B) Le projet des villes secondaires : quel
intérêt de commencer par Diamniadio ?
A l'origine, c'est le président de la
République Maître Abdoulaye Wade qui a demandé au
ministère de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire une
nouvelle politique
qui promouvrait des villes secondaires stratégiques. Selon
le ministère, celle-ci doit viser, par
« l'harmonie et la cohérence dans l'occupation
et l'utilisation de l'espace national et de ses ressources, un
développement local généralisé, harmonieux et
durable pour l'ensemble du pays ». En effet, ce
développement des villes secondaires pourrait contre balancer la
macrocéphalie de Dakar sur le territoire sénégalais.
Pour le gouvernement, la promotion de ces villes a des objectifs
tels que :
- Favoriser une meilleure répartition des villes sur le
territoire
- Créer les conditions d'une meilleure valorisation des
activités rurales
- Préparer les villes frontalières à jouer
un rôle de premier plan dans l'intégration sous
régionale.
Commencer par Diamniadio, dans le projet de villes
secondaires, semble bien
incongru à première vue.
Cette commune est un territoire déjà
très convoité, qui, par son développement à
37km de la capitale, risque plus d'accroître la
macrocéphalie dakaroise que de favoriser une répartition
homogène de la population sur le territoire. Mais c'est
à Diamniadio que les investisseurs sont le plus facilement
mobilisables. En effet, à un moment où le
Président Wade cherche désespérément de
l'argent pour financer ses grands travaux, le projet de Diamniadio a
été retenu par un programme d'investissement américain.
Incapable de trouver
par lui-même des crédits pour l'investissement,
l'Etat doit donc recourir à des financements extérieurs, au
risque de devoir composer avec des optiques différentes des siennes.
Le projet consiste en la création d'une
plate forme multidimensionnelle et en l'amélioration des dessertes
routières entre la plateforme et les pôles économiques du
pays. Le coût est estimé à 696 millions de dollars,
et 548 millions de dollars sont attendus du Millenium Challenge Account
(MCA). Le MCA est donc une véritable aubaine pour le chef
de l'Etat sénégalais, qui peut enfin
affirmer son autorité à travers un grand projet. Il
s'agit d'un programme de financement mis en place par le président des
Etats-Unis Georges Bush, afin de « primer les pays qui se sont
distingués par la qualité de leur système de gouvernance
politique et économique, et la cohérence de leur programme de
lutte contre la corruption ».
Le but final annoncé par le bailleur de fonds providentiel
est d'accélérer la croissance en vue
de réduire la pauvreté.
L'intérêt des acteurs industriels pour le
site de Diamniadio crédibilise lui aussi le choix de commencer
par Diamniadio dans le projet de ville secondaires. Ceux-ci sont
très intéressés par la plate forme multi
dimensionnelle, pour deux principales raisons : Dakar pourra être
joint en seulement 30 minutes par le rail, et la concurrence pour l'espace dans
la capitale est trop forte pour permettre l'implantation de nouvelles
industries. Parmi ces acteurs industriels, le Port autonome de Dakar
connaît d'importants problèmes d'encombrement et convoite un
terrain à Diamniadio, qui devrait servir de zone de stockage tampon
entre le Port
de Dakar et son hinterland. La Société des
Industries de Dakar (SODIDA) réserve, elle aussi,
un terrain de 50 hectares pour créer une
cité industrielle de 600 bâtiments préfabriqués
bénéficiant de la proximité de la capitale. Le transfert
à Diamniadio des industries de la baie
de Hann, très polluantes permettrait
d'accroître le potentiel touristique de la baie...
Tableau 2 : Des financements obéissant
à une logique internationale. (Données en dollars
américains)
Volet
|
Total
|
Disponible
|
MCA (Etats-Unis) Fonds en attente
|
Etat
|
Fonds
Kowétien
|
Autres bailleurs (Sénégalais, Taiwanais,
Malaisiens...)
|
Sous total
|
Plateforme
|
223 048 327
|
-
|
-
|
-
|
-
|
223 048 327
|
Mobilité et liaisons interurbaines
|
472 862 454
|
26 951 673
|
63 197 026
|
58 550 186
|
148 698 885
|
324 163 569
|
Total général
|
695 910 781
|
26 951 673
|
63 197 026
|
58 550 186
|
148 698 885
|
547 211 896
|
Source : Ministère de l'urbanisme et de
l'aménagement du territoire, 2004
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