AVANT PROPOS
L'ISTA, Institut Sous-Régional Multisectoriel de
Technologies Appliquées, de Planification et d'Evaluation de Projets, a
pour principales missions :
· la réalisation des études
d'investissement expost et exante,
· et la formation universitaire des cadres capables de
concevoir, d'évaluer, de réaliser et de suivre l'exécution
des projets de développement.
La formation universitaire, étalée sur douze
mois, est sanctionnée par un Diplôme d'Etudes Supérieures
Spécialisées (DESS) en Analyse et Evaluation des Projets.
Les cinq derniers mois de la formation sont consacrés
au stage pratique. C'est un exercice qui met en relation la théorie et
la pratique. Pendant cette période, le stagiaire est placé sur le
terrain en situation professionnelle, pour la réalisation d'une
étude de préfaisabilité ou d'évaluation d'un
projet, ou encore pour une étude de création d'une PME, ou encore
pour le diagnostic d'une entreprise existante.
C'est dans ce contexte que s'est effectué cette
étude qui porte sur l'" impact de la filière textile coton
camerounaise sur le développement socioéconomique national ".
Le thème a été proposé par le
Ministère Camerounais du Développement Industriel et Commercial
dans un contexte marqué par la mise en oeuvre des réformes
économiques profondes qui concernent la redynamisation de certaines
filières susceptibles d'impulser l'économie nationale.
Cette étude, qui n'a pas la prétention
d'être exhaustif, se veut tout d'abord un effort de recherche. Nous avons
adopté ici une approche diagnostique et perspective.
RESUME
Après avoir situé la problématique
actuelle liée à la situation économique et sociale du
Cameroun, et au développement de la filière coton textile
camerounaise, Nous avons procédé, d'abord à une analyse
diagnostique, puis à une analyse perspective.
Le diagnostic de la filière textile coton camerounaise,
première partie de notre travail, a permis de relever son importance
dans le pays et également ses problèmes et sa difficulté
à soutenir l'économie.
L'étude diagnostique de la filière textile coton
dans son ensemble a d'abord nécessité la connaissance des
principaux enjeux y liés dont notamment, son organisation structurelle
et son contexte général sur le plan mondial.
La filière est intégrée verticalement,
regroupant d'amont en aval, les activités de production de coton,
d'égrenage et d'huilerie, de filature, de tissage et d'ennoblissement,
de confection, de bonneterie et de distribution, et dominée au Cameroun
par la SODECOTON et la CICAM.
La production mondiale est dominée par la Chine et les
Etats-Unis, et menacée par la montée de la production de fibres
chimiques. Bien que la production de l'Afrique de l'Ouest et du Centre ne
couvre que 5% de la production mondiale, elle représente cependant
près de 15% des exportations nettes mondiales. Le coton y joue un
rôle économique et social majeur.
L'analyse des performances économiques de la
filière textile coton camerounaise a par la suite relevée sa
contribution assez significative sur l'économie du pays par la
création de la valeur ajoutée, la balance commerciale, l'apport
en devises et son fort taux d'intégration à l'économie
nationale.
La surface à cultiver, estimée actuellement
à 190 000 ha contre 90 000 ha en 1985, permet la production de
près de 230 000 tonnes de coton graine. La transformation de coton
graine produit environ 15 millions de litres d'huile de coton, 51 milliers de
tonnes de tourteaux et près de 95,5 millions de tonnes de fibre
destinés à près de 95,8% à l'exportation. Le reste
est transformé localement par la CICAM.
L'analyse des performances sociales indique également
un impact assez important de la filière sur la lutte contre la
pauvreté par la création des emplois et la distribution des
revenus.
La filière contribue à l'entretien de
430 000 à 480 000 emplois : 350 000 à
400 000 dans la culture de coton, environ 4 650 dans la
transformation et près de 75 000 dans la confection. Les revenus
distribués sont estimés à environ 26,1 milliards de FCFA
par an au cours de ces trois dernières années.
Mais ces impacts économique et social positifs restent
très dépendant de l'évolution du cours mondial de coton,
des prix de cession locaux et de l'environnement concurrentiel.
Le cours mondial de coton est assez volatile et suscite des
incertitudes. Le prix d'achat du coton graine au producteurs, bien que stable,
restent faible et stimule les exportations informelles de coton vers le
Nigeria. Le système de calcul du prix de cession de la fibre à
l'industrie locale, pénalise la CICAM lorsque les cours mondiaux de
coton baissent.
La filière subit une forte concurrence de
l'extérieur notamment en ce qui concerne les importations de
matières textiles, notamment les articles de friperie.
Les subventions entraînent des retombées
négatives pour les pays en voie de développement dont le
Cameroun. Elles font baisser les cours mondiaux et diminuent ainsi le gain des
pays en développement, qui sont principalement exportateurs de coton.
La CICAM souffre d'une réelle sous
représentativité dans le pays, voir dans la sous région
CEMAC bien que s'appuyant sur la NEWCO (filiale commerciale).
La transformation locale de coton fibre reste encore
très faible.
Ces constats nous ont fait aboutir à la deuxième
partie du travail qui visait l'élaboration, pour la filière, des
perspectives à moyen terme.
Il a fallu d'abord préciser les différentes
mesures prises au plan national et visant à promouvoir les
activités de la filière, et les opportunités offertes dans
le cadre des échanges extérieures. Il s'agit des accords AGOA,
des accords EU-ACP, et du protocole général de Libreville de
1992.
Nous avons ensuite formulé les hypothèses pour
l'élaboration des projections. Les principales concernent l'augmentation
de la production de la fibre de 60% sur cinq ans, l'amélioration du
rendement de production de 1,2 tonnes par hectare à 1,7 tonnes par
hectare, et l'augmentation du taux de transformation locale de coton fibre de
4,2% à 20%.
L'étude présente enfin les résultats des
projections. Il en est ressorti que :
La production de fibre qui atteindra 160 000 tonnes
à l'année 5, soit un surplus de 60 000 tonnes,
nécessitera l'augmentation de la surface cultivable de 26 961 ha
soit un accroissement moyen de 2,46% par an.
La production de coton graine passera ainsi de 250 000
tonnes à 400 000 tonnes correspondant à un accroissement
moyen annuel de 9,86%.
Les sous produits du coton que sont l'huile, les tourteaux,
les coques, le linter et les graines pour semence verront leurs production
respectives augmenter de 60%.
Le chiffre d'affaires de la filière triplera presque
pour atteindre 454 milliards de FCFA à la cinquième année.
Dans le même temps, le poids relatif de la filière dans le PIB
doublera.
Par ailleurs, les revenus distribués vont doubler et le
nombre d'emplois augmentera de près de 60 000.
Il apparaît en conclusion que, bien qu'évoluant
dans un environnement marqué par une rude concurrence, la filière
présente d'énormes atouts qui la dispose à jouer un
rôle majeur dans l'économie camerounaise et la lutte contre la
pauvreté.
Mots clés :
Cameroun, filière textile coton, performances
économiques, performances sociales, coton, textile, coton graine, fibre,
SODECOTON, CICAM.
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