b) Justification et base
d'appui.
Dans la recherche des stratégies de la consolidation de
son taux de croissance qui oscille ces dernières années autour de
5% et qui a été amorcée depuis une décennie,
à la suite d'une sévère récession qui a conduit le
Cameroun à mettre sur pied un programme d'ajustement structurel, le
Gouvernement du Cameroun, a prescrit l'engagement des actions visant à
redynamiser certaines filières susceptibles d'impulser l'économie
nationale.
Cette option, faut il le rappeler, s'accorde parfaitement avec
la création des Codes Sectoriels prévus par la Charte des
Investissements dont le Cameroun s'est doté le 19 avril 2002.
Il convient toutefois de souligner à cet effet que le
choix de la filière textile-coton, parmi les axes stratégiques
prioritaires de développement, s'appuie sur deux facteurs essentiels,
à savoir :
d'une part sa contribution à la lutte contre la
pauvreté dans laquelle le Cameroun, classé parmi les Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE), est résolument engagé. A
titre illustratif, cette filière constitue la principale ressource
monétaire des populations des trois provinces septentrionales qui
forment la région la plus peuplée du Cameroun (Adamaoua,
Extrême-Nord et Nord);
et, d'autre part, la capacité réelle de ce pan
de l'économie camerounaise à jouer un rôle moteur dans la
création des emplois, la promotion des exportations, la sous-traitance,
les échanges interindustriels, ainsi que l'intégration nationale
et sous-régionale, répondant en cela également à
l'option de la transformation de la matière première locale en
produits finis.
Il est important de relever que les deux principaux
pôles de développement de la filière textile-coton
camerounaise sont constitués :
en amont, de la Société de Développement
du Coton (SODECOTON) implantée à Garoua, et qui assure
l'encadrement direct de 350 000 à 400 000 planteurs, en plus
de sa vocation industrielle et commerciale ;
et, au segment centre, de la Cotonnière Industrielle
du Cameroun (CICAM) qui ne transforme seulement à l'heure actuelle que
près de 4,2% de la production locale du coton fibre en produits textiles
avec respectivement deux usines localisées à Garoua et deux
autres à Douala (CICAM et SOLICAM). La filière NEWCO en est la
branche commerciale.
En aval, la confection, jadis florissante avec 15 000 emplois
dans les années 1970-1980, est sinistrée. Elle mérite
cependant une attention particulière en raison des effets induits que sa
reprise pourrait apporter à l'économie du pays, et
particulièrement en terme de Valeur Ajoutée.
La mise en oeuvre de la stratégie gouvernementale pour
la redynamisation de cette importante filière envisage en
première ligne :
d'une part, la reconfiguration de l'économie
cotonnière dans les provinces septentrionales, prenant appui sur la
SODECOTON, en vue de l'amélioration de la qualité et de la
quantité de la production locale de cette denrée ;
et d'autre part, la redynamisation industrielle de la
filière prenant appui sur la Société CICAM qui
connaît aujourd'hui des réelles difficultés d'origine
endogène et exogène, dont quelques unes nécessitent des
actions à court, moyen et long terme, résultant de l'audit
stratégique de cette entreprise qui vient d'être bouclé
à la demande du gouvernement camerounais.
La plupart de ces actions ont déjà
été engagées, notamment celle portant sur :
l'assainissement de l'espace économique national en
vue d'assurer une saine concurrence entre les produits de l'industrie locale et
ceux importés ;
la fourniture, dans les conditions optimales de
compétitivité et d'attractivité, de l'énergie
électrique à la filière textile-coton nationale ;
la stratégie d'accès des unités
industrielles locales aux marchés domestiques et extérieurs des
produits finis ainsi que des matières premières ;
l'assainissement interne des charges liées à
l'exploitation en ce qui concerne la CICAM ;
le refinancement avec l'appui des bailleurs de fonds, de la
restructuration industrielle de la filière textile-coton
camerounaise.
Il y a par conséquent lieu d'évaluer de
manière systématique les effets d'entraînement
prévisibles des mesures de redressement de cette filière, sur le
plan socio-économique national.
D'où la pertinence du sujet sous-revue qui envisage une
approche diagnostique et prospective.
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