"en aparté"sur Canal Plus : l'invité, le public et le média comme tiers autoritaire dans une émission de conversation( Télécharger le fichier original )par Marylène Khouri Institut Français de Presse Paris II-Assas - Maà®trise d'information et communication 2005 |
2- La dimension autoritaire de la voix de Pascale ClarkSelon Jérôme Bourdon49(*), il existerai trois régimes de la voix: la familiarité des animateurs (qu'il appose aux radios et télévisions privées), l'autorité des commentateurs (concernant plus les stations publiques), et désormais la voix de l'intimité, importée des Etats-Unis et des émissions d'Oprah Winfrey. Il cite le Psy-show de Pascale Breugnot, entre autres. En fait, la voix de Pascale Clark s'inscrirait plus dans la dernière catégorie. Apparemment douce, cette voix n'en garde pas moins un caractère autoritaire. Selon le même auteur, « l'autorité, c'est de pouvoir parler sans être touché, et parfois sans être vu, ou de loin. (De ce fait, tout l'audiovisuel est d'emblée autoritaire). Par contre, il dit que la voix d'autorité, distante, intouchable, est une voix d'homme (...) tandis que les demoiselles du téléphone, inférieures dans la hiérarchie, mais aussi connectant des communications interpersonnelles, donc plus incorporées, plus émotionnelles, ont été des voix de femmes, tout de suite. »50(*). Cette vision est intéressante car témoigne des clichés de notre société qui permet peu aux femmes de s'exprimer sur un mode autoritaire. Elles restent cantonnées à des fonctions d'écoute et de conseil tandis que l'homme s'occupe plus des caractères décisionnels. Quelques animateurs dérogent à la règle : Jean-Luc Delarue dont l'émission Ca se discute constitue une référence en matière d'émissions confessionnelles, Pascale Bataille et Laurent Fontaine qui eux, misent plus sur le côté « réconciliation ». Mais il est vrai qu'en général la femme occupe ce registre. En aparté détourne ce code traditionnel pour ériger la femme en meneuse. Elle mêle distance et rapport émotionnel, deux ingrédients qu'elle dose selon le type d'invité qu'elle reçoit. En effet, la relation qui s'instaure change à chaque fois ; Pascale Clark, d'ailleurs, préfère ne pas voir ses invités avant l'émission pour préserver la fraîcheur de la rencontre « je (Pascale Clark) ne le vois jamais avant, je veux juger sur la première impression, un peu comme dans la vie »51(*). Cependant, on note que Pascale Clark combine cette capacité relationnelle inhérente aux animatrices « confessionnelles » et cette part d'autorité presque masculine qui lui vaut une crédibilité qui lui permet d'être face à des politiques. Son ton se doit d'osciller sans cesse entre la familiarité et l'autorité. Cela dépend en fait de son interlocuteur. Face à Charles Berling, elle se permet une familiarité moins contrôlée qu'avec François Hollande par exemple. Face à Maitena Biraben, elle recadre vers l'autorité car une relation de compétition sous-jacente s'instaure entre les deux animatrices. Il s'agit donc d'une personnalité protéiforme. * 49 Ibid, page 44 * 50 Ibid, page 40 * 51 « Jean Rochefort entête à tête avec une voix », Le Figaro, samedi 14 septembre |
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