III.3. Subventions
Les Etats-Unis sont la cible principale des pays en
développement producteurs de coton. Ils pratiquent, avec l'Union
Européenne, le niveau de subventions le plus élevé
du monde. Ils sont en même temps, et de loin, le plus gros exportateur du
monde. A eux seuls, les Etats-Unis exportent plus d'un tiers du coton du
marché mondial. Cette pratique entraîne des retombées
négatives sur les pays en voie de développement,
particulièrement les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre dont
l'économie est basée sur le coton.
Quelles en sont les retombées ?
· ?Les subventions maintiennent la production de
coton à des niveaux non rentables dans les pays industrialisés et
réduisent, pour les pays en développement, les
possibilités d'exporter vers les marchés des pays qui
subventionnent, déplaçant leurs exportations vers des pays
tiers.
Toutes les études récentes démontrent
sans équivoque que la suppression des subventions intérieures
dans les pays industrialisés réduit la production et les
exportations de coton de ces pays. Les niveaux actuels de production de l'UE
pourraient être importés pour un tiers du coût de
production. Aux États-Unis, dans quelques années le coût
des subventions est supérieur à la valeur totale des exportations
au cours mondial. En 2003 plus de 70 pour cent de la production des
États-Unis a été exporté, soit 40 pour cent des
exportations mondiales.
· ?Les subventions font baisser les cours mondiaux du
coton
L'offre excédentaire encouragée par des
subventions intérieures entraîne une baisse du cours mondial sur
le marché. Cependant, l'ampleur de cet impact varie
énormément, certaines études estimant des augmentations
oscillant entre 2 pour cent et 35 pour cent à la suite de la suppression
des subventions. La répartition des gains et des pertes parmi les pays
se mesure principalement en termes de diminution des recettes d'exportation ou
d'augmentation des factures d'importation. Il est donc difficile, mais
indispensable de détecter les gagnants et les perdants, ainsi que
l'ampleur de ces gains ou pertes. Pour les exportateurs nets, une des
difficultés majeures consiste à déterminer quels sont les
pays où la production est susceptible de se développer en raison
d'une hausse des cours sur le marché mondial. Les pays en
développement ont augmenté leur production et leur participation
aux exportations mondiales malgré le fléchissement des cours
mondiaux et à un moment où d'autres produits de base
d'exportation suivaient une tendance contraire. Par conséquent, en cas
de hausse des prix, il existe une importante offre potentielle.
· ?Des réductions de subventions
atténuent la pauvreté.
Deux études récentes (Minot et Daniels, 2002;
ODI, 2004) analysent l'impact sur la pauvreté des baisses du prix du
coton pour les petits exploitants du Bénin et du Zimbabwe. Au
Bénin, une chute de 40% du prix entraînerait 8% d'augmentation de
la pauvreté parmi les ménages ruraux et 22% de plus de
ménages producteurs de coton passeraient en dessous du seuil de
pauvreté. Au Zimbabwe, le revenu réel des producteurs de coton
chute d'entre 13% et 31%, en fonction des caractéristiques du
ménage, et la pauvreté augmente proportionnellement au
degré de dépendance des ménages par rapport au revenu du
coton.
En 2000/2001, le gouvernement américain a
déboursé près de 2 940 milliards de francs CFA au profit
des 31 500 producteurs de coton, ce qui représente 6 à 7 fois le
budget national du Burkina Faso, soit près de 91 millions de francs CFA
pour chacune des 31 500 unités de production. La production de coton aux
USA a donc augmenté de 700 000 tonnes entre 2000/2001 et
2001/2002.
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