SECTION II : VALIDATION DE LA PROPOSITION DE
RECHERCHE
Dans la première partie de cette section, nous
allons essayé d'analyser le sens de l'interaction existant entre le
cadre institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne.
Ensuite nous allons essayé de vérifier la nature de la relation
entretenue entre les différents axes du cadre institutionnel de
l'économie et la comptabilité tunisienne.
Dans une seconde partie, nous répondrons à notre
problématique de travail en essayant
de chercher la nature de la relation entretenue entre le
cadre institutionnel de l'économie tunisienne et la
comptabilité générale.
169
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments Ó
|
Traduit la régularité du fonctionnement du
marché (assurer la régulation des informations traduites sur le
marché)
|
38,7 %
|
46,8 %
|
14,5 %
|
Traduit l'éthique contractuelle
|
33,9 %
|
48,4 %
|
17,7 %
|
Subit l'influence des mouvements transactionnels
|
67,7 %
|
25,8 %
|
6,5 %
|
Paragraphe 1 : Les motifs de l'interaction entre le cadre
institutionnel de l'économie et la comptabilité tunisienne
Selon 67,7 % des enquêtés, le construit
comptable subit toujours l'influence des
mouvements transactionnels. Ce résultat est
légitime puisque on ne peut normaliser ou comptabiliser des faits
et des phénomènes n'existant pas sur le marché.
Pour 46,8 % des experts comptables interviewés,
la comptabilité traduit, parfois, la régularité du
fonctionnement du marché. Alors qu'elle traduit, à raison
de 48,4 % des questionnés, l'éthique contractuelle.
La traduction de l'éthique contractuelle suppose la
réunion des partenaires internes et externes à l'entreprise par
un ``noeud de contrats'' justifié et concrétisé par la
représentation des faits économiques issue des documents
comptables.
La régularité du fonctionnement du
marché est assurée par l'existence d'un contexte
légal cohérent et exhaustif, ce cadre réglementaire doit
stimuler la conduite et la prospérité des affaires. La
comptabilité est une forme de réglementation économique et
financière, elle
est amenée par conséquent à traduire une
certaine régularité du fonctionnement du marché.
AppréciationÏ
|
Essentiellement
|
Contingent
|
Supplétive
|
Eléments Ó
|
Sources des problèmes comptables à
normaliser
|
61,3 %
|
25,8 %
|
12,9 %
|
Utilisateur d'information et garant de la transparence
financière
|
37,1 %
|
54,8 %
|
8,1 %
|
Lieu de conditionnement de la normalisation comptable
|
19,4 %
|
53,2 %
|
27,4 %
|
Lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité
|
30,6 %
|
51,6 %
|
17,7 %
|
170
La comptabilité est une technique née de
la pratique, elle a été pendant longtemps l'oeuvre
d'improvisation et de tâtonnement individuel et collectif
issu d'une certaine évolution des affaires et des
phénomènes commerciaux. Et c'est au quinzième
siècle, que la première forme de normalisation a vu le
jour suite aux travaux du moine italien ``Luca Pacioli'' (Summa di
arithmetica, geometria, proportioni, et proportionalita). A partir de cette
oeuvre constituant la date de création conceptuelle de la
notion de partie double, la normalisation comptable poursuit un
développement considérable qui est en étroite relation
avec l'évolution du marché.
La naissance des fusions acquisitions, du goodwill, des
regroupements d'entreprises, des nouveaux instruments financiers sont
l'oeuvre de l'évolution du marché. Sans ces
phénomènes récents et novateurs on ne peut parler
de normalisation comptable puisque la comptabilité ne trouvera pas
des sujets et des problèmes à conceptualiser. Ceci confirme la
position adoptée par les experts comptables interviewés
puisqu'ils considèrent, à raison de
61,3 %, que le marché est essentiellement
une source des problèmes comptables à normaliser.
Selon 54,8 % des intervenants, le marché agit,
d'une manière contingente, sur la comptabilité en tant
qu'utilisateur d'information et garant de la transparence
financière. Toute organisation, à but lucratif ou non, consomme
des ressources afin d'offrir des biens et services. Ce faisant, elle
crée et répartit de valeur. Le rôle de la
comptabilité est de produire
de l'information sur ce processus afin de satisfaire une demande
interne et externe et assurer
une meilleure allocation de la valeur créée. Elle
constitue par conséquent, le moyen privilégié
d'information des acteurs du marché.
Le cadre conceptuel de la comptabilité offre
certains critères de qualité destinés à
traduire une meilleure efficience informationnelle du marché.
Ces caractéristiques qualitatives de l'information stimulent la
transparence financière du marché.
Pour 53,2 % des enquêtés, le marché
tunisien agit aléatoirement sur la comptabilité en tant que
lieu de conditionnement de la normalisation comptable. Le marché
peut agir, directement ou indirectement, sur le processus de
normalisation comptable. Il peut agir directement en tant que responsable
de la normalisation comptable (cas de la commission des opérations en
bourse américaine : SEC), ce qui n'est pas le cas de la
Tunisie. Il peut agir
171
indirectement sur la normalisation comptable par le
biais des acteurs du marché qui constituent des groupes de pression
lors des avis et consultations, relevant du ``due process procedure''.
Enfin, selon 51,6 % des questionnés, le
marché agit sur la comptabilité, de façon
contingente, en tant que lieu de conditionnement de l'intensité des
données à traiter par la comptabilité. En effet, les
inputs aux traitements comptables sont l'oeuvre de la confrontation entre
l'offre et la demande du marché. Le marché intervient à
la fois, sur la quantité et la qualité de l'information à
traduire dans les documents comptables. Dans le cadre des crises
économiques, par exemple, l'intensité de la matière
première à traiter par la comptabilité (les inputs) se
trouve limitée. Parallèlement, les conditions de facturation, par
exemple, influent sur la qualité de l'information primaire à
traiter par la comptabilité.
Appréciation Ï
|
La comptabilité suit le droit
|
Relation contingente
|
Le droit est indépendant de la
comptabilité
|
Le contexte légal Ó
|
Droit fiscal
|
48,4 %
|
29 %
|
22,6 %
|
Droit commercial
|
37,1 %
|
33,9 %
|
29 %
|
Droit des sociétés
|
56,5 %
|
24,2 %
|
19,4 %
|
Droit pénal
|
12,9 %
|
35,5%
|
51,6 %
|
La comptabilité est un sous produit du droit fiscal, du
droit commercial et du droit des
sociétés. En effet, l'enquête confirme ce
raisonnement, respectivement, à raison de 48,4 %,
de 37,1 % et de 56,5 % des experts comptables
questionnés. Cependant, 51,6 % des interviewés estiment que le
droit pénal est totalement indépendant de la
comptabilité.
La relation entretenue entre la comptabilité et
la fiscalité n'est pas une réflexion récente, elle
est née depuis quelques millénaires. Historiquement, la pratique
comptable a été proprement réservée pour servir
les intérêts de ``l'Etat'' en matière d'impôts.
Une telle interaction reste encore valable, sauf que, l'évolution de
l'économie et des affaires a changé considérablement la
forme et le contenu des deux disciplines.
La comptabilité est toujours la source principale
du calcul de l'assiette imposable à l'entreprise. La
fiscalité se base sur le résultat comptable pour pouvoir
déterminer le montant
172
déclaratif de l'Impôt sur les
Sociétés (IS), elle se base sur les éléments de
paie pour pouvoir arrêter le total de l'Impôt sur le Revenue des
Personnes Physiques (IRPP), elle se base sur le chiffre d'affaire et la
valeur des achats pour détecter le montant de la Taxe sur la
Valeur Ajoutée (T.V.A) à verser pour la trésorerie
publique, etc.
Depuis toujours, la comptabilité est au
service de la fiscalité, elle suit ses recommandations et
ses obligations pour pouvoir éviter
l'interpénétration entre les deux réglementations.
Cependant, cette interdépendance n'est pas totale, la
comptabilité peut offrir des options et des procédures non
admises par la fiscalité (modes d'amortissements et de provisions
par exemple) et dont le traitement est essentiel pour la promotion de la
discipline comptable. De ce fait les préparateurs des documents
comptables cherchent souvent des options comptables admises par la
fiscalité afin d'éviter le coût de retraitement des
donnés comptables pour des besoins d'impôts.
Pour ce qui est du droit des sociétés
commerciales, la comptabilité converge toujours vers les exigences de
la réglementation. Le droit des sociétés
commerciales tunisiennes réglemente l'intervention des experts
comptables pour chaque type de société. Par
conséquent, La comptabilité poursuit les recommandations de la
loi des sociétés, citant, par exemple, l'obligation
d'élaborer, au moins, une fois par ans l'inventaire physique
des sociétés. Toute fois, la constatation de
l'interdépendance entre la comptabilité et le droit
pénal est tout à fait légitime. En effet, le droit
pénal fixe seulement les sanctions relatives aux infractions et
délits effectués suite à l'exercice de la fonction
par les professionnels de comptabilité. Il n'influe en aucun cas, ni
sur le contenu, ni sur la forme de la normalisation comptable.
AppréciationÏ
|
Essentiellement
|
Contingent
|
Supplétive
|
Eléments Ó
|
Source de concrétisation de l'intérêt
générale
|
32,3 %
|
21 %
|
46,8 %
|
Source de réglementation économique et
financière
|
77,4 %
|
8,1 %
|
14,5 %
|
Moyen de garantie de la sécurité des
transactions
|
64,5 %
|
12,9 %
|
22,6 %
|
Congruence avec les autres composantes du contexte
légal
|
30,6 %
|
35,5 %
|
33,9 %
|
173
L'analyse de la nature de la relation entretenue entre le
contexte légal et la comptabilité révèle que 77,4 %
des enquêtés, pensent que le cadre réglementaire agit sur
la comptabilité, essentiellement, en tant que source de
réglementation économique et financière.
Parallèlement, selon 64,5 % des questionnés, le contexte
légal agit sur la comptabilité, essentiellement, en tant que
moyen de garantie de la sécurité des transactions. Pour 35,5 %
des interviewés, le contexte légal influence, de
façon contingente, la comptabilité pour pouvoir assurer la
cohérence et l'harmonie avec ses autres composantes. Enfin, 46,8 % des
intervenants, estiment que le contexte légal influence, de
manière supplétive, la comptabilité
en tant que source de concrétisation de
l'intérêt général.
Le contexte légal est le seul responsable de la
normalisation économique et financière, destinée à
assurer une certaine organisation dans le déroulement des affaires. Par
conséquent,
la comptabilité en tant que produit économique et
financier constitue un sous produit de ce contexte.
Le contexte légal est un moyen de garantie de la
sécurité des transactions, il stimule un climat favorable pour le
bon déroulement des affaires. La comptabilité assure,
également, les éléments de preuves liés aux
opérations de l'entreprise avec son environnement, assurant ainsi
une garantie de la sécurité des transactions.
L'ensemble des branches du droit constitue le contexte
légal de la nation, il offre un tout indissociable qu'il convient
d'harmoniser.
Enfin, la comptabilité est un jeu social indispensable
pour servir l'intérêt général des utilisateurs de
l'information. Parallèlement, le contexte légal est
censé favoriser la satisfaction de l'intérêt
partagé au détriment de l'intérêt particulier.
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Eléments Ó
|
Déontologie professionnelle
|
22,6 %
|
66,1 %
|
11,3 %
|
Ethique de représentation (respect de la
réalité économique de l'entité dans le reporting
comptable))
|
30,6 %
|
45,2 %
|
24,2 %
|
Culture comptable continentale
|
19,4 %
|
38,7 %
|
41,9 %
|
Culture comptable anglo-saxonne
|
14,5 %
|
53,2 %
|
32,3 %
|
Culture spécifiquement tunisienne
|
24,2 %
|
46,8 %
|
29 %
|
174
L'analyse théorique de la relation entretenue
entre le référentiel sociologique, composant du cadre
institutionnel de l'économie, et la comptabilité
révèle que la déontologie comptable, l'éthique
de représentation et la culture comptable sont les
éléments socioculturels influants le devrait être en
matière de comptabilité.
Selon 66,1 % des enquêtés, la déontologie
professionnelle agit, parfois, sur le construit
et la production comptable. Pour 45,2 % des questionnés,
le respect d'une certaine éthique de représentation influence,
parfois, la production et la normalisation comptable tunisienne.
Les professionnels comptables sont chargés, directement ou
indirectement, de définir
les sujets objets de normalisation comptable et les
modalités d'exercice de la profession. Ils sont censés assez
intégrer au sein de l'ordre des experts comptables tunisiens pour
assurer l'honneur et l'indépendance de la profession et faire
respecter la déontologie comptable. Ainsi, la déontologie
professionnelle agit sur la comptabilité pour favoriser les
conditions d'exercice de la profession et limiter les conflits
d'intérêts.
L'éthique de représentation suppose la
soumission de la comptabilité à des valeurs permettant la
traduction fidèle de la réalité économique.
Ces valeurs sont ancrées dans la manière de penser des
préparateurs de comptes même sans aucune obligation légale
tacite à
ce sujet.
Pour ce qui est de la culture comptable, le constat
montre la prédominance de deux modèles culturels courants
à savoir :
· Le modèle culturel continental ; et
· Le modèle culturel anglo-saxon.
Selon 53,2 % des questionnés, la comptabilité
tunisienne est parfois stimulée par des considérations
culturelles anglo-saxonnes. Alors que, pour 41,9 % des
enquêtés, la comptabilité tunisienne ne poursuit jamais
des stimulations culturelles continentales.
La tendance partielle de la comptabilité tunisienne
vers des considérations culturelles anglo-saxonnes est tout à
fait légitime du fait de l'alignement du
référentiel comptable tunisien sur la normalisation comptable de
l'IASB.
175
Pour 46,8 % des intervenants, la comptabilité
tunisienne garde parfois des spécificités culturelles propre
à elle. Ce constat est légitime du fait que le
référentiel comptable tunisien, bien qu'aligné sur les
normes de l'IASB, garde parfois de l'identité culturelle tunisienne.
AppréciationÏ
|
Toujours
|
Parfois
|
Jamais
|
Hypothèses Ó
|
Le cadre institutionnel de l'économie agit sur la
comptabilité
|
67,7 %
|
32,3 %
|
-
|
La comptabilité agit sur le cadre institutionnel de
l'économie
|
6,5 %
|
43,5 %
|
50 %
|
Relation d'interaction exercée mutuellement
|
4,8 %
|
38,7 %
|
56,5 %
|
Le résultat de notre enquête confirme le sens de la
nature de relation entretenue entre le
cadre institutionnel de l'économie et la
comptabilité. En effet, 67,7 % des personnes interviewées,
confirme que le cadre institutionnel de l'économie, à travers ses
différents axes, agit sur la comptabilité et non le
contraire. Selon 50 % des questionnés, il n'y a jamais
d'influence de la comptabilité sur le cadre institutionnel de
l'économie tunisienne. Pareil,
56,5 % des enquêtés pensent qu'il n'y a
jamais de relation d'interaction, mutuelle et
équilibrée, entre la comptabilité et le
cadre institutionnel de l'économie.
|
|