements de régime
parfois brutaux que connaît l'Espagne contemporaine. La
réalisation des infrastructures hydrauliques s'inscrit désormais
dans un schéma de pensée qui associe étroitement
maîtrise de l'eau et développement économique.
« Longtemps consensuelle, une telle façon de
concevoir l'aménagement hydraulique est désormais au centre d'une
vive polémique relative au devenir des espaces irrigués dans une
Europe "surproductrice "que nous présenterons succinctement, l'objet de
notre propos étant surtout de souligner l'originalité de
l'interventionnisme étatique dans le domaine hydraulique en Espagne et
son caractère précurseur par rapport à la France voisine.
De fréquentes comparaisons seront établies entre Espagne et
France où existe également une longue tradition dans le domaine
hydraulique mais où l'intervention de l'État en faveur de
l'irrigation a semble-t-il été moindre, plus ponctuelle, plus
tardive aussi. »2
La gestion de la demande suppose également des
innovations tarifaires qui, d'ailleurs, servent également à la
politique de l'offre. En effet, l'absence de tarifs clairement établis,
ne facilite pas le financement de l'entretien des anciennes installations et
des nouvelles, qui ne peut pas pour autant être déserté par
les systèmes d'aide publique internationaux. La tarification peut
apporter des ressources supplémentaires pour financer ces travaux tout
en induisant des comportements économes chez les utilisateurs.
Cependant se pose là la question fondamentale du droit
d'accès à l'eau qui oblige à tenir compte d'objectifs
sociaux dans les calculs tarifaires. Dans le secteur agricole, pour lequel le
gisement d'économie d'eau est le plus évident, la politique de
tarification ne peut s'exonérer du fait que nombre de paysans pauvres du
Sud et de l'Est de la Méditerranée, voient leur salut dans
l'agriculture irriguée. Quant à l'eau potable, elle est
évidemment un bien vital dont la tarification ne peut pas empêcher
l'accès. Toutefois, des systèmes de tarification par paliers de
consommation peuvent être une réponse.
1 CLARIMONT, Sylvie, 2001, L'aménagement hydraulique au
service de l'Espagne (XIXe-XXe siècle), intervention lors du
126ème Congrès national des sociétés
historiques et scientifiques, Terres et Hommes du Sud, Thème 1 :
Paysages, peuplement et habitat, Milieu naturel, Toulouse.
2
Idem.
Outre les évolutions politiques, techniques et
tarifaires, si on continue à explorer le modèle espagnol, la
nouvelle révolution hydraulique doit être également
sous-tendue par des changements institutionnels et juridiques. A ce propos, il
apparaît évident que les réglementations souvent venues de
très loin dans l'histoire doivent être mises à jour afin de
préserver une ressource menacée.
Du point de vue institutionnel, la réorganisation du
« pouvoir hydraulique » est également au coeur de la gestion
de la demande. Les solutions globales tant en terme de gestion de l'offre que
de la demande ne semblent plus permettre une durabilité des
systèmes. Ainsi à l'heure actuelle, une certain
ré-échelonnage du pouvoir décisionnel tend à se
mettre en place, avec la mise en place d'unités de gestion à
l'échelle d'un bassin ou d'une nappe, ainsi qu'avec la promotion des
associations d'usagers.
Ainsi, la prise de conscience et la mise en oeuvre de
pratiques de régulation locale par les acteurs de terrain semble une
voie à privilégier tant les situations peuvent être
diverses.
IV Conclusion partielle
Devant la situation que l'on pourrait qualifier d' «
apartheid hydrique », des asentamientos humanos »de Lima, les
autorités publiques sont quasi invisibles et inopérantes.
Pour accéder à un accès à l'eau,
les habitants de ces périphéries n'ont pas d'autre choix que de
se tourner vers des entrepreneurs privés, parmi les seuls à
pénétrer sur les routes délabrées menant aux
quartiers périphériques, comme les compagnies privés de
camions-citernes, qui profitent de leur statut privilégié pour
hausser toujours plus leurs tarifs dans des conditions de salubrité qui
ne se soumettent pas aux réglementations sanitaires.
Devant l'absence du pouvoir public ce sont aujourd'hui deux
acteurs majoritaires qui tentent de contrer ces phénomènes
créateurs d'inégalité : les habitants eux-mêmes,
réunis en collectifs et comités e quartiers, et les ONG et
associations.
Pour résoudre, le problème de l'accès
à l'eau à l'échelle locale, ces acteurs se fondent sur un
maillage participatif, et gèrent les projets de la conception à
la maintenance. Ainsi, totalement ancré dans un processus de
démocratie participative, ces projets sont soutenables et valide dans
des échelles de temps très longues, en accord avec les
caractéristiques sociaux-économiques de ces populations.
A plus petite échelle, sur le plan national, il existe
également des plan de développement qui pourrait être
appliques, à l'image de la révolution hydrique espagnole, en
faisant de l'accès à l'eau une politique national et en
investissant le budget de l'Etat vers cette voie.
Il n'y a pas une, mais des réponses au problème
de l'accès à l'eau dans un pays à Lima.
Grace à cette analyse de projets a plusieurs
échelles spatiales et directives, il s'avère évident que
les efforts futurs ne doivent négliger aucune pistes, en allant vers une
concertation et une coopération des politique privées et
publiques existantes.
CONCLUSION GENERALE
La problématique de l'eau dans les pays en
développement est aujourd'hui celle des échecs des politiques et
du manque de concertation entre secteur privé, secteurs public et
population, à la recherche d'un projet commun.
Nous avons ici essayé de faire un état des lieux
de la situation actuelle de l'accès à l'eau à Lima, afin
de comprendre quels étaient les facteurs qui étaient responsables
aujourd'hui d'une distribution inégalitaire des ressources et quelles
étaient les solutions envisagés pour contribuer à un
accès à « l'or bleu » pour tous.
A Lima, nous avons pu analyser que les bases du
problème hydrique résultaient d'un contexte d'aridité,
doublé d'un accroissement démesuré de la population ne
permettant pas d'assurer dans les conditions actuelles un accès à
l'eau potable pour tous. De plus cette situation qu'on pourrait qualifier de
« stress hydrique », doublée du poids démographique et
des conséquences sanitaires qui entourent les « asentamientos
humanos », pèse sur l'environnement de la capitale, mettant en
danger de contamination les ressources existantes.
Il est donc urgent de trouver des solutions permettant un
accès à l'eau inscrit dans un processus de développement
durable.
A partir de cette situation intervient l'Etat, au travers de
l'entreprise d'eau de la métropole, la SEDAPAL, qui malgré des
projets d'approvisionnement existants, ne peut les réaliser, par faute
d'une réelle possibilité et volonté d'investissement
budgétaire dans ce domaine.
La dette nationale du Pérou est importante et sa
côte de crédit est faible dans le système financier
international. Le niveau d'investissements requis pour exploiter de nouvelles
sources d'eau n'est sans doute pas réalisable dans un avenir
prévisible. Par conséquent, la solution immédiate au
problème doit comporter une meilleure gestion et la protection des
bassins du Rímac et du Chillón ainsi que de l'aquifère de
Lima, la réutilisation des eaux usées (du moins aux fins de
l'irrigation et de l'industrie) et un effort de rénovation du
réseau de distribution pour limiter les pertes d'eau.
A travers l'étude de différents projets
alternatifs, nous avons pu constater qu'il suffit parfois d'installations
simples et peu couteuses pour utiliser dans de bonnes conditions toute l'eau
potentiellement disponible. Mais on peut également, en certains cas,
être amené à envisager la réalisation d'ouvrages
plus importants, plus complexes et plus chers, tels que les projets de
détournement de lagunes andine envisagés par la SEDAPAL, que nous
avons pu détailler dans notre deuxième partie.
S'il est établi, en effet, que, dès les
civilisations les plus anciennes, l'homme s'est efforcé de mettre en
valeur les ressources hydrauliques qu'il trouvait sur son territoire, ces
travaux répondaient généralement à un besoin
immédiat unique, les autres utilisations n'intervenant
qu'accessoirement. C'est seulement au cours de ces dernières
décennies qu'est apparue la notion du « développement
intégré des grands bassins fluviaux », c'est-à-dire
selon Louis SERRA1, de l'utilisation méthodique des
ressources hydriques à des fins multiples en vue de la satisfaction et
de l'intérêt du plus grand nombre.
Cette vision est cruciale. C'est par le développement
simultané de tous les enjeux et les acteurs du problème,
orchestrés dans un plan d'ensemble, qu'on en obtiendra le rendement
maximal.
La solution définitive consisterait à
réévaluer le potentiel environnemental de croissance de la ville
de Lima en l'intégrant dans une politique nationale démographique
et économique.
Le milieu ambiant est fragile et il y a une limite au
degré d'urbanisation qui serait supportable. Il y a déjà
longtemps que cette limite a été dépassée. La
plaine côtière ne peut pas supporter une population de 8 millions
d'habitants (encore moins une population de 10 millions comme l'indiquent les
projections pour la prochaine décennie) sans subir des effets
préjudiciables irréversibles. Cependant, aujourd'hui il est plus
raisonnable de se baser sur une trame de projets de développement des
1 Page 364 de l' Encyclopaedia Universalis (139 auteurs, dont
BARBAULT, Robert, BLANDIN, Patrick, CHABOT, Bernard, DAUTRAY, Robert, DELEAGE,
Jean-Paul, DORST, Jean, DUPLESSY, Jean-Claude, EWALD, François,
JUBERTHIE, Christian, KHAN, Axel, KANDEL, Robert, LAUBIER, Lucien, PERES,
Jean-Marie, RAFFIN, Jean-Pierre), 2001, Dictionnaire de l'écologie,
Paris : Albin Michel, 1399 pages.
infrastructures au niveau local pour faire face à
l'urgence sans aggraver les processus actuels de dégradation de la
qualité de l'eau.
. Pour résoudre le problème de l'accès
à l'eau à l'échelle locale, les acteurs que nous avons
côtoyé au cours de ce travail de recherche, se fondent sur un
maillage participatif, et gèrent les projets de la conception à
la maintenance. Ainsi, totalement ancré dans un processus de
démocratie participative, ces projets sont soutenables et valides dans
des échelles de temps très longues, en accord avec les
caractéristiques sociaux-économiques de ces populations.
A plus petite échelle, sur le plan national, il existe
également des plan de développement qui pourrait être
appliques, à l'image de la révolution hydraulique espagnole, en
faisant de l'accès à l'eau une politique nationale et en
investissant le budget de l'Etat vers cette voie.
Il n'y a pas une, mais des réponses au problème de
l'accès à l'eau à Lima. L'approche systémique que
nous avons retenu dans ce travail de recherche est la seule qui tienne la route
tant le sujet est complexe. Comme le souligne pertinemment Michel
CAMDESSUS1, « L'eau est au coeur de notre système Terre.
Si l'eau va mal, la Terre va mal et la Terre c'est nous. C'est donc sur tous
ces fronts macro ou microéconomiques, locaux ou universels qu'il nous
faut agir, la où nous somme les mieux placés pour provoquer un
changement, aussi minime soit-il. ».
Grace à cette analyse de projets à plusieurs
échelles spatiales et directives, il s'avère évident que
les efforts futurs ne doivent négliger aucune piste, en allant vers une
concertation et une coopération des politiques privées et
publiques existantes.
On estime qu'il faut disposer de 36 milliards de dollars pour
procurer de l'eau potable et un assainissement adéquat à toute
l'humanité, soit 4% des dépenses militaires et d'armes dans le
monde. Fournir l'eau à l'humanité dépend donc en
réalité des priorités que les hommes s'assignent, car
« ce que nous faisons de notre eau reflète au final nos valeurs les
plus profondes »2. A nous de prendre aujourd'hui les meilleurs
choix de développement.
1 CAMDESSUS, Michel, BADRE, Bertrand, CHERET, Ivan,
TENIERE-BUCHOT, Pierre-Frédéric, 2004, Eau, Paris : Editions
Robert Laffont, 289 pages.
2 BOUGUERRA, Mohamed Larbi, 2003, Les batailles de
l'eau, Pour un bien commun de l'humanité, Paris : Editions Charles
Léopold Mayer et Les Editions de l'Atelier, collection Enjeux
Planète, 239 pages.
BIBLIOGRAPHIE
Sources :
INEI, 2000, Anuario estadistico, Peru en numeros, 2000.
Instituto Nacional de Estadistica e Informatica, Peru, compendio
estadistico 2006, d'après les données du recensement 2006.
Ministerio de Vivienda, Construccion y Saneamiento,
Décembre 2006, Resultados Encuesta « Agua para Todos »,
réalisée à partir des informations statistiques de «
Impacto Social y de Consumo en Zonas Conectadas a la Red Publica de Agua
», Lima.
Actes de colloques et congres :
Ciudagua Andina, 22 au 26 février 1990, Actas de Coloquio,
« Empresas prestatarias de servicios de agua y alcantarillado y usarios :
&Pueden tener y desarollar proyectos comunes ? &Cuales? &Como?
» Quito, Ecuador : Ciudades Unidas, Federaciòn Mundial de Ciudades
Unidas.
CLARIMONT, Sylvie, 2001, L'aménagement hydraulique au
service de l'Espagne (XIXe-XXe siècle), intervention lors du
126ème Congrès national des sociétés
historiques et scientifiques, Terres et Hommes du Sud, Thème 1 :
Paysages, peuplement et habitat, Milieu naturel, Toulouse.
Articles:
COURIVAUD, Alix, FAYSSE, Nicolas, BUSTAMENTE, Rocio, 2006, El
papel de los comunitarios de agua potable en las zonas periurbanas, issu de :
Revista del comité sectorial de agua y sanéamiento, numéro
21.
ORDOÑEZ, Juan Julio, VERA, Hector, 2006, La crisis del
agua, Lima, issu de : Revista del comité sectorial de agua y
sanéamiento, numéro 21.
Rapports et études :
Banco Interamericano de Desarollo, 2006, La politica importa,
Democracia y desarollo en America Latina, Washington : édition de la
Banque Interaméricaine de Développement.
Banco Mundial, 2001, Los servicios de agua y sanéamiento
en el Peru, Lima : Editions de la Banque Mondiale, 78 pages.
Banco Mundial, 2002, Nuevos enfoques para la estructuracion de
negocios en el sector de agua y sanéamiento : como asegurar la
participacidn del sector privado en beneficio de los pobres, Lima : Editions de
la Banque Mondiale, 67 pages.
BAZOBERRY, Oscar, SALIZ, Lorenzo, ROJAS, Juan-Carlos, 2006,
Vivencias y miradas sobre la participacidn populare, La Paz : Editions du
CIPCA, 160 pages.
BELAUNDE SUAREZ, Manuel, VALVERDE TORRES, Alfonso, 1982, Proyecto
Especifico binacional « Aprovechamiento de las nieblas costeras
(camanchacas) en las zonas aridas del pacifico sur », Lima : Universidad
Nacional Federico Villareal, Proyecto Pasamayo, UNESCO/ROSTLAC, 35 pages.
BOELENS, Rutgerd, GETCHES, David, GUEVARA GIL, Armando, 2006,
Agua y derecho : politicas hidricas, derechos consuetudinarios e identidades
locales, Lima: IEP, Walir, 435 pages.
CAHU, Etienne (sous la direction de Jean-Louis CHALEARD), 2004,
Lima : Une ville assoiffée, l'eau : reflet et cause des
inégalités sociales, mémoire de maitrise de
géographie, Université de Panthéon- Sorbonne Paris 1, 264
pages.
CALDERON MONCLOA, Luis Felipe, 2006, Todos somos humanos ... Pero
unos somos màs humanos que otros, Lima : Editions de l'ESAN, 191
pages.
CARDENAS, Nora, MAKOVSKI, Pedro, RODRIGUEZ, Enrique, VARGAS,
Lita, VARGAS, Rosana, 2005, Construyendo ciudadania : el derecho humano al
agua, Lima : CIES, CEDEP, 260 pages.
CIDAP, 2000, Instalacion de bomba de impulsion de agua,
colocacion de red de distribucion de agua y desague del Comedor La Estrellita,
Lima : CIDAP et Pana 2000, 15 pages.
FOVIDA Fomento de la Vida, 2004, « Queremos agua limpia
», Diagnostico del sistema de abastecimiento de agua mediante camiones
cisternas en las zonas periurbanas de Lima Metropolitana, Lima : FOVIDA, avec
l'appui de CARE-USAID, Fondo de las Americas, DIGESA, 87 pages.
GUTIERREZ YRIGOYEN, Raul, Programa de especializacion Geografica,
curso intensivo de geografia, 1989, Los recursos hidricos del Peru y su
problemetica, Lima : Sociedad Geografica de Lima, 6 pages.
MARCHAND, Daniel, Programme interministériel REXCOOP,
1986, Proyecto Lima, Programa especial Huaycan, Informe de mission
sanéamiento, Paris: Ministère des Relations Extérieures,
Ministère de l'Urbanisme, du Logement et de Transports, Ministère
de la Recherche et de la Technologie, 38 pages.
Ministerio de Vivienda, Construccion y Saneamiento, 2006, Plan
Nacional de desarollo urbano « Perù : territorio para todos »,
linéamientos de politica 2006-2015, Lima : Editions du Ministerio de
Vivienda, Construccion y Saneamiento, 113 pages.
Ministerio de Vivienda, Construccion y Saneamiento, 2006, Plan
Nacional de Saneamiento 2006-2013, Lima : Editions du Ministerio de Vivienda,
Construccion y Saneamiento.
Organizacion Panamericana de la Salud, 2000, Evaluacion global de
los servicios de abastecimiento de agua y sanéamiento 2000 : Informe
analitico, Resumen Peru, Lima : OPS, 50 pages.
Programa de agua y sanéamiento, La contratacion por la
comunidad, 2001, Lima, 52 pages.
Programa de agua y sanéamiento, Region Andina, avec
l'appui de l'agence canadienne de développement international, 2001, Los
servicios de agua y sanéamiento en el Peru, Un diagnostico y
estadisticas, Lima : Banque Mondiale, 31 pages.
PROPOLI, Programa de lucha contra la pobreza en Lima
Metropolitana, 2006, Emprendedores : 15 historias de esfuerzo y exito, Lima :
Editions du PROPOLI, 67 pages.
RUIZ, Albina, ESCALANTE, Carlos, ESPINOZA, Nestor, CERRON, Cesar,
LLONA, Mariana, 1994, Agua potable y sanéamiento en los asentamientos
urbanos de Lima Metropolitana, Peru, cinco estudios de caso, Mexico : HIC
Coalition International para el Habitat, 111 pages.
SEDAPAL, WSP, Banque Mondiale, 2006, Agua para las zonas
periurbanas de Lima Metropolitana, Leciones aprendidas y recomandaciones,
Lima.
VASQUEZ HUAMAN, Enrique, 2006, Programas sociales de lucha contra
la pobreza : casos emblemeticos, Lima : CIES, 55 pages.
WIENER FRESCO, Raùl, 2005, Agua para vivir y agua para
lucrar, Centro de Estudios de la Realidad Nacional Alberto Flores Galindo,
Lima, 101 pages.
Ouvrages bibliographiques :
-Sur Lima :
ANC, Associacion Nacional de Centros de Investigacion, Pomocion
Social y Desarollo, 1986, Descentralizacion y desarollo regional, Lima :
Fundacion Friedrich Ebert.
ABUID NAZAL, Hilda, SEDAPAL, 1997, Historia del abastecimiento de
agua potable de Lima 1535- 1996, Lima : Ministerio de la Presidencia, 262
pages.
DAVID SOLON, 1998. Villa El Salvador, la ville née du
désert. Paris : Les Editions de l'Atelier/Editions Ouvrières,
Collection : Les acteurs du développement. 157 pages.
-Sur le Pérou :
BANCO INTERAMERICANO DE DESAROLLO, 2004, BID en el Peru,
Construyendo progreso, Lima : Oficina del Banco Interamericano de Desarollo en
el Peru, 71 pages.
BERNEX, Nicole (sous la direction de), Hacia una Gestiôn
Integrada de los Recursos Hidricos en el Perû, Lima.
DIAZ SUAVEZ, Placido, 1978, Recursos naturales del Peru, Lima :
retablo de papel ediciones.
DOLLFUS, Olivier, 1983, Le Pérou, Paris, Presses
Universitaires de France, Collection : « Que Sais- je ?», 127
pages.
-Sur l'Amérique du sud :
DABÈNE, Olivier (sous la direction de), 2006, Atlas de
l'Amérique Latine, Violences, démocratie participative et
promesses de développement, Paris : Editions Autrement, collection
Atlas/Monde, 79 pages.
FOURNIER, Jean-Marc, 2003, L'eau dans les villes
d'Amérique Latine, Inégalités sociales et concurrences des
usages, Paris : L'Harmattan, Collection géographie sociale, 203
pages.
GALEANO, Eduardo, 1981, Les veines ouvertes de l'Amérique
Latine, Une contre histoire, Paris : Editions Pocket, Collection : Terre
humaine poche, 447 pages.
PAYNE, Mark J., ZOVATTO, Daniel, MATEO DIAZ, Mercedes, 2006,
La Politica Importa, Democracia y desarollo en America Latina, Washington D.C.
: Publicado por el Banco Interamericano de Desarollo y el Instituto para la
Democracia y la Asistencia Electoral, 364 pages.
ROUQUAYROL GUILLEMETTE, Léda, HERRERO VILLA, Santiago,
2006, Guia sobre la cooperacion, Union Europea - America Latina 2006, Le Havre
: édité par l'Associacion Ceficale, 89 pages.
- Autres ouvrages sur la thématique de l'eau, de
l'environnement, de l'urbanisation et du développement:
BESSETTE, Guy, 2004, Communication et participation
communautaire, Guide pratique de communication participative pour le
développement, Laval : Les Presses de l'Université Laval, centre
de recherche pour le développement international, 131 pages.
BOUGUERRA, Mohamed Larbi, 2003, Les batailles de l'eau, Pour
un bien commun de l'humanité, Paris : Editions Charles Léopold
Mayer et Les Editions de l'Atelier, collection Enjeux Planète, 239
pages.
CAMDESSUS, Michel, BADRE, Bertrand, CHERET, Ivan, TENIERE-BUCHOT,
Pierre-Frédéric, 2004, Eau, Paris : Editions Robert Laffont, 289
pages.
DORIER-APPRILL, Elisabeth (sous la direction de), 2001,
Vocabulaire de la ville, Notions et références, Nantes : Editions
du Temps, collection Questions de Géographie, 191 pages.
Encyclopaedia Universalis (139 auteurs, dont BARBAULT, Robert,
BLANDIN, Patrick, CHABOT, Bernard, DAUTRAY, Robert, DELEAGE, Jean-Paul, DORST,
Jean, DUPLESSY, Jean-Claude, EWALD, François, JUBERTHIE, Christian,
KHAN, Axel, KANDEL, Robert, LAUBIER, Lucien, PERES, Jean- Marie, RAFFIN,
Jean-Pierre), 2001, Dictionnaire de l'écologie, Paris : Albin Michel,
1399 pages.
GEORGES, Pierre, VERGER, Fernand, 2000, Dictionnaire de la
géographie, Paris : Presses Universitaires de France, 500 pages.
HADZICH, Miguel, Grupo de Apoyo al Sector Rural, 2006, La isla de
cristal, Cuento ecologico, Lima : Editions de la Pontificia Universidad
Catolica del Peru, 23 pages.
LABORDE, Pierre, 2001 (2ème Edition), Les espaces urbains
dans le monde, Pour mieux comprendre en quoi le développement des villes
est un des faits les plus marquants du )()(ème siècle, Paris :
Editions Nathan Universités, collection Géographie, 239 pages.
MALLADA, Lucas, 1890, Les maux de la patrie et la future
révolution espagnole, Paris : bibliothèque nationale.
TOURETTE, Florence, 2005, Développement social urbain et
politique de la ville, Pour comprendre le malaise urbain et pour mieux
appréhender la politique de la ville, Paris : Gualino Editeur, 167
pages.
TREILLET, Stéphanie, 2005 (2ème
édition refondue), L'économie du développement, De
Bandoeng à la Mondialisation, Paris : Armand Colin, Collection CIRCA,
231 pages.
VENNETIER, Jean-Pierre (sous la direction de), 1990, Eau et
aménagement dans les régions intertropicales, tome 1, Bordeaux :
CNRS.
WACKERMANN, Gabriel, 2005, Géographie du
développement, Paris : Editions Ellipses, Collection Universités
Géographie, 357 pages.
Revues :
AGUA, Revista del Comité Sectorial de Agua y
Saneamiento, Février 2007, Lima : Edité par le Comité
Sectorial de Agua y Saneamiento, Comité éditeur : PAS, CEPIS-OPS,
SER, SUM-CANADA, CENCA, 47 pages.
Centro de Investigacion y Gestion del Agua, décembre 2005,
Revista de Investigacion del Agua, numéro 7, Yachay Yacu, El saber del
agua, Lima : Universidad Nacional Frederico Villareal Facultad de
Ingéniera Geografica y Ambiental, 53 pages.
Sites internet :
http://www.agualatina.net/,
site internet du Water and Sanitation Program (WSP), en Amérique
Latine.
http://www.cenca.org.pe,
site internet de CENCA : Instituto de Desarollo Urbano.
http://www.cesal.org/, site
internet de l'ONG espagnole Cesal, Cooperaciòn al Desarollo.
http://www.cidap.org.pe/, site
internet du CIDAP : Centro de Investigaciòn, Documentaciòn y
Asesoria Poblacional.
http://www.desco.org.pe/, site
internet de DESCO : Centro de Estudios y Promoción del Desarrollo.
http://www.ecosan.org.pe/, site
de promotion du système d'assainissement ECOSAN.
http://www.pasteur.fr/externe,
site internet de l'Institut Pasteur.
http://www.sedapal.com.pe/,
site internet de la compagnie des eaux de la Métropole de Lima.
http://www.unesco.org/water/,
site internet de l'UNESCO, offrant des renseignements sur le
2ème Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur
des ressources en eau.
http://www.wateryear2003.org/,
site de l'année internationale de l'eau douce.
ANNEXES
Annexe 1 : LES RECOMMANDATIONS DE LA TABLE RONDE SUR
L'EAU ET LA SANTE
DANS LES QUARTIERS URBAINS DEFAVORISES
Cette table ronde a réuni une centaine d'acteurs et de
décideurs à Sophia Antipolis du 21 au 23 février 1994
(12).
1. Toute personne, quelles que soient ses conditions de vie ou
ses ressources, a le droit imprescriptible de boire une eau saine.
2. La satisfaction des besoins essentiels des populations des
quartiers urbains défavorisés en matière d'eau potable et
d'assainissement doit être intégrée dans les politiques de
développement urbain et de santé publique mises en oeuvre par les
pouvoirs publics.
3. Seuls un engagement résolu des gouvernements et la
participation active des citoyens eux- mêmes peuvent apporter à
ces problèmes les solutions urgentes qu'ils requièrent. A cette
fin un grand effort de communication et de sensibilisation doit être
entrepris sans tarder.
4. L'accès à l'eau potable et à
l'assainissement comprend des droits et des devoirs pour garantir une juste
répartition de cette ressource rare comme des investissements et de leur
financement, ainsi que la maintenance des équipements afin de lutter
contre les phénomènes d'exclusion.
5. La valeur économique de l'eau doit tenir compte de
sa valeur d'usage. La pérennité des investissements du secteur
eau et assainissement requiert une prise en charge par les
bénéficiaires des coûts correspondants. Des
mécanismes de péréquation entre les différentes
couches de population urbaine doivent être mis en place. Une part de
subvention peut cependant s'avérer nécessaire.
6. Pour optimiser les objectifs de santé,
l'approvisionnement en eau et l'assainissement doivent relever d'une approche
intégrée, réaliste et participative.
7. Les prestations offertes devront couvrir les besoins
essentiels tout en garantissant une protection sanitaire satisfaisante.
8. Les solutions aux problèmes évoqués
doivent tenir compte d'un contexte en évolution,
caractérisé par une plus grande décentralisation et la
responsabilisation des acteurs locaux: municipalités, prestataires de
services, entreprises privées et publiques grandes et petites, membres
des communautés et leurs dirigeants hommes et femmes ainsi que les
organisations non- gouvernementales. Ce nouveau partage des tâches ne
doit pas enlever à l'Etat sa responsabilité
générale et régulatrice.
9. Les partenariats reliant ces acteurs constituent des
instruments essentiels pour l'accès équitable de toutes les
composantes de la population des quartiers défavorisés à
une eau saine et à l'assainissement. Leurs relations et la
définition de leurs compétences respectives devront être
clarifiées et organisées, notamment sous forme de contrats, en
tenant compte du contexte social et culturel de chaque région.
10. Les solutions techniques ne doivent pas être
considérées comme point de départ mais comme
résultat d'un processus intégrant d'autres dimensions sociales,
environnementales, culturelles, économiques et institutionnelles et
impliquant tous les acteurs.
11. L'animation, la formation et l'information doivent
accompagner l'identification et la mise en oeuvre de technologies
adaptables.
12. Un effort important doit être fait dans le domaine
de l'évaluation, de la recherche, de la production et de la diffusion
(grâce à une approche réellement participative) de
données de base de bonne qualité, notamment dans les pays du
Sud.
13. La tendance actuelle des bailleurs de fonds à
financer en priorité les équipements lourds des centres ville
doit être rééquilibrée au profit des quartiers
périphériques et des villes secondaires. Des financements
complémentaires significatifs doivent être mobilisés pour
répondre aux besoins des plus pauvres et engendrer un
développement durable.
14. Concernant les formes que peut revêtir la
coopération internationale, il convient de susciter la multiplication
des partenariats entre collectivités territoriales, organisations
professionnelles, associations de solidarité, qui complètent la
coopération intergouvernementale et lui donnent une dimension
particulièrement proche des préoccupations des citoyens des
communautés du Sud et de l'Est.
Annexe 2 : Carte géologique de la province de
Lima :
Source : SEDAPAL.
Annexe 3 : Carte des puits et du réseau de
canalisations dans la métropole liméenne :
Source : At~as Ambiental de Lima.
Annexe 4 : Projet Marcapomacocha III :
Source : SEDAPAL.
Annexe 5: Ficha de entrevista para los
habitantes beneficiarios de los proyectos:
Nom du district, du quartier, localisation, remarques:
Datos generales:
Nombre, apellido, dirección, género
Desde cuando eres en este asentamiento humano? Porque aceptaste
participar a este proyecto? Desde cuando tienes tu nueva instalacion? Funciona
bien? Que problemas tienes?
Medio Ambiente:
En el caso de los proyectos de bailo saludable:
Piensas que el equipamiento (baño) mejore tu vida?
Por qué?
Que ha cambiado?
Cómo hacías antes para asearte, limpiar a los
niños...?
Y ahora?
Esta feliz de este nuevo baño?
Te sirve mucho? A tu familia también?
La capacitaciôn:
Para ti, a que servían las charlas de
capacitación?
Aprendiste mucho durante las charlas de capacitación?
Que aprendiste?
Te gustaban estas charlas?
Por qué?
Piensas que este proyecto colectivo es más eficiente que
un proyecto personal?
Vivienda saludable
Piensas que el nuevo baño permite tener una vivienda
más saludable que antes? Porque? Piensas que mejore tu higiene, tu
salud? Por qué? Tienes menos enfermedades que antes? Y tu familia
también?
Para ti, que es una vivienda saludable? Un barrio saludable?
Que haces para que tu vivienda sea saludable? Tu barrio? Antes
que hacías?
Annexe 6 : Incitation à la dénonciation des
usagers qui piratent les connexions de la SEDAPAL :
Source : Auteur.
Annexe 7 : inauguration du réseau d'eau de Nuevo
Paraiso, danse de l'eau en costumes traditionnels andins :
|