Pourquoi « En
aparté » ?
J'ai eu envie d'étudier cette émission pour le
caractère original de son format. En effet, on a l'impression d'assister
à une conversation assez intime dont on serait absent, assouvissant
notre travers de voyeurisme sans pour autant être inquiété,
car l'émission évite l'écueil de sensationnalisme trop
visible. On découvre de nouveaux aspects de la personnalité des
invités, des côtés qu'on ne leur connaissait pas. Dans
l'émission, le silence, l'hésitation sont signifiants.
L'espace-temps est comme suspendu et il s'avère intéressant de
voir de quelle façon les personnalités médiatiques se
démènent avec ce nouveau mode de conversation. Lorsque l'on
apprécie une personnalité, on apprécie de la voir dans
En aparté.
De plus, cette émission inspire de nombreux axes de
réflexion lorsque l'on étudie les sciences de l'information et de
la communication : l'absence de l'animatrice, le climat psychologisant, le
rôle de la voix, le caractère futuriste dû aux couleurs
métallisées,les jeux entre la parole et l'image...
Par ce procédé original, par le semblant
d'intimité qui se crée se tisse une relation toute
particulière, différente à chaque fois, entre
l'invité, l'animatrice et le téléspectateur à qui
l'échange est destiné. En effet, pour réussir à
obtenir des réactions intéressantes de la part de son
invité, Pascale Clark parle parfois comme une mère, une
psychologue, un juge...elle dépasse largement le statut un peu anodin
d'animatrice télévisée, apparaissant comme une figure
éminente d'autorité dans le monde médiatique. Les
personnalités défilent dans l'émission comme s'il
s'agissait d'un confessionnal de ce monde médiatique, un endroit
où l'on peut se dévoiler tel que l'on est. Néanmoins il
est important de garder à l'esprit qu'il s'agit d'un dévoilement
contrôlé, théâtralisé et il est à
étudier les limites de cette authenticité apparente.
L'art de la conversation
Je vais donc m'attacher à
étudier la relation triangulaire qui se tisse entre les trois
participants d' En aparté , c'est-à-dire
l'invité, le média qu'incarne Pascale Clark et le public qui
brille par son absence, mais dont on sent l'omniprésence du jugement. Le
public, avide d'intimité et d'identification, peut, selon son histoire
affective, se fier au repère autoritaire qu'est la
télévision. Seul devant En aparté , on
ressent si ce n'est de l'affection, du moins de la promiscuité avec la
personnalité interviewé. Mais ce contrat affectif est tout entier
orienté par le média incarné ici par Pascale Clark. Se
pose alors la question de l'autorité, substrat de la forme sociale la
plus originelle qui soit et qui pourrait hypothétiquement faire
défaut au téléspectateur assidu : la famille.
Mon hypothèse est l'apparition d'une nouvelle forme
d'autorité dans le rapport invité -animateur et dans le rapport
téléspectateur -invité ainsi que finalement dans le
rapport invité-télespectateur. Je souhaite aussi étudier
l'aspect d' « émission de conversation »
d' En aparté qui renouvelle les codes classiques de
la conversation pour les mettre à la « sauce »
télévisuelle.
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